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PAGE 1à 10 - Au coeur du chemin de Saint Jacques de Compostelle

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Mon Chemin <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-Jean-Pied-<strong>de</strong>-Port<br />

à Santiago <strong>de</strong> Compostela…<br />

30 Août / 4 octobre 2007<br />

Merci à :<br />

Jacqueline (ma « marraine » <strong>du</strong> Chemin),<br />

Clau<strong>de</strong> (mon « Aigle <strong>de</strong> St Jean »),<br />

Denis,<br />

Jean-François (« El Veterano <strong>de</strong>l Camino »),<br />

Catherine,<br />

Michel,<br />

Ilias,<br />

Et tous les autres, nombreux, qui ont apporté amitié,<br />

échanges, sourires, encouragements…<br />

Jean-Marie Sicard<br />

1


Jeudi 30 août 2007 <strong>Saint</strong>-Jean-Pied-<strong>de</strong>-Port / Orisson 7 kms<br />

Le grand jour est arrivé! Le trajet en train <strong>de</strong> Bayonne à St-Jean-Pied-<strong>de</strong>-Port permet d’apprécier les<br />

bords <strong>de</strong> Nive et aussi d'observer les autres voyageurs, tous porteurs <strong>de</strong> sacs à dos plus ou moins gros et<br />

porteurs d’une coquille saint jacques ne laissant aucun doute sur leur <strong>de</strong>stination. Quelques sourires timi<strong>de</strong>s<br />

ou signes <strong>de</strong> connivence. Le son <strong>de</strong> plusieurs langues différentes égaye le wagon. Un peu <strong>de</strong> trac en arrivant<br />

à St Jean et regardant la montagne: arriverai-je à Santiago ?<br />

A l’accueil <strong>Saint</strong> <strong>Jacques</strong> on appose mon premier cachet sur ma précieuse « cre<strong>de</strong>ntial » qui sera<br />

mon document me permettant <strong>de</strong> dormir dans les « albergues <strong>de</strong>l peregrino » et on me donne un diagramme<br />

<strong>du</strong> relief <strong>de</strong> tout le parcours jusqu’à <strong>Compostelle</strong> distant <strong>de</strong> 780 kms.<br />

Il est 13h45. Je traverse le pont médiéval et jette un <strong>de</strong>rnier regard aux belles maisons basques avant<br />

<strong>de</strong> monter à la porte d’Espagne. Dès la sortie <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Jean-Pied-<strong>de</strong>-Port (alt.180m), la petite route<br />

Napoléon bordée <strong>de</strong> châtaigniers grimpe fortement. C’est le moment <strong>de</strong> « sentir » et <strong>de</strong> bien ajuster son sac<br />

à dos.


Entre Honto et Orisson<br />

<strong>Saint</strong>-Jean-Pied-<strong>de</strong>-Port se fait déjà tout petit dans le lointain. Passé le refuge d’Honto, le goudron fait<br />

place à un <strong>chemin</strong> dont la très forte pente laissera <strong>de</strong>s traces sur le dos <strong>de</strong> nombreux pèlerins avant d’arriver<br />

au refuge d’Orisson (alt.790m), terme <strong>de</strong> ma première étape. L’accueil chaleureux <strong>de</strong> Nathalie fait vite<br />

oublier la ru<strong>de</strong> montée. Je découvre mon premier dortoir et profite <strong>du</strong> superbe panorama avant un bon dîner à<br />

la table commune où s’échangent dans la bonne humeur les impressions <strong>de</strong>s « nouveaux » et <strong>de</strong>s « anciens »<br />

(ceux qui viennent <strong>du</strong> Puy ou <strong>de</strong> plus loin). Danielle aux longs cheveux déplie la photocopie <strong>de</strong> sa<br />

« cre<strong>de</strong>ncial » <strong>de</strong> son précé<strong>de</strong>nt <strong>chemin</strong>ement et indique quelques bonnes « albergues ». Je rêve un peu en<br />

voyant tous ces beaux « sellos » qui orneront à mon tour ma « cre<strong>de</strong>ntial ». Le refuge est complet et <strong>de</strong>s<br />

tentes installées à l’extérieur accueilleront ceux arrivés tard. Il fait assez froid.<br />

Le piment d’Espelette qui a accompagné la soupe et le gigot n’empêche pas <strong>de</strong> dormir tôt car l’étape<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>main impressionne un peu. La météo est heureusement très bonne et le ciel bien dégagé pour ce<br />

franchissement <strong>de</strong>s Pyrénées.<br />

3


Vendredi 31 août 2007 Orisson / Espinal 27 kms<br />

La journée commence par un magnifique lever <strong>de</strong> soleil au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la brume dans la<br />

fraîcheur <strong>du</strong> matin. Une surprise m’attend. Mes chaussures <strong>de</strong> marche ont disparu <strong>du</strong> râtelier :<br />

Elles sont aux pieds d’une dame qui ne s’en était pas ren<strong>du</strong> compte. Rires…<br />

Lever <strong>de</strong> Soleil à Orisson<br />

Lever <strong>de</strong> Soleil à Orisson<br />

Départ à 7h30 pour une journée <strong>de</strong> montagne ensoleillée avec rencontre <strong>de</strong> nombreux<br />

animaux à l’estive : Moutons, chevaux, pottoks (petits chevaux sauvages basques), bovins. Les<br />

grosses limaces sont <strong>de</strong> couleur rouge vif ou orangé sur le versant français <strong>de</strong>s Pyrénées !<br />

4


Le <strong>chemin</strong> dépasse la Croix Thibault (1220 m) puis le col <strong>du</strong> Leïzar Athéka (1300 m).<br />

Col <strong>du</strong> Leïzar Athéka (1300 m)<br />

La Croix Thibault (1220 m)<br />

Pendant ces longues montées, je prends conscience <strong>du</strong> pas <strong>de</strong> chaque marcheur et surtout <strong>du</strong><br />

mien. On est parfois dépassé par <strong>de</strong> grands rapi<strong>de</strong>s qui s’arrêteront peut être un peu plus loin. La<br />

gran<strong>de</strong> courtoisie <strong>du</strong> Chemin se manifeste par les mots « Buen Camino » que j’entendrai ou<br />

prononcerai à mon tour très souvent lors <strong>de</strong>s rencontres avec d’autres <strong>chemin</strong>ant. Le respect <strong>du</strong><br />

silence est perçu par le plus grand nombre. Le rythme <strong>de</strong> mes bâtons sur le sol sera une vraie<br />

musique d’accompagnement. En musicien, je bats « 50 à la noire ». La lisière d’une forêt <strong>de</strong> petits<br />

chênes annonce la borne frontière et la Fontaine <strong>de</strong> Roland (1344 m).<br />

A la Fontaine <strong>de</strong> Roland (1344 m) frontière espagnole<br />

5


Approche <strong>du</strong> col <strong>de</strong> Lepoe<strong>de</strong>r<br />

Puis c’est l’arrivée au mythique col <strong>de</strong> Lepoe<strong>de</strong>r (1430 m), haut lieu <strong>du</strong> Chemin.<br />

<strong>Au</strong> loin, dans le fond, on aperçoit Roncevaux.<br />

Arrivé en pleine forme à 13h, je me fais enregistrer au monastère en remplissant un<br />

questionnaire détaillé sur mes motivations spirituelles et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> continuer par la <strong>de</strong>scente sur<br />

Espinal. Pendant la montée <strong>de</strong>puis Orisson, j’ai échangé quelques mots avec Clau<strong>de</strong> qui me dit<br />

venir <strong>de</strong> Niort et qui m'impressionne par sa détermination à arriver à <strong>Compostelle</strong>. Il <strong>de</strong>viendra un<br />

précieux compagnon <strong>du</strong> Chemin, mon aigle <strong>de</strong> <strong>Saint</strong> Jean.


Roncevaux<br />

Sur le versant espagnol, je constate que les limaces sont maintenant d’un noir profond ;<br />

elles le resteront sur tout le Chemin !<br />

Le petit village d’Espinal possè<strong>de</strong> une église mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille avec un superbe<br />

buffet d’orgue contemporain. Cela est inatten<strong>du</strong> dans un si petit village. Comme il n’y a pas<br />

d’albergue à Espinal, je loge douillettement dans une casa rural où un bon dîner restaure mes forces<br />

après cette longue étape pyrénéenne bien remplie. L’entraînement préalable à mon départ a porté<br />

ses fruits.


1er septembre Espinal / Larrasoaña 19 kms<br />

<strong>Au</strong>jourd’hui, c’est une belle journée <strong>de</strong> montagnes<br />

russes en Navarre avec <strong>de</strong> beaux villages aux maisons blasonnées.<br />

Le soleil levant dans mon dos allonge mon ombre<br />

sur le <strong>chemin</strong>. L’o<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> fenouil sauvage embaume. Je traverse<br />

aussi <strong>de</strong> belles forêts.<br />

Le silence est partout et je communie pleinement avec<br />

cette nature que je découvre enfin sans contrainte. Le seul<br />

bruit est celui <strong>de</strong> mes pas et <strong>de</strong> mes battons dont le rythme<br />

régulier est en harmonie avec tout mon corps.<br />

<strong>Au</strong> Puerto <strong>de</strong> Espinal<br />

Une belle maison basque à Viscarret<br />

Vers le Puerto <strong>de</strong> Espinal<br />

Pendant la montée au Puerto <strong>de</strong> Espinal<br />

(931 m), mon ombre me fait prendre conscience que<br />

si mon corps est grand, mon âme est encore petite!<br />

Le Chemin se chargera <strong>de</strong> la faire grandir.<br />

Le silence sur le Chemin est essentiel : la<br />

quête <strong>du</strong> silence intérieur commence par le silence<br />

extérieur. C’est ainsi que je suis abordé par « le<br />

professeur » qui se croit obligé <strong>de</strong> me faire un long<br />

soliloque sur tous les Kazakhstan, Ouzbékistan et<br />

autres …tan qu’il vient <strong>de</strong> « faire ». Mon manque<br />

<strong>de</strong> réponse le fera vite abandonner. Il se rattrapera<br />

sur Catherine et d’autres ensuite, puis quittera le<br />

Chemin trois jours après !


Entre Lintzoain et le puerto <strong>de</strong> Erro<br />

(801 m), en pleine forêt, un moment d’émotion<br />

et <strong>de</strong> recueillement <strong>de</strong>vant le monument <strong>de</strong><br />

pierres à la mémoire <strong>du</strong> japonais Shingo Yamashita<br />

mort sur le Chemin à 64 ans en 2002.<br />

Puis c’est la forte <strong>de</strong>scente sur Zubiri (525 m), le « village <strong>du</strong> pont » en basque, avec son<br />

pont médiéval sur le rio Arga. « El puente <strong>de</strong> la rabia », car on disait qu’un animal qui passait trois<br />

fois <strong>de</strong>ssus était guéri <strong>de</strong> la rage.<br />

Le pont <strong>de</strong> Zubiri<br />

Le pont <strong>de</strong> Larrasoaña<br />

Le <strong>chemin</strong> suit en forêt le rio Arga et con<strong>du</strong>it à Larrasoaña (495 m), but <strong>de</strong> mon étape. Ce village<br />

tout en longueur possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> magnifiques maisons blasonnées et ornées <strong>de</strong> balcons fleuris. Pendant<br />

que la lessive sèche à l’étendoir <strong>de</strong> l’auberge, je fais la connaissance <strong>de</strong> Catherine qui vient <strong>du</strong> Puy et<br />

qui ne semble pas aimer beaucoup son premier contact avec l’Espagne. Elle me dira plus tard avoir<br />

changé d’avis. La nuit sera assez perturbée par les claquements <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> porte et les rouspétances<br />

à l’encontre <strong>de</strong>s « éveilleurs » qui allument la lumière ou parlent fort en pleine nuit, au retour <strong>du</strong> restaurant.<br />

Il faut aussi s’habituer aux ronfleurs. Les célèbres boules <strong>de</strong> cire ont été crées pour cela !<br />

L’auberge <strong>de</strong> Larrasoaña


Larrasoaña<br />

Larrasoaña<br />

Larrasoaña<br />

Larrasoaña Larrasoaña<br />

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