Automne - Assemblée nationale du Québec

Carrière médiatique et carrière politique :
les parlementaires — journalistes.
Les relations entre les
élus et les médias ont déjà
été étudiées. Les liens qui
existent entre les pouvoirs
législatif et exécutif et le
Quatrième pouvoir sont
connus. Ces liens sont
souvent conflictuels, mais
aussi empreints de collaboration
pour informer le
Jocelyn Saint-Pierre
citoyen. En démocratie,
députés et journalistes sont indispensables les uns aux
autres; la qualité de la démocratie en dépend. Un sujet
est cependant peu abordé soit le va-et-vient professionnel
de ces acteurs entre le monde politique et celui
de la presse. On abordera ici un aspect de ces relations
en s’attardant aux personnes qui ont fait carrière dans
les médias avant d’entrer en politique et à celles qui
ont choisi d’y travailler après leur séjour au Parlement.
Le sujet est plus complexe qu’il en a l’air et il est semé
d’embûches.
La notion de député est facile à circonscrire. Nous
avons choisi de traiter des élus au Parlement québécois
depuis 1867, même si le phénomène s’observe
depuis notre premier Parlement (1792) et qu’on doive
ainsi négliger de grands journalistes comme Pierre-
Stanislas Bédard et Ludger Duvernay. Définir clairement
ce qu’est un journaliste s’avère plus difficile. Il faut
utiliser une définition au sens large ou une autre plus
étroite. Au sens strict, les véritables journalistes sont
ceux et celles qui en ont fait leur occupation principale
dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision. Dans
son sens large, la profession ou le métier englobe tous
ceux et celles qui collaborent à une entreprise à titre
d’animateurs à la radio et ou à la télévision, de commentateurs,
d’analystes ou chroniqueurs, de directeurs
ou de propriétaires. Nous avons choisi cette dernière
approche. Nous n’avons pas retenu ceux qui ont fait du
journalisme étudiant.
34 BULLETIN DE L’AMICALE DES ANCIENS PARLEMENTAIRES DU QUÉBEC — QUÉBEC, AUToMNE 2011
Les données à la base de cet article sont tirées du
Dictionnaire des parlementaires du Québec de 1792 à
nos jours et de la base de données des parlementaires
de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale. Le journaliste
Gilles Lesage et les historiens David Bouchard et
Frédéric Lemieux nous ont aidés à établir cette liste.
Voici donc un rapide coup d’œil sur les personnes
qui ont voyagé entre le monde politique et celui des
médias.
Des hommes travaillant dans des médias écrits
Nous avons identifié pas moins de 167 parlementaires
qui ont eu ou ont un lien professionnel avec les
médias. Peu d’entre eux sont des femmes, soit seulement
11 %. Pendant longtemps, la fonction de député
et le métier de journaliste ont été des professions
masculines. Les femmes journalistes et les femmes
députées sont entrées au Parlement québécois en plein
cœur de la Révolution tranquille : Marie-Claire Kirkland
est élue députée en 1961 et Evelyn Dumas, journaliste
à La Presse puis au Devoir, devient membre de
la Tribune de la presse la même année. Les premières
femmes ayant exercé le métier de journaliste et d’élue
sont Lise Payette et Denise Leblanc, en novembre 1976.
En 2011, cinq femmes avec un parcours semblable, sont
députées et ministres : Line Beauchamp, Marguerite
Blais, Christine St-Pierre, Lise Thériault et Dominique
Vien.
La plupart des individus répertoriés ont siégé
comme élus à l’exception de 10 qui ne l’ont pas été.
Il s’agit souvent de grands propriétaires de médias
nommés conseillers législatifs. Nous les avons quand
même inclus pour tracer un portrait global du phénomène.
Dans le cas des non-élus, il faut ajouter le nom de
Lise Thibault, ex-lieutenant-gouverneur, qui a été animatrice
et recherchiste à Télé-Métropole et à Radio-Canada
avant sa nomination.