Saumur Mag 12

musique
RAyONNEMENT
Albert Alain, père de
Jehan.
Jehan Alain avec des
camarades
Jehan Alain, à l’orgue de
son père.
Journal de la Ville de Saumur - N°12
« Ceux qui vivent peu de temps
doivent tout vivre plus vite et plus intensément »
Jehan Alain
Tombe de Jehan Alain,
au cimetière du Pecq.
Le compositeur
dans son jardin
Jehan Alain, l’homme qui aurait dû devenir l’un
des plus grands musiciens de son temps
Célèbre organiste, Jehan Alain, le temps d’une courte vie de 29 ans (1911-1940),
a laissé derrière lui une œuvre abondante, joyeuse, délicate et grave à la fois.
Né à Saint-Germain en Laye, il est mort le 20 juin 1940 au Petit Puy près de Saumur,
pour la France. Rétrospective à l’occasion du 100 ème anniversaire de sa naissance.
Un musicien et un héros
Jehan Alain est issue d’une famille de musiciens. Son
père, Albert Alain, est organiste de l’église de Saint-
Germain-en-Laye, compositeur de musique religieuse et
facteur d’orgue amateur. Aîné de quatre enfants, Jehan
se fabrique un orgue pour la maison et débute dès l’âge
de 11 ans sur cet instrument avant de poursuivre son
apprentissage au Conservatoire national supérieur de Paris.
Il suit des cours de composition chez Paul Dukas puis chez Roger Ducasse et ses classes
d’orgue et d’improvisation chez Marcel Dupré. Il remporte son Premier Grand Prix d’Orgue
à la veille de la guerre mais à l’orée d’une carrière exceptionnelle, au début de la Seconde
Guerre mondiale, alors qu’il est père de trois enfants, il est mobilisé pour incorporer le
premier Groupe Franc de Cavalerie du capitaine de Neuchèze.
Le 20 juin, la première division de cavalerie allemande arrive
face à la ville et traverse la Loire au petit matin entre
Dampierre et le Petit-Puy. Afin de protéger la ville sur
son flanc droit, les soldats barrent les voies venant
de l’Est. Jehan Alain, volontaire pour une mission
de reconnaissance sur le coteau, résiste seul à un
peloton d’assaut allemand. Il tombe dans le jardin
voisin de la propriété Guibert. Il meurt au champ
d’honneur à 29 ans. Le 27 septembre 1940, son corps
est transféré au cimetière de Saumur, avant d’être
inhumé au cimetière du Pecq après la guerre. Plus
jeune, il avait déclaré « ceux qui vivent peu de temps doivent tout vivre
plus vite et plus intensément ».
Le 12 mai 1990, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort
du compositeur, le député-maire de l’époque de Saint-Germain-en-
Laye dévoila une plaque commémorative en présence des membres de
la famille du compositeur et de Jean-Paul Hugot, maire de Saumur, à l’endroit même
où il est mort, route de Champigny. La Ville de Saumur a également rendu hommage à
l’homme talentueux en baptisant une rue de son nom dans les Hauts Quartiers.
Un monde sonore
authentique
Sur à peu près dix années, il composa
essentiellement des pièces d’orgue (126) dont
les plus célèbres restent les Litanies (1937) et les
Trois Danses. Cette dernière œuvre qu’il destinait
à l’orchestre alors qu’il était au front, il n’a
eu le temps de la sauver que sous forme de
transcription pour orgue.
Il aurait également composé quelques pièces pour
orchestre. Malheureusement, il prit les partitions
avec lui lorsqu’il partit à la guerre et, mort au champ
d’honneur, elles ne furent jamais retrouvées.
Marie-Claire Alain, sa sœur, est aujourd’hui l’une
des plus grandes organistes. D’ailleurs surnommée
par les américains
« The First Lady
of the Organ »,
elle est venue à
plusieurs reprises
à Saumur pour de
grands moments
musicaux.
Marie-Claire Alain, née en 1926, organiste
célèbre, sœur de Jehan.
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