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Comité des Droits de l'Homme Nations Unies Mise en œuvre du ...

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loquant l’évolution dans la voie <strong>de</strong> l’égalité. Le premier <strong>de</strong> ces obstacles est le <strong>du</strong>alisme <strong>de</strong><br />

l’ordre constitutionnel dont la structure générale est bâtie sur <strong>de</strong>ux pôles : l’Etat et l’Islam,<br />

instaurant un jeu <strong>de</strong> r<strong>en</strong>voi <strong>en</strong>tre régulation juridique et préceptes religieux et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ant<br />

l’ambival<strong>en</strong>ce. Le <strong>de</strong>uxième obstacle est le décalage <strong>en</strong>tre le discours et la réalité <strong>du</strong><br />

fonctionnem<strong>en</strong>t autoritaire <strong>du</strong> pouvoir. Par exemple, <strong>en</strong> dépit <strong>du</strong> discours officiel sur la place <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

femmes <strong>en</strong> politique, ces <strong>de</strong>rnières rest<strong>en</strong>t sous-représ<strong>en</strong>tées dans les instances <strong>de</strong> décisions<br />

politiques. Les tunisi<strong>en</strong>nes sont t<strong>en</strong>ues soit au sil<strong>en</strong>ce (c<strong>en</strong>sure médiatique 59 ), soit au<br />

conformisme politique, soit <strong>en</strong>fin, à n’exprimer leur point <strong>de</strong> vue que dans les espaces à<br />

l’intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong>quels elles sont <strong>de</strong> force confinées et surveillées. Le troisième obstacle est la<br />

confiscation politique <strong>de</strong> la question féminine, voire son instrum<strong>en</strong>talisation. Celle-ci est réservée<br />

à la seule action tutélaire d’un parti-Etat pr<strong>en</strong>ant les tunisi<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> otage <strong>du</strong> politique et<br />

brouillant le discours sur les droits et l’égalité <strong>en</strong> inscrivant la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes dans un délicat<br />

<strong>du</strong>el droits <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes contre libertés publiques. L’État avance à reculons, remettant « la<br />

femme » au c<strong>en</strong>tre <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs archaïques sacralisant « l’honneur <strong>de</strong> la famille », la circulation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> alliances matrimoniales, <strong>de</strong> la terre, <strong>du</strong> nom et <strong>du</strong> sang, <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> tradition.<br />

C’est <strong>de</strong> cette ambiguïté que participe le droit <strong>de</strong> la famille tunisi<strong>en</strong>. Le dispositif juridique est<br />

toujours traversé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux logiques concurr<strong>en</strong>tes inscrivant la condition juridique <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes<br />

<strong>en</strong>tre avancées et reculs, <strong>en</strong>tre droit positif et conformisme religieux, <strong>en</strong>tre référ<strong>en</strong>ce aux<br />

standards universels et ordre traditionnel patriarcal. L’<strong>en</strong>semble <strong><strong>de</strong>s</strong> lois promulguées <strong>de</strong>puis<br />

1956, <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant par le Co<strong>de</strong> <strong>du</strong> Statut Personnel (CSP), ont d’une part ouvert<br />

progressivem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> brèches dans le système traditionnel <strong>de</strong> la ségrégation sexuelle et d’autre<br />

part elles ont repro<strong>du</strong>it les schèmes traditionnels <strong>de</strong> l’ordre patriarcal et ont recon<strong>du</strong>it les<br />

rapports inégaux <strong>de</strong> sexe.<br />

Ce sont ces mêmes limites que l’on observe au niveau professionnel. Malgré les acquis et <strong>en</strong><br />

dépit <strong>de</strong> la nouvelle réalité sociale caractérisée par l’accès massif <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes au travail, force<br />

est <strong>de</strong> constater que l’égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> chances est loin d’être une réalité. Les m<strong>en</strong>aces pès<strong>en</strong>t<br />

lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t sur l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes ; emplois féminins à temps partiel au trois quart <strong>du</strong> salaire,<br />

emplois à <strong>du</strong>rée déterminée et emplois flexibles constitu<strong>en</strong>t autant <strong>de</strong> « solutions » supportées<br />

d’abord par les femmes. Les lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>ts frapp<strong>en</strong>t lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les jeunes tunisi<strong>en</strong>nes, les<br />

poussant vers le secteur informel ou vers <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois peu qualifiés dans les in<strong>du</strong>stries<br />

manufacturières et <strong>de</strong> textile et ou dans la sous-traitance, forme nouvelle d’exploitation.<br />

Vulnérables socialem<strong>en</strong>t et économiquem<strong>en</strong>t, les tunisi<strong>en</strong>nes ne sont pas à l’abri <strong>de</strong> la<br />

paupérisation, révélant les effets multiplicateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports inégaux <strong>de</strong> sexe sur la condition<br />

socio-économique <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes.<br />

Cadre juridique<br />

2. Contexte légal et institutionnel<br />

L’égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>en</strong>tre hommes et femmes est garantie par l’article 6 <strong>de</strong> la Constitution qui<br />

établit le principe d’égalité <strong>de</strong>vant la loi, <strong>de</strong> tous les citoy<strong>en</strong>s.<br />

59 A titre d’exemple, le cas <strong>de</strong> l’ATFD illustre cette exclusion <strong><strong>de</strong>s</strong> médias et <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces publiques. En 1993,<br />

l’association a préparé un ouvrage sur la viol<strong>en</strong>ce contre les femmes regroupant les actes d’un séminaire international<br />

sur la question. La c<strong>en</strong>sure sur ce docum<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t mi-février 2008 d’être levée. De même, les membres <strong>de</strong><br />

l’ATFD ont été à plusieurs reprises exclues au <strong>de</strong>rnier mom<strong>en</strong>t d’émissions <strong>de</strong> télévision alors qu’elles y avai<strong>en</strong>t été<br />

invitées. Ce fut le cas <strong>en</strong> 2000 concernant une émission sur le harcèlem<strong>en</strong>t sexuel et <strong>en</strong> 2006 concernant une<br />

émission sur la viol<strong>en</strong>ce contre les femmes.

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