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Libre pour aimer
durant toute la vie
de Mère Maria Carla Aletti, sdc
Supérieure générale de la Congrégation de 1980 à 1990
Dans ma vie de sœur de la Charité, riche de mes 87
printemps, je rends grâce à Dieu qui me donne encore un
peu de santé et beaucoup de passion pour la mission.
Je reconnais que c’est le Seigneur qui a toujours “fait ma
route” : dans les joies et les enthousiasmes, dans les
souffrances et dans les obédiences parfois difficiles.
Je le sentais toujours avec moi, il me travaillait, il me
demandait de rester dans son amour et, malgré mes
fragilités, mes misères et mes péchés, je Lui ai toujours
fait confiance et je me suis confiée à Lui.
Les expériences de mission faites dans les différents
services, ont été une formation permanente, valide et
précieuse qui m’a préparée au service que j’assure, comme
Sœur ancienne, depuis plusieurs années.
Actuellement, mon champ principal de mission est le
Centre d’écoute Caritas dans une Paroisse pauvre de
l’hinterland de Milan, à la périphérie de la grande
métropole. Cette position logistique confirme qu’il est bien
vrai que les pauvres sont toujours avec nous.
Aujourd’hui, les personnes qui arrivent chez nous sont de
différentes nationalités, cultures, religions et âges, mais ils
sont toujours nos sœurs et frères, enfants du même Père
qui est aux Cieux; ils ont besoin d’accueil, d’écoute, de
compréhension et d’amour.
C’est l’appauvri qui a perdu son travail à cause des prêts
pour la maison à rembourser; la personne âgée, avec le
minimum-retraite; le sans-domicile fixe; le sorti de prison
rejeté; la fille-mère abandonnée; le clandestin effrayé, sans
permis de séjour; l’exploité à défendre; la mère enceinte à
convaincre de ne pas avorter…
Le contact direct avec ces pauvres est pour moi un “don”,
parce qu’il m’aide à m’oublier moi-même, à ne pas me
lamenter et à me sentir une personne libre et heureuse de
les aider et de les aimer.
“L’amour est inventif jusqu’à l’infini” disait St. Vincent
de Paul.
Cependant, la “fatigue” pour moi et pour eux est ce long
AUX SOURCES DU CHARISME
chemin de formation, patient et constant pour les
convaincre et les aider à devenir des personnes sincères,
dignes et responsables de leur vie.
Dans les pauvres, je vois et je sens le Seigneur Jésus que j’ai
écouté et accueilli dans ma prière du matin et qui est venu en
moi dans l’Eucharistie pour me donner force et amour.
Le soir, dans le silence devant le Crucifié, je revois les
“crucifiés” de ma journée et je me sens petite, pauvre
devant mes “maîtres et patrons” que je confie au bon
Samaritain.
Les pauvres donc nous évangélisent et nous invitent aussi
à faire une évaluation de notre sobriété, de notre solidarité
et de notre style de vie personnel et communautaire.
Je conclus simplement ma réflexion. Si chaque saison a
ses fleurs et chaque âge son bonheur, je peux dire que
l’automne de la vie n’est pas moins beau que les saisons
précédentes : il a des couleurs différentes mais il a des
tons prononcés, vifs, qui suscitent la vie, une vie à
partager généreusement, joyeusement, avec les pauvres qui
ont tant besoin d’amour.
Je sens retentir en moi les paroles de sainte Jeanne-Antide:
“Courez, courez à grands pas, sans regarder en arrière.
Courez, sans jamais vous arrêter”.
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