du territoire a l'assiette : l'alimentation porteuse d'identites
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6 e Rencontres de Mâcon, « Tourismes et <strong>territoire</strong>s » - 13, 14 et 15 septembre 2007 – Pré-actes<br />
DU TERRITOIRE A L'ASSIETTE : L'ALIMENTATION PORTEUSE D'IDENTITES<br />
Gilles FUMEY *<br />
Résumé : Les touristes aiment de plus en plus la gastronomie. Non pas seulement les restaurants, mais les pro<strong>du</strong>its de<br />
terroirs qui jouent autant le rôle de marqueurs identitaires pour les pro<strong>du</strong>cteurs que pour les mangeurs. Ainsi, faire <strong>du</strong><br />
tourisme serait propice à la recherche et la découverte de l'altérité par des saveurs nouvelles ou anciennes. Les <strong>territoire</strong>s<br />
prennent alors un sens, au sens propre <strong>du</strong> terme : ils sont liés à des saveurs communes et partagées, elles mêmes véhicules<br />
d'historicité, de patrimonialité et, pour tout dire, de géographie. Comment se construit ce lien <strong>du</strong> <strong>territoire</strong> à <strong>l'assiette</strong> ? Et<br />
comment une société, une ville, une région, voire une nation peuvent se reconnaître dans ce lien-là ? Et communiquer avec ?<br />
Dans l’évolution des pratiques touristiques, la part de temps et de budget consacré à la gastronomie et<br />
l’alimentation en général progresse. C’est une tendance sur laquelle se positionnent les pro<strong>du</strong>cteurs de<br />
terroirs qui proposent aux clients de quoi littéralement « communier » aux lieux. Pas une échoppe sur<br />
un site touristique, pas une aire d’autoroute 1 , pas un dépliant promotionnel 2 ou un site internet qui ne<br />
valorise une charcuterie, un fromage, un vin, des douceurs qui portent les couleurs d’une région. Les<br />
salons gourmands, saveurs et vins, les marchés à thème (foie gras, truffes, nougat, fruits, etc.), les<br />
médias, tout relaie dans des circuits promotionnels et marchands la connaissance de ces pro<strong>du</strong>its et<br />
recettes qui agissent à la manière des emblèmes. Car ils expriment la quintessence de certains lieux dans<br />
des temporalités très longues et ils agissent comme des transferts d’identité de ces lieux en direction des<br />
mangeurs. En même temps, une rétroaction construit cette identité nouvelle chez les mangeurs euxmêmes,<br />
demandeurs de sens et, notamment, de géographie.<br />
LES TERRITOIRES VECUS DU TOURISME<br />
Protéiformes, ubiquistes, les <strong>territoire</strong>s <strong>du</strong> tourisme n’en finissent pas de naître et de renaître au gré des<br />
cultures qui se réapproprient les lieux avec de nouveaux regards. Mais à être partout, le tourisme risque<br />
de perdre le sens des lieux où il se déploie, parce qu’ils se banalisent et que les codes symboliques <strong>du</strong><br />
« dé-pays-sement » s’érodent ou parce que la demande de « touristicité » change de nature. Le Guide vert<br />
Michelin qui porte les rêves et les fantasmes des touristes témoigne de cette évolution. La collection de<br />
Guides verts des années 1960 met en avant les lieux par l’accès, les sites et les monuments, l’ensemble<br />
qualifié par quelques codes esthétiques simples : la « vue dégagée », la hauteur <strong>du</strong> site, l’arrangement<br />
urbanistique et architectural « homogène » <strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> style. Aujourd’hui, l’offre de caractère<br />
touristique s’est diversifiée, notamment par la découverte de l’environnement, de la gastronomie sous<br />
forme d’adresses ou de pages thématiques consacrées aux vignobles, aux sites artisanaux, aux maisons<br />
de pays et écomusées, etc. Les collectivités territoriales communiquent par le biais des offices <strong>du</strong><br />
tourisme qui aiguillent les visiteurs et fabriquent des images conformes aux attentes des clientèles 3 .<br />
En France, les temporalités touristiques se partagent entre une saison estivale de très forte<br />
fréquentation, calée sur l’été qui crée des pratiques de plein air, des avant ou arrière-saisons printanières<br />
et automnales au climat plus irrégulier, une saison hivernale pour certaines montagnes aménagées et<br />
une absence de saison pour certaines métropoles qui accueillent des touristes toute l’année. Chaque lieu<br />
et chaque saison offrent leur lot de manières de manger. L’été est une saison où les pratiques<br />
alimentaires changent, <strong>du</strong> fait de la belle saison. Surtout, la pratique des restaurants et des terrasses est<br />
plus importante, <strong>du</strong> fait de la hausse <strong>du</strong> niveau de vie, avec des styles d’établissements selon les classes<br />
sociales et les lieux fréquentés ; d’autre part, des modes d’alimentation plus spontanés 4 , usant de<br />
* Université Paris-Sorbonne.<br />
1 G. Fumey, 2007, « Manger sur l’autoroute », Transport et tourisme, Colloque de Chambéry, 13-15 septembre 2006, Edytem.<br />
2 G. Fumey, Tabeaud M., 2006, « Les représentations d’une identité régionale à partir des brochures des offices de<br />
tourisme », Actes <strong>du</strong> colloque « Identité et espace », CD Rom, université de Champagne-Ardenne, 10 p.<br />
3 Idem.<br />
4 Que nous préférons à « déstructurés » impliquant le sentiment d’une perte de convivialité qui n’est pas vérifié, car les<br />
convivialités sont toujours fortes mais plus resserrées et moins « familiales ».<br />
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pro<strong>du</strong>its « nomades » comme les conserves en tous genres, les charcuteries et fromages, les plats semipréparés,<br />
les sandwiches, les pâtisseries, les boissons qui peuvent être pris, sur le pouce, dans les<br />
espaces publics comme la rue, les jardins, voire les cafés-restaurants. Ces pro<strong>du</strong>its alimentaires<br />
nouvellement nomades appartiennent à deux catégories :<br />
- celle de la sphère marchande qui crée des plats génériques dont la pizza, les sushis, le kebab<br />
sont les emblèmes avec le hamburger 5 , par extension, tout ce qui vient de l’in<strong>du</strong>strie agroalimentaire<br />
et qui a vocation à satisfaire des besoins rapides, spontanés, sans préparation. Ces<br />
pro<strong>du</strong>its sont diffusés par une distribution très intégrée, aux mains de quelques groupes<br />
in<strong>du</strong>striels ou coopératifs et sur les marchés d’intérêt nationaux.<br />
- celle d’une sphère artisanale, d’échelle locale qui lui donne une appellation souvent<br />
toponymique. Ce sont des pro<strong>du</strong>its de surplus de la sphère autarcique qui, à l’origine, n’étaient<br />
pas destinés à la vente. Leur « maniabilité » et leur simplicité, leur faible coût et leur forte<br />
identité quant à l’origine les ont, à partir <strong>du</strong> 19 e siècle, désigné dans les sociétés qui se sont<br />
urbanisées, via les populations migrantes, des campagnes vers les villes. Leur distribution se fait<br />
par deux canaux : d’abord, depuis le début <strong>du</strong> 19 e siècle, le restaurant, souvent de niveau<br />
artisanal ou semi-artisanal, à forte identité culinaire grâce aux « chefs » et, ensuite, les circuits<br />
courts de pro<strong>du</strong>cteurs à consommateurs (systèmes multiples de ventes directes, y compris les<br />
marchés urbains).<br />
Les touristes sont en contact avec les deux modes de distribution, piochent dans les deux systèmes<br />
selon leurs besoins. Mais autant l’alimentation issue <strong>du</strong> monde agro-in<strong>du</strong>striel est perçue comme<br />
pratique et maîtrisable dans un budget, autant l’alimentation désignée par la géographie, l’origine, les<br />
process artisanaux de fabrication bénéficie d’une image très positive. Parce qu’elle satisfait la principale<br />
fonction symbolique de l’alimentation qui est non pas de nourrir les hommes, mais de créer <strong>du</strong> lien<br />
entre eux, et entre eux et le monde 6 . A ce titre, le « monde » <strong>du</strong> tourisme est autant signifiant que la<br />
sphère familiale ou professionnelle. L’attente de ressourcement des indivi<strong>du</strong>s est plus forte et passe par<br />
le truchement des identités territoriales. C’est le sens des migrations vers les régions d’origine de<br />
nombreux touristes qui reviennent dans leur pays natal. Pour ceux qui élargissent ce périmètre <strong>du</strong> lieu<br />
de naissance, il existe la même demande d’une identité territoriale, issue d’un support physique rêvé ou<br />
présenté comme désirable.<br />
LE PROCESSUS IDENTITAIRE : DE L’ALTERITE A L’IDENTITE<br />
Avec cette recherche, on touche à la racine même <strong>du</strong> tourisme et des pratiques. En dépassant le<br />
« divertissement » pascalien 7 issu d’une forte connotation morale contre l’instabilité, le tourisme<br />
moderne ne se résume plus à une question de l’homme en mouvement. Les instruments de mobilité<br />
offerts à l’homme moderne sont employés pour construire son indivi<strong>du</strong>alité en se démarquant des<br />
autres. Il mobilise pour cela le <strong>territoire</strong> de différentes manières (habitat, voyage, représentations) mais<br />
aussi par le truchement de l’alimentation territoriale, géographique, qui lui fournit la matière pour<br />
séparer, discriminer ce qui lui appartient de ce qui est étranger. L’alimentation est un opérateur qui<br />
con<strong>du</strong>it de l’altérité à l’identité. Elle est le lieu d’interdits et de compromis. En ce sens, elle est politique<br />
et vernaculaire à la fois, car elle manifeste une appartenance à une communauté. A l’origine, l’homme<br />
moderne perçoit son habitat, la ville, les lieux qu’il fréquente comme très communs, trop communs<br />
pour se situer par rapport à l’Autre. L’alimentation fabrique, donc, le sens <strong>du</strong> <strong>territoire</strong>, un savoir<br />
identitaire constitué d’altérité avec les paysages, la toponymie, les pro<strong>du</strong>ctions locales.<br />
C’est ainsi que les repas voire les plats et les boissons deviennent, à un moment de chaque histoire<br />
personnelle mais aussi des histoires collectives, un dispositif pour se situer dans le monde. Une chaîne<br />
5 G. Fumey, 2004, Atlas mondial des cuisines et gastronomies, Paris, Autrement.<br />
6 C. Fischler, 1990, 2005, L’homnivore, Paris, Odile Jacob.<br />
7 B. Pascal, 1670, 1993, Pensées, Paris, Garnier-Flammarion.<br />
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d’acteurs créent les boissons et les plats nationaux et locaux, les saveurs, les recettes, le goût pour tel<br />
pro<strong>du</strong>it au cœur de pratiques sociales. Dans les vignobles, par exemple, les confréries n’ont pas d’autre<br />
rôle que de construire et d’entretenir, par les pratiques d’adoption et d’intégration dans ces compagnies,<br />
le sentiment d’une exception (altérité) à la source de l’identité. Au sein d’entités plus vastes comme une<br />
région voire une nation, les académies, les syndicats professionnels, les médias, les événements festifs<br />
calendaires entretiennent ce lien. Entre les villes et les régions, des cités aux champs, avec des lieux<br />
multipliés, salles d’auberges, salles à manger d’hôtels aristocratiques, maisons bourgeoises, grands<br />
restaurants, salles à tout faire des ménages populaires, tout se lie et se relie dans la confrontation de ces<br />
instances et de ces niveaux interactifs qui s’enracinent dans le terroir provincial. « L’observation de la<br />
région ne permet pas seulement de répondre à la question de l’invention ancienne ou récente de<br />
l’identité culinaire régionale, elle met en valeur une différenciation anthropologique progressive, datée<br />
par l’apparition de marqueurs culinaires, gustatifs, sociaux qui progressivement sont reconnus comme<br />
les fondements de l’identité » (D. Roche 8 ).<br />
Tous les groupes, aussi vastes ou petits soient-ils, ont un mythe des origines qui correspond dans<br />
l’ordre spatial au berceau de ces groupes. Jusqu’au 18 e siècle, les monarchies avaient construit des<br />
descendances fabuleuses reliant les princes à l’histoire biblique et aux épopées antiques. Dans<br />
l’alimentation, ce sont elles qui ont légitimé la grandeur des vins, le goût des légumes et des viandes, le<br />
choix des plats et des manières de manger qui étaient ainsi ren<strong>du</strong>es désirables et offerts au mimétisme.<br />
Ces légendes sont ravivées aujourd’hui par la communication institutionnelle et le folklore. Le tourisme<br />
exploite ce jeu de l’altérité à l’identité, précisément parce que les visiteurs sont dans l’étrangeté,<br />
l’exotisme de la découverte. La positivité de leur démarche (c’est le sens <strong>du</strong> mot « exotique ») peut aller<br />
jusqu’à intégrer des parcelles d’identité de ces lieux.<br />
Il n’est pas anodin que le tourisme se soit déployé au 19 e siècle, au moment où de nombreux ruraux<br />
tentaient d’échapper au déterminisme des campagnes. La territorialité est devenue alors une idéologie<br />
par des références ruralisantes, une vision patrimoniale <strong>du</strong> paysage naturel qui a servi de ressources aux<br />
<strong>territoire</strong>s. F. Walter (2004) a montré comment l’idéal rural <strong>du</strong> paysan sédentaire attaché à sa terre a<br />
servi de norme et assimilé l’identité sociale à une relation spatiale. « Au lieu de grouper les hommes par<br />
ordres et par corporations, on les classe désormais par des critères territoriaux » (p. 312). Cela vaut pour<br />
les touristes qui vont construire des <strong>territoire</strong>s, telle la Côte d’Azur dont le toponyme est né, à cette<br />
même époque, de l’imagination <strong>du</strong> Lyonnais Stephen Liégeard en 1887. Ces lieux acquièrent une forte<br />
identité <strong>du</strong> fait que le contraste entre les réalités qui bougent (hommes, marchandises, idées) s’établit<br />
avec celles qui sont rivées au sol (selon l’expression de Ratzel, en 1897, à propos des Etats). C’est donc<br />
la mobilité qui devient une force de topogenèse, les lieux attractifs n’étant pas interchangeables ni<br />
repro<strong>du</strong>ctibles <strong>du</strong> fait de l’unicité <strong>du</strong> lieu. Mais la qualité des lieux va se véhiculer par des pro<strong>du</strong>its<br />
agissant comme de véritables passeurs.<br />
LES PRATIQUES TERRITORIALES ET LE LIEN PAR L’ASSIETTE<br />
Les historiens (Flandrin, 1996 ; Meyzie, 2007) ont ren<strong>du</strong> compte de l’émergence de ces identités locales<br />
par l’alimentation. Dans sa thèse sur le Sud-Ouest, P. Meyzie a montré comment les goûts passent d’un<br />
milieu cohérent, stable, à dominante rurale avec des sociétés locales variées, des Landes au Périgord, des<br />
villes aussi dissemblables que Bordeaux, Périgueux, Bayonne ou Toulouse à un ensemble plus vaste,<br />
français cette fois-ci pour lequel la cuisine d’Aquitaine devient un symbole <strong>du</strong> bien manger. Ses<br />
recherches mettent en avant le rôle d’acteurs multiples de la Cour à la ville, de Paris à la province avec<br />
des lieux multipliés comme les auberges, les hôtels aristocratiques, les livres, plus récemment les<br />
cadeaux alimentaires. Ce choix <strong>du</strong> cadeau est intéressant pour comprendre la manière dont les touristes<br />
pratiquent cette forme de don, après avoir été au contact avec des restaurateurs, puis des pro<strong>du</strong>cteurs<br />
locaux. L’alimentation est, là, chargée de relations affectives et créatrice de lien social. Et pas seulement<br />
pendant les cérémonies familiales, mais aussi publiques et à toute personne digne d’être informée de la<br />
8 Dans P. Meyzie, 2007, La table <strong>du</strong> Sud-Ouest et l’émergence des cuisines régionales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 430<br />
pages.<br />
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réputation flatteuse d’une région. Le cadeau peut prendre la forme d’une invitation dans un restaurant,<br />
d’un banquet au cours <strong>du</strong>quel sont vantés les pro<strong>du</strong>its choisis par les traiteurs, les professionnels, les<br />
élites qui deviennent des éclaireurs. L’alimentation est au service des villes et des régions qui gèrent le<br />
capital réel et symbolique de la faveur et des relations avec les touristes. Les cadeaux, repas et banquets<br />
diffusent le goût régional et surtout la valeur sociale des plaisirs culinaires partagés.<br />
Du <strong>territoire</strong> (et <strong>du</strong> terroir) à l’assiette 9 , s’effectue un trajet qui passe, d’abord, par un cadre de<br />
sociabilité, définissant le contexte (relationnel, affectif, commercial, etc.) dans lequel sera perçue cette<br />
alimentation et, d’autre part, un pro<strong>du</strong>it, un plat, une boisson investis de deux fonctions qui vont se<br />
mêler : le plaisir sensoriel et le sens donné, le « bon à penser » de C. Lévi-Strauss à ces consommations.<br />
Le psychanalyste Jacques Rigaux a montré comment « déguster n’est pas boire » 10 , que l’être humain est<br />
un « être de jouissance 11 , […] de culture, c’est-à-dire d’une organisation symbolique de la vie humaine ».<br />
C’est bien pourquoi les publicités jouent sur ce registre <strong>du</strong> plaisir, <strong>du</strong> bonheur, <strong>du</strong> capital acquis par la<br />
fréquentation des régions, des villes, des littoraux ou des montagnes, de l’étranger et de l’exotique par<br />
les touristes.<br />
Ce que font les institutions, les voyageurs et les journalistes, les pro<strong>du</strong>cteurs, les restaurateurs et tous les<br />
acteurs de la sphère médiatique, c’est d’extraire certains objets marqueurs (fruits, viandes, légumes,<br />
confits, salaisons, vins et bières, voire eaux minérales, plats emblématiques, fromages, pâtisseries, etc.)<br />
qui oeuvrent à la construction d’une culture alimentaire commune, la capacité de transformation de cet<br />
habitus, « la manière dont ils ont, culture et habitus, construit leur réputation nationale » (D. Roche 12 ).<br />
Ils font de tous les gourmets, les gardiens d’un temple (J. Rigaux) construit par des décennies, des<br />
siècles d’expertises validées par les consommateurs, devenus des « consomm-acteurs ».<br />
*<br />
On n’en finira pas d’explorer l’intimité des lieux et des régions, celle-là même que chaque touriste<br />
« incorpore » (Fischler) par l’alimentation. Tous les sens sont aujourd’hui sollicités pour aller à la<br />
rencontre de l’Autre. Le goût a la faveur des touristes d’aujourd’hui, gavés d’images et d’objets jetables,<br />
et qui cherchent par l’alimentation une expérience unique et non renouvelable, personnelle et<br />
conviviale. Les collectivités territoriales et tous les acteurs locaux doivent prendre conscience de la<br />
manière dont les mobilités aujourd’hui sont des forces de topogenèse. A eux de concrétiser cette attente<br />
des visiteurs en quête de sensations et de [dé]paysement. C’est ainsi que s’exprime ce lien <strong>du</strong> <strong>territoire</strong> à<br />
l’assiette.<br />
Références bibliographiques<br />
FISCHLER C., 1990, 2002, L’homnivore, Paris, Odile Jacob.<br />
FLANDRIN J.-L., 1996. Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard.<br />
FUMEY G., ETCHEVERRIA O., 2004, Atlas mondial des cuisines et grastronomies, Paris, Autrement.<br />
MEYZIE Ph., 2007. La table <strong>du</strong> Sud-Ouest et l’émergence des cuisines régionales, Rennes, Presses universitaires<br />
de Rennes.<br />
WALTER F., 2004. Les figures paysagères de la nation, Paris, Éditions de l’École des hautes études en<br />
sciences sociales.<br />
9 G. Fumey, 2007, « Du paysage à l’assiette », revue L’Alpe, Glénat, n° 37.<br />
10 J. Rigaux, 1997, « Le vin, symbole de culture », Psychiatrie française, n°3, p. 87.<br />
11 Perfuisio entis, accomplissement de soi, comme on disait au Moyen-Age. J. Rigaux associe le fonctionnement biologique et<br />
la « libidinalisation » dans la dégustation.<br />
12 Déjà cité.<br />
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