DISPARITION DE ISSA TIENDREBEOGO - Le Pays

Extrait du Les Editions Le Pays
DISPARITION DE ISSA TIENDREBEOGO
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Le Collectif salue la mémoire d'un combattant
DISPARITION DE ISSA
TIENDREBEOGO
- Le Pays - Archives - Le Pays N°5049 du lundi 13 février 2012 -
Les Editions Le Pays
Date de mise en ligne : lundi 13 février 2012
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DISPARITION DE ISSA TIENDREBEOGO
A travers cet écrit, le Collectif des organisations de masse et de partis politiques salue la
mémoire de Issa Tiendrebéogo, décédé le 26 janvier 2012. Les compagnons de lutte du défunt
peinent à énumérer avec exhaustivité les innombrables fronts sur lesquels Issa Tiendrebéogo
a combattu avant de perdre son dernier duel, contre la mort.
La personnalité que nous pleurons aujourd'hui, était un des responsables les plus remarquables de l'opposition
politique burkinabè, membre du Groupe du 14-Février, lequel assure la vice-présidence du Collectif des
organisations démocratiques de masse et de partis politiques. C'est à ce titre que le Collectif et ses militants,
tiennent également à lui rendre l'hommage que sa vie et sa lutte méritent, avant que son corps répose désormais
dans sa dernière demeure. Issa Tiendrébéogo est né à Kaya, chef-lieu de la province du Sanmatenga, le 25 janvier
1943. C'est dans cette ville qu'il a fait ses études primaires, avant de poursuivre ses études secondaires dans ce qui
sera plus tard le Lycée Philippe Zinda Kaboré. Son esprit vif et curieux de toute chose, critique parfois jusqu'à la
provocation, assurera ses brillants succès scolaires successifs, et en 1963, il décrochera son baccalauréat, série
Mathématiques élémentaires. II choisira alors de poursuivre des études de mathématiques notamment à l'Université
de Dakar, de 1964 à 1966, puis a l'Université de Bordeaux, de 1966 à 1969, où il obtiendra une Maîtrise en
Mathématiques pures en juin 1969. Rentré au pays, il enseignera d'abord à l'Ecole normale de Ouagadougou et au
Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, de 1969 à 1975. De 1975 à 1976, il suivra les cours au Centre
international de la pédagogie des mathématiques de Bruxelles. Il est alors nommé chef du département de
mathématiques à l'Institut national de l'éducation, en même temps qu'il assurera des cours au Lycée Philippe Zinda
Kaboré. Il conservera ces responsabilités jusqu'en 1979. De 1979 à 1981, il suivra les cours à l'Ecole normale
supérieure de Saint Cloud en France, d'où il sortira nanti du Certificat d'aptitude aux fonctions d'Inspecteur de
l'enseignement secondaire, qu'il obtiendra avec la mention « Très Bien ». Nommé inspecteur de Mathématiques de
l'Enseignement secondaire en 1981, il exercera les fonctions correspondantes jusqu'en 2003. Durant cette période, il
est membre du Comite des experts du système éducatif, membre puis président du Comité inter-Etats africains pour
l'harmonisation des programmes de mathématiques, et présidera la Commission nationale chargée de l'élaboration
des manuels scolaires de mathématiques. Issa Tiendrébéogo sera admis à la retraite en 2003, mais exercera
jusqu'en 2009 des activités de consultant pour l'Enseignement secondaire.
Parallèlement à ses études et à ses activités professionnelles, Issa Tiendrébéogo aura eu une activité syndicale et
politique très riche. Etudiant, il sera un militant actif de l'Union générale des étudiants de l'Afrique de l'Ouest
(UGEAO), de l'Union des étudiants de Dakar (UED) et de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France
(FEANF) et de sa section voltaïque, l'AEVF. Avant la fin de ses études, il adhèrera en 1963 au Mouvement de
libération nationale (MLN) fondé par le Pr KI-Zerbo (il en restera membre), ainsi que de l'Union progressiste
voltaïque (UPV) et du Front progressiste voltaïque (FPV), avant de s'en éloigner au début des années 1980. De
1982 à 1986, sous le Conseil du salut du peuple (CSP) et le Conseil national de la Revolution (CNR), il sera ministre
de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Après l'avènement du Front populaire, il sera nommé
Conseiller politique à la Présidence du Faso, de 1987 à 1989.
Dès l'entame de sa vie professionnelle, il a été un militant actif du Syndicat national des enseignants africains de
Haute-Volta (SNEAHV) puis membre du Groupe des enseignants du secondaire et du supérieur en 1971-72, à
l'origine de la création du Syndicat unique voltaïque des enseignants du secondaire et du supérieur (SUVESS) en
1972. Il en restera, jusqu'à sa retraite en 2003, un membre actif, réputé pour son esprit critique et la causticité de ses
interventions.
En 1988, il fondera un parti politique, le Groupe des démocrates patriotes (GDP) dont il fut le secrétaire général. A
partir de 1996, le GDP étant devenu un parti d'opposition, son secrétaire général Issa Tiendrébéogo sera
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pratiquement toujours à l'initiative de la création des regroupements politiques ou sociaux qui marqueront les luttes
de la période qui suivra (Groupe des 9 en 1996, Groupe du 14-Février en 1998, Coordination des parus de
l'opposition en 2002, Alternance 2005 en 2004, Coordination de l'opposition politique en 2006).
En décembre 1998, au sein du Groupe du 14-Février, il sera l'un de ceux qui plaideront avec le plus de conviction
pour la création d'un large front des organisations démocratiques de masse et des partis politiques démocratiques,
afin d'exiger la vérité et la justice sur l'assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons. Les
discussions aboutirent ainsi à la naissance du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis
politiques. Au sein du G 14, il fut celui qui, à chaque fois, se préoccupait le plus de l'activité du Collectif, multipliant
les initiatives pour renforcer les liens du G 14 et du Collectif, tout en se montrant critique sur la marche générale de
ces organisations.
Cet homme a ainsi été, dès la fin de ses études secondaires, de tous les combats de son pays et de son peuple.
Comme enseignant, il a contribué à la formation de milliers de cadres du Burkina Faso. Comme homme politique, il a
montré que l'engagement politique peut et doit respecter constamment les exigences morales d'honnêteté, de
loyauté, de fidélité, de liberté et de sacrifice pour le peuple.
Issa Tiendrébéogo a été de tous les combats de ces dernières décennies pour la justice, la démocratie et les
libertés. C'est lui qui a dénoncé les hommes politiques « tubes digestifs », dont l'idéal, les positions et les
engagements se dissolvent par la corruption.
C'est cet homme qui a marqué son temps et son pays, ainsi que tous ceux qui l'ont approché de près, que nous
pleurons aujourd'hui. Le grand nombre de ceux qui l'ont accompagné à sa dernière demeure, témoigne de la solidité
des liens qu'il a su établir avec des hommes et des femmes issus de divers milieux et du respect qu'il a su inspirer à
beaucoup.
C'est à cet homme à la vie bien remplie, que les militants du Collectif des organisations démocratiques de masse et
de partis politiques rendent hommage aujourd'hui. Il a disparu le 26 janvier 2012, soit le lendemain de son 69e
anniversaire, alors qu'il recevait depuis quelques mois, des soins médicaux en Tunisie et que sa convalescence
paraissait bien se dérouler.
Issa Tiendrébéogo, dors en paix, et que la terre du Burkina Faso, que tu as toujours voulu libre et fière, te soit légère
!
Ouagadougou, le 1er février 2012
Le président du Collectif des Organisations démocratiques de masse et de partis politiques
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