ateliers 2012/2013 - Carrefour Universitaire
ateliers 2012/2013 - Carrefour Universitaire
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CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />
DE SARLAT ET DU PERIGORD NOIR<br />
Boîte postale 126 - 24204 SARLAT LA CANEDA Cedex<br />
Site Internet : http://www.carr-univ-sarlat.fr<br />
Courriel : presidente@carr-univ-sarlat.fr<br />
Bulletin n° 57, septembre <strong>2012</strong><br />
Le CARREFOUR UNIVERSITAIRE est une association culturelle (loi de 1901), à but non<br />
lucratif, animée par des bénévoles. Elle s’adresse à toutes les personnes – particulièrement celles qui<br />
disposent de temps libre – désireuses d’enrichir leurs connaissances dans les domaines intellectuels et<br />
artistiques.<br />
SOMMAIRE<br />
Editorial ………………………………………………………………………………………… p. 2<br />
Adresses utiles et Informations diverses<br />
A qui s’adresser ………………………………………………………………………….<br />
Le Conseil d’Administration ……………………………………………………………<br />
Le Bureau ………………………………………………………………………………..<br />
Informations diverses ……………………………………………………………………<br />
Informations concernant les <strong>ateliers</strong> …………………………………………………….<br />
Tableau des activités des <strong>ateliers</strong> ………………………………….…………….….….……… p. 8-9<br />
Une page se tourne ……………….…..………………………………………….….………….. p. 10<br />
Programme des conférences du 1 er semestre (sept. <strong>2012</strong> à janv. <strong>2013</strong>) ……………………. p. 11<br />
Comptes rendus des conférences (déc. 2011 à mai <strong>2012</strong>) .……………….………………..... p. 15<br />
Sorties & Voyages<br />
Le <strong>Carrefour</strong> cistercien ………………………..…………………………………………. p. 34<br />
Le <strong>Carrefour</strong> retrouve l’Hermione ………………………………………………………. p. 36<br />
Les rencontres Logroño – Sarlat ………………………………………………………… p. 38<br />
Propos ou pensées en quête d’auteurs ………………………………………………………… p. 41<br />
Nécrologie ……………………………………………………………………………………… p. 42<br />
Sélection bibliographique et Invitation à lire ………………..………………..……………… p. 43<br />
Ont collaboré à ce bulletin n° 57, septembre <strong>2012</strong> :<br />
Auteurs : Michel Boulerne, Guy Boyer, Isabelle Cabard, Jacques Chantal, Michel Chanaud, Yvette Chantal, Amparo Contreras Pereda,<br />
Robert Dié, Geneviève Feurstein-Garrigou, Dominique Genty, Michel Genty, Lucette Godet, Serge Jard, Roland Kleim, Jacqueline<br />
Lacombe, Guillaume Lecointre, Guy Mandon, Pierre Merle, Gloria Milon, Mireille Nilles, Roger Nouvel, Daniel Sueur.<br />
Illustrations : Michel Boulerne, Guy Boyer, Breitling, André Calas, Michel Chanaud, Jacques Chantal, Collection particulière, Robert<br />
Dié, Dominique Genty, Claude Lacombe, Michel Morand, Musée de Palerme, Bertrand Piccard, Solar Impulse, The Phillips<br />
Collection.<br />
Saisie du texte : Claude Lacombe.<br />
Maquette et mise en page : Michel Morand.<br />
Logo du <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong> : Alain Carrier<br />
Imprimerie : Imprimerie du Sarladais, B.P. 57, 24202 SARLAT Cedex.<br />
p. 3<br />
p. 3<br />
p. 4<br />
p. 4<br />
p. 6<br />
1
2<br />
Jean Piat (Photo coll. Internet)<br />
ÉDITORIAL<br />
Vous avez quel âge ?<br />
Voilà une question indiscrète qui ne vous a jamais été posée au <strong>Carrefour</strong>, mais qui nous concerne pourtant<br />
directement. Question qu’il est fort malséant de poser aux dames. Question cependant, que nous entendons de plus en<br />
plus souvent aujourd’hui, avec plus ou moins de compassion ou de curiosité. Vous avez quel âge ? vous dit votre<br />
médecin. Et il n’y a vraiment que pour la retraite que nous sommes tentés de faire notre âge.<br />
A son tour Françoise Dorin la pose dans une pièce de théâtre. Jean Piat, qui a, lui-même, un bon âge, qu’il ne<br />
nous confessera pas, est seul, sur la scène, au Théâtre de Paris. Il nous<br />
annonce, que lui, dont la réputation est d’être un acteur léger, a réussi à<br />
faire réfléchir un ministre, qui plus est, un ministre de la santé et que celuici<br />
lui propose, au téléphone, très sérieusement, un ministère<br />
supplémentaire. Jean Piat s’en dit extrêmement surpris et flatté. Il nous fait<br />
juge de la situation. Le point de départ de cette affaire est justement une<br />
conférence qu’il a donnée, sur un thème qui aurait pu être inscrit au<br />
programme de notre <strong>Carrefour</strong> au rayon des sujets de société, si nous<br />
avions souhaité évoquer le temps libre dont, désormais, nous disposons :<br />
l’âge, le grand âge, la vieillesse, le temps qui passe… Vous voyez ! Face à<br />
un auditoire qui n’était pas composé d’adolescents, il avait proposé d’en rire. Le public avait ri. Le ministre, bien<br />
informé, comme le sont tous les ministres, a pensé que notre acteur était l’homme qu’il lui fallait.<br />
A ce moment-là, bien calée dans mon fauteuil du théâtre de la Rue Blanche, je me suis dit que, bien que<br />
n’étant pas encore ministre, j’avais repéré un futur conférencier qui avait le sens de l’humour. Vous pensez bien que je<br />
n’en ai plus perdu une miette, d’autant que, Jean Piat commence par nous donner une vielle recette pour faire une<br />
bonne conférence : Il faut des idées et une montre. Il nous dit qu’il a la montre, vous aussi, quant aux idées…vous les<br />
avez. Je sens qu’à la rentrée notre association va être submergée par les propositions de conférences.<br />
Inutile de vous dire que nous nous interrogions tous, et il le savait, sur l’âge de cet acteur-conférencier qui,<br />
doté encore, remarquez bien que, perfidement, je dis encore, d’une excellente mémoire, nous donnait précisément des<br />
conseils pour ne pas faire notre âge.<br />
Conseils en dix points, des choses à ne pas dire et à ne pas faire, et des travers dans lesquels nous risquons de<br />
tomber. Un exemple : certes vous fréquentez régulièrement Internet, le site et la gazette du <strong>Carrefour</strong>, vous utilisez<br />
un notebook et vous écoutez un CD plutôt qu’un 45 tours sur un électrophone, mais j’espère que vous n’avez pas<br />
tendance à donner ce genre de conseil, dicté par votre expérience, surtout aux plus jeunes. De mon temps on prenait de<br />
la Quintonine, ça coûtait beaucoup moins cher. Vous feriez votre âge. Et là, malheureusement, Jean Piat nous livre<br />
cette réflexion assassine de La Rochefoucauld qui ne vous concerne évidemment pas : Les vieillards aiment à donner<br />
des conseils, pour se consoler de ne plus être en état de donner de mauvais exemples. À rapprocher de cet adage plus<br />
moral : Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait (Henri Estienne, les Prémices). La sagesse populaire ne fait pas jeune<br />
non plus.<br />
Mais au-delà des apparences, que faire pour rester jeune ? Ô temps ! Suspends ton vol… (Alphonse de<br />
Lamartine, le Lac). Celle-là je ne pouvais pas la manquer, d’autant que c’est précisément la légèreté qui nous fait<br />
défaut sur un pareil sujet. Allez au théâtre, nous dit Jean Piat, ça rajeunit. Allez au <strong>Carrefour</strong> universitaire, ça, c’est<br />
moi qui le dis, cela vous évitera les rides de l’esprit. Profitez de votre temps libre pour faire des pompes du cerveau<br />
après les pompes des abdos ! Ça c’est lui qui le dit ! Finissons-en avec un Boileau rassurant : Chaque âge a ses<br />
plaisirs, son esprit et ses mœurs.<br />
Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU
ADRESSES UTILES ET INFORMATIONS DIVERSES<br />
A QUI S’ADRESSER<br />
Pour tous renseignements :<br />
- d’ordre général<br />
Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU, présidente<br />
Impasse des Clarisses, 24200 SARLAT tél. 06.76.83.67.51<br />
presidente@carr-univ-sarlat.fr<br />
Lucette GODET, secrétaire générale<br />
Cabasse, 24370 VEYRIGNAC tél. 05.53.28.15.04<br />
Marie-France SUEUR, secrétaire adjointe secretaire@carr-univ-sarlat.fr<br />
François MARTIN, trésorier<br />
Le Prieuré de Veyssière, 24200 VITRAC tél. 05.53.28.38.14<br />
tresorier@carr-univ-sarlat.fr<br />
- concernant les “Sorties”<br />
Jean-Émeric SIMON<br />
Chemin de Laumel 46300 GOURDON tél. 05.65.41.16.94<br />
excursions@carr-univ-sarlat.fr<br />
- concernant le Bulletin<br />
Claude LACOMBE, vice-président<br />
Le Bourg, 24590 ARCHIGNAC tél. 05.53.28.92.26<br />
Port. 06.85.57.87.47 bulletin@carr-univ-sarlat.fr<br />
- concernant les <strong>ateliers</strong><br />
* Atelier Photographie foto-atelier@carr-univ-sarlat.fr<br />
* Atelier Espagnol esp-atelier@carr-univ-sarlat.fr<br />
- concernant le site Internet<br />
Michel MORAND<br />
51, rue Jean-Mermoz, 24200 SARLAT tél. 09.71.26.98.26<br />
webadmin@carr-univ-sarlat.fr<br />
COMPOSITION DU CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />
DU CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />
* M. Patrick ALDRIN * M. Francis GUICHARD<br />
* M Bernard AUMONT * M. Serge JARD<br />
* Mme Françoise BOBIN-ULRICH * M. Roland KLEIM<br />
* Mme Marie-Noëlle BIECHER * M. Claude LACOMBE<br />
* M. Janvier CEFALIELLO * Mme Anne-Marie MARCO<br />
* M. Jacques CHANTAL * M. François MARTIN<br />
* Mme Claudie DENIS * M. Michel MORAND<br />
* Mme Eliette DENIS * M. Michel POCHOU<br />
* Mme Paulette FEIX * M. Jean-Émeric SIMON<br />
* Mme Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU * Mme Marie-France SUEUR<br />
* Mme Lucette GODET * Mme Jacqueline TREILLE<br />
3
4<br />
COMPOSITION DU BUREAU DU CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />
Président : Responsables techniques du matériel :<br />
- Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU - Janvier CEFALIELLO<br />
Vice-présidents : - Claude GENTIL<br />
- Claude LACOMBE - Francis GUICHARD<br />
- Bernard AUMONT - Roland KLEIM<br />
Secrétaire générale : - Michel MORAND<br />
- Lucette GODET - Michel POCHOU<br />
Secrétaire adjoint : Responsable des grands voyages :<br />
- Marie-France SUEUR - Jean-Émeric SIMON<br />
Trésorier :<br />
- François MARTIN<br />
Trésorière adjointe et Responsable du site Internet :<br />
coordinatrice des <strong>ateliers</strong> : - Michel MORAND<br />
- Paulette FEIX<br />
Présidents d’honneur : Membres d’honneur :<br />
- Roger NOUVEL - Jacqueline de CHAUNAC ( )<br />
- Paul BART<br />
- Robert DIÉ<br />
INFORMATIONS DIVERSES<br />
* Plan d’accès au lieu des conférences et des <strong>ateliers</strong> :<br />
* Gratuité pour les membres du <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong> pour assister aux conférences de l’Université<br />
du Temps Libre de Périgueux<br />
Le <strong>Carrefour</strong> universitaire de Sarlat et l’Université du Temps Libre de Périgueux proposent dorénavant la<br />
gratuité à leurs adhérents, sur présentation de leurs cartes de membres de l’une des associations, pour assister aux<br />
conférences de l’une ou l’autre des dites associations.<br />
Le programme de conférences du <strong>Carrefour</strong> est consultable sur ce Bulletin ; celui de l’Université du Temps<br />
Libre de Périgueux est, quant à lui, consultable sur le site www.utlperigueux.org<br />
* Des tarifs réduits grâce au <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong><br />
N’oubliez pas que la carte de membre du <strong>Carrefour</strong> donne droit à des tarifs réduits :<br />
- au Cinéma Rex<br />
- au Centre Culturel.
* En couverture de notre Bulletin du <strong>Carrefour</strong><br />
Pour la couverture de ce n° 57, nous avons choisi d’évoquer l’activité de l’atelier Photo en proposant<br />
une image de nos amis Yvette et Jacques CHANTAL : effet de lumière coloré dans l’église de La Charitésur-Loire.<br />
Informations à lire avant toute adhésion à un atelier du <strong>Carrefour</strong><br />
L’inscription aux <strong>ateliers</strong> n’est pas automatique. Chacun se doit donc de régler d’abord sa<br />
cotisation au <strong>Carrefour</strong> universitaire avant de s’inscrire à un atelier en acquittant le droit<br />
d’inscription correspondant.<br />
- Cotisation au <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />
La cotisation annuelle (30 € pour <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong>) correspond à l’adhésion au <strong>Carrefour</strong> et couvre<br />
l’année universitaire complète (allant de septembre à août de l’année suivante), permettant à chacun<br />
d’être couvert par l’assurance du <strong>Carrefour</strong> en cas d’accident durant les activités organisées par<br />
l’association.<br />
Toute inscription à un atelier implique la cotisation d’adhésion au <strong>Carrefour</strong> universitaire.<br />
Par souci d’équité, de conformité aux règles des assurances et de simplification, les<br />
renouvellements de cotisations d’adhésion au <strong>Carrefour</strong> sont dus pour l’année universitaire complète.<br />
Ce n’est que dans le cas d’une première adhésion faite en cours de l’année universitaire, audelà<br />
du 31 janvier, que l’adhérent ne paye qu’une demi-cotisation.<br />
- Droits d’inscription aux <strong>ateliers</strong><br />
Le montant des inscriptions aux <strong>ateliers</strong> (25 € le premier et 20 € pour les suivants) est dû pour<br />
l’année universitaire complète quelle que soit la date de l’inscription.<br />
Les consignes de sécurité imposées aux utilisateurs des locaux du Colombier restent en<br />
vigueur. Nous devons limiter le nombre d’étudiants dans nos <strong>ateliers</strong> en fonction de la capacité<br />
d’accueil de chaque salle. En conséquence, le (la) responsable, ou à défaut le correspondant de chaque<br />
atelier, est seul(e) habilité(e) à recevoir les inscriptions des étudiants.<br />
Ces inscriptions sont donc enregistrées au fur et à mesure de leur réception, avec priorité au<br />
renouvellement. Les candidats en surnombre seront inscrits sur une liste d’attente.<br />
- Pour le bon fonctionnement des <strong>ateliers</strong><br />
Si, après un premier contact, vous n’avez pas l’intention de revenir dans l’atelier où vous vous<br />
êtes inscrit, il nous serait agréable que vous en préveniez l’animateur afin de pouvoir accueillir un<br />
nouveau candidat en liste d’attente.<br />
S’il vous arrive d’avoir à vous absenter un certain temps, pour des raisons diverses et<br />
personnelles, là aussi, nous vous serions obligés de penser à prévenir l’animateur de votre cours.<br />
Merci de bien vouloir respecter ces quelques prescriptions qui améliorent le bon<br />
fonctionnement et la gestion des <strong>ateliers</strong> du <strong>Carrefour</strong>.<br />
5
6<br />
INFORMATIONS CONCERNANT LES ATELIERS<br />
POUR AVOIR DES INFORMATIONS DE DERNIÈRE MINUTE<br />
Les informations données ci-dessous et dans le Tableau d’activités des <strong>ateliers</strong>, sont celles<br />
transmises par les animateurs et réunies à la date de la mise en forme du Bulletin (juillet <strong>2012</strong>). Elles<br />
sont susceptibles de modifications apportées au moment de son impression ou ultérieurement.<br />
Pour avoir connaissance de ces modifications, les personnes intéressées sont invitées à<br />
consulter sur le site du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />
http ://www.carr-univ-sarlat.fr<br />
* la Gazette du <strong>Carrefour</strong><br />
* et les Informations sur les <strong>ateliers</strong> réactualisées régulièrement.<br />
Atelier CRÉATIVITÉ<br />
N.D.L.R.<br />
L’atelier de créativité vous propose différentes techniques où le savoir-faire et la convivialité sont partagés.<br />
Vous pourrez apprendre ou vous perfectionner au tissage de perles, à la peinture sur bois, à la carterie avec embossage et à la<br />
fabrication de perles en pâte polymère utilisées pour la confection de bijoux ainsi que le Pergamano.<br />
Nous vous attendons également à l’atelier de dentelle aux fuseaux, animé par Mme Y. Morel.<br />
Nous reprendrons nos activités le 25 septembre de 14 h à 16 h 30 dans les salles Jacques Brel et Georges Brassens au<br />
Colombier.<br />
Nous préparons, conjointement avec les <strong>ateliers</strong> Patchwork et Encadrement, une exposition prévue du 30 mars au 1 er avril<br />
<strong>2013</strong> à l’ancien évêché.<br />
À cette occasion, une tombola, avec de nombreux lots, aura lieu au profit d’une association sarladaise.<br />
Atelier SCIENCE<br />
Durant l’année 2011-<strong>2012</strong> le <strong>Carrefour</strong> universitaire s’est enrichi d’un nouvel atelier consacré aux sciences.<br />
Deux professeurs des universités, Serge Jard biologiste et Roland Kleim physicien, ont animé en alternance les<br />
séances hebdomadaires dans les locaux du lycée Pré de Cordy.<br />
Ce sont 16 participants qui ont pu profiter tout au long de l’année de petites conférences privées données par<br />
des intervenants qui ont accepté de mettre leur savoir et leur compétence pédagogique au service de la promotion de la<br />
science.<br />
En lisant des articles dans les revues de vulgarisation où l’explication du journaliste paraît parfois bien<br />
confuse, on mesure les difficultés qu’il y a à communiquer un savoir scientifique à des non-spécialistes.<br />
Le pari était donc risqué et la mise à la portée de chacun de notions souvent complexes, a demandé beaucoup<br />
d’efforts aux animateurs qui ont eu face à eux des participants dont la culture scientifique et les attentes étaient<br />
extrêmement diverses.<br />
Le bilan s’avère pourtant très positif. Il y a eu peu de défections et un groupe motivé s’est constitué pour<br />
poursuivre cette expérience sous une forme plus dynamique. À partir de propositions collectées parmi tous les<br />
membres, un programme précis a été choisi pour le premier semestre de la prochaine année. Toutes les séances seront<br />
placées sous l’autorité morale des deux animateurs, qui restent garants de la rigueur scientifique du contenu, mais<br />
nombre d’entre elles seront animées par des intervenants volontaires faisant partie du groupe.<br />
Ce type de fonctionnement, plus dans l’esprit « atelier », ouvre un éventail de thèmes plus large et devrait<br />
faciliter les échanges autour d’un sujet bien délimité.<br />
Au cours du premier semestre les sujets suivants seront abordés :<br />
Y. E.
Fonctionnement de l’ordinateur.<br />
La transgénèse (OGM, principes, intérêts, dangers….).<br />
Les étoiles et le système solaire.<br />
Le rein.<br />
Les nombres et leur notation de l’Antiquité à nos jours.<br />
La vie dans le désert et dans les océans.<br />
L’énergie nucléaire.<br />
La géologie du karst Périgord-Quercy en rapport avec les recherches de schistes contenant du gaz.<br />
Les couleurs.<br />
Les nanotechnologies.<br />
Les nouveaux matériaux, les nouveaux alliages et leurs utilisations dans l’industrie.<br />
La variété des thèmes résulte des choix des participants, cette année. D’autres seront abordés ou approfondis<br />
au cours du deuxième semestre et résulteront du choix des participants de l’année prochaine, peut-être vous, si vous<br />
décidez de nous rejoindre : l’ambiance est sympathique.<br />
B. S.<br />
Atelier ESPAGNOL<br />
L’année 2011-<strong>2012</strong> vient de s’achever pour l’atelier d’espagnol, comme pour les autres <strong>ateliers</strong>. Cette année a<br />
été animée par le voyage Sur la Route Machadienne de Soria à Collioure, en octobre 2011 et par notre échange<br />
linguistique et culturel avec Logroño en avril-mai <strong>2012</strong>. Ainsi :<br />
o du 27 au 29 avril, ce fut le déplacement de Sarlat vers Logroño (nous étions 12), qui est commenté dans<br />
ce bulletin.<br />
o du 25 au 27 mai, ce fut celui de Logroño à Sarlat, pour nos correspondants espagnols (ils étaient 13),<br />
dont vous retrouverez aussi les jolis commentaires sur notre rencontre et, grâce à elle, sur leur ouverture<br />
à de nouveaux horizons, une nouvelle culture, une nouvelle occasion d’échange linguistique.<br />
L’année <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong> verra, dans notre atelier, le retour d’une section pour débutants (voir dans le tableau des<br />
<strong>ateliers</strong>).<br />
Pour toute première inscription, dans cette section ou dans les autres, téléphoner à Jacqueline Lacombe, au<br />
05.53.28.92.26, dès le 1 er septembre.<br />
Notre rentrée « scolaire » aura lieu le 4 octobre, premier jeudi du mois d’octobre.<br />
LES EXCURSIONS CONTINUENT<br />
Pendant 15 ans, les Chantal se sont mis au service du <strong>Carrefour</strong> pour organiser, avec la rigueur et le<br />
dévouement que nous leur connaissons, au total 45 sorties. C’est à regret qu’ils ont pris leur retraite. Les excursions<br />
représentent une partie importante de nos activités. On ne pouvait envisager qu’elles cessent brutalement et nous<br />
souhaitions donc que des bonnes volontés se manifestent pour prendre le relais. Les Chantal ont lancé un appel qui,<br />
fort heureusement, a été entendu : Claudie et Jean Émeric Simon ont accepté de prendre cette responsabilité. Nous en<br />
sommes très heureux et nous leur apporterons tout notre soutien pour, comme disaient les Chantal, « de nouvelles<br />
aventures. »<br />
Je souhaite donc que vous soyez nombreux à répondre présents en participant aux excursions qui vous seront<br />
proposées.<br />
La Présidente<br />
Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU<br />
7<br />
J. L.
8 ACTIVITÉS DE NOS<br />
ANGLAIS<br />
ESPAGNOL<br />
FRANÇAIS pour les<br />
Étrangers<br />
INFORMATIQUE<br />
CRÉATIVITÉ<br />
DENTELLES<br />
ENCADREMENT<br />
PATCHWORK<br />
et Travaux d’aiguilles<br />
PHOTOGRAPHIE<br />
RUSSE<br />
SCIENCES<br />
DESSIN<br />
& PEINTURE<br />
AQUARELLE<br />
RESPONSABLES ANIMATEURS - ANIMATRICES<br />
Jacqueline BARON<br />
05.53.59.36.70<br />
brjlespechs@orange.fr<br />
Jacqueline LACOMBE<br />
05.53.28.92.26<br />
Lucette GODET<br />
05.53.28.15.04<br />
Gérard PUMIN<br />
05.53.28.36.92<br />
Claude GENTIL<br />
05.53.59.42.96<br />
Yolande EVRARD<br />
05.53.29.74.99<br />
Claudie DENIS<br />
05.53.28.11.67<br />
Anne-Marie MARCO<br />
05.53.59.12.97<br />
ammarco@orange.fr<br />
Michel MORAND<br />
06.86.40.18.34<br />
Frédérique MAILLE<br />
(B. Aumont 06.81.04.77.79)<br />
Serge JARD 05.53.51.60.49<br />
Roland KLEIM 05.53.29.75.33<br />
Robert GRATTE<br />
05.53.31.08.71<br />
7aprem@gmail.com<br />
Lydie WILLEMSE<br />
05.53.59.51.32<br />
Heather BISHAM – Judy EVANS<br />
Judith JUPP – Jean-Claude RAMBEAU<br />
Rhona SMITH – Yves TARDIVEL<br />
Penny VLIEGER – Ann WHITBOURN<br />
Marie-Jeanine ARMAGNAC 1 er niveau<br />
Christiane RAMBEAU 2 e niveau<br />
Claudine HACHE 3 e niveau<br />
Anne-Marie GOUJON 4 e niveau<br />
Jacqueline LACOMBE 5 e niveau<br />
Françoise BOBIN-ULRICH 6 e niveau<br />
Roland BARON – Marie-Léontine CARCENAC<br />
Mireille FEIGNEUX – Lucette GODET<br />
Patricia LACOMBE<br />
Patrick ALDRIN – Georges BONNET<br />
Georges DUMONT – Claude GENTIL<br />
Gérard PUMIN<br />
Yolande EVRARD<br />
Yveline MOREL (dentelles)<br />
Claudie DENIS<br />
Claude GENTIL<br />
Anne-Marie MARCO<br />
Michel MORAND<br />
Frédérique MAILLE (1 er & 2 e niveaux)<br />
Voir Informations sur les <strong>ateliers</strong> (p. 8)<br />
Serge JARD (Biologie)<br />
Roland KLEIM (Physique)<br />
Robert GRATTE<br />
Lydie WILLEMSE<br />
NDLR : Les informations portées dans ce tableau correspondent à celles transmises par les animateurs et réunies à la date de mise en forme du bulletin (juillet <strong>2012</strong>).
ATELIERS <strong>2012</strong>/<strong>2013</strong><br />
REMPLAÇANTS LIEUX HORAIRES<br />
Janet DEAN – Elizabeth GIBERT<br />
David JUPP – Susan PIKE<br />
Susan REID – David SMITH<br />
Yvette CALMELS<br />
Christiane ALIZIER<br />
Pierrette LAPEYRONIE<br />
10 personnes maximum<br />
10 personnes maximum<br />
Inscription et début<br />
10 octobre<br />
Inscription et début<br />
6 octobre<br />
Le Colombier<br />
Etage façade sud<br />
Le Colombier<br />
Salle BOISSEL<br />
Salle CASSAS<br />
Salle FAVALELLI<br />
Le Colombier<br />
Salle BOISSEL<br />
Salle CASSAS<br />
Salle FAVALELLI<br />
Collège La BOETIE<br />
Salle D 16<br />
Le Colombier<br />
Salle Jacques BREL<br />
Le Colombier<br />
Salles BREL - BRASSENS<br />
Le Colombier<br />
Salle CASSAS<br />
Le Colombier<br />
Salles BREL - BRASSENS<br />
Le Colombier<br />
Salles BREL - BRASSENS<br />
Lycée Pré de Cordy<br />
Salle E 3<br />
Le Colombier<br />
Salle CASSAS<br />
Le Colombier<br />
Salle CASSAS<br />
Mardi : 10h – 12h débutants<br />
14h15 – 16h15 autres niveaux<br />
Inscriptions : 26 septembre<br />
Début : 2 octobre<br />
Jeudi :<br />
09h30 – 11h30 : niveaux 1,2 et 3<br />
14h15 – 16h15 : niveaux 4, 5 et 6<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
4 octobre<br />
Vendredi :<br />
10h – 12h débutants et débrouillés<br />
14h – 16h autres niveaux<br />
Inscriptions : 28 septembre<br />
Début : 5 octobre<br />
Jeudi : 17h – 18h30<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
27 septembre<br />
Mardi : 14h – 16h30<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
25 septembre<br />
Vendredi : 14h – 16h30<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
5 octobre<br />
Lundi : 14h – 16h30<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
24 septembre<br />
Vendredi : 09h30 – 11h30<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
5 octobre<br />
Lundi : 09h30 – 11h30 (débutants)<br />
Jeudi : 09h30 – 11h30 (avancé)<br />
Début des cours : 1 er octobre<br />
Mardi : 17h – 19h<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
2 octobre<br />
Mercredi : 14h – 17h<br />
Tous les 2 e & 4 e mercredi du mois<br />
Jeudi : 10h – 12h<br />
Inscriptions et début des cours :<br />
4 octobre<br />
9
10<br />
EXCURSIONS :<br />
QUINZE ANS D’ENGAGEMENT POUR LE CARREFOUR<br />
Les Chantal l’avaient annoncé, la visite de la Charente, autour de<br />
Rochefort et de l’Ile d’Oléron serait leur dernière excursion. Spontanément les<br />
membres du <strong>Carrefour</strong> qui, au fil des années, ont été nombreux à participer aux<br />
sorties, ont voulu leur témoigner reconnaissance et amitié. Ce fut, à leur grande<br />
surprise, le 23 mai, lors du repas du soir. Après quelques mots prononcés par<br />
Robert Dié, qui représentait l’assemblée, la remise de cadeaux et d’un<br />
magnifique bouquet de fleurs pour Yvette, Jacques, très ému, a su, même en la<br />
circonstance, conserver ses talents d’orateur et voici ce qu’il nous a dit :<br />
G. F.-G.<br />
Mes chers amis, vous êtes complètement fous ! Nous croulons sous le poids des cadeaux. Vu que notre action<br />
au sein du <strong>Carrefour</strong> était totalement bénévole permettez-nous d’y voir un témoignage de votre amitié et du plaisir<br />
que vous avez éprouvé à nous suivre dans nos excursions ; nous vous remercions chaleureusement, tous, présents ou<br />
absents.<br />
Nous ne vous abandonnons pas par lassitude ou par recul devant le travail, mais tout simplement parce que<br />
nous avons un tout petit peu vieilli et que nous sommes fatigués. Nous ne voudrions pas entreprendre plus que nous ne<br />
pouvons assumer, nous souhaitons éviter l’année de trop, l’excursion de trop. Ce n’est pas de gaieté de cœur. Vous<br />
vous doutez bien qu’il n’est pas facile de se dire : « J’ai pris un coup de vieux et je ne peux plus faire ceci ou cela ».<br />
A défaut d’avoir un grand avenir nous avons un passé. L’autre jour nous évoquions nos souvenirs d’anciens<br />
combattants : « Tu te souviens à Albi nous avons… et à Cognac… » et nous avons fini par compter. Quinze ans au<br />
service du <strong>Carrefour</strong>, quarante-cinq excursions… qui ont donné lieu à six conférences, à six ou sept exposés le soir, à<br />
la veillée, dans les hôtels ; nous avons présenté, commenté, une bonne quarantaine de sites ou de monuments. Ceci<br />
pour faire valoir nos droits à la retraite de la retraite.<br />
Donc quinze ans d’engagement pour le <strong>Carrefour</strong>, quinze ans avec les Chantaux en avant, par nécessité.<br />
Mais… mais derrière il y avait Janvier ; jusqu’à l’an dernier l’ami Janvier Céfaliello a accompli une tâche obscure et<br />
indispensable. Mais derrière, il y avait l’inoxydable Paulette ainsi que François ; comment voulez-vous travailler sans<br />
l’aide et la compréhension des trésoriers ? Mais derrière, il y avait Roger, Paul, Robert et Geneviève ; comment<br />
voulez-vous travailler sans l’appui et sans la confiance des présidents ?<br />
Quinze ans d’engagement pour le <strong>Carrefour</strong>, mais avec – il faut être lucide et honnête – une bonne dose<br />
d’égoïsme car de ces excursions nous avons reçu un important retour par l’amitié, l’échange, le partage, le plaisir<br />
d’être ensemble. Ces excursions nous ont obligés à visiter, découvrir, approfondir, lire, organiser et même à<br />
réfléchir… c’est pour vous dire. Bref, elles nous ont obligés à aller au fond des choses, à nous bouger au lieu de rester<br />
figés sur notre canapé, et ce fut pour nous très bénéfique.<br />
Quinze ans d’engagement certes, mais rendu possible par l’esprit que nous avons rencontré au <strong>Carrefour</strong> :<br />
convivialité, amitié, mais au-delà un état d’esprit qui déjoue un peu les lois habituelles de l’humaine condition. En<br />
effet, et ce n’est pas de moi, quand on entreprend quelque chose on dresse immanquablement contre soi tous ceux qui<br />
voudraient faire la même chose sans en avoir le courage, plus tous ceux qui voudraient faire exactement le contraire,<br />
plus l’énorme masse de ceux qui ne font jamais rien. Si nous avons copieusement vécu cela dans notre carrière nous<br />
ne l’avons pas ressenti au <strong>Carrefour</strong>. Oh, bien sûr, nous avons emmené quelques grincheux ou grincheuses, mais ils<br />
ont vite compris que leur place ne se trouvait pas parmi nous et nous ne les avons plus revus. Au contraire, lorsque<br />
nous déprimions un peu devant un guide douteux, un repas médiocre ou une météo franchement incertaine, c’est vous<br />
qui, conservant votre bonne humeur, veniez nous dire avec sagesse et philosophie : « Ne vous inquiétez pas, ce n’est<br />
pas grave ».<br />
Mes chers amis, Rémy, qui philosophe en conduisant son bus, nous disait lors d’une dernière sortie : « Merci<br />
d’être ce que vous êtes ». Je reprends cette belle formule à notre compte : « Chers amis, vous allez nous manquer ».<br />
Yvette et Jacques CHANTAL
PROGRAMME DES CONFÉRENCES<br />
POUR LE 1 er SEMESTRE DE L’ANNÉE <strong>2012</strong> – <strong>2013</strong><br />
Toutes les conférences ont lieu au Colombier, salle Pierre Denoix,<br />
le mercredi à 15 h.<br />
La presse locale – L’Essor Sarladais<br />
et Sud-Ouest - en informera le public.<br />
Mercredi 26 septembre <strong>2012</strong><br />
« L’EAU, SOURCE DE CONFLITS<br />
DANS LE MONDE ? »<br />
par Jean-Pierre BAUDELET, ingénieur géologue diplômé<br />
de l’École normale supérieure de Géologie de Nancy<br />
Le déficit croissant entre le volume des pluies, relativement constant à l’échelle de la planète et<br />
l’augmentation des besoins soulignent l’existence d’une « problématique de l’eau » dont les principales<br />
composantes seront analysées.<br />
La pénurie en eau dans certaines régions peut être à l’origine de litiges, d’intensité évidemment<br />
variables, nommés « hydro conflits », du passé, d’actualité ou à l’état potentiel, concernant les Etats<br />
riverains d’un même bassin fluvial. Les principales causes de ces tensions seront illustrées par des exemples<br />
géographiques précisant les enjeux politico-économiques qui s’y associent, le réchauffement climatique<br />
prévu amplifiant ces problèmes.<br />
Les solutions passent par l’amélioration de la technologie, une meilleure gestion de l’eau et une plus<br />
grande responsabilité des différents consommateurs, mais aussi par la réalisation de grands travaux<br />
hydrauliques qui exigeront la sécurité et la stabilité politique des pays concernés afin de pouvoir bénéficier<br />
des aides financières internationales indispensables.<br />
Synonyme d’élément conflictuel, l’Eau pourrait devenir alors, un facteur fondamental de la<br />
prospérité économique mais aussi de la Paix régionale.<br />
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Mercredi 3 octobre <strong>2012</strong><br />
« L’ORIGINE DU LANGAGE »<br />
par Roger GAY, professeur honoraire à la Faculté de médecine de Limoges,<br />
ancien professeur de réanimation médicale et chef de service au C.H.U. de Limoges<br />
La toute jeune Société de linguistique de Paris interdit en 1866 toute publication sur l’origine du<br />
langage. Ce domaine était considéré comme inaccessible. Ce n’est, que dans les années 1980-1990, que la<br />
conjonction des travaux des archéologues, des anatomistes, des linguistes et des neurobiologistes a permis<br />
des avancées conséquentes.<br />
La verticalisation permanente de nos ancêtres (à partir d’Homo habilis, vers – 2,2 millions d’années)<br />
libère les mains. La latéralisation droite-gauche apparaît ainsi que l’aire de Broca qui sera utilisée plus tard<br />
pour la parole. La position verticale entraîne la descente du larynx. Des espaces de résonance se créent dans<br />
le pharynx, la bouche et le nez. Ils permettront l’articulation du langage.<br />
Homo erectus sera le premier à être ainsi équipé vers – 1,5 million d’années. La fabrication de bifaces<br />
symétriques, la maîtrise du feu vers – 400 000 ans ne sont guère possibles sans, au moins, un langage sans<br />
grammaire, un proto langage. Peu à peu, le cerveau a triplé de volume au profit du cortex cérébral et surtout<br />
des zones frontales. Les sourds-muets utilisent dans le langage des signes les mêmes zones que celles de<br />
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l’expression vocale. Les hommes de Neandertal, à partir de – 250 000 ans ainsi que les Homo sapiens<br />
sapiens anciens à partir de – 180 000 ans disposaient d’une anatomie phonatoire similaire à la nôtre.<br />
Les langues, au sens moderne du terme, sont probablement apparues il y a 80 000 à 60 000 ans en<br />
Afrique. L’articulation des mots pour en faire des phrases a permis l’expression du passé, du futur, du réel,<br />
de l’imaginaire et l’enrichissement de la conscience de soi. Il y a aujourd’hui environ 6 500 langues. La<br />
moitié d’entre elles devraient disparaître avant la fin du siècle, faute de locuteurs.<br />
Le parcours du nouveau-né au jeune enfant (vers quatre ans) retracerait l’évolution des capacités<br />
langagières de nos ancêtres. C’est ainsi que l’on a pu dire que les bébés parlaient préhistorique.<br />
Au total, le langage s’est révélé une arme évolutive redoutable et a permis à l’homme de conquérir le<br />
monde.<br />
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Mercredi 17 octobre <strong>2012</strong><br />
« LE CHANGEMENT CLIMATIQUE :<br />
SES EFFETS SUR LES TRANSPORTS »<br />
par Georges DOBIAS, inspecteur général des Ponts et Chaussées honoraire,<br />
ancien directeur de l’Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité,<br />
expert pour le Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France<br />
Le changement climatique est un fait accepté par tous les scientifiques, même si son origine reste en<br />
débat, concernant le rôle de l’homme dans cette évolution. L’accroissement des gaz à effets de serre fait<br />
également l’objet d’un constat partagé. Parmi les trois grands secteurs émetteurs, industrie, habitat et<br />
tertiaire, transports, seuls ces derniers continuent d’accroître leur contribution. C’est pourquoi, ils focalisent<br />
une attention particulière de la part des scientifiques et des politiques.<br />
C’est évidemment la voiture et le camion qui sont en cause, en raison de leur utilisation de carburants<br />
d’origine pétrolière. Comment imaginer une civilisation moins dépendante du transport routier ? Les<br />
instances du Grenelle de l’Environnement ont examiné les multiples solutions possibles. Moins de véhicules<br />
avec transfert vers les modes de transports « doux », des véhicules utilisant moins ou pas de produits<br />
pétroliers, un développement des modes collectifs, chemins de fer et transports urbains.<br />
Il n’existe pas de solution unique simple, d’autant plus que beaucoup de pistes envisagées ont un<br />
impact sur notre mode de vie quotidien, la qualité de notre mobilité et en fin de compte sur notre<br />
organisation spatiale (plans d’urbanisme, schémas d’aménagement territorial).<br />
Enfin, il nous faudrait réduire nos émissions de gaz à effets de serre rapidement en les divisant par 4,<br />
alors que nos organisations et nos habitudes de vie n’évoluent que lentement.<br />
Quels peuvent donc être les pistes acceptables socialement et financièrement ? C’est ce que le<br />
conférencier développera.<br />
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Mercredi 21 novembre <strong>2012</strong><br />
« LE CARAVAGE OU LA VIE ROMANESQUE D’UN GÉNIE »<br />
par Michel ROUSSEL, ingénieur CNAM retraité,<br />
diplômé de l’École du Louvre<br />
Moi, Michelangelo Merisi, surnommé "Le Caravage", qui suis-je ?<br />
Déjà, mes contemporains me qualifiaient selon les cas, soit d’être un génie, soit d’être né pour détruire<br />
la peinture.<br />
Ma vie est un roman et j’ai voulu qu’il en soit ainsi sans règle ni contrainte, mais vous en saurez peu<br />
sur elle, je garde mon mystère encore aujourd’hui. En revanche, mon œuvre vous en dira un peu plus, bien<br />
que ma carrière ici-bas fût des plus brèves.<br />
Souvent imité, je peux dire que je ne serai jamais égalé. La modestie n’est pas un trait de mon<br />
caractère. Tel un météore, ma postérité artistique sera brève et, un demi-siècle après ma disparition, on ne
parlera déjà plus de moi et pour longtemps.<br />
Je vous convie, par le truchement d’un de mes admirateurs, à me suivre dans ma vie errante, de Milan<br />
à Rome puis à Naples et en Sicile jusqu’à Malte et à découvrir ce que je fis et qui je fus.<br />
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Mercredi 5 décembre <strong>2012</strong><br />
« LES SUPERSTITIONS, D’AUTREFOIS À AUJOURD’HUI »<br />
par Jean RIGOUSTE, toponymiste,<br />
membre de l’Institut d’Études Occitanes<br />
Superstition : le mot signifie « survivance ». Des croyances et des pratiques issues de religions<br />
anciennes (que les religions « officielles » n’ont pas réussi à faire disparaître) ; ou bien des traditions<br />
culturelles diverses qui ont réussi à survivre… Elles sont souvent très anciennes (savez-vous depuis combien<br />
de millénaires on dit : A vos souhaits à quelqu’un qui éternue ?), mais il s’en crée tout le temps, dans les<br />
milieux les plus divers (la mode, la télévision, la Formule 1…).<br />
Les superstitions, en effet, sont universelles, et on les rencontre dans les endroits les plus inattendus (le<br />
Vatican !) ; mais chacun de nous n’a-t-il pas aussi des croyances « magiques » particulières ?<br />
Face à l’ensemble structuré des religions officielles, les superstitions ont tendance à construire une<br />
sorte de hiérarchie des pouvoirs, avec des rites, des formules, voire des Livres (que l’on pense au fameux<br />
Grand Albert !) qui finissent par créer une image inversée des Églises et des liturgies. La frontière entre<br />
culte officiel et pratiques superstitieuses est d’ailleurs assez mince (il y a eu des curés guérisseurs, et les<br />
« sorciers » emploient souvent des formules et des invocations chrétiennes).<br />
Mais d’où vient la capacité de survie, d’adaptation et de développement de ces croyances ? D’abord,<br />
du besoin de protection, contre les forces et les formes du Mal, dans un monde qui était pour beaucoup<br />
terrible et incompréhensible (d’où les amulettes, porte-bonheur… ou les porte-malheur, à éviter !). Et aussi<br />
du besoin de pouvoir, inhérent à l’homme : pouvoir guérir – ou nuire –, mettre à son service des entités<br />
redoutables ; et savoir : savoir les secrets et les trésors cachés, l’avenir et les destins…<br />
Et si elles sont si répandues aujourd’hui, en notre âge technique, scientifique et rationnel, si même<br />
elles se renouvellent, c’est aussi parce que l’homme a un besoin éternel d’irrationnel et de rêve.<br />
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Mercredi 19 décembre <strong>2012</strong><br />
« L’ABBATIALE DE SAINT-AMAND-DE-COLY<br />
ENTRE TÉMOIGNAGES ET INDICES ARCHÉOLOGIQUES »<br />
par Pierre-Marie BLANC, ingénieur de recherche au CNRS,<br />
responsable de l’équipe « Archéologie du Proche-Orient hellénistique et romain »<br />
ArScAn UMR7041 de Nanterre<br />
La majestueuse église abbatiale de Saint-Amand-de-Coly, connue et admirée de nombreuses manières,<br />
nous permet de revisiter son histoire au travers des vestiges archéologiques que de récentes études ont mises<br />
au jour. Cette documentation variée, mais inégale, autorise néanmoins de nouvelles interprétations que je<br />
voudrais proposer à votre réflexion.<br />
Les débuts de l’histoire de ce monastère demeurent encore parés de l’aura de la légende du saint<br />
fondateur, mais au-delà de l’hagiographie, les stigmates des tranches de construction, les éléments du décor,<br />
en place ou réemployés, les réparations et transformations, sont autant de témoins des différentes périodes<br />
de la vie de ce bâtiment que je vous invite à découvrir ou à relire avec moi.<br />
La perspective de nouvelles études physico-chimiques appliquées à la toiture ou bien encore aux<br />
mortiers de construction sera évoquée pour conclure sur les projets portés par l’Association des Amis de<br />
Saint-Amand-de-Coly.<br />
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Mercredi 9 janvier <strong>2013</strong><br />
« PIERRE-PAUL DE RIQUET ET LE CANAL DU MIDI »<br />
par Claude GÉRARD, ingénieur des Ponts et Chaussées<br />
Entre Garonne et Méditerranée, le canal du Midi, ancien canal royal du Languedoc, a été inscrit au<br />
Patrimoine mondial de l’Humanité en 1996.<br />
Cette reconnaissance universelle d’un ouvrage réalisé il y a plus de trois cents ans mérite que l’on<br />
suive la démarche de son inventeur, Pierre Paul de Riquet, depuis la première esquisse vers 1660 jusqu’à<br />
l’inauguration royale en 1681.<br />
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Mercredi 23 janvier <strong>2013</strong><br />
« LE SARLADAIS LA REYNIE (1759-1807),<br />
PRÊTRE, ÉCRIVAIN, RÉVOLUTIONNAIRE,<br />
PROXÉNÈTE, CAMBRIOLEUR ET SOLDAT »<br />
par Brigitte et Gilles DELLUC,<br />
secrétaire générale et président d’honneur de la S.H.A.P., UMR 7194 du CNRS<br />
Alexandre Dumas a cité un court épisode de la vie de Jean-Baptiste de La Reynie. Il n’est pas allé<br />
plus loin. Quel dommage !<br />
Cet abbé sarladais fut successivement combattant de la guerre d’Indépendance américaine avec La<br />
Fayette, secrétaire de Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, homme de lettres, journaliste et pamphlétaire,<br />
héros de la prise de la Bastille, révolutionnaire et compagnon de Beaumarchais, suborneur et proxénète,<br />
farfouilleur impénitent et cambrioleur, soldat de Marine en partance pour les Indes puis combattant à<br />
Jemmapes et en Vendée, indicateur de police, témoin au procès de Marie-Antoinette, suspect de royalisme à<br />
Sarlat, colonel d’état-major, précurseur des commandos Marine au moment du camp de Boulogne et, sous<br />
l’Empire, haut fonctionnaire parisien. Il meurt à l’âge de 48 ans. Que n’eût-il pas fait encore sans ce décès<br />
prématuré ?<br />
Brigitte et Gilles Delluc ont reconstitué, presque jour après jour, en images, l’époustouflante odyssée<br />
de ce Sarladais quasi totalement inconnue et la présentent, en images, sous le titre de « Jean-Baptiste de La<br />
Reynie, prêtre, écrivain, révolutionnaire, proxénète, cambrioleur et soldat ».<br />
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Tuber melanosporum : truffe entière et<br />
coupée, permettant de repérer le péridium<br />
(la peau), les veines blanches et brunes<br />
COMPTES RENDUS DES CONFÉRENCES<br />
(décembre 2011 à mai <strong>2012</strong>)<br />
« LA TRUFFE EN PÉRIGORD »<br />
par Michel GENTY,<br />
professeur de géographie à l’université Michel de Montaigne-Bordeaux III<br />
(Conférence du 14 décembre 2011)<br />
La truffe est un produit emblématique du Périgord. C’est un champignon souterrain qu’on récolte de novembre<br />
à février et qui est vendu sur les marchés à des prix « astronomiques », de l’ordre de 600 à 1200 € le kg. Trois<br />
interrogations majeures ont structuré la présentation de l’exposé :<br />
* la biologie et l’écologie de ce champignon mystérieux,<br />
* l’avènement depuis les années 70 d’une culture « raisonnée » de la truffe avec l’invention de plants<br />
mycorhizés<br />
* une petite géographie des lieux de production et de distribution ainsi que l’inventaire des valorisations de ce<br />
produit exceptionnel.<br />
I - Biologie et écologie de la truffe<br />
La truffe est un champignon qui vit en symbiose avec certains types d’arbres. La truffe ou encore l’ascocarpe<br />
n’est que le « fruit » hivernal produit par le mycélium, filament très fin qui colonise, sous forme de mycorhizes,<br />
certaines racines de l’arbre truffier. Le mycélium de la truffe alimente l’arbre en eau, phosphore, azote et reçoit en<br />
échange divers produits de la photosynthèse – en association symbiotique « donnant-donnant ». Au printemps,<br />
naissent les truffettes qui – pour les survivantes – se développeront avec les orages de fin d’été. Il faut donc neuf<br />
mois pour l’élaboration d’une truffe alors qu’une dizaine de jours suffit pour une poussée de cèpes. En 2010, on a<br />
découvert qu’il fallait deux types de mycélium pour faire naître les truffes... et donc que la truffe avait un « sexe » !<br />
Par ailleurs, l’ensemble arbre / mycélium truffier ne se développe bien que sous certaines conditions écologiques<br />
précises : sols basiques calcaires, climat aux étés chauds, ressources en eau suffisantes. Un programme de recherches<br />
sur les interactions entre le milieu et la truffe, baptisé « Systruf » mobilise des chercheurs d’universités françaises<br />
avec le concours d’Italiens.<br />
En France, la truffe la plus appréciée est la Tuber melanosporum :<br />
elle présente une surface noire externe, appelée péridium, constituée<br />
d’écailles en forme de petites pyramides, dures au toucher.<br />
L’intérieur ou gléba présente un aspect marbré : les veines noires<br />
portent les asques, petits sachets renfermant les spores, les veines blanches,<br />
stériles, sont des canaux par où passent les flux d’échanges entre le<br />
champignon et le milieu ; on pense que la truffe grossit grâce à des filaments<br />
(hyphes) qui puisent leur nourriture dans la terre proche en utilisant<br />
notamment des boulettes fécales laissées par la micro-faune – dont des vers<br />
de terre –. Bien mûre, la truffe exhale des arômes forts et subtils : pas moins<br />
de 80 éléments ont été identifiés dont les plus puissants sont des<br />
diméthysulfures et des aldéhydes.<br />
Parmi les autres variétés de truffe, on peut noter, en France, la brumale<br />
– beaucoup moins appréciée – la truffe d’été (Tuber aestivum), la truffe de Bourgogne (Tuber incinatum) jugées<br />
meilleures. Par ailleurs, en Italie, existe la Tuber magnatum ou truffe blanche d’Alba qu’on trouve sous les peupliers<br />
et qui, très aromatique, atteint des prix trois à quatre fois supérieurs à Tuber melanosporum ! Enfin, ramassée en<br />
Chine, la Tuber indicum arrive en France à bas prix : sans aucun parfum, mais ressemblant à s’y méprendre à la<br />
melanosporum, elle connaît un certain succès auprès d’industriels, voire de restaurateurs.<br />
La culture de la truffe<br />
Longtemps, on s’est contenté de la « cueillette » autour des chênes. Puis, au XIX e siècle, on a semé des glands<br />
provenant d’arbres producteurs, avec, d’ailleurs, un certain succès en Provence et en Périgord. Mais la grande<br />
révolution apparaît dans les années 70 avec la mise au point de plants mycorhizés, sans cesse améliorés ; on plante de<br />
petits arbres dont les racines sont colonisées par le champignon sous forme de mycorhizes. Quels arbres ? Des chênes<br />
pubescents, des chênes verts, des noisetiers, des colurnas ou noisetiers turcs, des pins noirs, des charmes, des tilleuls.<br />
La préférence, actuellement, va aux chênes verts (les 2/3 des nouvelles plantations). Au bout de quelques années (5 à 6<br />
ans pour le chêne vert) des « brûlés » apparaissent autour des arbres, signe que le mycélium truffier est actif.<br />
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Zone « brûlée » au pied<br />
d’un arbre mycorhizé<br />
Diverses méthodes de travail valorisent ces plantations : la méthode de<br />
Pallier, de type arboricole, avec milieu désherbé et même de l’irrigation, la<br />
méthode Tanguy, plus douce, qui laisse les intervalles enherbés qu’on se<br />
contente de faucher ; dans les deux cas, la taille est recommandée pour<br />
amener un maximum de lumière au sol. Ces nouvelles plantations d’arbres<br />
bien alignés contribuent heureusement à la diversité des paysages des<br />
campagnes périgourdines, gagnées trop souvent par des friches et de maigres<br />
forêts. Toutes ces plantations peuvent être subventionnées par les<br />
Départements et les Régions et la trufficulture s’étend sur les coteaux<br />
calcaires.<br />
III - Que fait-on des truffes ?<br />
Et d’abord, comment les récolte-t-on ?<br />
L’utilisation des truies, au flair exceptionnel et au goût prononcé pour le champignon n’est plus<br />
qu’anecdotique : c’est le chien qui a toutes les faveurs des « caveurs », les chercheurs de truffes. Si nombre de chiens<br />
peuvent être dressés, l’espèce la plus appréciée aujourd’hui est le lagotto romagnolo ou chien d’eau de la Romagne.<br />
En l’absence de chien, on peut aussi chercher la truffe à la mouche : muni d’une baguette, le chercheur balaie le<br />
brûlis pour effrayer, s’il y a lieu, une variété de mouche qui pond précisément au-dessus des truffes mûres pour que<br />
ses larves puissent ensuite s’en nourrir : il suffit alors de creuser à l’endroit où la mouche s’est posée, de vérifier si la<br />
terre sent… et de ramasser la truffe : la méthode est certes passionnante mais exige de la patience !<br />
La production annuelle de truffes en France est passée de 1 500 tonnes vers 1880 à 50 / 80 tonnes actuellement.<br />
En Dordogne, l’évolution est la même : d’une centaine de tonnes, la collecte est, bon an, mal an, de 5 à 8 tonnes. La<br />
distribution s’opère sur des marchés rigoureusement contrôlés comme celui de Sainte-Alvère où tous les apports sont<br />
analysés (odeur, canifage) avant d’être classés par catégories et offerts aux acheteurs avec tous les garants de qualité.<br />
Une dizaine de marchés quadrillent le département (ce qui correspond aux zones calcaires de production). La<br />
Dordogne, avec ses 1 500 adhérents aux syndicats de trufficulteurs, sans compter les autres producteurs, fait figure de<br />
terroir de convivialité et d’épicurisme.<br />
La valorisation gastronomique des truffes ne sera qu’évoquée pour ne pas alourdir le compte rendu. Il faut<br />
savoir que les arômes de la truffe sont piégés par les corps gras. Parmi les plats les plus appréciés, citons les toasts au<br />
beurre de truffe, les œufs brouillés, le marbré de foie mi-cuit, les coquilles Saint-Jacques, le brie à la truffe... Le prix<br />
élevé de la matière première a un peu réduit les ambitions des cuisiniers : la dinde demi-deuil nécessitant au début du<br />
siècle dernier 5 bonnes livres de truffes, dans les années 70 (voir le livre de Jean Rebière) en demandait 300 g. Et,<br />
aujourd’hui, on conseille d’utiliser quelques « pépites », en fait des brisures et de petits morceaux.<br />
La truffe, au parfum suave et très puissant est-elle aphrodisiaque ? Brillat-Savarin a écrit qu’elle rendait les<br />
femmes plus tendres et les hommes plus aimables. Peut-être… Toujours est-il qu’elle reste un symbole de luxe et de<br />
volupté.<br />
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« LE PETIT PATRIMOINE BÂTI EN PÉRIGORD NOIR :<br />
CABANES EN PIERRE SÈCHE ET PIGEONNIERS»<br />
par Guy BOYER, professeur chef de travaux en retraite,<br />
vice-président de La Pierre Angulaire, responsable de l’antenne de Carlux,<br />
et Michel CHANAUD, professeur de dessin technique en retraite<br />
(Conférence du 11 janvier <strong>2012</strong>)<br />
Les cabanes en pierre sèche<br />
Dès que l’on s’intéresse de près aux constructions qui font le charme de nos villages, de nos fermes et de nos<br />
paysages ruraux, on découvre une architecture utilitaire, inventive, variée, d’un charme parfois désuet mais non<br />
dépourvu de sens artistique et de poésie.<br />
M. G.
Complètement délaissés à partir du début du siècle dernier au nom du<br />
modernisme et de la productivité, ces témoins du peuple de nos campagnes,<br />
ces repères d’une civilisation proche mais oubliée, sont en voie de<br />
disparition lente mais inexorable.<br />
Depuis la moitié du XX e siècle, des spécialistes éclairés, des<br />
associations, ont mis en valeur ce petit patrimoine auprès des habitants et des<br />
élus grâce aux inventaires, aux restaurations et aux sauvegardes, sortant ces<br />
ouvrages d’un oubli certain.<br />
Guy Boyer et Michel Chanaud, en partageant leurs passions d’étude,<br />
de recherche et de découverte ont apporté une pierre de plus à la<br />
connaissance et la protection durable de cet environnement, élaboré avec passion par des générations de « terriens »<br />
qui aspiraient à une vie meilleure.<br />
Au travers de multiples exemples, Guy Boyer nous fait découvrir<br />
l’architecture de pierre sèche, et plus particulièrement les cabanes du Périgord<br />
Noir.<br />
L’exposé porte sur leur origine historique (et les idées fausses qui y<br />
sont parfois attachées), le nom donné à ces constructions, les techniques de<br />
construction, les matériaux utilisés, les différentes formes qu’elles peuvent<br />
prendre, leur utilité, les causes de leur disparition progressive, leur<br />
restauration. Ces propos sont illustrés par des photos et des dessins<br />
représentatifs de ce « petit » patrimoine local.<br />
La Pierre Angulaire est une association loi de 1901 qui a pour vocation la réalisation de dossiers d’inventaire du<br />
petit patrimoine rural bâti du Périgord en partenariat avec le conseil général de la Dordogne et avec le soutien<br />
technique du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE). Elle couvre tout le département de la<br />
Dordogne. Son siège social se trouve à la mairie du domicile du président (actuellement Périgueux, domicile de<br />
Catherine Schunck, présidente).<br />
Par ailleurs, un dossier constitué sur l’une des nombreuses cabanes qui ont été inventoriées sur la commune de<br />
Veyrignac et destiné à La Pierre Angulaire a été feuilleté pour montrer la diversité de son contenu : géolocalisation,<br />
cadastre, descriptions iconographiques et littérales, historique ...<br />
Les pigeonniers<br />
La domestication avérée des pigeons a commencé sur le pourtour de la Méditerranée : Assyrie, Égypte<br />
ancienne, Byzance, Grèce il y a environ 7 000 ans…<br />
Amenée par les Romains puis par les Croisés, elle a été plus tardive en France où on ne trouve pas de<br />
pigeonniers antérieurs au Moyen Age. Par contre, on en dénombrait environ 42 000 au XVII e siècle et il y a eu<br />
beaucoup de constructions aux XVIII e et XIX e siècles.<br />
Les pigeons bisets qui avaient les falaises pour habitat naturel ont été domestiqués ; les pigeons ramiers<br />
(palombes) qui nichent dans les arbres sont restés sauvages.<br />
Autrefois, les pigeons avaient une réelle utilité. La plus importante était la qualité fertilisante de leur fiente,<br />
désignée sous le nom plus poétique de colombine (celle des oiseaux de mer qui fut importée au XIX e siècle<br />
d’Amérique du Sud était appelée guano). De plus, les pigeonneaux fournissaient une chair appréciée, les pigeons dits<br />
« voyageurs » servaient de messagers, certains de leurs organes ou leur fiente étaient employés en médecine (troubles<br />
oculaires et fièvres malignes) et en cosmétologie ! Accessoirement ils servaient au dressage des faucons à la chasse.<br />
17<br />
G. B.
18<br />
Dans les pays de droit coutumier (au nord d’une ligne Oléron / lac Léman), le droit de posséder un colombier<br />
était un privilège seigneurial, étendu aux abbayes. Dans les pays de langue d’Oc, soumis au droit écrit (droit romain),<br />
la possession d’un pigeonnier était plus commune car simplement subordonnée à la possession de suffisamment de<br />
terres pour que les pigeons puissent se nourrir sans aller piller les cultures des voisins.<br />
Les ravages causés par les pigeons lors des semailles et des récoltes sont un des<br />
griefs qui reviennent souvent dans les cahiers de doléances de 1789. Après la Révolution,<br />
l’abolition des privilèges, dont celui de colombier, a autorisé une floraison de<br />
constructions.<br />
La fonction principale des pigeonniers est de permettre l’élevage des pigeons dans<br />
de bonnes conditions de sécurité, de confort et d’hygiène, et éventuellement de servir<br />
d’annexes utilitaires. Ils avaient aussi une fonction symbolique forte car leur présence<br />
permettait aux seigneurs d’afficher leur rang et l’étendue de leur richesse.<br />
Depuis quelques décennies, leur nombre est en décroissance constante par manque<br />
d’entretien. La cause principale a été l’apparition des engrais chimiques qui ont dévalorisé<br />
la colombine.<br />
On emploie communément les mots « colombier » et « pigeonnier » ; que<br />
désignent-ils exactement ?<br />
- Un « colombier » est « à pied », c’est-à-dire avec des nids sur toute sa<br />
hauteur. Il est toujours isolé et destiné uniquement à l’élevage des pigeons. Il est d’essence noble ou<br />
religieuse.<br />
- « Pigeonnier » est le nom générique pour un bâtiment dont une partie seulement est utilisée pour les<br />
pigeons, pas nécessairement isolé et qui a d’autres usages (remise, fenil, garde pile, fournil, puits,<br />
etc.).On trouve aussi parfois des appellations plus rares :<br />
- Le mot «fuie» (ou fuye) a un sens variable suivant les régions : volière en pays de droit coutumier ou<br />
colombier à pied en pays de droit écrit ainsi que la Bretagne et la région de Blois,<br />
- Un «volet » est un pigeonnier de grenier, dit aussi « de laboureur ».<br />
Les détails qui permettent de savoir si un bâtiment est un pigeonnier sont :<br />
- les passages (trous d’envol, lucarne, lanternon, plages d’envol),<br />
- les protections (randière, pilier, capel, saut de rat, enduits),<br />
- l’aménagement intérieur (boulins, échelle tournante, « trou d’enfer » pour recueillir la colombine de<br />
façon rationnelle),<br />
- accessoirement, les épis de faîtage.<br />
Pour décrire un pigeonnier, on peut commencer par sa forme extérieure générale :<br />
- à base circulaire (généralement plus anciens).<br />
- à base carrée.<br />
- à base polygonale supérieure à 4 cotés (hexagonaux ou octogonaux essentiellement).<br />
- il y a bien sûr des pigeonniers de forme atypique ou rare : troglodytiques, formes composites, ou<br />
comme dans notre région, les modestes pigeonniers-cabanes.<br />
On peut ensuite faire état de sa disposition par rapport aux bâtiments :<br />
- Isolé : sa position dans l’environnement et son orientation par rapport au soleil et aux vents dominants<br />
sont choisies avec soin.<br />
- Attenant ou accolé à d’autres bâtiments, intégré (de grenier, de toiture, tourelle d’angle, en<br />
encorbellement, balet…).
Des compléments peuvent préciser son implantation au sol (pigeonnier sur piliers, pigeonnier sur arcades,<br />
pigeonnier-porche) ou la forme de sa toiture (pied-de-mulet, régional typique : comme Castrais, Gaillacois, à oculus,<br />
etc.)<br />
En conclusion, notre Périgord Noir regorge de ces petits trésors architecturaux et en présente une variété<br />
importante. René Deuscher en a recensé 640 et cet inventaire s’accroît régulièrement.<br />
M. C.<br />
L’enlèvement d’Europe. Métope<br />
du temple de Sélinonte (Sicile)<br />
VI e siècle av. J.-C.<br />
(Musée de Palerme)<br />
--------------------<br />
« EUROPE : MYTHOLOGIE, ART, HISTOIRES »<br />
par Robert DIE, président d’honneur du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />
(Conférence du 25 janvier <strong>2012</strong>)<br />
L’Europe, c’est d’abord un nom, le nom d’un continent ; c’est aussi plus souvent le nom d’un ensemble<br />
économique et politique établi sur une large partie de ce continent ; ce nom nous apparaît si familier que nous ne<br />
ressentons pas le besoin de nous interroger sur son origine, et pourtant il y a là une matière riche aux multiples aspects.<br />
Le cheminement à travers Mythologie, Art et Histoire d’Europe sera facilité par l’existence d’une iconographie<br />
abondante et de nombreux textes.<br />
I – Mythologie<br />
L’étymologie du mot Europe est en débat mais dans tous les cas on retrouve le nom propre de divers<br />
personnages féminins très présents dans la mythologie grecque ; ce peut être une des Néréides comme le sont<br />
également Asia et Libya. Mais la plus célèbre de toutes ces étymologies, celle que l’histoire a retenue, en priorité,<br />
celle qui servira de fil conducteur à cet exposé, c’est Europe la princesse phénicienne, fille d’Agénor, au destin de<br />
star !<br />
Ce souverain phénicien Agénor règne il y a environ 3 000 ans, à Tyr sur la côte libanaise ; il est fils de<br />
Poséidon et fier de sa descendance, trois fils : Cadmos, Phoenix et Cilix, et une fille superbe et chérie : Europe.<br />
En ces temps où grande histoire, petite histoire et mythologie font bon ménage, c’est Zeus, lui-même, le tout<br />
puissant Roi des Dieux de l’Olympe, qui pour conquérir la belle asiate et échapper au regard de Héra son épouse<br />
jalouse, va user d’un de ces stratagèmes qui lui sont familiers : à savoir, prendre une apparence animale.<br />
Non loin de la plage qu’Europe et ses compagnes parcourent, un taureau au regard doux à l’air calme parvient<br />
à gagner la confiance de la jeune princesse. Celle-ci loin d’imaginer le piège tendu accorde des caresses à Zeus-entaureau,<br />
elle finit par monter sur son dos… Il l’emporte sur les flots, s’éloigne rapidement et parvient ainsi jusqu’en<br />
Crète… et à ses fins !<br />
Europe enfantera trois fils dont Minos qui deviendra le sanguinaire roi de l’île, épousera Pasiphaé qui<br />
s’éprendra à son tour d’un taureau et donnera naissance au Minotaure.<br />
Cadmos à la recherche de sa sœur Europe fondera une nouvelle cité :<br />
Thèbes, et sera le propagandiste de l’alphabet inventé par les Phéniciens auquel<br />
succéderont, l’alphabet grec puis le nôtre.<br />
souvent emprunts de poésie.<br />
II – Art<br />
Mosaïques, peintures, sculptures, poésies, il n’est pas un musée, il n’est pas<br />
une bibliothèque où, au détour d’une salle, d’un recueil on ne rencontre la princesse<br />
de Tyr chevauchant un beau taureau blanc.<br />
L’enlèvement d’Europe peut, ainsi, servir de fil conducteur, d’illustration à<br />
l’histoire de l’art occidental et dans une moindre mesure à celle de la poésie.<br />
1 – Du VI e siècle av. J.-C. au IV e siècle<br />
Les représentations de l’enlèvement d’Europe sont innombrables : bas-relief<br />
de Palerme, terre cuite de Béotie, tanagra, vases ou gobelets, peinture de la maison<br />
de Jason à Pompéi et surtout mosaïques : Palestrina dans le Latium, pavement de la<br />
villa romaine de Lullingstone dans le Kent, Byblos au plus près du lieu de<br />
l’enlèvement.<br />
Les nombreux textes des auteurs grecs et latins, Moschos, Lucien, Horace,<br />
Ovide, contribuent à la codification du mythe, à sa diffusion en des termes le plus<br />
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20<br />
Dans le premier millénaire, le christianisme tout en conservant la nostalgie de l’Empire Romain, rejette peu à<br />
peu toutes les mythologies antiques. Europe est oubliée. C’est seulement à partir du XIII e siècle que réapparaîtra la<br />
princesse phénicienne dans des textes ou dans l’iconographie.<br />
2 – Du XIII e au XVIII e siècle<br />
Ovide qui avait été le principal propagateur du mythe d’Europe au cours de l’Antiquité, bien oublié, est<br />
redécouvert au XIV e siècle dans un Ovide moralisé qui nous donne une vision chrétienne du mythe antique.<br />
Les nombreuses rééditions de cet ouvrage sont souvent illustrées de scènes naïves de cette nouvelle Europe<br />
princesse au visage de vierge, celle qui en même temps inspirera Averlino le Filrète, Liberale da Verona ou Dürer.<br />
Plus tard d’autres artistes reviendront à des représentations du mythe dans sa réalité originelle : le Titien,<br />
Véronèse, Hendrick van Balen, Francesco Albani, Rembrandt, Jacob Jordaens, parmi d’autres, peindront « leur »<br />
enlèvement d’Europe. Au XVIII e siècle, de très nombreux peintres se livreront à l’exercice quasi obligé, ainsi, Noël<br />
Nicolas Coypel, Francesco Zuccarelli, François Boucher.<br />
Du Bellay, Ronsard, et plus près de nous André Chénier, parmi d’autres, tomberont sous le charme de la belle<br />
et nous le diront.<br />
3 – Du XIX e siècle à nos jours<br />
Du XIX e siècle à nos jours, l’intérêt pour le couple princesse-taureau, dans tous les arts, ne faiblit pas : Arthur<br />
Rimbaud l’évoquera dans l’enthousiasme de ses 16 ans en une scène<br />
mythologique, entre violence et érotisme.<br />
Sur la toile sous les signatures de Géricault, Ingres, Gustave Moreau,<br />
Félix Vallotton, Valentin Serov, Bonnard, Matisse, Salvador Dali, des<br />
enlèvements d’Europe sont présents dans les musées du monde entier.<br />
Ici il faut citer Max Beckmann (1884-1950) qui réalise en 1933 une<br />
œuvre particulièrement forte, au moment de la prise de pouvoir et des<br />
premières persécutions nazies ; le peintre y exprime une opposition<br />
dramatique entre un taureau agressif couleur de chemises brunes et une<br />
pauvre Europe, à moitié morte, terrorisée, enroulée sur son dos avec au bras<br />
L’enlèvement d’Europe<br />
vu par Max Beckmann (1933)<br />
un bandeau jaune prémonitoire de catastrophes.<br />
III – HISTOIRE ou histoires<br />
Pour bien comprendre le sens d’un mythe, il faut le suivre tout au long de son évolution, en tenant compte des<br />
strates qui se sont déposées au cours du temps, comme un millefeuille de l’histoire globale de l’humanité.<br />
Europe n’est, dans le monde connu des Grecs, qu’un cas particulier de femme chevauchant un taureau et cette<br />
représentation symbolique se réfère à un culte qui remonte aux plus hautes époques néolithiques (8 000 av. J.-C.). On<br />
évoque souvent une « première culture », dans laquelle le divin est féminin et maîtrise la force de l’animal puissant et<br />
fécondant.<br />
Plus tard, vers la fin de l’Âge du Bronze, le féminin divin disparaîtra peu à peu laissant la place aux Dieux<br />
guerriers et aux mâles à la virilité conquérante.<br />
L’enlèvement d’Europe est ainsi l’illustration d’un des plus grands bouleversements de l’histoire des rapports<br />
entre le masculin et le féminin dont les effets domineront jusqu’à des temps bien proches de notre époque.<br />
1 - D’Europe à l’Europe, du mythe au continent<br />
La définition géographique de l’Europe est loin d’être claire pour les Anciens ;<br />
quant à parler de continent à cette époque ce serait anachronique. Une des premières<br />
références écrite à une région ainsi dénommée apparaît dans l’Hymne homérique à<br />
Apollon (fin du VIII e s. av. J.-C). Dans ce texte, on évoque avec peu de précision, une<br />
aire géographique très réduite.<br />
Quelques siècles plus tard pour Hérodote, puis pour Hippocrate, l’Europe<br />
devient une des trois grandes régions du monde connu.<br />
La culture chrétienne a prolongé la tradition géographique de l’Antiquité, mais<br />
les cartes réalistes sont souvent abandonnées au profit d’une cosmographie<br />
religieuse dans laquelle les trois fils de Noé ont reçu en partage les trois parties du<br />
monde en lieu et place d’Europa, Asia et Libya.<br />
2 - Visions d’Histoire et tentatives d’Europe<br />
Europe ornant les cornes du<br />
taureau avant d’être enlevée.
Il existe plusieurs modèles de division du monde en continents mais c’est l’histoire qui a imposé le découpage<br />
le plus usité du monde en 6 continents : Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie et Antarctique. Pour nous,<br />
Européens, notre histoire est jalonnée de tentatives multiples et variées visant à faire coïncider des constructions<br />
géopolitiques ou culturelles avec tout ou partie d’un ensemble de territoires allant de l’Atlantique à l’Oural.<br />
Entre le monde antique et notre Europe des 27, on ne peut qu’évoquer quelques étapes qui sont autant d’images<br />
ou de tentatives d’Europe :<br />
Les royaumes barbares au V e siècle, Charlemagne qui refait l’unité perdue aux VIII e -X e siècles, les Ottomans<br />
ou une option musulmane aux XIII e -XVII e siècles, l’Europe déchirée aux XIX e -XX e siècles : l’Europe de Napoléon, le<br />
grand Reich de 1942 et l’Europe selon Staline. Enfin la construction depuis 1958 de l’Europe des 27 d’aujourd’hui<br />
et… à suivre ? Peut-être, se souvenant de la vision de Victor Hugo telle qu’il l’exprimait dans son message de la paix,<br />
au congrès de Lugano en 1872 : … Nous aurons ces grands Etats-Unis d’Europe, … nous aurons la patrie sans<br />
frontière … le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud…, la vérité sans le dogme…, Dieu sans le prêtre, le<br />
ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine…<br />
Tout avait commencé entre les rivages de Syrie et l’île de Crète sous le règne d’Agénor avec une belle<br />
princesse : Europe et il a fallu environ 3 000 ans, pour que nous nous retrouvions bien plus au nord, quelque part<br />
entre Bruxelles et Strasbourg, pour parler … de l’avenir notre continent, l’Europe.<br />
R. D.<br />
Chez les mammifères, le cortex<br />
très développé (2) recouvre l'ensemble<br />
des autres structures cérébrales<br />
--------------------<br />
« LE SARLADAIS LA REYNIE (1759-1807), PRÊTRE, ÉCRIVAIN,<br />
RÉVOLUTIONNAIRE, PROXÉNÈTE, CAMBRIOLEUR, ET SOLDAT »<br />
par Brigitte et Gilles DELLUC, historiens<br />
La conférence, qui a dû être annulée en accord avec les conférenciers,<br />
en raison des conditions météorologiques, ce 8 février <strong>2012</strong>, sera reprogrammée ultérieurement.<br />
-----------------------<br />
« LE CERVEAU ET LE TEMPS »<br />
par André CALAS, professeur émérite de physiologie de l’université Victor Ségalen de Bordeaux,<br />
professeur à l’université Pierre et Marie Curie, président de la Société de Biologie,<br />
ancien professeur de physiologie à l’université Paris VI,<br />
ancien directeur de l’Institut de neurosciences de Paris VI<br />
(Conférence du 7 mars <strong>2012</strong>)<br />
En rapprochant les contenus sémantiques des mots cerveau et temps, André Calas construit un exposé qui lui<br />
permet d’évoquer les principaux aspects du développement du cerveau et des progrès récents des neurosciences et des<br />
sciences cognitives.<br />
La phylogenèse du système nerveux qui décrit son évolution au cours du « temps de l’évolution », met en<br />
évidence une complexification progressive et surtout une céphalisation qui aboutit chez les espèces les plus évoluées<br />
au développement d’un cortex cérébral qui recouvre l’ensemble des autres structures nerveuses.<br />
L’analyse de plus en plus précise des étapes du développement du<br />
cerveau, c’est-à-dire son ontogenèse, satisfait l’adage selon lequel<br />
l’ontogenèse récapitule la phylogenèse. L’étape initiale et très précoce en est<br />
la formation à partir de la plaque neurale, structure d’origine de l’ensemble<br />
du système nerveux, d’une gouttière puis d’un tube neural dont la partie la<br />
plus antérieure correspondant au cortex est l’objet d’un développement<br />
particulièrement important. A ce propos, André Calas évoque une découverte<br />
très éclairante des dernières décennies, celle d’un groupe de gènes qualifiés<br />
d’homéogènes. Les homéogènes codent pour la synthèse de facteurs de<br />
transcription. Ces facteurs de transcription sont des protéines qui, en se fixant<br />
sur l’ADN, en amont des séquences transcrites d’un ensemble d’autres gènes,<br />
vont contrôler leur traduction et permettre une expression coordonnée et<br />
géographiquement localisée des protéines constitutives des différentes parties<br />
du système nerveux.<br />
21
22<br />
Les divisions cellulaires qui opèrent au cours du développement embryonnaire dans les différentes parties du<br />
système nerveux s’arrêtent pour l’essentiel à la naissance. Par contre se poursuivent après la naissance et pendant toute<br />
la durée de la vie la mise en place de réseaux ou de circuits qui résultent de l’établissement et de la stabilisation de<br />
contacts synaptiques entre neurones constitutifs. La stabilisation d’un réseau neuronal dépend d’un grand nombre de<br />
facteurs de croissance et semble directement lié à son fonctionnement. Le dogme du non renouvellement des<br />
populations neuronales s’est effondré dans un passé récent par la démonstration de la présence dans certaines zones du<br />
système nerveux et en particulier au niveau de l’hippocampe qui joue un rôle essentiel dans les processus de<br />
mémorisation de cellules souche capables de se diviser et de s’intégrer dans des réseaux existants.<br />
Dans la dernière partie de sa conférence, André Calas évoque sous le vocable de temps cyclique l’existence de<br />
rythmes qui ponctuent l’activité des organismes : rythmes courts comme les rythmes cardiaques ou respiratoires,<br />
rythmes beaucoup plus longs comme les cycles menstruels voire les cycles saisonniers et annuels et surtout les<br />
rythmes les plus prégnants que sont les rythmes circadiens liés à l’alternance jour-nuit.<br />
A la question « les rythmes circadiens sont-ils une propriété intrinsèque de l’organisme ou sont-ils entièrement<br />
déterminés par des paramètres de l’environnement ? » L’expérience apporte une réponse claire. Les études amorcées<br />
par Michel Sifre qui consistaient à se placer au fond d’une grotte dans un environnement constant sans référence<br />
possible à l’alternance jour-nuit montrent la persistance d’un rythme veille-sommeil dont la période initiale de 24<br />
heures augmente progressivement pour se stabiliser à une valeur proche de 25 heures. Se trouve ainsi démontrée<br />
l’existence d’un rythme endogène. L’expérience reproduite chez des rongeurs confirme cette conclusion. Chez ces<br />
animaux la destruction d’une infime partie du cerveau, le noyau suprachiasmatique abolit les rythmes circadiens.<br />
Une greffe de noyau suprachiasmatique rétablit les rythmes. Enfin maintenu en culture, le noyau suprachiasmatique a<br />
une activité qui suit un rythme proche du rythme circadien de 24 heures.<br />
L’origine de cette rythmicité endogène est maintenant bien comprise. Elle met en jeu un mécanisme de rétro<br />
inhibition. Deux gènes très conservés au cours de l’évolution, les gènes per et cry assurent la synthèse de protéines<br />
qui sont des inhibiteurs de leur propre production. La destruction métabolique progressive de ces protéines inhibitrices<br />
lève l’inhibition et un nouveau cycle est initié. Le calage de l’horloge biologique sur le cycle jour-nuit est assuré par<br />
des cellules photosensibles de la rétine reliées au noyau suprachiasmatique. Les gènes horloge per et cry sont exprimés<br />
dans de nombreux tissus dont l’activité suit un rythme circadien.<br />
La synchronisation de l’ensemble de ces horloges est assurée par le noyau suprachiasmatique soit directement<br />
par voie nerveuse, soit indirectement par l’intermédiaire d’hormones dont la production est elle-même régulée par le<br />
noyau suprachiasmatique. L’une de ces hormones joue un rôle particulièrement important, la mélatonine produite par<br />
une petite glande située à la base du cerveau, l’épiphyse ou glande pinéale dont Descartes faisait le siège de l’âme.<br />
La mélatonine est produite pendant la nuit et donc en plus grande quantité en période de jours courts. La mélatonine<br />
participe de ce fait au contrôle d’activités saisonnières comme les cycles reproducteurs chez beaucoup de<br />
mammifères.<br />
Dans un registre complètement différent, André Calas traite de l’influence du cerveau sur le temps ; du fait de<br />
la perception consciente du temps ou encore du temps ressenti. La notion de durée d’une période de temps vécue<br />
dépend largement de l’attention portée aux stimulations sensorielles extérieures. Un trajet inconnu comportant<br />
beaucoup de sollicitations sensorielles paraîtra plus long qu’un trajet retour pendant lequel les mêmes sollicitations<br />
seront rapidement identifiées comme connues. L’enfant soumis à une multitude d’expériences sensorielles, à une<br />
perception d’un temps qui s’écoule lentement, n’acquerra que tardivement la notion d’anticipation. À l’inverse, chez<br />
le sujet âgé, le temps paraît souvent s’écouler rapidement et le passé occupe une part importante de l’espace mental.<br />
Saint Augustin évoque<br />
sa perception personnelle du temps<br />
André Calas termine sa conférence sur le constat que le temps n’est nulle part<br />
ailleurs que dans l’esprit des hommes. Il s’appuie sur l’analyse qu’en fait Saint<br />
Augustin : Le temps n’a pas lieu d’être puisque le passé n’est plus, l’avenir n’est pas<br />
encore et le présent est cet instant infinitésimal immédiatement retourné au néant. Le<br />
temps n’a pas de réalité objective que celle que lui confère la conscience : par la<br />
mémoire le passé, par l’attente l’avenir et par l’attention le présent.<br />
Une fois encore, André CALAS a su passionner son auditoire. L’expression<br />
demeure claire et précise même lorsque sont abordées des notions difficiles. Nul doute<br />
que chacun sera reparti avec les éléments d’une réflexion sur sa propre perception du<br />
temps.<br />
S. J.
« INVENTONS LE FUTUR<br />
OU LE DERNIER DÉFI DE LA FAMILLE PICCARD :<br />
VOLER LA NUIT AVEC LE SOLEIL »<br />
par Michel BOULERNE, ancien directeur général du Groupe Solvay<br />
(Conférence du 21 mars <strong>2012</strong>)<br />
On connaissait les dynasties royales et les sagas financières, mais jamais encore dans l’Histoire une seule<br />
famille n’avait autant marqué le monde de l’exploration qu’Auguste, Jacques et Bertrand Piccard. Dans cette famille,<br />
on invente et on explore depuis trois générations. Comme le note judicieusement l’écrivain Jacques Lacarrière : « A<br />
eux trois, ils rassemblent les rêves les plus fous de l’homme, devenir poisson ou oiseau ». Mais le plus fou c’est qu’ils<br />
ont su changer le rêve en réalité.<br />
La conquête de la stratosphère et des abysses, le premier tour du monde en ballon sans escale, la<br />
démonstration du premier vol perpétuel sans énergie fossile, voilà de quoi pérenniser la légende du capitaine Némo et<br />
de Philéas Fogg.<br />
Trois générations de Piccard :<br />
Auguste, (1884-1962) le grand-père, un savant explorateur, un enseignant chercheur,<br />
un philosophe, un modèle pour Hergé. Son nom reste attaché à l’exploration de la<br />
verticalité : ballon à hydrogène pour la stratosphère et bathyscaphe pour les fosses<br />
marines. C’est en 1944 qu’Hergé, inspiré par Auguste Piccard, crée le personnage du<br />
professeur Tryphon Tournesol dans le Trésor de Rackam le Rouge. Ce qui a fait dire à<br />
son petit-fils Bertrand : « C’est la stratosphère qui a fait entrer mon grand-père dans<br />
l’histoire et les albums de Tintin qui l’ont fait entrer dans la légende ».<br />
Jacques, (1922-2008) le père, océanographe diplômé d’économie, d’histoire et de<br />
physique. C’est lui qui a exploré les profondeurs abyssales (- 10 916 m) de la fosse des<br />
Mariannes, au nord de la Nouvelle Guinée. Il a également travaillé à la réalisation du<br />
module lunaire du programme Apollo.<br />
Bertrand, (1958 - ) le fils, passionné par le vol sous toutes ses formes, psychiatre et<br />
psychothérapeute, spécialiste de l’hypnose. Les pôles, les continents, l’espace et les<br />
abysses avaient été explorés, mais le ballon, bien qu’inventé en 1783, n’avait pas<br />
encore fait le tour de la terre. Il restait donc une page blanche à écrire dans les livres<br />
d’histoire. C’est lui qui en 1999 réalise le tour de la terre en ballon sans escale, à bord<br />
de Breitling Orbiter 3. A son atterrissage en Egypte après son tour du monde en ballon,<br />
il a déclaré : « Nous venons de faire le tour du monde avec 3,7 tonnes de propane !<br />
Mon prochain tour du monde se fera sans un gramme d’énergie fossile ».<br />
C’est ainsi qu’est né ce rêve fou qui deviendra réalité après 10 ans de travail de pionniers : un avion solaire,<br />
capable de voler indéfiniment, de jour comme de nuit, du décollage à l’atterrissage, sans énergie fossile.<br />
C’est le projet Solar Impulse !<br />
Nous sommes tous concernés par notre totale dépendance aux énergies fossiles, par la surconsommation de<br />
nos réserves naturelles, par la surproduction et les émissions de CO2.<br />
Ce projet n’a pas pour objet de transporter à terme des passagers au-dessus de l’Atlantique, mais de démontrer<br />
le potentiel des énergies renouvelables et celui des technologies existantes.<br />
Le Solar Impulse n’est pas le premier avion solaire imaginé par l’homme, mais il est le plus ambitieux. Aucun<br />
de ses prédécesseurs n’a en effet réussi à passer une nuit en vol.<br />
Solar Impulse est un avion de la taille d’un Airbus 340 (65 m d’envergure), avec 200 m² de surface d’aile<br />
portant 12 000 cellules solaires, pesant le poids d’une voiture (1 600 kg) et ayant la puissance d’un scooter (40 cv).<br />
Le premier prototype est né grâce à :<br />
23
24<br />
- 2 hommes d’exception : Bertrand Piccard l’initiateur du projet à la vision avant-gardiste et André<br />
Borschberg l’entrepreneur manager,<br />
- Une équipe de plus de 50 spécialistes aux expériences exceptionnelles,<br />
- Le soutien de plus de 80 partenaires.<br />
En juillet 2010, ce prototype a volé 26 h, sans un gramme d’énergie autre que l’énergie solaire, démontrant la<br />
faisabilité du vol perpétuel.<br />
En mai 2011, invité d’honneur du Salon International Aéronautique du Bourget, il a été vu par 350 000<br />
visiteurs.<br />
Le nouveau prototype, en cours de construction volera en <strong>2013</strong> et fera le tour du monde en 2014.<br />
Le ballon du tour du monde<br />
(Photo coll. Breitling)<br />
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Solar Impulse<br />
(Photo coll. particulière)<br />
« LA PLACE DE L’HOMME<br />
DANS LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE DES SCIENCES DE L’ÉVOLUTION »<br />
par Guillaume LECOINTRE,<br />
directeur du département « Systématique et évolution »<br />
au Muséum d’histoire naturelle de Paris<br />
(Conférence du 4 avril <strong>2012</strong>)<br />
Notre culture considère l’humain comme la perfection parmi les organismes vivants. Cette attitude provient<br />
d’une longue histoire, ancrée bien avant que les sciences biologiques, paléontologiques et anthropologiques ne<br />
prennent leur autonomie politique. Mais les habitudes persistent. Même à une époque où les sciences biologiques sont<br />
autonomes, nous sommes passés d’un corps humain « parfait » parce que créé de la main de Dieu à son image, à un<br />
corps « parfait » du point de vue de son fonctionnement ou de son adaptation.<br />
En premier lieu, les sciences médicales, très puissantes en France du point de vue symbolique, institutionnel et<br />
économique, se sont développées en dehors de la théorie générale de la biologie qu’est la Théorie de l’évolution.<br />
Tant et si bien que le corps humain est considéré comme s’il avait été construit par un ingénieur. On s’intéresse<br />
presque exclusivement au « comment ça marche » et très peu au « d’où ça vient » (en termes historiques). Quand « ça<br />
marche pas bien », c’est une maladie.<br />
En second lieu, même si l’on consent à analyser le corps humain du point de vue de son histoire biologique, le<br />
discours adaptationniste du milieu du XX e siècle n’a rien arrangé. En effet, ce discours rend au corps humain une<br />
sorte de perfection adaptative. Il atomise l’organisme et cherche une cause bénéfique à toute structure prise isolément.<br />
Stephen Jay Gould, célèbre paléontologiste américain, et son vieux compagnon Richard Lewontin, généticien<br />
américain, ont vivement critiqué en 1979 le programme adaptationniste dans un article resté célèbre. Ils remobilisent<br />
le « triangle » d’Adolph Seilacher, paléontologue allemand.<br />
Qu’est-ce que ce triangle ? Ce triangle dit que toute structure présente chez un organisme doit sa présence à<br />
trois facteurs : des contraintes sélectives (l’adaptation), certes, mais aussi des contraintes historiques et des contraintes<br />
M. B.
de construction. On retrouve des traces de ces trois contraintes, selon des proportions variées, sur bien des structures<br />
du corps humain, qui est mosaïque. Et l’on découvre alors que « quand ça ne marche pas bien », ce n’est peut-être pas<br />
une maladie mais une permanence historique. Les maux de notre colonne vertébrale, laquelle s’arrange mal des<br />
compressions que lui impose notre bipédie, en sont un exemple. Tout comme les difficultés de l’accouchement, qui<br />
proviennent largement du fait que notre volume crânien est trop élevé pour un bassin maintenu « presque trop petit »<br />
par notre bipédie.<br />
Certains organes sont de vraies adaptations anciennes : le pouce opposable est apparu il y a 65 millions<br />
d’années comme avantage dans le déplacement parmi les branches des arbres. Ce pouce réalise aujourd’hui une<br />
exaptation chez l’auto-stoppeur : l’exaptation est la mobilisation d’une structure maintenant devenue ancienne pour<br />
une fonction nouvelle. La plume des oiseaux, apparue initialement comme couverture thermique et comme organe de<br />
signalement et d’apparat, réalise une exaptation lorsqu’elle passe au service du vol.<br />
D’autres organes du corps humain sont le fruit de contraintes embryonnaires (et donc architecturales). Le téton<br />
masculin n’est pas là parce qu’il sert à l’individu qui le porte. Sa cause sélective est ailleurs : chez la femme. De<br />
même, le clitoris féminin n’est pas vital à ses porteuses, lesquelles peuvent avoir des enfants même si elles en sont<br />
privées. Sa cause sélective est le pénis masculin. Ces organes, téton masculin et clitoris, résultent de dynamiques<br />
embryonnaires qui poursuivent, sur leur lancée, un trajet plus court qu’il ne l’est dans l’autre sexe.<br />
Enfin, certains organes ne sont pas « adaptatifs » mais résultent de contraintes historiques. Le trajet du nerf<br />
phrénique (nerf moteur du diaphragme), relativement compliqué, est le fruit de l’histoire et non un avantage, puisque<br />
lorsqu’il s’irrite nous avons parfois le hoquet. Son trajet suit le recul d’un bloc musculaire qui est situé dans la<br />
corbeille branchiale des ostéichthyens du Dévonien (- 400 millions d’années), et qui recule, chez les tétrapodes,<br />
jusqu’en arrière de la cage thoracique. Le nerf suivit, au cours des millions d’années, le trajet évolutif du bloc<br />
musculaire qu’il innerve. Ce long trajet n’est pas spécialement un « avantage adaptatif ».<br />
Le corps humain est donc, du point de vue de l’évolutionniste, une mosaïque d’organes datés à des époques<br />
diverses, et dotés de causalités diverses. Ce corps n’est pas « tout-adapté ». Il n’est pas « parfait » non plus. Pour la<br />
seule raison que la notion de « perfection » n’est ni une notion biologique, ni une notion scientifique. Les sciences,<br />
comme entreprise collective d’explication rationnelle du monde réel, ne gèrent pas les discours de valeur : elles n’ont<br />
pas pour rôle de prescrire quoi que ce soit en cette matière dans les champs philosophiques ou religieux.<br />
Si, dans un schéma d’évolution qu’on appelle aujourd’hui un arbre phylogénétique, l’humain est au même<br />
niveau que toutes les autres espèces, ce n’est nullement l’affirmation d’un égalitarisme de valeur, mais au contraire<br />
une neutralité vis-à-vis d’elles. Le corps humain faisant partie du monde réel, il est traité avec les mêmes méthodes<br />
que les autres corps réels. Pour conclure, il faut comprendre que si le cœur des méthodes et des raisonnements<br />
scientifiques n’était pas neutre en valeur, la science, comme entreprise collective, perdrait son autonomie politique.<br />
Pour la Science<br />
25<br />
G. L.
26<br />
Robert Merle à son bureau de travail<br />
en 1985 (Coll. particulière)<br />
« ROBERT MERLE, UNE VIE DE PASSIONS »<br />
par Pierre MERLE, sociologue, professeur d’université<br />
(Conférence du 11 avril <strong>2012</strong>)<br />
Comment présenter une biographie sur Robert Merle ? Je me suis dit qu’il n’y avait pas d’intérêt à présenter<br />
une synthèse de sa vie. J’aurai pu présenter sa guerre, celle de 1939. Il est mobilisé en septembre et attend, comme<br />
toute l’armée française, les ordres de l’état-major de l’armée. Celui-ci attend patiemment l’envahisseur allemand<br />
encore occupé à écraser la Pologne. Drôle de guerre guidée par un grand principe : ne pas attaquer. En avril, petit<br />
frémissement, l’armée se déplace avec un train de sénateur vers la Belgique. Peut-être va-t-on soutenir les Belges qui<br />
se défendent comme ils peuvent contre les Allemands revenus victorieux de la Pologne. Mais non, l’armée française<br />
arrive trop tard et se retrouve enfermée dans la poche du Nord.<br />
Robert Merle vit la débâcle. Les Anglais cherchent à fuir par la mer. Leurs bateaux sont bombardés dès qu’ils<br />
quittent les plages. Robert Merle, excellent nageur, ira chercher quelques<br />
hommes blessés. Puis, il est fait prisonnier pendant trois années après une<br />
évasion manquée. Trois longues années, particulièrement pénibles : il<br />
apprend que sa jeune épouse n’a pas eu la vocation virginale d’une Pénélope.<br />
Il se retrouve seul à son retour de captivité. Dans la biographie de mon père,<br />
j’ai pu détailler cette drôle de guerre grâce à une centaine de lettres qu’il a<br />
envoyées à sa mère pendant toute la guerre. Mais finalement, si cette guerre<br />
est déterminante dans sa vie (elle lui apportera les matériaux de son premier<br />
roman, Week-end à Zuydcoote, qui lui vaudra le prix Goncourt en 1949) des<br />
centaines de milliers de soldats français connaîtront le même désastre<br />
militaire et personnel.<br />
Dans cette conférence, je vais chercher à répondre à une seule question.<br />
Pourquoi cet enfant, né en 1908, à Tébessa, en Algérie, est-il devenu un écrivain à succès, auteur d’une immense<br />
fresque historique de 13 tomes : Fortune de France ? Prix Goncourt en 1949, il entreprend à partir de 1975, une série<br />
romanesque qui allait l’occuper pendant un quart de siècle. Il existe plusieurs façons de répondre : ses rencontres, son<br />
cheminement d’écrivain, son rapport à l’argent, l’histoire de sa vie.<br />
Ses rencontres<br />
En 1956, Maurice Druon, Goncourt 1948, a pris contact avec quelques auteurs, dont Robert Merle, pour<br />
connaître leur avis sur une sorte de mac-carthysation rampante des Lettres françaises. Dans son numéro du 9<br />
novembre 1956, Le Figaro a dressé une « liste noire » des écrivains jugés communistes et aussi une « liste grise »<br />
d’écrivains suspectés de sympathie comprenant notamment Hervé Bazin, Armand Lanoux, Robert Mallet, Pierre<br />
Seghers… Ce fût le premier contact entre Maurice Druon et Robert Merle.<br />
En 1957, mon père dirige une collection : les Femmes célèbres de l’Histoire. C’est une période où l’inspiration<br />
manque à Robert Merle. Dans cette collection, il compte écrire une biographie de Vittoria, princesse Orsini. Cet<br />
ouvrage de type historique l’incite à lire la saga des Rois Maudits, romans historiques de Maurice Druon – grand<br />
succès de l’époque – afin de mieux connaître l’art et la manière de ce mode littéraire particulier.<br />
En mars 1957, Robert Merle confiera à Maurice Druon son admiration pour ses trois premiers romans<br />
historiques : Tout est clair, vigoureux, campé. Je vous remercie de m’avoir instruit, de m’avoir diverti par votre<br />
ironie, et de m’avoir indigné des mœurs de ces gangsters royaux. Robert Merle est séduit aussi par une autre marque<br />
de fabrique de cette trilogie historique : le « style d’époque », « une langue admirable », « source de plaisir pour le<br />
lecteur ».<br />
En 1965, Maurice Druon sollicite Robert Merle pour la rédaction d’une préface pour une nouvelle édition des<br />
Rois maudits, une confidence de Robert Merle à Maurice Druon révèle, si ce n’est un projet, au moins un désir : En<br />
lisant votre admirable chapitre sur Philippe Auguste, j’ai regretté, une fois de plus, que vous ne donniez pas une suite<br />
aux Rois maudits, en la situant peut-être à un autre moment de l’Histoire, je veux dire, à un moment où le pouvoir<br />
royal a joué un rôle plus positif. Le succès des Rois maudits inspirera sans aucun doute Fortune de France qui<br />
perpétue la tradition du roman historique du XIX e avec Balzac, Hugo, Dumas ou Flaubert.<br />
Son cheminement d’écrivain<br />
Une carrière littéraire est une histoire dont l’auteur ne connaît ni le début, ni la suite, ni la fin. Il a eu très jeune<br />
le désir d’écrire. Son premier ouvrage est l’histoire de sa guerre, celle de 39-45. Son deuxième, La mort est mon<br />
métier, ce grand roman sur l’extermination des Juifs étudiée à partir de l’enfance et la vie d’un commandant d’un<br />
camp d’extermination, a connu un succès mitigé en 1953 (depuis, ce livre est devenu un classique qui continue à<br />
beaucoup se vendre).
Suite au demi-échec de La mort est mon métier qui l’a détourné du roman pendant presque dix ans, Robert<br />
Merle a eu une période de littérature engagée. Le livre, Moncada, premier combat de Fidel Castro (1965), raconte<br />
l’attaque menée par Fidel Castro de la caserne de Moncada en juillet 1953 pour se procurer des armes et renverser la<br />
dictature de Batista. Nouvel échec littéraire. Le livre sur le président Ben Bella, premier président de l’Algérie libre,<br />
Ahmed Ben Bella (1965), a aussi été un fiasco littéraire. Les années 60 constituent cependant une période heureuse de<br />
sa vie. Le succès est revenu avec Malevil, ce retour à la vie primitive, ce retour aussi à la guerre entre les hommes. Cet<br />
ouvrage, le premier d’une trilogie de romans au scénario catastrophique (Les hommes protégés, Madrapour), est en<br />
rapport avec la rupture de son troisième mariage.<br />
Le rapport à l’argent<br />
C’est un écrivain qui avait un rapport à l’argent assez complexe. Il pouvait être d’une extrême générosité. J’en<br />
donne des exemples dans la biographie. Dans le même temps, il a toute sa vie discuté comme un homme d’affaires<br />
avisé tous les contrats dans les moindres détails, à l’exception du premier.<br />
Fortune de France fut, selon le mot de De Fallois, son éditeur, une « Fortune de Merle ». Contrairement à<br />
l’habitude, mon père cédait ses droits, non à vie, mais pour seulement dix ans. Le succès grandissant l’amenait à<br />
demander des à-valoir toujours plus grands. Le refus de l’éditeur quand mon père s’est montré trop gourmand, s’est<br />
traduit par une demande de raccourcissement de la durée de cession. Seulement cinq ans pour La Pique du jour, le<br />
sixième de la série. Le succès considérable a eu un effet incontestable sur la longueur de la série. L’interruption au<br />
bout du 6 e volume est venue d’une certaine lassitude.<br />
La reprise de la série, avec le 7ème volume jusqu’à Louis XIII, a eu des raisons littéraires : la parution du<br />
journal d’Héroard, le premier médecin de Louis XIII. C’était une mine d’or. Il existe aussi des raisons financières. En<br />
vendant ce 7 e tome, l’écrivain revendait aussi les six premiers tomes dont il avait récupéré les droits. Il vendait<br />
séparément les autres formes d’édition, par exemple l’édition de poche. Pourquoi cette importance de l’argent ?<br />
Histoire de son enfance<br />
La série Fortune de France prend aussi naissance dans l’enfance de l’écrivain. Il faut revenir à 1850. L’arrièregrand-père<br />
Antoine, paysan pauvre au service d’un comte, à Marcolès, dans le Cantal. Émigration en Algérie. Père<br />
capitaine, interprète, mobilisé en 1915, envoyé aux Dardanelles. Son père meurt d’une fièvre typhoïde quelques mois<br />
plus tard. C’est le premier grand drame de la vie de Robert Merle.<br />
Échange particulièrement affectueux avec sa sœur Christiane : elle n’a pas de père, lui a des relations tendues<br />
avec sa mère, économe jusqu’à l’avarice. Christiane et son frère forment un couple. Ils s’échangent de nombreux<br />
courriers et Robert rêve d’une gloire littéraire. Début août 1924, à la fin de sa quinzième année, Bobby écrit à sa sœur<br />
sur leur grande affaire du moment : J’attends toujours ton scénario de roman. Sais-tu qu’il me tarde de l’écrire et de<br />
le voir bientôt couronné par quelque prix portant le nom de quelques illustres inconnus ?… Mort brutale de sa sœur<br />
au printemps 1925.<br />
Toute sa vie sera une façon de poursuivre ce rêve adolescent de l’écriture. Il devient un excellent élève au lycée<br />
Michelet, puis à l’université. Robert Merle fera une analyse de sa propre carrière scolaire en rapport avec la mort de<br />
son père : La destinée d’un homme tient à peu de choses. Si j’étais demeuré en Algérie, j’aurais fait des médiocres<br />
études dans des lycées moyens. À Paris, je fis mes études secondaires dans un excellent lycée, et mes études<br />
supérieures à la Sorbonne. C’était un paradoxe et son drame : la couronne mortuaire de son père avait donné<br />
naissance aux lauriers de sa gloire littéraire.<br />
La série Fortune de France est une partie de l’Histoire de France et aussi, Robert Merle l’indique : une histoire<br />
de la famille que je me suis rêvé. De fait, il s’agit d’une autobiographique, la vie du héros étant la copie de la sienne. Il<br />
se donnera deux pères : Jean de Siorac et Sauveterre. Le second va mourir dans le 4 e tome. Le premier deviendra<br />
centenaire : il ne le fera jamais mourir. Il fait de nombreuses descriptions de ce père trop tôt disparu dans les tomes de<br />
Fortune de France :<br />
« Mon père (…) avait été en mes maillots et enfances mon insurpassable héros ; en mes vertes années, mon<br />
exemple et mon modèle ; en mes années plus mûres, le miroir dans lequel je désirais inscrire l’image de ma future<br />
vieillesse. (…) Tant est que considérant mon père tout ensemble comme le parangon des plus fortes vertus et des plus<br />
aimables faiblesses, je n’avais qu’un reproche à lui faire, mais celui-ci fort âpre : c’est qu’il mourait selon l’ordre de<br />
la nature avant moi, me laissant seul en un monde désolé » (La violente amour, 1983).<br />
L’engagement de Robert Merle dans la série Fortune de France tient aussi à ce qu’il raconte une période de<br />
l’Histoire de France ravagée par les guerres de religion mais où la raison l’emportera avec l’édit de Nantes en 1598.<br />
Message de tolérance qui correspond aux engagements politiques de Robert Merle. Message toujours actuel.<br />
P. M.<br />
27
28<br />
« LES CISTERCIENS, BÂTISSEURS D’ABBAYES,<br />
XII e ET XIII e SIÈCLES »<br />
par Yvette et Jacques CHANTAL, membres du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />
(Conférence du 2 mai <strong>2012</strong>)<br />
Cisterciens. A ce mot vous entendez des chants grégoriens résonner sous des voûtes, vous voyez des ogives et<br />
des arcades aux lignes épurées. Cisterciens : le terme recouvre beaucoup plus. Aux XII e et XIII e siècles, se crée et se<br />
développe un ordre religieux très important qui va contribuer à façonner et à moderniser le visage de l’Europe<br />
chrétienne.<br />
Sénanque.<br />
Photo Y. et J. Chantal<br />
L’ordre cistercien<br />
Dès les premiers temps de l’Église, des chrétiens souhaitent vivre<br />
pleinement selon les principes évangéliques : des ermites s’installent en<br />
Égypte, dans le désert, pour se consacrer à la prière et à l’ascèse, puis des<br />
monastères apparaissent et le monachisme passe en Europe. C’est pour<br />
organiser cette vie communautaire que saint Benoît rédige une Règle autour<br />
de 540. Grand succès, puis relâchement. Des nouvelles tentatives pour le<br />
respect de la Règle, va naître Cluny qui, avec le succès, va lui aussi s’éloigner<br />
de cet esprit évangélique.<br />
A nouveau un vent de réforme souffle sur l’Église au XI e siècle.<br />
Après plusieurs tentatives, un groupe de moines ermites, entraîné par Robert,<br />
Albéric et Etienne, fonde un nouveau monastère dans les bois marécageux de<br />
Cistels, le 21 mars 1098, jour de la Saint-Benoît ! Après des débuts<br />
extrêmement difficiles, le monastère se développe, surtout avec l’arrivée du futur saint Bernard.<br />
Cistels (qui prendra le nom de Cîteaux) va essaimer et fonder ses premières « filles », La Ferté, Pontigny,<br />
Claivaux avec Bernard pour abbé, Morimonds…, filles qui auront, elles mêmes, des filles. Des abbayes de moniales se<br />
créent et se multiplient. Au XIII e siècle, l’Ordre comptera presque 1 500 abbayes en Europe.<br />
Comment faire vivre un ordre aussi important ? Les Cisterciens se réclamant de Saint-Benoît adoptent les<br />
principes de la Règle : humilité, simplicité, pauvreté, chasteté, charité, principes qu’ils poussent jusqu’à l’ascèse. En<br />
rupture avec le système seigneurial de Cluny, ils souhaitent vivre de leur travail.<br />
Dès lors, l’Ordre s’organise pour faire vivre ces principes. Étienne, le 3 e abbé de Cîteaux, jette les bases de cette<br />
organisation avec La charte de charité et d’unanimité (véritable constitution de l’Ordre). Cette organisation se précise<br />
peu à peu avec les décisions du chapitre général sous l’influence de saint Bernard.<br />
* Toutes les abbayes sont indépendantes, tiennent leur chapitre et<br />
élisent leur abbé, ce qui ne les empêche pas de vivre de la même façon dans le<br />
respect de la Charte. D’autre part, les Cisterciens mettent en place un système<br />
moderne de gouvernance, chaque abbaye-mère contrôlant ses filles et tous les<br />
abbés de l’Ordre se réunissant en chapitre général.<br />
* A l’inverse des Clunisiens, les Cisterciens veulent vivre de leur<br />
travail, ils exploitent de façon rigoureuse et moderne leurs immenses<br />
domaines.<br />
* Enfin au sein de l’abbaye vivent deux types de religieux, poursuivant<br />
le même idéal, sans se mélanger : les moines de chœur ou moines profès qui<br />
se consacrent essentiellement à la prière et les convers qui effectuent les<br />
travaux de l’abbaye et des granges.<br />
Noirlac.<br />
Photo Y. et J. Chantal<br />
L’abbaye cistercienne<br />
L’abbaye cistercienne découle de cette spiritualité et de cette organisation.<br />
Pour s’installer les moines blancs recherchent les fonds de vallées qui, avec la terre, le bois et l’eau, permettent<br />
de vivre en autarcie. De fait, ils reçoivent souvent en donation des terres ingrates et marécageuses qui nécessitent de<br />
sérieux aménagements.<br />
L’abbaye doit permettre aux moines de vivre selon la Règle, aussi son plan et sa construction vont, avec des<br />
adaptations locales, suivre un plan et des principes communs fortement inspirés par Bernard : isolement,<br />
fonctionnalité, dépouillement.<br />
* Une enceinte la coupe du monde extérieur.<br />
* Le cloître soigneusement fermé, mais ouvert sur le ciel par des arcades, prend une dimension mystique. Par<br />
ailleurs, centre fonctionnel de l’abbaye, il distribue la vie et les bâtiments autour de lui. C’est là que les moines se<br />
retrouvent, par exemple, pour la lecture collective.
* L’abbatiale, au nord, adopte les techniques nouvelles des cathédrales (croisées d’ogives) pour laisser pénétrer<br />
la lumière.<br />
* A l’est, dans le bâtiment des moines, se trouvent les salles pour la vie spirituelle<br />
et administrative de l’abbaye : sacristie, salle des moines, chauffoir (seule salle<br />
chauffée), scriptorium, parloir (car, par ailleurs, c’est le monde du silence), et, pièce<br />
essentielle, la salle capitulaire où les profès tiennent leur chapitre. A l’étage, le vaste<br />
dortoir où les frères dorment dans l’inconfort.<br />
* Au sud, les bâtiments assurent les services matériels avec la cuisine et le<br />
réfectoire où les moines prennent un repas extrêmement frugal.<br />
* A l’ouest, l’aile des convers renferme un grand cellier pour le stockage des<br />
productions et des salles pour la vie des convers : réfectoire et dortoir.<br />
* Dans l’enceinte de l’abbaye, nous trouvons encore une porterie et une hôtellerie<br />
pour accueillir les étrangers, des jardins, des moulins, des <strong>ateliers</strong>…<br />
Les Cisterciens ont construit (avec l’aide d’une main d’œuvre extérieure) grand,<br />
solide, soigné, en recherchant la perfection et les meilleures techniques.<br />
On sait que l’art cistercien est associé à la notion de dépouillement, dépouillement<br />
qui va avec leur spiritualité à la recherche de l’humilité et de l’ascèse. Pour saint<br />
Bernard, l’art naît de la perfection, de la rigueur et de la pureté, de l’harmonie des formes<br />
et des jeux de la lumière. Cela peut nous conduire à notre art moderne quand il recherche<br />
la stylisation.<br />
L’exploitation de l’abbaye<br />
Aux bâtiments conventuels, il faut ajouter un immense domaine exploité de façon remarquable en faire-valoir<br />
direct.<br />
Les moines s’efforcent d’acquérir terres, prés, bois, vignes, marais salants, mines… pour pouvoir vivre en<br />
autarcie. Ce vaste domaine se divise en exploitations de quelques centaines d’hectares, autour d’une sorte de ferme<br />
appelée « grange », exploitées par des convers.<br />
Comme les moines blancs s’installent souvent sur des terres ingrates et marécageuses, ils deviennent maîtres en<br />
hydraulique pour drainer les marécages, mettre les marais en valeur, conduire l’eau potable ou construire des moulins.<br />
Ils savent encore repérer et utiliser les meilleures techniques agricoles de l’époque.<br />
A la base : céréales, vin et élevage auxquels il faut ajouter toutes sortes de productions selon les régions.<br />
Certaines granges se spécialisent en fonction du sol et du climat comme la grange vinicole, alors appelée cellier, de<br />
Clos de Vougeot. Ils commercialisent leurs surplus par des maisons urbaines.<br />
Ces activités nécessitent du fer, chaque abbaye possède sa forge et les Cisterciens deviennent maîtres en<br />
métallurgie. Dans ce domaine, ils vont développer et répandre une innovation de première importance : le marteau<br />
hydraulique.<br />
Les Cisterciens n’ont sans doute rien inventé mais ils ont su repérer, développer, les meilleures pratiques de<br />
l’époque avec un sens remarquable de l’organisation et ces procédés se sont répandus dans l’Europe entière.<br />
Additionnées, toutes ces techniques font de l’Ordre cistercien une grande puissance économique.<br />
Cet exposé a présenté l’ordre cistercien des origines, disons l’Ordre bernardin, jusque vers les années 1250.<br />
Ensuite les Cisterciens sont victimes de leur propre succès, de leur expansion, de leur richesse et, la société évoluant,<br />
ils oublient un peu les principes d’ascèse des fondateurs. Il n’en reste pas moins que Cîteaux constitue une grande<br />
aventure humaine et une belle réussite pour l’époque avec, dans son organisation, des accents souvent modernes. Il ne<br />
faut pas mépriser ce Moyen-Age parfois qualifié de « barbare » car les moines blancs ont contribué à façonner et à<br />
moderniser l’Europe, nos paysages et notre patrimoine en porte encore les traces. Alors disons-nous bien que nos<br />
racines s’enfoncent dans ce lointain mais toujours vivant Moyen-Age.<br />
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« CÉZANNE (1839-1906), PEINTRE DE LA MODERNITÉ ? »<br />
par Mireille NILLES, professeur d’histoire<br />
(Conférence du 16 mai <strong>2012</strong>)<br />
Noirlac.<br />
Photo Y.et J. Chantal<br />
29<br />
Y. et J. C.<br />
Paul Cézanne est né à Aix-en Provence en 1839 dans une famille nouvellement bourgeoise car son père,<br />
modeste chapelier venait de racheter une banque qu’il sut faire prospérer. Il fait des études classiques au collège<br />
Bourbon d’Aix où il rencontre Émile Zola. Il aime les lettres, la poésie, la musique, mais il choisit la peinture qu’il
30<br />
pratique à l’école de dessin. Après son bac, il aimerait rejoindre Zola parti à Paris, mais, pour faire plaisir à son père, il<br />
commence des études de droit qu’il abandonne très vite et le voici dans la capitale en 1861. Il s’inscrit immédiatement<br />
à l’académie Suisse où il fait connaissance avec Pissarro et prépare le concours des Beaux-arts où il échoue. Ayant<br />
perdu confiance en lui, il retourne à Aix travailler dans la banque de son père. Bientôt, il ne résiste plus et retrouve de<br />
nouveau l’académie Suisse. Il côtoie Renoir, Monet, Sisley et Manet. Il consacre aussi beaucoup de temps à copier<br />
les grands maîtres vénitiens et hollandais du musée du Louvre, tout en admirant beaucoup Delacroix et Courbet et,<br />
sans oublier le maître du classicisme, Nicolas Poussin. C’est à cette période qu’il rencontre Hortense Fiquet dont il<br />
aura un fils en 1872. Il ne l’épousera qu’en 1886. Il lui consacrera quelques-uns de ses meilleurs portraits.<br />
Cette première période artistique est appelée la période couillarde (1860-1872).<br />
Il emprunte souvent ses thèmes à la mythologie ou à des situations où se condensent<br />
rêves et émotions plus ou moins liés à sa personnalité profonde (Le festin, vers 1867-<br />
1872). Sa palette est sombre, les couleurs contrastées et la touche épaisse. Il<br />
s’intéresse au Romantisme tout en essayant de corriger ses excès d’émotion.<br />
Après les paysages peints en 1870 à l’Estaque, près de Marseille, Cézanne passe<br />
près de deux ans à Pontoise chez son ami Pissarro et à Auvers-sur-Oise chez le docteur<br />
Gachet. C’est la période dite impressionniste de Cézanne (1872-1877). Il travaille en<br />
plein air, sur le motif, sa palette s’éclaircit ; la pâte est moins épaisse, posée en petites<br />
touches ; le travail sur la lumière s’accentue. En 1874, il va rejoindre ses amis<br />
impressionnistes qui exposent chez le photographe Nadar où il présente deux tableaux<br />
(La maison du pendu et Une moderne Olympia) qui seront violemment critiqués et<br />
incompris. Ce qui le différencie des impressionnistes, c’est qu’il ne se contente pas de<br />
restituer le charme d’un sujet mais plutôt la composition minutieuse, la recherche du<br />
L’autoportrait à la palette,<br />
par Paul Cézanne, 1885-1887<br />
(Collection particulière)<br />
juste équilibre entre l’émotion, la forme et l’espace et le travail sur les volumes sont<br />
ses points forts.<br />
Vers 1877, Cézanne commence à entrer dans une période dite constructive<br />
(1877-1890). Ce n’est plus tellement la nouveauté du thème qui l’intéresse, mais les<br />
recherches sur la forme et l’équilibre de la composition, la matérialisation, touche après touche, trait après trait de ce<br />
qu’il appellera ma petite sensation. La recherche se présente aussi sous la forme d’une question : comment introduire<br />
des personnages imaginaires dans un cadre naturel observé ? Des tableaux comme Les trois baigneuses (1879-1882) et<br />
Le grand baigneur (1885) peuvent y répondre. Les personnages deviennent partie intégrante du paysage.<br />
Les paysages de cette période nous révèlent bien cette version<br />
construite du peintre. C’est notamment le cas avec la série de Sainte-Victoire,<br />
montagne qui domine le paysage aixois et qui pour Cézanne est magique.<br />
Dans La montagne Sainte-Victoire au grand pin (1886-1887) le paysage se<br />
construit autour d’un tissage complexe de touches empâtées, parfois fluides,<br />
de lignes complexes, de couleurs harmonieuses et un grand équilibre<br />
s’installe. Le peintre est un grand admirateur de Nicolas Poussin. Il dira : Je<br />
veux faire du Poussin d’après nature.<br />
Cézanne applique les mêmes principes à ses natures mortes, souvent<br />
composées de pommes et d’oranges (denrées peu périssables lorsqu’on<br />
connait la lenteur du peintre). Une phrase résume cette philosophie<br />
constructive : Peindre ce n’est pas copier servilement l’objectif, c’est saisir<br />
une harmonie entre des rapports nombreux.<br />
Vers 1890, Cézanne est au sommet de son art et une nouvelle période<br />
de maturité commence. Elle est appelée période synthétique. Il tente de<br />
La montagne Sainte-Victoire au grand pin,<br />
par Paul Cézanne, 1886-1887<br />
(The Phillips Collection, Washington)<br />
préciser la finalité de son art, réduisant dès qu’il le peut les formes à leurs termes essentiels en voulant arriver à<br />
l’universalité de la peinture. Les joueurs de cartes en sont un bel exemple (1893-1896). La plasticité des figures<br />
traitées par le cylindre, la sphère et le cône sont révélées dans les portraits de cette époque. C’est le cas avec Madame<br />
Cézanne en rouge (1890-1894) ou encore La femme à la cafetière (1895). Le portrait est traité comme une nature<br />
morte mais en même temps la nature morte est traitée comme un véritable portrait. Dans le tableau Pommes et oranges<br />
(vers 1900) on peut distinguer les dernières recherches du peintre.<br />
- La perspective inversée : au lieu de créer une profondeur qui amène le regard vers le fond du tableau, c’est<br />
l’objet représenté qui va vers le spectateur.<br />
- C’est aussi la superposition de plusieurs points de vue, de face, de profil et de différents angles qui donnent<br />
des équilibres instables. Le spectateur a l’impression de tourner autour des objets. On a ici les germes du cubisme.<br />
Peu de temps avant de mourir en 1906, Cézanne poursuit ses recherches. Il travaille jusqu’à l’obsession. La<br />
montagne Sainte-Victoire est toujours un de ses sujets favoris (14 toiles) où il atteint la lisière de l’abstraction. C’est le<br />
cas avec La montagne Saint-Victoire vue des Lauves. Le thème des baigneuses est traité une nouvelle fois avec Les
aigneuses de Zurich (1904-1905) où il nous conduit à des formes essentielles et primitives. Le peintre dira à ce<br />
sujet : Je suis un primitif de l’art nouveau.<br />
- Cézanne ! Il était comme notre père à tous. Cette phrase de Picasso permet de se poser la question de ses<br />
héritiers et de sa postérité. Il n’a pas fait l’unanimité durant son vivant. Son caractère abrupt, peu conciliant et<br />
provocateur a abouti à un jugement souvent négatif. Son travail de recherche dans la solitude n’a pas été compris des<br />
critiques d’art, des officiels de la peinture, ni du grand public. Cela n’a cependant pas empêché ses amis artistes de<br />
croire en lui et de reconnaître son originalité. Ils admirent sa nouvelle façon d’aborder la composition et la couleur. En<br />
1895, Ambroise Vollard, son marchand de tableaux, lui organise une grande exposition où il peut présenter 150 de<br />
ses œuvres. Il est devenu un peintre que l’on visite et que l’on écoute. Émile Bernard, Maurice Denis, Matisse lui<br />
rendent hommage. Quant à Braque et Picasso, les fondateurs du cubisme, ils vont retenir bien des éléments de<br />
l’œuvre de l’artiste et notamment la perspective inversée, la démultiplication des points de vue. Kandinsky, un des<br />
grands maîtres de l’abstraction retiendra sa touche en mosaïque.<br />
Cézanne n’a pas fait table rase du passé, Il est resté un admirateur des « grands anciens ». Grâce à une<br />
recherche personnelle et une façon de peindre authentique, débarrassée des conventions, il peut être considéré comme<br />
le précurseur d’un art nouveau.<br />
M. N.<br />
--------------------<br />
« LES DAGUERRÉOTYPES »<br />
par Dominique GENTY, directeur de recherche au CNRS,<br />
Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement<br />
www.daguerreotype.fr<br />
(Conférence du 30 mai <strong>2012</strong>)<br />
Spécialiste reconnu de paléoclimatologie (science dévolue à l’étude des climats anciens), Dominique GENTY<br />
ne nous entretiendra pas cette fois d’un sujet relevant de sa spécialité académique, mais d’un autre domaine où il se<br />
définit lui-même comme « amateur » dans le sens de celui qui aime, qui est passionné. Il abordera d’abord l’histoire<br />
des débuts de la photographie représentés par le daguerréotype. Ensuite il exposera les principes physico-chimiques<br />
et les techniques mises en œuvre, en général peu connus en dehors des seuls spécialistes.<br />
I - Brève histoire de l’invention<br />
Le daguerréotype, inventé par Daguerre et Niépce, est le premier procédé photographique praticable, très fin et<br />
très contrasté, avec ses irisations et ses teintes variant du bleu au rose et donnant parfois l’illusion du relief. Mis au<br />
point vers 1840, il a été utilisé sur une courte période, environ une quinzaine d’années (1840-1855). Il a fallu résoudre<br />
deux problèmes technologiquement et scientifiquement différents : mettre au point un appareil donnant une image<br />
optique (la camera obscura) puis trouver un procédé pour fixer cette image. Le principe de l’appareil a déjà été décrit<br />
par Aristote qui constate qu’une image renversée peut être observée dans une pièce obscure dont la porte est percée<br />
d’un petit trou. Au Moyen Âge, la camera obscura est utilisée pour l’observation des éclipses, et les artistes de la<br />
Renaissance s’en servent dans leur travail. Au XVI e siècle, un diaphragme a été ajouté, et, à la fin du XVII e , une<br />
lentille convergente ferme le trou et améliore la luminosité et la qualité de l’image. Cette structure est toujours celle<br />
des appareils photographiques modernes.<br />
Il reste à fixer et à conserver l’image. Le noircissement des sels d’argent à la lumière était connu des alchimistes<br />
dès le XIII e siècle. Début du XVIII e siècle, les travaux sur la photochimie de Thomas Wegwood et Humphrey Davy<br />
réalisent des profils d’objets posés sur du papier sensibilisé au nitrate d’argent, mais il est toujours impossible de<br />
conserver l’image.<br />
Le problème de la fixation de l’image a été pour la première fois résolu par la collaboration de deux hommes au<br />
début du XIX e siècle. Un scientifique, Joseph Nicéphore Niépce, et un artiste peintre, Louis-Jacques Mandé<br />
Daguerre. Vers 1826, Niépce avait déjà mis au point l’héliographie qui aboutit à la fixation d’une image dans une<br />
camera obscura à partir de bitume de Judée sur plaque d’étain. Il a ainsi obtenu une image considérée comme la<br />
première « photographie » au monde, après des heures de pose !<br />
En 1829, l’association de N. Niépce et L.-J.M. Daguerre se poursuit par des recherches avec des plaques de<br />
cuivre argentées. En 1831, la sensibilisation de la couche d’argent par l’iode introduit un progrès décisif en réduisant<br />
les temps de pose. N. Niépce décède en 1832. Entre les années 1833-1837, Daguerre met au point le daguerréotype,<br />
terme qui désigne à la fois le procédé et son résultat final sur plaque de cuivre. L’étape décisive a été l’introduction du<br />
développement de la plaque de cuivre argentée et iodée par la vapeur de mercure (juillet 1833). En 1835, Daguerre<br />
propose des modifications du contrat initial à Isidore Niépce, héritier de Nicéphore. Au début de 1837, il utilise du sel<br />
31
32<br />
(chlorure de sodium) pour nettoyer les plaques de l’iode résiduel et fixer l’image, c’est la finalisation du procédé. Il<br />
organise alors une vaste publicité auprès des souverains et savants de l’époque.<br />
Le 19 août 1839, François Arago, astronome, physicien et homme politique de grande renommée, présente à<br />
l’Institut de France la méthode co-inventée par Daguerre et Niépce. Cet événement marque certainement le début de la<br />
photographie parmi le grand public. L’argent, l’iode et le mercure sont alors recherchés par les innombrables amateurs<br />
qui souhaitent fixer l’image de la camera obscura et qui le font avec plus ou moins de succès et souvent sans tenir<br />
compte de la toxicité des produits (iode, brome, mercure), ce qui a entraîné de graves conséquences sanitaires.<br />
II - Formation des images<br />
Comment se forme l’image dans un daguerréotype ? Cette question n’a jamais soulevé un intérêt considérable,<br />
mais depuis quelques années les conservateurs de musée s’y intéressent pour la préservation des épreuves. L’image<br />
initiale, dite latente, n’est pas visible, il faut pour cela passer par l’opération<br />
du développement. Pour obtenir une image il faut réaliser la sensibilisation<br />
de la plaque argentée par des vapeurs d’iode ou de brome. Il se forme ainsi<br />
un cristal où les atomes d’argent, de brome et d’iode sont disposés<br />
régulièrement, avec cependant des défauts : absence d’atome (lacunes),<br />
position interstitielle, le brome remplaçant l’iode, taille trop petite du cristal.<br />
Mais ces défauts sont indispensables à la formation de l’image latente et ceci<br />
par un mécanisme complexe décrit lors de la conférence et dont le résultat est<br />
la création, à partir de l’action de la lumière, de minuscules amas d’argent<br />
métallique. Le développement permet de multiplier le nombre d’atomes<br />
d’argent de ces petits amas par un facteur énorme, de l’ordre de plusieurs<br />
millions, et on obtient ainsi des particules d’argent de dimensions non<br />
négligeables.<br />
Pour les daguerréotypes deux modes de développement ont été proposés : (1) l’action de la vapeur de mercure,<br />
méthode due à Daguerre, (2) l’action de rayons rouge-orange, méthode proposée par Henri Becquerel.<br />
Pour un observateur regardant le daguerréotype, les zones sombres correspondent à des régions où les particules<br />
sont peu nombreuses, grandes et espacées. On observe des zones claires si les particules sont nombreuses, petites et<br />
proches, ce qui entraîne une diffusion importante de la lumière.<br />
Les étapes de la réalisation, modernisées par rapport à celles du temps de Daguerre, se résument comme suit :<br />
1 ) Polissage et argenture de la plaque de cuivre<br />
Les plaques de cuivre font ~1 mm d’épaisseur. Les plaques utilisées au XIX e siècle avaient des formats bien<br />
précis (pleine plaque : 16,5 x 21,5 cm). L’argenture de la plaque de cuivre était obtenue par martelage, et actuellement<br />
par dépôt électrolytique. La plaque argentée doit ensuite être soigneusement polie. Ce polissage est une opération<br />
délicate et essentielle pour la suite des opérations ; toute impureté ou imperfection à la surface de la plaque argentée<br />
laissera des traces sur l’épreuve finale. On utilise du rouge à polir de bijoutier et des disques de coton, et<br />
éventuellement d’autres abrasifs comme l’alumine, pour la finition.<br />
2 ) Sensibilisation à l’iode<br />
Pour la sensibilisation à l’iode, la plaque est positionnée avec sa face polie vers l’intérieur d’une boîte où se<br />
trouvent, au fond, des cristaux d’iode pur. Un volet coulissant en verre permet d’isoler le compartiment d’iode du reste<br />
de la boîte. Le temps d’exposition aux vapeurs d’iode va conditionner en partie la sensibilité ; il varie de quelques<br />
secondes à quelques minutes. L’expérience montre que pour obtenir de bons résultats, la plaque doit prendre une<br />
couleur jaune paille à rose. Les conditions atmosphériques (température, hygrométrie) influencent ce temps. Cette<br />
opération peut se faire dans une ambiance faiblement éclairée et la plaque obtenue est alors recouverte d’iodure<br />
d’argent.<br />
Pour la prise de vue, on utilise une chambre photographique classique adaptée pour y positionner la plaque<br />
argentée. Le temps d’exposition en plein soleil est d’environ 2 à 5 min. Si la plaque a subi une seconde sensibilisation<br />
au brome, le temps est réduit à quelques secondes, ce qui permet de faire des portraits.<br />
3 ) Développement<br />
Il existe plusieurs façons de développer la plaque, autrement dit de révéler l’image latente. La méthode<br />
d’origine est d’exposer la plaque aux vapeurs de mercure chauffé à 60°C. L’image apparaît alors en 2 à 4 min. Cette<br />
exposition se fait dans une boîte étanche et la quantité de mercure utilisée est infime. Cependant, ce procédé, s’il n’est<br />
pas bien utilisé, peut être dangereux. On utilise maintenant plus couramment le procédé Becquerel qui consiste à<br />
exposer la plaque à une lumière rouge, derrière un filtre, en plein soleil, ou alors le procédé de « mercure à froid » qui<br />
consiste à exposer la plaque au mercure à température ambiante dans une cellule où le vide a été fait. Selon le type de<br />
développement, le rendu final sera plus ou moins nuancé en couleurs (rose/bleu).
4 ) Fixage à l’hyposulfite de soude, rinçage et dorure<br />
L’image révélée est immergée dans une solution d’hyposulfite de soude afin de la débarrasser des résidus<br />
d’iode; elle est ensuite rincée à l’eau distillée. L’opération peut être arrêtée à ce stade mais la plaque obtenue sera peu<br />
contrastée et sa surface extrêmement fragile. La dorure à l’or permet de pallier ces deux derniers inconvénients. Pour<br />
cela, on recouvre la plaque d’une solution de chlorure d’or et d’hyposulfite de soude et on la chauffe à forte<br />
température pendant quelques secondes à quelques minutes jusqu’à obtenir le contraste désiré. Cette opération<br />
spectaculaire améliore grandement l’image.<br />
Le conférencier a ensuite enchanté son auditoire en commentant un ensemble de daguerréotypes, certains fort<br />
anciens et d’une valeur historique indiscutable (barricade de la rue du Temple en 1848, portrait de Napoléon III,<br />
Victor Hugo, etc.) et d’autres réalisés par ses soins.<br />
Tous sont d’une finesse et d’une qualité artistique évidente.<br />
Daguerréotype moderne (réalisé par Dominique Genty) effectué sur une plaque 13 x 18 cm<br />
en avril 2011. Chambre Gilles Faller, Schneider 210 mm,<br />
temps d’exposition = 19 min en plein soleil.<br />
33<br />
D. G.
34<br />
Clocher de l'abbatiale d’Aubazine.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
SORTIES & VOYAGES<br />
« LE CARREFOUR CISTERCIEN »<br />
(13 avril <strong>2012</strong>)<br />
Avec le <strong>Carrefour</strong> nous avons visité les abbayes cisterciennes de Flaran, Fontfroide, Noirlac et nous partons<br />
aujourd’hui vers celle d’Aubazine histoire de vérifier que ces monastères, dans leur diversité, présentent un petit air de<br />
famille ce qui nous conduira, le 2 mai prochain à une conférence : Les Cisterciens, bâtisseurs d’abbayes, XII e et XIII e<br />
siècle.<br />
Dès notre arrivée, la vue que nous avons sur l’abbatiale résume l’abbaye d’Aubazine : une façade plate à<br />
pignon d’une austère simplicité ; le ton est donné ! Nous voici au cœur du<br />
monastère, dans la cour du cloître dont les galeries ont hélas disparu. De là<br />
nous mesurons bien l’importance du monastère et nous retrouvons le plan<br />
traditionnel : au sud la masse imposante et sévère de l’abbatiale, à l’est le<br />
bâtiment des moines avec essentiellement la salle capitulaire (avec sa porte<br />
en plein cintre et ses quatre baies géminées), la salle des moines, au nord des<br />
traces de réfectoire mais il ne reste guère que la cuisine, à l’ouest l’aile des<br />
frères convers. La salle capitulaire, la salle des moines, la cuisine illustrent<br />
bien la simplicité cistercienne avec les voûtes d’arêtes reposant sur de forts<br />
piliers.<br />
Début XII e siècle, un petit groupe d’ermites, sous la conduite de<br />
Saint Etienne, fonde ici un premier monastère qui s’affilie à Cîteaux en<br />
Cloître d’Aubazine.<br />
(Photo Y et J. Chantal)<br />
1147…d’où l’abbaye que nous visitons maintenant. Mais l’histoire va entraîner bien des évolutions, évolutions que<br />
nous constatons ici à l’emplacement de l’ancien dortoir transformé au XVIII e en un couloir pavé en pisé et en cellules<br />
individuelles. Transformation encore avec, dans la cour extérieure les restes du logis abbatial quand les abbés<br />
commendataires furent désignés par le roi pour disposer des revenus… Nous sommes alors bien loin de l’idéal de saint<br />
Etienne et des premiers cisterciens.<br />
L’abbatiale se signale par son clocher. Par son élégance et ses dimensions,<br />
ce clocher apparaît comme une exception cistercienne, de plus il passe du carré à<br />
l’octogone par un système savant et unique de gradins. Quand nous entrons dans<br />
l’édifice déjà imposant, comment imaginer sa taille primitive (90 m de long) avant que<br />
le XVIII e l’ampute de trois travées. Solides piliers, voûte en arc légèrement brisé et<br />
doubleaux, grandes arcatures brisées ouvrant sur les collatéraux… Aubazine a conservé<br />
une facture romane alors qu’en Bourgogne ses sœurs optaient pour la croisée d’ogives.<br />
Il est rare de retrouver comme ici des vitraux du XII e , en grisaille, avec de simples<br />
entrelacs pour décor. L’église abrite un mobilier intéressant avec entre autres choses :<br />
le tombeau de saint Etienne ciselé comme une chasse reliquaire, une très rare armoire<br />
liturgique du XII e , des stalles de moines présentant de remarquables têtes sculptées<br />
avec beaucoup de pittoresque.<br />
Comme nous n’avons guère de disposition à pratiquer l’ascèse cistercienne<br />
nous déjeunons très agréablement au restaurant « Le Saint-Etienne » qui complète bien<br />
la visite puisqu’il s’est installé dans d’anciennes dépendances de l’abbaye. C’est plutôt<br />
rare de voir une salle de restaurant de style Renaissance au plafond de poutres peintes.<br />
Nous arrivons maintenant à Martel au pied de remparts et d’une porte protégée par une tour : là encore le<br />
ton est donné : nous sommes clairement dans une petite ville aux origines médiévales. Martel ne se comprend que par<br />
son histoire. Elle a été fondée début XI e s par les puissants vicomtes de Turenne sur des routes commerciales et de<br />
pèlerinage, sur des terres fertiles près de la Dordogne, non loin de la célèbre cité de Rocamadour. Les vicomtes de<br />
Turenne s’ingénient à faire de la ville un marché prospère (du sel notamment) grâce à des avantages divers<br />
(exemptions fiscales ou droit de s’administrer elle-même par des consuls). Puis sénéchaussée royale, elle attire une<br />
noblesse de robe avide de montrer sa richesse et sa puissance par des hôtels particuliers. Et c’est le commerce de la<br />
truffe qui prend le relais au XIX e pour assurer la prospérité de la cité.
C’est ainsi que la ville se protège par une première enceinte puis, expansion aidant, par une seconde<br />
englobant les faubourgs ce qui explique vestiges de remparts et tours. Intégrée dans ce dispositif défensif, l’église<br />
Saint-Maur (XIII e -XVI e ), ne montre guère ses origines gothiques, elle se présente plutôt<br />
comme un bastion massif épaulé de puissants contreforts<br />
et surmonté d’un haut clocher donjon ; par contre sous le<br />
porche nous passons sous un tympan roman pour entrer<br />
dans une large nef de style gothique méridional. Au<br />
centre de la Place des Consuls la halle XVIII e repose sa<br />
charpente sur de gros piliers. De là, nous pouvons<br />
apprécier le palais vicomtal de La Reymondie, sa file<br />
d’arcades en ogive donnant sur la rue et surmontée de<br />
fenêtres à rose Renaissance. Partout le riche passé de la<br />
cité a laissé des hôtels particuliers, de belles demeures,<br />
cela peut aller de la maison XIII e avec encorbellement<br />
jusqu’à celles du XIX e ; partout nous rencontrons des<br />
maisons ouvrant sur la rue par des arcades en ogive.<br />
Eglise St-Pierre, Martel.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
Eglise Saint-Pierre, Carennac.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
Palais de la Reymondie, Martel<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
Carennac, un des « plus beaux villages de France », offre lui aussi un intéressant patrimoine d’art et<br />
d’histoire. Bien sûr » on ne peut prononcer le mot de Carennac sans signaler qu’il s’agit du fief de la famille qui<br />
donne au XVII e siècle le fameux Fénelon. Ce que nous allons voir tient essentiellement au fait qu’au Moyen Age s’y<br />
établit un important doyenné clunisien qui s’épanouit début XVI e .<br />
Nous sommes d’abord accueillis par le château du doyen dans le style de la première Renaissance : larges<br />
façades à meneau, lucarnes sculptées et tourelles d’angle. L’église Saint-<br />
Pierre a conservé sa facture romane ; comme on ne peut ici tout décrire,<br />
prenons le temps de détailler le tympan du porche. Au centre, le Christ dans<br />
sa mandorle, assis sur un trône richement orné, accueille et bénit ; autour de<br />
lui, les symboles des quatre évangélistes, puis les apôtres qui conversent dans<br />
une expression pleine de vie et de réalisme. Nous voyons là une œuvre d’une<br />
grande finesse, d’une grande élégance et qui, par la précision du détail et le<br />
cloisonnement des scènes rappelle les panneaux d’orfèvrerie : original ! Le<br />
cloître roman ruiné lors de la guerre de Cent Ans a été restauré fin XV e dans<br />
un style gothique flamboyant. Il faut<br />
s’attarder dans la salle capitulaire<br />
Maison, Martel.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
pour admirer une Mise au tombeau<br />
tout à fait remarquable. Classique<br />
dans son ordonnancement, elle peint<br />
la douleur des différents personnages avec beaucoup de finesse, de<br />
psychologie, de retenue ; ici nous dépassons l’illustration religieuse, nous<br />
atteignons l’humain universel devant la perte d’un être cher. À Carennac il<br />
faudrait encore prendre le temps de parcourir les ruelles pour découvrir, entre<br />
autres détails architecturaux, des portes et fenêtres Renaissance.<br />
Mise au Tombeau, Carennac.<br />
(Photo M. Morand)<br />
Amis du <strong>Carrefour</strong> si vous ne connaissez pas ces différents sites ne<br />
vous fiez pas à ce résumé taillé à la hache et beaucoup trop court pour rendre<br />
compte de toutes les richesses d’Aubazine, Martel et Carennac. Tenez, par<br />
exemple, en vous promenant dans les rues de Martel vous tomberez<br />
certainement sur cette maison : elle ne se trouve pas dans les guides mais elle<br />
vaut le coup d’œil…<br />
35<br />
Y et J. C.
36<br />
Sainte-Radegonde. Talmont<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
« LE CARREFOUR RETROUVE L’HERMIONE »<br />
22, 23, 24 mai <strong>2012</strong><br />
Comme nous étions partis pour une « potée auvergnate » à Issoire en 2010, cette année nous gagnons<br />
Rochefort pour une « chaudrée charentaise ». Le terme évoque la diversité des ingrédients de cette excursion avec,<br />
pour donner plus de saveur, Hermione, la réplique de la frégate qui emmena La Fayette vers l’Amérique… Ami<br />
lecteur, vous ne trouverez dans le petit catalogue ci-dessous qu’un pâle reflet de la richesse de notre excursion.<br />
Mardi 22 mai<br />
Nous nous arrêtons à Talmont pour déjeuner et le fait mérite d’être signalé, car la salle de notre restaurant<br />
offre une vue panoramique fort agréable sur une anse de l’estuaire de la Gironde, avec ses<br />
falaises et ses carrelets de pêcheurs. Puis nos guides nous font découvrir le village (un des<br />
« plus beaux villages de France ») : les maisons basses blanchies à la chaux et aux volets<br />
bleus s’alignent le long de ruelles bordées de fleurs. L’estuaire, ici fort large, constitue<br />
une très ancienne et importante voie de pénétration maritime qui prit son essor pour le<br />
commerce du vin du temps d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenet le roi<br />
d’Angleterre… vieille et lancinante histoire. Dans ces eaux remuées par la marée<br />
l’esturgeon s’est fait rare mais on pêche encore l’alose, l’anguille, la lamproie, la civelle<br />
pour la réputation culinaire de la région.<br />
Sainte-Radegonde, juchée sur le rempart dominant les eaux, se découvre à nous<br />
par son chevet et mieux vaut en regarder la photo que le décrire. La façade révèle<br />
également son caractère roman saintongeais avec ses différents registres, ses arcatures,<br />
son décor de personnages, de feuillages, d’animaux fantastiques.<br />
Puisque nous parlons d’art roman saintongeais rendons-nous devant Notre-Dame<br />
de Rioux où Jacques nous en détaille les caractéristiques<br />
devant la façade animée par ses corniches, frises, colonnes,<br />
arcatures, sculptures variées d’une grande finesse. Rioux<br />
est surtout connue pour son chevet en trois registres coupés de hautes colonnes portant<br />
toute une série d’arcatures, de colonnettes et de corniches. Ici, on parle de « roman<br />
baroque » pour qualifier cette exubérance du décor : formes géométriques, fleurs et<br />
feuillages, masques, oiseaux, animaux fantastiques… A l’intérieur, cette volonté de<br />
bien faire (de trop bien faire ?) va jusqu’à tordre en zigzags les colonnettes des<br />
fenêtres.<br />
A quelques kilomètres de là, à Saint-Trojan de Rétaud, malgré des<br />
différences, nous retrouvons cet air de famille saintongeais avec un peu plus de sobriété<br />
qu’à Rioux. Nous nous intéressons en particulier aux chapiteaux et modillons qui<br />
développent une série de masques, de musiciens, d’acrobates, un bestiaire plus ou<br />
moins fantastique, avec beaucoup de fantaisie et de minutie dans la sculpture. Les<br />
artistes du XII e siècle semblent avoir eu, en particulier, une prédilection pour les<br />
oiseaux finement ciselés.<br />
Nous allons nous installer à l’hôtel à Rochefort avant d’aller dîner dans un<br />
restaurant sur le port de plaisance ce qui joint l’utile à l’agréable.<br />
Mercredi 23 mai<br />
Aujourd’hui, avec notre guide, nous partons à la découverte de sites et de<br />
monuments, petits ou importants, caractéristiques de cette région maritime de Charente.<br />
Première curiosité : la croix hosannière de Moëze, bel exemple de ces petits<br />
monuments funéraires qui se concentrent surtout en Poitou-Charente. Ces croix servaient<br />
vraisemblablement pour des cérémonies funéraires ou lors de processions. Celle de Moëze,<br />
de style Renaissance, témoigne d’une grande recherche par son architecture et sa sculpture.<br />
Sur un vaste soubassement polygonal en gradins s’élève une sorte de petit temple à<br />
péristyle finement sculpté et le tout dominé par une flèche portant une croix.<br />
Pour nous rendre à Brouage, nous traversons le plat pays de marais, autrefois<br />
marais salants, et d’ailleurs, Brouage fut d’abord un port pour le commerce du sel même si<br />
nous éprouvons quelques difficultés à le concevoir alors que le bourg se trouve<br />
aujourd’hui à six km à l’intérieur des terres. A première vue, devant les remparts, on pense<br />
à Vauban… mais non. Brouage trouve sa vocation militaire avec Pierre d’Argencourt<br />
Notre-Dame de Rioux<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
Croix hosannière de Moëze<br />
(Photo Y. et J. Chantal)
quand Richelieu transforme la petite cité maritime en place forte pour contrer les protestants de La Rochelle et les<br />
Anglais. Vauban intervient plus tard quand Louis XIV et Colbert créent l’arsenal maritime de Rochefort qu’il faut<br />
protéger par toute une série de fortifications. Voilà pourquoi nous nous trouvons maintenant devant un quadrilatère de<br />
forts remparts de 400 m de côté flanqué de fortins et d’échauguettes. Nous pénétrons dans la place, quadrillée au<br />
cordeau, par la « Porte royale », comme il se doit. Nous visitons en particulier « la halle aux vivres » : ce très beau<br />
bâtiment avec de gros piliers supportant des voûtes d’arête de brique et de pierre blanche présente une exposition qui<br />
retrace toute l’histoire de la cité. Puis nous nous promenons sur les remparts dominant des marais à perte de vue.<br />
Et nous voici maintenant embarqués pour Cayenne ! Rassurez-vous,<br />
il s’agit simplement d’un port ostréicole de la commune de Marennes.<br />
Chemin faisant notre guide nous donne quelques informations sur l’élevage<br />
des huîtres dans la région, son importance économique mais aussi ses<br />
difficultés dues aux maladies. Justement notre restaurant se trouve au bout du<br />
bout de ce long chenal bordé de cabanes colorées et de pontons pour les<br />
bateaux à fond plat.<br />
Le pont qui relie « le continent » à l’île d’Oléron permet une vue<br />
d’ensemble sur cette sorte de mer intérieure, vaste domaine de l’huître. A<br />
notre droite, au bout des terres, Port Louvois dresse sa tour et ses<br />
Chenal ostréicole de Brouage.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
fortifications pour protéger le « pertuis de Maubuisson ».<br />
Il faut voir Port des Salines<br />
comme un conservatoire de ce milieu<br />
des marais avec ses étangs, ses chenaux, sa flore et ses oiseaux, avec ses<br />
cabanes aux couleurs vives, avec ses marais salants… Malheureusement, les<br />
marchands du temple envahissent le site et les guides sont trop occupées pour<br />
nous faire découvrir cet écosystème. Il nous reste à voir le musée qui retrace<br />
tout le travail du sel, les marais salants reconstitués (pas encore en production<br />
car trop tôt dans la saison)… et à acheter quelques petits sachets de cet « or<br />
blanc ».<br />
Nous l’avons dit, tout un réseau de fortifications entoure Rochefort,<br />
voici encore une citadelle, et non des moindres, celle du Château d’Oléron.<br />
Mêmes données qu’à Brouage (Richelieu, Pierre<br />
d’Argencourt, Louis XIV et Vauban) pour donner<br />
Lanterne des morts.<br />
Saint-Pierre d'Oléron.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
cette immense place forte dont nous ne visitons qu’une petite partie. Les puissants remparts<br />
dominent la mer de très haut ; de là vue imprenable sur le port ostréicole bordé de ces<br />
inévitables cabanes multicolores, et dans le lointain sur l’île d’Aix également fortifiée et sur<br />
le fameux Fort Boyard.<br />
Au cœur de l’île, à Saint-Pierre, la lanterne des morts domine le bourg de ses 25 m.<br />
Comme les croix hosannières, ce type de construction, fréquent dans l’ouest, relève sans<br />
doute également de rites funéraires en portant un fanal pour honorer les morts. Celle-ci<br />
vraisemblablement du XII e siècle, passe pour être la plus haute et une des plus belles. Sur<br />
une embase comportant un petit autel s’élève la haute et fine tour octogonale, chaque face<br />
étant encadrée par une arcature romane ; ce long fût supporte une tourelle pentagonale<br />
percée de fenêtres romanes pour la lumière du fanal ; une flèche et une croix surmontent ce<br />
lanternon. Voici un édicule original et élégant.<br />
Notre guide nous propose un crochet pour le retour afin de passer par le pittoresque<br />
et touristique port de La Cotinière.<br />
Jeudi 24 mai<br />
Ce matin, Rochefort, car il nous faut revoir l’Hermione… qui a bien<br />
changé depuis notre visite de 2002 ; la carcasse d’alors est devenue une<br />
élégante coque colorée en cours de mise à flot. Derrière la figure de proue<br />
conquérante s’étire un navire de 44 m de long (65 m hors tout) pour 11 m de<br />
large. Elle semble prête, sabords ouverts, à recevoir ses 26 canons de 12. Il<br />
reste encore à accomplir le long travail de gréement pour installer 1500 m 2 de<br />
voiles sur trois mâts. On peut déjà imaginer la frégate voguant vers<br />
l’Amérique… Mais certaines données laissent un peu perplexe : il aura fallu<br />
18 ans de travail là où le chantier du XVIII e ne mit que 11 mois ! Et quand on<br />
pense à la vie des marins à bord on frémit un peu.<br />
La forme de radoub qui abrite la construction de l’Hermione fait<br />
Port des Salines ; île d'Oléron.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
L'Hermione ; Rochefort.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
partie de ce vaste arsenal maritime du XVII e avec comme pièce maîtresse la Corderie Royale. Voulue par Colbert, la<br />
37
38<br />
manufacture devait fournir la marine en cordage d’une encablure, d’où sa longueur de 300 m. Bien qu’industriel le<br />
bâtiment relève de la pure tradition architecturale classique : une façade rythmée par des ouvertures régulières, un toit<br />
mansardé en ardoise percé de lucarnes à frontons. A l’intérieur, exposition sur<br />
le travail de la corde avec démonstration et c’est notre ami Jean-Claude qui<br />
tourne la manivelle pour tordre le chanvre… avec pour souvenir un bout de<br />
cordage à emporter.<br />
Après le repas, nous voici tous installés sur la nacelle du pont<br />
transbordeur pour traverser la Charente, à l’ancienne, afin de visiter un petit<br />
musée consacré à l’ouvrage, le seul en état de fonctionnement en France.<br />
Non, n’y voyez pas la main de G. Eiffel mais celle de Ferdinand Arnodin. Peu<br />
importe, le pont témoigne bien de son époque, 1900, période de l’acier<br />
triomphant. En effet, l’engin en impose : quatre pylônes de 66 m soutiennent<br />
des rails de 175 m à 50 m au-dessus de la Charente, rails sur lesquels circule<br />
Pont transbordeur ; Rochefort.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
féodal du XV e , mais l’édifice a été profondément remanié au XVII e pour de<br />
nouvelles baies et lucarnes, pour un majestueux escalier donnant sur un<br />
balcon. De ce balcon, nous dominons des jardins à la française : quelle<br />
perspective ! Le regard passe sur les allées bordées de buis et de statues,<br />
passe sur une grande pièce d’eau, remonte un escalier monumental et va se<br />
perdre dans une vaste allée au milieu d’un bois. L’intérieur reflète lui aussi<br />
cette époque des XVII e et XVIII e siècles : vestibule, bibliothèque, grands<br />
salons… cheminées, lambris, plafonds aux poutres peintes…, mobilier,<br />
tapisseries, tableaux…, une riche reconstitution.<br />
Après trois jours de dépaysement total, Yvette et Jacques nous<br />
ramènent à Sarlat, le cœur un peu lourd car ce retour vers l’Hermione<br />
constitue leur dernière excursion… en tant qu’organisateurs ! Mais la relève<br />
pense déjà à « de nouvelles aventures ».<br />
Le groupe des Français et des Logroñeses au bord de l’Ebre<br />
le chariot qui porte notre nacelle.<br />
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons visiter le château de La<br />
Roche-Courbon. Les grosses tours rondes crénelées lui donnent l’aspect<br />
--------------------<br />
NOTRE ÉCHANGE AVEC LOGROÑO :<br />
AU CŒUR DE LA RIOJA<br />
(27-29 avril <strong>2012</strong>)<br />
Château de La Roche Courbon.<br />
(Photo Y. et J. Chantal)<br />
Y.et J. C<br />
Quand nous sommes arrivés, quatorze Sarladais, à la Escuela Oficial de Idiomas de Logroño, le vendredi 27<br />
avril, à 17 h, nous avons été accueillis par Miguel<br />
Casals Torres, le directeur de l’Ecole, les<br />
professeurs et les étudiants qui nous attendaient. La<br />
rencontre fut très cordiale, beaucoup se<br />
connaissaient déjà puisqu’ils s’étaient rencontrés<br />
l’an dernier.<br />
Nous nous sommes tous dirigés vers le Salón<br />
de Actos devenu théâtre pour l’occasion : une<br />
charla-espectáculo (discussion-spectacle) était<br />
prévue pour la nouvelle rencontre <strong>2012</strong>, préparée<br />
pour établir à nouveau le contact des Français avec<br />
la Rioja, présentée par des Riojanos de souche et de<br />
cœur.<br />
L’un deux, anthropologue, Carlos Joaquín<br />
Martínez Martínez nous a parlé de la formation<br />
géologique de la Rioja, introduisant son propos en brandissant bien haut un fossile d’ammonite qui attira toutes les<br />
attentions. Ce fossile, il l’avait trouvé sur un des sommets dominant la région...<br />
Il nous conduisit, à l’aide de plans et de cartes, du début de la formation terrestre, passant par la dérive des<br />
continents et la présence de la mer dans la Rioja, puis le retrait de cette mer au moment d’un soulèvement du sol lors<br />
de la formation des Pyrénées, jusqu’à nos jours, tout en évoquant les changements climatiques et l’évolution de la
vie... Tout un voyage dans le temps qui a apporté des réponses à nos propres questions.<br />
Le poète, Julio Arnaiz, a mis en valeur l’âme de la Rioja dans ses poèmes dont le recueil Algo de mí sera relu en<br />
France.<br />
Michel García, auteur compositeur bien connu dans son pays, nous a donné une idée de son répertoire musical à<br />
la guitare et de ses chansons, utilisant parfois l’accompagnement de deux coquilles Saint-Jacques qu’il faisait<br />
s’entrechoquer légèrement, rappelant ainsi le grelottement des castagnettes...<br />
Quant à Federico Soldevilla, expert en thèmes riojanos, il est parti d’une série de photographies pour évoquer<br />
Logroño et son évolution dans le temps, au bord de l’Ebre et sur le chemin de Saint-Jacques.<br />
Il ne faut pas oublier le passage sur scène de la papillonnante et légère Gloria, professeur de danse<br />
classique, élève de la Escuela de Idiomas, qui, tel un clown blanc, a donné une réplique brève et quelquefois à<br />
contretemps bien étudié, aux quatre intervenants tout en les présentant... Ce fut une charmante symphonie, un accueil<br />
des plus joyeux, des plus sensibles et tout se termina par la distribution d’un cadeau de bienvenue aux Sarladais : une<br />
bouteille de vin de la Rioja, bien sûr, à l’étiquette de la Escuela Oficial de Idiomas, El fuero de Logroño, 1987-<strong>2012</strong>,<br />
25 o Aniversario.<br />
Un cru sélectionné pour le 25 e anniversaire de l’École, bien présenté dans sa bouteille au cachet de la Rioja et le<br />
tout dans un emballage de toile cirée couleur vin à l’intitulé couleur or de l’Ecole... Élégance et classe.<br />
Nous sommes partis ensuite vers la vieille ville où un rendez-vous avait été pris par nos correspondants avec un<br />
artisan botero, fabricant de botas, c’est-à-dire de gourdes en cuir pour le voyageur à pied, le pèlerin de Saint-Jacques<br />
ou toute autre personne amateur d’objets confectionnés dans la tradition.<br />
Puis ce fut la visite de l’église Saint-Jacques (Santiago) dans la tour de laquelle nous avons gravi les 80 marches<br />
d’un escalier en colimaçon, nous menant à l’extrados de la voûte. Après avoir gravi les dernières marches, les visiteurs<br />
ont eu accès à une terrasse d’où ils ont pu voir la ville dans son ensemble.<br />
Nous nous sommes rendus ensuite à la Sidrería San Gregorio, restaurant à la superbe voûte faite de briques<br />
fines rouges, ancienne cave installée dans la vieille muraille de la ville... élégant et imposant, mais aussi succulent,<br />
servant, bien sûr, des plats de la Rioja, où le jamón ibérico côtoie le chorizo a la sidra et la morcilla al vinagre de<br />
Jerez.<br />
Le lendemain fut un jour d’excursion vers Santo Domingo de la Calzada, étape importante sur la route de<br />
Saint-Jacques de Compostelle, qui accueille, dans son prestigieux parador aux harmonieuses arcades gothiques, des<br />
hôtes argentés, alors qu’à l’origine, il était une auberge hôpital d’accueil pour les pèlerins harassés...<br />
La cathédrale, fraîchement restaurée et mise en valeur, nous a ménagé un moment de lente contemplation et de<br />
ravissement des yeux et de l’esprit, assis devant le chœur tout en écoutant un jeune guide frais sorti d’une école des<br />
Beaux-Arts qui évoqua fort clairement et fort intelligemment l’histoire du monument. Santo Domingo de la Calzada<br />
transmet de génération en génération l’histoire d’un miracle médiéval où le saint serait intervenu pour sauver de la<br />
mort un jeune pèlerin condamné à tort au gibet pour vol, et dans cette belle histoire, un coq et une poule rôtis seraient<br />
revenus à la vie pendant un repas, confondant le juge... La cathédrale veille sur un couple de gallinacés placé dans un<br />
joli poulailler bien sculpté, bien à la vue de fidèles...<br />
On ne peut oublier, dans cette mémorable excursion, le rôle de présentatrice et d’animatrice de Carmen Soto,<br />
heureuse de nous parler de la petite ville de Santo Domingo de la Calzada où elle est née, des légendes du chemin de<br />
Saint-Jacques, en particulier celle de la poule et du coq miraculés, heureuse de chanter les chansons de sa jeunesse et<br />
de fêtes avec ses amis de là-bas... Elle est allée jusqu’à danser devant nous et à entonner les chants de David Moreno,<br />
le propriétaire des Bodegas David Moreno, lui donnant la note du départ... Un vrai boute-en-train, elle était l’âme du<br />
voyage ce jour-là. Merci Carmen.<br />
Passant par Ezcaray, « village enchanteur », aux rues bordées de soportales (galeries) de pierre et de bois, nous<br />
avons vu un atelier de tissage artisanal de laine de belle qualité... un moment de rêve de confort.<br />
Puis, la Rioja oblige, nous sommes entrés dans les Bodegas (les caves) David Moreno, une légende vivante, par<br />
sa réussite malgré les difficultés, par son obstination, infatigable dans son travail de cata (il goûte les vins),<br />
irrésistible par sa bonne humeur et ses chansons... une rencontre d’une grande rareté.<br />
Le repas s’est pris dans ses caves et nous y avons goûté les délicieuses patatas a la riojana accompagnant les<br />
chuletillas al sarmiento (la vigne était au rendez-vous avec ses sarmientos (sarments).<br />
Puis ce fut la visite du monastère cistercien de Cañas où les vitraux de l’église sont remplacés par de l’albâtre<br />
qui laisse passer une lumière blanche, la lumière divine.<br />
La rencontre, ensuite, avec un alfarero (potier) de formes traditionnelles, nous a permis de voir des grandes<br />
cruches de sorcières (nous avons su le détail par le récit du potier, qui a passé sa vie à recueillir les traditions potières<br />
et par un visage de sorcière enchâssé dans la pâte).<br />
Un coup d’œil fut jeté en passant sur une architecture étrange. Le cimetière de Navarrete, non loin de l’atelier<br />
de potier, a un mur d’enceinte constitué des éléments d’une église romane en ruine : l’entrée du cimetière est le portail<br />
de cette église. Dans le mur, se retrouvent encastrés, le bénitier, les colonnes...<br />
39
40<br />
Repas dans la cave de la cidrerie,<br />
à Logroño<br />
Le repas du soir s’est pris avec les amoureux des bonnes tapas bien<br />
rebondies, aux noms pittoresques et gourmands : pinchos matrimonios,<br />
zapatillas de jamón con tomate... tout cela dans une atmosphère de brouhaha<br />
assourdi des conversations diverses et animées, dont on n’entendait que le<br />
roulement des voix entremêlées.<br />
Le séjour s’arrêta le lendemain, le troisième jour à Logroño. Pour<br />
terminer ce séjour riche en rencontres et découvertes, Ana Merino, notre<br />
correspondante responsable à Logroño nous avait ménagé une lente<br />
promenade au bord de l’Ebre, légèrement en crue, qui nous a permis de<br />
décanter les impressions et de prendre conscience que la ville a ses cigognes,<br />
ses promenades, un musée fort joli installé dans l’ancien abattoir au bord de<br />
l’Ebre, dont on a su rétablir l’élégance par une restauration fort réussie...<br />
Beaucoup ont pu y admirer des photos d’art d’oiseaux connus ou moins connus dont les couleurs extraordinaires<br />
étaient révélées, parce que fixées sur une pellicule, alors que l’oiseau en mouvement ne permet pas toujours de les<br />
voir.<br />
Encore un repas, ensuite, nous a réunis : c’était le repas de la despedida, l’au-revoir, où une surprise nous<br />
attendait : celle de tirer au sort l’heureux propriétaire de la bota avec laquelle il a fallu apprendre à boire...<br />
Evidemment, une rencontre de ce genre a tout l’attrait de la découverte et de l’amitié d’un accueil cordial et<br />
chaleureux. Le côté positif de la chose, c’est aussi et surtout les liens qui se sont noués entre les correspondants. Le<br />
besoin de correspondre par E-mail ou par téléphone s’est fait ressentir toute l’année et les progrès dans la langue de<br />
l’autre pays sont devenus nettement palpables chez tout un chacun.<br />
Il a plu ?, il a fait froid cette année ? ... comme dans toute l’Europe, mais, comme dit Yvette, le soleil au cœur<br />
était dans l’amitié.<br />
J. L.<br />
NOTRE ÉCHANGE AVEC LOGROÑO (LE RETOUR),<br />
ENTRE BEYNAC ET SAINT-ÉMILION<br />
(25-27 MAI <strong>2012</strong>)<br />
Nous proposons ici les impressions « à chaud » d’Amparo Contreras Pereda sur le séjour fait en Périgord par<br />
nos amis Logroñeses mises en ligne seulement trois jours après l’arrivée dans la capitale de la Rioja, sur le site<br />
logrosarlat.blogspot.fr de la Escuela Oficial de Idiomas de Logroño, ainsi que celles de Gloria Milon, autre élève, ou<br />
d’Isabelle Cabard, enseignante dans la même école, et originaire de Saint-Pompon…<br />
Nous sommes revenus très contents des retrouvailles avec nos amis sarladais. Comme d’habitude, nos<br />
correspondants sont extraordinaires, très accueillants et totalement penchés vers nous. La fin de semaine a été une fête<br />
permanente.<br />
Dès notre arrivée, on a pu constater que des bonnes sensations liées à des visites inoubliables pour la beauté des<br />
sites et monuments et du paysage, le cadre est exceptionnel : la promenade par les rues de Sarlat, la visite de la<br />
forteresse de Beynac, l’un des plus beaux villages médiévaux de France (on a pu voir les gabarres naviguer sur la<br />
Dordogne).<br />
Pour finir ce premier jour, un dîner super dans la salle des fêtes de Cénac ! Quelle gentillesse ! Quel soin !<br />
Comme ils se sont engagés pour la soirée ! À mon avis, ça à été une idée géniale afin de nous joindre pour les jours à<br />
suivre. La soirée cabaret avec Le pas du Fou a été très, très amusante, nous avons beaucoup ri. En outre, Étienne a<br />
proposé à Gloria de danser… Ça s´est fait et nous nous sommes régalés de son bon style.<br />
Le jour suivant a commencé très tôt. L’emploi du temps était très serré. Du matin au soir, nous nous sommes<br />
occupés à faire des visites à des endroits uniques comme l’église abbatiale Sainte-Marie à Souillac, le Musée de<br />
l’Automate où on a pu voir des créations uniques des pantins articulés à moteur, très jolis et sympas. On a visité aussi<br />
la Distillerie Roque, dont l´arôme de la liqueur de fruits envahissait le tout. Le soir, on a visité le site de Rocamadour<br />
où, par la guide, on a connu l’histoire du moine fondateur, comment cet endroit est devenu l’un des passages du<br />
pèlerinage du chemin de Saint Jacques. Les vues étaient très belles. Le dîner s’est passé très à l’aise, on a parlé de la<br />
pluie et du beau temps.<br />
Jack, le mari de Joëlle, m’a proposé de lire un livre que je trouve intéressant car l’histoire a des similitudes avec<br />
Elle s’appelait Sarah, dont le titre est Les Bienveillances, prix Goncourt 2006. Je vais essayer de le trouver à Logroño<br />
mais autrement il m’a dit qu’il va me l’envoyer.<br />
Le dernier jour, dimanche, on est allé voir les vignobles à Saint-Émilion, où nous avons fait une<br />
« dégustation » et visité un château, nous avons acheté des souvenirs et des bonbons aux chocolat, humm ! Le repas a
été très convivial, on a parlé, ri, chanté, dansé..., bref tout a été parfait.<br />
Tout au long du retour, nos amis étaient dans notre esprit. Enfin, je pense que nous faisons tout à fait partie d’un<br />
réseau social vivant et enrichissant.<br />
Amparo Contreras Pereda<br />
Le vendredi 25 mai bourgeonnait sur l’horizon et en face de l’École de Langues à Logroño un petit groupe<br />
d’élèves se disposait à entreprendre le voyage au Périgord Noir. Les kilomètres se succédaient tandis que nous<br />
bouillions d’impatience pour retrouver nos amis français. Nourris par le soleil, nous avons été reçus par nos<br />
amphitryons dans la belle ville médiévale de Sarlat. La joie inondait nos cœurs. Trois jours merveilleux<br />
commençaient en partageant chaque moment dans un échange très amical d’expériences, de connaissances, des<br />
sentiments... dans une atmosphère d’un mutuel enrichissement franco-espagnol. Le dîner du premier soir qui a suivi a<br />
été particulièrement émotif. Une mention spéciale à Marie-Jeanine pour sa contribution au succès de cette veillée.<br />
Toutes mes félicitations à Patricia Lebailly et sa troupe de théâtre pour sa représentation magnifiquement interprétée et<br />
sa mise en scène dans le noir et le rouge. Toutes les visites et excursions ont été magnifiques, surtout Rocamadour<br />
avec ses sanctuaires et ses constructions impressionnants à flanc de rocher. Merci pour tout.<br />
Gloria Milon<br />
C’est avec enthousiasme et plaisir que nous avons passé ces journées en compagnie des Sarladais, une<br />
rencontre, qui dès le début s’est placée sous le signe du soleil. Il faisait chaud<br />
et la lumière faisait ressortir la pierre des jolies maisons du Périgord. En<br />
effet, le soleil a brillé tout au long du séjour, symbole d’un accueil<br />
chaleureux, convivial et familial. Les visites choisies inscrites dans un cadre<br />
naturel impressionnant (pierres et végétation confondues : château de<br />
Beynac, sanctuaire de Rocamadour…) ont intéressé vivement les esprits et<br />
constitué un régal des yeux, la gastronomie locale a été aussi au rendez-vous<br />
(les plats et les desserts faits maison ainsi que les terrines, les confits de<br />
canard, les moelleux au chocolat, et les tartes aux poires… ont été un vrai<br />
Château de Beynac.<br />
(Photo M. Morand)<br />
culturel où chacun a su profiter des moments qui lui ont été offerts.<br />
délice... et un grand merci au spectacle cabaret qui a joliment agrémenté la<br />
soirée du vendredi soir et qui a aussi beaucoup plu.<br />
Bref, notre échange a été un véritable enrichissement linguistique et<br />
PROPOS OU PENSÉES EN QUÊTE D’AUTEURS<br />
41<br />
Isabelle Cabard<br />
Essayez de retrouver quels sont les auteurs des propos ou des pensées qui suivent, réunis par Roger Nouvel.<br />
Pour vérifier vos propositions, vous retrouverez les réponses en bas de page.<br />
1 – C’est un secours extraordinaire pour un être humain d’avoir été aimé.<br />
Sigmund Freud ou Alphonse de Lamartine ?<br />
2 – Le malheur de ceux qui ont trop aimé les femmes, c’est de les aimer toujours.<br />
Joseph Joubert ou Dominique Stauss-Kahn ?<br />
3 – Quand je suis seul, je suis en mauvaise compagnie.<br />
Paul Valéry ou Jean-Paul Sartre ?<br />
4 – Le rêve est une seconde vie.<br />
Gérard de Nerval ou Alfred de Musset ?<br />
5 – La femme est la propriété de l’homme comme l’arbre à fruits est la propriété du jardinier car la femme<br />
donne des enfants mais c’est l’homme qui en décide.<br />
Napoléon I er ou le Pape Pie XII ?<br />
6 – La monogamie laisse beaucoup à désirer.<br />
Francis Blanche ou François Mitterrand ?<br />
7 – J’ai légué tous mes biens à ma femme à condition qu’elle se remarie. Ainsi, il y aura tout de même un<br />
homme pour regretter ma mort !<br />
La Calprenède ou Scarron ?
42<br />
8 – Quand le temps est maussade, dites-vous bien que c’est lui qui l’est, et pas vous. Rien ne vous empêche de<br />
l’imiter mais ce n’est pas obligatoire.<br />
Jules Renard ou Jean d’Ormesson ?<br />
9 – Dans mon jardin, je laisse pousser les ronces et les orties car ces plantes sont les plus faciles à entretenir.<br />
Alfred Jarry ou Claude Lacombe ?<br />
10 – Les parents n’élèvent plus les jeunes, ils les financent.<br />
Jacques Salomé, écrivain, ou Geneviève Feurstein-Garrigou ?<br />
11 – Quand on est amoureux de sa vie et de celle des siens, on doit chercher à découvrir les signes avantcoureurs<br />
du futur proche.<br />
Michel Serres ou Jean Nouvel ?<br />
12 – Ce n’est pas que j’aie peur de mourir, mais je préfèrerais ne pas être là quand ça arrivera !<br />
Woody Allen ou Alphonse Allais ?<br />
13 – Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre.<br />
Louis Aragon ou Paul Éluard ?<br />
14 – Nous n’avons rien à attendre d’un monde trop plein.<br />
Claude Lévi-Strauss ou Francis Guichard ?<br />
Réponses<br />
1 – C’est Sigmund Freud.<br />
2 – C’est l’écrivain philosophe Joseph Joubert ; natif de Montignac, qui fut sous l’Empire, l’un des premiers Inspecteurs Généraux de<br />
l’Éducation, et qui fit créer à Montignac le premier Collège Public de la ville.<br />
3 – C’est Paul Valéry.<br />
4 – C’est Gérard de Nerval. Il s’agit de la première phrase de son ouvrage Aurélia.<br />
5 – C’est Napoléon I er .<br />
6 – C’est Francis Blanche.<br />
7 – C’est l’écrivain Scarron, qui mourut encore jeune au terme d’une très dure maladie. Sa veuve, Mme de Maintenon, épousa, après le<br />
décès de la reine Marie-Thérèse, le roi Louis XIV !<br />
8 – C’est Jean d’Ormesson.<br />
9 – C’est Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi.<br />
10 – C’est Jacques Salomé, psychologue et écrivain, mais Geneviève, notre présidente, pense, a-t-elle dit, à peu près comme lui.<br />
11 – C’est Jean Nouvel, dans l’éditorial d’un numéro d’Architecture d’Aujourd’hui.<br />
12 – C’est Woddy Allen.<br />
13 – C’est Paul Éluard.<br />
14 – C’est Claude Lévi-Strauss, mais Francis Guichard a dit, lors d’une intervention après une conférence, qu’il pensait (et je pense de<br />
même) que l’explosion démographique dans le monde était l’un des plus grands dangers pour notre Terre.<br />
Elle nous a quittés<br />
Une très amicale pensée pour Germaine Meyer<br />
Germaine Meyer, qui nous a récemment quittés, avait très activement participé à l’essor du <strong>Carrefour</strong><br />
universitaire au cours des douze premières années d’existence de l’association.<br />
Après avoir dirigé pendant longtemps la pharmacie de l’extrémité de la Traverse, et après l’avoir confiée à son<br />
fils Michel Vial, elle vécut une retraite fort occupée par les soins attentifs qu’elle accordait à sa famille mais aussi par<br />
sa passion pour les arts musicaux. Pianiste virtuose, elle s’était créé un groupe d’amis qui aimaient beaucoup la<br />
musique et le chant. Et elle offrit au <strong>Carrefour</strong> des conférences particulièrement bien préparées avec un grand choix<br />
de textes et d’images. Ces conférences étaient toujours enrichies par la présentation de morceaux de musique exécutés<br />
par elle-même ou par ses amis, et par des chants.<br />
Sa première conférence concerna l’œuvre de Frantz Schubert. Au cours des années suivantes, nous eûmes la<br />
présentation de la vie et de l’œuvre de Robert et de Clara Schumann, puis de Chopin et de Beethoven. Mme Meyer<br />
était assistée par l’admirable soprano qu’était Madeleine Turpin et souvent par d’excellents instrumentistes comme<br />
Olivier Herman et Hélène Tsitsiridès.<br />
Il faudrait lire les comptes rendus de ses conférences en feuilletant la collection des Bulletins du <strong>Carrefour</strong><br />
universitaire pour voir combien les interventions de Mme Meyer et de son groupe furent appréciées. En conclusion<br />
R. N.
du compte rendu de l’une des conférences données sur Chopin (il y en eut deux), on peut lire ceci : Mme Meyer, au<br />
piano, accompagnait admirablement la belle voix de son amie Madeleine Turpin… Ce fut un après-midi de rêve…<br />
A ses enfants et petits-enfants qu’elle aimait tant – et parmi lesquels il y a aussi de véritables artistes – nous<br />
disons que nous étions nombreux au <strong>Carrefour</strong> universitaire à avoir pour Germaine Meyer, vive sympathie et<br />
respectueuse admiration.<br />
R. N.<br />
SELECTION BIBLIOGRAPHIQUE<br />
* Autour des conférences :<br />
Cabanes en pierre sèche :<br />
- Christian LASSURE et Dominique REPERANT : Les cabanes en pierre sèche de France, Edisud, 2006. CERAV.<br />
- Christian LASSURE : La pierre sèche, dans L’architecture vernaculaire, 1997, CERAV.<br />
- Christian LASSURE : Essai de classification fonctionnelle des constructions en pierre sèche du Lot, CERAV.<br />
- François POUJARDIEU : Les cabanes en pierre sèche du Périgord, éditions du Roc de Bourzac.<br />
- COLLECTIF, Patrimoine de pays en Périgord, Éd. Du C.A.U.E., 2000.<br />
Liens Internet<br />
- http ://www.panoramio.com/user/366476<br />
- http://www.panoramio.com/user/4370973<br />
- http://www.panoramio.com/user/2989153<br />
- http ://www.pierreseche.com<br />
- http ://pierreseche.chez-alice.fr/index.html<br />
- http ://www.pierreseche.net<br />
- http ://www.pierre-seche.eu/categorie/cabane-s-en-sarladais/<br />
- http ://www.maisonpierreseche.com/fr/index.htm<br />
- http ://fr.wikipedia.org/wiki/Cabane_en_pierre_s%C3%A8che<br />
- http ://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_s%C3%A8che<br />
Pigeonniers :<br />
- Michel LUCIEN, Pigeonniers en Midi-Pyrénées, Massin, 2008.<br />
- Dominique LETELLIER, Pigeonniers de France, Privat, 2003.<br />
Quelques liens Internet concernant les pigeonniers<br />
Pigeonniers en Périgord : http://pigeonniers24.free.fr/<br />
Pigeonniers de France http://pigeonniers-de-france.chez-alice.fr/<br />
Robert Merle :<br />
- Pierre MERLE, Robert Merle. Une vie de passions. Biographie, éditions de l’Aube, 2008.<br />
Démarche scientifique des sciences de l’évolution :<br />
- Georges LECOINTRE, Les sciences face aux créationnismes : remobiliser le contrat méthodologique des<br />
chercheurs. <strong>2012</strong>, Quae.<br />
* Art et Histoire en Périgord Noir, Bulletin de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir :<br />
Dans sa nouvelle présentation, le bulletin de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir<br />
confirme la variété des thèmes de recherche abordés par les auteurs. Au sommaire de ses<br />
derniers numéros :<br />
N° 128, 1 er trimestre <strong>2012</strong> :<br />
- Annick LEBON-HÉNAULT, La Société d’Art et d’Histoire à la découverte de la<br />
Russie, p. 5-6.<br />
- Annick LEBON-HÉNAULT, Chroniques de la paroisse de Carlucet du XVII e au<br />
XVIII e siècle. 1 re partie : De la générosité de François de Costes à l’efficace gestion de<br />
Pierre Blanche, p. 7-26.<br />
- Jean-Emmanuel de FERRIÈRES DE SAUVEBŒUF, Réflexions autour des fontaines<br />
monumentales du château de Sauvebœuf, p. 27-45.<br />
- Claude LACOMBE, Sur deux croix d’autel en ivoire, des XVII e et XVIII e siècles,<br />
ayant fait partie du trésor de la cathédrale de Sarlat, p. 46-48.<br />
43
44<br />
N° 129, 2 e trimestre <strong>2012</strong> :<br />
- Annick LEBON-HÉNAULT, Chroniques de la paroisse de Carlucet du XVII e au<br />
XVIII e siècle. 2 e partie : Des embarras du « secondariat » avec Etienne Ourtal à la<br />
fracture révolutionnaire, p. 59-77.<br />
- Anne BÉCHEAU, Histoire du repaire noble de Chignac, à Castelnaud-La Chapelle des<br />
origines au XIX e siècle, p. 78-82.<br />
- Patricia ALCABEZ, Analyses des actes d’un mariage à Saint-Cyprien au XIX e siècle,<br />
p. 83-90.<br />
- Michel LASSERRE (Document glané par), La légende de Castel-Réal, p. 91-92.<br />
INVITATION À LIRE…<br />
* Guy MANDON, avec une préface de Jean-Pierre POUSSOU, 1789 en Périgord. La Révolution et les chemins de la<br />
liberté, éd. Sud-Ouest, <strong>2012</strong>, 412 p., ISBN 978-2-8177-0163-9<br />
Voici trois ans, Guy Mandon avait capté l’attention des sarladais en nous présentant l’année 1789 en Périgord, à<br />
la Société d’Art et d’Histoire. C’est désormais en lisant les 400 pages de son ouvrage publié aux éditions Sud-Ouest<br />
que nous pouvons suivre les Périgourdins sur leurs chemins de liberté. Car le but de l’auteur n’est pas seulement de<br />
narrer les faits qui ont émaillé les vingt mois qui vont de l’annonce de la convocation des<br />
Etats généraux aux élections municipales de 1790. Il est surtout question d’inviter le lecteur<br />
à rechercher, au long des chemins de liberté que s’ouvrent ses habitants, les ressorts qui<br />
font le Périgord révolutionnaire.<br />
L’auteur le fait en constatant de bout en bout une réalité : s’ils sont réunis en mars<br />
1789 à Périgueux pour élire leurs huit députés, les Périgordins sont pour le reste sur des<br />
logiques très différentes, dans des cadres que l’Ancien Régime n’a cessé de renforcer et qui<br />
opposent de part et d’autre de l’axe des fleuves les élections de Périgueux et de Sarlat.<br />
L’étude des trois phases qui scandent la période montre bien cette opposition : au cours du<br />
deuxième semestre de 1788 quand il s’agit de se mobiliser pour la renaissance des États<br />
particuliers du Périgord ; au cours de l’été et de l’automne de 1789 quand s’impose<br />
l’obligation de s’organiser face au vide du pouvoir créé par le 14 juillet ; enfin à l’hiver<br />
1790 quand s’engage le grand mouvement paysan qui parcourt le Sud-Ouest de la France<br />
dont le Sarladais est l’un des points de départ.<br />
Il y a donc bien une spécificité sarladaise de la Révolution en Périgord. Dominés au nord par le Conseil des<br />
Communes de Pierre Éléonor Pipaud des Granges, le Sarladais doit beaucoup aux initiatives de personnages clefs<br />
comme le comte de Beaumont, Loys et surtout Maleville dont l’auteur montre l’originalité politique, construite dans la<br />
rigueur d’un patriotisme conservateur, soucieux de l’enracinement des acquis révolutionnaires et des premières lois<br />
qui les consacrent et très résolu à protéger ces acquis d’un monde rural que les revendications antiseigneuriales et la<br />
cherté liée à la crise frumentaire peuvent pousser aux excès. Là est l’esprit de la Confédération sarladaise qui engage<br />
autour de Sarlat villes et bourgs du Sarladais dans un pacte défensif. Là aussi probablement est la coupure avec un<br />
monde rural dont le rôle dans l’accélération du vote de la loi de mars 1790 est souligné.<br />
Au fond, la recherche de ces chemins de la liberté dans laquelle on a pu voir un simple renouvellement de la<br />
tradition croquante de la révolte, montre surtout des acteurs au cœur de leur époque. Etre révolutionnaire, en Périgord<br />
en 1789 et en Sarladais en particulier, cela correspond à des comportements politiques fortement repérables. L’intérêt<br />
de l’ouvrage de Guy Mandon est dans la façon de nous engager dans cette recherche. Notons que l’ouvrage est<br />
prolongé par un blog http://1789-en-Perigord.blog4ever.com qui permet de retrouver l’histoire des villes et villages en<br />
révolution et d’ouvrir certains dossiers qui nous permettent de poursuivre le dialogue avec l’auteur.<br />
G. M.