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ateliers 2012/2013 - Carrefour Universitaire

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CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />

DE SARLAT ET DU PERIGORD NOIR<br />

Boîte postale 126 - 24204 SARLAT LA CANEDA Cedex<br />

Site Internet : http://www.carr-univ-sarlat.fr<br />

Courriel : presidente@carr-univ-sarlat.fr<br />

Bulletin n° 57, septembre <strong>2012</strong><br />

Le CARREFOUR UNIVERSITAIRE est une association culturelle (loi de 1901), à but non<br />

lucratif, animée par des bénévoles. Elle s’adresse à toutes les personnes – particulièrement celles qui<br />

disposent de temps libre – désireuses d’enrichir leurs connaissances dans les domaines intellectuels et<br />

artistiques.<br />

SOMMAIRE<br />

Editorial ………………………………………………………………………………………… p. 2<br />

Adresses utiles et Informations diverses<br />

A qui s’adresser ………………………………………………………………………….<br />

Le Conseil d’Administration ……………………………………………………………<br />

Le Bureau ………………………………………………………………………………..<br />

Informations diverses ……………………………………………………………………<br />

Informations concernant les <strong>ateliers</strong> …………………………………………………….<br />

Tableau des activités des <strong>ateliers</strong> ………………………………….…………….….….……… p. 8-9<br />

Une page se tourne ……………….…..………………………………………….….………….. p. 10<br />

Programme des conférences du 1 er semestre (sept. <strong>2012</strong> à janv. <strong>2013</strong>) ……………………. p. 11<br />

Comptes rendus des conférences (déc. 2011 à mai <strong>2012</strong>) .……………….………………..... p. 15<br />

Sorties & Voyages<br />

Le <strong>Carrefour</strong> cistercien ………………………..…………………………………………. p. 34<br />

Le <strong>Carrefour</strong> retrouve l’Hermione ………………………………………………………. p. 36<br />

Les rencontres Logroño – Sarlat ………………………………………………………… p. 38<br />

Propos ou pensées en quête d’auteurs ………………………………………………………… p. 41<br />

Nécrologie ……………………………………………………………………………………… p. 42<br />

Sélection bibliographique et Invitation à lire ………………..………………..……………… p. 43<br />

Ont collaboré à ce bulletin n° 57, septembre <strong>2012</strong> :<br />

Auteurs : Michel Boulerne, Guy Boyer, Isabelle Cabard, Jacques Chantal, Michel Chanaud, Yvette Chantal, Amparo Contreras Pereda,<br />

Robert Dié, Geneviève Feurstein-Garrigou, Dominique Genty, Michel Genty, Lucette Godet, Serge Jard, Roland Kleim, Jacqueline<br />

Lacombe, Guillaume Lecointre, Guy Mandon, Pierre Merle, Gloria Milon, Mireille Nilles, Roger Nouvel, Daniel Sueur.<br />

Illustrations : Michel Boulerne, Guy Boyer, Breitling, André Calas, Michel Chanaud, Jacques Chantal, Collection particulière, Robert<br />

Dié, Dominique Genty, Claude Lacombe, Michel Morand, Musée de Palerme, Bertrand Piccard, Solar Impulse, The Phillips<br />

Collection.<br />

Saisie du texte : Claude Lacombe.<br />

Maquette et mise en page : Michel Morand.<br />

Logo du <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong> : Alain Carrier<br />

Imprimerie : Imprimerie du Sarladais, B.P. 57, 24202 SARLAT Cedex.<br />

p. 3<br />

p. 3<br />

p. 4<br />

p. 4<br />

p. 6<br />

1


2<br />

Jean Piat (Photo coll. Internet)<br />

ÉDITORIAL<br />

Vous avez quel âge ?<br />

Voilà une question indiscrète qui ne vous a jamais été posée au <strong>Carrefour</strong>, mais qui nous concerne pourtant<br />

directement. Question qu’il est fort malséant de poser aux dames. Question cependant, que nous entendons de plus en<br />

plus souvent aujourd’hui, avec plus ou moins de compassion ou de curiosité. Vous avez quel âge ? vous dit votre<br />

médecin. Et il n’y a vraiment que pour la retraite que nous sommes tentés de faire notre âge.<br />

A son tour Françoise Dorin la pose dans une pièce de théâtre. Jean Piat, qui a, lui-même, un bon âge, qu’il ne<br />

nous confessera pas, est seul, sur la scène, au Théâtre de Paris. Il nous<br />

annonce, que lui, dont la réputation est d’être un acteur léger, a réussi à<br />

faire réfléchir un ministre, qui plus est, un ministre de la santé et que celuici<br />

lui propose, au téléphone, très sérieusement, un ministère<br />

supplémentaire. Jean Piat s’en dit extrêmement surpris et flatté. Il nous fait<br />

juge de la situation. Le point de départ de cette affaire est justement une<br />

conférence qu’il a donnée, sur un thème qui aurait pu être inscrit au<br />

programme de notre <strong>Carrefour</strong> au rayon des sujets de société, si nous<br />

avions souhaité évoquer le temps libre dont, désormais, nous disposons :<br />

l’âge, le grand âge, la vieillesse, le temps qui passe… Vous voyez ! Face à<br />

un auditoire qui n’était pas composé d’adolescents, il avait proposé d’en rire. Le public avait ri. Le ministre, bien<br />

informé, comme le sont tous les ministres, a pensé que notre acteur était l’homme qu’il lui fallait.<br />

A ce moment-là, bien calée dans mon fauteuil du théâtre de la Rue Blanche, je me suis dit que, bien que<br />

n’étant pas encore ministre, j’avais repéré un futur conférencier qui avait le sens de l’humour. Vous pensez bien que je<br />

n’en ai plus perdu une miette, d’autant que, Jean Piat commence par nous donner une vielle recette pour faire une<br />

bonne conférence : Il faut des idées et une montre. Il nous dit qu’il a la montre, vous aussi, quant aux idées…vous les<br />

avez. Je sens qu’à la rentrée notre association va être submergée par les propositions de conférences.<br />

Inutile de vous dire que nous nous interrogions tous, et il le savait, sur l’âge de cet acteur-conférencier qui,<br />

doté encore, remarquez bien que, perfidement, je dis encore, d’une excellente mémoire, nous donnait précisément des<br />

conseils pour ne pas faire notre âge.<br />

Conseils en dix points, des choses à ne pas dire et à ne pas faire, et des travers dans lesquels nous risquons de<br />

tomber. Un exemple : certes vous fréquentez régulièrement Internet, le site et la gazette du <strong>Carrefour</strong>, vous utilisez<br />

un notebook et vous écoutez un CD plutôt qu’un 45 tours sur un électrophone, mais j’espère que vous n’avez pas<br />

tendance à donner ce genre de conseil, dicté par votre expérience, surtout aux plus jeunes. De mon temps on prenait de<br />

la Quintonine, ça coûtait beaucoup moins cher. Vous feriez votre âge. Et là, malheureusement, Jean Piat nous livre<br />

cette réflexion assassine de La Rochefoucauld qui ne vous concerne évidemment pas : Les vieillards aiment à donner<br />

des conseils, pour se consoler de ne plus être en état de donner de mauvais exemples. À rapprocher de cet adage plus<br />

moral : Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait (Henri Estienne, les Prémices). La sagesse populaire ne fait pas jeune<br />

non plus.<br />

Mais au-delà des apparences, que faire pour rester jeune ? Ô temps ! Suspends ton vol… (Alphonse de<br />

Lamartine, le Lac). Celle-là je ne pouvais pas la manquer, d’autant que c’est précisément la légèreté qui nous fait<br />

défaut sur un pareil sujet. Allez au théâtre, nous dit Jean Piat, ça rajeunit. Allez au <strong>Carrefour</strong> universitaire, ça, c’est<br />

moi qui le dis, cela vous évitera les rides de l’esprit. Profitez de votre temps libre pour faire des pompes du cerveau<br />

après les pompes des abdos ! Ça c’est lui qui le dit ! Finissons-en avec un Boileau rassurant : Chaque âge a ses<br />

plaisirs, son esprit et ses mœurs.<br />

Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU


ADRESSES UTILES ET INFORMATIONS DIVERSES<br />

A QUI S’ADRESSER<br />

Pour tous renseignements :<br />

- d’ordre général<br />

Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU, présidente<br />

Impasse des Clarisses, 24200 SARLAT tél. 06.76.83.67.51<br />

presidente@carr-univ-sarlat.fr<br />

Lucette GODET, secrétaire générale<br />

Cabasse, 24370 VEYRIGNAC tél. 05.53.28.15.04<br />

Marie-France SUEUR, secrétaire adjointe secretaire@carr-univ-sarlat.fr<br />

François MARTIN, trésorier<br />

Le Prieuré de Veyssière, 24200 VITRAC tél. 05.53.28.38.14<br />

tresorier@carr-univ-sarlat.fr<br />

- concernant les “Sorties”<br />

Jean-Émeric SIMON<br />

Chemin de Laumel 46300 GOURDON tél. 05.65.41.16.94<br />

excursions@carr-univ-sarlat.fr<br />

- concernant le Bulletin<br />

Claude LACOMBE, vice-président<br />

Le Bourg, 24590 ARCHIGNAC tél. 05.53.28.92.26<br />

Port. 06.85.57.87.47 bulletin@carr-univ-sarlat.fr<br />

- concernant les <strong>ateliers</strong><br />

* Atelier Photographie foto-atelier@carr-univ-sarlat.fr<br />

* Atelier Espagnol esp-atelier@carr-univ-sarlat.fr<br />

- concernant le site Internet<br />

Michel MORAND<br />

51, rue Jean-Mermoz, 24200 SARLAT tél. 09.71.26.98.26<br />

webadmin@carr-univ-sarlat.fr<br />

COMPOSITION DU CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />

DU CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />

* M. Patrick ALDRIN * M. Francis GUICHARD<br />

* M Bernard AUMONT * M. Serge JARD<br />

* Mme Françoise BOBIN-ULRICH * M. Roland KLEIM<br />

* Mme Marie-Noëlle BIECHER * M. Claude LACOMBE<br />

* M. Janvier CEFALIELLO * Mme Anne-Marie MARCO<br />

* M. Jacques CHANTAL * M. François MARTIN<br />

* Mme Claudie DENIS * M. Michel MORAND<br />

* Mme Eliette DENIS * M. Michel POCHOU<br />

* Mme Paulette FEIX * M. Jean-Émeric SIMON<br />

* Mme Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU * Mme Marie-France SUEUR<br />

* Mme Lucette GODET * Mme Jacqueline TREILLE<br />

3


4<br />

COMPOSITION DU BUREAU DU CARREFOUR UNIVERSITAIRE<br />

Président : Responsables techniques du matériel :<br />

- Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU - Janvier CEFALIELLO<br />

Vice-présidents : - Claude GENTIL<br />

- Claude LACOMBE - Francis GUICHARD<br />

- Bernard AUMONT - Roland KLEIM<br />

Secrétaire générale : - Michel MORAND<br />

- Lucette GODET - Michel POCHOU<br />

Secrétaire adjoint : Responsable des grands voyages :<br />

- Marie-France SUEUR - Jean-Émeric SIMON<br />

Trésorier :<br />

- François MARTIN<br />

Trésorière adjointe et Responsable du site Internet :<br />

coordinatrice des <strong>ateliers</strong> : - Michel MORAND<br />

- Paulette FEIX<br />

Présidents d’honneur : Membres d’honneur :<br />

- Roger NOUVEL - Jacqueline de CHAUNAC ( )<br />

- Paul BART<br />

- Robert DIÉ<br />

INFORMATIONS DIVERSES<br />

* Plan d’accès au lieu des conférences et des <strong>ateliers</strong> :<br />

* Gratuité pour les membres du <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong> pour assister aux conférences de l’Université<br />

du Temps Libre de Périgueux<br />

Le <strong>Carrefour</strong> universitaire de Sarlat et l’Université du Temps Libre de Périgueux proposent dorénavant la<br />

gratuité à leurs adhérents, sur présentation de leurs cartes de membres de l’une des associations, pour assister aux<br />

conférences de l’une ou l’autre des dites associations.<br />

Le programme de conférences du <strong>Carrefour</strong> est consultable sur ce Bulletin ; celui de l’Université du Temps<br />

Libre de Périgueux est, quant à lui, consultable sur le site www.utlperigueux.org<br />

* Des tarifs réduits grâce au <strong>Carrefour</strong> <strong>Universitaire</strong><br />

N’oubliez pas que la carte de membre du <strong>Carrefour</strong> donne droit à des tarifs réduits :<br />

- au Cinéma Rex<br />

- au Centre Culturel.


* En couverture de notre Bulletin du <strong>Carrefour</strong><br />

Pour la couverture de ce n° 57, nous avons choisi d’évoquer l’activité de l’atelier Photo en proposant<br />

une image de nos amis Yvette et Jacques CHANTAL : effet de lumière coloré dans l’église de La Charitésur-Loire.<br />

Informations à lire avant toute adhésion à un atelier du <strong>Carrefour</strong><br />

L’inscription aux <strong>ateliers</strong> n’est pas automatique. Chacun se doit donc de régler d’abord sa<br />

cotisation au <strong>Carrefour</strong> universitaire avant de s’inscrire à un atelier en acquittant le droit<br />

d’inscription correspondant.<br />

- Cotisation au <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />

La cotisation annuelle (30 € pour <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong>) correspond à l’adhésion au <strong>Carrefour</strong> et couvre<br />

l’année universitaire complète (allant de septembre à août de l’année suivante), permettant à chacun<br />

d’être couvert par l’assurance du <strong>Carrefour</strong> en cas d’accident durant les activités organisées par<br />

l’association.<br />

Toute inscription à un atelier implique la cotisation d’adhésion au <strong>Carrefour</strong> universitaire.<br />

Par souci d’équité, de conformité aux règles des assurances et de simplification, les<br />

renouvellements de cotisations d’adhésion au <strong>Carrefour</strong> sont dus pour l’année universitaire complète.<br />

Ce n’est que dans le cas d’une première adhésion faite en cours de l’année universitaire, audelà<br />

du 31 janvier, que l’adhérent ne paye qu’une demi-cotisation.<br />

- Droits d’inscription aux <strong>ateliers</strong><br />

Le montant des inscriptions aux <strong>ateliers</strong> (25 € le premier et 20 € pour les suivants) est dû pour<br />

l’année universitaire complète quelle que soit la date de l’inscription.<br />

Les consignes de sécurité imposées aux utilisateurs des locaux du Colombier restent en<br />

vigueur. Nous devons limiter le nombre d’étudiants dans nos <strong>ateliers</strong> en fonction de la capacité<br />

d’accueil de chaque salle. En conséquence, le (la) responsable, ou à défaut le correspondant de chaque<br />

atelier, est seul(e) habilité(e) à recevoir les inscriptions des étudiants.<br />

Ces inscriptions sont donc enregistrées au fur et à mesure de leur réception, avec priorité au<br />

renouvellement. Les candidats en surnombre seront inscrits sur une liste d’attente.<br />

- Pour le bon fonctionnement des <strong>ateliers</strong><br />

Si, après un premier contact, vous n’avez pas l’intention de revenir dans l’atelier où vous vous<br />

êtes inscrit, il nous serait agréable que vous en préveniez l’animateur afin de pouvoir accueillir un<br />

nouveau candidat en liste d’attente.<br />

S’il vous arrive d’avoir à vous absenter un certain temps, pour des raisons diverses et<br />

personnelles, là aussi, nous vous serions obligés de penser à prévenir l’animateur de votre cours.<br />

Merci de bien vouloir respecter ces quelques prescriptions qui améliorent le bon<br />

fonctionnement et la gestion des <strong>ateliers</strong> du <strong>Carrefour</strong>.<br />

5


6<br />

INFORMATIONS CONCERNANT LES ATELIERS<br />

POUR AVOIR DES INFORMATIONS DE DERNIÈRE MINUTE<br />

Les informations données ci-dessous et dans le Tableau d’activités des <strong>ateliers</strong>, sont celles<br />

transmises par les animateurs et réunies à la date de la mise en forme du Bulletin (juillet <strong>2012</strong>). Elles<br />

sont susceptibles de modifications apportées au moment de son impression ou ultérieurement.<br />

Pour avoir connaissance de ces modifications, les personnes intéressées sont invitées à<br />

consulter sur le site du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />

http ://www.carr-univ-sarlat.fr<br />

* la Gazette du <strong>Carrefour</strong><br />

* et les Informations sur les <strong>ateliers</strong> réactualisées régulièrement.<br />

Atelier CRÉATIVITÉ<br />

N.D.L.R.<br />

L’atelier de créativité vous propose différentes techniques où le savoir-faire et la convivialité sont partagés.<br />

Vous pourrez apprendre ou vous perfectionner au tissage de perles, à la peinture sur bois, à la carterie avec embossage et à la<br />

fabrication de perles en pâte polymère utilisées pour la confection de bijoux ainsi que le Pergamano.<br />

Nous vous attendons également à l’atelier de dentelle aux fuseaux, animé par Mme Y. Morel.<br />

Nous reprendrons nos activités le 25 septembre de 14 h à 16 h 30 dans les salles Jacques Brel et Georges Brassens au<br />

Colombier.<br />

Nous préparons, conjointement avec les <strong>ateliers</strong> Patchwork et Encadrement, une exposition prévue du 30 mars au 1 er avril<br />

<strong>2013</strong> à l’ancien évêché.<br />

À cette occasion, une tombola, avec de nombreux lots, aura lieu au profit d’une association sarladaise.<br />

Atelier SCIENCE<br />

Durant l’année 2011-<strong>2012</strong> le <strong>Carrefour</strong> universitaire s’est enrichi d’un nouvel atelier consacré aux sciences.<br />

Deux professeurs des universités, Serge Jard biologiste et Roland Kleim physicien, ont animé en alternance les<br />

séances hebdomadaires dans les locaux du lycée Pré de Cordy.<br />

Ce sont 16 participants qui ont pu profiter tout au long de l’année de petites conférences privées données par<br />

des intervenants qui ont accepté de mettre leur savoir et leur compétence pédagogique au service de la promotion de la<br />

science.<br />

En lisant des articles dans les revues de vulgarisation où l’explication du journaliste paraît parfois bien<br />

confuse, on mesure les difficultés qu’il y a à communiquer un savoir scientifique à des non-spécialistes.<br />

Le pari était donc risqué et la mise à la portée de chacun de notions souvent complexes, a demandé beaucoup<br />

d’efforts aux animateurs qui ont eu face à eux des participants dont la culture scientifique et les attentes étaient<br />

extrêmement diverses.<br />

Le bilan s’avère pourtant très positif. Il y a eu peu de défections et un groupe motivé s’est constitué pour<br />

poursuivre cette expérience sous une forme plus dynamique. À partir de propositions collectées parmi tous les<br />

membres, un programme précis a été choisi pour le premier semestre de la prochaine année. Toutes les séances seront<br />

placées sous l’autorité morale des deux animateurs, qui restent garants de la rigueur scientifique du contenu, mais<br />

nombre d’entre elles seront animées par des intervenants volontaires faisant partie du groupe.<br />

Ce type de fonctionnement, plus dans l’esprit « atelier », ouvre un éventail de thèmes plus large et devrait<br />

faciliter les échanges autour d’un sujet bien délimité.<br />

Au cours du premier semestre les sujets suivants seront abordés :<br />

Y. E.


Fonctionnement de l’ordinateur.<br />

La transgénèse (OGM, principes, intérêts, dangers….).<br />

Les étoiles et le système solaire.<br />

Le rein.<br />

Les nombres et leur notation de l’Antiquité à nos jours.<br />

La vie dans le désert et dans les océans.<br />

L’énergie nucléaire.<br />

La géologie du karst Périgord-Quercy en rapport avec les recherches de schistes contenant du gaz.<br />

Les couleurs.<br />

Les nanotechnologies.<br />

Les nouveaux matériaux, les nouveaux alliages et leurs utilisations dans l’industrie.<br />

La variété des thèmes résulte des choix des participants, cette année. D’autres seront abordés ou approfondis<br />

au cours du deuxième semestre et résulteront du choix des participants de l’année prochaine, peut-être vous, si vous<br />

décidez de nous rejoindre : l’ambiance est sympathique.<br />

B. S.<br />

Atelier ESPAGNOL<br />

L’année 2011-<strong>2012</strong> vient de s’achever pour l’atelier d’espagnol, comme pour les autres <strong>ateliers</strong>. Cette année a<br />

été animée par le voyage Sur la Route Machadienne de Soria à Collioure, en octobre 2011 et par notre échange<br />

linguistique et culturel avec Logroño en avril-mai <strong>2012</strong>. Ainsi :<br />

o du 27 au 29 avril, ce fut le déplacement de Sarlat vers Logroño (nous étions 12), qui est commenté dans<br />

ce bulletin.<br />

o du 25 au 27 mai, ce fut celui de Logroño à Sarlat, pour nos correspondants espagnols (ils étaient 13),<br />

dont vous retrouverez aussi les jolis commentaires sur notre rencontre et, grâce à elle, sur leur ouverture<br />

à de nouveaux horizons, une nouvelle culture, une nouvelle occasion d’échange linguistique.<br />

L’année <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong> verra, dans notre atelier, le retour d’une section pour débutants (voir dans le tableau des<br />

<strong>ateliers</strong>).<br />

Pour toute première inscription, dans cette section ou dans les autres, téléphoner à Jacqueline Lacombe, au<br />

05.53.28.92.26, dès le 1 er septembre.<br />

Notre rentrée « scolaire » aura lieu le 4 octobre, premier jeudi du mois d’octobre.<br />

LES EXCURSIONS CONTINUENT<br />

Pendant 15 ans, les Chantal se sont mis au service du <strong>Carrefour</strong> pour organiser, avec la rigueur et le<br />

dévouement que nous leur connaissons, au total 45 sorties. C’est à regret qu’ils ont pris leur retraite. Les excursions<br />

représentent une partie importante de nos activités. On ne pouvait envisager qu’elles cessent brutalement et nous<br />

souhaitions donc que des bonnes volontés se manifestent pour prendre le relais. Les Chantal ont lancé un appel qui,<br />

fort heureusement, a été entendu : Claudie et Jean Émeric Simon ont accepté de prendre cette responsabilité. Nous en<br />

sommes très heureux et nous leur apporterons tout notre soutien pour, comme disaient les Chantal, « de nouvelles<br />

aventures. »<br />

Je souhaite donc que vous soyez nombreux à répondre présents en participant aux excursions qui vous seront<br />

proposées.<br />

La Présidente<br />

Geneviève FEURSTEIN-GARRIGOU<br />

7<br />

J. L.


8 ACTIVITÉS DE NOS<br />

ANGLAIS<br />

ESPAGNOL<br />

FRANÇAIS pour les<br />

Étrangers<br />

INFORMATIQUE<br />

CRÉATIVITÉ<br />

DENTELLES<br />

ENCADREMENT<br />

PATCHWORK<br />

et Travaux d’aiguilles<br />

PHOTOGRAPHIE<br />

RUSSE<br />

SCIENCES<br />

DESSIN<br />

& PEINTURE<br />

AQUARELLE<br />

RESPONSABLES ANIMATEURS - ANIMATRICES<br />

Jacqueline BARON<br />

05.53.59.36.70<br />

brjlespechs@orange.fr<br />

Jacqueline LACOMBE<br />

05.53.28.92.26<br />

Lucette GODET<br />

05.53.28.15.04<br />

Gérard PUMIN<br />

05.53.28.36.92<br />

Claude GENTIL<br />

05.53.59.42.96<br />

Yolande EVRARD<br />

05.53.29.74.99<br />

Claudie DENIS<br />

05.53.28.11.67<br />

Anne-Marie MARCO<br />

05.53.59.12.97<br />

ammarco@orange.fr<br />

Michel MORAND<br />

06.86.40.18.34<br />

Frédérique MAILLE<br />

(B. Aumont 06.81.04.77.79)<br />

Serge JARD 05.53.51.60.49<br />

Roland KLEIM 05.53.29.75.33<br />

Robert GRATTE<br />

05.53.31.08.71<br />

7aprem@gmail.com<br />

Lydie WILLEMSE<br />

05.53.59.51.32<br />

Heather BISHAM – Judy EVANS<br />

Judith JUPP – Jean-Claude RAMBEAU<br />

Rhona SMITH – Yves TARDIVEL<br />

Penny VLIEGER – Ann WHITBOURN<br />

Marie-Jeanine ARMAGNAC 1 er niveau<br />

Christiane RAMBEAU 2 e niveau<br />

Claudine HACHE 3 e niveau<br />

Anne-Marie GOUJON 4 e niveau<br />

Jacqueline LACOMBE 5 e niveau<br />

Françoise BOBIN-ULRICH 6 e niveau<br />

Roland BARON – Marie-Léontine CARCENAC<br />

Mireille FEIGNEUX – Lucette GODET<br />

Patricia LACOMBE<br />

Patrick ALDRIN – Georges BONNET<br />

Georges DUMONT – Claude GENTIL<br />

Gérard PUMIN<br />

Yolande EVRARD<br />

Yveline MOREL (dentelles)<br />

Claudie DENIS<br />

Claude GENTIL<br />

Anne-Marie MARCO<br />

Michel MORAND<br />

Frédérique MAILLE (1 er & 2 e niveaux)<br />

Voir Informations sur les <strong>ateliers</strong> (p. 8)<br />

Serge JARD (Biologie)<br />

Roland KLEIM (Physique)<br />

Robert GRATTE<br />

Lydie WILLEMSE<br />

NDLR : Les informations portées dans ce tableau correspondent à celles transmises par les animateurs et réunies à la date de mise en forme du bulletin (juillet <strong>2012</strong>).


ATELIERS <strong>2012</strong>/<strong>2013</strong><br />

REMPLAÇANTS LIEUX HORAIRES<br />

Janet DEAN – Elizabeth GIBERT<br />

David JUPP – Susan PIKE<br />

Susan REID – David SMITH<br />

Yvette CALMELS<br />

Christiane ALIZIER<br />

Pierrette LAPEYRONIE<br />

10 personnes maximum<br />

10 personnes maximum<br />

Inscription et début<br />

10 octobre<br />

Inscription et début<br />

6 octobre<br />

Le Colombier<br />

Etage façade sud<br />

Le Colombier<br />

Salle BOISSEL<br />

Salle CASSAS<br />

Salle FAVALELLI<br />

Le Colombier<br />

Salle BOISSEL<br />

Salle CASSAS<br />

Salle FAVALELLI<br />

Collège La BOETIE<br />

Salle D 16<br />

Le Colombier<br />

Salle Jacques BREL<br />

Le Colombier<br />

Salles BREL - BRASSENS<br />

Le Colombier<br />

Salle CASSAS<br />

Le Colombier<br />

Salles BREL - BRASSENS<br />

Le Colombier<br />

Salles BREL - BRASSENS<br />

Lycée Pré de Cordy<br />

Salle E 3<br />

Le Colombier<br />

Salle CASSAS<br />

Le Colombier<br />

Salle CASSAS<br />

Mardi : 10h – 12h débutants<br />

14h15 – 16h15 autres niveaux<br />

Inscriptions : 26 septembre<br />

Début : 2 octobre<br />

Jeudi :<br />

09h30 – 11h30 : niveaux 1,2 et 3<br />

14h15 – 16h15 : niveaux 4, 5 et 6<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

4 octobre<br />

Vendredi :<br />

10h – 12h débutants et débrouillés<br />

14h – 16h autres niveaux<br />

Inscriptions : 28 septembre<br />

Début : 5 octobre<br />

Jeudi : 17h – 18h30<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

27 septembre<br />

Mardi : 14h – 16h30<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

25 septembre<br />

Vendredi : 14h – 16h30<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

5 octobre<br />

Lundi : 14h – 16h30<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

24 septembre<br />

Vendredi : 09h30 – 11h30<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

5 octobre<br />

Lundi : 09h30 – 11h30 (débutants)<br />

Jeudi : 09h30 – 11h30 (avancé)<br />

Début des cours : 1 er octobre<br />

Mardi : 17h – 19h<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

2 octobre<br />

Mercredi : 14h – 17h<br />

Tous les 2 e & 4 e mercredi du mois<br />

Jeudi : 10h – 12h<br />

Inscriptions et début des cours :<br />

4 octobre<br />

9


10<br />

EXCURSIONS :<br />

QUINZE ANS D’ENGAGEMENT POUR LE CARREFOUR<br />

Les Chantal l’avaient annoncé, la visite de la Charente, autour de<br />

Rochefort et de l’Ile d’Oléron serait leur dernière excursion. Spontanément les<br />

membres du <strong>Carrefour</strong> qui, au fil des années, ont été nombreux à participer aux<br />

sorties, ont voulu leur témoigner reconnaissance et amitié. Ce fut, à leur grande<br />

surprise, le 23 mai, lors du repas du soir. Après quelques mots prononcés par<br />

Robert Dié, qui représentait l’assemblée, la remise de cadeaux et d’un<br />

magnifique bouquet de fleurs pour Yvette, Jacques, très ému, a su, même en la<br />

circonstance, conserver ses talents d’orateur et voici ce qu’il nous a dit :<br />

G. F.-G.<br />

Mes chers amis, vous êtes complètement fous ! Nous croulons sous le poids des cadeaux. Vu que notre action<br />

au sein du <strong>Carrefour</strong> était totalement bénévole permettez-nous d’y voir un témoignage de votre amitié et du plaisir<br />

que vous avez éprouvé à nous suivre dans nos excursions ; nous vous remercions chaleureusement, tous, présents ou<br />

absents.<br />

Nous ne vous abandonnons pas par lassitude ou par recul devant le travail, mais tout simplement parce que<br />

nous avons un tout petit peu vieilli et que nous sommes fatigués. Nous ne voudrions pas entreprendre plus que nous ne<br />

pouvons assumer, nous souhaitons éviter l’année de trop, l’excursion de trop. Ce n’est pas de gaieté de cœur. Vous<br />

vous doutez bien qu’il n’est pas facile de se dire : « J’ai pris un coup de vieux et je ne peux plus faire ceci ou cela ».<br />

A défaut d’avoir un grand avenir nous avons un passé. L’autre jour nous évoquions nos souvenirs d’anciens<br />

combattants : « Tu te souviens à Albi nous avons… et à Cognac… » et nous avons fini par compter. Quinze ans au<br />

service du <strong>Carrefour</strong>, quarante-cinq excursions… qui ont donné lieu à six conférences, à six ou sept exposés le soir, à<br />

la veillée, dans les hôtels ; nous avons présenté, commenté, une bonne quarantaine de sites ou de monuments. Ceci<br />

pour faire valoir nos droits à la retraite de la retraite.<br />

Donc quinze ans d’engagement pour le <strong>Carrefour</strong>, quinze ans avec les Chantaux en avant, par nécessité.<br />

Mais… mais derrière il y avait Janvier ; jusqu’à l’an dernier l’ami Janvier Céfaliello a accompli une tâche obscure et<br />

indispensable. Mais derrière, il y avait l’inoxydable Paulette ainsi que François ; comment voulez-vous travailler sans<br />

l’aide et la compréhension des trésoriers ? Mais derrière, il y avait Roger, Paul, Robert et Geneviève ; comment<br />

voulez-vous travailler sans l’appui et sans la confiance des présidents ?<br />

Quinze ans d’engagement pour le <strong>Carrefour</strong>, mais avec – il faut être lucide et honnête – une bonne dose<br />

d’égoïsme car de ces excursions nous avons reçu un important retour par l’amitié, l’échange, le partage, le plaisir<br />

d’être ensemble. Ces excursions nous ont obligés à visiter, découvrir, approfondir, lire, organiser et même à<br />

réfléchir… c’est pour vous dire. Bref, elles nous ont obligés à aller au fond des choses, à nous bouger au lieu de rester<br />

figés sur notre canapé, et ce fut pour nous très bénéfique.<br />

Quinze ans d’engagement certes, mais rendu possible par l’esprit que nous avons rencontré au <strong>Carrefour</strong> :<br />

convivialité, amitié, mais au-delà un état d’esprit qui déjoue un peu les lois habituelles de l’humaine condition. En<br />

effet, et ce n’est pas de moi, quand on entreprend quelque chose on dresse immanquablement contre soi tous ceux qui<br />

voudraient faire la même chose sans en avoir le courage, plus tous ceux qui voudraient faire exactement le contraire,<br />

plus l’énorme masse de ceux qui ne font jamais rien. Si nous avons copieusement vécu cela dans notre carrière nous<br />

ne l’avons pas ressenti au <strong>Carrefour</strong>. Oh, bien sûr, nous avons emmené quelques grincheux ou grincheuses, mais ils<br />

ont vite compris que leur place ne se trouvait pas parmi nous et nous ne les avons plus revus. Au contraire, lorsque<br />

nous déprimions un peu devant un guide douteux, un repas médiocre ou une météo franchement incertaine, c’est vous<br />

qui, conservant votre bonne humeur, veniez nous dire avec sagesse et philosophie : « Ne vous inquiétez pas, ce n’est<br />

pas grave ».<br />

Mes chers amis, Rémy, qui philosophe en conduisant son bus, nous disait lors d’une dernière sortie : « Merci<br />

d’être ce que vous êtes ». Je reprends cette belle formule à notre compte : « Chers amis, vous allez nous manquer ».<br />

Yvette et Jacques CHANTAL


PROGRAMME DES CONFÉRENCES<br />

POUR LE 1 er SEMESTRE DE L’ANNÉE <strong>2012</strong> – <strong>2013</strong><br />

Toutes les conférences ont lieu au Colombier, salle Pierre Denoix,<br />

le mercredi à 15 h.<br />

La presse locale – L’Essor Sarladais<br />

et Sud-Ouest - en informera le public.<br />

Mercredi 26 septembre <strong>2012</strong><br />

« L’EAU, SOURCE DE CONFLITS<br />

DANS LE MONDE ? »<br />

par Jean-Pierre BAUDELET, ingénieur géologue diplômé<br />

de l’École normale supérieure de Géologie de Nancy<br />

Le déficit croissant entre le volume des pluies, relativement constant à l’échelle de la planète et<br />

l’augmentation des besoins soulignent l’existence d’une « problématique de l’eau » dont les principales<br />

composantes seront analysées.<br />

La pénurie en eau dans certaines régions peut être à l’origine de litiges, d’intensité évidemment<br />

variables, nommés « hydro conflits », du passé, d’actualité ou à l’état potentiel, concernant les Etats<br />

riverains d’un même bassin fluvial. Les principales causes de ces tensions seront illustrées par des exemples<br />

géographiques précisant les enjeux politico-économiques qui s’y associent, le réchauffement climatique<br />

prévu amplifiant ces problèmes.<br />

Les solutions passent par l’amélioration de la technologie, une meilleure gestion de l’eau et une plus<br />

grande responsabilité des différents consommateurs, mais aussi par la réalisation de grands travaux<br />

hydrauliques qui exigeront la sécurité et la stabilité politique des pays concernés afin de pouvoir bénéficier<br />

des aides financières internationales indispensables.<br />

Synonyme d’élément conflictuel, l’Eau pourrait devenir alors, un facteur fondamental de la<br />

prospérité économique mais aussi de la Paix régionale.<br />

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Mercredi 3 octobre <strong>2012</strong><br />

« L’ORIGINE DU LANGAGE »<br />

par Roger GAY, professeur honoraire à la Faculté de médecine de Limoges,<br />

ancien professeur de réanimation médicale et chef de service au C.H.U. de Limoges<br />

La toute jeune Société de linguistique de Paris interdit en 1866 toute publication sur l’origine du<br />

langage. Ce domaine était considéré comme inaccessible. Ce n’est, que dans les années 1980-1990, que la<br />

conjonction des travaux des archéologues, des anatomistes, des linguistes et des neurobiologistes a permis<br />

des avancées conséquentes.<br />

La verticalisation permanente de nos ancêtres (à partir d’Homo habilis, vers – 2,2 millions d’années)<br />

libère les mains. La latéralisation droite-gauche apparaît ainsi que l’aire de Broca qui sera utilisée plus tard<br />

pour la parole. La position verticale entraîne la descente du larynx. Des espaces de résonance se créent dans<br />

le pharynx, la bouche et le nez. Ils permettront l’articulation du langage.<br />

Homo erectus sera le premier à être ainsi équipé vers – 1,5 million d’années. La fabrication de bifaces<br />

symétriques, la maîtrise du feu vers – 400 000 ans ne sont guère possibles sans, au moins, un langage sans<br />

grammaire, un proto langage. Peu à peu, le cerveau a triplé de volume au profit du cortex cérébral et surtout<br />

des zones frontales. Les sourds-muets utilisent dans le langage des signes les mêmes zones que celles de<br />

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l’expression vocale. Les hommes de Neandertal, à partir de – 250 000 ans ainsi que les Homo sapiens<br />

sapiens anciens à partir de – 180 000 ans disposaient d’une anatomie phonatoire similaire à la nôtre.<br />

Les langues, au sens moderne du terme, sont probablement apparues il y a 80 000 à 60 000 ans en<br />

Afrique. L’articulation des mots pour en faire des phrases a permis l’expression du passé, du futur, du réel,<br />

de l’imaginaire et l’enrichissement de la conscience de soi. Il y a aujourd’hui environ 6 500 langues. La<br />

moitié d’entre elles devraient disparaître avant la fin du siècle, faute de locuteurs.<br />

Le parcours du nouveau-né au jeune enfant (vers quatre ans) retracerait l’évolution des capacités<br />

langagières de nos ancêtres. C’est ainsi que l’on a pu dire que les bébés parlaient préhistorique.<br />

Au total, le langage s’est révélé une arme évolutive redoutable et a permis à l’homme de conquérir le<br />

monde.<br />

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Mercredi 17 octobre <strong>2012</strong><br />

« LE CHANGEMENT CLIMATIQUE :<br />

SES EFFETS SUR LES TRANSPORTS »<br />

par Georges DOBIAS, inspecteur général des Ponts et Chaussées honoraire,<br />

ancien directeur de l’Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité,<br />

expert pour le Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France<br />

Le changement climatique est un fait accepté par tous les scientifiques, même si son origine reste en<br />

débat, concernant le rôle de l’homme dans cette évolution. L’accroissement des gaz à effets de serre fait<br />

également l’objet d’un constat partagé. Parmi les trois grands secteurs émetteurs, industrie, habitat et<br />

tertiaire, transports, seuls ces derniers continuent d’accroître leur contribution. C’est pourquoi, ils focalisent<br />

une attention particulière de la part des scientifiques et des politiques.<br />

C’est évidemment la voiture et le camion qui sont en cause, en raison de leur utilisation de carburants<br />

d’origine pétrolière. Comment imaginer une civilisation moins dépendante du transport routier ? Les<br />

instances du Grenelle de l’Environnement ont examiné les multiples solutions possibles. Moins de véhicules<br />

avec transfert vers les modes de transports « doux », des véhicules utilisant moins ou pas de produits<br />

pétroliers, un développement des modes collectifs, chemins de fer et transports urbains.<br />

Il n’existe pas de solution unique simple, d’autant plus que beaucoup de pistes envisagées ont un<br />

impact sur notre mode de vie quotidien, la qualité de notre mobilité et en fin de compte sur notre<br />

organisation spatiale (plans d’urbanisme, schémas d’aménagement territorial).<br />

Enfin, il nous faudrait réduire nos émissions de gaz à effets de serre rapidement en les divisant par 4,<br />

alors que nos organisations et nos habitudes de vie n’évoluent que lentement.<br />

Quels peuvent donc être les pistes acceptables socialement et financièrement ? C’est ce que le<br />

conférencier développera.<br />

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Mercredi 21 novembre <strong>2012</strong><br />

« LE CARAVAGE OU LA VIE ROMANESQUE D’UN GÉNIE »<br />

par Michel ROUSSEL, ingénieur CNAM retraité,<br />

diplômé de l’École du Louvre<br />

Moi, Michelangelo Merisi, surnommé "Le Caravage", qui suis-je ?<br />

Déjà, mes contemporains me qualifiaient selon les cas, soit d’être un génie, soit d’être né pour détruire<br />

la peinture.<br />

Ma vie est un roman et j’ai voulu qu’il en soit ainsi sans règle ni contrainte, mais vous en saurez peu<br />

sur elle, je garde mon mystère encore aujourd’hui. En revanche, mon œuvre vous en dira un peu plus, bien<br />

que ma carrière ici-bas fût des plus brèves.<br />

Souvent imité, je peux dire que je ne serai jamais égalé. La modestie n’est pas un trait de mon<br />

caractère. Tel un météore, ma postérité artistique sera brève et, un demi-siècle après ma disparition, on ne


parlera déjà plus de moi et pour longtemps.<br />

Je vous convie, par le truchement d’un de mes admirateurs, à me suivre dans ma vie errante, de Milan<br />

à Rome puis à Naples et en Sicile jusqu’à Malte et à découvrir ce que je fis et qui je fus.<br />

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Mercredi 5 décembre <strong>2012</strong><br />

« LES SUPERSTITIONS, D’AUTREFOIS À AUJOURD’HUI »<br />

par Jean RIGOUSTE, toponymiste,<br />

membre de l’Institut d’Études Occitanes<br />

Superstition : le mot signifie « survivance ». Des croyances et des pratiques issues de religions<br />

anciennes (que les religions « officielles » n’ont pas réussi à faire disparaître) ; ou bien des traditions<br />

culturelles diverses qui ont réussi à survivre… Elles sont souvent très anciennes (savez-vous depuis combien<br />

de millénaires on dit : A vos souhaits à quelqu’un qui éternue ?), mais il s’en crée tout le temps, dans les<br />

milieux les plus divers (la mode, la télévision, la Formule 1…).<br />

Les superstitions, en effet, sont universelles, et on les rencontre dans les endroits les plus inattendus (le<br />

Vatican !) ; mais chacun de nous n’a-t-il pas aussi des croyances « magiques » particulières ?<br />

Face à l’ensemble structuré des religions officielles, les superstitions ont tendance à construire une<br />

sorte de hiérarchie des pouvoirs, avec des rites, des formules, voire des Livres (que l’on pense au fameux<br />

Grand Albert !) qui finissent par créer une image inversée des Églises et des liturgies. La frontière entre<br />

culte officiel et pratiques superstitieuses est d’ailleurs assez mince (il y a eu des curés guérisseurs, et les<br />

« sorciers » emploient souvent des formules et des invocations chrétiennes).<br />

Mais d’où vient la capacité de survie, d’adaptation et de développement de ces croyances ? D’abord,<br />

du besoin de protection, contre les forces et les formes du Mal, dans un monde qui était pour beaucoup<br />

terrible et incompréhensible (d’où les amulettes, porte-bonheur… ou les porte-malheur, à éviter !). Et aussi<br />

du besoin de pouvoir, inhérent à l’homme : pouvoir guérir – ou nuire –, mettre à son service des entités<br />

redoutables ; et savoir : savoir les secrets et les trésors cachés, l’avenir et les destins…<br />

Et si elles sont si répandues aujourd’hui, en notre âge technique, scientifique et rationnel, si même<br />

elles se renouvellent, c’est aussi parce que l’homme a un besoin éternel d’irrationnel et de rêve.<br />

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Mercredi 19 décembre <strong>2012</strong><br />

« L’ABBATIALE DE SAINT-AMAND-DE-COLY<br />

ENTRE TÉMOIGNAGES ET INDICES ARCHÉOLOGIQUES »<br />

par Pierre-Marie BLANC, ingénieur de recherche au CNRS,<br />

responsable de l’équipe « Archéologie du Proche-Orient hellénistique et romain »<br />

ArScAn UMR7041 de Nanterre<br />

La majestueuse église abbatiale de Saint-Amand-de-Coly, connue et admirée de nombreuses manières,<br />

nous permet de revisiter son histoire au travers des vestiges archéologiques que de récentes études ont mises<br />

au jour. Cette documentation variée, mais inégale, autorise néanmoins de nouvelles interprétations que je<br />

voudrais proposer à votre réflexion.<br />

Les débuts de l’histoire de ce monastère demeurent encore parés de l’aura de la légende du saint<br />

fondateur, mais au-delà de l’hagiographie, les stigmates des tranches de construction, les éléments du décor,<br />

en place ou réemployés, les réparations et transformations, sont autant de témoins des différentes périodes<br />

de la vie de ce bâtiment que je vous invite à découvrir ou à relire avec moi.<br />

La perspective de nouvelles études physico-chimiques appliquées à la toiture ou bien encore aux<br />

mortiers de construction sera évoquée pour conclure sur les projets portés par l’Association des Amis de<br />

Saint-Amand-de-Coly.<br />

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Mercredi 9 janvier <strong>2013</strong><br />

« PIERRE-PAUL DE RIQUET ET LE CANAL DU MIDI »<br />

par Claude GÉRARD, ingénieur des Ponts et Chaussées<br />

Entre Garonne et Méditerranée, le canal du Midi, ancien canal royal du Languedoc, a été inscrit au<br />

Patrimoine mondial de l’Humanité en 1996.<br />

Cette reconnaissance universelle d’un ouvrage réalisé il y a plus de trois cents ans mérite que l’on<br />

suive la démarche de son inventeur, Pierre Paul de Riquet, depuis la première esquisse vers 1660 jusqu’à<br />

l’inauguration royale en 1681.<br />

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Mercredi 23 janvier <strong>2013</strong><br />

« LE SARLADAIS LA REYNIE (1759-1807),<br />

PRÊTRE, ÉCRIVAIN, RÉVOLUTIONNAIRE,<br />

PROXÉNÈTE, CAMBRIOLEUR ET SOLDAT »<br />

par Brigitte et Gilles DELLUC,<br />

secrétaire générale et président d’honneur de la S.H.A.P., UMR 7194 du CNRS<br />

Alexandre Dumas a cité un court épisode de la vie de Jean-Baptiste de La Reynie. Il n’est pas allé<br />

plus loin. Quel dommage !<br />

Cet abbé sarladais fut successivement combattant de la guerre d’Indépendance américaine avec La<br />

Fayette, secrétaire de Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, homme de lettres, journaliste et pamphlétaire,<br />

héros de la prise de la Bastille, révolutionnaire et compagnon de Beaumarchais, suborneur et proxénète,<br />

farfouilleur impénitent et cambrioleur, soldat de Marine en partance pour les Indes puis combattant à<br />

Jemmapes et en Vendée, indicateur de police, témoin au procès de Marie-Antoinette, suspect de royalisme à<br />

Sarlat, colonel d’état-major, précurseur des commandos Marine au moment du camp de Boulogne et, sous<br />

l’Empire, haut fonctionnaire parisien. Il meurt à l’âge de 48 ans. Que n’eût-il pas fait encore sans ce décès<br />

prématuré ?<br />

Brigitte et Gilles Delluc ont reconstitué, presque jour après jour, en images, l’époustouflante odyssée<br />

de ce Sarladais quasi totalement inconnue et la présentent, en images, sous le titre de « Jean-Baptiste de La<br />

Reynie, prêtre, écrivain, révolutionnaire, proxénète, cambrioleur et soldat ».<br />

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Tuber melanosporum : truffe entière et<br />

coupée, permettant de repérer le péridium<br />

(la peau), les veines blanches et brunes<br />

COMPTES RENDUS DES CONFÉRENCES<br />

(décembre 2011 à mai <strong>2012</strong>)<br />

« LA TRUFFE EN PÉRIGORD »<br />

par Michel GENTY,<br />

professeur de géographie à l’université Michel de Montaigne-Bordeaux III<br />

(Conférence du 14 décembre 2011)<br />

La truffe est un produit emblématique du Périgord. C’est un champignon souterrain qu’on récolte de novembre<br />

à février et qui est vendu sur les marchés à des prix « astronomiques », de l’ordre de 600 à 1200 € le kg. Trois<br />

interrogations majeures ont structuré la présentation de l’exposé :<br />

* la biologie et l’écologie de ce champignon mystérieux,<br />

* l’avènement depuis les années 70 d’une culture « raisonnée » de la truffe avec l’invention de plants<br />

mycorhizés<br />

* une petite géographie des lieux de production et de distribution ainsi que l’inventaire des valorisations de ce<br />

produit exceptionnel.<br />

I - Biologie et écologie de la truffe<br />

La truffe est un champignon qui vit en symbiose avec certains types d’arbres. La truffe ou encore l’ascocarpe<br />

n’est que le « fruit » hivernal produit par le mycélium, filament très fin qui colonise, sous forme de mycorhizes,<br />

certaines racines de l’arbre truffier. Le mycélium de la truffe alimente l’arbre en eau, phosphore, azote et reçoit en<br />

échange divers produits de la photosynthèse – en association symbiotique « donnant-donnant ». Au printemps,<br />

naissent les truffettes qui – pour les survivantes – se développeront avec les orages de fin d’été. Il faut donc neuf<br />

mois pour l’élaboration d’une truffe alors qu’une dizaine de jours suffit pour une poussée de cèpes. En 2010, on a<br />

découvert qu’il fallait deux types de mycélium pour faire naître les truffes... et donc que la truffe avait un « sexe » !<br />

Par ailleurs, l’ensemble arbre / mycélium truffier ne se développe bien que sous certaines conditions écologiques<br />

précises : sols basiques calcaires, climat aux étés chauds, ressources en eau suffisantes. Un programme de recherches<br />

sur les interactions entre le milieu et la truffe, baptisé « Systruf » mobilise des chercheurs d’universités françaises<br />

avec le concours d’Italiens.<br />

En France, la truffe la plus appréciée est la Tuber melanosporum :<br />

elle présente une surface noire externe, appelée péridium, constituée<br />

d’écailles en forme de petites pyramides, dures au toucher.<br />

L’intérieur ou gléba présente un aspect marbré : les veines noires<br />

portent les asques, petits sachets renfermant les spores, les veines blanches,<br />

stériles, sont des canaux par où passent les flux d’échanges entre le<br />

champignon et le milieu ; on pense que la truffe grossit grâce à des filaments<br />

(hyphes) qui puisent leur nourriture dans la terre proche en utilisant<br />

notamment des boulettes fécales laissées par la micro-faune – dont des vers<br />

de terre –. Bien mûre, la truffe exhale des arômes forts et subtils : pas moins<br />

de 80 éléments ont été identifiés dont les plus puissants sont des<br />

diméthysulfures et des aldéhydes.<br />

Parmi les autres variétés de truffe, on peut noter, en France, la brumale<br />

– beaucoup moins appréciée – la truffe d’été (Tuber aestivum), la truffe de Bourgogne (Tuber incinatum) jugées<br />

meilleures. Par ailleurs, en Italie, existe la Tuber magnatum ou truffe blanche d’Alba qu’on trouve sous les peupliers<br />

et qui, très aromatique, atteint des prix trois à quatre fois supérieurs à Tuber melanosporum ! Enfin, ramassée en<br />

Chine, la Tuber indicum arrive en France à bas prix : sans aucun parfum, mais ressemblant à s’y méprendre à la<br />

melanosporum, elle connaît un certain succès auprès d’industriels, voire de restaurateurs.<br />

La culture de la truffe<br />

Longtemps, on s’est contenté de la « cueillette » autour des chênes. Puis, au XIX e siècle, on a semé des glands<br />

provenant d’arbres producteurs, avec, d’ailleurs, un certain succès en Provence et en Périgord. Mais la grande<br />

révolution apparaît dans les années 70 avec la mise au point de plants mycorhizés, sans cesse améliorés ; on plante de<br />

petits arbres dont les racines sont colonisées par le champignon sous forme de mycorhizes. Quels arbres ? Des chênes<br />

pubescents, des chênes verts, des noisetiers, des colurnas ou noisetiers turcs, des pins noirs, des charmes, des tilleuls.<br />

La préférence, actuellement, va aux chênes verts (les 2/3 des nouvelles plantations). Au bout de quelques années (5 à 6<br />

ans pour le chêne vert) des « brûlés » apparaissent autour des arbres, signe que le mycélium truffier est actif.<br />

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Zone « brûlée » au pied<br />

d’un arbre mycorhizé<br />

Diverses méthodes de travail valorisent ces plantations : la méthode de<br />

Pallier, de type arboricole, avec milieu désherbé et même de l’irrigation, la<br />

méthode Tanguy, plus douce, qui laisse les intervalles enherbés qu’on se<br />

contente de faucher ; dans les deux cas, la taille est recommandée pour<br />

amener un maximum de lumière au sol. Ces nouvelles plantations d’arbres<br />

bien alignés contribuent heureusement à la diversité des paysages des<br />

campagnes périgourdines, gagnées trop souvent par des friches et de maigres<br />

forêts. Toutes ces plantations peuvent être subventionnées par les<br />

Départements et les Régions et la trufficulture s’étend sur les coteaux<br />

calcaires.<br />

III - Que fait-on des truffes ?<br />

Et d’abord, comment les récolte-t-on ?<br />

L’utilisation des truies, au flair exceptionnel et au goût prononcé pour le champignon n’est plus<br />

qu’anecdotique : c’est le chien qui a toutes les faveurs des « caveurs », les chercheurs de truffes. Si nombre de chiens<br />

peuvent être dressés, l’espèce la plus appréciée aujourd’hui est le lagotto romagnolo ou chien d’eau de la Romagne.<br />

En l’absence de chien, on peut aussi chercher la truffe à la mouche : muni d’une baguette, le chercheur balaie le<br />

brûlis pour effrayer, s’il y a lieu, une variété de mouche qui pond précisément au-dessus des truffes mûres pour que<br />

ses larves puissent ensuite s’en nourrir : il suffit alors de creuser à l’endroit où la mouche s’est posée, de vérifier si la<br />

terre sent… et de ramasser la truffe : la méthode est certes passionnante mais exige de la patience !<br />

La production annuelle de truffes en France est passée de 1 500 tonnes vers 1880 à 50 / 80 tonnes actuellement.<br />

En Dordogne, l’évolution est la même : d’une centaine de tonnes, la collecte est, bon an, mal an, de 5 à 8 tonnes. La<br />

distribution s’opère sur des marchés rigoureusement contrôlés comme celui de Sainte-Alvère où tous les apports sont<br />

analysés (odeur, canifage) avant d’être classés par catégories et offerts aux acheteurs avec tous les garants de qualité.<br />

Une dizaine de marchés quadrillent le département (ce qui correspond aux zones calcaires de production). La<br />

Dordogne, avec ses 1 500 adhérents aux syndicats de trufficulteurs, sans compter les autres producteurs, fait figure de<br />

terroir de convivialité et d’épicurisme.<br />

La valorisation gastronomique des truffes ne sera qu’évoquée pour ne pas alourdir le compte rendu. Il faut<br />

savoir que les arômes de la truffe sont piégés par les corps gras. Parmi les plats les plus appréciés, citons les toasts au<br />

beurre de truffe, les œufs brouillés, le marbré de foie mi-cuit, les coquilles Saint-Jacques, le brie à la truffe... Le prix<br />

élevé de la matière première a un peu réduit les ambitions des cuisiniers : la dinde demi-deuil nécessitant au début du<br />

siècle dernier 5 bonnes livres de truffes, dans les années 70 (voir le livre de Jean Rebière) en demandait 300 g. Et,<br />

aujourd’hui, on conseille d’utiliser quelques « pépites », en fait des brisures et de petits morceaux.<br />

La truffe, au parfum suave et très puissant est-elle aphrodisiaque ? Brillat-Savarin a écrit qu’elle rendait les<br />

femmes plus tendres et les hommes plus aimables. Peut-être… Toujours est-il qu’elle reste un symbole de luxe et de<br />

volupté.<br />

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« LE PETIT PATRIMOINE BÂTI EN PÉRIGORD NOIR :<br />

CABANES EN PIERRE SÈCHE ET PIGEONNIERS»<br />

par Guy BOYER, professeur chef de travaux en retraite,<br />

vice-président de La Pierre Angulaire, responsable de l’antenne de Carlux,<br />

et Michel CHANAUD, professeur de dessin technique en retraite<br />

(Conférence du 11 janvier <strong>2012</strong>)<br />

Les cabanes en pierre sèche<br />

Dès que l’on s’intéresse de près aux constructions qui font le charme de nos villages, de nos fermes et de nos<br />

paysages ruraux, on découvre une architecture utilitaire, inventive, variée, d’un charme parfois désuet mais non<br />

dépourvu de sens artistique et de poésie.<br />

M. G.


Complètement délaissés à partir du début du siècle dernier au nom du<br />

modernisme et de la productivité, ces témoins du peuple de nos campagnes,<br />

ces repères d’une civilisation proche mais oubliée, sont en voie de<br />

disparition lente mais inexorable.<br />

Depuis la moitié du XX e siècle, des spécialistes éclairés, des<br />

associations, ont mis en valeur ce petit patrimoine auprès des habitants et des<br />

élus grâce aux inventaires, aux restaurations et aux sauvegardes, sortant ces<br />

ouvrages d’un oubli certain.<br />

Guy Boyer et Michel Chanaud, en partageant leurs passions d’étude,<br />

de recherche et de découverte ont apporté une pierre de plus à la<br />

connaissance et la protection durable de cet environnement, élaboré avec passion par des générations de « terriens »<br />

qui aspiraient à une vie meilleure.<br />

Au travers de multiples exemples, Guy Boyer nous fait découvrir<br />

l’architecture de pierre sèche, et plus particulièrement les cabanes du Périgord<br />

Noir.<br />

L’exposé porte sur leur origine historique (et les idées fausses qui y<br />

sont parfois attachées), le nom donné à ces constructions, les techniques de<br />

construction, les matériaux utilisés, les différentes formes qu’elles peuvent<br />

prendre, leur utilité, les causes de leur disparition progressive, leur<br />

restauration. Ces propos sont illustrés par des photos et des dessins<br />

représentatifs de ce « petit » patrimoine local.<br />

La Pierre Angulaire est une association loi de 1901 qui a pour vocation la réalisation de dossiers d’inventaire du<br />

petit patrimoine rural bâti du Périgord en partenariat avec le conseil général de la Dordogne et avec le soutien<br />

technique du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE). Elle couvre tout le département de la<br />

Dordogne. Son siège social se trouve à la mairie du domicile du président (actuellement Périgueux, domicile de<br />

Catherine Schunck, présidente).<br />

Par ailleurs, un dossier constitué sur l’une des nombreuses cabanes qui ont été inventoriées sur la commune de<br />

Veyrignac et destiné à La Pierre Angulaire a été feuilleté pour montrer la diversité de son contenu : géolocalisation,<br />

cadastre, descriptions iconographiques et littérales, historique ...<br />

Les pigeonniers<br />

La domestication avérée des pigeons a commencé sur le pourtour de la Méditerranée : Assyrie, Égypte<br />

ancienne, Byzance, Grèce il y a environ 7 000 ans…<br />

Amenée par les Romains puis par les Croisés, elle a été plus tardive en France où on ne trouve pas de<br />

pigeonniers antérieurs au Moyen Age. Par contre, on en dénombrait environ 42 000 au XVII e siècle et il y a eu<br />

beaucoup de constructions aux XVIII e et XIX e siècles.<br />

Les pigeons bisets qui avaient les falaises pour habitat naturel ont été domestiqués ; les pigeons ramiers<br />

(palombes) qui nichent dans les arbres sont restés sauvages.<br />

Autrefois, les pigeons avaient une réelle utilité. La plus importante était la qualité fertilisante de leur fiente,<br />

désignée sous le nom plus poétique de colombine (celle des oiseaux de mer qui fut importée au XIX e siècle<br />

d’Amérique du Sud était appelée guano). De plus, les pigeonneaux fournissaient une chair appréciée, les pigeons dits<br />

« voyageurs » servaient de messagers, certains de leurs organes ou leur fiente étaient employés en médecine (troubles<br />

oculaires et fièvres malignes) et en cosmétologie ! Accessoirement ils servaient au dressage des faucons à la chasse.<br />

17<br />

G. B.


18<br />

Dans les pays de droit coutumier (au nord d’une ligne Oléron / lac Léman), le droit de posséder un colombier<br />

était un privilège seigneurial, étendu aux abbayes. Dans les pays de langue d’Oc, soumis au droit écrit (droit romain),<br />

la possession d’un pigeonnier était plus commune car simplement subordonnée à la possession de suffisamment de<br />

terres pour que les pigeons puissent se nourrir sans aller piller les cultures des voisins.<br />

Les ravages causés par les pigeons lors des semailles et des récoltes sont un des<br />

griefs qui reviennent souvent dans les cahiers de doléances de 1789. Après la Révolution,<br />

l’abolition des privilèges, dont celui de colombier, a autorisé une floraison de<br />

constructions.<br />

La fonction principale des pigeonniers est de permettre l’élevage des pigeons dans<br />

de bonnes conditions de sécurité, de confort et d’hygiène, et éventuellement de servir<br />

d’annexes utilitaires. Ils avaient aussi une fonction symbolique forte car leur présence<br />

permettait aux seigneurs d’afficher leur rang et l’étendue de leur richesse.<br />

Depuis quelques décennies, leur nombre est en décroissance constante par manque<br />

d’entretien. La cause principale a été l’apparition des engrais chimiques qui ont dévalorisé<br />

la colombine.<br />

On emploie communément les mots « colombier » et « pigeonnier » ; que<br />

désignent-ils exactement ?<br />

- Un « colombier » est « à pied », c’est-à-dire avec des nids sur toute sa<br />

hauteur. Il est toujours isolé et destiné uniquement à l’élevage des pigeons. Il est d’essence noble ou<br />

religieuse.<br />

- « Pigeonnier » est le nom générique pour un bâtiment dont une partie seulement est utilisée pour les<br />

pigeons, pas nécessairement isolé et qui a d’autres usages (remise, fenil, garde pile, fournil, puits,<br />

etc.).On trouve aussi parfois des appellations plus rares :<br />

- Le mot «fuie» (ou fuye) a un sens variable suivant les régions : volière en pays de droit coutumier ou<br />

colombier à pied en pays de droit écrit ainsi que la Bretagne et la région de Blois,<br />

- Un «volet » est un pigeonnier de grenier, dit aussi « de laboureur ».<br />

Les détails qui permettent de savoir si un bâtiment est un pigeonnier sont :<br />

- les passages (trous d’envol, lucarne, lanternon, plages d’envol),<br />

- les protections (randière, pilier, capel, saut de rat, enduits),<br />

- l’aménagement intérieur (boulins, échelle tournante, « trou d’enfer » pour recueillir la colombine de<br />

façon rationnelle),<br />

- accessoirement, les épis de faîtage.<br />

Pour décrire un pigeonnier, on peut commencer par sa forme extérieure générale :<br />

- à base circulaire (généralement plus anciens).<br />

- à base carrée.<br />

- à base polygonale supérieure à 4 cotés (hexagonaux ou octogonaux essentiellement).<br />

- il y a bien sûr des pigeonniers de forme atypique ou rare : troglodytiques, formes composites, ou<br />

comme dans notre région, les modestes pigeonniers-cabanes.<br />

On peut ensuite faire état de sa disposition par rapport aux bâtiments :<br />

- Isolé : sa position dans l’environnement et son orientation par rapport au soleil et aux vents dominants<br />

sont choisies avec soin.<br />

- Attenant ou accolé à d’autres bâtiments, intégré (de grenier, de toiture, tourelle d’angle, en<br />

encorbellement, balet…).


Des compléments peuvent préciser son implantation au sol (pigeonnier sur piliers, pigeonnier sur arcades,<br />

pigeonnier-porche) ou la forme de sa toiture (pied-de-mulet, régional typique : comme Castrais, Gaillacois, à oculus,<br />

etc.)<br />

En conclusion, notre Périgord Noir regorge de ces petits trésors architecturaux et en présente une variété<br />

importante. René Deuscher en a recensé 640 et cet inventaire s’accroît régulièrement.<br />

M. C.<br />

L’enlèvement d’Europe. Métope<br />

du temple de Sélinonte (Sicile)<br />

VI e siècle av. J.-C.<br />

(Musée de Palerme)<br />

--------------------<br />

« EUROPE : MYTHOLOGIE, ART, HISTOIRES »<br />

par Robert DIE, président d’honneur du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />

(Conférence du 25 janvier <strong>2012</strong>)<br />

L’Europe, c’est d’abord un nom, le nom d’un continent ; c’est aussi plus souvent le nom d’un ensemble<br />

économique et politique établi sur une large partie de ce continent ; ce nom nous apparaît si familier que nous ne<br />

ressentons pas le besoin de nous interroger sur son origine, et pourtant il y a là une matière riche aux multiples aspects.<br />

Le cheminement à travers Mythologie, Art et Histoire d’Europe sera facilité par l’existence d’une iconographie<br />

abondante et de nombreux textes.<br />

I – Mythologie<br />

L’étymologie du mot Europe est en débat mais dans tous les cas on retrouve le nom propre de divers<br />

personnages féminins très présents dans la mythologie grecque ; ce peut être une des Néréides comme le sont<br />

également Asia et Libya. Mais la plus célèbre de toutes ces étymologies, celle que l’histoire a retenue, en priorité,<br />

celle qui servira de fil conducteur à cet exposé, c’est Europe la princesse phénicienne, fille d’Agénor, au destin de<br />

star !<br />

Ce souverain phénicien Agénor règne il y a environ 3 000 ans, à Tyr sur la côte libanaise ; il est fils de<br />

Poséidon et fier de sa descendance, trois fils : Cadmos, Phoenix et Cilix, et une fille superbe et chérie : Europe.<br />

En ces temps où grande histoire, petite histoire et mythologie font bon ménage, c’est Zeus, lui-même, le tout<br />

puissant Roi des Dieux de l’Olympe, qui pour conquérir la belle asiate et échapper au regard de Héra son épouse<br />

jalouse, va user d’un de ces stratagèmes qui lui sont familiers : à savoir, prendre une apparence animale.<br />

Non loin de la plage qu’Europe et ses compagnes parcourent, un taureau au regard doux à l’air calme parvient<br />

à gagner la confiance de la jeune princesse. Celle-ci loin d’imaginer le piège tendu accorde des caresses à Zeus-entaureau,<br />

elle finit par monter sur son dos… Il l’emporte sur les flots, s’éloigne rapidement et parvient ainsi jusqu’en<br />

Crète… et à ses fins !<br />

Europe enfantera trois fils dont Minos qui deviendra le sanguinaire roi de l’île, épousera Pasiphaé qui<br />

s’éprendra à son tour d’un taureau et donnera naissance au Minotaure.<br />

Cadmos à la recherche de sa sœur Europe fondera une nouvelle cité :<br />

Thèbes, et sera le propagandiste de l’alphabet inventé par les Phéniciens auquel<br />

succéderont, l’alphabet grec puis le nôtre.<br />

souvent emprunts de poésie.<br />

II – Art<br />

Mosaïques, peintures, sculptures, poésies, il n’est pas un musée, il n’est pas<br />

une bibliothèque où, au détour d’une salle, d’un recueil on ne rencontre la princesse<br />

de Tyr chevauchant un beau taureau blanc.<br />

L’enlèvement d’Europe peut, ainsi, servir de fil conducteur, d’illustration à<br />

l’histoire de l’art occidental et dans une moindre mesure à celle de la poésie.<br />

1 – Du VI e siècle av. J.-C. au IV e siècle<br />

Les représentations de l’enlèvement d’Europe sont innombrables : bas-relief<br />

de Palerme, terre cuite de Béotie, tanagra, vases ou gobelets, peinture de la maison<br />

de Jason à Pompéi et surtout mosaïques : Palestrina dans le Latium, pavement de la<br />

villa romaine de Lullingstone dans le Kent, Byblos au plus près du lieu de<br />

l’enlèvement.<br />

Les nombreux textes des auteurs grecs et latins, Moschos, Lucien, Horace,<br />

Ovide, contribuent à la codification du mythe, à sa diffusion en des termes le plus<br />

19


20<br />

Dans le premier millénaire, le christianisme tout en conservant la nostalgie de l’Empire Romain, rejette peu à<br />

peu toutes les mythologies antiques. Europe est oubliée. C’est seulement à partir du XIII e siècle que réapparaîtra la<br />

princesse phénicienne dans des textes ou dans l’iconographie.<br />

2 – Du XIII e au XVIII e siècle<br />

Ovide qui avait été le principal propagateur du mythe d’Europe au cours de l’Antiquité, bien oublié, est<br />

redécouvert au XIV e siècle dans un Ovide moralisé qui nous donne une vision chrétienne du mythe antique.<br />

Les nombreuses rééditions de cet ouvrage sont souvent illustrées de scènes naïves de cette nouvelle Europe<br />

princesse au visage de vierge, celle qui en même temps inspirera Averlino le Filrète, Liberale da Verona ou Dürer.<br />

Plus tard d’autres artistes reviendront à des représentations du mythe dans sa réalité originelle : le Titien,<br />

Véronèse, Hendrick van Balen, Francesco Albani, Rembrandt, Jacob Jordaens, parmi d’autres, peindront « leur »<br />

enlèvement d’Europe. Au XVIII e siècle, de très nombreux peintres se livreront à l’exercice quasi obligé, ainsi, Noël<br />

Nicolas Coypel, Francesco Zuccarelli, François Boucher.<br />

Du Bellay, Ronsard, et plus près de nous André Chénier, parmi d’autres, tomberont sous le charme de la belle<br />

et nous le diront.<br />

3 – Du XIX e siècle à nos jours<br />

Du XIX e siècle à nos jours, l’intérêt pour le couple princesse-taureau, dans tous les arts, ne faiblit pas : Arthur<br />

Rimbaud l’évoquera dans l’enthousiasme de ses 16 ans en une scène<br />

mythologique, entre violence et érotisme.<br />

Sur la toile sous les signatures de Géricault, Ingres, Gustave Moreau,<br />

Félix Vallotton, Valentin Serov, Bonnard, Matisse, Salvador Dali, des<br />

enlèvements d’Europe sont présents dans les musées du monde entier.<br />

Ici il faut citer Max Beckmann (1884-1950) qui réalise en 1933 une<br />

œuvre particulièrement forte, au moment de la prise de pouvoir et des<br />

premières persécutions nazies ; le peintre y exprime une opposition<br />

dramatique entre un taureau agressif couleur de chemises brunes et une<br />

pauvre Europe, à moitié morte, terrorisée, enroulée sur son dos avec au bras<br />

L’enlèvement d’Europe<br />

vu par Max Beckmann (1933)<br />

un bandeau jaune prémonitoire de catastrophes.<br />

III – HISTOIRE ou histoires<br />

Pour bien comprendre le sens d’un mythe, il faut le suivre tout au long de son évolution, en tenant compte des<br />

strates qui se sont déposées au cours du temps, comme un millefeuille de l’histoire globale de l’humanité.<br />

Europe n’est, dans le monde connu des Grecs, qu’un cas particulier de femme chevauchant un taureau et cette<br />

représentation symbolique se réfère à un culte qui remonte aux plus hautes époques néolithiques (8 000 av. J.-C.). On<br />

évoque souvent une « première culture », dans laquelle le divin est féminin et maîtrise la force de l’animal puissant et<br />

fécondant.<br />

Plus tard, vers la fin de l’Âge du Bronze, le féminin divin disparaîtra peu à peu laissant la place aux Dieux<br />

guerriers et aux mâles à la virilité conquérante.<br />

L’enlèvement d’Europe est ainsi l’illustration d’un des plus grands bouleversements de l’histoire des rapports<br />

entre le masculin et le féminin dont les effets domineront jusqu’à des temps bien proches de notre époque.<br />

1 - D’Europe à l’Europe, du mythe au continent<br />

La définition géographique de l’Europe est loin d’être claire pour les Anciens ;<br />

quant à parler de continent à cette époque ce serait anachronique. Une des premières<br />

références écrite à une région ainsi dénommée apparaît dans l’Hymne homérique à<br />

Apollon (fin du VIII e s. av. J.-C). Dans ce texte, on évoque avec peu de précision, une<br />

aire géographique très réduite.<br />

Quelques siècles plus tard pour Hérodote, puis pour Hippocrate, l’Europe<br />

devient une des trois grandes régions du monde connu.<br />

La culture chrétienne a prolongé la tradition géographique de l’Antiquité, mais<br />

les cartes réalistes sont souvent abandonnées au profit d’une cosmographie<br />

religieuse dans laquelle les trois fils de Noé ont reçu en partage les trois parties du<br />

monde en lieu et place d’Europa, Asia et Libya.<br />

2 - Visions d’Histoire et tentatives d’Europe<br />

Europe ornant les cornes du<br />

taureau avant d’être enlevée.


Il existe plusieurs modèles de division du monde en continents mais c’est l’histoire qui a imposé le découpage<br />

le plus usité du monde en 6 continents : Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie et Antarctique. Pour nous,<br />

Européens, notre histoire est jalonnée de tentatives multiples et variées visant à faire coïncider des constructions<br />

géopolitiques ou culturelles avec tout ou partie d’un ensemble de territoires allant de l’Atlantique à l’Oural.<br />

Entre le monde antique et notre Europe des 27, on ne peut qu’évoquer quelques étapes qui sont autant d’images<br />

ou de tentatives d’Europe :<br />

Les royaumes barbares au V e siècle, Charlemagne qui refait l’unité perdue aux VIII e -X e siècles, les Ottomans<br />

ou une option musulmane aux XIII e -XVII e siècles, l’Europe déchirée aux XIX e -XX e siècles : l’Europe de Napoléon, le<br />

grand Reich de 1942 et l’Europe selon Staline. Enfin la construction depuis 1958 de l’Europe des 27 d’aujourd’hui<br />

et… à suivre ? Peut-être, se souvenant de la vision de Victor Hugo telle qu’il l’exprimait dans son message de la paix,<br />

au congrès de Lugano en 1872 : … Nous aurons ces grands Etats-Unis d’Europe, … nous aurons la patrie sans<br />

frontière … le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud…, la vérité sans le dogme…, Dieu sans le prêtre, le<br />

ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine…<br />

Tout avait commencé entre les rivages de Syrie et l’île de Crète sous le règne d’Agénor avec une belle<br />

princesse : Europe et il a fallu environ 3 000 ans, pour que nous nous retrouvions bien plus au nord, quelque part<br />

entre Bruxelles et Strasbourg, pour parler … de l’avenir notre continent, l’Europe.<br />

R. D.<br />

Chez les mammifères, le cortex<br />

très développé (2) recouvre l'ensemble<br />

des autres structures cérébrales<br />

--------------------<br />

« LE SARLADAIS LA REYNIE (1759-1807), PRÊTRE, ÉCRIVAIN,<br />

RÉVOLUTIONNAIRE, PROXÉNÈTE, CAMBRIOLEUR, ET SOLDAT »<br />

par Brigitte et Gilles DELLUC, historiens<br />

La conférence, qui a dû être annulée en accord avec les conférenciers,<br />

en raison des conditions météorologiques, ce 8 février <strong>2012</strong>, sera reprogrammée ultérieurement.<br />

-----------------------<br />

« LE CERVEAU ET LE TEMPS »<br />

par André CALAS, professeur émérite de physiologie de l’université Victor Ségalen de Bordeaux,<br />

professeur à l’université Pierre et Marie Curie, président de la Société de Biologie,<br />

ancien professeur de physiologie à l’université Paris VI,<br />

ancien directeur de l’Institut de neurosciences de Paris VI<br />

(Conférence du 7 mars <strong>2012</strong>)<br />

En rapprochant les contenus sémantiques des mots cerveau et temps, André Calas construit un exposé qui lui<br />

permet d’évoquer les principaux aspects du développement du cerveau et des progrès récents des neurosciences et des<br />

sciences cognitives.<br />

La phylogenèse du système nerveux qui décrit son évolution au cours du « temps de l’évolution », met en<br />

évidence une complexification progressive et surtout une céphalisation qui aboutit chez les espèces les plus évoluées<br />

au développement d’un cortex cérébral qui recouvre l’ensemble des autres structures nerveuses.<br />

L’analyse de plus en plus précise des étapes du développement du<br />

cerveau, c’est-à-dire son ontogenèse, satisfait l’adage selon lequel<br />

l’ontogenèse récapitule la phylogenèse. L’étape initiale et très précoce en est<br />

la formation à partir de la plaque neurale, structure d’origine de l’ensemble<br />

du système nerveux, d’une gouttière puis d’un tube neural dont la partie la<br />

plus antérieure correspondant au cortex est l’objet d’un développement<br />

particulièrement important. A ce propos, André Calas évoque une découverte<br />

très éclairante des dernières décennies, celle d’un groupe de gènes qualifiés<br />

d’homéogènes. Les homéogènes codent pour la synthèse de facteurs de<br />

transcription. Ces facteurs de transcription sont des protéines qui, en se fixant<br />

sur l’ADN, en amont des séquences transcrites d’un ensemble d’autres gènes,<br />

vont contrôler leur traduction et permettre une expression coordonnée et<br />

géographiquement localisée des protéines constitutives des différentes parties<br />

du système nerveux.<br />

21


22<br />

Les divisions cellulaires qui opèrent au cours du développement embryonnaire dans les différentes parties du<br />

système nerveux s’arrêtent pour l’essentiel à la naissance. Par contre se poursuivent après la naissance et pendant toute<br />

la durée de la vie la mise en place de réseaux ou de circuits qui résultent de l’établissement et de la stabilisation de<br />

contacts synaptiques entre neurones constitutifs. La stabilisation d’un réseau neuronal dépend d’un grand nombre de<br />

facteurs de croissance et semble directement lié à son fonctionnement. Le dogme du non renouvellement des<br />

populations neuronales s’est effondré dans un passé récent par la démonstration de la présence dans certaines zones du<br />

système nerveux et en particulier au niveau de l’hippocampe qui joue un rôle essentiel dans les processus de<br />

mémorisation de cellules souche capables de se diviser et de s’intégrer dans des réseaux existants.<br />

Dans la dernière partie de sa conférence, André Calas évoque sous le vocable de temps cyclique l’existence de<br />

rythmes qui ponctuent l’activité des organismes : rythmes courts comme les rythmes cardiaques ou respiratoires,<br />

rythmes beaucoup plus longs comme les cycles menstruels voire les cycles saisonniers et annuels et surtout les<br />

rythmes les plus prégnants que sont les rythmes circadiens liés à l’alternance jour-nuit.<br />

A la question « les rythmes circadiens sont-ils une propriété intrinsèque de l’organisme ou sont-ils entièrement<br />

déterminés par des paramètres de l’environnement ? » L’expérience apporte une réponse claire. Les études amorcées<br />

par Michel Sifre qui consistaient à se placer au fond d’une grotte dans un environnement constant sans référence<br />

possible à l’alternance jour-nuit montrent la persistance d’un rythme veille-sommeil dont la période initiale de 24<br />

heures augmente progressivement pour se stabiliser à une valeur proche de 25 heures. Se trouve ainsi démontrée<br />

l’existence d’un rythme endogène. L’expérience reproduite chez des rongeurs confirme cette conclusion. Chez ces<br />

animaux la destruction d’une infime partie du cerveau, le noyau suprachiasmatique abolit les rythmes circadiens.<br />

Une greffe de noyau suprachiasmatique rétablit les rythmes. Enfin maintenu en culture, le noyau suprachiasmatique a<br />

une activité qui suit un rythme proche du rythme circadien de 24 heures.<br />

L’origine de cette rythmicité endogène est maintenant bien comprise. Elle met en jeu un mécanisme de rétro<br />

inhibition. Deux gènes très conservés au cours de l’évolution, les gènes per et cry assurent la synthèse de protéines<br />

qui sont des inhibiteurs de leur propre production. La destruction métabolique progressive de ces protéines inhibitrices<br />

lève l’inhibition et un nouveau cycle est initié. Le calage de l’horloge biologique sur le cycle jour-nuit est assuré par<br />

des cellules photosensibles de la rétine reliées au noyau suprachiasmatique. Les gènes horloge per et cry sont exprimés<br />

dans de nombreux tissus dont l’activité suit un rythme circadien.<br />

La synchronisation de l’ensemble de ces horloges est assurée par le noyau suprachiasmatique soit directement<br />

par voie nerveuse, soit indirectement par l’intermédiaire d’hormones dont la production est elle-même régulée par le<br />

noyau suprachiasmatique. L’une de ces hormones joue un rôle particulièrement important, la mélatonine produite par<br />

une petite glande située à la base du cerveau, l’épiphyse ou glande pinéale dont Descartes faisait le siège de l’âme.<br />

La mélatonine est produite pendant la nuit et donc en plus grande quantité en période de jours courts. La mélatonine<br />

participe de ce fait au contrôle d’activités saisonnières comme les cycles reproducteurs chez beaucoup de<br />

mammifères.<br />

Dans un registre complètement différent, André Calas traite de l’influence du cerveau sur le temps ; du fait de<br />

la perception consciente du temps ou encore du temps ressenti. La notion de durée d’une période de temps vécue<br />

dépend largement de l’attention portée aux stimulations sensorielles extérieures. Un trajet inconnu comportant<br />

beaucoup de sollicitations sensorielles paraîtra plus long qu’un trajet retour pendant lequel les mêmes sollicitations<br />

seront rapidement identifiées comme connues. L’enfant soumis à une multitude d’expériences sensorielles, à une<br />

perception d’un temps qui s’écoule lentement, n’acquerra que tardivement la notion d’anticipation. À l’inverse, chez<br />

le sujet âgé, le temps paraît souvent s’écouler rapidement et le passé occupe une part importante de l’espace mental.<br />

Saint Augustin évoque<br />

sa perception personnelle du temps<br />

André Calas termine sa conférence sur le constat que le temps n’est nulle part<br />

ailleurs que dans l’esprit des hommes. Il s’appuie sur l’analyse qu’en fait Saint<br />

Augustin : Le temps n’a pas lieu d’être puisque le passé n’est plus, l’avenir n’est pas<br />

encore et le présent est cet instant infinitésimal immédiatement retourné au néant. Le<br />

temps n’a pas de réalité objective que celle que lui confère la conscience : par la<br />

mémoire le passé, par l’attente l’avenir et par l’attention le présent.<br />

Une fois encore, André CALAS a su passionner son auditoire. L’expression<br />

demeure claire et précise même lorsque sont abordées des notions difficiles. Nul doute<br />

que chacun sera reparti avec les éléments d’une réflexion sur sa propre perception du<br />

temps.<br />

S. J.


« INVENTONS LE FUTUR<br />

OU LE DERNIER DÉFI DE LA FAMILLE PICCARD :<br />

VOLER LA NUIT AVEC LE SOLEIL »<br />

par Michel BOULERNE, ancien directeur général du Groupe Solvay<br />

(Conférence du 21 mars <strong>2012</strong>)<br />

On connaissait les dynasties royales et les sagas financières, mais jamais encore dans l’Histoire une seule<br />

famille n’avait autant marqué le monde de l’exploration qu’Auguste, Jacques et Bertrand Piccard. Dans cette famille,<br />

on invente et on explore depuis trois générations. Comme le note judicieusement l’écrivain Jacques Lacarrière : « A<br />

eux trois, ils rassemblent les rêves les plus fous de l’homme, devenir poisson ou oiseau ». Mais le plus fou c’est qu’ils<br />

ont su changer le rêve en réalité.<br />

La conquête de la stratosphère et des abysses, le premier tour du monde en ballon sans escale, la<br />

démonstration du premier vol perpétuel sans énergie fossile, voilà de quoi pérenniser la légende du capitaine Némo et<br />

de Philéas Fogg.<br />

Trois générations de Piccard :<br />

Auguste, (1884-1962) le grand-père, un savant explorateur, un enseignant chercheur,<br />

un philosophe, un modèle pour Hergé. Son nom reste attaché à l’exploration de la<br />

verticalité : ballon à hydrogène pour la stratosphère et bathyscaphe pour les fosses<br />

marines. C’est en 1944 qu’Hergé, inspiré par Auguste Piccard, crée le personnage du<br />

professeur Tryphon Tournesol dans le Trésor de Rackam le Rouge. Ce qui a fait dire à<br />

son petit-fils Bertrand : « C’est la stratosphère qui a fait entrer mon grand-père dans<br />

l’histoire et les albums de Tintin qui l’ont fait entrer dans la légende ».<br />

Jacques, (1922-2008) le père, océanographe diplômé d’économie, d’histoire et de<br />

physique. C’est lui qui a exploré les profondeurs abyssales (- 10 916 m) de la fosse des<br />

Mariannes, au nord de la Nouvelle Guinée. Il a également travaillé à la réalisation du<br />

module lunaire du programme Apollo.<br />

Bertrand, (1958 - ) le fils, passionné par le vol sous toutes ses formes, psychiatre et<br />

psychothérapeute, spécialiste de l’hypnose. Les pôles, les continents, l’espace et les<br />

abysses avaient été explorés, mais le ballon, bien qu’inventé en 1783, n’avait pas<br />

encore fait le tour de la terre. Il restait donc une page blanche à écrire dans les livres<br />

d’histoire. C’est lui qui en 1999 réalise le tour de la terre en ballon sans escale, à bord<br />

de Breitling Orbiter 3. A son atterrissage en Egypte après son tour du monde en ballon,<br />

il a déclaré : « Nous venons de faire le tour du monde avec 3,7 tonnes de propane !<br />

Mon prochain tour du monde se fera sans un gramme d’énergie fossile ».<br />

C’est ainsi qu’est né ce rêve fou qui deviendra réalité après 10 ans de travail de pionniers : un avion solaire,<br />

capable de voler indéfiniment, de jour comme de nuit, du décollage à l’atterrissage, sans énergie fossile.<br />

C’est le projet Solar Impulse !<br />

Nous sommes tous concernés par notre totale dépendance aux énergies fossiles, par la surconsommation de<br />

nos réserves naturelles, par la surproduction et les émissions de CO2.<br />

Ce projet n’a pas pour objet de transporter à terme des passagers au-dessus de l’Atlantique, mais de démontrer<br />

le potentiel des énergies renouvelables et celui des technologies existantes.<br />

Le Solar Impulse n’est pas le premier avion solaire imaginé par l’homme, mais il est le plus ambitieux. Aucun<br />

de ses prédécesseurs n’a en effet réussi à passer une nuit en vol.<br />

Solar Impulse est un avion de la taille d’un Airbus 340 (65 m d’envergure), avec 200 m² de surface d’aile<br />

portant 12 000 cellules solaires, pesant le poids d’une voiture (1 600 kg) et ayant la puissance d’un scooter (40 cv).<br />

Le premier prototype est né grâce à :<br />

23


24<br />

- 2 hommes d’exception : Bertrand Piccard l’initiateur du projet à la vision avant-gardiste et André<br />

Borschberg l’entrepreneur manager,<br />

- Une équipe de plus de 50 spécialistes aux expériences exceptionnelles,<br />

- Le soutien de plus de 80 partenaires.<br />

En juillet 2010, ce prototype a volé 26 h, sans un gramme d’énergie autre que l’énergie solaire, démontrant la<br />

faisabilité du vol perpétuel.<br />

En mai 2011, invité d’honneur du Salon International Aéronautique du Bourget, il a été vu par 350 000<br />

visiteurs.<br />

Le nouveau prototype, en cours de construction volera en <strong>2013</strong> et fera le tour du monde en 2014.<br />

Le ballon du tour du monde<br />

(Photo coll. Breitling)<br />

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Solar Impulse<br />

(Photo coll. particulière)<br />

« LA PLACE DE L’HOMME<br />

DANS LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE DES SCIENCES DE L’ÉVOLUTION »<br />

par Guillaume LECOINTRE,<br />

directeur du département « Systématique et évolution »<br />

au Muséum d’histoire naturelle de Paris<br />

(Conférence du 4 avril <strong>2012</strong>)<br />

Notre culture considère l’humain comme la perfection parmi les organismes vivants. Cette attitude provient<br />

d’une longue histoire, ancrée bien avant que les sciences biologiques, paléontologiques et anthropologiques ne<br />

prennent leur autonomie politique. Mais les habitudes persistent. Même à une époque où les sciences biologiques sont<br />

autonomes, nous sommes passés d’un corps humain « parfait » parce que créé de la main de Dieu à son image, à un<br />

corps « parfait » du point de vue de son fonctionnement ou de son adaptation.<br />

En premier lieu, les sciences médicales, très puissantes en France du point de vue symbolique, institutionnel et<br />

économique, se sont développées en dehors de la théorie générale de la biologie qu’est la Théorie de l’évolution.<br />

Tant et si bien que le corps humain est considéré comme s’il avait été construit par un ingénieur. On s’intéresse<br />

presque exclusivement au « comment ça marche » et très peu au « d’où ça vient » (en termes historiques). Quand « ça<br />

marche pas bien », c’est une maladie.<br />

En second lieu, même si l’on consent à analyser le corps humain du point de vue de son histoire biologique, le<br />

discours adaptationniste du milieu du XX e siècle n’a rien arrangé. En effet, ce discours rend au corps humain une<br />

sorte de perfection adaptative. Il atomise l’organisme et cherche une cause bénéfique à toute structure prise isolément.<br />

Stephen Jay Gould, célèbre paléontologiste américain, et son vieux compagnon Richard Lewontin, généticien<br />

américain, ont vivement critiqué en 1979 le programme adaptationniste dans un article resté célèbre. Ils remobilisent<br />

le « triangle » d’Adolph Seilacher, paléontologue allemand.<br />

Qu’est-ce que ce triangle ? Ce triangle dit que toute structure présente chez un organisme doit sa présence à<br />

trois facteurs : des contraintes sélectives (l’adaptation), certes, mais aussi des contraintes historiques et des contraintes<br />

M. B.


de construction. On retrouve des traces de ces trois contraintes, selon des proportions variées, sur bien des structures<br />

du corps humain, qui est mosaïque. Et l’on découvre alors que « quand ça ne marche pas bien », ce n’est peut-être pas<br />

une maladie mais une permanence historique. Les maux de notre colonne vertébrale, laquelle s’arrange mal des<br />

compressions que lui impose notre bipédie, en sont un exemple. Tout comme les difficultés de l’accouchement, qui<br />

proviennent largement du fait que notre volume crânien est trop élevé pour un bassin maintenu « presque trop petit »<br />

par notre bipédie.<br />

Certains organes sont de vraies adaptations anciennes : le pouce opposable est apparu il y a 65 millions<br />

d’années comme avantage dans le déplacement parmi les branches des arbres. Ce pouce réalise aujourd’hui une<br />

exaptation chez l’auto-stoppeur : l’exaptation est la mobilisation d’une structure maintenant devenue ancienne pour<br />

une fonction nouvelle. La plume des oiseaux, apparue initialement comme couverture thermique et comme organe de<br />

signalement et d’apparat, réalise une exaptation lorsqu’elle passe au service du vol.<br />

D’autres organes du corps humain sont le fruit de contraintes embryonnaires (et donc architecturales). Le téton<br />

masculin n’est pas là parce qu’il sert à l’individu qui le porte. Sa cause sélective est ailleurs : chez la femme. De<br />

même, le clitoris féminin n’est pas vital à ses porteuses, lesquelles peuvent avoir des enfants même si elles en sont<br />

privées. Sa cause sélective est le pénis masculin. Ces organes, téton masculin et clitoris, résultent de dynamiques<br />

embryonnaires qui poursuivent, sur leur lancée, un trajet plus court qu’il ne l’est dans l’autre sexe.<br />

Enfin, certains organes ne sont pas « adaptatifs » mais résultent de contraintes historiques. Le trajet du nerf<br />

phrénique (nerf moteur du diaphragme), relativement compliqué, est le fruit de l’histoire et non un avantage, puisque<br />

lorsqu’il s’irrite nous avons parfois le hoquet. Son trajet suit le recul d’un bloc musculaire qui est situé dans la<br />

corbeille branchiale des ostéichthyens du Dévonien (- 400 millions d’années), et qui recule, chez les tétrapodes,<br />

jusqu’en arrière de la cage thoracique. Le nerf suivit, au cours des millions d’années, le trajet évolutif du bloc<br />

musculaire qu’il innerve. Ce long trajet n’est pas spécialement un « avantage adaptatif ».<br />

Le corps humain est donc, du point de vue de l’évolutionniste, une mosaïque d’organes datés à des époques<br />

diverses, et dotés de causalités diverses. Ce corps n’est pas « tout-adapté ». Il n’est pas « parfait » non plus. Pour la<br />

seule raison que la notion de « perfection » n’est ni une notion biologique, ni une notion scientifique. Les sciences,<br />

comme entreprise collective d’explication rationnelle du monde réel, ne gèrent pas les discours de valeur : elles n’ont<br />

pas pour rôle de prescrire quoi que ce soit en cette matière dans les champs philosophiques ou religieux.<br />

Si, dans un schéma d’évolution qu’on appelle aujourd’hui un arbre phylogénétique, l’humain est au même<br />

niveau que toutes les autres espèces, ce n’est nullement l’affirmation d’un égalitarisme de valeur, mais au contraire<br />

une neutralité vis-à-vis d’elles. Le corps humain faisant partie du monde réel, il est traité avec les mêmes méthodes<br />

que les autres corps réels. Pour conclure, il faut comprendre que si le cœur des méthodes et des raisonnements<br />

scientifiques n’était pas neutre en valeur, la science, comme entreprise collective, perdrait son autonomie politique.<br />

Pour la Science<br />

25<br />

G. L.


26<br />

Robert Merle à son bureau de travail<br />

en 1985 (Coll. particulière)<br />

« ROBERT MERLE, UNE VIE DE PASSIONS »<br />

par Pierre MERLE, sociologue, professeur d’université<br />

(Conférence du 11 avril <strong>2012</strong>)<br />

Comment présenter une biographie sur Robert Merle ? Je me suis dit qu’il n’y avait pas d’intérêt à présenter<br />

une synthèse de sa vie. J’aurai pu présenter sa guerre, celle de 1939. Il est mobilisé en septembre et attend, comme<br />

toute l’armée française, les ordres de l’état-major de l’armée. Celui-ci attend patiemment l’envahisseur allemand<br />

encore occupé à écraser la Pologne. Drôle de guerre guidée par un grand principe : ne pas attaquer. En avril, petit<br />

frémissement, l’armée se déplace avec un train de sénateur vers la Belgique. Peut-être va-t-on soutenir les Belges qui<br />

se défendent comme ils peuvent contre les Allemands revenus victorieux de la Pologne. Mais non, l’armée française<br />

arrive trop tard et se retrouve enfermée dans la poche du Nord.<br />

Robert Merle vit la débâcle. Les Anglais cherchent à fuir par la mer. Leurs bateaux sont bombardés dès qu’ils<br />

quittent les plages. Robert Merle, excellent nageur, ira chercher quelques<br />

hommes blessés. Puis, il est fait prisonnier pendant trois années après une<br />

évasion manquée. Trois longues années, particulièrement pénibles : il<br />

apprend que sa jeune épouse n’a pas eu la vocation virginale d’une Pénélope.<br />

Il se retrouve seul à son retour de captivité. Dans la biographie de mon père,<br />

j’ai pu détailler cette drôle de guerre grâce à une centaine de lettres qu’il a<br />

envoyées à sa mère pendant toute la guerre. Mais finalement, si cette guerre<br />

est déterminante dans sa vie (elle lui apportera les matériaux de son premier<br />

roman, Week-end à Zuydcoote, qui lui vaudra le prix Goncourt en 1949) des<br />

centaines de milliers de soldats français connaîtront le même désastre<br />

militaire et personnel.<br />

Dans cette conférence, je vais chercher à répondre à une seule question.<br />

Pourquoi cet enfant, né en 1908, à Tébessa, en Algérie, est-il devenu un écrivain à succès, auteur d’une immense<br />

fresque historique de 13 tomes : Fortune de France ? Prix Goncourt en 1949, il entreprend à partir de 1975, une série<br />

romanesque qui allait l’occuper pendant un quart de siècle. Il existe plusieurs façons de répondre : ses rencontres, son<br />

cheminement d’écrivain, son rapport à l’argent, l’histoire de sa vie.<br />

Ses rencontres<br />

En 1956, Maurice Druon, Goncourt 1948, a pris contact avec quelques auteurs, dont Robert Merle, pour<br />

connaître leur avis sur une sorte de mac-carthysation rampante des Lettres françaises. Dans son numéro du 9<br />

novembre 1956, Le Figaro a dressé une « liste noire » des écrivains jugés communistes et aussi une « liste grise »<br />

d’écrivains suspectés de sympathie comprenant notamment Hervé Bazin, Armand Lanoux, Robert Mallet, Pierre<br />

Seghers… Ce fût le premier contact entre Maurice Druon et Robert Merle.<br />

En 1957, mon père dirige une collection : les Femmes célèbres de l’Histoire. C’est une période où l’inspiration<br />

manque à Robert Merle. Dans cette collection, il compte écrire une biographie de Vittoria, princesse Orsini. Cet<br />

ouvrage de type historique l’incite à lire la saga des Rois Maudits, romans historiques de Maurice Druon – grand<br />

succès de l’époque – afin de mieux connaître l’art et la manière de ce mode littéraire particulier.<br />

En mars 1957, Robert Merle confiera à Maurice Druon son admiration pour ses trois premiers romans<br />

historiques : Tout est clair, vigoureux, campé. Je vous remercie de m’avoir instruit, de m’avoir diverti par votre<br />

ironie, et de m’avoir indigné des mœurs de ces gangsters royaux. Robert Merle est séduit aussi par une autre marque<br />

de fabrique de cette trilogie historique : le « style d’époque », « une langue admirable », « source de plaisir pour le<br />

lecteur ».<br />

En 1965, Maurice Druon sollicite Robert Merle pour la rédaction d’une préface pour une nouvelle édition des<br />

Rois maudits, une confidence de Robert Merle à Maurice Druon révèle, si ce n’est un projet, au moins un désir : En<br />

lisant votre admirable chapitre sur Philippe Auguste, j’ai regretté, une fois de plus, que vous ne donniez pas une suite<br />

aux Rois maudits, en la situant peut-être à un autre moment de l’Histoire, je veux dire, à un moment où le pouvoir<br />

royal a joué un rôle plus positif. Le succès des Rois maudits inspirera sans aucun doute Fortune de France qui<br />

perpétue la tradition du roman historique du XIX e avec Balzac, Hugo, Dumas ou Flaubert.<br />

Son cheminement d’écrivain<br />

Une carrière littéraire est une histoire dont l’auteur ne connaît ni le début, ni la suite, ni la fin. Il a eu très jeune<br />

le désir d’écrire. Son premier ouvrage est l’histoire de sa guerre, celle de 39-45. Son deuxième, La mort est mon<br />

métier, ce grand roman sur l’extermination des Juifs étudiée à partir de l’enfance et la vie d’un commandant d’un<br />

camp d’extermination, a connu un succès mitigé en 1953 (depuis, ce livre est devenu un classique qui continue à<br />

beaucoup se vendre).


Suite au demi-échec de La mort est mon métier qui l’a détourné du roman pendant presque dix ans, Robert<br />

Merle a eu une période de littérature engagée. Le livre, Moncada, premier combat de Fidel Castro (1965), raconte<br />

l’attaque menée par Fidel Castro de la caserne de Moncada en juillet 1953 pour se procurer des armes et renverser la<br />

dictature de Batista. Nouvel échec littéraire. Le livre sur le président Ben Bella, premier président de l’Algérie libre,<br />

Ahmed Ben Bella (1965), a aussi été un fiasco littéraire. Les années 60 constituent cependant une période heureuse de<br />

sa vie. Le succès est revenu avec Malevil, ce retour à la vie primitive, ce retour aussi à la guerre entre les hommes. Cet<br />

ouvrage, le premier d’une trilogie de romans au scénario catastrophique (Les hommes protégés, Madrapour), est en<br />

rapport avec la rupture de son troisième mariage.<br />

Le rapport à l’argent<br />

C’est un écrivain qui avait un rapport à l’argent assez complexe. Il pouvait être d’une extrême générosité. J’en<br />

donne des exemples dans la biographie. Dans le même temps, il a toute sa vie discuté comme un homme d’affaires<br />

avisé tous les contrats dans les moindres détails, à l’exception du premier.<br />

Fortune de France fut, selon le mot de De Fallois, son éditeur, une « Fortune de Merle ». Contrairement à<br />

l’habitude, mon père cédait ses droits, non à vie, mais pour seulement dix ans. Le succès grandissant l’amenait à<br />

demander des à-valoir toujours plus grands. Le refus de l’éditeur quand mon père s’est montré trop gourmand, s’est<br />

traduit par une demande de raccourcissement de la durée de cession. Seulement cinq ans pour La Pique du jour, le<br />

sixième de la série. Le succès considérable a eu un effet incontestable sur la longueur de la série. L’interruption au<br />

bout du 6 e volume est venue d’une certaine lassitude.<br />

La reprise de la série, avec le 7ème volume jusqu’à Louis XIII, a eu des raisons littéraires : la parution du<br />

journal d’Héroard, le premier médecin de Louis XIII. C’était une mine d’or. Il existe aussi des raisons financières. En<br />

vendant ce 7 e tome, l’écrivain revendait aussi les six premiers tomes dont il avait récupéré les droits. Il vendait<br />

séparément les autres formes d’édition, par exemple l’édition de poche. Pourquoi cette importance de l’argent ?<br />

Histoire de son enfance<br />

La série Fortune de France prend aussi naissance dans l’enfance de l’écrivain. Il faut revenir à 1850. L’arrièregrand-père<br />

Antoine, paysan pauvre au service d’un comte, à Marcolès, dans le Cantal. Émigration en Algérie. Père<br />

capitaine, interprète, mobilisé en 1915, envoyé aux Dardanelles. Son père meurt d’une fièvre typhoïde quelques mois<br />

plus tard. C’est le premier grand drame de la vie de Robert Merle.<br />

Échange particulièrement affectueux avec sa sœur Christiane : elle n’a pas de père, lui a des relations tendues<br />

avec sa mère, économe jusqu’à l’avarice. Christiane et son frère forment un couple. Ils s’échangent de nombreux<br />

courriers et Robert rêve d’une gloire littéraire. Début août 1924, à la fin de sa quinzième année, Bobby écrit à sa sœur<br />

sur leur grande affaire du moment : J’attends toujours ton scénario de roman. Sais-tu qu’il me tarde de l’écrire et de<br />

le voir bientôt couronné par quelque prix portant le nom de quelques illustres inconnus ?… Mort brutale de sa sœur<br />

au printemps 1925.<br />

Toute sa vie sera une façon de poursuivre ce rêve adolescent de l’écriture. Il devient un excellent élève au lycée<br />

Michelet, puis à l’université. Robert Merle fera une analyse de sa propre carrière scolaire en rapport avec la mort de<br />

son père : La destinée d’un homme tient à peu de choses. Si j’étais demeuré en Algérie, j’aurais fait des médiocres<br />

études dans des lycées moyens. À Paris, je fis mes études secondaires dans un excellent lycée, et mes études<br />

supérieures à la Sorbonne. C’était un paradoxe et son drame : la couronne mortuaire de son père avait donné<br />

naissance aux lauriers de sa gloire littéraire.<br />

La série Fortune de France est une partie de l’Histoire de France et aussi, Robert Merle l’indique : une histoire<br />

de la famille que je me suis rêvé. De fait, il s’agit d’une autobiographique, la vie du héros étant la copie de la sienne. Il<br />

se donnera deux pères : Jean de Siorac et Sauveterre. Le second va mourir dans le 4 e tome. Le premier deviendra<br />

centenaire : il ne le fera jamais mourir. Il fait de nombreuses descriptions de ce père trop tôt disparu dans les tomes de<br />

Fortune de France :<br />

« Mon père (…) avait été en mes maillots et enfances mon insurpassable héros ; en mes vertes années, mon<br />

exemple et mon modèle ; en mes années plus mûres, le miroir dans lequel je désirais inscrire l’image de ma future<br />

vieillesse. (…) Tant est que considérant mon père tout ensemble comme le parangon des plus fortes vertus et des plus<br />

aimables faiblesses, je n’avais qu’un reproche à lui faire, mais celui-ci fort âpre : c’est qu’il mourait selon l’ordre de<br />

la nature avant moi, me laissant seul en un monde désolé » (La violente amour, 1983).<br />

L’engagement de Robert Merle dans la série Fortune de France tient aussi à ce qu’il raconte une période de<br />

l’Histoire de France ravagée par les guerres de religion mais où la raison l’emportera avec l’édit de Nantes en 1598.<br />

Message de tolérance qui correspond aux engagements politiques de Robert Merle. Message toujours actuel.<br />

P. M.<br />

27


28<br />

« LES CISTERCIENS, BÂTISSEURS D’ABBAYES,<br />

XII e ET XIII e SIÈCLES »<br />

par Yvette et Jacques CHANTAL, membres du <strong>Carrefour</strong> universitaire<br />

(Conférence du 2 mai <strong>2012</strong>)<br />

Cisterciens. A ce mot vous entendez des chants grégoriens résonner sous des voûtes, vous voyez des ogives et<br />

des arcades aux lignes épurées. Cisterciens : le terme recouvre beaucoup plus. Aux XII e et XIII e siècles, se crée et se<br />

développe un ordre religieux très important qui va contribuer à façonner et à moderniser le visage de l’Europe<br />

chrétienne.<br />

Sénanque.<br />

Photo Y. et J. Chantal<br />

L’ordre cistercien<br />

Dès les premiers temps de l’Église, des chrétiens souhaitent vivre<br />

pleinement selon les principes évangéliques : des ermites s’installent en<br />

Égypte, dans le désert, pour se consacrer à la prière et à l’ascèse, puis des<br />

monastères apparaissent et le monachisme passe en Europe. C’est pour<br />

organiser cette vie communautaire que saint Benoît rédige une Règle autour<br />

de 540. Grand succès, puis relâchement. Des nouvelles tentatives pour le<br />

respect de la Règle, va naître Cluny qui, avec le succès, va lui aussi s’éloigner<br />

de cet esprit évangélique.<br />

A nouveau un vent de réforme souffle sur l’Église au XI e siècle.<br />

Après plusieurs tentatives, un groupe de moines ermites, entraîné par Robert,<br />

Albéric et Etienne, fonde un nouveau monastère dans les bois marécageux de<br />

Cistels, le 21 mars 1098, jour de la Saint-Benoît ! Après des débuts<br />

extrêmement difficiles, le monastère se développe, surtout avec l’arrivée du futur saint Bernard.<br />

Cistels (qui prendra le nom de Cîteaux) va essaimer et fonder ses premières « filles », La Ferté, Pontigny,<br />

Claivaux avec Bernard pour abbé, Morimonds…, filles qui auront, elles mêmes, des filles. Des abbayes de moniales se<br />

créent et se multiplient. Au XIII e siècle, l’Ordre comptera presque 1 500 abbayes en Europe.<br />

Comment faire vivre un ordre aussi important ? Les Cisterciens se réclamant de Saint-Benoît adoptent les<br />

principes de la Règle : humilité, simplicité, pauvreté, chasteté, charité, principes qu’ils poussent jusqu’à l’ascèse. En<br />

rupture avec le système seigneurial de Cluny, ils souhaitent vivre de leur travail.<br />

Dès lors, l’Ordre s’organise pour faire vivre ces principes. Étienne, le 3 e abbé de Cîteaux, jette les bases de cette<br />

organisation avec La charte de charité et d’unanimité (véritable constitution de l’Ordre). Cette organisation se précise<br />

peu à peu avec les décisions du chapitre général sous l’influence de saint Bernard.<br />

* Toutes les abbayes sont indépendantes, tiennent leur chapitre et<br />

élisent leur abbé, ce qui ne les empêche pas de vivre de la même façon dans le<br />

respect de la Charte. D’autre part, les Cisterciens mettent en place un système<br />

moderne de gouvernance, chaque abbaye-mère contrôlant ses filles et tous les<br />

abbés de l’Ordre se réunissant en chapitre général.<br />

* A l’inverse des Clunisiens, les Cisterciens veulent vivre de leur<br />

travail, ils exploitent de façon rigoureuse et moderne leurs immenses<br />

domaines.<br />

* Enfin au sein de l’abbaye vivent deux types de religieux, poursuivant<br />

le même idéal, sans se mélanger : les moines de chœur ou moines profès qui<br />

se consacrent essentiellement à la prière et les convers qui effectuent les<br />

travaux de l’abbaye et des granges.<br />

Noirlac.<br />

Photo Y. et J. Chantal<br />

L’abbaye cistercienne<br />

L’abbaye cistercienne découle de cette spiritualité et de cette organisation.<br />

Pour s’installer les moines blancs recherchent les fonds de vallées qui, avec la terre, le bois et l’eau, permettent<br />

de vivre en autarcie. De fait, ils reçoivent souvent en donation des terres ingrates et marécageuses qui nécessitent de<br />

sérieux aménagements.<br />

L’abbaye doit permettre aux moines de vivre selon la Règle, aussi son plan et sa construction vont, avec des<br />

adaptations locales, suivre un plan et des principes communs fortement inspirés par Bernard : isolement,<br />

fonctionnalité, dépouillement.<br />

* Une enceinte la coupe du monde extérieur.<br />

* Le cloître soigneusement fermé, mais ouvert sur le ciel par des arcades, prend une dimension mystique. Par<br />

ailleurs, centre fonctionnel de l’abbaye, il distribue la vie et les bâtiments autour de lui. C’est là que les moines se<br />

retrouvent, par exemple, pour la lecture collective.


* L’abbatiale, au nord, adopte les techniques nouvelles des cathédrales (croisées d’ogives) pour laisser pénétrer<br />

la lumière.<br />

* A l’est, dans le bâtiment des moines, se trouvent les salles pour la vie spirituelle<br />

et administrative de l’abbaye : sacristie, salle des moines, chauffoir (seule salle<br />

chauffée), scriptorium, parloir (car, par ailleurs, c’est le monde du silence), et, pièce<br />

essentielle, la salle capitulaire où les profès tiennent leur chapitre. A l’étage, le vaste<br />

dortoir où les frères dorment dans l’inconfort.<br />

* Au sud, les bâtiments assurent les services matériels avec la cuisine et le<br />

réfectoire où les moines prennent un repas extrêmement frugal.<br />

* A l’ouest, l’aile des convers renferme un grand cellier pour le stockage des<br />

productions et des salles pour la vie des convers : réfectoire et dortoir.<br />

* Dans l’enceinte de l’abbaye, nous trouvons encore une porterie et une hôtellerie<br />

pour accueillir les étrangers, des jardins, des moulins, des <strong>ateliers</strong>…<br />

Les Cisterciens ont construit (avec l’aide d’une main d’œuvre extérieure) grand,<br />

solide, soigné, en recherchant la perfection et les meilleures techniques.<br />

On sait que l’art cistercien est associé à la notion de dépouillement, dépouillement<br />

qui va avec leur spiritualité à la recherche de l’humilité et de l’ascèse. Pour saint<br />

Bernard, l’art naît de la perfection, de la rigueur et de la pureté, de l’harmonie des formes<br />

et des jeux de la lumière. Cela peut nous conduire à notre art moderne quand il recherche<br />

la stylisation.<br />

L’exploitation de l’abbaye<br />

Aux bâtiments conventuels, il faut ajouter un immense domaine exploité de façon remarquable en faire-valoir<br />

direct.<br />

Les moines s’efforcent d’acquérir terres, prés, bois, vignes, marais salants, mines… pour pouvoir vivre en<br />

autarcie. Ce vaste domaine se divise en exploitations de quelques centaines d’hectares, autour d’une sorte de ferme<br />

appelée « grange », exploitées par des convers.<br />

Comme les moines blancs s’installent souvent sur des terres ingrates et marécageuses, ils deviennent maîtres en<br />

hydraulique pour drainer les marécages, mettre les marais en valeur, conduire l’eau potable ou construire des moulins.<br />

Ils savent encore repérer et utiliser les meilleures techniques agricoles de l’époque.<br />

A la base : céréales, vin et élevage auxquels il faut ajouter toutes sortes de productions selon les régions.<br />

Certaines granges se spécialisent en fonction du sol et du climat comme la grange vinicole, alors appelée cellier, de<br />

Clos de Vougeot. Ils commercialisent leurs surplus par des maisons urbaines.<br />

Ces activités nécessitent du fer, chaque abbaye possède sa forge et les Cisterciens deviennent maîtres en<br />

métallurgie. Dans ce domaine, ils vont développer et répandre une innovation de première importance : le marteau<br />

hydraulique.<br />

Les Cisterciens n’ont sans doute rien inventé mais ils ont su repérer, développer, les meilleures pratiques de<br />

l’époque avec un sens remarquable de l’organisation et ces procédés se sont répandus dans l’Europe entière.<br />

Additionnées, toutes ces techniques font de l’Ordre cistercien une grande puissance économique.<br />

Cet exposé a présenté l’ordre cistercien des origines, disons l’Ordre bernardin, jusque vers les années 1250.<br />

Ensuite les Cisterciens sont victimes de leur propre succès, de leur expansion, de leur richesse et, la société évoluant,<br />

ils oublient un peu les principes d’ascèse des fondateurs. Il n’en reste pas moins que Cîteaux constitue une grande<br />

aventure humaine et une belle réussite pour l’époque avec, dans son organisation, des accents souvent modernes. Il ne<br />

faut pas mépriser ce Moyen-Age parfois qualifié de « barbare » car les moines blancs ont contribué à façonner et à<br />

moderniser l’Europe, nos paysages et notre patrimoine en porte encore les traces. Alors disons-nous bien que nos<br />

racines s’enfoncent dans ce lointain mais toujours vivant Moyen-Age.<br />

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« CÉZANNE (1839-1906), PEINTRE DE LA MODERNITÉ ? »<br />

par Mireille NILLES, professeur d’histoire<br />

(Conférence du 16 mai <strong>2012</strong>)<br />

Noirlac.<br />

Photo Y.et J. Chantal<br />

29<br />

Y. et J. C.<br />

Paul Cézanne est né à Aix-en Provence en 1839 dans une famille nouvellement bourgeoise car son père,<br />

modeste chapelier venait de racheter une banque qu’il sut faire prospérer. Il fait des études classiques au collège<br />

Bourbon d’Aix où il rencontre Émile Zola. Il aime les lettres, la poésie, la musique, mais il choisit la peinture qu’il


30<br />

pratique à l’école de dessin. Après son bac, il aimerait rejoindre Zola parti à Paris, mais, pour faire plaisir à son père, il<br />

commence des études de droit qu’il abandonne très vite et le voici dans la capitale en 1861. Il s’inscrit immédiatement<br />

à l’académie Suisse où il fait connaissance avec Pissarro et prépare le concours des Beaux-arts où il échoue. Ayant<br />

perdu confiance en lui, il retourne à Aix travailler dans la banque de son père. Bientôt, il ne résiste plus et retrouve de<br />

nouveau l’académie Suisse. Il côtoie Renoir, Monet, Sisley et Manet. Il consacre aussi beaucoup de temps à copier<br />

les grands maîtres vénitiens et hollandais du musée du Louvre, tout en admirant beaucoup Delacroix et Courbet et,<br />

sans oublier le maître du classicisme, Nicolas Poussin. C’est à cette période qu’il rencontre Hortense Fiquet dont il<br />

aura un fils en 1872. Il ne l’épousera qu’en 1886. Il lui consacrera quelques-uns de ses meilleurs portraits.<br />

Cette première période artistique est appelée la période couillarde (1860-1872).<br />

Il emprunte souvent ses thèmes à la mythologie ou à des situations où se condensent<br />

rêves et émotions plus ou moins liés à sa personnalité profonde (Le festin, vers 1867-<br />

1872). Sa palette est sombre, les couleurs contrastées et la touche épaisse. Il<br />

s’intéresse au Romantisme tout en essayant de corriger ses excès d’émotion.<br />

Après les paysages peints en 1870 à l’Estaque, près de Marseille, Cézanne passe<br />

près de deux ans à Pontoise chez son ami Pissarro et à Auvers-sur-Oise chez le docteur<br />

Gachet. C’est la période dite impressionniste de Cézanne (1872-1877). Il travaille en<br />

plein air, sur le motif, sa palette s’éclaircit ; la pâte est moins épaisse, posée en petites<br />

touches ; le travail sur la lumière s’accentue. En 1874, il va rejoindre ses amis<br />

impressionnistes qui exposent chez le photographe Nadar où il présente deux tableaux<br />

(La maison du pendu et Une moderne Olympia) qui seront violemment critiqués et<br />

incompris. Ce qui le différencie des impressionnistes, c’est qu’il ne se contente pas de<br />

restituer le charme d’un sujet mais plutôt la composition minutieuse, la recherche du<br />

L’autoportrait à la palette,<br />

par Paul Cézanne, 1885-1887<br />

(Collection particulière)<br />

juste équilibre entre l’émotion, la forme et l’espace et le travail sur les volumes sont<br />

ses points forts.<br />

Vers 1877, Cézanne commence à entrer dans une période dite constructive<br />

(1877-1890). Ce n’est plus tellement la nouveauté du thème qui l’intéresse, mais les<br />

recherches sur la forme et l’équilibre de la composition, la matérialisation, touche après touche, trait après trait de ce<br />

qu’il appellera ma petite sensation. La recherche se présente aussi sous la forme d’une question : comment introduire<br />

des personnages imaginaires dans un cadre naturel observé ? Des tableaux comme Les trois baigneuses (1879-1882) et<br />

Le grand baigneur (1885) peuvent y répondre. Les personnages deviennent partie intégrante du paysage.<br />

Les paysages de cette période nous révèlent bien cette version<br />

construite du peintre. C’est notamment le cas avec la série de Sainte-Victoire,<br />

montagne qui domine le paysage aixois et qui pour Cézanne est magique.<br />

Dans La montagne Sainte-Victoire au grand pin (1886-1887) le paysage se<br />

construit autour d’un tissage complexe de touches empâtées, parfois fluides,<br />

de lignes complexes, de couleurs harmonieuses et un grand équilibre<br />

s’installe. Le peintre est un grand admirateur de Nicolas Poussin. Il dira : Je<br />

veux faire du Poussin d’après nature.<br />

Cézanne applique les mêmes principes à ses natures mortes, souvent<br />

composées de pommes et d’oranges (denrées peu périssables lorsqu’on<br />

connait la lenteur du peintre). Une phrase résume cette philosophie<br />

constructive : Peindre ce n’est pas copier servilement l’objectif, c’est saisir<br />

une harmonie entre des rapports nombreux.<br />

Vers 1890, Cézanne est au sommet de son art et une nouvelle période<br />

de maturité commence. Elle est appelée période synthétique. Il tente de<br />

La montagne Sainte-Victoire au grand pin,<br />

par Paul Cézanne, 1886-1887<br />

(The Phillips Collection, Washington)<br />

préciser la finalité de son art, réduisant dès qu’il le peut les formes à leurs termes essentiels en voulant arriver à<br />

l’universalité de la peinture. Les joueurs de cartes en sont un bel exemple (1893-1896). La plasticité des figures<br />

traitées par le cylindre, la sphère et le cône sont révélées dans les portraits de cette époque. C’est le cas avec Madame<br />

Cézanne en rouge (1890-1894) ou encore La femme à la cafetière (1895). Le portrait est traité comme une nature<br />

morte mais en même temps la nature morte est traitée comme un véritable portrait. Dans le tableau Pommes et oranges<br />

(vers 1900) on peut distinguer les dernières recherches du peintre.<br />

- La perspective inversée : au lieu de créer une profondeur qui amène le regard vers le fond du tableau, c’est<br />

l’objet représenté qui va vers le spectateur.<br />

- C’est aussi la superposition de plusieurs points de vue, de face, de profil et de différents angles qui donnent<br />

des équilibres instables. Le spectateur a l’impression de tourner autour des objets. On a ici les germes du cubisme.<br />

Peu de temps avant de mourir en 1906, Cézanne poursuit ses recherches. Il travaille jusqu’à l’obsession. La<br />

montagne Sainte-Victoire est toujours un de ses sujets favoris (14 toiles) où il atteint la lisière de l’abstraction. C’est le<br />

cas avec La montagne Saint-Victoire vue des Lauves. Le thème des baigneuses est traité une nouvelle fois avec Les


aigneuses de Zurich (1904-1905) où il nous conduit à des formes essentielles et primitives. Le peintre dira à ce<br />

sujet : Je suis un primitif de l’art nouveau.<br />

- Cézanne ! Il était comme notre père à tous. Cette phrase de Picasso permet de se poser la question de ses<br />

héritiers et de sa postérité. Il n’a pas fait l’unanimité durant son vivant. Son caractère abrupt, peu conciliant et<br />

provocateur a abouti à un jugement souvent négatif. Son travail de recherche dans la solitude n’a pas été compris des<br />

critiques d’art, des officiels de la peinture, ni du grand public. Cela n’a cependant pas empêché ses amis artistes de<br />

croire en lui et de reconnaître son originalité. Ils admirent sa nouvelle façon d’aborder la composition et la couleur. En<br />

1895, Ambroise Vollard, son marchand de tableaux, lui organise une grande exposition où il peut présenter 150 de<br />

ses œuvres. Il est devenu un peintre que l’on visite et que l’on écoute. Émile Bernard, Maurice Denis, Matisse lui<br />

rendent hommage. Quant à Braque et Picasso, les fondateurs du cubisme, ils vont retenir bien des éléments de<br />

l’œuvre de l’artiste et notamment la perspective inversée, la démultiplication des points de vue. Kandinsky, un des<br />

grands maîtres de l’abstraction retiendra sa touche en mosaïque.<br />

Cézanne n’a pas fait table rase du passé, Il est resté un admirateur des « grands anciens ». Grâce à une<br />

recherche personnelle et une façon de peindre authentique, débarrassée des conventions, il peut être considéré comme<br />

le précurseur d’un art nouveau.<br />

M. N.<br />

--------------------<br />

« LES DAGUERRÉOTYPES »<br />

par Dominique GENTY, directeur de recherche au CNRS,<br />

Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement<br />

www.daguerreotype.fr<br />

(Conférence du 30 mai <strong>2012</strong>)<br />

Spécialiste reconnu de paléoclimatologie (science dévolue à l’étude des climats anciens), Dominique GENTY<br />

ne nous entretiendra pas cette fois d’un sujet relevant de sa spécialité académique, mais d’un autre domaine où il se<br />

définit lui-même comme « amateur » dans le sens de celui qui aime, qui est passionné. Il abordera d’abord l’histoire<br />

des débuts de la photographie représentés par le daguerréotype. Ensuite il exposera les principes physico-chimiques<br />

et les techniques mises en œuvre, en général peu connus en dehors des seuls spécialistes.<br />

I - Brève histoire de l’invention<br />

Le daguerréotype, inventé par Daguerre et Niépce, est le premier procédé photographique praticable, très fin et<br />

très contrasté, avec ses irisations et ses teintes variant du bleu au rose et donnant parfois l’illusion du relief. Mis au<br />

point vers 1840, il a été utilisé sur une courte période, environ une quinzaine d’années (1840-1855). Il a fallu résoudre<br />

deux problèmes technologiquement et scientifiquement différents : mettre au point un appareil donnant une image<br />

optique (la camera obscura) puis trouver un procédé pour fixer cette image. Le principe de l’appareil a déjà été décrit<br />

par Aristote qui constate qu’une image renversée peut être observée dans une pièce obscure dont la porte est percée<br />

d’un petit trou. Au Moyen Âge, la camera obscura est utilisée pour l’observation des éclipses, et les artistes de la<br />

Renaissance s’en servent dans leur travail. Au XVI e siècle, un diaphragme a été ajouté, et, à la fin du XVII e , une<br />

lentille convergente ferme le trou et améliore la luminosité et la qualité de l’image. Cette structure est toujours celle<br />

des appareils photographiques modernes.<br />

Il reste à fixer et à conserver l’image. Le noircissement des sels d’argent à la lumière était connu des alchimistes<br />

dès le XIII e siècle. Début du XVIII e siècle, les travaux sur la photochimie de Thomas Wegwood et Humphrey Davy<br />

réalisent des profils d’objets posés sur du papier sensibilisé au nitrate d’argent, mais il est toujours impossible de<br />

conserver l’image.<br />

Le problème de la fixation de l’image a été pour la première fois résolu par la collaboration de deux hommes au<br />

début du XIX e siècle. Un scientifique, Joseph Nicéphore Niépce, et un artiste peintre, Louis-Jacques Mandé<br />

Daguerre. Vers 1826, Niépce avait déjà mis au point l’héliographie qui aboutit à la fixation d’une image dans une<br />

camera obscura à partir de bitume de Judée sur plaque d’étain. Il a ainsi obtenu une image considérée comme la<br />

première « photographie » au monde, après des heures de pose !<br />

En 1829, l’association de N. Niépce et L.-J.M. Daguerre se poursuit par des recherches avec des plaques de<br />

cuivre argentées. En 1831, la sensibilisation de la couche d’argent par l’iode introduit un progrès décisif en réduisant<br />

les temps de pose. N. Niépce décède en 1832. Entre les années 1833-1837, Daguerre met au point le daguerréotype,<br />

terme qui désigne à la fois le procédé et son résultat final sur plaque de cuivre. L’étape décisive a été l’introduction du<br />

développement de la plaque de cuivre argentée et iodée par la vapeur de mercure (juillet 1833). En 1835, Daguerre<br />

propose des modifications du contrat initial à Isidore Niépce, héritier de Nicéphore. Au début de 1837, il utilise du sel<br />

31


32<br />

(chlorure de sodium) pour nettoyer les plaques de l’iode résiduel et fixer l’image, c’est la finalisation du procédé. Il<br />

organise alors une vaste publicité auprès des souverains et savants de l’époque.<br />

Le 19 août 1839, François Arago, astronome, physicien et homme politique de grande renommée, présente à<br />

l’Institut de France la méthode co-inventée par Daguerre et Niépce. Cet événement marque certainement le début de la<br />

photographie parmi le grand public. L’argent, l’iode et le mercure sont alors recherchés par les innombrables amateurs<br />

qui souhaitent fixer l’image de la camera obscura et qui le font avec plus ou moins de succès et souvent sans tenir<br />

compte de la toxicité des produits (iode, brome, mercure), ce qui a entraîné de graves conséquences sanitaires.<br />

II - Formation des images<br />

Comment se forme l’image dans un daguerréotype ? Cette question n’a jamais soulevé un intérêt considérable,<br />

mais depuis quelques années les conservateurs de musée s’y intéressent pour la préservation des épreuves. L’image<br />

initiale, dite latente, n’est pas visible, il faut pour cela passer par l’opération<br />

du développement. Pour obtenir une image il faut réaliser la sensibilisation<br />

de la plaque argentée par des vapeurs d’iode ou de brome. Il se forme ainsi<br />

un cristal où les atomes d’argent, de brome et d’iode sont disposés<br />

régulièrement, avec cependant des défauts : absence d’atome (lacunes),<br />

position interstitielle, le brome remplaçant l’iode, taille trop petite du cristal.<br />

Mais ces défauts sont indispensables à la formation de l’image latente et ceci<br />

par un mécanisme complexe décrit lors de la conférence et dont le résultat est<br />

la création, à partir de l’action de la lumière, de minuscules amas d’argent<br />

métallique. Le développement permet de multiplier le nombre d’atomes<br />

d’argent de ces petits amas par un facteur énorme, de l’ordre de plusieurs<br />

millions, et on obtient ainsi des particules d’argent de dimensions non<br />

négligeables.<br />

Pour les daguerréotypes deux modes de développement ont été proposés : (1) l’action de la vapeur de mercure,<br />

méthode due à Daguerre, (2) l’action de rayons rouge-orange, méthode proposée par Henri Becquerel.<br />

Pour un observateur regardant le daguerréotype, les zones sombres correspondent à des régions où les particules<br />

sont peu nombreuses, grandes et espacées. On observe des zones claires si les particules sont nombreuses, petites et<br />

proches, ce qui entraîne une diffusion importante de la lumière.<br />

Les étapes de la réalisation, modernisées par rapport à celles du temps de Daguerre, se résument comme suit :<br />

1 ) Polissage et argenture de la plaque de cuivre<br />

Les plaques de cuivre font ~1 mm d’épaisseur. Les plaques utilisées au XIX e siècle avaient des formats bien<br />

précis (pleine plaque : 16,5 x 21,5 cm). L’argenture de la plaque de cuivre était obtenue par martelage, et actuellement<br />

par dépôt électrolytique. La plaque argentée doit ensuite être soigneusement polie. Ce polissage est une opération<br />

délicate et essentielle pour la suite des opérations ; toute impureté ou imperfection à la surface de la plaque argentée<br />

laissera des traces sur l’épreuve finale. On utilise du rouge à polir de bijoutier et des disques de coton, et<br />

éventuellement d’autres abrasifs comme l’alumine, pour la finition.<br />

2 ) Sensibilisation à l’iode<br />

Pour la sensibilisation à l’iode, la plaque est positionnée avec sa face polie vers l’intérieur d’une boîte où se<br />

trouvent, au fond, des cristaux d’iode pur. Un volet coulissant en verre permet d’isoler le compartiment d’iode du reste<br />

de la boîte. Le temps d’exposition aux vapeurs d’iode va conditionner en partie la sensibilité ; il varie de quelques<br />

secondes à quelques minutes. L’expérience montre que pour obtenir de bons résultats, la plaque doit prendre une<br />

couleur jaune paille à rose. Les conditions atmosphériques (température, hygrométrie) influencent ce temps. Cette<br />

opération peut se faire dans une ambiance faiblement éclairée et la plaque obtenue est alors recouverte d’iodure<br />

d’argent.<br />

Pour la prise de vue, on utilise une chambre photographique classique adaptée pour y positionner la plaque<br />

argentée. Le temps d’exposition en plein soleil est d’environ 2 à 5 min. Si la plaque a subi une seconde sensibilisation<br />

au brome, le temps est réduit à quelques secondes, ce qui permet de faire des portraits.<br />

3 ) Développement<br />

Il existe plusieurs façons de développer la plaque, autrement dit de révéler l’image latente. La méthode<br />

d’origine est d’exposer la plaque aux vapeurs de mercure chauffé à 60°C. L’image apparaît alors en 2 à 4 min. Cette<br />

exposition se fait dans une boîte étanche et la quantité de mercure utilisée est infime. Cependant, ce procédé, s’il n’est<br />

pas bien utilisé, peut être dangereux. On utilise maintenant plus couramment le procédé Becquerel qui consiste à<br />

exposer la plaque à une lumière rouge, derrière un filtre, en plein soleil, ou alors le procédé de « mercure à froid » qui<br />

consiste à exposer la plaque au mercure à température ambiante dans une cellule où le vide a été fait. Selon le type de<br />

développement, le rendu final sera plus ou moins nuancé en couleurs (rose/bleu).


4 ) Fixage à l’hyposulfite de soude, rinçage et dorure<br />

L’image révélée est immergée dans une solution d’hyposulfite de soude afin de la débarrasser des résidus<br />

d’iode; elle est ensuite rincée à l’eau distillée. L’opération peut être arrêtée à ce stade mais la plaque obtenue sera peu<br />

contrastée et sa surface extrêmement fragile. La dorure à l’or permet de pallier ces deux derniers inconvénients. Pour<br />

cela, on recouvre la plaque d’une solution de chlorure d’or et d’hyposulfite de soude et on la chauffe à forte<br />

température pendant quelques secondes à quelques minutes jusqu’à obtenir le contraste désiré. Cette opération<br />

spectaculaire améliore grandement l’image.<br />

Le conférencier a ensuite enchanté son auditoire en commentant un ensemble de daguerréotypes, certains fort<br />

anciens et d’une valeur historique indiscutable (barricade de la rue du Temple en 1848, portrait de Napoléon III,<br />

Victor Hugo, etc.) et d’autres réalisés par ses soins.<br />

Tous sont d’une finesse et d’une qualité artistique évidente.<br />

Daguerréotype moderne (réalisé par Dominique Genty) effectué sur une plaque 13 x 18 cm<br />

en avril 2011. Chambre Gilles Faller, Schneider 210 mm,<br />

temps d’exposition = 19 min en plein soleil.<br />

33<br />

D. G.


34<br />

Clocher de l'abbatiale d’Aubazine.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

SORTIES & VOYAGES<br />

« LE CARREFOUR CISTERCIEN »<br />

(13 avril <strong>2012</strong>)<br />

Avec le <strong>Carrefour</strong> nous avons visité les abbayes cisterciennes de Flaran, Fontfroide, Noirlac et nous partons<br />

aujourd’hui vers celle d’Aubazine histoire de vérifier que ces monastères, dans leur diversité, présentent un petit air de<br />

famille ce qui nous conduira, le 2 mai prochain à une conférence : Les Cisterciens, bâtisseurs d’abbayes, XII e et XIII e<br />

siècle.<br />

Dès notre arrivée, la vue que nous avons sur l’abbatiale résume l’abbaye d’Aubazine : une façade plate à<br />

pignon d’une austère simplicité ; le ton est donné ! Nous voici au cœur du<br />

monastère, dans la cour du cloître dont les galeries ont hélas disparu. De là<br />

nous mesurons bien l’importance du monastère et nous retrouvons le plan<br />

traditionnel : au sud la masse imposante et sévère de l’abbatiale, à l’est le<br />

bâtiment des moines avec essentiellement la salle capitulaire (avec sa porte<br />

en plein cintre et ses quatre baies géminées), la salle des moines, au nord des<br />

traces de réfectoire mais il ne reste guère que la cuisine, à l’ouest l’aile des<br />

frères convers. La salle capitulaire, la salle des moines, la cuisine illustrent<br />

bien la simplicité cistercienne avec les voûtes d’arêtes reposant sur de forts<br />

piliers.<br />

Début XII e siècle, un petit groupe d’ermites, sous la conduite de<br />

Saint Etienne, fonde ici un premier monastère qui s’affilie à Cîteaux en<br />

Cloître d’Aubazine.<br />

(Photo Y et J. Chantal)<br />

1147…d’où l’abbaye que nous visitons maintenant. Mais l’histoire va entraîner bien des évolutions, évolutions que<br />

nous constatons ici à l’emplacement de l’ancien dortoir transformé au XVIII e en un couloir pavé en pisé et en cellules<br />

individuelles. Transformation encore avec, dans la cour extérieure les restes du logis abbatial quand les abbés<br />

commendataires furent désignés par le roi pour disposer des revenus… Nous sommes alors bien loin de l’idéal de saint<br />

Etienne et des premiers cisterciens.<br />

L’abbatiale se signale par son clocher. Par son élégance et ses dimensions,<br />

ce clocher apparaît comme une exception cistercienne, de plus il passe du carré à<br />

l’octogone par un système savant et unique de gradins. Quand nous entrons dans<br />

l’édifice déjà imposant, comment imaginer sa taille primitive (90 m de long) avant que<br />

le XVIII e l’ampute de trois travées. Solides piliers, voûte en arc légèrement brisé et<br />

doubleaux, grandes arcatures brisées ouvrant sur les collatéraux… Aubazine a conservé<br />

une facture romane alors qu’en Bourgogne ses sœurs optaient pour la croisée d’ogives.<br />

Il est rare de retrouver comme ici des vitraux du XII e , en grisaille, avec de simples<br />

entrelacs pour décor. L’église abrite un mobilier intéressant avec entre autres choses :<br />

le tombeau de saint Etienne ciselé comme une chasse reliquaire, une très rare armoire<br />

liturgique du XII e , des stalles de moines présentant de remarquables têtes sculptées<br />

avec beaucoup de pittoresque.<br />

Comme nous n’avons guère de disposition à pratiquer l’ascèse cistercienne<br />

nous déjeunons très agréablement au restaurant « Le Saint-Etienne » qui complète bien<br />

la visite puisqu’il s’est installé dans d’anciennes dépendances de l’abbaye. C’est plutôt<br />

rare de voir une salle de restaurant de style Renaissance au plafond de poutres peintes.<br />

Nous arrivons maintenant à Martel au pied de remparts et d’une porte protégée par une tour : là encore le<br />

ton est donné : nous sommes clairement dans une petite ville aux origines médiévales. Martel ne se comprend que par<br />

son histoire. Elle a été fondée début XI e s par les puissants vicomtes de Turenne sur des routes commerciales et de<br />

pèlerinage, sur des terres fertiles près de la Dordogne, non loin de la célèbre cité de Rocamadour. Les vicomtes de<br />

Turenne s’ingénient à faire de la ville un marché prospère (du sel notamment) grâce à des avantages divers<br />

(exemptions fiscales ou droit de s’administrer elle-même par des consuls). Puis sénéchaussée royale, elle attire une<br />

noblesse de robe avide de montrer sa richesse et sa puissance par des hôtels particuliers. Et c’est le commerce de la<br />

truffe qui prend le relais au XIX e pour assurer la prospérité de la cité.


C’est ainsi que la ville se protège par une première enceinte puis, expansion aidant, par une seconde<br />

englobant les faubourgs ce qui explique vestiges de remparts et tours. Intégrée dans ce dispositif défensif, l’église<br />

Saint-Maur (XIII e -XVI e ), ne montre guère ses origines gothiques, elle se présente plutôt<br />

comme un bastion massif épaulé de puissants contreforts<br />

et surmonté d’un haut clocher donjon ; par contre sous le<br />

porche nous passons sous un tympan roman pour entrer<br />

dans une large nef de style gothique méridional. Au<br />

centre de la Place des Consuls la halle XVIII e repose sa<br />

charpente sur de gros piliers. De là, nous pouvons<br />

apprécier le palais vicomtal de La Reymondie, sa file<br />

d’arcades en ogive donnant sur la rue et surmontée de<br />

fenêtres à rose Renaissance. Partout le riche passé de la<br />

cité a laissé des hôtels particuliers, de belles demeures,<br />

cela peut aller de la maison XIII e avec encorbellement<br />

jusqu’à celles du XIX e ; partout nous rencontrons des<br />

maisons ouvrant sur la rue par des arcades en ogive.<br />

Eglise St-Pierre, Martel.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

Eglise Saint-Pierre, Carennac.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

Palais de la Reymondie, Martel<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

Carennac, un des « plus beaux villages de France », offre lui aussi un intéressant patrimoine d’art et<br />

d’histoire. Bien sûr » on ne peut prononcer le mot de Carennac sans signaler qu’il s’agit du fief de la famille qui<br />

donne au XVII e siècle le fameux Fénelon. Ce que nous allons voir tient essentiellement au fait qu’au Moyen Age s’y<br />

établit un important doyenné clunisien qui s’épanouit début XVI e .<br />

Nous sommes d’abord accueillis par le château du doyen dans le style de la première Renaissance : larges<br />

façades à meneau, lucarnes sculptées et tourelles d’angle. L’église Saint-<br />

Pierre a conservé sa facture romane ; comme on ne peut ici tout décrire,<br />

prenons le temps de détailler le tympan du porche. Au centre, le Christ dans<br />

sa mandorle, assis sur un trône richement orné, accueille et bénit ; autour de<br />

lui, les symboles des quatre évangélistes, puis les apôtres qui conversent dans<br />

une expression pleine de vie et de réalisme. Nous voyons là une œuvre d’une<br />

grande finesse, d’une grande élégance et qui, par la précision du détail et le<br />

cloisonnement des scènes rappelle les panneaux d’orfèvrerie : original ! Le<br />

cloître roman ruiné lors de la guerre de Cent Ans a été restauré fin XV e dans<br />

un style gothique flamboyant. Il faut<br />

s’attarder dans la salle capitulaire<br />

Maison, Martel.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

pour admirer une Mise au tombeau<br />

tout à fait remarquable. Classique<br />

dans son ordonnancement, elle peint<br />

la douleur des différents personnages avec beaucoup de finesse, de<br />

psychologie, de retenue ; ici nous dépassons l’illustration religieuse, nous<br />

atteignons l’humain universel devant la perte d’un être cher. À Carennac il<br />

faudrait encore prendre le temps de parcourir les ruelles pour découvrir, entre<br />

autres détails architecturaux, des portes et fenêtres Renaissance.<br />

Mise au Tombeau, Carennac.<br />

(Photo M. Morand)<br />

Amis du <strong>Carrefour</strong> si vous ne connaissez pas ces différents sites ne<br />

vous fiez pas à ce résumé taillé à la hache et beaucoup trop court pour rendre<br />

compte de toutes les richesses d’Aubazine, Martel et Carennac. Tenez, par<br />

exemple, en vous promenant dans les rues de Martel vous tomberez<br />

certainement sur cette maison : elle ne se trouve pas dans les guides mais elle<br />

vaut le coup d’œil…<br />

35<br />

Y et J. C.


36<br />

Sainte-Radegonde. Talmont<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

« LE CARREFOUR RETROUVE L’HERMIONE »<br />

22, 23, 24 mai <strong>2012</strong><br />

Comme nous étions partis pour une « potée auvergnate » à Issoire en 2010, cette année nous gagnons<br />

Rochefort pour une « chaudrée charentaise ». Le terme évoque la diversité des ingrédients de cette excursion avec,<br />

pour donner plus de saveur, Hermione, la réplique de la frégate qui emmena La Fayette vers l’Amérique… Ami<br />

lecteur, vous ne trouverez dans le petit catalogue ci-dessous qu’un pâle reflet de la richesse de notre excursion.<br />

Mardi 22 mai<br />

Nous nous arrêtons à Talmont pour déjeuner et le fait mérite d’être signalé, car la salle de notre restaurant<br />

offre une vue panoramique fort agréable sur une anse de l’estuaire de la Gironde, avec ses<br />

falaises et ses carrelets de pêcheurs. Puis nos guides nous font découvrir le village (un des<br />

« plus beaux villages de France ») : les maisons basses blanchies à la chaux et aux volets<br />

bleus s’alignent le long de ruelles bordées de fleurs. L’estuaire, ici fort large, constitue<br />

une très ancienne et importante voie de pénétration maritime qui prit son essor pour le<br />

commerce du vin du temps d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenet le roi<br />

d’Angleterre… vieille et lancinante histoire. Dans ces eaux remuées par la marée<br />

l’esturgeon s’est fait rare mais on pêche encore l’alose, l’anguille, la lamproie, la civelle<br />

pour la réputation culinaire de la région.<br />

Sainte-Radegonde, juchée sur le rempart dominant les eaux, se découvre à nous<br />

par son chevet et mieux vaut en regarder la photo que le décrire. La façade révèle<br />

également son caractère roman saintongeais avec ses différents registres, ses arcatures,<br />

son décor de personnages, de feuillages, d’animaux fantastiques.<br />

Puisque nous parlons d’art roman saintongeais rendons-nous devant Notre-Dame<br />

de Rioux où Jacques nous en détaille les caractéristiques<br />

devant la façade animée par ses corniches, frises, colonnes,<br />

arcatures, sculptures variées d’une grande finesse. Rioux<br />

est surtout connue pour son chevet en trois registres coupés de hautes colonnes portant<br />

toute une série d’arcatures, de colonnettes et de corniches. Ici, on parle de « roman<br />

baroque » pour qualifier cette exubérance du décor : formes géométriques, fleurs et<br />

feuillages, masques, oiseaux, animaux fantastiques… A l’intérieur, cette volonté de<br />

bien faire (de trop bien faire ?) va jusqu’à tordre en zigzags les colonnettes des<br />

fenêtres.<br />

A quelques kilomètres de là, à Saint-Trojan de Rétaud, malgré des<br />

différences, nous retrouvons cet air de famille saintongeais avec un peu plus de sobriété<br />

qu’à Rioux. Nous nous intéressons en particulier aux chapiteaux et modillons qui<br />

développent une série de masques, de musiciens, d’acrobates, un bestiaire plus ou<br />

moins fantastique, avec beaucoup de fantaisie et de minutie dans la sculpture. Les<br />

artistes du XII e siècle semblent avoir eu, en particulier, une prédilection pour les<br />

oiseaux finement ciselés.<br />

Nous allons nous installer à l’hôtel à Rochefort avant d’aller dîner dans un<br />

restaurant sur le port de plaisance ce qui joint l’utile à l’agréable.<br />

Mercredi 23 mai<br />

Aujourd’hui, avec notre guide, nous partons à la découverte de sites et de<br />

monuments, petits ou importants, caractéristiques de cette région maritime de Charente.<br />

Première curiosité : la croix hosannière de Moëze, bel exemple de ces petits<br />

monuments funéraires qui se concentrent surtout en Poitou-Charente. Ces croix servaient<br />

vraisemblablement pour des cérémonies funéraires ou lors de processions. Celle de Moëze,<br />

de style Renaissance, témoigne d’une grande recherche par son architecture et sa sculpture.<br />

Sur un vaste soubassement polygonal en gradins s’élève une sorte de petit temple à<br />

péristyle finement sculpté et le tout dominé par une flèche portant une croix.<br />

Pour nous rendre à Brouage, nous traversons le plat pays de marais, autrefois<br />

marais salants, et d’ailleurs, Brouage fut d’abord un port pour le commerce du sel même si<br />

nous éprouvons quelques difficultés à le concevoir alors que le bourg se trouve<br />

aujourd’hui à six km à l’intérieur des terres. A première vue, devant les remparts, on pense<br />

à Vauban… mais non. Brouage trouve sa vocation militaire avec Pierre d’Argencourt<br />

Notre-Dame de Rioux<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

Croix hosannière de Moëze<br />

(Photo Y. et J. Chantal)


quand Richelieu transforme la petite cité maritime en place forte pour contrer les protestants de La Rochelle et les<br />

Anglais. Vauban intervient plus tard quand Louis XIV et Colbert créent l’arsenal maritime de Rochefort qu’il faut<br />

protéger par toute une série de fortifications. Voilà pourquoi nous nous trouvons maintenant devant un quadrilatère de<br />

forts remparts de 400 m de côté flanqué de fortins et d’échauguettes. Nous pénétrons dans la place, quadrillée au<br />

cordeau, par la « Porte royale », comme il se doit. Nous visitons en particulier « la halle aux vivres » : ce très beau<br />

bâtiment avec de gros piliers supportant des voûtes d’arête de brique et de pierre blanche présente une exposition qui<br />

retrace toute l’histoire de la cité. Puis nous nous promenons sur les remparts dominant des marais à perte de vue.<br />

Et nous voici maintenant embarqués pour Cayenne ! Rassurez-vous,<br />

il s’agit simplement d’un port ostréicole de la commune de Marennes.<br />

Chemin faisant notre guide nous donne quelques informations sur l’élevage<br />

des huîtres dans la région, son importance économique mais aussi ses<br />

difficultés dues aux maladies. Justement notre restaurant se trouve au bout du<br />

bout de ce long chenal bordé de cabanes colorées et de pontons pour les<br />

bateaux à fond plat.<br />

Le pont qui relie « le continent » à l’île d’Oléron permet une vue<br />

d’ensemble sur cette sorte de mer intérieure, vaste domaine de l’huître. A<br />

notre droite, au bout des terres, Port Louvois dresse sa tour et ses<br />

Chenal ostréicole de Brouage.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

fortifications pour protéger le « pertuis de Maubuisson ».<br />

Il faut voir Port des Salines<br />

comme un conservatoire de ce milieu<br />

des marais avec ses étangs, ses chenaux, sa flore et ses oiseaux, avec ses<br />

cabanes aux couleurs vives, avec ses marais salants… Malheureusement, les<br />

marchands du temple envahissent le site et les guides sont trop occupées pour<br />

nous faire découvrir cet écosystème. Il nous reste à voir le musée qui retrace<br />

tout le travail du sel, les marais salants reconstitués (pas encore en production<br />

car trop tôt dans la saison)… et à acheter quelques petits sachets de cet « or<br />

blanc ».<br />

Nous l’avons dit, tout un réseau de fortifications entoure Rochefort,<br />

voici encore une citadelle, et non des moindres, celle du Château d’Oléron.<br />

Mêmes données qu’à Brouage (Richelieu, Pierre<br />

d’Argencourt, Louis XIV et Vauban) pour donner<br />

Lanterne des morts.<br />

Saint-Pierre d'Oléron.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

cette immense place forte dont nous ne visitons qu’une petite partie. Les puissants remparts<br />

dominent la mer de très haut ; de là vue imprenable sur le port ostréicole bordé de ces<br />

inévitables cabanes multicolores, et dans le lointain sur l’île d’Aix également fortifiée et sur<br />

le fameux Fort Boyard.<br />

Au cœur de l’île, à Saint-Pierre, la lanterne des morts domine le bourg de ses 25 m.<br />

Comme les croix hosannières, ce type de construction, fréquent dans l’ouest, relève sans<br />

doute également de rites funéraires en portant un fanal pour honorer les morts. Celle-ci<br />

vraisemblablement du XII e siècle, passe pour être la plus haute et une des plus belles. Sur<br />

une embase comportant un petit autel s’élève la haute et fine tour octogonale, chaque face<br />

étant encadrée par une arcature romane ; ce long fût supporte une tourelle pentagonale<br />

percée de fenêtres romanes pour la lumière du fanal ; une flèche et une croix surmontent ce<br />

lanternon. Voici un édicule original et élégant.<br />

Notre guide nous propose un crochet pour le retour afin de passer par le pittoresque<br />

et touristique port de La Cotinière.<br />

Jeudi 24 mai<br />

Ce matin, Rochefort, car il nous faut revoir l’Hermione… qui a bien<br />

changé depuis notre visite de 2002 ; la carcasse d’alors est devenue une<br />

élégante coque colorée en cours de mise à flot. Derrière la figure de proue<br />

conquérante s’étire un navire de 44 m de long (65 m hors tout) pour 11 m de<br />

large. Elle semble prête, sabords ouverts, à recevoir ses 26 canons de 12. Il<br />

reste encore à accomplir le long travail de gréement pour installer 1500 m 2 de<br />

voiles sur trois mâts. On peut déjà imaginer la frégate voguant vers<br />

l’Amérique… Mais certaines données laissent un peu perplexe : il aura fallu<br />

18 ans de travail là où le chantier du XVIII e ne mit que 11 mois ! Et quand on<br />

pense à la vie des marins à bord on frémit un peu.<br />

La forme de radoub qui abrite la construction de l’Hermione fait<br />

Port des Salines ; île d'Oléron.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

L'Hermione ; Rochefort.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

partie de ce vaste arsenal maritime du XVII e avec comme pièce maîtresse la Corderie Royale. Voulue par Colbert, la<br />

37


38<br />

manufacture devait fournir la marine en cordage d’une encablure, d’où sa longueur de 300 m. Bien qu’industriel le<br />

bâtiment relève de la pure tradition architecturale classique : une façade rythmée par des ouvertures régulières, un toit<br />

mansardé en ardoise percé de lucarnes à frontons. A l’intérieur, exposition sur<br />

le travail de la corde avec démonstration et c’est notre ami Jean-Claude qui<br />

tourne la manivelle pour tordre le chanvre… avec pour souvenir un bout de<br />

cordage à emporter.<br />

Après le repas, nous voici tous installés sur la nacelle du pont<br />

transbordeur pour traverser la Charente, à l’ancienne, afin de visiter un petit<br />

musée consacré à l’ouvrage, le seul en état de fonctionnement en France.<br />

Non, n’y voyez pas la main de G. Eiffel mais celle de Ferdinand Arnodin. Peu<br />

importe, le pont témoigne bien de son époque, 1900, période de l’acier<br />

triomphant. En effet, l’engin en impose : quatre pylônes de 66 m soutiennent<br />

des rails de 175 m à 50 m au-dessus de la Charente, rails sur lesquels circule<br />

Pont transbordeur ; Rochefort.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

féodal du XV e , mais l’édifice a été profondément remanié au XVII e pour de<br />

nouvelles baies et lucarnes, pour un majestueux escalier donnant sur un<br />

balcon. De ce balcon, nous dominons des jardins à la française : quelle<br />

perspective ! Le regard passe sur les allées bordées de buis et de statues,<br />

passe sur une grande pièce d’eau, remonte un escalier monumental et va se<br />

perdre dans une vaste allée au milieu d’un bois. L’intérieur reflète lui aussi<br />

cette époque des XVII e et XVIII e siècles : vestibule, bibliothèque, grands<br />

salons… cheminées, lambris, plafonds aux poutres peintes…, mobilier,<br />

tapisseries, tableaux…, une riche reconstitution.<br />

Après trois jours de dépaysement total, Yvette et Jacques nous<br />

ramènent à Sarlat, le cœur un peu lourd car ce retour vers l’Hermione<br />

constitue leur dernière excursion… en tant qu’organisateurs ! Mais la relève<br />

pense déjà à « de nouvelles aventures ».<br />

Le groupe des Français et des Logroñeses au bord de l’Ebre<br />

le chariot qui porte notre nacelle.<br />

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons visiter le château de La<br />

Roche-Courbon. Les grosses tours rondes crénelées lui donnent l’aspect<br />

--------------------<br />

NOTRE ÉCHANGE AVEC LOGROÑO :<br />

AU CŒUR DE LA RIOJA<br />

(27-29 avril <strong>2012</strong>)<br />

Château de La Roche Courbon.<br />

(Photo Y. et J. Chantal)<br />

Y.et J. C<br />

Quand nous sommes arrivés, quatorze Sarladais, à la Escuela Oficial de Idiomas de Logroño, le vendredi 27<br />

avril, à 17 h, nous avons été accueillis par Miguel<br />

Casals Torres, le directeur de l’Ecole, les<br />

professeurs et les étudiants qui nous attendaient. La<br />

rencontre fut très cordiale, beaucoup se<br />

connaissaient déjà puisqu’ils s’étaient rencontrés<br />

l’an dernier.<br />

Nous nous sommes tous dirigés vers le Salón<br />

de Actos devenu théâtre pour l’occasion : une<br />

charla-espectáculo (discussion-spectacle) était<br />

prévue pour la nouvelle rencontre <strong>2012</strong>, préparée<br />

pour établir à nouveau le contact des Français avec<br />

la Rioja, présentée par des Riojanos de souche et de<br />

cœur.<br />

L’un deux, anthropologue, Carlos Joaquín<br />

Martínez Martínez nous a parlé de la formation<br />

géologique de la Rioja, introduisant son propos en brandissant bien haut un fossile d’ammonite qui attira toutes les<br />

attentions. Ce fossile, il l’avait trouvé sur un des sommets dominant la région...<br />

Il nous conduisit, à l’aide de plans et de cartes, du début de la formation terrestre, passant par la dérive des<br />

continents et la présence de la mer dans la Rioja, puis le retrait de cette mer au moment d’un soulèvement du sol lors<br />

de la formation des Pyrénées, jusqu’à nos jours, tout en évoquant les changements climatiques et l’évolution de la


vie... Tout un voyage dans le temps qui a apporté des réponses à nos propres questions.<br />

Le poète, Julio Arnaiz, a mis en valeur l’âme de la Rioja dans ses poèmes dont le recueil Algo de mí sera relu en<br />

France.<br />

Michel García, auteur compositeur bien connu dans son pays, nous a donné une idée de son répertoire musical à<br />

la guitare et de ses chansons, utilisant parfois l’accompagnement de deux coquilles Saint-Jacques qu’il faisait<br />

s’entrechoquer légèrement, rappelant ainsi le grelottement des castagnettes...<br />

Quant à Federico Soldevilla, expert en thèmes riojanos, il est parti d’une série de photographies pour évoquer<br />

Logroño et son évolution dans le temps, au bord de l’Ebre et sur le chemin de Saint-Jacques.<br />

Il ne faut pas oublier le passage sur scène de la papillonnante et légère Gloria, professeur de danse<br />

classique, élève de la Escuela de Idiomas, qui, tel un clown blanc, a donné une réplique brève et quelquefois à<br />

contretemps bien étudié, aux quatre intervenants tout en les présentant... Ce fut une charmante symphonie, un accueil<br />

des plus joyeux, des plus sensibles et tout se termina par la distribution d’un cadeau de bienvenue aux Sarladais : une<br />

bouteille de vin de la Rioja, bien sûr, à l’étiquette de la Escuela Oficial de Idiomas, El fuero de Logroño, 1987-<strong>2012</strong>,<br />

25 o Aniversario.<br />

Un cru sélectionné pour le 25 e anniversaire de l’École, bien présenté dans sa bouteille au cachet de la Rioja et le<br />

tout dans un emballage de toile cirée couleur vin à l’intitulé couleur or de l’Ecole... Élégance et classe.<br />

Nous sommes partis ensuite vers la vieille ville où un rendez-vous avait été pris par nos correspondants avec un<br />

artisan botero, fabricant de botas, c’est-à-dire de gourdes en cuir pour le voyageur à pied, le pèlerin de Saint-Jacques<br />

ou toute autre personne amateur d’objets confectionnés dans la tradition.<br />

Puis ce fut la visite de l’église Saint-Jacques (Santiago) dans la tour de laquelle nous avons gravi les 80 marches<br />

d’un escalier en colimaçon, nous menant à l’extrados de la voûte. Après avoir gravi les dernières marches, les visiteurs<br />

ont eu accès à une terrasse d’où ils ont pu voir la ville dans son ensemble.<br />

Nous nous sommes rendus ensuite à la Sidrería San Gregorio, restaurant à la superbe voûte faite de briques<br />

fines rouges, ancienne cave installée dans la vieille muraille de la ville... élégant et imposant, mais aussi succulent,<br />

servant, bien sûr, des plats de la Rioja, où le jamón ibérico côtoie le chorizo a la sidra et la morcilla al vinagre de<br />

Jerez.<br />

Le lendemain fut un jour d’excursion vers Santo Domingo de la Calzada, étape importante sur la route de<br />

Saint-Jacques de Compostelle, qui accueille, dans son prestigieux parador aux harmonieuses arcades gothiques, des<br />

hôtes argentés, alors qu’à l’origine, il était une auberge hôpital d’accueil pour les pèlerins harassés...<br />

La cathédrale, fraîchement restaurée et mise en valeur, nous a ménagé un moment de lente contemplation et de<br />

ravissement des yeux et de l’esprit, assis devant le chœur tout en écoutant un jeune guide frais sorti d’une école des<br />

Beaux-Arts qui évoqua fort clairement et fort intelligemment l’histoire du monument. Santo Domingo de la Calzada<br />

transmet de génération en génération l’histoire d’un miracle médiéval où le saint serait intervenu pour sauver de la<br />

mort un jeune pèlerin condamné à tort au gibet pour vol, et dans cette belle histoire, un coq et une poule rôtis seraient<br />

revenus à la vie pendant un repas, confondant le juge... La cathédrale veille sur un couple de gallinacés placé dans un<br />

joli poulailler bien sculpté, bien à la vue de fidèles...<br />

On ne peut oublier, dans cette mémorable excursion, le rôle de présentatrice et d’animatrice de Carmen Soto,<br />

heureuse de nous parler de la petite ville de Santo Domingo de la Calzada où elle est née, des légendes du chemin de<br />

Saint-Jacques, en particulier celle de la poule et du coq miraculés, heureuse de chanter les chansons de sa jeunesse et<br />

de fêtes avec ses amis de là-bas... Elle est allée jusqu’à danser devant nous et à entonner les chants de David Moreno,<br />

le propriétaire des Bodegas David Moreno, lui donnant la note du départ... Un vrai boute-en-train, elle était l’âme du<br />

voyage ce jour-là. Merci Carmen.<br />

Passant par Ezcaray, « village enchanteur », aux rues bordées de soportales (galeries) de pierre et de bois, nous<br />

avons vu un atelier de tissage artisanal de laine de belle qualité... un moment de rêve de confort.<br />

Puis, la Rioja oblige, nous sommes entrés dans les Bodegas (les caves) David Moreno, une légende vivante, par<br />

sa réussite malgré les difficultés, par son obstination, infatigable dans son travail de cata (il goûte les vins),<br />

irrésistible par sa bonne humeur et ses chansons... une rencontre d’une grande rareté.<br />

Le repas s’est pris dans ses caves et nous y avons goûté les délicieuses patatas a la riojana accompagnant les<br />

chuletillas al sarmiento (la vigne était au rendez-vous avec ses sarmientos (sarments).<br />

Puis ce fut la visite du monastère cistercien de Cañas où les vitraux de l’église sont remplacés par de l’albâtre<br />

qui laisse passer une lumière blanche, la lumière divine.<br />

La rencontre, ensuite, avec un alfarero (potier) de formes traditionnelles, nous a permis de voir des grandes<br />

cruches de sorcières (nous avons su le détail par le récit du potier, qui a passé sa vie à recueillir les traditions potières<br />

et par un visage de sorcière enchâssé dans la pâte).<br />

Un coup d’œil fut jeté en passant sur une architecture étrange. Le cimetière de Navarrete, non loin de l’atelier<br />

de potier, a un mur d’enceinte constitué des éléments d’une église romane en ruine : l’entrée du cimetière est le portail<br />

de cette église. Dans le mur, se retrouvent encastrés, le bénitier, les colonnes...<br />

39


40<br />

Repas dans la cave de la cidrerie,<br />

à Logroño<br />

Le repas du soir s’est pris avec les amoureux des bonnes tapas bien<br />

rebondies, aux noms pittoresques et gourmands : pinchos matrimonios,<br />

zapatillas de jamón con tomate... tout cela dans une atmosphère de brouhaha<br />

assourdi des conversations diverses et animées, dont on n’entendait que le<br />

roulement des voix entremêlées.<br />

Le séjour s’arrêta le lendemain, le troisième jour à Logroño. Pour<br />

terminer ce séjour riche en rencontres et découvertes, Ana Merino, notre<br />

correspondante responsable à Logroño nous avait ménagé une lente<br />

promenade au bord de l’Ebre, légèrement en crue, qui nous a permis de<br />

décanter les impressions et de prendre conscience que la ville a ses cigognes,<br />

ses promenades, un musée fort joli installé dans l’ancien abattoir au bord de<br />

l’Ebre, dont on a su rétablir l’élégance par une restauration fort réussie...<br />

Beaucoup ont pu y admirer des photos d’art d’oiseaux connus ou moins connus dont les couleurs extraordinaires<br />

étaient révélées, parce que fixées sur une pellicule, alors que l’oiseau en mouvement ne permet pas toujours de les<br />

voir.<br />

Encore un repas, ensuite, nous a réunis : c’était le repas de la despedida, l’au-revoir, où une surprise nous<br />

attendait : celle de tirer au sort l’heureux propriétaire de la bota avec laquelle il a fallu apprendre à boire...<br />

Evidemment, une rencontre de ce genre a tout l’attrait de la découverte et de l’amitié d’un accueil cordial et<br />

chaleureux. Le côté positif de la chose, c’est aussi et surtout les liens qui se sont noués entre les correspondants. Le<br />

besoin de correspondre par E-mail ou par téléphone s’est fait ressentir toute l’année et les progrès dans la langue de<br />

l’autre pays sont devenus nettement palpables chez tout un chacun.<br />

Il a plu ?, il a fait froid cette année ? ... comme dans toute l’Europe, mais, comme dit Yvette, le soleil au cœur<br />

était dans l’amitié.<br />

J. L.<br />

NOTRE ÉCHANGE AVEC LOGROÑO (LE RETOUR),<br />

ENTRE BEYNAC ET SAINT-ÉMILION<br />

(25-27 MAI <strong>2012</strong>)<br />

Nous proposons ici les impressions « à chaud » d’Amparo Contreras Pereda sur le séjour fait en Périgord par<br />

nos amis Logroñeses mises en ligne seulement trois jours après l’arrivée dans la capitale de la Rioja, sur le site<br />

logrosarlat.blogspot.fr de la Escuela Oficial de Idiomas de Logroño, ainsi que celles de Gloria Milon, autre élève, ou<br />

d’Isabelle Cabard, enseignante dans la même école, et originaire de Saint-Pompon…<br />

Nous sommes revenus très contents des retrouvailles avec nos amis sarladais. Comme d’habitude, nos<br />

correspondants sont extraordinaires, très accueillants et totalement penchés vers nous. La fin de semaine a été une fête<br />

permanente.<br />

Dès notre arrivée, on a pu constater que des bonnes sensations liées à des visites inoubliables pour la beauté des<br />

sites et monuments et du paysage, le cadre est exceptionnel : la promenade par les rues de Sarlat, la visite de la<br />

forteresse de Beynac, l’un des plus beaux villages médiévaux de France (on a pu voir les gabarres naviguer sur la<br />

Dordogne).<br />

Pour finir ce premier jour, un dîner super dans la salle des fêtes de Cénac ! Quelle gentillesse ! Quel soin !<br />

Comme ils se sont engagés pour la soirée ! À mon avis, ça à été une idée géniale afin de nous joindre pour les jours à<br />

suivre. La soirée cabaret avec Le pas du Fou a été très, très amusante, nous avons beaucoup ri. En outre, Étienne a<br />

proposé à Gloria de danser… Ça s´est fait et nous nous sommes régalés de son bon style.<br />

Le jour suivant a commencé très tôt. L’emploi du temps était très serré. Du matin au soir, nous nous sommes<br />

occupés à faire des visites à des endroits uniques comme l’église abbatiale Sainte-Marie à Souillac, le Musée de<br />

l’Automate où on a pu voir des créations uniques des pantins articulés à moteur, très jolis et sympas. On a visité aussi<br />

la Distillerie Roque, dont l´arôme de la liqueur de fruits envahissait le tout. Le soir, on a visité le site de Rocamadour<br />

où, par la guide, on a connu l’histoire du moine fondateur, comment cet endroit est devenu l’un des passages du<br />

pèlerinage du chemin de Saint Jacques. Les vues étaient très belles. Le dîner s’est passé très à l’aise, on a parlé de la<br />

pluie et du beau temps.<br />

Jack, le mari de Joëlle, m’a proposé de lire un livre que je trouve intéressant car l’histoire a des similitudes avec<br />

Elle s’appelait Sarah, dont le titre est Les Bienveillances, prix Goncourt 2006. Je vais essayer de le trouver à Logroño<br />

mais autrement il m’a dit qu’il va me l’envoyer.<br />

Le dernier jour, dimanche, on est allé voir les vignobles à Saint-Émilion, où nous avons fait une<br />

« dégustation » et visité un château, nous avons acheté des souvenirs et des bonbons aux chocolat, humm ! Le repas a


été très convivial, on a parlé, ri, chanté, dansé..., bref tout a été parfait.<br />

Tout au long du retour, nos amis étaient dans notre esprit. Enfin, je pense que nous faisons tout à fait partie d’un<br />

réseau social vivant et enrichissant.<br />

Amparo Contreras Pereda<br />

Le vendredi 25 mai bourgeonnait sur l’horizon et en face de l’École de Langues à Logroño un petit groupe<br />

d’élèves se disposait à entreprendre le voyage au Périgord Noir. Les kilomètres se succédaient tandis que nous<br />

bouillions d’impatience pour retrouver nos amis français. Nourris par le soleil, nous avons été reçus par nos<br />

amphitryons dans la belle ville médiévale de Sarlat. La joie inondait nos cœurs. Trois jours merveilleux<br />

commençaient en partageant chaque moment dans un échange très amical d’expériences, de connaissances, des<br />

sentiments... dans une atmosphère d’un mutuel enrichissement franco-espagnol. Le dîner du premier soir qui a suivi a<br />

été particulièrement émotif. Une mention spéciale à Marie-Jeanine pour sa contribution au succès de cette veillée.<br />

Toutes mes félicitations à Patricia Lebailly et sa troupe de théâtre pour sa représentation magnifiquement interprétée et<br />

sa mise en scène dans le noir et le rouge. Toutes les visites et excursions ont été magnifiques, surtout Rocamadour<br />

avec ses sanctuaires et ses constructions impressionnants à flanc de rocher. Merci pour tout.<br />

Gloria Milon<br />

C’est avec enthousiasme et plaisir que nous avons passé ces journées en compagnie des Sarladais, une<br />

rencontre, qui dès le début s’est placée sous le signe du soleil. Il faisait chaud<br />

et la lumière faisait ressortir la pierre des jolies maisons du Périgord. En<br />

effet, le soleil a brillé tout au long du séjour, symbole d’un accueil<br />

chaleureux, convivial et familial. Les visites choisies inscrites dans un cadre<br />

naturel impressionnant (pierres et végétation confondues : château de<br />

Beynac, sanctuaire de Rocamadour…) ont intéressé vivement les esprits et<br />

constitué un régal des yeux, la gastronomie locale a été aussi au rendez-vous<br />

(les plats et les desserts faits maison ainsi que les terrines, les confits de<br />

canard, les moelleux au chocolat, et les tartes aux poires… ont été un vrai<br />

Château de Beynac.<br />

(Photo M. Morand)<br />

culturel où chacun a su profiter des moments qui lui ont été offerts.<br />

délice... et un grand merci au spectacle cabaret qui a joliment agrémenté la<br />

soirée du vendredi soir et qui a aussi beaucoup plu.<br />

Bref, notre échange a été un véritable enrichissement linguistique et<br />

PROPOS OU PENSÉES EN QUÊTE D’AUTEURS<br />

41<br />

Isabelle Cabard<br />

Essayez de retrouver quels sont les auteurs des propos ou des pensées qui suivent, réunis par Roger Nouvel.<br />

Pour vérifier vos propositions, vous retrouverez les réponses en bas de page.<br />

1 – C’est un secours extraordinaire pour un être humain d’avoir été aimé.<br />

Sigmund Freud ou Alphonse de Lamartine ?<br />

2 – Le malheur de ceux qui ont trop aimé les femmes, c’est de les aimer toujours.<br />

Joseph Joubert ou Dominique Stauss-Kahn ?<br />

3 – Quand je suis seul, je suis en mauvaise compagnie.<br />

Paul Valéry ou Jean-Paul Sartre ?<br />

4 – Le rêve est une seconde vie.<br />

Gérard de Nerval ou Alfred de Musset ?<br />

5 – La femme est la propriété de l’homme comme l’arbre à fruits est la propriété du jardinier car la femme<br />

donne des enfants mais c’est l’homme qui en décide.<br />

Napoléon I er ou le Pape Pie XII ?<br />

6 – La monogamie laisse beaucoup à désirer.<br />

Francis Blanche ou François Mitterrand ?<br />

7 – J’ai légué tous mes biens à ma femme à condition qu’elle se remarie. Ainsi, il y aura tout de même un<br />

homme pour regretter ma mort !<br />

La Calprenède ou Scarron ?


42<br />

8 – Quand le temps est maussade, dites-vous bien que c’est lui qui l’est, et pas vous. Rien ne vous empêche de<br />

l’imiter mais ce n’est pas obligatoire.<br />

Jules Renard ou Jean d’Ormesson ?<br />

9 – Dans mon jardin, je laisse pousser les ronces et les orties car ces plantes sont les plus faciles à entretenir.<br />

Alfred Jarry ou Claude Lacombe ?<br />

10 – Les parents n’élèvent plus les jeunes, ils les financent.<br />

Jacques Salomé, écrivain, ou Geneviève Feurstein-Garrigou ?<br />

11 – Quand on est amoureux de sa vie et de celle des siens, on doit chercher à découvrir les signes avantcoureurs<br />

du futur proche.<br />

Michel Serres ou Jean Nouvel ?<br />

12 – Ce n’est pas que j’aie peur de mourir, mais je préfèrerais ne pas être là quand ça arrivera !<br />

Woody Allen ou Alphonse Allais ?<br />

13 – Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre.<br />

Louis Aragon ou Paul Éluard ?<br />

14 – Nous n’avons rien à attendre d’un monde trop plein.<br />

Claude Lévi-Strauss ou Francis Guichard ?<br />

Réponses<br />

1 – C’est Sigmund Freud.<br />

2 – C’est l’écrivain philosophe Joseph Joubert ; natif de Montignac, qui fut sous l’Empire, l’un des premiers Inspecteurs Généraux de<br />

l’Éducation, et qui fit créer à Montignac le premier Collège Public de la ville.<br />

3 – C’est Paul Valéry.<br />

4 – C’est Gérard de Nerval. Il s’agit de la première phrase de son ouvrage Aurélia.<br />

5 – C’est Napoléon I er .<br />

6 – C’est Francis Blanche.<br />

7 – C’est l’écrivain Scarron, qui mourut encore jeune au terme d’une très dure maladie. Sa veuve, Mme de Maintenon, épousa, après le<br />

décès de la reine Marie-Thérèse, le roi Louis XIV !<br />

8 – C’est Jean d’Ormesson.<br />

9 – C’est Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi.<br />

10 – C’est Jacques Salomé, psychologue et écrivain, mais Geneviève, notre présidente, pense, a-t-elle dit, à peu près comme lui.<br />

11 – C’est Jean Nouvel, dans l’éditorial d’un numéro d’Architecture d’Aujourd’hui.<br />

12 – C’est Woddy Allen.<br />

13 – C’est Paul Éluard.<br />

14 – C’est Claude Lévi-Strauss, mais Francis Guichard a dit, lors d’une intervention après une conférence, qu’il pensait (et je pense de<br />

même) que l’explosion démographique dans le monde était l’un des plus grands dangers pour notre Terre.<br />

Elle nous a quittés<br />

Une très amicale pensée pour Germaine Meyer<br />

Germaine Meyer, qui nous a récemment quittés, avait très activement participé à l’essor du <strong>Carrefour</strong><br />

universitaire au cours des douze premières années d’existence de l’association.<br />

Après avoir dirigé pendant longtemps la pharmacie de l’extrémité de la Traverse, et après l’avoir confiée à son<br />

fils Michel Vial, elle vécut une retraite fort occupée par les soins attentifs qu’elle accordait à sa famille mais aussi par<br />

sa passion pour les arts musicaux. Pianiste virtuose, elle s’était créé un groupe d’amis qui aimaient beaucoup la<br />

musique et le chant. Et elle offrit au <strong>Carrefour</strong> des conférences particulièrement bien préparées avec un grand choix<br />

de textes et d’images. Ces conférences étaient toujours enrichies par la présentation de morceaux de musique exécutés<br />

par elle-même ou par ses amis, et par des chants.<br />

Sa première conférence concerna l’œuvre de Frantz Schubert. Au cours des années suivantes, nous eûmes la<br />

présentation de la vie et de l’œuvre de Robert et de Clara Schumann, puis de Chopin et de Beethoven. Mme Meyer<br />

était assistée par l’admirable soprano qu’était Madeleine Turpin et souvent par d’excellents instrumentistes comme<br />

Olivier Herman et Hélène Tsitsiridès.<br />

Il faudrait lire les comptes rendus de ses conférences en feuilletant la collection des Bulletins du <strong>Carrefour</strong><br />

universitaire pour voir combien les interventions de Mme Meyer et de son groupe furent appréciées. En conclusion<br />

R. N.


du compte rendu de l’une des conférences données sur Chopin (il y en eut deux), on peut lire ceci : Mme Meyer, au<br />

piano, accompagnait admirablement la belle voix de son amie Madeleine Turpin… Ce fut un après-midi de rêve…<br />

A ses enfants et petits-enfants qu’elle aimait tant – et parmi lesquels il y a aussi de véritables artistes – nous<br />

disons que nous étions nombreux au <strong>Carrefour</strong> universitaire à avoir pour Germaine Meyer, vive sympathie et<br />

respectueuse admiration.<br />

R. N.<br />

SELECTION BIBLIOGRAPHIQUE<br />

* Autour des conférences :<br />

Cabanes en pierre sèche :<br />

- Christian LASSURE et Dominique REPERANT : Les cabanes en pierre sèche de France, Edisud, 2006. CERAV.<br />

- Christian LASSURE : La pierre sèche, dans L’architecture vernaculaire, 1997, CERAV.<br />

- Christian LASSURE : Essai de classification fonctionnelle des constructions en pierre sèche du Lot, CERAV.<br />

- François POUJARDIEU : Les cabanes en pierre sèche du Périgord, éditions du Roc de Bourzac.<br />

- COLLECTIF, Patrimoine de pays en Périgord, Éd. Du C.A.U.E., 2000.<br />

Liens Internet<br />

- http ://www.panoramio.com/user/366476<br />

- http://www.panoramio.com/user/4370973<br />

- http://www.panoramio.com/user/2989153<br />

- http ://www.pierreseche.com<br />

- http ://pierreseche.chez-alice.fr/index.html<br />

- http ://www.pierreseche.net<br />

- http ://www.pierre-seche.eu/categorie/cabane-s-en-sarladais/<br />

- http ://www.maisonpierreseche.com/fr/index.htm<br />

- http ://fr.wikipedia.org/wiki/Cabane_en_pierre_s%C3%A8che<br />

- http ://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_s%C3%A8che<br />

Pigeonniers :<br />

- Michel LUCIEN, Pigeonniers en Midi-Pyrénées, Massin, 2008.<br />

- Dominique LETELLIER, Pigeonniers de France, Privat, 2003.<br />

Quelques liens Internet concernant les pigeonniers<br />

Pigeonniers en Périgord : http://pigeonniers24.free.fr/<br />

Pigeonniers de France http://pigeonniers-de-france.chez-alice.fr/<br />

Robert Merle :<br />

- Pierre MERLE, Robert Merle. Une vie de passions. Biographie, éditions de l’Aube, 2008.<br />

Démarche scientifique des sciences de l’évolution :<br />

- Georges LECOINTRE, Les sciences face aux créationnismes : remobiliser le contrat méthodologique des<br />

chercheurs. <strong>2012</strong>, Quae.<br />

* Art et Histoire en Périgord Noir, Bulletin de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir :<br />

Dans sa nouvelle présentation, le bulletin de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir<br />

confirme la variété des thèmes de recherche abordés par les auteurs. Au sommaire de ses<br />

derniers numéros :<br />

N° 128, 1 er trimestre <strong>2012</strong> :<br />

- Annick LEBON-HÉNAULT, La Société d’Art et d’Histoire à la découverte de la<br />

Russie, p. 5-6.<br />

- Annick LEBON-HÉNAULT, Chroniques de la paroisse de Carlucet du XVII e au<br />

XVIII e siècle. 1 re partie : De la générosité de François de Costes à l’efficace gestion de<br />

Pierre Blanche, p. 7-26.<br />

- Jean-Emmanuel de FERRIÈRES DE SAUVEBŒUF, Réflexions autour des fontaines<br />

monumentales du château de Sauvebœuf, p. 27-45.<br />

- Claude LACOMBE, Sur deux croix d’autel en ivoire, des XVII e et XVIII e siècles,<br />

ayant fait partie du trésor de la cathédrale de Sarlat, p. 46-48.<br />

43


44<br />

N° 129, 2 e trimestre <strong>2012</strong> :<br />

- Annick LEBON-HÉNAULT, Chroniques de la paroisse de Carlucet du XVII e au<br />

XVIII e siècle. 2 e partie : Des embarras du « secondariat » avec Etienne Ourtal à la<br />

fracture révolutionnaire, p. 59-77.<br />

- Anne BÉCHEAU, Histoire du repaire noble de Chignac, à Castelnaud-La Chapelle des<br />

origines au XIX e siècle, p. 78-82.<br />

- Patricia ALCABEZ, Analyses des actes d’un mariage à Saint-Cyprien au XIX e siècle,<br />

p. 83-90.<br />

- Michel LASSERRE (Document glané par), La légende de Castel-Réal, p. 91-92.<br />

INVITATION À LIRE…<br />

* Guy MANDON, avec une préface de Jean-Pierre POUSSOU, 1789 en Périgord. La Révolution et les chemins de la<br />

liberté, éd. Sud-Ouest, <strong>2012</strong>, 412 p., ISBN 978-2-8177-0163-9<br />

Voici trois ans, Guy Mandon avait capté l’attention des sarladais en nous présentant l’année 1789 en Périgord, à<br />

la Société d’Art et d’Histoire. C’est désormais en lisant les 400 pages de son ouvrage publié aux éditions Sud-Ouest<br />

que nous pouvons suivre les Périgourdins sur leurs chemins de liberté. Car le but de l’auteur n’est pas seulement de<br />

narrer les faits qui ont émaillé les vingt mois qui vont de l’annonce de la convocation des<br />

Etats généraux aux élections municipales de 1790. Il est surtout question d’inviter le lecteur<br />

à rechercher, au long des chemins de liberté que s’ouvrent ses habitants, les ressorts qui<br />

font le Périgord révolutionnaire.<br />

L’auteur le fait en constatant de bout en bout une réalité : s’ils sont réunis en mars<br />

1789 à Périgueux pour élire leurs huit députés, les Périgordins sont pour le reste sur des<br />

logiques très différentes, dans des cadres que l’Ancien Régime n’a cessé de renforcer et qui<br />

opposent de part et d’autre de l’axe des fleuves les élections de Périgueux et de Sarlat.<br />

L’étude des trois phases qui scandent la période montre bien cette opposition : au cours du<br />

deuxième semestre de 1788 quand il s’agit de se mobiliser pour la renaissance des États<br />

particuliers du Périgord ; au cours de l’été et de l’automne de 1789 quand s’impose<br />

l’obligation de s’organiser face au vide du pouvoir créé par le 14 juillet ; enfin à l’hiver<br />

1790 quand s’engage le grand mouvement paysan qui parcourt le Sud-Ouest de la France<br />

dont le Sarladais est l’un des points de départ.<br />

Il y a donc bien une spécificité sarladaise de la Révolution en Périgord. Dominés au nord par le Conseil des<br />

Communes de Pierre Éléonor Pipaud des Granges, le Sarladais doit beaucoup aux initiatives de personnages clefs<br />

comme le comte de Beaumont, Loys et surtout Maleville dont l’auteur montre l’originalité politique, construite dans la<br />

rigueur d’un patriotisme conservateur, soucieux de l’enracinement des acquis révolutionnaires et des premières lois<br />

qui les consacrent et très résolu à protéger ces acquis d’un monde rural que les revendications antiseigneuriales et la<br />

cherté liée à la crise frumentaire peuvent pousser aux excès. Là est l’esprit de la Confédération sarladaise qui engage<br />

autour de Sarlat villes et bourgs du Sarladais dans un pacte défensif. Là aussi probablement est la coupure avec un<br />

monde rural dont le rôle dans l’accélération du vote de la loi de mars 1790 est souligné.<br />

Au fond, la recherche de ces chemins de la liberté dans laquelle on a pu voir un simple renouvellement de la<br />

tradition croquante de la révolte, montre surtout des acteurs au cœur de leur époque. Etre révolutionnaire, en Périgord<br />

en 1789 et en Sarladais en particulier, cela correspond à des comportements politiques fortement repérables. L’intérêt<br />

de l’ouvrage de Guy Mandon est dans la façon de nous engager dans cette recherche. Notons que l’ouvrage est<br />

prolongé par un blog http://1789-en-Perigord.blog4ever.com qui permet de retrouver l’histoire des villes et villages en<br />

révolution et d’ouvrir certains dossiers qui nous permettent de poursuivre le dialogue avec l’auteur.<br />

G. M.

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