06.07.2013 Views

W2>Ju0 - Institut de droit de la concurrence

W2>Ju0 - Institut de droit de la concurrence

W2>Ju0 - Institut de droit de la concurrence

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Grosses délivrées REPUBLIQUE FRANÇAISE<br />

aux parties le : AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS<br />

!<br />

COUR D'APPEL DE PARIS<br />

5ème Chambre - Section B<br />

ARRET DU 19 MARS 2009<br />

W2><strong>Ju0</strong><br />

pages)<br />

Numéro d'inscription au répertoire général : 08/05175<br />

Décision déférée à <strong>la</strong> Cour : Jugement du 20 Février 2008 -Tribunal <strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong><br />

PARIS - RG n 2006051622<br />

APPELANTE<br />

S.A.R.L. PUBLISON SYSTEM agissant poursuites et diligences en <strong>la</strong> personne <strong>de</strong><br />

son gérant<br />

ayant son siège : 18 Avenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République - 93170 BAGNOLET<br />

représentée par <strong>la</strong> SCP BAUFUME-GALLAND-VIGNES, avoués à <strong>la</strong> Cour<br />

assistée <strong>de</strong> Me PANOSYAN, avocat p<strong>la</strong>idant pour le Cabinet MATHIEU - R79<br />

INTIMEES<br />

S.A.R.L. GOOGLE FRANCE<br />

ayant son siège : 38, avenue <strong>de</strong> l'Opéra - 75002 Paris<br />

représentée par <strong>la</strong> SCP FANET - SERRA, avoués à <strong>la</strong> Cour<br />

assistée <strong>de</strong> Me Sébastien PROUST, avocat au barreau <strong>de</strong> TOURS<br />

S.A.S YAHOO FRANCE et actuellement 17/19 Rue Guil<strong>la</strong>ume Tell - 75017 PARIS<br />

ayant son siège : 11 Bis Rue Torricelli - 75017 PARIS<br />

représentée par Me Luc COUTURIER, avoué à <strong>la</strong> Cour •<br />

assistée <strong>de</strong> Me Armelle FOURLON, avocat au barreau <strong>de</strong> PARIS, toque : C0277<br />

COMPOSITION DE LA COUR :<br />

Après le rapport oral <strong>de</strong> Mme DEURBERGUE, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre,<br />

conformément aux dispositions <strong>de</strong> l'article 785 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile, l'affaire a été<br />

débattue le 05 Février 2009, en audience publique, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Cour composée <strong>de</strong> :<br />

Madame Hélène DEURBERGUE, Prési<strong>de</strong>nte<br />

Madame Catherine LE BAIL, Conseillère<br />

Monsieur Gérard PICQUE, Conseiller<br />

qui en ont délibéré<br />

A Greffier, lors <strong>de</strong>s débats : Hadji MZE MCHINDA


ARRET:<br />

- Contradictoire<br />

- prononcé publiquement par mise à disposition <strong>de</strong> l'arrêt au greffe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, les<br />

parties en ayant été préa<strong>la</strong>blement avisées dans les conditions prévues au <strong>de</strong>uxième alinéa<br />

<strong>de</strong> l'article 450 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile.<br />

- signé par Madame Hélène DEURBERGUE, pi évi<strong>de</strong>nte et par Monsieur Hadji<br />

MZE MCHTNDA, Greffier auquel <strong>la</strong> minute <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision a été remise par le Magistrat<br />

signataire.<br />

Vu l'appel interjeté, le 11 mars 2008, par <strong>la</strong> société Publison System, d'un<br />

jugement du tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Paris, du 20 février 2008, qui, après avoir rejeté <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation formée par <strong>la</strong> société Yahoo France, l'a déboutée <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s pour défaut <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong>s faits reprochés et a rejeté les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dommages<br />

et intérêts pour procédure abusive <strong>de</strong>s sociétés Yahoo France et Google France ;<br />

Vu les conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison System, du 30 juin 2008, qui prie <strong>la</strong><br />

Cour :<br />

- d'irjfirmer le jugement,<br />

- d'ordonner à <strong>la</strong> société Google France <strong>de</strong> déréférencer <strong>de</strong> son moteur <strong>de</strong> recherche le site<br />

internet [http://teranova.dvndns.org/publinet/publison.html] et <strong>de</strong> supprimer tout lien<br />

hypertexte permettant d'accé<strong>de</strong>r directement aux pages internet:<br />

- [http://82.228.151.52/publinet/publison.htmll<br />

- [http://teranova.dvndns.org/publinet/publison.htmll<br />

sous astreinte <strong>de</strong> 500 € par jour <strong>de</strong> retard à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> l'arrêt (non <strong>de</strong><br />

l'ordonnance, comme indiqué par erreur),<br />

- <strong>de</strong> condamner <strong>la</strong> société Google France et <strong>la</strong> société Yahoo France à lui payer<br />

respectivement une "provision" <strong>de</strong> 75.000 € et une "provision" <strong>de</strong> 50.000 € à titre <strong>de</strong><br />

dommages et intérêts en raison du préjudice moral et matériel subi, chacune pour sa faute<br />

personnelle commise dans le référencement du site internet litigieux, avec "exécution<br />

provisoire... nonobstant appel",<br />

- <strong>de</strong> condamner les <strong>de</strong>ux sociétés chacune au paiement d'une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 7500 € en<br />

application <strong>de</strong> l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile, et aux dépens comprenant le coût<br />

<strong>de</strong>s procès-verbaux <strong>de</strong> constat dressés par Me Karsenti Perez les 1 er mars, 26 avril et 18 mai<br />

2006 ;<br />

Vu les conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Google France, du 13 janvier 2009, qui sollicite<br />

<strong>la</strong> Cour, à titre principal, <strong>de</strong> confirmer le jugement [en ce qu'il a estimé que les constats<br />

d'huissier <strong>de</strong> justice <strong>de</strong>s 26 avril et 22 mai 2006 sont nuls, à tout le moins dénués <strong>de</strong> force<br />

probante, car ne faisant pas mention <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d'un serveur proxy, n'i<strong>de</strong>ntifiant pas<br />

l'adresse IP <strong>de</strong> l'ordinateur utilisé, et pour celui du 22 mai ne permettant pas <strong>de</strong> déterminer<br />

<strong>la</strong> date <strong>de</strong> visualisation et d'impression <strong>de</strong>s copies d'écran annexées au constat du 23 mai<br />

2006 ], sauf sur le rejet <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dommages et intérêts pour procédure abusive et<br />

<strong>de</strong> condamner <strong>la</strong> société Publison System à lui payer 25.000 €,<br />

à titre subsidiaire, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer <strong>la</strong> société Publison System irrecevable à agir à son encontre<br />

[au motif qu' elle est étrangère au moteur <strong>de</strong> recherche disponible à 1 'adresse wvAv.google.fr<br />

, et que ce moteur est détenu et exploité par <strong>la</strong> société américaine Google Inc. et p<strong>la</strong>cé sous<br />

son entière responsabilité],<br />

à titre plus subsidiaire, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer <strong>la</strong> société Publison System irrecevable à agir à son<br />

encontre en vertu <strong>de</strong>s articles 1832 et suivants du co<strong>de</strong> civil [pour <strong>de</strong>s faits qui concernent<br />

uniquement ses dirigeants, non <strong>la</strong> société elle-même],<br />

à titre encore plus subsidiaire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> débouter <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dommages et intérêts [ aux<br />

motifs que :<br />

-l'appe<strong>la</strong>nte n'a pas entrepris d'action en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> suppression du site litigieux,<br />

- <strong>la</strong> concluante n'a ni <strong>la</strong> possibilité ni l'obligation <strong>de</strong> contrôler les sites<br />

M U :<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris / JL v) / ARRET DU 19 MARS 2009<br />

Vm rhamhre. section 1 » I / RG n°08/05175 - 2ème page


automatiquement in<strong>de</strong>xés par son moteur <strong>de</strong> recherche, cette in<strong>de</strong>xation se faisant <strong>de</strong><br />

manière automatisée <strong>de</strong>s pages disponibles sur internet selon <strong>la</strong> présence au sein <strong>de</strong>sdites<br />

pages <strong>de</strong> termes choisis exclusivement par leurs auteurs,<br />

- elle a mis en p<strong>la</strong>ce une procédure d'alerte permettant <strong>de</strong> traiter les réc<strong>la</strong>mations<br />

<strong>de</strong>s tiers concernant l'in<strong>de</strong>xation d'un site abusif et a sollicité, en vain, plusieurs fois<br />

l'appe<strong>la</strong>nte à ce sujet,<br />

- sa responsabilité ne saurait être engagée du seul fait <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>xation automatique<br />

d'un site auquel elle est totalement étrangère et elle n'a commis personnellement aucune<br />

faute,<br />

- elle n'est pas à l'origine du préjudice allégué, dont l'existence n'est pas<br />

démontrée,<br />

et <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> désin<strong>de</strong>xation du site en cause <strong>de</strong>s résultats du moteur <strong>de</strong> recherche au<br />

motif qu'étant un simple moteur <strong>de</strong> recherche, elle n'a ni <strong>la</strong> compétence ni <strong>la</strong> qualité pour<br />

juger <strong>de</strong> <strong>la</strong> licéité d'un site internet tiers],<br />

<strong>de</strong> prendre acte <strong>de</strong> ce qu'elle s'engage, dans les 15 jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> l'arrêt, à<br />

empêcher l'in<strong>de</strong>xation sur son moteur <strong>de</strong> recherche du lien<br />

http://teranova.dyndns.org/publinet/publison.html, si <strong>la</strong> Cour l'estime illicite,<br />

et <strong>de</strong> condamner l'appe<strong>la</strong>nte à lui payer 25.000 € en application <strong>de</strong> l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

procédure civile ;<br />

Vu les conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Yahoo France, du 9 septembre 2008, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

à <strong>la</strong> Cour, à titre principal, <strong>de</strong> confirmer le jugement,<br />

à titre subsidiaire, <strong>de</strong> l'infirmer en ce qu'il a rejeté sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation,<br />

et <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer cette assignation nulle, [en ce qu'elle est fondée sur l'article 1382 du co<strong>de</strong><br />

civil, alors qu'elle vise à faire constater le caractère diffamatoire du propos litigieux au sens<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1881] et par voie <strong>de</strong> conséquence <strong>de</strong> constater <strong>la</strong> prescription <strong>de</strong><br />

l'action <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison System,<br />

à titre plus subsidiaire, <strong>de</strong> débouter l'appe<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s aux motifs, d'abord, que<br />

sa responsabilité ne peut être engagée sur le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l'article 1382 co<strong>de</strong> civil, en<br />

l'absence <strong>de</strong> preuve qu'elle ait commis une faute, puisque :<br />

- le moteur <strong>de</strong> recherche procè<strong>de</strong> à une in<strong>de</strong>xation automatisée <strong>de</strong>s pages<br />

disponibles sur internet selon une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> référencement <strong>de</strong>s mots-clefs déterminés par<br />

les responsables <strong>de</strong>s sites visités,<br />

- ce site n'est plus accessible aux adresses URL visées dans l'assignation pour les<br />

requêtes "PUBLISON", "SOCIETE PUBLISON", comme ce<strong>la</strong> ressort du procès-verbal <strong>de</strong><br />

constat du 15 mars 2007 <strong>de</strong> Me Saragoussi, huissier <strong>de</strong> justice,<br />

- <strong>la</strong> concluante n'est pas compétente pour juger du caractère licite du contenu d'un<br />

site tiers référencé par son moteur <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> manière automatique,<br />

ensuite, que l'appe<strong>la</strong>nte ne rapporte pas <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong>s préjudices moraux et matériels qu'elle<br />

allègue, ni d'un lien <strong>de</strong> causalité avec les fautes reprochées,<br />

et <strong>de</strong> condamner <strong>la</strong> société Publison System à lui payer 15.000 € <strong>de</strong> dommages et intérêts<br />

pour procédure abusive et une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> procédure <strong>de</strong> 15.000 € ;<br />

SUR CE, LA COUR<br />

Considérant qu'en février 2006, <strong>la</strong> société Publison System, qui fabrique et<br />

commercialise <strong>de</strong>s produits comprenant notamment <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> montage audio et <strong>de</strong>s<br />

consoles <strong>de</strong> mixage automatiques, a découvert par l'intermédiaire <strong>de</strong> Yahoo France, puis<br />

<strong>de</strong> Google France, l'existence d'un site internet<br />

http://teranova.dyndns.org/publinet/publison.html, contenant, selon elle <strong>de</strong>s propos pouvant<br />

être jugés diffamatoires ou <strong>la</strong> dénigrant <strong>de</strong> manière violente ;<br />

Que n'ayant pu obtenir <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>xation <strong>de</strong> ce site, elle a, par<br />

assignation du 13 juillet 2006, intenté une action en réparation du préjudice que lui aurait<br />

causé et lui causerait les faits <strong>de</strong> dénigrement qui résulteraient du référencement par les<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris Vf] \J) ARRET DU 19 MARS 2009<br />

5ème Chambre, section ÊIA j RG n°08/05175 - 3ème page


sociétés Yahoo France et Google France, chacune sur son moteur <strong>de</strong> recherche, du site<br />

internet [http://teranova.dvndns.org/publinet/publison.htmll ;<br />

Que le tribunal a rejeté l'exception <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation soulevée par <strong>la</strong><br />

société Yahoo France aux motifs que <strong>la</strong> société Publison poursuivait les <strong>de</strong>ux sociétés en<br />

raison du référencement du site contenant <strong>de</strong>s propos dénigrants à son égard, et non pour<br />

le contenu du site, que Yahoo France n'était ni éditeur, ni auteur du site et qu'elle ne<br />

pouvait donc revendiquer l'application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> juillet 1881, qu'en outre, <strong>la</strong> présentation<br />

du lien hypertexte "Publison : une entreprise à éviter" constituait un dénigrement et non une<br />

diffamation, en ce qu'il jetait le discrédit sur les produits et services offerts par cette société,<br />

que ce dénigrement constituait une faute civile relevant <strong>de</strong> l'article 1382 du co<strong>de</strong> civil ;<br />

Que le tribunal a cependant estimé que les constats d'huissiers <strong>de</strong> justice, dont<br />

excipait <strong>la</strong> société Publison pour démontrer les fautes <strong>de</strong>s sociétés défen<strong>de</strong>resses, ne<br />

respectaient pas les règles <strong>de</strong> l'art en matière <strong>de</strong> constat informatique, et que si ces règles<br />

n'étaient pas <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> validité et que leur absence n'emportait pas leur nullité, en<br />

revanche ils étaient dépourvus <strong>de</strong> valeur probante ;<br />

Considérant que <strong>la</strong> société Publison reprend en appel l'argumentation qu'elle avait<br />

développée en première instance, sauf à indiquer ou à préciser sur un p<strong>la</strong>n factuel qu'en<br />

mars 2007, <strong>la</strong> société Yahoo France a supprimé l'in<strong>de</strong>xation du site <strong>de</strong> son moteur <strong>de</strong><br />

recherche, et que <strong>la</strong> société Google France a maintenu son référencement ;<br />

Que pour démontrer les faits dont elle se p<strong>la</strong>int, <strong>la</strong> société Publison communique<br />

<strong>de</strong>s les constats dressés par Me Karsenty-Peres les 1 er mars 2006 (Yahoo) et 26 avril 2006<br />

(Google), 18 mai (Yahoo) et 22 mai (Google) 2006, et 12 mars 2007 (Google) ;<br />

Qu'elle fait valoir qu'en entrant <strong>la</strong> dénomination <strong>de</strong> <strong>la</strong> société "PUBLISON"<br />

comme requête dans le moteur <strong>de</strong> recherche Yahoo France est apparu parmi les résultats en<br />

8 eme position, l'in<strong>de</strong>xation d'un site sous <strong>la</strong> forme suivante :<br />

"Publison : une entreprise à éviter # Stage effectué chez Publison. # Année du stage ; 2001.<br />

Durée du stage : 6 mois.# Sujet :<br />

A éviter. # Mots clés : Publison, stage, insultes, 5 employés & 20 stagiaires."<br />

Que le même document a été référencé sur le moteur <strong>de</strong> recherche Google, parmi<br />

les résultats, en 5 eme position ;<br />

Que <strong>la</strong> société Publison précise que cette in<strong>de</strong>xation réalisée par les sociétés Yahoo<br />

France et Google France est l'objet du litige, et que ce référencement par mécanisme du lien<br />

est fautif à un double titre :<br />

- par l'utilisation <strong>de</strong> mots clefs racoleurs et dénigrants, lesquels relèvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule<br />

responsabilité <strong>de</strong>s intimées,<br />

- en ce que les liens hypertextes facilitent et encouragent l'accès vers le site diffamant et<br />

dénigrant ;<br />

Sur <strong>la</strong> recevabilité <strong>de</strong> l'exception <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation et sur <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> nonrecevoir<br />

:<br />

Considérant que Yahoo France oppose à <strong>la</strong> société Publison, comme elle l'avait<br />

fait en première instance, que les faits qui lui sont reprochés constituent un délit <strong>de</strong><br />

diffamation, non un dénigrement ; que les commentaires apparaissant sur le site se<br />

rapportent à l'un <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société appe<strong>la</strong>nte, non à ses produits, et que <strong>la</strong><br />

qualification qu'ils doivent recevoir est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffamation et <strong>la</strong> loi applicable est celle<br />

du 29 juillet 1881 , non 1 ' article 13 82 du co<strong>de</strong> civil ; que 1 ' appe<strong>la</strong>nte dirige son action contre<br />

les exploitants <strong>de</strong> moteur <strong>de</strong> recherche pour pallier à l'impossibilité <strong>de</strong> poursuivre l'auteur<br />

du site en raison <strong>de</strong> l'acquisition <strong>de</strong> <strong>la</strong> prescription ;<br />

\<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris<br />

5ème Chambre, section B<br />

n<br />

\J ARRET DU 19 MARS 2009<br />

RG n°08/05175 - 4ème page


Considérant que l'appel remet <strong>la</strong> chose jugée en question <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> juridiction<br />

d'appel pour qu'il soit à nouveau statué en fait et en <strong>droit</strong> ;<br />

Considérant que les exceptions doivent, à peine d'irrecevabilité, être soulevées<br />

simultanément et avant toute défense au fond ou fin <strong>de</strong> noiwocevoir ; qu'il en est ainsi alors<br />

même que les règles invoquées au soutien <strong>de</strong> l'exception seraient d'ordre public ; que<br />

l'article 74 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile est applicable aux instances civiles en réparation<br />

<strong>de</strong>s infractions <strong>de</strong> presse, <strong>de</strong> sorte que l'exception <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation doit être<br />

invoquée avant toute défense au fond ;<br />

Or considérant que <strong>la</strong> société Yahoo France discute à titre principal <strong>la</strong> matérialité<br />

<strong>de</strong>s faits qui lui sont reprochés, notamment le caractère probant <strong>de</strong>s constats d'huissier <strong>de</strong><br />

justice et ce n' est qu' à titre subsidiaire qu' elle oppose <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong> F assignation délivrée par<br />

<strong>la</strong> société Publison qui, elle-même, répond à cette exception avant tout autre moyen<br />

d'irrecevabilité ou <strong>de</strong> fond ;<br />

Qu'il convient, en conséquence, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer irrecevable l'exception <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong><br />

l'assignation ;<br />

Considérant qu'il en découle que <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> non-recevoir tirée, en application <strong>de</strong><br />

l'article 65 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1881, <strong>de</strong> <strong>la</strong> prescription <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison<br />

qui <strong>de</strong>vrait, selon <strong>la</strong> société Yahoo France, être requalifiée en action en diffamation, est<br />

elle-même irrecevable ;<br />

Sur <strong>la</strong> qualité à agir <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison et <strong>la</strong> recevabilité <strong>de</strong> son action :<br />

Considérant que le moyen soulevé par <strong>la</strong> société Google France, selon lequel <strong>la</strong><br />

société Publison n'aurait pas, en vertu <strong>de</strong>s articles 1832 et suivants du co<strong>de</strong> civil, qualité<br />

à agir pour <strong>de</strong>s faits qui concernent un <strong>de</strong> ses dirigeants à propos duquel l'auteur du contenu<br />

du site a porté une opinion, doit être écarté, dès lors que ce qui est reproché c'est<br />

l'in<strong>de</strong>xation du site sous <strong>la</strong> forme suivante : "Plublison : une entreprise à éviter", et que <strong>la</strong><br />

société est bien expressément visée par cette citation ;<br />

Sur <strong>la</strong> matérialité <strong>de</strong>s faits :<br />

Considérant qu'au soutien <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, <strong>la</strong> société Publison System a<br />

communiqué <strong>de</strong>s procès-verbaux <strong>de</strong> constat d'huissier <strong>de</strong> justice, dont les intimées<br />

contestent le caractère probant pour les mêmes motifs qu' en première instance, et persistent<br />

à en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'annu<strong>la</strong>tion ;<br />

Considérant qu'il est certain qu'il ne ressort pas, dans le cas <strong>de</strong>s quatre constats<br />

dressés en 2006, que l'huissier <strong>de</strong> justice a vérifié si l'ordinateur qu'il a utilisé était<br />

connecté à un serveur intermédiaire conservant en mémoire <strong>de</strong>s pages web (proxy) et que,<br />

<strong>de</strong> ce fait, il existe un risque que les pages internet visualisées et imprimées ne soient pas<br />

celles figurant en ligne ; qu'ensuite l'huissier <strong>de</strong> justice a omis <strong>de</strong> mentionner l'adresse IP<br />

<strong>de</strong> l'ordinateur empêchant Google et Yahoo <strong>de</strong> vérifier, via leur journal <strong>de</strong> connexion, <strong>la</strong><br />

réalité <strong>de</strong>s connexions effectuées et les pages consultées par lui aux jours et dates<br />

indiquées ; qu'en outre, les copies d'écran annexées au constat du 22 mai 2006, sont datées<br />

du 23 mai 2006, une telle contradiction équiva<strong>la</strong>nt à une absence <strong>de</strong> date ;<br />

Considérant que ces constats d'huissier <strong>de</strong> justice établis à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'une <strong>de</strong>s<br />

parties ne sont pas <strong>de</strong>s actes procéduraux ; que le fait qu'il soient incomplets ou insuffisants<br />

ou ne respectent pas les règles <strong>de</strong> l'art dans ce domaine, n'est pas sanctionné par une<br />

nullité ;<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris<br />

5ème Chambre, section B '<br />

ARRET DU 19 MARS 2009<br />

RG n°08/05175 - 5ème page


Qu'ils sont seulement dépourvus <strong>de</strong> caractère probant quant à aux constatations<br />

effectuées par l'huissier <strong>de</strong> justice ;<br />

Qu'il convient <strong>de</strong> confirmer le jugement sur ce point ;<br />

Considérant que le constat du 12 mars 2007, concernant <strong>la</strong> société Google France,<br />

n'encoure pas les critiques évoquées ci-<strong>de</strong>ssus, peu important qu'il soit postérieur a<br />

l'assignation ;<br />

Que <strong>la</strong> Cour observe que tant <strong>la</strong> société Yahoo France que <strong>la</strong> société Google France<br />

ont reçu une mise en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> déréférencer le site concerné, <strong>la</strong> première le 9 mars 2006,<br />

<strong>la</strong> secon<strong>de</strong> le 13 juin 2006, soit antérieurement aux assignations qui leur ont été délivrées,<br />

et que dans ces lettres, <strong>la</strong> société Publison donnait exactement <strong>la</strong> même <strong>de</strong>scription <strong>de</strong><br />

l'in<strong>de</strong>xation du site que celle qu'elle a formulée en première instance et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Cour ;<br />

Que les intimées, sans contester <strong>la</strong> réalité du référencement du site et <strong>de</strong>s termes<br />

<strong>de</strong> cette in<strong>de</strong>xation, ont l'une et l'autre répondu à <strong>la</strong> société Publison ou à son conseil au<br />

sujet <strong>de</strong>s démarches à suivre pour intervenir auprès du gestionnaire ou <strong>de</strong> l'hébergeur du<br />

site (mèl du 24 février 2006 <strong>de</strong> Yahoo) ou pour faire supprimer les pages qui violeraient ses<br />

<strong>droit</strong>s (télécopies <strong>de</strong>s 21 et 28 juin 2006 <strong>de</strong> Google) ;<br />

Qu'elles étaient exactement informées avant même l'introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente<br />

instance <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> fait qui <strong>la</strong> motivaient et <strong>de</strong>s griefs qui leur étaient faits ;<br />

Que <strong>la</strong> société Google France reconnaît d'ailleurs implicitement <strong>la</strong> matérialité <strong>de</strong>s<br />

faits, puisqu'elle s'engage pour le cas où <strong>la</strong> Cour l'estimerait utile, à empêcher l'in<strong>de</strong>xation<br />

sur le moteur <strong>de</strong> recherche Google du lien concerné ;<br />

Que, pour ce qui concerne <strong>la</strong> société Yahoo France, force est <strong>de</strong> constater que<br />

même si elle ne reconnaît pas sa responsabilité, elle explique que le site s'est trouvé<br />

indisponible au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure, au mois <strong>de</strong> septembre 2006, aux <strong>de</strong>ux adresses ci<strong>de</strong>ssus<br />

citées, et qu'elle a donc supprimé les liens d'accès ;<br />

Qu'ainsi, il est établi que les moteurs <strong>de</strong> recherche ï ahoo et Google ont référencé<br />

le site http://teranova.dyndns.org/publinet/publison.html ;<br />

Sur <strong>la</strong> recevabilité <strong>de</strong> l'action à rencontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Google France :<br />

Considérant que <strong>la</strong> société Google France soutenant que <strong>de</strong> manière générale elle<br />

était étrangère aux contenus <strong>de</strong>s sites référencés sur Google et que sa responsabilité ne<br />

saurait être engagée du seul fait <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>xation automatique du site critiqué, <strong>la</strong> société<br />

Publison lui oppose qu'elle se présente comme l'une <strong>de</strong>s agences commerciales <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

société américaine Google Inc.et qu'elle représente donc les intérêts <strong>de</strong> cette société aux<br />

yeux <strong>de</strong>s tiers ;<br />

Mais considérant que le site www.google.fr sur lequel est apparu le lien hypertexte<br />

renvoyant au site litigieux, n'est ni détenu ni exploité par <strong>la</strong> société Google France mais par<br />

<strong>la</strong> société Google Inc., sous l'entière esponsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle il est p<strong>la</strong>cé, cette société<br />

américaine ayant son siège à Moutain View aux Etats-Unis ; que le moteur <strong>de</strong> recherche<br />

accessible à l'adresse www.google.fr est hébergé sur <strong>de</strong>s serveurs appartenant à <strong>la</strong> société<br />

Google Inc.et qui sont situés en Californie, et que <strong>la</strong> société Google Inc. est expressément<br />

présentée sur le site précité comme en étant l'éditeur ;<br />

Qu'il doit être relevé que dans les <strong>de</strong>ux réponses qu'elle avait faites par télécopies<br />

<strong>de</strong>s 21 et 28 juin 2006, et dans lesquelles elle <strong>de</strong>mandait au conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison<br />

<strong>de</strong> lui fournir les renseignements sur le site critiqué, <strong>la</strong> société Google France lui a précisé<br />

l'adresse à <strong>la</strong>quelle il <strong>de</strong>vait envoyer sa "communication écrite", soit :<br />

1<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris jU ^ ' ARRET DU 19 MARS 2009<br />

5ème Chambre, section B »/// / RGn°08/05175 - ôèmepage


"Google, Inc.<br />

Attn: Customer Support International Comp<strong>la</strong>ints<br />

1600 Amphithéâtre Parkway<br />

Moutain View, CA 94043 USA" ;<br />

Que suivait un numéro <strong>de</strong> télécopie aux Etats-Unis ;<br />

Que <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Google France ne peut donc être recherchée en<br />

tant qu'exploitant <strong>de</strong> moteur <strong>de</strong> recherche, ce dont l'appe<strong>la</strong>nte, au vu <strong>de</strong>s informations qui<br />

lui ont été spontanément transmises, était en mesure <strong>de</strong> se rendre compte ;<br />

Considérant que <strong>la</strong> société Google France, qui se présente comme l'un <strong>de</strong>s<br />

nombreux bureaux commerciaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Google Inc. à travers le mon<strong>de</strong> a, cependant,<br />

entretenu une confusion en prenant un engagement, même si c'est à titre subsidiaire,<br />

d'empêcher, dans les 15 jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> l'arrêt, l'in<strong>de</strong>xation sur son moteur <strong>de</strong><br />

recherche du lien http://teranova.dyndns.org/publinet/publison.html, si <strong>la</strong> Cour l'estime<br />

illicite ; qu'elle a ainsi admis qu'elle était en mesure d'intervenir sur <strong>la</strong> dé-in<strong>de</strong>xation du<br />

site critiqué, <strong>de</strong> sorte qu'il n'y a pas lieu <strong>de</strong> prononcer sa irise hors <strong>de</strong> cause ;<br />

Sur <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s exploitants <strong>de</strong>s moteurs <strong>de</strong> recherche :<br />

Considérant que <strong>la</strong> société Publison estime que <strong>la</strong> seule présentation du lien<br />

hypertexte "Publison : une entreprise à éviter<br />

Mots clés : Publison, stage, insultes, 5 employés & 20 stagiaires" constitue un dénigrement,<br />

que l'intitulé du lien est <strong>de</strong> nature à induire les internautes en erreur sur les raisons pour<br />

lesquelles il convient d'éviter <strong>la</strong> société concluante, et discrédite ainsi les produits et<br />

services qu'elle offre, que les liens hypertextes facilitent et encouragent l'accès au site<br />

diffamant, par l'utilisation <strong>de</strong> mots clés particulièrement racoleurs, que le référencement ne<br />

<strong>la</strong>isse aucun doute sur <strong>la</strong> virulence du site à son égard ;<br />

Que, selon elle, <strong>la</strong> faute est <strong>de</strong> ne pas avoir examiné le contenu du site pour déci<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> son référencement et d'avoir maintenu pendant <strong>de</strong> longs mois le lien critiqué ; qu'elle<br />

fait valoir que, les moteurs <strong>de</strong> recherche automatisés avec mots clefs ne peuvent se prévaloir<br />

<strong>de</strong> l'immunité accordée par l'art.6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 applicable aux<br />

fournisseurs d'accès et aux hébergeurs <strong>de</strong> sites et qu'ils restent tenus d'une obligation <strong>de</strong><br />

surveil<strong>la</strong>nce et <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce ; qu'ils ne peuvent invoquer une impossibilité technique<br />

d'opérer une surveil<strong>la</strong>nce, qui est en contradiction avec l'existence <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d'alerte<br />

qu'ils ont mise en p<strong>la</strong>ce ;<br />

Qu'enfin, elle soutient que le lien hypertexte a porté gravement atteinte à son<br />

image et à sa réputation commerciale dans <strong>la</strong> mesure où les propos dénigrants ont été<br />

<strong>la</strong>rgement diffusés auprès du public et où les liens hypertextes litigieux ont facilité et<br />

encouragé <strong>la</strong> consultation du site dénigrant, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> réparation du préjudice qui lui<br />

a été causé ;<br />

Considérant que l'exploitant du moteur <strong>de</strong> recherche n'échappe pas à toute<br />

responsabilité et que celle-ci peut être engagée tant pour les fautes, impru<strong>de</strong>nces ou<br />

négligences qu'il commet dans l'exercice <strong>de</strong> son activité ; que, cependant, dans <strong>la</strong> mesure<br />

où il fait intervenir un robot in<strong>de</strong>xeur et qu' il n' a ni créé, ni hébergé 1 'information litigieuse,<br />

il n'a pas à sa charge d'obligation automatique <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce ;<br />

Que force est <strong>de</strong> constater que dans le cas <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux moteurs <strong>de</strong> recherche, les<br />

techniques utilisées sont <strong>de</strong>s techniques d'in<strong>de</strong>xation automatisées sans intervention<br />

humaine et que les résultats obtenus par requête sont déterminés selon les mots clés entrés<br />

librement par les internautes ; que, compte tenu du volume considérable d'information qui<br />

évolue chaque jour sur les sites internet, l'exploitant du moteur <strong>de</strong> recherche n'a pas <strong>la</strong><br />

possibilité d'analyser le contenu mis à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s utilisateurs via ses in<strong>de</strong>x ; que les<br />

in<strong>de</strong>x sont eux-mêmes constitués à partir d'informations qui sont détectées, i<strong>de</strong>ntifiées,<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris<br />

5ème Chambre, section B<br />

ARRET DU 19 MARS 2009<br />

RG n°08/05175 - 7ème page


in<strong>de</strong>xées et compilées par un processus entièrement automatisé, sans aucune intervention<br />

ou révision humaine ;<br />

Que le fonctionnement intrinsèque du moteur <strong>de</strong> recherche exclut tout contrôle a<br />

priori <strong>de</strong>s sites in<strong>de</strong>xés par l'exploitant et qu'un contrôle <strong>de</strong> chaque page susceptible d'être<br />

in<strong>de</strong>xée par un moteur <strong>de</strong> recherche est aussi matériellement impossible à réaliser ;<br />

Que ce caractère automatique <strong>de</strong>s résultats affichés et l'absence <strong>de</strong> toute analyse<br />

<strong>de</strong> contenu excluent une intention <strong>de</strong> nuire ou délictueuse, que ce soit <strong>de</strong> diffamer ou <strong>de</strong><br />

dénigrer ;<br />

Considérant, par ailleurs, qu'il n'appartient pas à l'exploitant du moteur <strong>de</strong><br />

recherche <strong>de</strong> se prononcer sur <strong>la</strong> licéité du site ;<br />

Considérant qu'en mettant en p<strong>la</strong>ce une procédure d'alerte, l'exploitant du moteur<br />

<strong>de</strong> recherche permet à un tiers qui se p<strong>la</strong>int du caractère diffamant ou dénigrant à son égard<br />

du contenu d'un site et <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> son in<strong>de</strong>xation <strong>de</strong> retrouver l'auteur <strong>de</strong>s commentaires<br />

et d'agir à son encontre ;<br />

Que force est <strong>de</strong> constater que les sociétés intimées ont mis en p<strong>la</strong>ce une telle<br />

procédure d'alerte et ont bien fait preuve <strong>de</strong> diligence à cet égard ;<br />

Qu'en effet, <strong>la</strong> société Google France a indiqué dans ses télécopies du mois <strong>de</strong> juin<br />

2006 : "si possible, fournissez <strong>de</strong>s informations suffisantes pour permettre à Google <strong>de</strong><br />

signaler au propriétaire ou à l'adrninistrateur <strong>la</strong> page Web censée contenir les informations<br />

illégales (adresse e-mail <strong>de</strong> préférence)" ; que <strong>la</strong> société Publison n'a pas donné <strong>de</strong> suite à<br />

ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> communication d'information ;<br />

Que <strong>la</strong> société Yahoo a précisé à <strong>la</strong> société Publison, le 24 février 2006 : "dans le<br />

cas où le contenu d'un site vous porterait préjudice, nous vous invitons à contacter le<br />

gestionnaire du site ou son hébergeur pour que cesse définitivement <strong>la</strong> situation litigieuse.<br />

Pour ce faire, vous trouverez sur les pages du site une rubrique "contact" qui mentionne les<br />

coordonnées soit <strong>de</strong> l'hébergeur soit celles du gestionnaire du site."; qu'elle a précisé <strong>la</strong><br />

dénomination <strong>de</strong> l'hébergeur, "DYNDNS" ;<br />

Considérant qu'il appartenait à <strong>la</strong> société Publison qui est intervenue sans succès<br />

auprès <strong>de</strong> cet hébergeur, qui lui a opposé que le contenu du site ne caractérisait pas <strong>de</strong>s actes<br />

diffamatoires susceptibles <strong>de</strong> justifier <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l'hébergement, d'obtenir <strong>de</strong> lui les<br />

données d'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l'auteur afin d'agir directement centre ce <strong>de</strong>rnier pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>la</strong> suppression du contenu du site et faire cesser le préjudice ;<br />

Qu'ainsi, il n'est pas démontré que les exploitants <strong>de</strong> moteur <strong>de</strong> recherche aient<br />

manqué à leur obligation <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce et <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce ;<br />

Qu'il s'ensuit que <strong>la</strong> société Publison doit être déboutée <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

dommages et intérêts au titre <strong>de</strong>s préjudices moraux et matériels, <strong>de</strong> déréférencement sous<br />

astreinte et <strong>de</strong> remboursement <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> constat d'huissier <strong>de</strong> justice, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d'exécution provisoire étant par ailleurs sans objet <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> cour d'appel ;<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris Mu M ARRET DU 19 MARS 2009<br />

5ème Chambre, section B W ^ RG n°08/05175 - 8ème page


Sur les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dommages et intérêts pour procédure abusive :<br />

Considérant que <strong>la</strong> société Yahoo France estime que <strong>la</strong> société Publison a agi <strong>de</strong><br />

mauvaise foi, <strong>de</strong> manière déloyale et abusive, en dirigeant son action contre les exploitants<br />

<strong>de</strong> moteur <strong>de</strong> recherche au lieu <strong>de</strong> s'adresser à l'auteur ou à l'hébergeur, alors que les URL<br />

litigieuses ne figure plus sur <strong>la</strong> page <strong>de</strong> résultat affichée par le moteur <strong>de</strong> recherche qu'elle<br />

exploite ;<br />

Que <strong>la</strong> société Google France fait valoir quant à e 1 . 1 ." que <strong>la</strong> société Publison s'est<br />

abstenue d'engager les actions nécessaires aux fins d'obtenir l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l'auteur du<br />

site ou <strong>de</strong> supprimer l'accès au site, et <strong>de</strong> répondre à ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

procédure d'alerte, et que son action tend à obtenir une in<strong>de</strong>mnisation indue ;<br />

Mais considérant que les éléments ci-<strong>de</strong>ssus invoqués par les parties ne permettent<br />

pas cependant <strong>de</strong> caractériser une légèreté blâmable à l'encontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> société Publison,<br />

d'autant que <strong>la</strong> société Google France aproposé d'intervenir pour supprimer l'accès au site<br />

litigieux, alors qu'elle n'y était pas obligée, n' étant pas l'exploitant du moteur <strong>de</strong> recherche<br />

Google ;<br />

Que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dommages et intérêts seront donc rejetées ;<br />

Sur l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile :<br />

Considérant que l'équité comman<strong>de</strong> en appel <strong>de</strong> condamner <strong>la</strong> société Publison à<br />

payer à <strong>la</strong> société Yahoo France et à <strong>la</strong> société Google France une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 15.000 €,<br />

chacune, en application <strong>de</strong> l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile et <strong>de</strong> rejeter sa<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ;<br />

PAR CES MOTIFS :<br />

Déc<strong>la</strong>re l'appel recevable,<br />

Déc<strong>la</strong>re irrecevables l'exception <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l'assignation et <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> non-recevoir tirée<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> prescription,<br />

Dit que <strong>la</strong> société Publison System justifie <strong>de</strong> sa qualité à agir,<br />

Déc<strong>la</strong>re recevable son action,<br />

Réforme le jugement en ce qu'il a débouté <strong>la</strong> société Publison System pour le motif du<br />

défaut <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong>s faits reprochés, et statuant à nouveau sur ce point<br />

Dit que <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong>s faits reprochés est établie,<br />

Dit que <strong>la</strong> société <strong>de</strong> Google France ne peut être recherchée comme exploitant du moteur<br />

<strong>de</strong> recherche Google,<br />

Dit que <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s sociétés Yahoo France et Google France n'est pas engagée au<br />

sujet du site http://teranova.dyndns.org/publinet/publison.html,<br />

Confirme le jugement en ce qu'il a débouté <strong>la</strong> société Pubiïson System <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s,<br />

Confirme les autres dispositions du jugement,<br />

Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris j iW<br />

5ème Chambre, section B "^f<br />

/<br />

ARRET DU 19 MARS 2009<br />

RG n°08/05175 - 9ème page


Cour d'Appel <strong>de</strong> Paris<br />

5ème Chambre, section B<br />

Déboute les sociétés Yahoo France et Google France <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dommages et<br />

intérêts pour procédure abusive,<br />

Condamne <strong>la</strong> société Publison System à payer aux sociétés Yahoo France et Google<br />

France, chacune, une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 15.000 € au titre <strong>de</strong> l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure<br />

civile,<br />

Rejette toute autre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, y compris au titre <strong>de</strong> l'article 700 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile,<br />

Condamne <strong>la</strong> société Publison System aux dépens d'appel qui seront recouvrés<br />

conformément à l'article 699 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile.<br />

La Prési<strong>de</strong>nte<br />

ARRET DU 19 MARS 2009<br />

RG n°08/05175 - lOème page

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!