Etude ACTED Situation économique et endettement des ménages ...

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12 Un autre signe révélateur de l’ampleur du phénomène de l’endettement chez les ménages haïtiens tient dans l’utilisation de l’indemnité reçue du CFW. Le remboursement de la dette est le deuxième poste de dépenses (cité par 37,5% des personnes interrogées 15 ) après l’achat de nourriture. Devant ce phénomène et afin d’améliorer les connaissances de la communauté humanitaire sur les questions d’endettement au niveau des ménages et sur le secteur informel de l’économie de la capitale en Haïti, ACTED a procédé à un diagnostic de la dette des ménages à Port-au-Prince dans les trois sections communales suivantes : Canapé-Vert et ses environs, Fort-National et Carrefour Feuilles. Sur Port-au-Prince, où les personnes déplacées vivant dans les camps représentent toujours une part importante de la population 16 et où, en conséquence, une part non négligeable de la population vit dans des conditions économiques et financières instables, la pratique de la dette est très courante. L’évaluation dans la capitale s’est penchée sur plusieurs acteurs économiques essentiels : les petits marchands, les fournisseurs de services et les petits métiers. 15 Ibid. 16 278 049 personnes vivent encore dans les camps de Port-au- Prince et 54 908 dans ceux de Croix des Bouquets selon la Displacement Tracking Matrix d’IOM. IOM, Displacement Tracking MAtrix, Décembre 2010, http://cccmhaiti.googlegroups.com/web/DTM+V2_report_09+D ec+10.pdf?gda=_4JtJE4AAACk-Tc7XQZwImTUbkanfGdf50oqNDncwgWMNlDLuJJ92iQhq1lNCgG0OOL- UbYUrFrV7eQ8xQGWXM1c6Blt32J47Cl1bPl- 23V2XOW7kn5sQ&gsc=OnbNXwsAAAAyCj6GcUhZMTBceym3Y2R G Contexte Léogane Beaucoup de communautés rurales haïtiennes vivent dans des conditions de pauvreté aigüe. Les économies rurales sont généralement basées sur l’exploitation agricole, l’artisanat, la pêche, le petit commerce et les petits métiers. Ces communautés sont caractérisées par un revenu réel très faible, un manque de capital financier, une faible productivité, une faible capacité d’épargne et l’absence d’institution d’épargne et de crédit formels. Au cours des évaluations menées par ACTED sur la zone de Léogane, la même irrégularité dans les revenus dont il est question dans la section précédente a été notée. 92% de l’ensemble du camp de Marché Chatuley ont indiqué percevoir des revenus de manière irrégulière. 17 100% 80% 60% 40% 20% Fréquence des revenus sur le camp Chatuley, Léogane 0% Pareillement, l’enquête d’impact du programme de CFW à Léogane indique que les deux principaux postes de dépenses des ménages sont l’achat de nourriture et le remboursement des dettes. 18 17 ACTED, Rapport d’Evaluation Profil de camp – Marché Chatuley, Janvier 2011. 18 Ibid. 92% 8% Revenu régulier Revenu irrégulier
13 Cependant, comme l’indique l’enquête USAID/FEWSNET de septembre 2005, les modes de vie sont différents de celui, urbain, de Port-au-Prince. Deux profils différents sont identifiés à Léogane. Le premier concerne la zone de plaine et est appelé « Zone de plaine en monoculture » et le second est situé dans les mornes de Léogane soit « Zone d’agriculture de montagne humide ». La « zone de plaine en monoculture » est définie par le rapport comme ayant une économique basée sur les recettes des produits agricoles. L’environnement et le climat aidant à atteindre des rendements agricoles relativement bons. De fait, « La pauvreté dans cette zone est principalement liée à un accès réduit à la terre associé à une capacité d’investissement limitée ». 19 Les plus pauvres sont ainsi ceux qui ne possèdent pas de terres et sont contraintes de vendre leur force de travail aux agriculteurs plus fortunés lors des récoltes ou des plantations. La situation socio-économique de cette catégorie la plus pauvre ne laisse entrevoir que « peu d’espoir d’amélioration significative du statut ». 20 La seconde zone de Léogane, celle des mornes, est caractérisée par un relief accidenté, un enclavement souvent fort et l’impossibilité d’irriguer les terres cultivables. Cette « Zone d’agriculture de montagne humide » est basée selon le rapport de FEWSNET et USAID de septembre 2005 comme sur l’agriculture et l’élevage. Les produits les plus cultivés sont les racines et tubercules ainsi que le café (quoi qu’en recul), le maïs et les 19 FEWSNET/USAID, Profils des modes de vie en Haïti, Septembre 2005. 20 Ibid. produits maraichers. Malgré une économie tournée sur l’agriculture, la production ne représente pas la principale source d’alimentation. A l’instar de la première zone étudiée, la pauvreté est liée à « l’accès réduit à la terre, insuffisant pour développer l’élevage, et une faible capacité d’investissement ». 21 Les ménages les plus pauvres sont donc contraints de vendre leur force de travail. Certains ménages, les plus pauvres, exploitent les terres en métayage (dons d’une partie de la production au propriétaire de la terre). 22 Afin de diagnostiquer la pratique de la dette sur la commune, au sein des deux zones différentes, ACTED a mené son étude dans la 2 ème section Petite Rivière, 3 ème section Grande Rivière et la 4 ème section Fonds des Boudins (soit sur trois localités principalement : Chatuley, Darbonne et Trouin). 21 Ibid. 22 Ibid.
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