Magie vaudou - [Jim Rook - Tome 1] - Free

egarda autour de lui avec inquiétude, mais il n’y avait
personne dans les parages, excepté un homme, ivre mort,
qui était le sosie de Stan Laurel. Il s’appuyait contre un mur
comme s’il en était éperdument amoureux, et de temps à
autre braillait des paroles de Moon River: Large de plus de
seize cents mètres, j’t’ai traversé à la nage… La porte était
vieille et pas très bien ajustée. Il y avait un interstice d’un
bon centimètre entre le chambranle et la porte elle-même,
et le bois semblait plutôt pourri. Jim prit son tournevis et
l’enfonça dans la fente, près de la serrure. Puis il exerça
une poussée, de toutes ses forces, et une partie du
chambranle se fendilla. Ensuite il parvint à glisser la lame
du tournevis dans l’interstice jusqu’à ce qu’il sente le pêne
du verrou. Il s’apprêtait à forcer la serrure lorsqu’il eut
brusquement la sensation d’un grondement sourd, comme
si un chemin de fer souterrain passait sous ses pieds.
Mais ici, à Venice, il n’y avait pas de chemin de fer
souterrain, bien sûr !
Instinctivement, il s’éloigna de la porte. Le grondement
s’accentua; cela ressemblait plutôt à des roulements de
tambours. Des tambours qui battaient furieusement,
fiévreusement. La porte vibra. Jim tourna les talons et partit
en courant. A quelques mètres de là, il aperçut un
renfoncement de porte devant une librairie pour adultes. Il
se plaqua contre le grillage de sécurité. Son coeur battait
aussi follement que les tambours. A travers le grillage, la
photographie fanée d’une fille dodue à la peau blanchâtre
lui souriait, les yeux entourés d’une couche de mascara