C - Le Généraliste
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ISSN0183 4568 - CPPAP N° 0212 T 81255<br />
N°2547<br />
www.legeneraliste.fr<br />
BSIP - IMAGE SOURCE/CHRISTOPHER ROBBINS<br />
2010<br />
Vendredi 17 décembre 2010<br />
| N°2547<br />
COMME VOUS<br />
L’AVEZ VÉCU<br />
> SONDAGE : les événements qui vous ont marqué<br />
> AVANCÉES MÉDICALES : ce qui a changé votre<br />
pratique au quotidien<br />
LEGÉNÉRALISTEFMC<br />
QUIZ 2010<br />
Testez vos<br />
connaissances<br />
SPÉCIAL NOËL<br />
Expos, cinéma, théâtre :<br />
notre sélection pour les fêtes<br />
Escale à Bora Bora
QUESTION DE LA SEMAINE<br />
répondez sur www.legeneraliste.fr<br />
« Comment percevez-vous l’année<br />
2010 pour les généralistes ?»<br />
VOS RÉPONSES<br />
À LA QUESTION FLASH<br />
«Avez-vous peur<br />
pour votre sécurité<br />
dans votre exercice ?»<br />
Oui, beaucoup<br />
Oui, un peu<br />
Non, pas du tout<br />
À VOUS LA PAROLE<br />
Vous aussi réagissez sur :.<br />
redaction@legeneraliste.fr<br />
Alerte à l’arnaque !<br />
COMBINE Je tiens à alerter les confrères sur une combine bien huilée<br />
d'une certaine officine de location de lecteur portatif de Cartes Vitale. Un<br />
« beau » jour,un technicien vous propose un nouveau lecteur plus performant qu'il<br />
viendra vous installer gratuitement en cinq minutes.<br />
Entre deux patients, l'installateur vous explique le maniement,tout va très vite ,et<br />
l'on vous fait signer ce que vous croyiez être le récépissé de livraison. Or vous aviez<br />
oublié que vous étiez au quatrième anniversaire de votre contrat et sans le savoir, vous<br />
en avez repris pour encore quatre ans avec des conditions qui vous lient quasiment<br />
même si vous arrêtez votre activité, ce qui est mon cas.Mon associé s'est fait avoir de<br />
la même façon.Je dois continuer à payer au prix fort(environ deux fois le prix de la<br />
concurrence actuelle)un appareil qui ne me servira plus et pendant deux ans.<strong>Le</strong>s termes<br />
du contrat sont en béton et mon avocat n'y peut rien. Pour les contrats à tacite reconduction,la<br />
Loi Chatel peux vous sauver.<br />
Soyez vigilants mes frères et sachez que rien n'est gratuit dans ce bas monde. <strong>Le</strong><br />
dindon picard pré-retraité en mi-temps thérapeutique vous salue bien! <br />
Dr Gilbert Oudin Amiens (Somme)<br />
PING<br />
PONG<br />
Dr Jean-Pierre<br />
Noël,<br />
Thouars (79)<br />
Vision réductrice<br />
Pratiquer une gestion comptable des<br />
médecins militaires m'apparaît bien<br />
réducteur. <strong>Le</strong>ur rôle dépasse largement<br />
un décompte de visites ! Beaucoup n'<br />
ont pas attendu « la géniale idée » du<br />
Dr Mazé (voir <strong>Le</strong> <strong>Généraliste</strong> n° 2544,<br />
page 3) pour se diversifier : servant<br />
dans les services d'urgence par<br />
exemple ou œuvres caritatives. Vous<br />
gommez complètement leurs actions<br />
lors des catastrophes naturelles. Il faut<br />
du temps pour se former à ces<br />
compétences, cela ne s'improvise pas.<br />
L'armée ne se bat pas, affectons-la à<br />
d'autres tâches.<br />
34 %<br />
23 %<br />
44 %<br />
LA SEMAINE DE DELIGNE<br />
STOP AUX GRINCHEUX !<br />
HEUREUX Arrêtez de toujours donner la<br />
parole aux grincheux. Oui il existe des<br />
généralistes heureux. Je suis à 3 ans et demi<br />
de la retraite et pas du tout en burn out. Je<br />
gagne bien ma vie par rapport à la grande<br />
majorité de mes patients. Oui j'aimerais<br />
bien être déjà à la retraite à bientôt 62 ans,<br />
mais je gère mon temps comme je le veux<br />
car installé en groupe. Non, la Sécu ne me<br />
harcèle pas... Oui, les jeunes ont une autre<br />
façon de concevoir la médecine générale :<br />
bien ? Pas bien ? On verra dans 10 ans<br />
quand je serai consommateur.<br />
Ces plaintes continuelles dans votre<br />
journal et dans les autres m'exaspèrent :<br />
dans cette période de crise sommes-nous<br />
les plus défavorisés ? <br />
Dr Patrick Amblard,<br />
Aurillac (Cantal)<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
3
IMAGE SOURCE/CHRISTOPHER ROBBINS<br />
PASIEKA/SPL/PHANI<br />
A LA UNE<br />
Sondage 2010 comme vous l’avez vécu PAGE 10<br />
Avancées médicales L’actu<br />
2010 tous azimuts P. 17<br />
L’essentiel de l’actualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />
ACTUALITÉ PROFESSIONNELLE<br />
Sondage 2010 comme vous l’avez vécu . . . . . . . . . . . . 10<br />
Chronologie L’année au fil de l’actualité . . . . . . . . . . . . 14<br />
ACTUALITÉ MÉDICALE<br />
<strong>Le</strong>s avancées médicales 2010 en... Addictologie,<br />
Antalgie, Cancérologie, Cardiologie, Diabétologie,<br />
Infectiologie, Neurologie, Nutrition, Pédiatrie,<br />
Pneumologie, Rhumatologie et Urologie . . . . . . . . . . . . 17<br />
QUIZZ Testez vos connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />
PETITES ANNONCES<br />
HORIZONS<br />
Spécial Noël Expo, cinéma,<br />
théâtre, notre sélection P. 49<br />
. . . . . . . . . . . . . . . 45<br />
Tourisme Escale à Bora Bora. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49<br />
Beau Livre La chronique des années 70. . . . . . . . . . . . . 50<br />
Exposition « Orages de papier » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />
Cinéma « Une vie de chat ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />
Théâtre « Laissez-moi sortir », « <strong>Le</strong> Roi se meurt »,<br />
« Nono », trois idées de sortie pour les fêtes . . . . . . . . . 51<br />
>L’équipe du <strong>Généraliste</strong> vous souhaite de joyeuses<br />
fêtes et vous donne rendez-vous le 14 janvier 2011.<br />
>D’ici là, retrouvez toute l’actualité en direct<br />
sur notre site<br />
Avec ce numéro, un encart jeté « Guide <strong>Le</strong> Pain » n° 13.<br />
LAWRENCE LAWRY/SPL/PHANIE<br />
L’ÉDITORIAL<br />
Année blanche ?<br />
LES ÉDITIONS DU MÉDECIN<br />
GÉNÉRALISTE<br />
21, rue Camille-Desmoulins,<br />
92789 Issy-les-Moulineaux Cedex 9<br />
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S.A.S. au capital de 150000 euros<br />
Durée : 60 ans à compter<br />
du 24 décembre 1975<br />
Actionnaire unique:<br />
UBM MEDICA Holding France<br />
Président-directeurgénéral, directeur<br />
de la publication: Dr Gérard Kouchner<br />
Directeur de la rédaction:<br />
Jean Paillard (14.74)<br />
jpaillard@legeneraliste.fr<br />
Vendredi 17 décembre 2010 Nº 2547<br />
Étrange année que 2010 ! Elle aura certes amené<br />
quelques surprises : des bonnes (promesse du C à 23 euros<br />
et de la réforme de la médecine de proximité), comme<br />
des mauvaises (taxation de la télétransmission, hausse de<br />
la taxe professionnelle). Mais, de l’avis général, elle aura<br />
surtout été celle des attentes, des indécisions et même<br />
des reculs. Pas de deux sur la réforme Bachelot... Et régression<br />
probable de vos revenus. Il y a pourtant deux façons<br />
bien différentes d’interpréter ces douze mois d’actualité.<br />
<strong>Le</strong>s pessimistes décriront un vide sidéral. 2010 serait<br />
une année sans, une année « pour du beurre ». Et c’est vrai<br />
que pour les médecins, rien ne s’est décidé, rien ne s’est discuté<br />
et au final rien n’a vraiment changé depuis le 1 er janvier.<br />
C’est l’année de la dénonciation de la convention médicale,<br />
sans rien de neuf pour la remplacer. C’est une bonne<br />
année pour la maîtrise des dépenses, mais hormis les primés<br />
du Capi, les médecins n’en ont pas bénéficié en retour. C’est<br />
l’année des élections professionnelles, mais la campagne a<br />
été à moitié escamotée et, au final, les abstentionnistes ont<br />
été majoritaires. Enfin, c’est l’année de la mise en place<br />
des ARS, mais celles-ci semblent se soucier comme d’une<br />
guigne de la médecine de ville.<br />
Face à cet inventaire un peu déprimant, risquons quand<br />
même une interprétation plus optimiste. 2010 serait, en réalité,<br />
le temps de gestation qu’il fallait avant la réforme. Et,<br />
d’ailleurs, elle se clôt sur des notes positives. La première<br />
partie de l’année a été marquée par des grèves de généralistes<br />
à répétition, par des blocages sur le C et le Cs et par un<br />
climat de méfiance entre Roselyne Bachelot et la profession,<br />
hérité de la crise du H1N1. Elle se termine presque en fanfare,<br />
sur la dynamique du rapport Hubert, les promesses<br />
du président et l’arrivée d’un tandem de ministres qui semble<br />
bien accueilli par les médecins. Changement de décor qui<br />
devrait se décliner par la reprise prochaine des négociations<br />
conventionnelles. 2010 s’achève donc plutôt mieux pour vous<br />
qu’il n’a commencé. Faut-il y voir le<br />
signe avant-coureur d’un printemps<br />
de la médecine générale ? C’est en tout<br />
cas le vœu que <strong>Le</strong> <strong>Généraliste</strong> formule<br />
à ses lecteurs pour 2011. <br />
JEAN PAILLARD,<br />
directeur de la rédaction<br />
Abonnements: 01.73.28.14.18.<br />
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40 numéros :<br />
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Dépôt légal : à parution.<br />
Commission paritaire : 0212 T 81255<br />
ISSN : 0183 4568<br />
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Technic Imprim, 91971 <strong>Le</strong>s Ulis.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Généraliste</strong> est une<br />
publication de<br />
UBM MEDICA France
GARO/PHANIE -BSIP/ASTIER<br />
L’ESSENTIEL<br />
DE L’ACTUALITÉ<br />
L’explosion de l’HAD<br />
RAPPORT IGAS L’Inspection<br />
Générale des Affaires Sociales vient<br />
de rendre son rapport très attendu<br />
sur l’hospitalisation à domicile.<br />
Première information, l’activité<br />
d’hospitalisation à domicile a connu<br />
une progression très importante<br />
entre 2005 et 2008, tant en nombre<br />
de journées (+84 %) que de séjours<br />
(+78 %), la durée de séjour restant<br />
stable à 15 jours. La population<br />
prise en charge vieillit légèrement,<br />
l’âge moyen passant de 61 ans<br />
à 63 ans. Mais les auteurs du rapport<br />
se sont aussi concentrés pour partie<br />
sur les relations entre acteurs d’HAD<br />
et médecins libéraux.<br />
16 recommandations « Alors que le<br />
réflexe des médecins traitants était,<br />
traditionnellement, d’envoyer à l’hôpital<br />
les malades complexes, le<br />
regard des médecins de ville a évolué<br />
au fur et à mesure qu’un nombre<br />
accru de leurs patients était admis<br />
en HAD, notent-ils. En effet des relations<br />
très étroites sont nouées avec<br />
les médecins traitant dans le cadre<br />
de la prise en charge. Cela a conduit<br />
MOINS DE MÉDICAMENTS PRESCRITS... EN VILLE<br />
En matière de consommation de médicaments, l’année 2009 a connu<br />
une des croissances les plus basses sur les dix dernières années à<br />
+2,3 % contre 6 à 8 % par an au début de la décennie. « La tendance<br />
observée sur les dix premiers mois de l’année 2010 prolonge le mouvement<br />
de décélération : +1,4 % pour les médicaments délivrés en ville » expliquait<br />
la CNAMTS lors de la réunion de son conseil la semaine dernière.<br />
<strong>Le</strong>s prescriptions hospitalières représentent<br />
les trois quarts de la croissance : +7 % pour<br />
l’hôpital contre à peine +0,8 % pour les<br />
prescriptions par les médecins de ville.<br />
« De plus, la croissance des prescriptions des<br />
médecins de ville s’explique principalement par<br />
le renouvellement des traitements initiés<br />
Une croissance de seulement<br />
1,4 % pour les médicaments<br />
délivrés en ville en 2010.<br />
progressivement, à positionner<br />
l’HAD comme appui des médecins<br />
traitants, notamment en termes<br />
d’expertise, de permanence et de<br />
continuité des soins. » À l’arrivée,<br />
l’HAD apporte aux libéraux plus de<br />
sécurité pour des patients lourds et<br />
complexes et peut les soulager<br />
techniquement. En conclusion,<br />
l’IGAS fait 16 recommandations<br />
pour contribuer au développement<br />
de l’hospitalisation à domicile parmi<br />
lesquelles le « renforcement de la<br />
formation des intervenants libéraux<br />
et le développement de la formation<br />
initiale et continue en matière<br />
de coordination médicale et paramédicale<br />
». <br />
La proposition Fourcade débattue en février<br />
La proposition de loi du sénateur Fourcade sera sans doute le rendez-vous à surveiller<br />
en début d’année prochaine. « Plus ça va, plus ça se transforme en DDOS »,<br />
disait-il la semaine dernière lors d’un séminaire organisé par le groupe Galilée<br />
autour du « renouveau pour les soins primaires ». Ce fourre-tout législatif portant<br />
« diverses dispositions d’ordre social » devrait donc être discuté en févier a confirmé<br />
le sénateur UMP des Hauts-de-Seine. A sa proposition de loi initiale qui synthétisait<br />
treize propositions pour « adoucir » la réforme HPST devrait donc s’ajouter un<br />
statut pour les pôles de santé. Et peut-être aussi d’autres traductions du rapport<br />
Hubert : celles, par exemple, qui touchent à la réforme de la formation.<br />
à l’hôpital », a précisé la CNAMTS. En dehors<br />
de ces renouvellements, les prescriptions<br />
de ville ont même diminué de 70 millions.<br />
LEICHER RÉÉLU À MG<br />
<strong>Le</strong> président de MG France a été<br />
reconduit à la tête de MG France<br />
dimanche lors de l’AG du syndicat. Il<br />
avait été élu pour la première fois en<br />
2009 contre Martial Olivier-Koehret.<br />
36<br />
C’est le nombre de jours d’espérance<br />
de vie en moins pour les<br />
Américains. En 2008, les hommes<br />
avaient une espérance de vie de<br />
75,3 ans (contre 75,4 en 2007) et les<br />
femmes de 80,3 ans (contre 80,4).<br />
URPS : ANNULATIONS<br />
EN CASCADE<br />
Après la Bretagne, la Guadeloupe et<br />
les spécialistes en PACA, c’est en<br />
Aquitaine que les résultats des élections<br />
aux URPS ont été annulés.<br />
RETOUR DE LA TAXE PRO<br />
Selon le budget définitif pour l’année<br />
prochaine, les communes pourront<br />
exiger un montant minimum<br />
compris entre 200 et 6000 euros<br />
pour la cotisation financière des<br />
entreprises des libéraux, l’impôt qui<br />
remplace la taxe professionnelle.<br />
L’AIDE MÉDICALE N’EST<br />
PLUS GRATUITE<br />
<strong>Le</strong>s bénéficiaires de l’AME devront<br />
désormais payer un droit d’entrée<br />
de 30 euros. Députés et sénateurs en<br />
ont décidé ainsi dans la version<br />
finale du budget 2011.<br />
LA CSMF S’IMPATIENTE<br />
Réunie en AG le week-end dernier,<br />
la CSMF a adopté six motions. Elle<br />
maintient notamment son mot<br />
d’ordre sur le C à 23 euros bien<br />
que cette revalorisation devienne<br />
légale à partir du 1 er janvier.<br />
LES PROJETS SANTÉ POUR<br />
2012 SE PRÉCISENT<br />
Après l’adoption par le PS de son<br />
projet sur « l’égalité réelle » qui comprend<br />
un volet santé, le Nouveau<br />
Centre a tenu une convention<br />
thématique « Santé » mardi à Paris.<br />
L’UNOF PARTANTE POUR<br />
PARLER RÉMUNÉRATION<br />
La branche généraliste de la CSMF<br />
se dit fin prête pour commencer les<br />
négociations avec la CNAMTS sur la<br />
réforme de la rémunération des<br />
généralistes selon le modèle des<br />
trois étages: actes, forfait et CAPI<br />
conventionnel.<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
7
L’ESSENTIEL<br />
DE L’ACTUALITÉ<br />
LES INÉGALITÉS SOCIALES DE L’APRÈS-CANCER<br />
Une personne atteinte de cancer sur deux a moins de<br />
67 ans. Mais les chances de conserver son emploi après<br />
une période de deux ans sont réduites de 13 % chez<br />
les personnes atteintes de cancer par rapport<br />
aux actifs sains, comme l’a mis en exergue une<br />
étude de la DREES. « La réinsertion professionnelle<br />
n’est pas anticipée », s’alarme le Pr Jean-Pierre<br />
Grünfeld (néphrologue) lors d’un récent colloque<br />
sur le thème « Cancer et Travail ». Ainsi,<br />
à la reprise de leur travail, un patient sur cinq<br />
se sent pénalisé professionnellement et les<br />
fonctions d’exécution sont plus durement touchées<br />
que les postes d’encadrement. Et si le<br />
médecin du travail devrait être au premier plan dans la reprise professionnelle,<br />
il ne joue malheureusement pas pleinement son rôle. « Souvent la<br />
visite de reprise est effectuée comme une simple formalité », indique Marcel<br />
Goldberg (directeur de recherche, INSERM). Seulement 8 % des médecins<br />
du travail sont en contact avec les équipes soignantes et le cancérologue<br />
se sent peu concerné par cet aspect. Pour que cette situation s’améliore,<br />
« le plan Cancer prévoit de mieux formaliser le temps de l’après parcours<br />
thérapeutique », indique Dominique Maraninchi (directeur de l’INCA).<br />
L’hormone de croissance<br />
épinglée par l’Afssaps<br />
PHARMACOVIGILANCE<br />
L’Agence française de sécurité sanitaire<br />
des produits de santé (Afssaps)<br />
émet un message de prudence dans<br />
l’utilisation de l’hormone de croissance<br />
suite aux résultats de l’étude<br />
« Santé Adulte GH Enfant » (SAGHE)<br />
menée sur 7 000 personnes<br />
traitées entre<br />
1985 et 1996. « <strong>Le</strong>s analyses<br />
réalisées dans la<br />
population de patients<br />
traités pour un retard de<br />
croissance montrent une<br />
surmortalité par rapport<br />
à celle observée dans la<br />
population générale. <strong>Le</strong><br />
risque augmente chez les<br />
patients ayant reçu de<br />
fortes doses, au-delà de<br />
celles autorisées dans les autorisations<br />
de mise sur le marché », peut-on<br />
lire sur le site de l’Afssaps. Côté chiffres,<br />
93 décès ont été constatés pour<br />
70 décès dans la même classe d’âge.<br />
Soit 23 décès en excès.<br />
Précautions Après la maladie de<br />
Creutzfeldt- Jakob qui a plombé l’hormone<br />
extractive, ce sont les complications<br />
vasculaires cérébrales et les<br />
tumeurs osseuses qui sont à la barre<br />
8 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
des accusés. Pour autant, aucune relation<br />
de causalité n’a été démontrée.<br />
En attente d’un travail confirmatif<br />
réalisé à l’échelon européen, l’Afssaps<br />
préconise de réserver ce traitement<br />
aux enfants pour lesquels le bénéfice<br />
escompté est important. l’Afssaps réitère<br />
la nécessité de respecter<br />
strictement les<br />
conditions de prescription<br />
des hormones de<br />
croissance, et en particulier<br />
les doses recommandées.<br />
Cette information<br />
a été relayée aux associations<br />
de patients. De<br />
plus, « ces nouvelles données<br />
seront portées dans<br />
les tous prochains jours à<br />
la connaissance des<br />
patients ainsi que des professionnels<br />
de santé, prescripteurs de ces médicaments<br />
», indique l’Afssaps. <strong>Le</strong>s traitements<br />
à base d’hormones de croissance<br />
synthétiques sont utilisés<br />
pour soigner les déficits en hormone<br />
de croissance et les patients de petite<br />
taille. Actuellement, environ 9 800<br />
enfants et adolescents de moins de 18<br />
ans sont traités, toutes indications<br />
confondues. <br />
CHOLÉRA IMPORTÉ<br />
Un article du NEJM montre que les<br />
souches de vibrions cholériques<br />
isolées en Haiti proviennent d’Asie,<br />
et non de la plus proche Amérique<br />
du Sud où le choléra est pourtant<br />
présent depuis 1991. Il n’y a<br />
pas eu d’épidémie depuis 100 ans<br />
en Haïti.<br />
1 %<br />
C’est la proportion estimée de décès<br />
en rapport avec le tabagisme passif<br />
au niveau mondial, soit une estimation<br />
de 600 000 morts annuelles,<br />
selon une étude du Lancet. Un<br />
signal fort alors que la prévalence<br />
tabagique en France a augmenté<br />
de 4% entre 2005 et 2010.<br />
GROSSE FATIGUE<br />
En 2010, les salariés se sentent<br />
un peu moins soumis à la pression<br />
psychologique, mais se sentent<br />
plus fatigués qu'en 2009, selon<br />
une enquête menée par le groupe<br />
Malakoff Médéric dans le secteur<br />
privé. <strong>Le</strong>s cadres sont les plus<br />
exposés: 33 % ont connu une<br />
mutation de leur environnement<br />
professionnel, 35 % seulement<br />
s'estiment efficaces dans leur<br />
travail et 60 % se disent fatigués.<br />
DROGUE : UNE CAMPAGNE<br />
QUI CIBLE LES PARENTS<br />
La campagne TV « Contre les<br />
drogues, chacun peut agir » a été<br />
lancée lundi pour encourager les<br />
parents et les adultes à engager le<br />
dialogue avec leurs enfants au sujet<br />
des drogues, sans dramatisation ni<br />
banalisation, et à demander une<br />
aide extérieure si c’est nécessaire.<br />
MONURIL ® INDIQUÉ CHEZ<br />
L’ADOLESCENTE PUBÈRE<br />
<strong>Le</strong> traitement monodose de la cystite<br />
aiguë non compliquée de la<br />
femme est désormais étendu aux<br />
cystites des jeunes filles pubères.<br />
La posologie est d’un sachet de 3 g<br />
de Monuril® (fosfomycine-trométamol)<br />
en une seule prise. Cet antibiotique<br />
est recommandé comme<br />
antimicrobien de première intention<br />
selon les recommandations de<br />
l’Afssaps. Il atteint une concentration<br />
urinaire efficace jusqu’à 36 à<br />
48 heures après la prise et ne<br />
génère pas de résistance croisée.<br />
La demande de remboursement par<br />
la Sécurité sociale a été déposée<br />
par le laboratoire Zambon.<br />
GARO/PHANIE-VOISIN/PHANIE
RETROSPECTIVE<br />
SONDAGE 2010 COMME<br />
VOUS L’AVEZ VÉCU...<br />
Pas contents d’avoir été mis sur la touche au moment<br />
de la vaccination contre la grippe H1N1, les médecins<br />
généralistes ne font grâce à Roselyne Bachelot que d’une<br />
seule chose : être finalement revenue sur les mesures<br />
coercitives de sa réforme. Par ailleurs, notre sondage<br />
CMC révèle que, sur le plan médical, la profession a été<br />
bluffée par la première greffe visage-bouche-paupières.<br />
Et, concernant la santé publique, elle applaudit l’entrée<br />
dans le calendrier vaccinal de la méningite C.<br />
10 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
<strong>Le</strong>s maladresses et les reculs législatifs<br />
de Roselyne Bachelot, d’une part…<br />
L’adresse et les avancées chirurgicales<br />
du Pr Lantieri, de l’autre… En schématisant,<br />
voilà ce qu’ont retenu de 2010 les<br />
médecin généralistes. <strong>Le</strong>s résultats de notre<br />
sondage Call Medica Call/<strong>Le</strong> <strong>Généraliste</strong> suggèrent<br />
d’abord qu’il était temps que Roselyne<br />
Bachelot change de portefeuille ministériel.<br />
En effet, quel est le comble de l’agacement ces<br />
derniers mois pour les généralistes de l’Hexagone<br />
? La désastreuse campagne de vaccination<br />
contre le H1N1 !<br />
La profession a visiblement peu goûté d’être<br />
mise à l’écart de cette campagne, en théorie pour<br />
des raisons de conditionnement des produits, en<br />
réalité pour des motifs de gros sous, avant que<br />
le ministère de la Santé ne revienne en arrière<br />
au tout début de 2010 en concédant aux praticiens<br />
la possibilité de vacciner, pour moins de<br />
7 euros la piqûre. Pour un généraliste sur deux,<br />
le principal motif de frustration en 2010 est<br />
d’avoir été ainsi court-circuité sans trop de ménagement,<br />
avant d’être remis dans la boucle,<br />
mais quasiment au prix de l’acte infirmier...<br />
Excédés par la campagne H1N1<br />
En comparaison, même la taxation annoncée<br />
des feuilles de soins papier apparaît loin derrière,<br />
citée comme principale source d’allergie par seulement<br />
un généraliste sur cinq. Pourtant, les discussions<br />
autour de la fameuse taxe auront animé<br />
une grande partie de l’année : elle est à l’origine<br />
des mouvements de fermeture des cabinets qui<br />
ont émaillé le premier semestre et de pas mal<br />
d’aller-retours de la part des pouvoirs publics,<br />
avant que la Sécu ne tranche, fin avril, sur une<br />
entrée en vigueur début 2011.<br />
Paradoxalement, on retrouve aussi la réforme<br />
Bachelot dans les motifs de satisfaction des médecins<br />
généralistes. Mais c’est parce que la ministre<br />
a fait amende honorable que les généralistes<br />
sont contents. Un gros tiers d’entre eux<br />
applaudit à l’abandon des mesures coercitives<br />
de la réforme « HPST » : déclaration obligatoire<br />
de congés et pénalités pour les récalcitrants aux<br />
PAUL BRETAGNE ET FRANÇOIS PETTY BURGER/PHANIE - JFO
<strong>Le</strong> surplace du<br />
dispositif du DPC<br />
<strong>Le</strong> « niet » de la Cour<br />
de cassation au Cs<br />
pour les généralistes<br />
<strong>Le</strong>s tentatives de<br />
repousser l’âge<br />
de la retraite des<br />
médecins à 67 ans<br />
La recrudescence<br />
de la rougeole<br />
L’apparition de cas<br />
autochtones<br />
de dengue et<br />
de chikungunya<br />
en France<br />
métropolitaine<br />
La polémique<br />
sur le Mediator<br />
Qu’est-ce qui vous a<br />
le plus agacé en 2010?<br />
L’enième<br />
report du DMP<br />
<strong>Le</strong> succès<br />
du Capi<br />
3,5<br />
11,5<br />
13,5<br />
2,5<br />
%<br />
49<br />
La mise à l’écart<br />
des généralistes<br />
de la vaccination<br />
contre le H1N1<br />
La décision de<br />
<strong>Le</strong> retour de Xavier<br />
Bertrand à la Santé<br />
La victoire du Front<br />
« anti-Bachelot »<br />
aux URPS<br />
La dynamique initiée<br />
par le rapport Hubert<br />
9,5<br />
12<br />
16,5<br />
1,5<br />
%<br />
36<br />
20<br />
taxer les feuilles<br />
de soins papier<br />
sur la médecine<br />
de proximité<br />
24,5<br />
Quel élément médical<br />
vous a le plus marqué ?<br />
La naissance de jumeaux<br />
issus d’embryons<br />
congelés en France<br />
Qu’est-ce qui vous<br />
a le plus réjoui ?<br />
Quelle a été la meilleure décision<br />
en santé publique ?<br />
<strong>Le</strong> retrait des sirops antitussifs<br />
anti-histaminiques H1<br />
chez le nourrisson<br />
La première greffe La hausse de 6%<br />
11,5<br />
4<br />
totale de visage,<br />
bouche et<br />
du prix du tabac<br />
8<br />
6<br />
12,5<br />
%<br />
31,5 paupières<br />
comprises<br />
La décision de<br />
systématiser le<br />
dépistage du VIH en ville<br />
via les généralistes<br />
11<br />
%<br />
41,5<br />
14<br />
L’arrivée de<br />
14,5<br />
26,5 nouveaux<br />
médicaments<br />
L’interdiction à la vente<br />
de biberons renfermant<br />
19<br />
dans le diabète<br />
du bisphénol A<br />
Fiche technique Cette enquête a été réalisée par CMC (Call Medi Call) par téléphone auprès d’un panel de 200 médecins généralistes du 26 novembre au 2 décembre 2010.<br />
« contrats santé solidarité ». Comme motif d’allégresse,<br />
on s’attendrait à plus enthousiasmant.<br />
Sans doute faut-il y voir une nouvelle preuve que<br />
2010 n’a pas apporté de grandes nouveautés.<br />
Au hit-parade de la satisfaction, l’annonce<br />
par Nicolas Sarkozy du C à 23 euros est retenue<br />
à la première place par seulement 19 % de nos<br />
sondés. Il faut dire qu’elle était attendue depuis<br />
longtemps et puis, accordée au printemps, il<br />
faudra ensuite du temps pour qu’elle se concrétise<br />
au 1 er janvier prochain… Reste la dynamique<br />
initiée par Elisabeth Hubert : rapport sur la médecine<br />
de proximité, puis annonce d’une réforme<br />
par le président. C’est, objectivement, le plus<br />
gros chantier initié cette année, mais, visiblement,<br />
les généralistes attendent à voir. On leur<br />
a déjà tellement promis...<br />
La greffe du visage les enthousiasme<br />
Concernant les points saillants de l’actualité médicale,<br />
l’opinion des généralistes apparaît plus<br />
partagée encore. 31,5 % retiennent la première<br />
greffe visage-bouche-paupière réalisée fin juin<br />
par l’équipe du Pr Laurent Lantieri à l’hôpital<br />
Henri-Mondor à Créteil. Sacré exploit effectivement<br />
: l’opération a duré 12 heures, c’est la<br />
treizième greffe de visage dans le monde, cinq<br />
ans après Isabelle Dinoire à Amiens et c’est, surtout,<br />
la première fois que l’on réalise le tour de<br />
force de greffer les paupières avec tout le système<br />
lacrymal. On est loin bien sûr du cabinet<br />
de médecine générale, mais c’est, peut-être, une<br />
façon pour les généralistes de célébrer l’excellence<br />
médicale française. En comparaison, l’ar-<br />
L’entrée dans<br />
le calendrier<br />
vaccinal<br />
de la vaccination<br />
contre<br />
la méningite C<br />
a été plébiscitée<br />
par la profession.<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
L’abandon<br />
des mesures<br />
coercitives de la<br />
réforme « HPST »<br />
L’annonce du<br />
C à 23 euros par<br />
Nicolas Sarkozy<br />
L’intégration de<br />
la vaccination<br />
contre la<br />
méningite C<br />
au calendrier<br />
vaccinal<br />
L’implication<br />
des généralistes<br />
dans le dépistage<br />
du cancer du col<br />
de l’utérus<br />
rivée de nouveaux médicaments dans le diabète<br />
est d’une utilité quotidienne pour les médecins<br />
de ville : un gros quart (26,5 %) en fait l’événement<br />
médical majeur de 2010. À côté de ces deux<br />
nouveautés médicales, la polémique sur le Médiator®,<br />
pourtant récente et très médiatisée, l’apparition<br />
de la dengue en métropole et, même, la<br />
recrudescence de la rougeole ne sont cités que<br />
par un peu plus d’un médecin sur dix.<br />
Notre sondage a enfin voulu savoir comment<br />
ont été perçues les principales mesures de santé<br />
publique prises pendant l’année. Pas de doute<br />
possible, c’est l’arrivée du méningocoque C dans<br />
le calendrier vaccinal qui recueille la majorité<br />
des suffrages : pour plus de 4 médecins sur 10,<br />
c’est la meilleure décision prise en santé publique<br />
cette année. Un tel score peut surprendre<br />
compte tenu de l’incidence faible (quelques centaines<br />
de cas par an) de la méningite C dans notre<br />
pays. Sans doute l’extrême gravité de cette<br />
infection fulgurante, mais aussi le changement<br />
que la vaccination représente dans la pratique<br />
des généralistes expliquent-elles que les praticiens<br />
soient si nombreux à faire de sa prévention<br />
une priorité. Et la médiatisation des cas<br />
avec, notamment, la vaccination de plusieurs<br />
milliers d’étudiants à Lille cet automne y<br />
est sans doute aussi pour quelque chose.<br />
À côté, l’implication des généralistes dans le dépistage<br />
systématique du Sida n’est placée en tête<br />
que par 11 % des sondés. C’est peu. Et beaucoup<br />
moins que le rôle croissant qui leur est désormais<br />
attribué dans la prévention du cancer du<br />
col de l’utérus. ><br />
11
PROFESSION<br />
2010, COMME VOUS L’AVEZ VÉCU...<br />
BERTRAND-BERRA, LE TANDEM GAGNANT ?<br />
Dans le mille ! Sarkozy a<br />
visiblement fait la bonne<br />
opération en demandant<br />
à Xavier Bertrand de<br />
reprendre une deuxième<br />
fois les rênes de la Santé.<br />
63 % de nos sondés ont,<br />
en effet, une bonne ou très<br />
bonne opinion du nouveau tandem qu’il forme avec Nora<br />
Berra. Probablement ce bon score s’explique-t-il un peu par<br />
des relations avec Roselyne Bachelot qui devenaient de plus<br />
en plus compliquées avec les médecins. De ce point de vue,<br />
Nora Berra bénéficie d’une certaine virginité. Quant à<br />
12 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
Xavier Betrand, il faut croire que la réforme du médecin<br />
traitant n’a pas laissé de mauvais souvenirs aux praticiens.<br />
Peut-on parler d’état de grâce pour<br />
le nouveau binôme santé du<br />
gouvernement ? Il faut quand même<br />
rester prudent. D’abord, parce qu’à<br />
regarder du côté des extrêmes, les<br />
très mauvaises opinions (11 %) sont<br />
nettement plus fortes que les très<br />
bonnes (4 %). Ensuite, parce qu’il faut<br />
garder à l’esprit que parmi les bonnes nouvelles de 2010<br />
(voir p. 11), la nomination de Xavier Bertrand n’arrive qu’en<br />
cinquième position parmi les médecins généralistes...<br />
Quatre généralistes, quatre points de vue<br />
« La victoire du front anti-Bachelot »<br />
Dr Sophie Siegrist : « <strong>Le</strong> score de la réponse sur la<br />
vaccination contre le H1N1 est à la hauteur du<br />
mécontentement ressenti par la profession. Faire de la<br />
médecine et de la prévention sans les médecins généralistes,<br />
c’est un non-sens. Pour le reste des motifs d’agacement, je les<br />
partage également. Ce qui m’a le plus réjoui en 2010, c’est<br />
certainement la victoire du front anti-Bachelot. <strong>Le</strong>s pouvoirs<br />
publics avaient fait le pari que les opposants perdraient les<br />
élections. Ils ont eu tort. Pour ce qui concerne les événements<br />
médicaux de cette année, je relève la dengue, le<br />
chikungunya. Et la rougeole, qui relève le<br />
plus de ma pratique. En revanche, pas grand<br />
chose ne retient mon attention en santé<br />
publique, j’ai l’impression que la plupart<br />
d’entre nous avaient déjà intégré les<br />
recommandations que vous citez. Enfin, mon<br />
opinion sur le nouveau tandem est bonne. Nora Berra a fait<br />
du bon travail au ministère des Aînés et le précédent passage<br />
de Xavier Bertrand à la Santé m’a laissé un bon souvenir. <br />
Médecin généraliste à <strong>Le</strong> Ban Saint-Martin (Moselle).<br />
« La taxation des FSP est injuste »<br />
Dr Vincent Hélis : « Plus que la mise à l’écart des<br />
généralistes sur le H1N1, c’est la décision de taxer les<br />
feuilles de soins papiers qui m’a le plus agacé. Tout<br />
simplement parce que c’est totalement injuste.<br />
Un médecin qui est équipé, il télétransmet.<br />
S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il y a un<br />
problème. Soit provenant du patient qui n’a<br />
pas sa carte. Soit parce que la caisse<br />
primaire elle-même met trois semaines à<br />
renvoyer une carte. Et le cas de figure est loin<br />
d’être rarissime. Ce qui m’a le plus réjoui en 2010 ? À titre<br />
personnel, le départ de Madame Bachelot du ministère de la<br />
Santé et, dans le registre de la santé publique, je me réjouis<br />
grandement de l’interdiction à la vente des biberons<br />
renfermant du bisphénol A. Enfin, je reste prudent face<br />
au tandem Bertrand-Berra. Nous verrons à la pratique ». <br />
Médecin généraliste à Frontenay-Rohan-Rohan (Deux-Sèvres).<br />
Quel opinion avezvous<br />
de ce binôme ?<br />
4 % Très bonne<br />
59 % Bonne<br />
26 % Mauvaise<br />
11 % Très mauvaise<br />
« Aucune raison d’être réjoui »<br />
Dr Georges Delamare « Notre mise à l’écart de la<br />
vaccination contre le H1N1, qui a commencé à l’automne<br />
2009, je le rappelle, a aussi suscité chez moi, un<br />
énervement certain. Quant à savoir ce qui m’a<br />
le plus réjoui en 2010, j’ai beau chercher,<br />
je ne vois pas. Vous n’avez pas un item<br />
« Rien » ? Idem pour l’événement<br />
médical. Certes, la greffe totale de visage<br />
est une prouesse, mais très éloignée de<br />
notre champ d’intervention. En revanche,<br />
l’intégration de la vaccination contre la méningite C au<br />
calendrier vaccinal est, je pense, une bonne chose. Enfin,<br />
mon opinion concernant le nouveau tandem au ministère<br />
de la Santé est claire : nul. Nora Berra a déjà l’air larguée<br />
sur les dossiers qui sont les siens. Quant à Xavier Bertrand,<br />
dont c’est le retour, il ne devrait pas avoir d’autre latitude<br />
que de suivre les recommandations du chef de l’Etat. <br />
Médecin généraliste à Blois (Loir-et-Cher).<br />
« Non-respect de la parole donnée »<br />
Dr Dominique Dreux « Au chapitre de l’agacement, je<br />
réponds spontanément le Cs. Il s’agit ni plus ni moins d’un<br />
non-respect de la parole donnée. Donc, en corollaire,<br />
l’annonce de Nicolas Sarkozy sur la possibilité pour les<br />
généralistes de le coter en 2011 ne m’a fait ni chaud ni froid.<br />
Au passage, je suis effondré par le fait qu’autant de confères<br />
soient réjouis par l’abandon des mesures coercitives. Après<br />
tout, c’était la moindre des choses. La polémique sur le<br />
Mediator® est sans doute ce qui m’a le plus marqué sur le<br />
volet des événements médicaux. C’est peut-être le signe<br />
qu’on s’apprête à sortir des conflits d’intérêts. L’intégration<br />
de la vaccination contre la méningite C au calendrier<br />
vaccinal me semble aussi une bonne chose. Quant au<br />
nouveau tandem ministériel, je n’y crois pas<br />
trop. Ce n’est pas une question de personne.<br />
Ce que je constate, c’est que la Santé ne<br />
semble pas mériter un ministre d’envergure<br />
à part entière ». <br />
Médecin généraliste à Igny (Essonne).<br />
VOISIN-BURGER/PHANIE - FP1 - F ZECCHIN
AMI IMAGES/SPL/PHANIE<br />
PROFESSION<br />
CHRONOLOGIE<br />
2010, AU FIL DE L’ACTU<br />
Adieu la Convention de 2005 et bonjour les Urps. L’année 2010 aura été une année de débats plus<br />
qu’une année de décisions. Elle a été marquée par les élections profesionnelles de septembre, par<br />
l’entrée en vigueur progressive de la réforme HPST. Et par l’arrivée de Xavier Bertrand à la Santé.<br />
JANVIER<br />
12 En présentant ses<br />
vœux au monde de la santé<br />
à Perpignan, Nicolas Sarkozy<br />
confie une mission de réflexion<br />
au président du CNOM<br />
Michel <strong>Le</strong>gmann sur la « définition<br />
d’un nouveau modèle<br />
de la médecine libérale ».<br />
12 Alors que l’épidémie<br />
commence à refluer, Roselyne<br />
Bachelot autorise enfin les généralistes<br />
à vacciner contre la<br />
grippe A(H1N1) dans leur cabinet,<br />
même sans bon. Une<br />
lettre-clé nouvelle est créée<br />
pour l’occasion : le VAC... qui<br />
vaut 6,60 euros !<br />
19 <strong>Le</strong> Pr Guy Vallencien<br />
et le sénateur UMP Jean-Marc<br />
Juilhard remettent un rapport<br />
sur les maisons de santé au<br />
gouvernement. « <strong>Le</strong> dispositif<br />
de premier recours est le<br />
maillon faible du système de<br />
santé français » : cette petite<br />
phrase déplaira profondément<br />
à certains syndicalistes.<br />
24 Assemblée générale<br />
d’Union <strong>Généraliste</strong> pour élire<br />
son tout premier bureau.<br />
Claude Bronner et Jean-Paul<br />
Hamon sont co-présidents.<br />
FÉVRIER<br />
10 <strong>Le</strong> président du CISS,<br />
Christian Saout, provoque une<br />
bronca après avoir fait une<br />
mauvaise plaisanterie sur<br />
France Info : les médecins of-<br />
friraient des sacs à main à leur<br />
épouse et des playmobils à<br />
leurs enfants avec l’argent des<br />
aides à la télétransmission.<br />
10 Nicolas Sarkozy annonce<br />
le lancement d’un plan<br />
triennal de création de maisons<br />
de santé. <strong>Le</strong> Président en<br />
veut 250 de plus d’ici à 2013.<br />
12 La convention de<br />
2005 arrive à expiration, l’arbitre<br />
Bertrand Fragonard a<br />
débuté ses consultations depuis<br />
un mois. En effet, six<br />
mois auparavant, la CSMF et<br />
le SML se sont opposés à sa<br />
reconduction tacite.<br />
MARS<br />
11 C’est la grève ! La<br />
journée de fermeture des cabinets<br />
à l’appel de MG France,<br />
Union généraliste, Union Collégiale<br />
et le SNJMG remporte<br />
un succès inatendu. <strong>Le</strong> ministère<br />
de la Santé estime que<br />
18 % des cabinets ont gardé<br />
porte close ce jour là.<br />
24 <strong>Le</strong> Président de la<br />
République annonce une<br />
grande concertation sur la<br />
« médecine de proximité ».<br />
14 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
GARO/PHANIE<br />
GARO/PHANIE<br />
26 OUVERTURE À<br />
LILLE DU V e CONGRÈS DE<br />
MG FRANCE<br />
31 <strong>Le</strong> directeur de l’Uncam<br />
prend unilatéralement la<br />
décision de taxer les feuilles<br />
de soins papier à partir du<br />
1er janvier 2011.<br />
AVRIL<br />
1 er LANCEMENT OFFI-<br />
CIEL DES 26 AGENCES RÉ-<br />
GIONALES DE SANTÉ.<br />
8 La Cour de Cassation<br />
refuse le droit aux généralistes<br />
de coter en CS dans l’affaire<br />
des « neuf de la Drôme »<br />
dont le président de MG<br />
France, Claude <strong>Le</strong>icher. Un<br />
nouvel appel à la fermeture<br />
des cabinets avait été fait pour<br />
le même jour, avec une participation<br />
en légère baisse selon<br />
le ministère de la Santé.<br />
13 Michel <strong>Le</strong>gmann rend<br />
les conclusions de son rapport<br />
au président de la République.<br />
Il fait vingt propositions.<br />
16 Revirement de situation<br />
! Nicolas Sarkozy an-<br />
GARO/PHANIE<br />
GARO/PHANIE<br />
nonce pour le 1 er janvier la<br />
hausse du C à 23 euros et le<br />
droit au Cs pour les généralistes<br />
à l’occasion d’un déplacement<br />
à Livry-Gargan<br />
en banlieue parisienne. Dans<br />
le même temps, il charge<br />
l’ancienne ministre Elisabeth<br />
Hubert d’une mission sur la<br />
médecine de proximité.<br />
16 LE TAUX DE REM-<br />
BOURSEMENT DE 153 MÉ-<br />
DICAMENTS PASSE À 15 %.<br />
20 Bertrand Fragonard<br />
rend sa proposition de règlement<br />
arbitral, qui remplace<br />
la convention médicale dont<br />
il reprend l’essentiel et entérine<br />
la hausse du C.<br />
26 <strong>Le</strong> TASS de Vannes<br />
donne raison à un généraliste<br />
sur le CS. Nouvelle victoire<br />
pour un autre généraliste dès<br />
le lendemain à Digne.<br />
MAI<br />
5 LE RÈGLEMENT AR-<br />
BITRAL ENTRE EN VI-<br />
GUEUR.<br />
6 <strong>Le</strong> Haut conseil pour la<br />
santé publique remet son rap-<br />
PRÉSIDENCE DE LA REPUBLIQUE<br />
BSIP/CHAGNON
GARO/PHANIE<br />
GARO/PHANIE<br />
port d’évaluation des cent objectifs<br />
de la loi de santé publique<br />
de 2004.<br />
20 Raoul Briet remet au<br />
président de la République un<br />
rapport sur le pilotage des dépenses<br />
de santé. Il propose un<br />
renforcement des prérogatives<br />
du Comité d’alerte. Désormais,<br />
l’heure est à la surveillance<br />
stricte des dépenses.<br />
JUIN<br />
18 Dernière journée<br />
d’action de l’intersyndicale<br />
des généralistes en colère.<br />
25 Au Congrès de la médecine<br />
générale de Nice, Roselyne<br />
Bachelot annonce la<br />
suspension des mesures qui<br />
fâchent dans HPST.<br />
JUILLET<br />
13 Rapport de la commission<br />
d’enquête de l’Assemblée<br />
nationale sur la campagne<br />
de vaccination contre<br />
la grippe A(H1N1).<br />
23 En déplacement à<br />
Bordeaux, Roselyne Bachelot<br />
confirme le déploiement national<br />
du DMP à partir de décembre.<br />
AOÛT<br />
4 <strong>Le</strong>s textes organisant la<br />
mise en place des programmes<br />
d’éducation thérapeutiques<br />
paraissent.<br />
SEPTEMBRE<br />
8 <strong>Le</strong> Dr Didier Poupardin<br />
est entendu par le TASS de<br />
Créteil en raison de son usage<br />
« abusif » de l’ordonnancier<br />
bizone. A ce jour, la justice<br />
n’a toujours pas tranché.<br />
29 C’est le début des<br />
élections des représentants<br />
des médecins pour les Unions<br />
régionales des professionnels<br />
de santé (URPS). <strong>Le</strong> taux de<br />
participation est de 47 % chez<br />
les généralistes.<br />
OCTOBRE<br />
4 Résultats des élections<br />
aux URPS dans le collège<br />
« généralistes » : 30,2 % pour<br />
MG France, 26,5% pour la<br />
CSMF, 19,2% pour le SML et<br />
18,6 % pour Union <strong>Généraliste</strong>.<br />
Au niveau de l’ensemble<br />
de la profession, l’axe<br />
CSMF/SML sort vainqueur<br />
avec 55 % des suffrages.<br />
4 <strong>Le</strong> Nobel de médecine<br />
est décerné à Robert Edwards<br />
pionnier de la fécondation in<br />
vitro et « père scientifique »<br />
de Louise Brown.<br />
5 <strong>Le</strong> « CALM » (Comité<br />
pour l’avenir de la médecine<br />
libérale CSMF/SML) présente<br />
ses 100 propositions.<br />
7 LE CNPS PRÉSENTE<br />
SA PLATE-FORME DE<br />
55 PROPOSITIONS.<br />
13 <strong>Le</strong> conseil des ministres<br />
adopte un PLFSS, qui<br />
s’intéresse assez peu à la mé-<br />
DR<br />
GARO/PHANIE<br />
decine de ville. Il prévoit un<br />
Ondam limité à 2,9 %.<br />
20 Adoption en Conseil<br />
des ministres du projet de loi<br />
de révision des lois de bioéthique.<br />
Il sera débattu au Parlement<br />
à partir du 8 février.<br />
20 PUBLICATION DU<br />
III E PLAN ANTIBIOTIQUES.<br />
22 <strong>Le</strong> Dr Philippe van<br />
Winkelberg est renvoyé en<br />
correctionnelle, ainsi que les<br />
autres membres de l’Arche<br />
de Zoé. <strong>Le</strong> procès devrait se<br />
tenir à Paris au premier semestre<br />
2011.<br />
26 Dans une interview<br />
au Parisien, Roselyne Bachelot<br />
crée la surprise en annon-<br />
çant les premières « télécon-<br />
sultations » pour début 2011.<br />
Dans les jours suivants, son<br />
cabinet nuance ses propos.<br />
NOVEMBRE<br />
14 <strong>Le</strong> remaniement ministériel<br />
arrive enfin : Xavier<br />
Bertrand revient à la Santé,<br />
épaulé par Nora Berra. Roselyne<br />
Bachelot quitte l’avenue<br />
de Ségur au bout de trois ans<br />
et demi pour s’occuper de la<br />
« Cohésion sociale ».<br />
18 L’étude de la<br />
CNAMTS sur le Mediator® est<br />
rendue publique.<br />
26 Elisabeth Hubert remet<br />
son rapport sur « la médecine<br />
de proximité » au président<br />
de la République. Elle<br />
propose notamment un C<br />
DR<br />
GARO/PHANIE<br />
modulé de 11 à 70 euros selon<br />
le contenu de la consultation.<br />
30 <strong>Le</strong> plan VIH/Sida prévoit<br />
que le dépistage sera<br />
désormais proposé de façon<br />
beaucoup plus large via les<br />
médecins généralistes.<br />
DÉCEMBRE<br />
1 er Nicolas Sarkozy se<br />
rend dans un pôle de santé à<br />
Orbec dans le Calvados. Il<br />
assure que la médecine<br />
de proximité sera la priorité<br />
de la deuxième partie de son<br />
quinquennat et charge ses<br />
ministres d’une concertation<br />
avec la profession,<br />
notamment sur les modes de<br />
rémunération. Décisions attendues<br />
pour 2011.<br />
14 Retour de Philippe<br />
Bonet à la présidence de<br />
l’Unaformec.<br />
14 Etienne Caniard, nouveau<br />
patron de la Mutualité<br />
Française. Son élection met un<br />
terme à17 ans de présidence<br />
de Jean-Pierre Davant.<br />
16 <strong>Le</strong>s premiers DMP<br />
commencent à être créés dans<br />
quelques régions par des médecins<br />
pionniers.<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
PRÉSIDENCE DE LA REPUBLIQUE<br />
PRÉSIDENCE DE LA REPUBLIQUE<br />
DR<br />
15
PASIEKA/SPL/PHANIE - FOTOLIA<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
L’actu médicale tous azimuts<br />
> Grande actualité médicale cette année – et vous avez été plus d’un<br />
quart à le reconnaître dans notre sondage – l’arsenal thérapeutique s’est<br />
considérablement enrichi dans le diabète, avec l’avènement des<br />
incrétinomimétiques. Et votre pratique s’en retrouve bouleversée. À ce<br />
sujet, d’ailleurs, une question pourrait nous tarauder : quand donc nos<br />
autorités de santé songeront-elles à actualiser les recommandations sur le<br />
diabète, qui datent de 2006 ? Cette année, elles ont eu d’autres chats à fouetter,<br />
certes : avec la sortie de recommandations sur la prise en charge de l’anorexie mentale et sur<br />
la prise en charge des consommateurs de cocaïne, mais aussi de celles en faveur<br />
d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. De plus, bien d’autres actualités<br />
médicales ont ponctué ces douze derniers mois : la mortalité par cancer a chuté, la prise<br />
en charge de la fibrillation atriale a été actualisée, la méningite C est entrée au calendrier<br />
vaccinal… Voici un tour d’horizon des principales spécialités médicales qui ont été mises<br />
sous les feux de la rampe en 2010. CHARLOTTE DEMARTI<br />
DIABÈTE<br />
Alternatives à l’insuline<br />
<strong>Le</strong> retrait de la rosiglitazone et<br />
l’affaire du benfluorex posent<br />
de vraies questions sur les<br />
études de phase IV et les<br />
limites de l’exercice de<br />
pharmacovigilance. 2010, c’est<br />
aussi l’arrivée du liraglutide et<br />
l’entrée des incrétines dans les<br />
habitudes de prescription.<br />
«<br />
<strong>Le</strong> fait remarquable de 2010<br />
dans le traitement du diabète de<br />
type 2 me semble être la commercialisation<br />
du liraglutide en début<br />
d’année, estime le Dr Christine Cugnet-<br />
Anceau, membre de la Fédération d’endocrinologie,<br />
maladies métaboliques,<br />
diabète et nutrition (hôpital Louis-Pradel,<br />
Bron). Cet analogue du GLP-1 (glu-<br />
cagon like peptide-1) humain (Victoza®,<br />
6 mg/mL) est utilisé en une injection<br />
sous-cutanée quotidienne, soit en bithérapie<br />
en association à la metformine ou<br />
à un sulfamide hypoglycémiant ou une<br />
glitazone, soit en trithérapie avec la metformine-<br />
sulfamide ou glitazone. Cette<br />
incrétine peut ainsi être utilisée assez tôt<br />
dans la prise en charge avec une bonne<br />
efficacité, autour de 0,9 à 1 % d’HbA1c<br />
en moins et une perte de poids,<br />
en moyenne de 3,24 kg dans l’étude<br />
LEAD 6. Son profil de tolérance est favorable,<br />
notamment en termes de risque<br />
d'hypoglycémie. Cette molécule trouve<br />
sa place par rapport à l’autre analogue<br />
du GLP-1 commercialisé, l’exénatide qui<br />
doit être administré en 2 injections par<br />
jour.<br />
<strong>Le</strong>s incrétines sont adoptées<br />
2010 est en quelque sorte l’année des incrétines<br />
(analogues du GLP-1 et inhibiteurs<br />
DPP-4), leur prescription s’étant<br />
largement développée. « Diabétologues<br />
et généralistes les utilisent désormais en<br />
routine », constate le Dr Cugnet-Anceau.<br />
<strong>Le</strong>s inhibiteurs des DPP-4, per os, sont<br />
préférés chez les diabétiques de type 2<br />
en échec d’une mono- et bithérapie<br />
(HbA1c entre 6,5 et 8 %). <strong>Le</strong>s analogues<br />
du GLP-1, en sous-cutané, sont plus intéressants<br />
en cas d’échec d’une bithérapie,<br />
chez des patients obèses avec une<br />
HbA1c entre 7 et 10 %. « Nous disposons<br />
d’alternatives à l’insulinothérapie, poursuit-elle.<br />
Notre pratique a changé cette<br />
année car nous disposons d’un choix plus<br />
étoffé à proposer au patient, un traitement<br />
affiné en fonction de son profil physiopathologique<br />
». Encore réticents en<br />
2009, les généralistes n’hésitent plus à<br />
les prescrire. « Cela étoffe la panoplie thérapeutique,<br />
mais concrètement, la majorité<br />
des patients n’obtient que de faibles<br />
abaissements glycémiques avec les<br />
incrétines, modère Eric Drahi, médecin<br />
généraliste dans le Loiret. <strong>Le</strong>s études chiffrent<br />
des diminutions de l’HbA1c de 1 à<br />
1,5 % sous analogues du GLP-1 et de<br />
0,6 à 0,9 % sous inhibiteurs du DPP-4,<br />
à comparer avec l’activité physique ><br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
17
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
L’AVIS DU DR ERIC DRAHI*<br />
«<br />
Education thérapeutique « Elle est enfin prise au<br />
sérieux en 2010. D’une part, parce que la loi l’a<br />
entérinée (décret du 2 août 2010) et, d’autre<br />
part, parce que les procédures d’autorisation des<br />
structures pratiquant l’éducation thérapeutique (réseaux,<br />
services hospitaliers..) sont désormais uniquement<br />
délivrées par les Agences régionales de Santé (ARS). Dans<br />
la plupart des régions françaises, les dossiers de demande<br />
d’autorisation devaient être déposés avant le 30 octobre<br />
2010. Il n’est plus possible de s’autoproclamer structure<br />
réalisant l’éducation thérapeutique. Celles-ci sont<br />
maintenant encadrées et cela permettra d’obtenir des<br />
listes positives éditées par les ARS compilant les<br />
structures autorisées au niveau d’une aire géographique.<br />
Jusqu’à présent rien ne permettait de connaître<br />
l’ensemble des structures, en dehors du bouche-à-oreille,<br />
> et la diététique qui produisent<br />
des abaissements de l’hémoglobine<br />
glyquée beaucoup plus<br />
spectaculaires ! »<br />
Suite et fin de l’histoire<br />
pour la rosiglitazone<br />
En France, le 3 novembre 2010, a été décidé<br />
le retrait du marché d’Avandia ® et<br />
d’Avandamet®, seules spécialités commercialisées<br />
dans l’Hexagone contenant de la<br />
rosiglitazone, une molécule dont le rapport<br />
bénéfice/ risque a été jugé défavorable<br />
en raison d’une augmentation du<br />
risque cardiovasculaire.<br />
« La prise de position de l’Afssaps (précédée<br />
par celle de l’EMEA) a été tardive sur<br />
les glitazones, pointe Eric Drahi. En soi,<br />
la suspension d’AMM des spécialités contenant<br />
de la rosiglitazone suite à des données<br />
sur le sur-risque coronaire publiées en 2010<br />
est un non-évènement. Cela officialise ce<br />
que l’on savait depuis longtemps et ces médicaments<br />
étaient sous surveillance avant<br />
même leur mise sur le marché en 2002 pour<br />
les mêmes risques que ceux qui justifient<br />
leur retrait (IC et maladie cardiaque ischémique).<br />
» Pour certains spécialistes, l’affaire<br />
de la rosiglitazone est un exemple du<br />
manque de contrôle des autorités sanitaires<br />
sur le design et la conduite des<br />
études post-marketing.<br />
Cela signifie-t-il pour autant la fin des<br />
glitazones ? « L’arrêt de commercialisation<br />
de la rosiglitazone ne doit pas être un frein<br />
à l’utilisation de la pioglitazone », explique<br />
Christine Cugnet-Anceau. Dans l’étude<br />
Proactive parue en 2005, la pioglitazone<br />
a permis de réduire l’HbA1c de 0,5 %, la<br />
triglycéridémie de 9,6 % et d’augmenter<br />
18 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
<strong>Le</strong> concept<br />
d'HbA1c à 6,5%<br />
n'est plus de mise.<br />
de 8,9 % le HDL cholestérol.<br />
<strong>Le</strong> traitement<br />
par pioglitazone a<br />
permis une réduction<br />
de 16 % d’un critère<br />
composite secondaire<br />
cardiovasculaire (décès<br />
toutes causes,<br />
IDM non fatal, AVC<br />
non fatal) mais avec<br />
une augmentation du<br />
risque d’insuffisance<br />
cardiaque de 39,5 %.<br />
« Il faut donc respecter<br />
les règles de prescrip-<br />
tion de ce traitement, poursuit-elle, et le proposer<br />
à une population ciblée de patients<br />
diabétiques de type 2 : syndrome métabolique<br />
et/ou insulinorésistance ».<br />
<strong>Le</strong> slogan « 6,5% d’HbA1c<br />
pour tous » a vécu<br />
En 2010, on commence à mieux cerner<br />
la valeur cible d’hémoglobine glyquée<br />
optimale pour les diabétiques et ne plus<br />
viser systématiquement une HbA1c<br />
basse. On peut parler de « sur-mesure »,<br />
un ajustement en fonction de l’histoire<br />
du diabète, des complications et des facteurs<br />
de risques CV. <strong>Le</strong> 6,5 % d’HbA1c<br />
pour tous a vécu, précepte secoué par<br />
les études parues en 2008 (UKPDS, AC-<br />
CORD, ADVANCE, VADT, EDIC, Steno-<br />
2…). Atteindre 6,5 % paraît plutôt délétère<br />
pour certains patients, même si le<br />
mécanisme en cause n’est pas élucidé.<br />
Pour ceux dont la durée d’évolution du<br />
diabète est inférieure à 10 ans, sans complications<br />
micro-macroangiopathiques,<br />
il est légitime de viser une hémoglobine<br />
des connaissances locales. <strong>Le</strong> contrôle<br />
qualité est désormais imposé, en<br />
sachant que dans les textes n’est<br />
concernée que l’éducation réalisée par<br />
des structures. Celle proposée en soins<br />
de premiers recours par des professionnels<br />
isolés ou en équipes ambulatoires (médecins,<br />
pharmaciens, infirmières, podologues et diététiciens….)<br />
a été oubliée. La seule réflexion sur ce point se situe<br />
au niveau de l’Union nationale des réseaux de santé et du<br />
Collège de Médecine générale. 2010 marque le début de<br />
cette réflexion qui aboutira certainement en 2011 à une<br />
reconnaissance d’une ETP continue réalisée en soins de<br />
premiers recours. »<br />
*Médecin généraliste à Saint-Jean-de-Bray, membre du Réseau DIABète<br />
Orléans Loiret (Diabolo) et de la SFDRMG.<br />
glyquée en dessous de 6,5 % -7 %. En<br />
revanche, un diabète ancien justifie plutôt<br />
des objectifs de 7-7,5 % voire 8 %<br />
chez des sujets âgés de plus de 80 ans.<br />
« Toutes les données convergent vers des<br />
cibles d’HbA1c adaptées même si aucune<br />
recommandation officielle française n’a<br />
à ce jour validé ces pratiques », précise<br />
<strong>Le</strong> Dr Cugnet-Anceau.<br />
L’affaire Mediator<br />
L’affaire Mediator® clôt l’année. <strong>Le</strong>s médicaments<br />
contenant du benfluorex ne<br />
sont plus disponibles en France depuis<br />
le 30 novembre 2009. <strong>Le</strong> scandale éclate<br />
en novembre 2010: le médicament accroît<br />
le risque de valvulopathies et pourrait<br />
être responsable de 500 décès en France.<br />
Cet événement illustre les difficultés de<br />
la pharmacovigilance, la quasi-absence<br />
des études de pharmaco-épidémiologie.<br />
Enfin, 2010 a été aussi marqué par les<br />
résultats de phase II des formes hebdomadaires<br />
du taspoglutide, de l’exénatide<br />
et de l’insuline, désormais en phase III et<br />
qui confirment la sécurité d’emploi et<br />
affichent des efficacités au moins équivalentes<br />
aux spécialités actuellement disponibles.<br />
Ces formes de longue durée d’action<br />
ne sont pas attendues avant 2012. <strong>Le</strong>s<br />
inhibiteurs SGLT2 sont les plus avancés<br />
avec des résultats encourageants en phase<br />
III, présentés au congrès de l’ADA, en juin<br />
2010, à Orlando, dont la réduction<br />
d’HbA1c de l’ordre de -0,80 % et du poids<br />
(- 4kg), mais dont les infections urinaires<br />
et gynécologiques nettement majorées<br />
pourraient éventuellement être un frein<br />
DR<br />
de prescription. <br />
-<br />
Hélène Joubert BSIP
DR - VERONIQUE LEPLAT/SPL/PHANIE<br />
<strong>Le</strong> 8 décembre dernier, les<br />
experts français ont avalisé de<br />
nouvelles recommandations<br />
pour le diabète gestationnel.<br />
Fin du suspense le 8 décembre<br />
2010, avec la présentation du<br />
consensus de la Société Française<br />
de Diabétologie et du Collège National<br />
des Gynécologues Obstétriciens : pour le<br />
dépistage du diabète gestationnel, exit les<br />
anciens critères de Carpenter et Coustan<br />
! <strong>Le</strong>s experts français avalisent les récentes<br />
normes diagnostiques de l'International<br />
Association of Diabetes in Pregnancy<br />
Study Groups (IADPSG). En<br />
substance, ils ont jugé que la présence<br />
d’au moins un facteur de risque de diabète<br />
gestationnel impose de réaliser une<br />
glycémie à jeun dès la première consultation<br />
prénatale puis en cas de normalité,<br />
d’utiliser les seuils IADPSG entre la<br />
24 e et la 28 e semaine d’aménorrhée. <strong>Le</strong><br />
dépistage ciblé prend le pas sur le dépistage<br />
universel.<br />
En 2008, l’étude internationale<br />
HAPO menée dans 9 pays démontrait<br />
enfin la relation linéaire entre les complications<br />
materno-fœtales et la glycémie<br />
maternelle. Elle a servi à l’élaboration,<br />
sous l’égide de l’IADPSG, de<br />
nouvelles directives en matière de dépistage,<br />
de diagnostic et de classifica-<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
DIABÈTE GESTATIONNEL<br />
<strong>Le</strong> dépistage ciblé<br />
l’a emporté<br />
«L’AVIS DU PR ANNE VAMBERGUE*<br />
tion des valeurs de glycémie à risque<br />
lors d’une grossesse. Ces dernières sont<br />
bien plus pertinentes sur le plan clinique<br />
que les critères de Carpenter et<br />
Coustan, en dépistant une partie des<br />
parturientes à risque dont le diabète<br />
gestationnel serait passé inaperçu. Ces<br />
femmes présentent des troubles du métabolisme<br />
glucidique et des complications<br />
obstétricales similaires aux<br />
femmes ayant un diabète gestationnel<br />
et ont, elles aussi, un risque multiplié<br />
par sept de développer dans le futur un<br />
diabète de type 2.<br />
<strong>Le</strong> consensus français (prochainement<br />
sur www.cngof.asso.fr) adopte<br />
donc les critères internationaux.<br />
<strong>Le</strong> choix du dépistage ciblé<br />
Néanmoins, la France se distingue et a<br />
choisi un dépistage ciblé aux facteurs de<br />
risque (IMC ∗ 25 kg/m 2 , âge ∗ 35 ans,<br />
antécédents de diabète de type 2 chez<br />
les ascendants du 1 er degré, antécédents<br />
obstétricaux de diabète gestationnel ou<br />
de macrosomie…) et non pas universel.<br />
Sans pour autant fermer la porte aux<br />
praticiens qui désireraient maintenir un<br />
dépistage systématique, notamment<br />
dans les zones géographiques où la prévalence<br />
du surpoids-obésité et, de ce fait,<br />
du diabète gestationnel comme du type<br />
2, est plus importante.<br />
Doser la glycémie <strong>Le</strong> rôle du médecin généraliste<br />
est d’intervenir dès la première consultation<br />
prénatale et de doser la glycémie, s’il existe au<br />
moins un facteur de risque de diabète gestationnel (DG). Il<br />
devait déjà repérer toute femme dont le diabète de type 2 est<br />
méconnu, en amont ou dès le début de la grossesse, avec une<br />
glycémie à jeun.<br />
Suivi à long terme C’est aussi le généraliste qui assure le suivi à long terme de ces<br />
femmes qui ont fait un DG et la prévention du DT2. Tous les 1 à 3 ans selon<br />
l’importance des facteurs de risque, il prescrira une glycémie à jeun ou une HGPO,<br />
au choix. Dans la région lilloise, 18% des femmes ayant eu un DG sont diabétiques<br />
six ans après l’accouchement et plus de 30% 11 ans après (âge moyen 33 ans).»<br />
*Expert représentante de la SFD pour les recommandations sur le diabète gestationnel (Lille).<br />
Conduite à suivre<br />
Traduction pratique : en présence d’au<br />
moins un facteur de risque, il faudra réaliser<br />
une glycémie à jeun dès la première<br />
consultation prénatale. <strong>Le</strong> seuil diagnostic<br />
consensuel retenu est de 0,92g/l. Une<br />
valeur supérieure ou égale à 1,26 g/l<br />
confirme un diabète de type 2 pré-gestationnel,<br />
grevé d’une morbidité maternofœtale<br />
très importante, avec un risque<br />
quadruplé de malformations congénitales<br />
et un risque accru de fausse couche.<br />
Par la suite, chez une femme avec<br />
facteur de risque mais dont la glycémie<br />
lors de la consultation du 1 er trimestre de<br />
grossesse s’est révélée inférieure à 0,92,<br />
les experts recommandent une HGPO<br />
75 g entre 24 et 28 semaines d’aménorrhées.<br />
Dans ce cas, les seuils de glycémie<br />
à jeun après l’hyperglycémie provoquée<br />
orale sont désormais ceux de<br />
l’IADPSG, soit 92 mg/dl (immédiat),<br />
180 mg/dl à 1h et 153 mg/dl à 2h (5,1,<br />
10 et 8.5 mmol/l respectivement). <strong>Le</strong><br />
diagnostic de diabète gestationnel est<br />
posé si une valeur au minimum sur les<br />
trois est égale ou supérieure à l’un de ces<br />
seuils.<br />
Une prise en charge inchangée<br />
Quant à la prise en charge, celle-ci demeure<br />
inchangée, fondée sur les mesures<br />
hygiéno-diététiques, l’autosurveillance<br />
glycémique, voire l’insulinothérapie dès<br />
que l’on dépasse les objectifs glycémiques.<br />
L’autosurveillance est recommandée<br />
entre 4 et 6 fois par jour et<br />
l’objectif est d’obtenir une glycémie à<br />
jeun inférieure à 0,95 g/l et inférieure à<br />
1,20g/l à deux heures. Selon que les<br />
femmes aient une ou trois valeurs positives,<br />
la prise en charge sera graduelle,<br />
l’insulinothérapie s’imposant si les objectifs<br />
glycémiques ne sont pas atteints<br />
après 7 à 10 jours . <br />
Hélène Joubert<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
19
DR - SPL/PHANIE<br />
ADDICTIONS<br />
En cas d’addiction à l’alcool,<br />
au cannabis, à la cocaïne<br />
ou au tabac, de nouvelles<br />
pistes peuvent être utiles<br />
en consultation.<br />
L<br />
égalisation des jeux en ligne,<br />
« coming out » d’un présentateur<br />
télé consommateur de cocaïne,<br />
débat sur les salles de shoot… À<br />
côté de ces sujets très médiatiques, la<br />
recherche sur les addictions et leur<br />
prise en charge avance.<br />
Alcoolisme : les plus résistants<br />
sont les plus à risque<br />
Une étude récente a mis en évidence<br />
un gène associé au risque de ressenti<br />
d’ivresse qui protège de la dépendance :<br />
les personnes « qui tiennent bien l’alcool<br />
» sont en réalité les plus à risque…<br />
« C’est un nouveau clignotant utile<br />
pour le médecin », estime le Pr Michel<br />
<strong>Le</strong>joyeux (hôpital Bichat, Paris). Par ailleurs,<br />
outre les deux traitements actuellement<br />
autorisés (l’acamprosate et le<br />
naltrexone), l’utilisation du baclofène<br />
(qui a l’AMM dans les contractures<br />
spastiques) fait l’objet d’un débat : il<br />
reste à évaluer son efficacité versus placebo.<br />
Enfin, on attend beaucoup de<br />
molécules qui bloquent le système de<br />
récompense et d’excitation cérébrale,<br />
qui pourraient être disponibles dès l’an<br />
prochain.<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
De nouvelles<br />
pistes à suivre<br />
L’AVIS DU DR HERVÉ MOULA*<br />
«<br />
Effet de société <strong>Le</strong> généraliste n'a plus<br />
l'impression de se battre contre des moulins à<br />
vent car, depuis peu, son message est appuyé<br />
efficacement par les législations contre les abus de<br />
consommation d'alcool et de tabac, qui mettent un accent<br />
particulier de responsabilisation sur les femmes enceintes et<br />
la conduite au volant. <strong>Le</strong>s addictions sont, outre un<br />
phénomène de mode, un effet de société où tout serait permis<br />
sans limite, sans respect de sa santé ou de celle des autres.<br />
Personellement, cela fait 15 ans que je m’intéresse aux<br />
Cannabis : toujours<br />
associé au tabac<br />
Côté cannabis, la prise en charge des<br />
consommateurs reste difficile et souvent<br />
trop tardive. « Il est toujours fumé<br />
avec du tabac, il faut donc prendre en<br />
charge aussi le tabagisme. On observe<br />
beaucoup de bouffées délirantes associées…<br />
Mais quant à la schizophrénie,<br />
aucun lien de cause à effet n’a été<br />
prouvé », précise le Pr Michel <strong>Le</strong>joyeux.<br />
Cocaïne : le lien avec<br />
une douleur thoracique<br />
La nouveauté concerne surtout la prise<br />
en charge des consommateurs de cocaïne,<br />
qui a fait l’objet de recommandations<br />
de l’HAS en février 2010, visant en<br />
particulier à faciliter leur repérage et à décrire<br />
les stratégies de sevrage. Ces recommandations<br />
insistent aussi sur la douleur<br />
thoracique suite à la prise de cocaïne, qui<br />
est le symptôme amenant aux urgences<br />
le plus souvent rencontré. Ce symptôme<br />
ne doit pas être considéré comme un effet<br />
normal de la prise de cocaïne. Toute<br />
douleur thoracique doit conduire à un appel<br />
au Samu-Centre 15 et à un interrogatoire<br />
sur une éventuelle consommation<br />
de cocaïne.<br />
Tabagisme : priorité<br />
aux femmes enceintes<br />
La prévalence de la consommation de tabac<br />
pour les 15-75 ans est en augmenta-<br />
tion significative : 33,6 % en 2010 contre<br />
31,8 % en 2005, selon le Baromètre santé<br />
2010. Et si les femmes fument moins que<br />
les hommes, c’est chez elles que la prévalence<br />
augmente le plus (30,2 % en<br />
2010 versus 27,6 % en 2005).<br />
Une attention particulière devrait<br />
être portée au tabagisme pendant la<br />
grossesse, qui concerne environ une<br />
femme sur cinq.<br />
« <strong>Le</strong> tabagisme entraîne un petit<br />
poids de naissance, une fragilité respiratoire<br />
de l’enfant et favorise l’obésité.<br />
Une étude finlandaise portant sur plus<br />
de 175 000 enfants suivis sur 20 ans,<br />
montre qu’il augmente le risque de<br />
troubles psychiatriques (troubles de<br />
l’émotion, appétence aux drogues…), et<br />
même, au-delà de 10 cigarettes par jour,<br />
le risque de mortalité », souligne le<br />
Dr Ivan Berlin, président de la Société<br />
Française de Tabacologie (SFT). Une<br />
étude présentée en novembre dernier<br />
lors du congrès de la SFT montre que<br />
ce n’est pas seulement le nombre de cigarettes<br />
qui rentre en compte. Ceux qui<br />
fumaient 5 cigarettes par jour inhalaient<br />
plus profond pour extraire plus de substance<br />
par rapport à ceux qui en fumaient<br />
20, comme en atteste le taux de<br />
cotinine par cigarette (dérivé de la nicotine)<br />
plus élevé dans la salive. <br />
Isabelle Gonse<br />
À lire : « Addictologie » par Michel Joyeux, coll.<br />
Abrégés, Éd. Masson, décembre 2008.<br />
addictions. Je vois de nombreux patients<br />
polytoxicomanes qui n’ont pas vraiment<br />
envie de s’en sortir.<br />
Agir en amont La prise en charge est<br />
souvent pluridisciplinaire, avec le<br />
psychiatre, le pneumologue, le cardiologue…<br />
Mais, au-delà du médical, une action en amont est nécessaire,<br />
dont éducation précoce, prévention et information sont les<br />
mots clés. Car prévenir semble plus aisé que guérir ! »<br />
*Médecin généraliste à Paris XVIII e .<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
21
BSIP - VOISIN/PHANIE<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
ANTALGIE<br />
Un bilan en demi-teinte<br />
Alors que les moyens<br />
antalgiques sont de plus<br />
en plus variés, la prise<br />
en charge de la douleur<br />
reste en souffrance faute de<br />
moyens financiers et humains<br />
suffisants.<br />
En matière de douleur, 2010 marquera<br />
la fin du 3 e plan Douleur,<br />
avec un bilan qui s’annonce<br />
déjà très mitigé. Ainsi, pour le Pr Alain<br />
Serrie*, ce plan « n’a pas apporté la réponse<br />
attendue par la communauté médicale<br />
et les patients douloureux chroniques<br />
dont les difficultés persistent. <strong>Le</strong>s<br />
délais de prise en charge sont toujours<br />
aussi longs et certaines populations spécifiques<br />
qui devaient être prioritaires<br />
sont encore littéralement délaissées ».<br />
À cause notamment d’un réel problème<br />
de financement. Sur les 27 millions<br />
De nouveaux<br />
traitements, dont les<br />
premiers sont attendus<br />
pour 2011, risquent de<br />
changer la donne.<br />
<strong>Le</strong> traitement de la crise bien<br />
conduit va connaître une alternative<br />
intéressante avec l’arrivée prochaine<br />
d’une nouvelle famille<br />
thérapeutique : les gépans, qui ciblent directement<br />
le nerf responsable des migraines,<br />
et n’ont pas d’action vasculaire,<br />
contrairement aux triptans. Cette famille<br />
a « une efficacité anti-inflammatoire sur<br />
les vaisseaux sans effet de vasoconstriction,<br />
avec une bonne tolérance », annonce<br />
le Pr Serrie. Attendus en France d’ici un<br />
an, les gépans permettront de traiter les<br />
migraines sévères de patients hypertendus,<br />
coronariens ou vasculaires, chez qui<br />
les triptans sont contre-indiqués.<br />
D’autres perspectives concernent la famille<br />
des agonistes du récepteur à la sérotonine<br />
5HT1F qui ont également un effet<br />
sur la douleur sans effet vasoconstricteur.<br />
d’euros de dotation du 3 e plan, seulement<br />
16 millions auront été réellement<br />
attribués. Par ailleurs, si le nombre de<br />
centres spécialisés a considérablement<br />
augmenté, un certain nombre ont dû<br />
fermer et « pour une prévalence de<br />
31,5 % de douloureux chroniques dans<br />
la population générale, il n’existe que<br />
245 structures de prise en charge de la<br />
douleur en France », regrette le Pr Série.<br />
L’arsenal thérapeutique s’élargit<br />
Sur le plan thérapeutique les avancées<br />
sont pourtant réelles. L’année 2010 a fait<br />
la part belle aux opioïdes forts avec, notamment,<br />
la mise à disposition de nouvelles<br />
formes galéniques de sulfate de<br />
fentanyl à libération transmuqueuse rapide.<br />
Ainsi, la gamme qui comprenait<br />
déjà du fentanyl en comprimés sublinguaux<br />
à dissolution rapide (Abstral®)<br />
et en comprimés avec applicateur buc-<br />
MIGRAINE<br />
Des molécules prometteuses<br />
Ainsi, « si la prise en charge de<br />
la crise migraineuse légère à<br />
modérée restera vraisemblablement<br />
basée sur la prise d’antiinflammatoires<br />
pour des raisons<br />
économiques, les<br />
alternatives en cas d’inefficacité<br />
seront ouvertes à une plus large population<br />
de patients », poursuit le Pr Serrie. En ce<br />
«L’AVIS DU DR JACQUES BIRGÉ*<br />
cal (Actiq®) s’enrichit de deux nouvelles<br />
présentations : des comprimés gingivaux<br />
(Effentora®) et une solution pour<br />
pulvérisation nasale (Instanyl®). Ces<br />
spécialités sont indiquées pour le traitement<br />
des accès douloureux paroxystiques<br />
(ADP) des patients atteints de<br />
cancer et sont très efficaces chez les patients<br />
déjà sous traitement de fond optimal<br />
par opioïdes. Par ailleurs, la HAS<br />
a publié début mars une fiche de bon<br />
usage du médicament qui précise les règles<br />
d’utilisations de ces opioïdes d’action<br />
rapide par voie transmuqueuse. <br />
Bénédicte Gatin<br />
*Hôpital Lariboisière, Paris, président<br />
d’honneur de la Société française d’étude<br />
et de traitement de la douleur.<br />
qui concerne les traitements de fond, on<br />
attend en 2014 le lancement d’un antalgique<br />
proche de la kétamine qui n’aurait<br />
pas d’effet d’accoutumance. Dans la migraine<br />
chronique, c’est le Botox qui est<br />
mieux placé dans le pipeline. À raison<br />
d’une injection tous les 90 jours, il pourrait<br />
rompre le cycle de la chronicité. <br />
Dr Anne Huynh-Druart<br />
Repérer et évaluer Dans la migraine, la véritable révolution a été<br />
représentée par l’apparition des triptans dans notre arsenal<br />
thérapeutique, mais ceux mis sur le marché après le sumatriptan<br />
(le naratriptan et le zolmitriptan) n’apportent rien de nouveau, en pratique.<br />
Concernant les traitements de fond, ils ont leurs indications et leurs limites,<br />
mais leur sous-utilisation peut occasionner un abus des traitements de la crise<br />
par les patients. <strong>Le</strong>s migraines sont souvent banalisées et non identifiées<br />
comme de véritables migraines. Il est essentiel de prendre le temps de les<br />
repérer et de les évaluer. Je remets à mes patients un agenda des migraines<br />
pour évaluer la nécessité ou non d’un traitement de fond. Et je délivre une<br />
ordonnance pour le traitement de la crise basée sur le paracétamol ou les AINS<br />
– ce qui est souvent suffisant en pratique – en gardant les triptans comme<br />
arme ultime lorsque je peux les prescrire ». *Médecin généraliste à Boulay (Moselle)<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
23
DR -BSIP<br />
CANCÉROLOGIE<br />
Entre recul de la mortalité et<br />
déploiement des traitements<br />
ambulatoires, le cancer<br />
devient peu à peu une maladie<br />
« chronique » de plus en plus<br />
présente en cabinet de ville.<br />
L<br />
année 2010 s’achève sur une<br />
’ bonne nouvelle en cancérologie<br />
: « La baisse de la mortalité<br />
par cancer s’accélère en France », soulignait<br />
un rapport de l’Institut national du<br />
cancer (INCa) publié en novembre dernier.<br />
Selon ce document, le taux de mortalité<br />
par cancer a fortement diminué entre<br />
les périodes 1983-1987 et 2003-2007.<br />
« <strong>Le</strong> taux de mortalité masculin a ainsi<br />
baissé de 22 % passant de 208,7 à 162,6<br />
décès pour 100 000 hommes avec une accélération<br />
de la baisse sur les dix dernières<br />
années », indique l’Inca. <strong>Le</strong> taux féminin<br />
a diminué de manière moins importante<br />
(-14 %) passant de 92,8 à 79,9 décès pour<br />
100 000 femmes ». Autre constat : la mortalité<br />
par cancer touche des personnes de<br />
plus en plus âgées avec, en 2010, près<br />
de 20 % des décès par cancer recensés<br />
chez des patients de plus de 85 ans.<br />
Forte poussée<br />
de la chimiothérapie orale<br />
Sur le plan thérapeutique, l’année écoulée<br />
a confirmé la poussée de la chimio-<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
<strong>Le</strong> cancer<br />
sort de l’hôpital<br />
thérapie. Si le nombre de malades traités<br />
pour cancer a augmenté de 12 % entre<br />
2005 et 2010, celui des patients bénéficiant<br />
d’une chimiothérapie s’est accru de plus<br />
de 24 % dans le même temps. Avec,<br />
comme le souligne le Pr Véronique Trillet-<strong>Le</strong>noir,<br />
présidente du Conseil national<br />
de cancérologie, « une évolution très forte<br />
vers les chimiothérapies orales ». À l’exception<br />
des anticorps monoclonaux qui<br />
sont de grosses molécules difficiles à rendre<br />
absorbables par voie digestive, quasiment<br />
toutes les thérapies ciblées ont un<br />
avenir par voie orale. De nombreuses molécules<br />
sont déjà disponibles en comprimés<br />
et d’ici 3 à 4 ans, 25 % des nouveaux<br />
traitements en cancérologie pourraient se<br />
présenter sous forme orale. Dans le même<br />
temps l’« externalisation » des chimiothérapies<br />
intraveineuses se poursuit avec une<br />
réduction majeure des temps d’hospitalisations.<br />
Implication croissante<br />
des généralistes<br />
Pendant de ces évolutions, le généraliste<br />
est de plus en plus impliqué dans la prise<br />
en charge des patients atteints de cancers.<br />
Selon une enquête publiée en octobre par<br />
la Ligue contre le cancer, pour 65 % des<br />
médecins généralistes interrogés, le cancer<br />
représente une pathologie en forte<br />
augmentation dans leur activité. Outre<br />
L’AVIS DU DR JEAN GODARD*<br />
«<br />
Statut légal <strong>Le</strong> cancer est une préoccupation<br />
fondamentale pour le médecin généraliste.<br />
L’obsession, c’est de passer à côté du diagnostic<br />
ou d’oublier les messages clés de prévention… <strong>Le</strong><br />
deuxième plan Cancer, au contraire du premier fait une vraie<br />
place au médecin traitant. Mais il y a encore loin avant que le<br />
généraliste puisse s’investir de façon pérenne dans la prise en charge<br />
des cancers faute d’une structuration adéquate des soins de premier recours<br />
par la loi. Pour cela, nous attendons un statut légal pour les structures de soins<br />
et de proximité, qu’elles s’appuient sur des maisons de santé ou constituent<br />
des pôles fonctionnels. Il est nécessaire de mettre en place une informatique<br />
communicante sans attendre le DMP. »<br />
* Spécialiste en médecine générale à Val-de-Saâne (Seine-Maritime) et membre de la SFMG.<br />
leur rôle traditionnel dans la prévention,<br />
les médecins de famille se voient aussi de<br />
plus en plus impliqués dans le dépistage<br />
organisé de certaines tumeurs à l’instar<br />
du cancer du col pour lequel la HAS vient<br />
de recommander la mise en place d’un<br />
dépistage organisé centré sur le médecin<br />
traitant. Il sont également de plus en plus<br />
mis à contribution pour le suivi ambulatoire<br />
des patients, avec un rôle accru dans<br />
la gestion des effets secondaires des traitements<br />
et les soins de support.<br />
La formation devient donc un enjeu<br />
majeur. « Je pense qu’il n’est pas raisonnable<br />
de laisser des patients prendre leur<br />
chimiothérapie sous la supervision de médecins<br />
qui pour des raisons évidentes n’ont<br />
pas pu se former à ce suivi sur les bancs<br />
de la fac. Il y a vraiment tout un dispositif<br />
de formation à mettre en place »,<br />
estime le Pr Trillet-<strong>Le</strong>noir. Un constat partagé<br />
par les médecins traitants: « Il y a un<br />
vrai problème de formation », reconnaît<br />
l’un des généralistes du réseau oncologie<br />
d’Argenteuil tout soulignant que si ces<br />
confrères sont près à s’investir, « il faut<br />
qu’à la clé, ils se sentent vraiment intégrés<br />
dans la prise en charge des patients. »<br />
La coordination ville-hôpital<br />
toujours compliquée<br />
Pour l’heure, « la place du généraliste<br />
dans la prise en charge des cancers n’est<br />
pas reconnue à sa juste valeur », souligne<br />
l’enquête de la Ligue, la majorité des praticiens<br />
interrogés regrettant notamment<br />
une communication avec l’hôpital « toujours<br />
aussi compliquée ». « Si le premier<br />
plan Cancer a permis de mieux organiser<br />
et structurer la cancérologie hospitalière,<br />
le médecin traitant n’a pas complètement<br />
été intégré dans le dispositif », reconnaît<br />
le Pr Trillet <strong>Le</strong>noir. En revanche, « <strong>Le</strong><br />
deuxième plan Cancer (2009-2013) me<br />
paraît tout à fait de nature à remettre les<br />
choses en place ». Avec, notamment, la<br />
mise en place annoncée d’un « parcours<br />
de soin personnalisé pour les patients »<br />
qui devrait renforcer la coordination ville<br />
hôpital. Bénédicte Gatin<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
25
DR - BSIP<br />
CARDIOLOGIE<br />
Fibrillation atriale,<br />
insuffisance cardiaque,<br />
techniques interventionnelles,<br />
la cardiologie a évolué dans<br />
plusieurs axes mais l’aspect<br />
médico-économique monte<br />
en puissance.<br />
L<br />
a prise en charge de la fibrillation<br />
atriale (FA) a connu de<br />
grandes avancées en 2010, une<br />
année aussi marquée par un nouvel<br />
anti-arythmique – la dronédarone<br />
(Multaq®) – disponible en première intention.<br />
« Ces nouveautés vont impacter la<br />
prise en charge par les médecins généralistes<br />
», souligne le Pr Jacques Blacher<br />
(Hôtel Dieu, Paris). Il y a eu peu de<br />
développement de nouvelles molécules<br />
au cours des vingt dernières années. La<br />
dronédarone est un médicament qui a<br />
réalisé des études de morbi-mortalité<br />
dont les résultats sont indiscutables dans<br />
différents types de FA associées à diverses<br />
cardiopathies. » Toutefois, son remboursement<br />
est cantonné à certaines indications.<br />
Ce nouvel anti-arythmique apporte<br />
une valeur ajoutée indiscutable<br />
chez les patients ayant une coronaropathie,<br />
une hypertension artérielle, une<br />
hypertrophie ventriculaire gauche ou<br />
bien une contre-indication à la Cordarone®.<br />
« Pour l’instant, la prescription<br />
initiale reste du domaine du cardiologue<br />
pour bien peser l’indication et les bénéfices<br />
attendus mais le médecin généraliste<br />
va faire le renouvellement du trai-<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
Un florilège d’innovations<br />
«L’AVIS DU DR JEAN-PIERRE LEBEAU*<br />
tement. Dans un deuxième temps, il est<br />
possible que la prescription initiale évolue<br />
vers une plus grande implication du<br />
généraliste.»<br />
Des anticoagulants<br />
révolutionnaires<br />
Autre progrès à venir : les anticoagulants.<br />
« Jusqu’à présent, nous n’avions<br />
pas mieux que les anti-vitamines K dont<br />
le seuil de sécurité est très faible. <strong>Le</strong>ur activité<br />
est peu prévisible et très variable,<br />
chez un même sujet. » Des anti-Xa<br />
comme le rivaroxaban et l’apixaban et<br />
un anti thrombine comme le dabigatran<br />
vont bientôt révolutionner la prise en<br />
charge non seulement de la FA mais<br />
aussi de la thrombose veineuse et de<br />
l’embolie pulmonaire. « Dans cinq ans,<br />
nous regarderons nos anciennes prescriptions<br />
d’antivitamines K comme des pratiques<br />
archaïques », prophétise le cardiologue.<br />
Dans l’insuffisance cardiaque,<br />
l’étude SHIFT publiée en septembre a<br />
montré que l’ivabradine, un inhibiteur<br />
des canaux If, devrait faire partie de la<br />
prise en charge de l’insuffisant cardiaque<br />
au même titre que les bêta-bloquants et<br />
les inhibiteurs de l’enzyme de conversion.<br />
L’étude a démontré son bénéfice<br />
en termes de morbi-mortalité cardiovasculaire,<br />
même si on a encore du mal à<br />
distinguer la part relative du bêta-bloquant<br />
et de l’ivabradine dans l’optimisation<br />
de la prise charge sachant qu’il<br />
est difficile d’atteindre la posologie recommandée<br />
de bêta-bloquants.<br />
Diabète et HTA « Pour moi, j’ai le sentiment que<br />
le diabète devient LE grand facteur de risque<br />
cardiovasculaire et nécessite d’être très<br />
rigoureux. Dans l’HTA, le véritable progrès vient de<br />
l’extension des appareils oscillométriques pour la prise de<br />
pression artérielle et les appareils d’auto-mesure pour les<br />
patients. Côté insuffisance cardiaque, on utilise de plus en plus le dosage du<br />
BNP, de manière parfois excessive d’ailleurs. <strong>Le</strong>s médecins généralistes restent<br />
traditionnellement et pour des raisons inconnues, assez réticents à manier les<br />
anti-arythmiques mais c’est une bonne chose d’avoir un médicament aussi<br />
efficace que l’amiodarone sans effets thyroïdiens. » *Médecin généraliste à Tours.<br />
Traitement interventionnel<br />
dans l’HTA<br />
Dans les hypertension artérielles sévères<br />
sévères, une étude a montré l’intérêt du<br />
traitement « interventionnel » de l’hypertension<br />
en modulant l'innervation<br />
rénale sympathique par voie endocavitaire<br />
avec un cathéter de radiofréquence.<br />
L’intervention est relativement anodine,<br />
efficace et dénuée de complications.<br />
« C’est encore du domaine de l’espoir, pas<br />
encore du soin », précise le Pr Blacher.<br />
Autre avancée dans le domaine de<br />
l’interventionnel : le remplacement valvulaire<br />
aortique par voie percutanée en<br />
transfémoral. « Si la technique est actuellement<br />
limitée à des centres expérimentés,<br />
on peut se dire que, dans dix ans<br />
peut-être, on n’ouvrira plus le thorax<br />
pour remplacer une valve aortique dans<br />
la majorité des cas. »<br />
Enfin, en matière de dyslipidémie,<br />
l’anacetrapib a montré qu’il pouvait réduire<br />
le cholestérol LDL et augmenter le<br />
HDL sans entrainer d’élévation de pression<br />
artérielle comme son infortuné prédécesseur,<br />
le torcetrapib. Reste que le<br />
paysage médico-économique est en train<br />
de changer. « Pour la première fois, un<br />
anti-hypertenseur comportant trois principes<br />
actifs n’a pas obtenu son remboursement<br />
et l’ALD est actuellement en discussion<br />
dans certains cas d’HTA, ce qui<br />
constitue des signaux d’alerte », conclut<br />
le spécialiste.<br />
Dr Muriel Gevrey<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
27
DR - VOISIN/PHANIE<br />
VACCINOLOGIE<br />
La « grippe A » a été sans<br />
conteste l’événement<br />
mémorable du début d’année<br />
2010. Puis mi-avril est arrivé<br />
le calendrier vaccinal<br />
avec ses nouveautés.<br />
<strong>Le</strong> nombre de vaccins antigrippaux<br />
saisonniers 2010-2011 remboursés<br />
après trois semaines de<br />
campagne est de 1,5 million, alors que<br />
la moyenne sur les quatre années précédentes<br />
(2006-2009) était de 1,24 million.<br />
Pas d’ « effet grippe A » pour l’instant<br />
selon les chiffres… « Néanmoins,<br />
estime le Pr Daniel Floret, président du<br />
comité technique des vaccinations<br />
(CTV) et Service d’Urgence réanimation<br />
pédiatrique (hôpital Femme-Mère-Enfant,<br />
Lyon), il y aurait plus de difficultés<br />
que d’habitude à faire accepter cette<br />
vaccination. Heureusement, comme l’épidémie<br />
de cette année devrait être retardée,<br />
cela laisse encore du temps pour<br />
convaincre ». Cet automne marque le retour<br />
à la vaccination habituelle avec le<br />
vaccin trivalent classique. On abandonne<br />
la recommandation exceptionnelle<br />
de vacciner les personnes non à<br />
risque habituellement vis-à-vis de la<br />
grippe saisonnière (femmes enceintes,<br />
personnes obèses notamment). « On ne<br />
comprend pas cette campagne de désinformation<br />
sur ce vaccin du fait qu’il comprend<br />
la souche H1N1, alors que, depuis<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
La saga H1N1 a<br />
marqué les esprits<br />
L’AVIS DU DR PATRICIA COROLLER*<br />
«<br />
Consultation préventive L’absence de<br />
consultation dédiée à la prévention est<br />
le problème majeur de la médecine générale.<br />
Au quotidien, il est impossible de faire passer un message<br />
concernant la vaccination, car les patients consultent toujours<br />
en aigu. Et lorsqu’ils ne viennent pas pour une pathologie<br />
précise, leur liste « check-up » est ingérable<br />
en une seule consultation et la vaccination n’est jamais<br />
comprise ! Ils ne reviennent jamais parler vaccination. C’est<br />
pourquoi je profite de la consultation de renouvellement de<br />
des années les vaccins grippaux comportent<br />
une souche H1N1 et que la souche<br />
2009 va certainement circuler cette année,<br />
s’étonne Daniel Floret ! Surtout, le<br />
vaccin pandémique n’a pas entraîné d’effets<br />
secondaires inquiétants, pas plus que<br />
la vaccination antigrippale habituelle. »<br />
Deux nouveautés au calendrier<br />
<strong>Le</strong> calendrier vaccinal 2010 (BEH des 14-<br />
15/22 avril) a inscrit deux modifications.<br />
La première a été l’introduction de la vaccination<br />
systématique contre les infections<br />
invasives à méningocoque C chez<br />
les 1-24 ans révolus. La seconde fut la<br />
substitution du vaccin antipneumococcique<br />
7-valent par le 13-valent, devenue<br />
indispensable afin de couvrir non plus<br />
16 % mais 70 % des germes circulants<br />
responsables des infections invasives<br />
chez les enfants. Ce remplacement s’est<br />
fait sans difficulté. « En revanche, craint<br />
Daniel Floret, nous avions recommandé<br />
que les enfants âgés d’un an et totalement<br />
vaccinés par le Prévenar®, reçoivent<br />
une dose de Prévenar®13 supplémentaire.<br />
C’est rarement appliqué et un nombre très<br />
important de jeunes enfants ne sont pas<br />
protégés. <strong>Le</strong> prochain calendrier insistera<br />
de nouveau sur ce point. »<br />
Enfin, tout au long de 2010, la rougeole<br />
a continué sa progression. Depuis<br />
janvier 2010 on a recensé 3 094 cas (données<br />
au 5 octobre 2010), soit une incidence<br />
de 4,84/100 000, à comparer à<br />
0,95/100 000 en 2008 (604 cas). <strong>Le</strong>s<br />
cas étaient majoritairement non vaccinés<br />
(82 %) ou incomplètement (14 %).<br />
Au prochain calendrier<br />
Et parce que le calendrier 2011 se prépare<br />
en 2010, on dispose déjà de<br />
quelques certitudes et pistes. Pour la seconde<br />
fois, la vaccination antirotavirus<br />
systématique pour les moins de 6 mois<br />
ne sera pas recommandée. Il devrait y<br />
avoir une remise à plat des groupes à<br />
risque (dont la liste des maladies chroniques)<br />
éligibles à la vaccination antigrippale<br />
prioritaire. Par ailleurs, les<br />
places respectives des deux vaccins disponibles<br />
contre le papillomavirus seront<br />
réexaminées et le nouveau vaccin quadrivalent<br />
conjugué A, C, Y, W-135 contre<br />
le méningocoque (vaccin Menveo®) fera<br />
son entrée, restreint à certaines populations.<br />
<strong>Le</strong>s médecins auront la possibilité<br />
d’utiliser un nouveau vaccin anti-grippal<br />
sous-cutané (Intanza®) pour les personnes<br />
âgées (65 ans et plus et 60 à 65<br />
ans relevant de la vaccination), ce qui a<br />
pour effet d’augmenter chez eux la réponse<br />
immunitaire. <br />
Hélène Joubert<br />
contraception et préconceptionnelle pour<br />
glisser des informations sur ce sujet.<br />
Méfiance <strong>Le</strong> cafouillage et les sommes<br />
dépensées lors de la vaccination antigrippale<br />
H1N1 de l’hiver dernier, le fait que nous en ayons<br />
été écartés, ont rendu les patients plus méfiants vis-à-vis<br />
des vaccins, de l’industrie pharmaceutique, des institutions.<br />
Réexpliquer aux patients la chance de pouvoir bénéficier de<br />
certains vaccins est encore plus difficile qu’avant. »<br />
*Médecin généraliste à Quimper<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
29
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
INFECTIOLOGIE<br />
Dépistage du VIH pour tous<br />
Dévoilé le mois dernier, le<br />
Plan national de lutte contre<br />
le VIH/SIDA 2010-2014,<br />
ambitionne de réduire de<br />
50 % en cinq ans l’incidence<br />
de l’infection par le VIH.<br />
Avec une mesure phare :<br />
l’élargissement du dépistage<br />
à l’ensemble des 15-70 ans.<br />
C<br />
est un vrai changement de<br />
’ paradigme en cette fin d’année<br />
2010. Alors que jusquelà<br />
le dépistage du VIH restait ciblé sur<br />
les populations ou les situations à<br />
risque, le Plan national de lutte contre<br />
le VIH/SIDA et les IST 2010-2014 propose<br />
d’élargir ce dépistage à l’ensemble<br />
de la population générale de 15 à<br />
70 ans, indépendamment de la notion<br />
de risque d’exposition ou de contamination.<br />
Objectif : réduire le nombre de<br />
MALADIES INFECTIEUSES<br />
30 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
personnes séropositives qui l’ignorent<br />
(environ 40 000 à 50 000 personnes en<br />
France) et limiter ainsi le risque de<br />
transmission. <strong>Le</strong> dépistage à large<br />
échelle du VIH pourrait, en effet, selon<br />
les experts, réduire le taux de transmission<br />
de l’infection à double titre. Directement,<br />
d’une part, par la diminution<br />
des pratiques à risque. Mais aussi indirectement,<br />
le traitement plus précoce<br />
des personnes infectées permettant de<br />
rendre la charge virale indétectable et<br />
ainsi le patient moins contagieux.<br />
Vers un traitement plus précoce<br />
A l’échelle individuelle, les bénéfices<br />
d’un dépistage précoce sont aussi mis<br />
en avant. Si le nombre de personnes<br />
diagnostiquées à un stade très tardif a<br />
globalement diminué entre 2003<br />
et 2008 de 20 % à 13 %, la moitié des<br />
personnes découvre leur séropositivité<br />
avec un taux de CD4 < 350/mm 3 et<br />
29 % sont diagnostiqués avec un taux<br />
Des signaux d’alerte…<br />
Après le H1N1, le NDM-1 ! Relayée<br />
à grand bruit par les médias la publication<br />
du Lancet de cet été sur les entérobactéries<br />
hautement résistantes dite<br />
bactéries « NDM-1 » a relancé l’inquiétude<br />
quand aux problèmes des résistances<br />
aux antibiotiques et fait miroiter<br />
la possibilité d’un « glissement » des<br />
phénomènes de multirésistances de<br />
l’hôpital vers la ville. Pour l’heure,<br />
< 200/mm 3 . Or l’impact délétère d’une<br />
prise en charge trop tardive est aujourd’hui<br />
démontré. Et alors que les dernières<br />
recommandations préconisent de<br />
débuter le traitement dès 500 CD4/mm 3 ,<br />
tout retard à la prise ne charge peut apparaître<br />
comme une perte de chance<br />
pour les patients.<br />
Pour autant, le dépistage « pour tous<br />
» ne fait pas l’unanimité. « Si personne<br />
ne peut être contre un dépistage large<br />
dès qu’il a un doute, je pense que le dépistage<br />
pour tous n’est pas opportun, indique<br />
le Pr Jean Paul Stahl (médecine<br />
infectieuse et tropicale, CHU de Grenoble).<br />
Et compte tenu de l’incidence du<br />
VIH en France, cela me semble ridicule<br />
de mettre des moyens sur des personnes<br />
qui n’ont pas de risque ». Reste que cette<br />
« banalisation » du dépistage, notamment<br />
en médecine générale, pourrait<br />
permettre de dédramatiser le geste et<br />
d’atteindre ainsi des populations considérées<br />
comme à faible risque. <br />
L’AVIS DU DR MARTIN BUISSON*<br />
«<br />
Dépistage, oui. Suivi, non. L’élargissement du dépistage du VIH<br />
dans les cabinets de ville me paraît essentiel. Pour rendre les gens<br />
indétectables et limiter ainsi la transmission, il faut pouvoir<br />
les détecter ! En revanche, je ne crois pas au suivi VIH en ville sauf par des<br />
médecins qui sont dans la pathologie depuis longtemps. Il y a en permanence<br />
des nouvelles molécules, de nouveaux protocoles auxquels les patients ne<br />
peuvent avoir accès en dehors de l’hôpital. De même pour certains examens<br />
comme les génotypages ou le dosage de médicaments qui nécessitent un<br />
plateau technique particulier.<br />
*Médecin <strong>Généraliste</strong> à Bagneux. Praticien attaché, service d’immunologie clinique, HEGP, Paris.<br />
« ce problème ne concerne absolument<br />
pas les généralistes, tempère toutefois le<br />
Pr Jean Paul Stahl*, mais c’est un vrai<br />
souci que personne ne prend en compte<br />
pour l’instant malgré la raréfaction des<br />
antibiotiques et l’extension prévisible des<br />
résistances à échelle de dix ans. Ces<br />
émergences de résistance pour l’instant<br />
accessoires préfigurent de ce qui se passera<br />
d’ici quelques années et c’est l’oc-<br />
casion d’appuyer à nouveau le message<br />
de bon usage des antibiotiques. »<br />
Autre signal d’alerte, le signalement<br />
coup sur coup de cas autochtones de<br />
dengue puis de chikungunya en métropole,<br />
dans le sud de La France. Là encore,<br />
le Pr Jean-Paul Stahl se veut rassurant<br />
: « Pour le moment, c’est<br />
anecdotique et même si le vecteur existe,<br />
personne ne peut dire si le virus reussira<br />
à s’implanter ». Pour autant, « la<br />
vigilance reste de mise et il faudra surveiller<br />
ce qui se passe…» <br />
Bénédicte Gatin<br />
OSCAR BURRIEL/SPL/PHANIE
DR - BSIP<br />
Pas de révolution diagnostique<br />
ou « moléculaire » en 2010<br />
pour ces deux maladies<br />
neurodégénératives, mais une<br />
prise en charge de plus en plus<br />
personnalisée, avec les moyens<br />
disponibles… Revue de détail.<br />
Si le précurseur de la dopamine,<br />
la L-Dopa, reste le traitement de<br />
référence de la maladie de Parkinson,<br />
les différentes autres familles de<br />
médicaments, agonistes dopaminergiques<br />
et inhibiteurs enzymatiques<br />
(comme les IMAO-B), peuvent être associées<br />
en des combinaisons « vertueuses<br />
» puisqu’elles autorisent<br />
de moindres doses de chacune de ces<br />
molécules. <strong>Le</strong> traitement serait mieux<br />
toléré et l’évolution de la maladie peutêtre<br />
ralentie… « Nous disposons aujourd’hui<br />
de plusieurs médicaments, et<br />
d’un grand nombre d’associations possibles,<br />
et pouvons proposer à nos patients<br />
un traitement à la carte, se réjouit le<br />
Dr Catherine Thomas-Antérion, responsable<br />
de l'unité de Neuropsychologie<br />
et du CM2R du CHU de Saint-Etienne.<br />
Nous les voyons donc plus souvent<br />
qu’autrefois pour juger pas à pas de<br />
l’amélioration de leur qualité de vie en<br />
fonction d’une association donnée, tous<br />
les 3 à 6 mois par exemple, et ainsi gagner<br />
un peu plus sur la maladie au fil de<br />
ces tentatives ». <strong>Le</strong>s malades souffrant<br />
de Parkinson sont donc invités à consulter<br />
régulièrement le spécialiste, pour bénéficier<br />
d’éventuelles nouvelles molé-<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
NEUROLOGIE : ALZHEIMER ET PARKINSON<br />
Prise en charge sur mesure<br />
«L’AVIS DU DR FRANÇOIS LIARD*<br />
De la théorie à la pratique <strong>Le</strong>s recos de la HAS<br />
pour gérer les troubles du comportement des<br />
patients souffrant de maladie d’Alzheimer et<br />
“économiser“ les psychotropes ? <strong>Le</strong>s avis d’experts nous<br />
intéressent toujours, mais il y a parfois loin de la théorie<br />
à la pratique… Soit nos patients sont institutionnalisés<br />
en Ehpad et les personnels nous demandent de trouver<br />
des solutions. Soit ils sont à la maison, ce qui est de plus<br />
en plus souvent le cas, pour des raisons affectives et<br />
aussi économiques, et ces troubles du comportement<br />
posent parfois des problèmes insurmontables. Parce que<br />
20 minutes<br />
d’activité<br />
sportive<br />
quotidienne<br />
sont<br />
bénéfiques<br />
dans le<br />
Parkinson.<br />
cules et de ces combinaisons. Un message<br />
que relaient d’ailleurs volontiers les<br />
Associations de patients*.<br />
<strong>Le</strong> lien entre pesticides et maladie de<br />
Parkinson a été confirmé par de nouvelles<br />
études. <strong>Le</strong>s effets d’une exposition à ces<br />
toxiques sont reconnus maintenant<br />
comme une maladie professionnelle et<br />
les malades comme leurs médecins ne<br />
savent pas toujours qu’ils pourraient être<br />
pris en charge et indemnisés à ce titre.<br />
Alzheimer : recherche florissante<br />
En ce qui concerne la maladie d’Alzheimer,<br />
la recherche est florissante avec<br />
380 études de médicaments actuellement.<br />
Elles explorent de multiples voies, certains<br />
de ces essais sont en phase 2, et surtout<br />
celles des protéines ß-amyloïdes<br />
d’une part avec des anticorps (sur le<br />
mode vaccinal) et, d’autre part, avec des<br />
molécules anti-tau. <strong>Le</strong>s premiers résultats<br />
attendus pour 2011 paraissent d’ores<br />
et déjà… peu encourageants.<br />
« La seule “avancée“ que nous avons<br />
connue en 2010, rapporte Catherine Thomas-Antérion,<br />
est la mise en évidence, en<br />
prévention primaire, de l’intérêt de la pratique<br />
sportive uniquement ! La maladie<br />
débutant environ 15 ans avant les premiers<br />
signes cognitifs, les personnes d’un<br />
certain âge, de 60-65 ans, qui ont une<br />
vie active, de bons réseaux sociaux et marchent<br />
régulièrement (20 minutes par jour)<br />
vieilliront mieux que les autres. Et s’ils<br />
doivent faire un Alzheimer, ils le différeront<br />
de quelques années ». <strong>Le</strong>s bénéfices<br />
de l’entraînement cognitif sont plus<br />
flous…<br />
Quant aux critères diagnostiques précoces<br />
établis par le Groupe d’experts que<br />
pilote le Pr Bruno Dubois (université<br />
Pierre-et-Marie-Curie, Groupe Pitié-Salpêtrière,<br />
AP-HP), ils sont à visée scientifique<br />
exclusivement, pour constituer des<br />
groupes les plus homogènes possible de<br />
patients éligibles à un nouveau traitement.<br />
Dans de rares cas, ils permettent de faire<br />
un diagnostic différentiel avec une autre<br />
forme de maladie neurodégénérative ou<br />
un tableau psychiatrique complexe. <br />
Dr Brigitte Blond<br />
* Association France Parkinson,<br />
www.franceparkinson.fr<br />
l’aidant est “sur le pont“ 24 heures sur 24, une situation<br />
qui devient très vite insupportable, surtout la nuit. Il<br />
nous manque à l’évidence des travaux sur les meilleures<br />
stratégies de prise en charge.<br />
Recours au spécialiste La maladie de Parkinson<br />
étant de plus en plus complexe, en raison<br />
du grand nombre de molécules, je recours<br />
très vite maintenant au spécialiste, d’autant<br />
que le dogme de la prise en charge<br />
médicamenteuse le plus tard possible a vécu… »<br />
*Médecin généraliste à Saint-Epain (Indre-et-Loire)<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
31
DR - BSIP<br />
NUTRITION<br />
Avec la mise en place du<br />
PNNS, la France note un recul<br />
l’obésité chez les enfants,<br />
et de meilleures habitudes<br />
alimentaires chez les<br />
adultes.C’est aussi en 2010<br />
que les ANC en lipides ont été<br />
revus à la hausse.<br />
L<br />
année 2010 a été riche en<br />
’ bonnes nouvelles sur le plan de<br />
l’alimentation des Français.<br />
Avec, tout d’abord, un net recul de l’obésité<br />
chez les plus jeunes : la prévalence<br />
du surpoids chez les enfants de 5 à 6 ans<br />
serait passée de 16 % en 2000 à 12,1 %<br />
en 2006 (et l’obésité a baissé de 3,9 à<br />
3,1 %). « De plus, depuis 2006, cette<br />
prévalence a encore chuté », se félicite le<br />
Pr Régis Hankard (pédiatre, CHU de Poitiers)<br />
en se référant à une enquête réalisée<br />
en région Poitou-Charentes auprès<br />
d’enfants de 4 ans, qui indique même<br />
des données inférieures. « Cet effort devrait<br />
se poursuivre avec la mise en place<br />
du prochain PNNS dans lequel plusieurs<br />
propositions concernent les enfants et les<br />
adolescents », poursuit Régis Hankard.<br />
Toutefois, ce succès pondéral est à<br />
relativiser : le recul de l’obésité concerne<br />
les enfants, mais pas les adultes pour<br />
lesquels l’obésité est, au contraire, pas-<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
Du mieux sur<br />
tous les fronts<br />
sée de 10 à 15 %entre 2000 et 2009.<br />
Autre bon point qui ressort du Baromètre<br />
santé nutrition 2010 : en dix ans,<br />
les Français ont consommé moins de sel,<br />
moins de graisses (beurre : 15,1 %<br />
contre 20,7 %, de mayonnaise et de<br />
beurre sur la table : 14,5 % contre 23 %)<br />
et moins d’alcool (37,4 % en ont<br />
consommé la veille de l’enquête contre<br />
44,7 %). Toutefois, des efforts restent<br />
à faire sur les fruits et légumes (seulement<br />
12 % des Français en consomment<br />
5 par jour), les produits laitiers (18 %<br />
en consomment 3 par jour) et les<br />
boissons et produits sucrés, qui ont toujours<br />
la cote chez les ados (36,2 % des<br />
12-17 ans en consomment quotidiennement).<br />
De nouveaux apports<br />
nutritionnels conseillés en lipides<br />
Cette année 2010 a aussi été l’occasion<br />
de réviser à la hausse les apports nutritionnels<br />
conseillés (ANC) en lipides.<br />
Ainsi, leur part peut désormais atteindre<br />
35 à 40 % de l’apport énergétique<br />
total (AET) – contre 30 à 35 % auparavant<br />
– dans la mesure où la balance<br />
énergétique est équilibrée. Ceci permet<br />
de couvrir les besoins physiologiques de<br />
la population mais aussi de prévenir certaines<br />
maladies. Aujourd’hui, les Fran-<br />
L’AVIS DU DR PASCALE MODAI*<br />
«<br />
Cacophonie <strong>Le</strong> rapport de l’Anses n’a rien<br />
appris aux médecins. <strong>Le</strong>s patients<br />
qui pratiquent ces régimes échouent<br />
régulièrement dans nos cabinets de consultation. Mais<br />
maintenant, les médecins pourront brandir cette mise<br />
au point comme référence pour déconseiller à leurs patients<br />
ces régimes extrêmes. Malheureusement, la médiatisation<br />
du rapport a été trop rapide et les patients sont perdus entre les<br />
recommandations de perte de poids et l’annonce des risques associés<br />
aux régimes amaigrissants. Ils ne savent plus quoi faire, c’est un peu la<br />
cacophonie générale. Rappelons aux pouvoirs publics que les médecins sont<br />
là pour informer et éduquer les patients. Il est regrettable que nous n’ayons<br />
pas été mis au courant de la publication du rapport avant nos patients ».<br />
*Médecin généraliste et nutritionniste, Paris.<br />
Seulement 12%<br />
des Français<br />
consomment<br />
5 fruits et légumes<br />
par jour.<br />
çais respectent globalement cette fourchette.<br />
Mais les acides gras saturés sont<br />
consommés en excès (16 % des AET<br />
alors qu’on conseille de ne pas dépasser<br />
12 %). Il est également recommandé de<br />
diversifier les huiles végétales (huile de<br />
colza et de noix sont des sources d’acide<br />
alpha-linoléique) et, parmi les deux portions<br />
de poisson à consommer chaque<br />
semaine, ne pas bouder les poissons<br />
gras.<br />
<strong>Le</strong> rapport de l’Anses sur<br />
les régimes amaigrissants<br />
Dernier événement nutritionnel marquant<br />
: en novembre dernier, l’Anses<br />
a publié une expertise dénonçant les<br />
risques associés à la pratique de 15 régimes<br />
amaigrissants populaires : le régime<br />
Dukan, Weight watchers, la soupe<br />
aux choux, Atkins, Mayo, le régime<br />
du Dr Cohen, de Fricker, la méthode<br />
Montignac, les régimes détoxifiants...<br />
Selon ce rapport, non seulement ces<br />
régimes ne font pas maigrir à long terme<br />
(80 % des sujets reprennent du poids<br />
après un an), mais ils entraînent des déséquilibres<br />
nutritionnels parfois graves.<br />
En général, ils manquent de fibres, de<br />
vitamines, de minéraux, de glucides et<br />
souvent comportent beaucoup trop de<br />
sel. Ce qui peut provoquer une fonte<br />
musculaire, des ostéopénies, des<br />
troubles du rythme cardiaque, voire des<br />
fibroses hépatiques et des calculs rénaux<br />
pour les régimes les plus stricts. <br />
Cyrille Costa<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
33
PÉDIATRIE<br />
Lavez le nez de votre enfant, proposez-lui<br />
fréquemment à boire,<br />
maintenez sa chambre entre<br />
19 et 20°, avec du paracétamol en cas de<br />
fièvre. Tels sont, désormais, les messages<br />
à diffuser en cas de toux chez le nourrisson.<br />
Terminées les prescriptions de mucolytiques<br />
(carbocistéine, acetylcistéine),<br />
de mucofluidifiants (benzoate de méglumine)<br />
ou d’hélicidine. Ces médicaments<br />
sont contre-indiqués chez les enfants de<br />
moins de 2 ans depuis le 29 avril 2010,<br />
en raison de risque d’aggravation de l’encombrement<br />
bronchique.<br />
La même mesure devrait être prise<br />
mi mars 2011 vis-à-vis des sirops antitussifs<br />
antihistaminiques H1, et sans doute<br />
du fenspiride et des suppositoires à base<br />
de dérivés terpéniques.<br />
Pour Catherine Salinier, pédiatre à<br />
Gradignan et présidente de l’Association<br />
française de pédiatrie ambulatoire<br />
(AFPA), ces prises de position sont tout<br />
à fait justifiées. « La toux est un phénomène<br />
réflexe protecteur qu’il faut respecter.<br />
Il est donc logique de bannir les mucolytiques<br />
- qui, de plus n’ont jamais fait<br />
la preuve de leur efficacité - et les antihistaminiques<br />
en cas de toux, pour revenir<br />
à des méthodes physiques », déclare-telle.<br />
Toutefois, « <strong>Le</strong>s prescriptions de kinésithérapie<br />
respiratoire de drainage en<br />
cas de bronchite sécrétante peuvent être<br />
discutées chez ces enfants qui sont trop<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
Retour aux<br />
mesures simples<br />
Que ce soit dans<br />
la toux, le RGO<br />
ou les bronchiolites,<br />
bon nombre<br />
de traitements<br />
et de thérapies<br />
ont fait l’objet<br />
de controverses,<br />
voire ont été contreindiqués<br />
chez le<br />
nourrisson cette année...<br />
pour un retour des<br />
mesures simples.<br />
jeunes pour savoir tousser efficacement<br />
dans ce cas », suppose la pédiatre.<br />
La kiné sur la sellette<br />
En revanche, la kiné dans les cas de bronchiolites<br />
risquerait bien d’être sérieusement<br />
remise en cause. En effet, une étude<br />
française publiée en septembre (Plos Medicine)<br />
n’a pas montré son efficacité chez<br />
des nourrissons hospitalisés pour bronchiolite<br />
aiguë. « On attend que d’autres<br />
études viennent confirmer ce fait, notamment<br />
en médecine de ville », commente<br />
Catherine Salinier, qui estime toutefois que<br />
les conclusions ont de fortes chances d’être<br />
identiques. La prise en charge de la bron-<br />
«L’AVIS DU DR CHRISTINE REGIMBART*<br />
chiolite en ville pourrait donc bien se limiter<br />
à une évaluation clinique minutieuse<br />
et répétée, à une mesure de la saturation<br />
en oxygène et à une surveillance<br />
active, sous réserve d’hospitalisation en<br />
cas d’aggravation. « Toutefois, si la kinésithérapie<br />
pourrait ne plus avoir sa place<br />
au stade aigu, elle pourrait toujours être<br />
utile lors de la phase excrétoire de la bronchiolite<br />
», relativise la présidente de<br />
l’AFPA.<br />
<strong>Le</strong>s anti-reflux trop prescrits ?<br />
Autre controverse, cette fois lors du<br />
congrès de pédiatrie qui s’est tenu en<br />
juin, les spécialistes ont pointé du doigt<br />
les sur-prescriptions de médicaments<br />
anti-RGO chez les enfants de moins de<br />
1 an, notamment les prokinétiques et<br />
les IPP. « Il ne faut pas y avoir recours<br />
à l’aveugle devant des signes qui pourraient<br />
hypothétiquement être dus à un<br />
reflux : des pleurs inexpliqués, une toux,<br />
des otites à répétition…. c’est en ce sens<br />
qu’il y a des prescriptions abusives chez<br />
les enfants », commente Catherine<br />
Salinier, qui conseille de se recentrer<br />
sur l’analyse fine clinique.<br />
L’éviction totale à éviter<br />
Enfin, une autre nouveauté cette année<br />
concerne l’allergie alimentaire, notamment<br />
celle à l’arachide. <strong>Le</strong>s allergologues<br />
ne conseillent plus l’éviction totale, mais<br />
une éviction partielle de l’aliment, tout<br />
en déterminant en milieu hospitalier la<br />
dose minimale tolérée. En effet, des<br />
études récentes ont démontré que l’éviction<br />
stricte pourrait, dans certains cas,<br />
aggraver l’allergie et diminuer la tolérance.<br />
D’où un risque majoré en cas de<br />
réintroduction accidentelle. <br />
Vaccinations <strong>Le</strong>s grandes nouveautés ont surtout<br />
eu lieu dans le domaine des vaccinations<br />
(lire p. 29). Quant aux mesures contre-indiquant<br />
les mucolytiques, elles ont plutôt été bien perçues par mes<br />
patients. Et ils ont tous aujourd’hui le réflexe de laver le nez<br />
plusieurs fois par jour, même si ce n’est pas toujours évident.<br />
RGO En ce qui concerne le RGO, il m’arrive d’instaurer un traitement mais<br />
toujours de façon motivée. Tout d’abord, je tente de changer le lait de l’enfant pour<br />
un lait antirégurgitation, en y associant éventuellement des épaississants. Si<br />
l’enfant reste algique à chaque biberon, je réalise alors un test thérapeutique sur<br />
un mois avec un prokinétique et/ou un surnageant type Gaviscon ® . En général,<br />
cette prescription suffit. Il m’est arrivé deux fois cette année de prescrire des IPP<br />
– avec succès – chez des enfants qui n’étaient pas améliorés par les<br />
prokinétiques et surfactants. » *Médecin généraliste à Bécon-les-Granits.<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
35
DR - BSIP/LAURENT/BOUHIER<br />
PNEUMOLOGIE<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
Asthme : l’explosion<br />
des thérapeutiques<br />
Plusieurs études ont été<br />
publiées en 2010 sur des<br />
molécules prometteuses dans<br />
l’asthme sévère.<br />
L<br />
asthme des adultes s’est sta-<br />
’ bilisé depuis trois ans dans les<br />
pays industrialisés, tandis qu’il<br />
continue à augmenter fortement chez<br />
l’enfant, selon les dernières études épidémiologiques.<br />
Et dans les pays émergents<br />
qui adoptent le style de vie occidental…<br />
il explose ! En France, le<br />
nombre de décès a diminué de 2 000 à<br />
moins de 1 500 par an grâce à une<br />
meilleure prise en charge, mais le nombre<br />
de cas sévères semble augmenter.<br />
Aussi, « la tendance aujourd’hui est de<br />
mieux classifier les asthmes sévères en<br />
fonction de différents critères : début<br />
précoce ou non, composante allergique,<br />
formes à forte éosinophilie… Cela<br />
permet de développer des stratégies<br />
ciblées pour le contrôler », explique le<br />
Pr Michel Aubier, chef du service de<br />
pneumologie du CHU de Bichat.<br />
La percée des anticorps<br />
monoclonaux<br />
Utilisé depuis 2006 chez les adultes,<br />
l’anticorps monoclonal anti-IgE Xolair®<br />
(omalizumab), administré sous forme<br />
«L’AVIS DU DR DOMINIQUE RICHARD*<br />
Des recos adaptées La vraie nouveauté<br />
en 2010, c’est l’application des<br />
recommandations publiées en mars<br />
2009 sur l’asthme spécifique à l’enfant de moins<br />
de 36 mois , dont l’objectif principal est<br />
d’améliorer le diagnostic et la prise en charge. Ces<br />
recommandations sont claires et répondent bien à nos<br />
questions : Comment réagir face à un épisode de bronchite<br />
sifflante ? Quels enfants traiter ? Combien de temps ?<br />
École de l’asthme Côté thérapeutique, nous disposons déjà<br />
d’un panel de traitements très efficaces, la difficulté se situe<br />
plutôt du côté de l’observance et de la technique<br />
d’utilisation des traitements inhalés, souvent mal maîtrisée.<br />
d’injection sous-cutanée toutes les 2 à<br />
4 semaines, est désormais autorisé chez<br />
les enfants de plus de six ans souffrant<br />
d’asthme allergique sévère mal contrôlé<br />
par des options cliniques standard.<br />
Chez les patients qui ont une inflammation<br />
aux éosinophiles, une étude<br />
récente a montré qu’un traitement par<br />
anticorps anti-IL (mepoluzimab) était<br />
efficace. D’autres molécules (anti-IL13,<br />
anti-IL9…) pourraient arriver dans les<br />
prochaines années. Selon le Pr Aubier,<br />
l’utilisation des biothérapies a permis<br />
de renforcer les liens entre la ville et<br />
l’hôpital pour le suivi des patients présentant<br />
un asthme sévère.<br />
L’asthme<br />
continue<br />
à augmenter<br />
fortement<br />
chez l’enfant.<br />
De nombreux patients ont appris à vivre avec leur<br />
asthme et ignorent qu’il n’est pas normal d’avoir<br />
des symptômes et que l’on peut contrôler l’asthme.<br />
<strong>Le</strong>s écoles de l’asthme, très utiles à cet égard, ne<br />
sont pas encore facilement accessibles partout.<br />
EFR annuelles Si les EFR (explorations fonctionnelles<br />
respiratoires) étaient effectuées une fois par an ou au<br />
moins tous les deux ans, cela aiderait à montrer au patient<br />
que la maladie est toujours présente et qu’il est important<br />
de suivre son traitement, même s’il n’a pas de symptômes. »<br />
*Médecin généraliste à Morangis (Essonne)<br />
et attaché de pneumologie au Centre Hospitalier Sud Francilien<br />
(site de Corbeil-Essonnes).<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
…Et les autres<br />
avancées<br />
La recherche porte<br />
aussi sur les molécules<br />
existantes.<br />
Ainsi, le tiotropium<br />
(Spiriva®), jusqu’à<br />
présent réservée au<br />
traitement de la BPCO,<br />
serait intéressante<br />
aussi chez les patients<br />
asthmatiques insuffisamment<br />
contrôlés.<br />
Dans une étude en<br />
double aveugle portant<br />
sur 210 patients<br />
traités par corticoïdes inhalés + salmétérol,<br />
le triotropium ajouté au corticoïde<br />
inhalé a amélioré la fonction pulmonaire<br />
de façon plus importante que le<br />
doublement de la dose de corticoïde.<br />
Son effet était similaire à celui de l’addition<br />
de salmeterol. Certains patients<br />
atteints d’asthme sévère pourraient<br />
aussi bénéficier d’un traitement par<br />
Glivec®, un inhibiteur de la tyrosine<br />
kinase utilisé pour traiter la leucémie<br />
myéloïde chronique. <br />
Isabelle Gonse<br />
(1) Stephen P. Peters. NEJM 2010 ; 363 : 1715-<br />
1726. October 28, 2010.<br />
(2) Michel Aubier. Eur. Resp. Journal, sept. 2010.<br />
37
DR - ROGER HARRIS/SPL/PHANIE<br />
PROSTATE<br />
L’année 2010 s’enrichit de<br />
quelques nouveautés dans la<br />
prise en charge de l’adénome<br />
et du cancer de la prostate.<br />
Et le principe<br />
de surveillance active est<br />
validé dans le dépistage<br />
du cancer de la prostate.<br />
L<br />
avenir<br />
’ semble<br />
prometteur<br />
en ce qui concerne<br />
la prise en charge de<br />
l’adénome de la prostate.<br />
Tout d’abord,<br />
« une publication montre<br />
que l’utilisation du tadalafil<br />
(Cialis®), en association<br />
avec un inhibiteur de la<br />
5 alpha-réductase pourrait avoir<br />
un intérêt », avance le Pr Stéphane<br />
Droupy (CHU de Nîmes).<br />
<strong>Le</strong> premier ayant une action sur<br />
le muscle lisse et la fonction<br />
érectile (3/4 des patients présentent<br />
à la fois un adénome<br />
de prostate et une dysfonction<br />
érectile), et le second pouvant<br />
générer une dysfonction sexuelle.<br />
Son autorisation pourrait être délivrée<br />
dès l’an prochain. Par ailleurs, « une<br />
association dutastéride + tamsulosin<br />
(Combodart®) a obtenu son AMM cette<br />
année sur le marché européen et ne devrait<br />
prochainement être commercialisée<br />
en France », poursuit Stéphane<br />
Droupy.<br />
<strong>Le</strong> dutastéride aussi<br />
en prévention du cancer<br />
Côté cancer, la publication de l’étude<br />
REDUCE laisse espérer, pour les très<br />
prochaines années, l’utilisation des<br />
inhibiteurs de la 5 alpha-réductase dans<br />
la prévention du cancer de la prostate.<br />
En effet une diminution de 23 % du<br />
risque de cancer de prostate a été montrée<br />
chez des patients à risque traités<br />
par dutastéride. « Une fois que les éventuels<br />
inconvénients de ce traitement au<br />
long cours seront bien cernés, il restera<br />
à identifier la population qui pourra en<br />
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
Vers une surveillance active<br />
bénéficier, vraisemblablement sur des<br />
critères d’antécédents familiaux et de<br />
taux-seuils de PSA à 50 ans », commente<br />
l’urologue.<br />
Par ailleurs, un nouveau traitement<br />
hormonal antagoniste de la GnRH, le<br />
degarelix (Firmagon®) a été mis sur<br />
le marché cette année, pour le cancer<br />
de la prostate. Il nécessite une injection<br />
par mois. « Sa cible spécifique<br />
n’est pas en-<br />
<strong>Le</strong> dutastéride<br />
est évalué<br />
en prévention<br />
du cancer<br />
de la prostate.<br />
core définie mais il<br />
agit plus rapidement<br />
et baisse la<br />
testostérone de façon<br />
plus importante<br />
par rapport<br />
aux autres traitements<br />
» explique<br />
le Pr Stéphane<br />
Droupy.<br />
<strong>Le</strong> robot doit<br />
faire des<br />
preuves<br />
Quant aux recourschirurgicaux<br />
dans le<br />
cancer de la<br />
prostate, l’assistance<br />
robotisée reste encore à évaluer.<br />
« Il n’y a pas de preuve scientifique<br />
que le robot fasse mieux que les traitements<br />
chirurgicaux classiques en terme<br />
de continence, de qualité d’érection ou<br />
de traitement du cancer, même si cela<br />
peut être la perception de certains patients<br />
et des chirurgiens qui l’utilisent.<br />
Aujourd’hui, plus de 85 % des interventions<br />
sur le cancer de la prostate sont<br />
robotisées aux Etats-Unis, mais cette innovation<br />
reste coûteuse. <strong>Le</strong> surcoût n’est<br />
pas pris en charge par l’assurance maladie,<br />
et rares sont les centres qui en sont<br />
équipés dans notre pays », avance l’urologue.<br />
En France, le traitement chirurgical<br />
robotisé ne représente que 15 %<br />
des interventions.<br />
Quant au dépistage du cancer de la<br />
prostate, les chiffres qui guideront la<br />
fréquence du dosage de PSA en fonction<br />
de la dynamique des taux de PSA<br />
sont attendus dans les 2 à 3 ans à venir.<br />
La France reste dans le cadre d’un<br />
dépistage individualisé, et la HAS indique<br />
clairement que la prescription du<br />
dosage de PSA doit être le choix du patient,<br />
après information par son médecin.<br />
Enfin, les nouvelles recommandations<br />
dans le cancer de la prostate, sorties<br />
en novembre, ont validé le principe<br />
de surveillance active des cancers de<br />
petite taille, qui reste donc de mise,<br />
même si la tendance sera sans doute de<br />
resserrer les critères. « En effet, les résultats<br />
d’études canadiennes ont montré<br />
que 30 % des patients étaient sousstadifiés<br />
: ils auraient dû être traités<br />
et non surveillés activement », conclut<br />
le Pr Stéphane Droupy. <br />
Dr Anne Huynh-Druart<br />
L’AVIS DU DR DAVID COSTA*<br />
«<br />
Dépistage « Je consacre beaucoup plus de<br />
temps au dépistage du cancer de la prostate<br />
dans mes consultations. Je ne prescris<br />
un dosage du PSA qu’après avoir informé le patient des<br />
implications que ce test diagnostic pourrait entraîner, il est donc<br />
souvent nécessaire d’y vouer une séance entière pour en parler. Bien que les<br />
recommandations ne permettent pas encore de trancher en faveur ou pas d’un<br />
dépistage de masse, leur lecture donne des arguments pour expliquer les avantages<br />
et les inconvénients du dosage de PSA et permettre un choix éclairé et conjoint.<br />
Surveillance active L’attitude actuelle de surveillance active de certains cancers<br />
m’intéresse également, et j’attends maintenant les prochaines études qui<br />
permettront de prédire les cancers qui vont évoluer ou pas. »<br />
*Médecin généraliste à Codognan (Gard)<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
39
MÉDECINE<br />
LES AVANCÉES 2010<br />
RHUMATOLOGIE : OSTÉOPOROSE<br />
Cibler les patientes à risque<br />
Aujourd’hui, on observe une diminution<br />
de 10% des fractures<br />
de l’extrémité supérieure du<br />
fémur. « Ces résultats sont certainement<br />
la traduction d’un meilleur état de santé<br />
global de la population, d’une meilleure<br />
prise en charge de l’ostéoporose, et de<br />
l’impact des campagnes de prévention<br />
et de prise en charge des chutes chez<br />
les personnes très âgées, observe le<br />
Pr Thierry Thomas (CHU de Saint-<br />
Etienne). Cette évolution nous encourage<br />
à poursuivre dans le même sens<br />
les efforts entrepris. Cela dit, il va falloir<br />
aller vers des schémas plus simples de<br />
prise en charge de l’ostéoporose, plus<br />
applicables en médecine générale. »<br />
<strong>Le</strong>s prédictions du Frax<br />
En prévention, l’identification des patientes<br />
à risque pourrait tirer bénéfice<br />
de l’outil FRAX, même s’il présente ses<br />
limites. <strong>Le</strong> Frax est un outil de prédiction<br />
du risque absolu à 10 ans de fracture<br />
ostéoporotique majeure, qui a été<br />
approuvé par l’OMS. Il est disponible<br />
sur le net et commence à être intégré<br />
dans les logiciels des ostéodensitomètres.<br />
L’algorithme de calcul prend en<br />
compte les facteurs de risque ostéoporotiques<br />
classiques : le sexe, l’âge, l’index<br />
de masse corporelle, les antécédents<br />
familiaux, la corticothérapie, les<br />
fractures ostéoporotiques prévalentes,<br />
le tabagisme, l’alcoolisme et les ostéo-<br />
40 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
L’année 2010 a été marquée une baisse<br />
de l’incidence des fractures de hanche<br />
en France. Rien de très nouveau en<br />
revanche concernant la prise<br />
en charge de<br />
l’ostéoporose,<br />
ni en terme<br />
d’identification<br />
des patientes<br />
à risque, ni en<br />
terme de<br />
détermination<br />
des patientes<br />
devant<br />
bénéficier<br />
d’un<br />
traitement.<br />
poroses secondaires. « <strong>Le</strong> premier avantage<br />
du FRAX est d’aider à se poser les<br />
bonnes questions face à une patiente<br />
ménopausée pour savoir si elle est susceptible<br />
de présenter un statut osseux<br />
insuffisant. Par ailleurs, il faudrait aller<br />
vers une utilisation simplifiée de la<br />
DMO, car ses conditions de remboursements<br />
complexes expliquent en<br />
grande partie qu’il n’y ait pas eu plus<br />
de prescriptions depuis 2006 », commente<br />
Thierry Thomas. Parallèlement,<br />
l’utilisation plus large de l’analyse<br />
morphométrique vertébrale (VFA)<br />
combinée à la DMO pourrait permettre<br />
d’identifier les fractures asymptomatiques<br />
et de mieux décider des choix<br />
«L’AVIS DU DR PHILIPPE NICOT*<br />
thérapeutiques. Ainsi, plusieurs sociétés<br />
savantes (GRIO, SFRhumato, SFE,<br />
GEMVI, SOFCOT...) se sont associées<br />
dans un groupe de travail multidisciplinaire<br />
afin de proposer une mise à<br />
jour des recommandations de prise<br />
charge de l’ostéoporose, prévue pour<br />
l’an prochain.<br />
Une nouvelle biothérapie<br />
Pour ce qui est des traitements, le denosumab,<br />
un anticorps monoclonal humain,<br />
a montré de très bons résultats<br />
en essais de phase III, et vient d’obtenir<br />
une autorisation de mise sur le marché<br />
européenne en 2010 en traitement<br />
et prévention de l’ostéoporose. Il devrait<br />
arriver sur le marché français l’an<br />
prochain.<br />
« Aujourd’hui, notre objectif thérapeutique<br />
reste bien de cibler nos efforts<br />
sur le traitement sur les patientes à haut<br />
risque – notamment les patientes déjà<br />
fracturées, qui ne sont traitées actuellement<br />
que dans un tiers des cas -, alors<br />
qu’à l’inverse, on observe trop de patientes<br />
surtraitées, en particulier des<br />
femmes encore relativement jeunes, autour<br />
de 60 ans, et à faible risque fracturaire<br />
à 10 ans. Il est important de mieux<br />
adapter la cible thérapeutique au niveau<br />
de risque de la population, et c’est<br />
un des intérêts du FRAX », conclut le<br />
Pr Thomas. <br />
Dr Anne Huynh-Druart<br />
DMO <strong>Le</strong>s populations incluses dans les<br />
études correspondent mal à la médecine<br />
de soins primaires. En pratique, il faut<br />
distinguer les patientes fracturées des patientes non<br />
fracturées, et ne pas poser un excès d’indications de la<br />
DMO. Etant donné les enjeux commerciaux, il y a une<br />
incitation permanente à faire du dépistage précoce et rien ne permet de dire<br />
que toutes les patientes présentant une ostéoporose vont faire des fractures.<br />
Activité physique <strong>Le</strong> rôle du généraliste se situe très en amont, en incitant<br />
les patientes à avoir une activité physique et un bon apport vitaminocalcique.<br />
Pour s’engager dans le dépistage de l’ostéoporose, il ne faut pas<br />
angoisser les patientes inutilement et se fier à du solide en se reportant<br />
aux facteurs de risque publiés dans les recommandations Anaes en 2001 ».<br />
*<strong>Généraliste</strong> à Panazol ( Haute-Vienne).<br />
DR - PASIEKA/SPL/PHANIE
LA FMC DU SPÉCIALISTE EN MÉDECINE GÉNÉRALE<br />
COMITÉ DE RÉDACTION<br />
Dr Linda Sitruk (14.78)<br />
rédactrice en chef<br />
lsitruk@legeneraliste.fr<br />
Dr Catherine Freydt,<br />
Dr Pascale Naudin-Rousselle,<br />
Dr Marc Kreuter<br />
fmc@legeneraliste.fr<br />
<strong>Le</strong>s membres de la rédaction<br />
signent chaque année une<br />
déclaration personnelle d'absence<br />
de conflit d'intérêts.<br />
COMITÉ SCIENTIFIQUE<br />
Pr Lucien ABENHAIM (Paris),<br />
Dr François BAUMANN (Paris),<br />
Pr Marc-André BIGARD<br />
(Vandœuvre-lès-Nancy),<br />
Dr Philippe BONET (Montbert),<br />
Pr Pierre BONFILS (Paris),<br />
Pr Jean-François BRETAGNE<br />
(Rennes), Pr Éric BRUCKERT<br />
(Paris), Pr Pierre DELLAMONICA<br />
(Nice), Pr Philippe FROGUEL (Lille),<br />
Pr René FRYDMAN (Clamart),<br />
Pr Bernard GAY (Rions), Pr Serge<br />
GILBERG (Paris), Pr Xavier GIRERD<br />
(Paris), Dr Daniel JANNIERE<br />
(Paris), Pr Claude JEANDEL<br />
(Montpellier), Dr Olivier KANDEL<br />
(Poitiers), Dr Jean LAVAUD (Paris),<br />
Pr Frédéric LIOTÉ (Paris),<br />
Dr William LOWENSTEIN<br />
(Boulogne-Billancourt),<br />
Dr Sylvie MEAUME<br />
(Ivry-sur-Seine),<br />
Dr Nadine MEMRAN (Nice),<br />
Pr Christian PERRONNE<br />
(Garches), Pr Pascal RISCHMANN<br />
(Toulouse), Pr Frédéric ROUILLON<br />
(Paris), Pr Philippe STEG (Paris),<br />
Dr Alain SERRIE (Paris),<br />
Pr Paul VALENSI (Bondy),<br />
Pr Daniel VERVLOET (Marseille),<br />
Dr France WOIMANT (Paris).<br />
PASIEKA/SPL/PHANIE<br />
QUIZ 2010<br />
TESTEZ VOS<br />
CONNAISSANCES<br />
QUIZ (réponses p. 44)<br />
1. <strong>Le</strong>s condylomes acuminés :<br />
A ❏ Sont dûs au HPV 6 et 11 à haut risque<br />
oncogénique.<br />
B ❏ Sont dûs au HPV 6 et 11 à bas risque<br />
oncogénique.<br />
C ❏ Ne se contractent que pas voie sexuelle.<br />
D ❏ Récidivent dans environ 30 % des cas.<br />
E ❏ Sont traités par laser en cas de foyers<br />
multiples.<br />
« <strong>Le</strong>s infections à papillomavirus humain »<br />
(N°2545 du 3 décembre)<br />
2A. Parmi les onze recommandations<br />
de l’Eular sur le traitement de l’arthrose<br />
des mains, les traitements systémiques<br />
pharmacologiques n’apparaissent<br />
qu’en 7 e position.<br />
A ❏ Vrai. B ❏ Faux.<br />
2B. Concernant l’arthrose digitale :<br />
A ❏ Elle est prédictive d’une arthrose<br />
des membres inférieurs.<br />
B ❏ L’obésité en est un facteur de risque.<br />
C ❏ Relève en premier lieu<br />
sur les traitements locaux externes.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> recours à la chirurgie devrait s’élargir.<br />
E ❏ <strong>Le</strong>s orthèses de repos ont un but<br />
VENDREDI 17 DÉCEMBRE 2010- N° 2547<br />
Qu’avez-vous<br />
retenu cette année<br />
de nos articles de<br />
formation ? Nous<br />
vous proposons<br />
de rafraîchir vos<br />
connaissances dans<br />
ces pages.…<br />
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de vos confrères.<br />
À vos claviers !<br />
❄<br />
antalgique et sont portées la nuit.<br />
« Arthrose digitale et rhizarthrose »<br />
(N°2543 du 19 novembre)<br />
3. Chez l’adulte, une première crise<br />
d’épilepsie :<br />
A ❏ Impose une hospitalisation systématique.<br />
B ❏ Un examen neurologique anormal<br />
doit conduire à la réalisation en urgence<br />
d’une imagerie cérébrale.<br />
C ❏ Seules les crises tonico-cloniques<br />
doivent être hospitalisées.<br />
D ❏ La présence d’une fièvre associée<br />
impose l’hospitalisation.<br />
E ❏ Révèle le plus souvent une épilepsie<br />
authentique.<br />
« La première crise d’épilepsie de l’adulte<br />
jeune » (N°2542 du 10 novembre)<br />
4A. En France, le dépistage du diabète<br />
de type 2 s’adresse :<br />
A ❏ A l’ensemble de la population à partir<br />
de 45 ans.<br />
B ❏ A l’ensemble de la population à partir<br />
de 50 ans.<br />
C ❏ Aux plus de 45 ans ayant au moins un<br />
facteur de risque de diabète<br />
www.legeneraliste.fr
❄www.legeneraliste.fr<br />
PHANIE<br />
D ❏ Aux plus de 45 ans en situation de précarité<br />
E ❏ Aucune de ces propositions.<br />
4B. Concernant les moyens utilisés<br />
pour le dépistage du diabète de type 2,<br />
quelles propositions sont exactes ?<br />
A ❏ La glycémie à jeun est l’examen de référence<br />
pour dépister le diabète.<br />
B ❏ La charge orale en glucose permet d’identifier<br />
un état pré-diabétique.<br />
C ❏ La glycémie capillaire peut remplacer la glycémie<br />
à jeun et suffit à poser le diagnostic de diabète.<br />
D ❏ La glycémie capillaire peut être utilisée<br />
pour dépister un diabète à condition de confirmer<br />
une positivité par un dosage veineux.<br />
E ❏ <strong>Le</strong> dosage de l’HbA1c est un bon outil de dépistage.<br />
« Dépister et diagnostiquer le diabète de type 2 »<br />
(N°2541 du 5 novembre)<br />
5. Concernant le dépistage du cancer de la prostate :<br />
A ❏ Il repose sur le dosage du PSA total<br />
et le toucher rectal.<br />
B ❏ Il serait particulièrement indiqué chez les<br />
hommes ayant des facteurs de risque (antécédents<br />
familiaux, origine afro-antillaise).<br />
C ❏ Il concerne les patients dès l’âge de 45 ans.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> seuil de déclenchement de la biopsie se situe<br />
à 3 ou 4 ng/ml selon l’âge.<br />
E ❏ Certains aliments auraient un effet protecteur<br />
sur ce cancer.<br />
« Cancer de la prostate: quid du dépistage ? »<br />
(N°2538 du 22 octobre)<br />
6. Seule la moitié des patients souffrant de BPCO<br />
sont traités alors que le dépistage permet<br />
d’améliorer le pronostic de la maladie...<br />
A ❏ <strong>Le</strong>s mini-spiromètres<br />
électroniques permettent<br />
de détecter une obstruction<br />
bronchique en mesurant un<br />
rapport VEMS/CVF < 0,7.<br />
B ❏ La mesure du souffle<br />
devrait être réalisée chez<br />
tous les fumeurs et tous les<br />
professionnels à risque à<br />
partir de 40 ans.<br />
C ❏ La mesure du souffle<br />
n’est utile que s’il existe une<br />
dyspnée à l’effort.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> débit expiratoire de pointe, utilisé dans<br />
l’asthme, est un outil pertinent pour le diagnostic<br />
d’une BPCO.<br />
E ❏ <strong>Le</strong> débit expiratoire de pointe, utilisé dans<br />
l’asthme, n’est pas un outil pertinent pour le<br />
diagnostic d’une BPCO.<br />
« BPCO : penser à la dépister » (N°2539 du 15 octobre)<br />
7. Parmi les recommandations de la HAS sur l’usage<br />
des marqueurs dans la maladie coronarienne,<br />
quelles sont les propositions exactes ?<br />
A ❏ Aucun dosage de marqueurs de nécrose<br />
mycocardique n’est indiqué en ambulatoire en cas<br />
de suspicion de syndrome coronaire aigu.<br />
B ❏ Seul le dosage de troponine est indiqué en cas<br />
de suspicion de SCA en ambulatoire.<br />
C ❏ La troponine n’est dosée en ambulatoire<br />
qu’en cas de douleur thoracique survenue 72 heures<br />
auparavant avec un ECG non contributif.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> taux de troponine s’élève dans les<br />
2 à 4 heures suivant un infarctus du myocarde.<br />
E ❏ Toute suspicion de SCA doit conduire à un appel<br />
immédiat du 15.<br />
« Maladie coronarienne : aucun marqueur en ville »<br />
(N°2538 du 8 octobre)<br />
8. Selon les recommandations de l’Afssaps de 2004,<br />
l’impétigo ne justifie une antibiothérapie par voie<br />
générale que si :<br />
A ❏ La surface cutanée<br />
atteinte est supérieure<br />
à 2 % de la surface<br />
corporelle totale.<br />
B ❏ Il existe plus d’une<br />
dizaine de lésions actives.<br />
C ❏ <strong>Le</strong>s lésions sont très<br />
croûteuses.<br />
D ❏ en cas d’extension<br />
rapide des lésions.<br />
E ❏ <strong>Le</strong> choix de l’antibiothérapie est orienté<br />
en fonction de l’efficacité anti-staphylococcique et<br />
anti-streptococcique.<br />
« La dermatologie courante chez l’enfant d’âge<br />
scolaire » (N°2534 du 10 septembre)<br />
9. Dans le cadre de l’examen des programmes<br />
de dépistage de la toxoplasmose et de la rubéole<br />
chez la femme enceinte, la HAS vient de publier<br />
des recommandations sur le sujet :<br />
A ❏ <strong>Le</strong> statut sérologique des femmes enceintes visà-vis<br />
de la rubéole et de la toxoplasmose doit être<br />
connu dès la première consultation prénatale.<br />
B ❏ Il est inutile de vérifier la sérologie rubéolique<br />
si deux vaccinations antérieures ont été réalisées<br />
et sont documentées.<br />
C ❏ Une détection des IgG et des IgM<br />
toxoplasmiques doit être réalisée en début de<br />
grossesse en l’absence de preuve écrite d’immunité.<br />
D ❏ Idéalement, les contrôles sérologiques doivent être<br />
réalisés avant la conception dès le projet parental.<br />
E ❏ Une séronégativité toxoplasmique doit être vérifiée<br />
chaque mois lors d’une grossesse.<br />
« Toxoplasmose et rubéole en cas de grossesse »<br />
(N°2533 du 2 juillet)<br />
42 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547 Cahier FMC II<br />
E. MAHE
M. SITRUK<br />
10. Jusque la fin des années 1990, les IST semblaient<br />
être des maladies d’un autre temps. La recrudescence<br />
des gonococcies et de la syphilis obligent à la<br />
vigilance. Quelles sont les propositions exactes ?<br />
A ❏ Chlamydia trachomatis représente l’IST<br />
bactérienne la plus fréquente et la plus<br />
asymptomatique dans les deux sexes.<br />
B ❏ Compte tenu de son caractère asymptomatique<br />
de la chlamydiose et de sa gravité potentielle<br />
sur la fertilité, les femmes entre 18 et 25 ans<br />
doivent être dépistées tous les ans.<br />
C ❏ La gonococcie doit être traitée sur la base<br />
des résultats de l’antibiogramme.<br />
D ❏ La gonococcie se traite par une antibiothérapie<br />
minute probabiliste.<br />
E ❏ La recherche de tréponème n’est réalisée<br />
que si la clinique n’est pas évocatrice.<br />
« Prévenir et prendre en charge les IST »<br />
(N°2532 du 25 juin)<br />
11. Concernant la prise en charge d’une épaule<br />
douloureuse non traumatique :<br />
A ❏ Il s’agit de la première cause de maladie<br />
professionnelle indemnisée.<br />
B ❏ <strong>Le</strong> traitement initial est toujours médical<br />
avec physiothérapie et mise au repos.<br />
C ❏ <strong>Le</strong>s AINS sont prescrits aussi longtemps<br />
que le patient souffre.<br />
D ❏ <strong>Le</strong>s infiltrations sont indiquées après échec<br />
du traitement médical.<br />
E ❏ La balnéothérapie a toute sa place dans<br />
la stratégie thérapeutique.<br />
« L’épaule douloureuse non traumatique »<br />
(N°2530 du 11 juin)<br />
12. La sténose canalaire lombaire est une pathologie<br />
dégénérative par processus arthrosique :<br />
A ❏ La claudication intermittente<br />
est un signe clinique typique.<br />
B ❏ La position antéfléchie<br />
soulage les symptômes.<br />
C ❏ <strong>Le</strong>s radiographies standard<br />
sont systématiquement réalisées.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> scanner est l’examen clé<br />
révélant un diamètre sagittal<br />
antéropostérieur inférieur à 12 mm.<br />
E ❏ <strong>Le</strong>s manipulations ne sont<br />
pas recommandées dans cette<br />
indication.<br />
« <strong>Le</strong> canal lombaire étroit »<br />
(N°2528 du 28 mai)<br />
13. Chez un patient recevant un traitement par<br />
opioïdes dans le cadre de soins palliatifs, le<br />
traitement de première intention de la constipation<br />
avérée comporte :<br />
www.legeneraliste.fr<br />
A ❏ Un laxatif osmotique.<br />
B ❏ Un laxatif stimulant.<br />
C ❏ Un laxatif lubrifiant.<br />
D ❏ Un laxatif osmotique + un laxatif stimulant.<br />
« Soins palliatifs et troubles digestifs »<br />
(N° 2537 du 1 er octobre)<br />
14. En cas de fracture vertébrale ostéoporotique,<br />
quels médicaments anti-ostéoporotiques ont<br />
montré leur efficacité dans ce contexte ?<br />
A ❏ <strong>Le</strong>s biphosphonates.<br />
B ❏ <strong>Le</strong> raloxifène.<br />
C ❏ <strong>Le</strong> denosumab.<br />
D ❏ <strong>Le</strong> tériparatide.<br />
E ❏ <strong>Le</strong> ranélate de strontium.<br />
« L’ostéoporose vertébrale fracturaire sévère »<br />
(N° 2536 du 24 septembre)<br />
15. En présence d'une anémie microcytaire hypochrome<br />
et si l'on suspecte une anémie par carence<br />
martiale, le bilan biologique ferrique comporte :<br />
A ❏ <strong>Le</strong> dosage du fer sérique.<br />
B ❏ La détermination de la capacité totale de fixation<br />
de la sidérophiline.<br />
C ❏ <strong>Le</strong> dosage de la ferritine.<br />
«<strong>Le</strong>s anémies par carence en fer » (N° 2535 du 17 septembre)<br />
16.La kératose actinique et la maladie de Bowen<br />
sont des précurseurs du :<br />
A ❏ Carcinome épidermoïde cutané.<br />
B ❏ Carcinome basocellulaire.<br />
« <strong>Le</strong>s cancers cutanés non mélanocytaires »<br />
(N° 2529 du 4 juin)<br />
17A. En présence d'un diabète de type 2 récemment<br />
découvert, l'objectif glycémique fixé par les<br />
recommandations de la HAS et de l'AFSSAPS est :<br />
A ❏ Hba1C < 6 %.<br />
B ❏ Hba1C < 6,5 %.<br />
C ❏ Hba1C < 7 %.<br />
17B. En pratique, dans l'escalade thérapeutique<br />
du diabète de type 2, les gliptines ont leur place :<br />
A ❏ À partir du stade de bithérapie (HbA1c > 6,5 %).<br />
B ❏ À partir du stade de trithérapie (HbA1c > 7 %).<br />
« Diabète de type 2 : la nouvelle stratégie<br />
thérapeutique » (N° 2527 du 21 mai)<br />
18. Dans le cadre des situations d'urgence<br />
spécifiques au sujet âgé, les fonctions<br />
qui décompensent le plus facilement chez la<br />
personne âgée sont :<br />
A ❏ La fonction cérébrale.<br />
B ❏ La fonction cardiovasculaire.<br />
C ❏ La fonction d'équilibration.<br />
❄<br />
III Cahier FMC<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
43<br />
E. THOMAS
❄www.legeneraliste.fr<br />
PR REGENT<br />
❄<br />
D ❏ La fonction rénale.<br />
E ❏ La fonction d'alimentation/hydratation.<br />
« <strong>Le</strong>s urgences chez le sujet âgé » (N° 2525 du 7 mai)<br />
19. <strong>Le</strong> statut en vitamine D s'apprécie par le dosage :<br />
A ❏ de la 1,25 (OH)2D. B ❏ de la 25 (OH)D.<br />
« <strong>Le</strong>s effets osseux de la vitamine D »<br />
(N° 2524 du 23 avril)<br />
20. En cas de psoriasis, le recours<br />
à un traitement par voie générale et, donc, le<br />
recours au spécialiste, sont nécessaires lorsque :<br />
A ❏ <strong>Le</strong> psoriasis atteint plus de 20 % de la surface<br />
corporelle.<br />
B ❏ <strong>Le</strong> psoriasis atteint la zone ano-génitale.<br />
C ❏ <strong>Le</strong> psoriasis atteint les paumes et les plantes.<br />
« Stratégie thérapeutique du psoriasis »<br />
(N° 2520 du 26 mars)<br />
21. <strong>Le</strong>s indications admises<br />
de la coloscopie virtuelle sont :<br />
A ❏ <strong>Le</strong> dépistage en première intention<br />
du cancer colorectal (CCR) chez les<br />
sujets à risque moyen de CCR.<br />
B ❏ <strong>Le</strong> dépistage en première intention<br />
du cancer colorectal (CCR) chez les<br />
sujets à risque élevé de CCR.<br />
C ❏ L'exploration colique en première<br />
intention en cas de symptômes<br />
évocateurs de tumeur colorectale.<br />
D ❏ L'exploration colique après<br />
coloscopie classique incomplète.<br />
« <strong>Le</strong>s indications de la coloscopie<br />
virtuelle »(N°2517 du 5 mars)<br />
22. En cas de suspicion d'embolie pulmonaire ou de<br />
thrombose veineuse profonde, l'anticoagulation est<br />
assurée par :<br />
A ❏ Une héparine de bas poids moléculaire.<br />
B ❏ Une héparine non fractionnée.<br />
C ❏ <strong>Le</strong> fondaparinux.<br />
« La maladie thrombo-embolique veineuse»<br />
(N° 2516 du 26 février)<br />
23. <strong>Le</strong> syndrome intestin irritable (SII) est un<br />
diagnostic clinique. Cependant, parmi les examens<br />
suivants, lesquels peuvent être utiles ?<br />
A ❏ Recherche des Ac antitransglutaminase.<br />
B ❏ NFS, VS, CRP.<br />
C ❏ Coloscopie systématique.<br />
D ❏ Échographie abdominale.<br />
« <strong>Le</strong> syndrome de l’intestin irritable »<br />
(N° 2515 du 19 fév.)<br />
24. <strong>Le</strong>s vaccinations à proposer lors de la<br />
consultation préconceptionnelle sont :<br />
A ❏ Contre la coqueluche. B ❏ Contre l'hépatite B.<br />
C ❏ Contre la rubéole. D ❏ Contre la varicelle.<br />
« Anticiper un projet de grossesse »<br />
(N° 2514 du 12 février)<br />
25.Chez les sujets âgés atteints de cancer,<br />
et en ayant éliminé la part de mortalité due<br />
aux décès par une cause que le cancer, les taux<br />
de survie après le diagnostic sont :<br />
A ❏ Semblables à ceux des adultes plus jeunes<br />
atteints de cancer.<br />
B ❏ Plus faibles que ceux des adultes plus jeunes<br />
atteints de cancer.<br />
« Oncogériatrie » (N° 2513 du 5 février)<br />
26. En cas de thrombose<br />
veineuse profonde proximale<br />
constituée, outre<br />
le traitement héparinique,<br />
la compression veineuse<br />
prescrite doit être :<br />
A ❏ De classe II.<br />
B ❏ De classe III.<br />
C ❏ De classe IV.<br />
« Prescrire une compression<br />
veineuse » (N°2521 du 2 avril)<br />
27. En 2010, l’offre de dépistage de l’infection par le<br />
VIH s’adresse :<br />
A ❏ À l’ensemble de la population de 15 à 70 ans<br />
indépendamment du risque d’exposition au VIH.<br />
B ❏ Aux populations à risques, avec répétition<br />
régulières de cette offre.<br />
C ❏ Uniquement aux populations à haut risque<br />
d’infection.<br />
D ❏ En cas d’IVG.<br />
E ❏ En cas d’exposition sanguine accidentelle.<br />
« <strong>Le</strong> dépistage du VIH » (N° 2544 du 26 novembre)<br />
RÉPONSES : Q1) B, D, E • Q2A) A • Q2B) A, B, C, E • Q3) B,D • Q4A) C, D • Q4B) A, B, D • Q5) Toutes les propositions<br />
sont exactes. • Q6) A, B, E • Q7) A, C, D, E • Q8) A, B, D, E • Q9) Toutes les propositions sont exactes • Q10) A, B, C et E<br />
• Q11) B, D et E • Q12) A, B, D et E • Q13) D • Q14) A, B, C, D, E • Q15) A, B • Q16) A • Q17A) B - Q17B) A • Q18) A, C et E<br />
• Q19) B • Q20) A, B, C • Q21) D • Q22) A, C • Q23) A, B • Q24) A, C et D • Q25) B. • Q26) B • Q27) A, B, D et E.<br />
44 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547 Cahier FMC IV<br />
BSIP/CHASSENET
CROISIÈRE<br />
EN POLYNÉSIE<br />
Papeete, Huahine, Raiatea,<br />
Taha, Bora Bora...<br />
des noms aux sonorités<br />
d’ukulélé qui nous invitaient à<br />
la danse devant le tracé de nos<br />
cartes marines. Comme le paradis<br />
se mérite, dit-on aussi chez<br />
les Ma’ohi, il faut bien sacrifier<br />
au rite des quelque 24 heures de<br />
voyage dans les airs pour atteindre<br />
la mer promise ! Tahiti, à<br />
17 000 km de Paris ! Et l’on oublie<br />
toujours que les 118 îles de<br />
la Polynésie française s’étendent<br />
sur une superficie aussi vaste<br />
que l’Europe ! Un paradis sur<br />
l’eau avec une navigation relativement<br />
facile pour les néophytes,<br />
un eldorado sous l’eau<br />
avec d’improbables mais réelles<br />
rencontres avec les fascinantes<br />
raies manta qui accompagnaient<br />
nos baignades et plongées. Une<br />
promesse tenue de bonheur en<br />
mer ! Et, en bonus, la découverte<br />
de bouts de terre à la végétation<br />
luxuriante, des petits bouts de<br />
France avec maisonnettes et<br />
église de poche, visages métissés,<br />
traditions et coutumes forgées<br />
par le melting-pot d’une population<br />
arrivée aux antipodes<br />
par des chemins de traverse !<br />
Sur les traces<br />
de Gauguin<br />
<strong>Le</strong> visiteur qui débarque en Polynésie<br />
aujourd’hui, ne s’extasie<br />
plus comme Bougainville mais le<br />
mythe du paradis sur terre reste<br />
fortement ancré dans l’imaginaire<br />
collectif. La réalité est bien différente.<br />
Mais ce n’est pas l’objet de<br />
notre modeste carnet de bord !<br />
Même si les puristes regretteront<br />
HORIZONS<br />
Noël Pacifique<br />
Bora Bora plus que toute autre île au monde évoque irrésistiblement<br />
le rêve ultime du voyageur en quête d’absolu et de bout du monde !<br />
Pour le navigateur, la découverte du Pacifique sud passe par cette<br />
escale onirique et romantique à souhait !<br />
TEXTE & PHOTOS : ANNE-MARIE DE RUBIANA<br />
les pilotis aux cabanes les plus sophistiquées<br />
qui envahissent certains<br />
lagons, que l’aéroport jouxte<br />
le motu de Paul-Emile Victor, probablement<br />
le meilleur ambassadeur<br />
des splendeurs de Bora<br />
Bora… Voilà pour l’enfer du décor,<br />
le retour de la médaille !<br />
Mais, rassurez-vous, le voyage<br />
vaut le détour. À la voile, évidemment,<br />
car on ne se lassera jamais<br />
de découvrir, mille après mille,<br />
un horizon vierge puis à son approche,<br />
la mystérieuse découpe<br />
d’une île protégée par des passes<br />
de corail battues par les flots…<br />
Enfin, le calme du lagon, et à<br />
perte de vue des camaïeux de<br />
bleu de vert sur lesquels semblent<br />
flotter les motus ces petits grains<br />
d’îles tels des bijoux scintillants.<br />
Aigue-marine, turquoise, émeraude<br />
se fondent sur la palette<br />
d’orangers, de rubis, d’anthracite<br />
lorsque le coucher du soleil enflamme<br />
l’horizon.<br />
On comprend alors que Paul Gauguin<br />
et Henri Matisse ne sont pas<br />
seulement venus pour la beauté<br />
des vahinés, mais aussi pour cet<br />
incomparable festival de couleurs.<br />
Ciels tourmentés, nature<br />
foisonnante colorée par les<br />
rouges flamboyants des fleurs<br />
d’hibiscus, aquarium naturel à<br />
ciel ouvert, la Polynésie est une<br />
constante invitation à la rêverie...<br />
Des plaisirs d’esthète que ne boudent<br />
pas non plus les surfeurs venus<br />
se frotter à l’une des plus terribles<br />
vagues du monde dans la<br />
fameuse passe de Teahupoo.<br />
Mais le sport national dans l’archipel<br />
des îles de la Société reste<br />
la course de Va’Ha (pirogue).<br />
EN PRATIQUE :<br />
Y ALLER<br />
Avec Air Tahiti Nui<br />
(Tél. : 0825.02.42 02,<br />
0,15 euros/ minute,<br />
www.airtahitinui.com)<br />
Vol Paris-Papeete<br />
(22 heures de vol) :<br />
7 fois par semaine, via<br />
Los Angeles, au départ<br />
de l’Aéroport Charles de<br />
Gaulle 2A. À partir de<br />
1 735 euros A/R TTC en<br />
classe économique.<br />
Service vols inter-îles :<br />
Air Tahiti<br />
www.airtahiti.aero. la<br />
liaison Papeete-Raätea<br />
dure 50 mn pour 150 ℵ..<br />
LOUER UN VOILIER<br />
Moorings (www.<br />
moorings.fr) ou Sunsail<br />
(www.sunsail.fr).<br />
Avec ou sans équipage<br />
(skipper et cuisinier),<br />
sur monocoque de<br />
35 pieds ou catamaran<br />
de luxe, les tarifs<br />
et prestations varient<br />
en fonction des saisons<br />
et des prestations<br />
demandées. Rens.<br />
personnalisés au<br />
01.53.00.30.30.<br />
SE RENSEIGNER<br />
www.tahiti-tourisme.fr<br />
BON À SAVOIR<br />
Attention , il vous faut<br />
impérativement un<br />
passeport et le<br />
formulaire ESTA pour<br />
vous rendre en<br />
Polynésie française (ou<br />
autre) car les vols font<br />
escale à Los Angeles.<br />
Chaque soir au coucher du soleil,<br />
de vigoureux rameurs se<br />
glissent dans l’étrave des voiliers<br />
pour mieux s’entraîner. Spectacle<br />
impressionnant dont le clou<br />
de la saison est la fameuse Hawaiki<br />
Nui Va’a. Entre Bora, Raïatea,<br />
Taha et Huahine s’affrontent<br />
les meilleurs rameurs des îles.<br />
C’est aussi sur ce « terrain<br />
vagues » que se déroulera au<br />
mois de mai prochain, la très sélect<br />
Tahiti Pearl Regatta<br />
qui rassemble<br />
le gratin de la plaisance<br />
internationale.<br />
Chaque régate permet<br />
de découvrir<br />
les richesses des îles<br />
à travers les secrets de<br />
culture de la savoureuse<br />
vanille de Taha<br />
ou encore des<br />
perles dans ces étonnantes<br />
fermes perlières<br />
posées sur les atolls. <br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
49
BEAUX LIVRES<br />
VINS<br />
HORIZONS<br />
SEVENTIES A L’AUBE D’UN MONDE NOUVEAU<br />
Dans la lignée d’un certain mois de mai 68, les années 70, trop souvent vampirisées<br />
par la décennie précédente, attendaient une chronique qui leur<br />
fasse justice. C’est désormais chose faite. Prises sur le vif, les photos d’André<br />
Perlstein, racontent, entre nostalgie et modernité, ces seventies qui portent<br />
encore les traces des Trentes Glorieuses, tout en enregistrant, au fil du temps les<br />
conséquences de la « révolution »<br />
soixante-huitarde. <strong>Le</strong>s visages de<br />
« la nouvelle chanson française »<br />
d’alors (pêle-mêle et sans préférence<br />
: les deux Michel, Berger<br />
et Jonasz, mais aussi Marie-Paul<br />
Belle et Yves Duteil) côtoient,<br />
comme en regard, monsieur Jean<br />
Ferrat, deux ans avant que ce<br />
dernier annonce son retrait de la<br />
scène. Tandis qu’auparavant,<br />
quelques pages plus tôt, Georges<br />
Marchais hypnotisait de son index,<br />
la faucille et le marteau du<br />
décor de l’estrade du congrès du<br />
Parti Communiste Français.<br />
C’était en 1976. Souvenez-vous, trois ans plus tard, le secrétaire général du PCF<br />
déclarera que le bilan de l’URSS est « globalement positif ». Mais aussi Serge Reggiani<br />
ou Bourvil qui s’apprête à tourner <strong>Le</strong> Cercle Rouge. Mais encore… la liste<br />
n’est pas sans fin, mais constitue, assurément, un excellent cadeau de Noël. <br />
François Petty<br />
« Chronique des années 70 », photographies d’André Perlstein, texte de Denis Jeambar<br />
Collection « Beaux livres », Editions du Seuil, 200 p., 39 euros.<br />
« LE ROUGE ET LE BLANC »<br />
UN GUIDE PAS COMME<br />
LES AUTRES<br />
Ils sont quatorze, tous bénévoles, réunis par leur<br />
seule passion du vin. Depuis 1983, ils sillonnent la<br />
France pour comprendre les vignerons,<br />
les terroirs, les appellations…<br />
Vous pouvez suivre leurs conseils avisés<br />
(et désintéressés) dans une revue<br />
trimestrielle, <strong>Le</strong> Rouge et le blanc,<br />
dont le prochain numéro paraît fin<br />
décembre. En mars, on fête le numéro 100.<br />
« <strong>Le</strong> Rouge et le blanc » .<br />
Abonnement à l’année : 48 euros.<br />
Internet : www.lerougeetleblanc.com<br />
Tél. : 06.11.78.11.47<br />
COLOMBELLE<br />
UN FIER GASCON<br />
Ce blanc de Gascogne est un assemblage heureux<br />
de cépages du Gers : Colombard, Sauvignon,<br />
Chardonnay et Listan. Historiquement,<br />
le premier était réservé à la production<br />
d’Armagnac. C’est lors d’une visite en<br />
Californie en 1979, où il représentait<br />
50 Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
???????????<br />
la première production de blanc, que les Gascons<br />
perçurent son potentiel : frais et fruité.<br />
Prix chez les cavistes entre 4 et 4,50 euros.<br />
CHÂTEAUNEUF DU PAPE<br />
« LES SAUMADES » 2008<br />
TANINS<br />
VELOUTÉS<br />
Cueillis à la main avec tri à la parcelle<br />
puis en cave, les raisins de ce châteauneuf<br />
du Pape ont fait l’objet d’une macération<br />
pré-fermentaire pour extraire<br />
le fruit, et post-fermentaire ce qui lui<br />
donne des tanins veloutés. A l’arrivée,<br />
la bouche est d’un équilibre remarquable<br />
et fait preuve d’une<br />
belle finesse. Une jolie bouteille<br />
pour les fêtes donc, qui s’accordera<br />
pleinement avec une oie ou un chapon<br />
farci.<br />
Châteauneuf du Pape « <strong>Le</strong>s<br />
Saumades » 2008. Prix TTC<br />
départ cave : 17,90 euros<br />
JAZZ SUR UN NUAGE...<br />
Avec cet opéra-jazz, le pianiste et chef<br />
d’orchestre Laurent Cugny signe un<br />
travail mémorable, assurément l’un des<br />
temps forts et des plus ambitieux de 2010.<br />
Cette œuvre singulière, où tout est idéalement<br />
dosé, calculé, ciselé, a été créée en<br />
2006. Elle est librement adaptée de la<br />
pièce de l’auteur portoricain José Rivera,<br />
une fable contemporaine sur le temps au<br />
travers d’une histoire d’amour baignant<br />
dans un réalisme magique. À partition savante<br />
et subtile, interprétation magistrale.<br />
Mention spéciale au chanteur bruxellois<br />
David Linx qui habite son rôle et lui<br />
donne une dimension inespérée. <br />
Philippe Bourdin<br />
« La Tectonique des nuages », Laurent Cugny<br />
Signature/Radio France,<br />
distribution Harmonia Mundi.<br />
MONTLOUIS-SUR-LOIRE<br />
QUEL MOELLEUX !<br />
Avec son sol crayeux, véritable cadeau de la nature,<br />
le territoire de Montlouis-sur-Loire abrite une cinquantaine<br />
de familles vigneronnes. Grâce à un effort<br />
exceptionnel (ramassage à la main, absence de toute<br />
chimie), la ville a gagné son appellation en 1951, une<br />
des plus en vue actuellement, avec des vins<br />
blancs exceptionnels, dans une gamme de<br />
prix aussi large que celle de ses arômes :<br />
fruits exotiques, zestes d’agrumes, cire<br />
d’abeille… Pour les fêtes, découvrez le<br />
« Montlouis-sur-Loire sur le fil », un moelleux<br />
2008 , tendu , avec de subtils arômes<br />
de coing et de raisin mûr, qui s’accorderont<br />
parfaitement à l’acidité de certains<br />
desserts (rhubarbe, ananas) (30 euros<br />
au départ cave). Pour un prix plus modeste<br />
(12 euros au départ cave) le<br />
même producteur offre une cuvée<br />
« Premier rendez-vous » (2009), un vin<br />
sec, riche et puissant idéal sur poissons<br />
et Saint-Jacques. <br />
www.domaine-jousset.com<br />
TECHTRONIQUE
DR<br />
EXPOSITION « ORAGES DE PAPIER »<br />
La guerre médiatique<br />
La Guerre de 14-18 a connu une<br />
couverture médiatique multiforme et sans<br />
précédent. À la presse écrite s’ajoutèrent<br />
la photographie et le cinéma. Il y eut<br />
aussi les tracts, déversés généreusement<br />
de chaque côté du front par avions ou<br />
zeppelins, les avis placardés sur les murs<br />
(dont les réquisitions par l’occupant de<br />
chats, d’avoine ou d’otages dans le Nord<br />
et l’Est…) et, bien sûr, les affiches, illustrées<br />
par les plus célèbres crayons du moment<br />
– Steinlen, Faivre, Poulbot …<br />
Brutale ou larvée, la censure est omniprésente.<br />
Si la « grande presse » la subit<br />
de plein fouet, « Anastasie » taille allègrement<br />
dans les journaux de tranchées<br />
dont la lecture est un régal. On compte environ<br />
500 titres de ces feuilles faites par et<br />
pour les Poilus (<strong>Le</strong> Rire aux éclats,<br />
<strong>Le</strong> Poilu enchaîné, Plaies et Boches… )<br />
Sur les photos (le Service Photogra-<br />
THÉÂTRE<br />
« LAISSEZ-MOI SORTIR »<br />
LA REINE DES BELGES<br />
Fêtant ses soixante ans de carrière,<br />
Annie Cordy est plus dynamique que<br />
jamais. Devenue baronne par la grâce<br />
du roi des Belges, elle incarne une star<br />
HORIZONS<br />
DR<br />
phique aux Armées a été créé en 1915) et<br />
dans les films, les morts sont essentiellement<br />
allemands : il ne faut pas désespérer<br />
l’arrière…<br />
Quand à la peinture, elle se sent très<br />
vite impuissante à rendre cette « guerre de<br />
l’invisibilité » où des millions d’hommes<br />
s’enterrent sur un front de 700 km… <strong>Le</strong>s<br />
vrais témoignages sont désormais à chercher<br />
dans les dessins de Poilus connus<br />
(Masson, Zadkine...) ou inconnus.<br />
« Et tandis que les bonhommes, couverts<br />
de boue, éclaboussés de sang, gravissent<br />
péniblement leur indescriptible calvaire, la<br />
"grande guerre" à l’arrière se traduit en livres,<br />
en articles, en<br />
dessins, en films et<br />
en chansons. Une<br />
horde d’industriels<br />
de la pensée et de<br />
l’image se sont jetés<br />
sur la grande catastrophe<br />
comme des<br />
mouches sur une<br />
charogne. A de rares<br />
exceptions près, ceux<br />
qui font la guerre ne<br />
sont pas ceux qui la racontent ». Ces lignes<br />
signées en juin 1917 par Jean Galtier-<br />
Boissière dans « <strong>Le</strong> Crapouillot » (journal<br />
de tranchées qu’il avait fondé) furent<br />
censurées. <br />
Claude Libert<br />
*« Orages de papier, la Grande Guerre<br />
des médias ». BDIC, Hôtel National des Invalides,<br />
Paris VII e . Tél. : 01.44.42.54.91.<br />
en plein bilan de carrière. Pétulante<br />
et cocasse, elle monologue, esquisse<br />
trois pas de danse, fredonne<br />
un air…Menant tambour battant ses<br />
fausses confidences, elle transforme<br />
les spectateurs en amis ravis de la<br />
retrouver. Bruno Villien<br />
Théâtre Daunou, Paris II e .<br />
Tél. : 01.42.61.69.14<br />
« LE ROI SE MEURT »<br />
BOUQUET ROYAL<br />
L’antique souverain Béranger Ier sait<br />
qu’il va mourir, mais refuse son sort.<br />
Eugène Ionesco fait de lui l’emblème de<br />
la condition humaine, fragile et<br />
dérisoire. Michel Bouquet est un roi<br />
rageur comme un bébé, drôle et<br />
PASCAL VICTOR/ARTCOMART<br />
FOLIMAGE<br />
ADAGP<br />
touchant dans ses puériles angoisses.<br />
Juliette Carré et Vanessa Fonte incarnent<br />
les épouses compatissantes, face à<br />
Sophie Artur en infirmière aimante.<br />
Comédie des Champs-<br />
Elysées , Paris VIII e .<br />
Tél. : 01.53.23.99.19<br />
CINÉMA<br />
CHAT POLICIER<br />
Ne cherchez plus le film qui réunira la famille<br />
durant les fêtes. <strong>Le</strong> meilleur dessin<br />
animé de cette fin d’année ne vient ni de<br />
Pixar, ni de Disney, mais de Folimage, un<br />
studio de la région de Valence qui nous<br />
avait déjà offert La Prophétie des<br />
grenouilles et Mia et la Migou. Une fois<br />
de plus, la « french touch » en matière<br />
d’animation fait merveille. On ne trouve<br />
dans Une vie de chat ni princesse aux<br />
longs cheveux, ni bébêtes pétomanes<br />
comme dans Shrek, mais une petite fille<br />
nommée Zoé, devenue mutique après la<br />
mort de son père, un policier abattu par<br />
un truand. Sa mère, devenue commissaire<br />
de police, pourchasse le coupable…<br />
qui tombera grâce à l’aide inattendue du<br />
propre chat de Zoé. Un dessin animé au<br />
scénario de polar, avec gangsters à la<br />
mie de pain (et clins d’œil à Scorsese !),<br />
c’est déjà une surprise. Si on ajoute que<br />
le suspense est maintenu de bout en<br />
bout, que les personnages sont drôles et<br />
humains et le graphisme d’une rare<br />
élégance (tout en veloutés au pastel sec<br />
jouant sur les clairs obscurs),<br />
on comprendra l’originalité de cet OVNI<br />
aux décors superbes qui mérite de faire<br />
un vrai tabac familial. <br />
Bernard Génin<br />
Dessin animé de Jean-Loup<br />
Felicioli et Alain Gagnol (70’).<br />
« NONO »<br />
DEUX FOIS OUI !<br />
Ecrite par Sacha Guitry<br />
alors qu’il avait à peine vingt ans,<br />
voici une piquante comédie. Julie<br />
Depardieu prête son charme et sa<br />
malice à Nono, cocotte qui mène les<br />
hommes par le bout du nez.<br />
Elle se partage entre deux amants,<br />
un jeune (Xavier Gallais) et un mûr<br />
( Michel Fau). Qui l’emportera ?<br />
Brigitte Catillon campe avec esprit<br />
une maîtresse délaissée.<br />
Théâtre de la<br />
Madeleine, Paris VIII e .<br />
Tél. : 01.42.65.07.09<br />
Vendredi 17 décembre 2010 | numéro 2547<br />
HARTMANN<br />
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