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DU CHARBON SOUS FAYT ou L'HISTOIRE D'UN CHARBONNAGE ...

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L<br />

ARCHIVES<br />

CHEM<br />

COMMISSION D'HISTOIRE DE <strong>FAYT</strong>. LEZ _ MANAGE<br />

<strong>DU</strong> <strong>CHARBON</strong> <strong>SOUS</strong> <strong>FAYT</strong><br />

<strong>ou</strong><br />

<strong>L'HISTOIRE</strong> <strong>D'UN</strong> <strong>CHARBON</strong>NAGE OUBLIE<br />

JOSEPH STRALE<br />

MEMBRE DE LA COMMISSION


A mon ép<strong>ou</strong>se,<br />

A mes enfants,<br />

A mes amis,


INTRO<strong>DU</strong>CTION<br />

La récession économique dont n<strong>ou</strong>s sommes victimes auj<strong>ou</strong>rd'hui,<br />

est en passe de gommer de notre mémoire l'image d'une région du Centre jadis<br />

prospère. T<strong>ou</strong>t invite en effet à la nostalgie: des silh<strong>ou</strong>ettes délabrées et<br />

sinistres de bâtiments industriels à l'abandon, des terrils à présent<br />

verdoyants qui veillent comme des sentinelles sur des cités informes,<br />

immenses concentrations de monotonie et d'ennui.<br />

Les temps moroses sont des périodes propices au s<strong>ou</strong>venir et au<br />

rêve. Comment ne pas être saisi d'une sorte de vertige devant l'épopée<br />

industrielle faytoise dont le Cercle d'Histoire a choisi d'illustrer un<br />

aspect dans cet opuscule? Au moment même où, après être disparues du<br />

paysage wallon, les dernières h<strong>ou</strong>illères belges sont appelées à subir le<br />

même sort, n<strong>ou</strong>s avons v<strong>ou</strong>lu ressusciter en quelque sorte, l'image du<br />

charbonnage qui s'activa sur notre territoire pendant un peu plus d'une<br />

décennie. Cette existence éphémère p<strong>ou</strong>rrait rendre le fait anecdotique.<br />

P<strong>ou</strong>rtant, il eut sur le principal établissement industriel faytois et<br />

partant, sur la vie même de notre localité, une influence incalculable.<br />

N<strong>ou</strong>s proposons au lecteur de revivre cette extraordinaire<br />

aventure. Bien que tragiquement interrompue, elle lui permettra de cotoyer<br />

ces hommes du passé, patrons et <strong>ou</strong>vriers, qui, grâce à leur génie, à leur<br />

esprit d'initiative et à leur labeur incessant, ingrédients obligés de la<br />

prospérité économique, ont entraîné notre village dans le t<strong>ou</strong>rbillon de<br />

l'ère industrielle.<br />

CHAPITRE I DES <strong>FAYT</strong>OIS PARMI LES PIONNIERS DE L'IN<strong>DU</strong>STRIE <strong>CHARBON</strong>NIERE <strong>DU</strong><br />

CENTRE.<br />

L'industrialisation de la région du Centre tire son origine d'un<br />

m<strong>ou</strong>vement amorcé dans le c<strong>ou</strong>rant du XVIIIème siècle, p<strong>ou</strong>r connaître<br />

l'expansion que l'on sait au siècle suivant. L'exploitation de la h<strong>ou</strong>ille<br />

avait constitué très tôt l'une des branches importantes de l'activité<br />

industrielle surt<strong>ou</strong>t depuis la création de plusieurs sociétés charbonnières<br />

dont la première vit le j<strong>ou</strong>r à Bois-du-Luc dès le 14 février 1685 (1). Dans<br />

la f<strong>ou</strong>lée de celle-ci, s'organisèrent notamment, plus près de chez n<strong>ou</strong>s, la<br />

Société de La Hestre et Haine Saint Pierre, en 1755, et celle de Redemont,<br />

en 1756 (2). Parmi les associés qui en furent à la base, figuraient deux<br />

Faytois: Nicolas Croquet et Baud<strong>ou</strong>in Waterlot. Simples <strong>ou</strong>vriers spécialisés<br />

dans le domaine h<strong>ou</strong>iller, ils y étaient actionnaires au même titre que des<br />

nobles et des brasseurs d'affaires mais leur compétence technique et leur<br />

expérience firent que leurs collègues leur confièrent le poste important de<br />

directeur des travaux, l'un à Redemont, l'autre à La Hestre. Aussi, la<br />

tâche de Croquet était-elle de "superviser t<strong>ou</strong>te l'exploitation, assurer la<br />

direction technique des travaux, désigner les veines à exploiter, examiner<br />

les commandes de matériel et contrôler les agissements du receveur" (3).<br />

Ils étaient donc les principaux techniciens de l'exploitation et peuvent<br />

être considérés de ce fait, comme de véritables pionniers de l'industrie<br />

charbonnière de notre région.<br />

2


ARCHIVES<br />

CHEM<br />

Un autre Faytois, et non des moindres, s'intéressa très tôt à ce<br />

secteur: Emmanuel-Victor comte de Gongnies, seigneur de Fayt et de<br />

l'Escaille. Peu de temps après la création de la Société, soit en 1757, il<br />

reçut deux d<strong>ou</strong>zièmes des parts à Redemont. En sa qualité de prévôt de<br />

Binche et d'ex-membre de la Chambre de la noblesse des Etats du Hainaut (4),<br />

il était bien placé p<strong>ou</strong>r faciliter par exemple, les tractations relatives<br />

aux octrois de concession, menées avec les seigneurs locaux dont l'humeur et<br />

les prétentions n'étaient pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs aisées à se concilier. Les seigneurs<br />

de la maison de Gongnies gardèrent jusqu'à leur départ de Fayt, des intérêts<br />

dans diverses sociétés charbonnières (5). Ce n'est qu'en 1788 qu'ils s'en<br />

dessaisirent p<strong>ou</strong>r les revendre au Marquis de Carondelet, seigneur de La<br />

Hestre (6).<br />

Nicolas Croquet naquit en 1711 et décéda le 2 octobre 1782, à<br />

Fayt. Il avait ép<strong>ou</strong>sé Anne-Marie Coche, de seize ans sa cadette, qui lui<br />

survécut 12 ans puisqu'elle m<strong>ou</strong>rut le 13 décembre 1794. Il habitait la<br />

seule maison du hameau de Saint Fiacre s'élevant à cette époque sur le<br />

territoire de Fayt et qui occupait un emplacement correspondant à peu près<br />

aux numéros 158 à 162 de la rue Théophile Massart actuelle, aux confins de<br />

La Hestre. Sa pierre tombale est l'une des deux seules à être restées<br />

encastrées dans le pavement de l'église Saint Gilles. Nicolas Croquet<br />

laissa de nombreux héritiers qui furent longtemps détenteurs d'actions<br />

charbonnières. Dans une liste datant de 1856, se retr<strong>ou</strong>vent notamment les<br />

frères Jacques et Charles Lechien, ép<strong>ou</strong>x de deux de ses petites-filles,<br />

ainsi que plusieurs descendants d'Alexandre Hoyaux, son gendre, que n<strong>ou</strong>s<br />

évoquons ci-après. Sa famille donna son nom à une rue du quartier de Saint<br />

Fiacre qui joint auj<strong>ou</strong>rd'hui les rues de Basc<strong>ou</strong>p et Théophile Massart. Elle<br />

n'était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs qu'un petit sentier, vers le milieu du siècle dernier, au<br />

temps où la population de ce hameau était en majorité composée de mineurs.<br />

Baud<strong>ou</strong>in Waterlot est beauc<strong>ou</strong>p moins connu que son compagnon.<br />

N<strong>ou</strong>s savons simplement que la famille Waterlot vivait à l'autre extrémité du<br />

village dans l'une des dernières maisons du chemin de Péronnes (7), à la<br />

limite de Bois d'Haine. Il s'éteignit à Fayt en mai 1792. Outre Croquet et<br />

Waterlot, d'autres Faytois s'illustrèrent au sein des entreprises charbonnières<br />

régionales puisque, si l'on en croit Jules de Soignies (8), la<br />

première fosse de Haine Saint Pierre fut <strong>ou</strong>verte par un habitant de Fayt,<br />

Alexandre Hoyaux. Celui-ci, né en 1750, avait ép<strong>ou</strong>sé Marie Croquet, la<br />

fille de Nicolas et s'était donc montré digne de son beau-père. Le ménage<br />

Hoyaux-Croquet avait élu domicile dans une maison située à l'emplacement de<br />

l'actuelle habitation de M. Ameels (9), le long de la chaussée. La tombe de<br />

ces deux ép<strong>ou</strong>x, jadis située derrière l'autel de Saint Gilles, dans l'ancien<br />

cimetière, portait l'épitaphe suivante " Ici repose Alexandre Hoyaux décédé<br />

le 3 novembre 1811, âgé de 61 ans et Marie Croquet, son ép<strong>ou</strong>se, décédée le<br />

21 décembre 1839, âgée de 82 ans, propriétaires de charbonnages. Modestes<br />

et vertueux, ils ne faillirent pas à la première loi du chrétien: la<br />

charité" (10). Enfin, deux autres Faytois, Jean Lechien et Pierre Sanglier,<br />

sont cités parmi les premiers exploitants du charbonnage de l'Olive, devenu<br />

Société en 1755 (10b). Aucun élément biographique n'existe à ce j<strong>ou</strong>r, à<br />

leur sujet.<br />

Le développement de l'exploitation de la h<strong>ou</strong>ille et l'avènement<br />

d'une industrie sidérurgique de plus en plus florissante, entraî-<br />

3


nèrent à leur suite, la conversion de la région du Centre, à l'origine<br />

essentiellement v<strong>ou</strong>ée à l'agriculture, en un bassin industriel actif. Au<br />

moment de l'accession de la Belgique à l'indépendance, Fayt ne comp- tait<br />

qu'un petit millier d'habitants. Un nombre sans cesse croissant de ceux-ci,<br />

abandonnant le travail de la terre, se t<strong>ou</strong>rnait à présent vers les mines,<br />

grosses p<strong>ou</strong>rvoyeuses de main d'oeuvre. Les hameaux de Saint Fiacre et de<br />

la Basse-Hestre notamment, se peuplèrent peu à peu de mineurs qui,<br />

quotidiennement, descendaient dans les puits des villages voisins: La<br />

Hestre, Haine Saint Pierre, Mariemont, Basc<strong>ou</strong>p ....Fayt , en effet, en<br />

était dép<strong>ou</strong>rvu. Bientôt p<strong>ou</strong>rtant, quelqu'un allait tenter de combler cette<br />

lacune: François-Isidore Dupont. Qui était donc cet homme peu ordinaire<br />

considéré par ses contemporains comme un industriel de premier plan?<br />

Un puits de mine en 1833.


CHAPITRE II UN IN<strong>DU</strong>STRIEL DE HAUTE VOLEE: FRANÇOIS ISIDORE <strong>DU</strong>PONT.<br />

Il est s<strong>ou</strong>vent tentant p<strong>ou</strong>r qui s'efforce de décrire l'histoire<br />

de son terroir d'user et même d'abuser de l'emphase dans l'évocation des<br />

personnages <strong>ou</strong> des événements qui l'ont illustrée. En ce qui concerne<br />

François-Isidore Dupont, le d<strong>ou</strong>te n'est pas permis: n<strong>ou</strong>s sommes bel et bien<br />

en présence d'une personnalité hors du commun.<br />

a) D'abord cl<strong>ou</strong>tier.<br />

A l'origine, rien ne destinait cet homme à une carrière de chef<br />

d'industrie. Né le 28 mars 1780, il était le fils aîné d'Antoine Dupont, un<br />

fermier originaire de La Croyère qui avait fait bâtir une maison avec<br />

bâtiments de ferme sur un terrain qui c<strong>ou</strong>vrait la partie comprise entre la<br />

chaussée et la rue de FamiHeureux et s'étendait loin sur le territoire de<br />

Manage qui n'était alors qu'un hameau de Seneffe et dont la bâtisse en<br />

question constituait la première maison (11). Il y avait fondé une<br />

distillerie et construit, en 1786, un m<strong>ou</strong>lin à vent au sommet de la butte<br />

Saint Nicolas. La maison du meunier, qui subsiste t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs, y était<br />

contiguë et est à présent occupée par Mr Formillo. Très tôt cependant,<br />

François-Isidore se désintéresse de la ferme et fait montre de dispositions<br />

évidentes p<strong>ou</strong>r la mécanique. A la mort de son père, en 1800, il laisse à<br />

ses frères le soin de p<strong>ou</strong>rsuivre l'exploitation familiale et, au moyen de sa<br />

part d'héritage, <strong>ou</strong>vre un commerce de cl<strong>ou</strong>s et de fers à Fayt. En 1802, il<br />

ép<strong>ou</strong>se Christine-Charlotte Si lez, fille d'Antoine, maître de forges connu de<br />

Haine Saint Paul. Il construit à ce moment une belle maison à l'intersection<br />

de la rue de Fontaine (12) et de la chaussée.<br />

L'année suivante, il se lance dans la fabrication de cl<strong>ou</strong>s en<br />

association avec un certain Augustin Leclercq, beau-frère du maire de Fayt,<br />

Pierre-Joseph Hecq (13). Cette collaboration fut éphémère et François-Isidore<br />

Dupont continua bientôt seul, assurant à son entreprise une prospérité<br />

confortée par des exportations s<strong>ou</strong>tenues vers la France. Sa<br />

véritable carrière d'industriel ne commença cependant qu'en 1810. Il faut<br />

dire que, depuis plus d'un demi-siècle, les régimes successifs avaient<br />

favorisé l'implantation industrielle grâce à une série de travaux<br />

d'infrastructure et de mesures d'enc<strong>ou</strong>ragement. Le g<strong>ou</strong>vernement autrichien<br />

avait créé des r<strong>ou</strong>tes (14), la République et surt<strong>ou</strong>t l'Empire français<br />

avaient promulgué des lois favorables et <strong>ou</strong>vert un vaste marché encore<br />

élargi par les conquêtes napoléoniennes.<br />

b) Feluy-Arquennes, Fayt et Châtelineau.<br />

Dans ce contexte idéal, François-Isidore Dupont décide de<br />

solliciter l'autorisation d'implanter une forge et une platinerie à Feluy.<br />

Il l'obtint le 13 mars 1810 malgré l'opposition des maîtres de forges des<br />

environs et y produisit essentiellement des fers battus. En industriel<br />

averti et bien que les événements politiques lui aient fait perdre le marché<br />

français, Dupont se rendit vite compte que faute de disposer d'une force


motrice adéquate - Feluy n'ayant pas de c<strong>ou</strong>rs d'eau suffisamment puissant et<br />

le coût des machines à vapeur (15) étant trop élevé p<strong>ou</strong>r lui à ce moment —<br />

ses possibilités d'extension s'en tr<strong>ou</strong>vaient réduites. Il se résolut donc à<br />

construire lui-même sa machine à vapeur, employant ses <strong>ou</strong>vriers de Fayt à<br />

fondre, forger et assembler les diverses pièces. Il comptait l'utiliser<br />

dans le n<strong>ou</strong>veau laminoir qu'il se proposait de créer sur des terrains situés<br />

en face de chez lui, à Fayt. C'est en 1820 et 1821 qu'il construisit ce<br />

n<strong>ou</strong>vel établissement. Il consistait en une usine à fendre et à étirer le<br />

fer p<strong>ou</strong>r le convertir en fers à cercles et à cl<strong>ou</strong>s. La machine à vapeur<br />

servait à f<strong>ou</strong>rnir le vent aux f<strong>ou</strong>rneaux de chaufferie par les s<strong>ou</strong>fflets en<br />

bois. Le métal traité provenait de l'usine de Feluy.<br />

L'usine <strong>DU</strong>PONT à Châtelineau vers 1855.<br />

6


François-Isidore Dupont avait réussi à se tailler une réputation<br />

qui avait largement dépassé les frontières de sa région d'implantation. En<br />

1823, un ingénieur réputé de l'époque ne tarissait pas d'éloges à son égard:<br />

"Le sieur Dupont est un homme très industrieux ", évrivait-il , "qui s'est<br />

affranchi de la vieille r<strong>ou</strong>tine que suivent encore opiniâtrement dans leurs<br />

opérations, la plupart des maîtres de forges du royaume" (16). En ce<br />

temps-là, c'est d'Angleterre que venaient les innovations, ce pays étant, et<br />

de loin, à la tête du progrès technique dans la sidérurgie. Dupont l'avait<br />

compris et sa réussite est largement tributaire de son audace à les mettre<br />

en pratique parfois parmi les premiers sur le continent. La même année<br />

1823, il modernisa son usine de Fayt grâce à un subside de 60.000 florins<br />

généreusement octroyé par le g<strong>ou</strong>vernement hollandais qui avait accentué la<br />

politique d'aide financière à l'industrie.<br />

En 1828, il jugea "que son usine de Fayt, en activité depuis<br />

1821, étant l'une des plus anciennes qui existait en ce genre et qu'il se<br />

tr<strong>ou</strong>vait dans la nécessité de joindre un haut-f<strong>ou</strong>rneau p<strong>ou</strong>r s<strong>ou</strong>tenir la<br />

concurrence" (17). Il <strong>ou</strong>vrit donc un troisième site d'activité, à<br />

Châtelineau cette fois, où son fils aîné, François-Antoine, surveilla la<br />

mise en chantier et l'allumage de ce haut-f<strong>ou</strong>rneau autorisé par un arrêté du<br />

16 décembre 1829. C'est d'ailleurs à cette occasion qu'il contracta une<br />

maladie qui devait l'emporter, le 18 octobre 1831, à l'âge de 26 ans (18).<br />

c) Les chemins de fer: une aubaine p<strong>ou</strong>r la sidérurgie.<br />

Le 1 mai 1834, le Parlement belge votait la loi autorisant la<br />

construction des chemins de fer sur le territoire national. Ils devaient<br />

être, rappelons- le, les premiers sur le continent. Après s'être rendu, en<br />

juin de la même année, en voyage d'étude en Angleterre, pays qui, une<br />

n<strong>ou</strong>velle fois, avait devancé les autres dans cette voie, il s<strong>ou</strong>missionna,<br />

de concert avec John Cockerill, p<strong>ou</strong>r la f<strong>ou</strong>rniture de 5.600 tonnes de<br />

rails. "C'était, estime A. Warzée, les deux maîtres de forges qui avaient<br />

le plus contribué au développement de l'industrie sidérurgique et qui, en<br />

cette occasion encore, marchent en tête du progrès industriel..." (19).<br />

P<strong>ou</strong>r répondre à cette commande providentielle qui allait<br />

asseoir définitivement la prospérité et la réputation de son entreprise,<br />

François-Isidore Dupont construisit à côté de son habitation à Fayt, un<br />

laminoir à rails qui sera démantelé en 1842. Vers 1835 également, il<br />

introduisit p<strong>ou</strong>r la première fois en Belgique, l'emploi de l'air chaud p<strong>ou</strong>r<br />

la fabrication de la fonte. Deux ans plus tard, il songea même à établir<br />

deux hauts-f<strong>ou</strong>rneaux à Seneffe et en obtint même la permission. Mais sa mort<br />

prématurée l'empêcha de mettre ce projet à exécution...<br />

7


CHAPITRE III. LE <strong>CHARBON</strong>NAGE DE <strong>FAYT</strong>. PREMIERS ESSAIS.<br />

a) La situation de l'industrie charbonnière dans le Centre vers<br />

1830.<br />

Une usine de l'importance de celle de F.I. Dupont, exigeait un<br />

apport énergétique considérable. Longtemps, le charbon est resté le seul<br />

combustible capable de f<strong>ou</strong>rnir l'énergie nécessaire au fonctionnement des<br />

diverses industries qui s'étaient implantées à proximité des h<strong>ou</strong>illères.<br />

L'introduction de la machine à vapeur dans les établissements industriels de<br />

la région, vers 1810, ne rompt pas t<strong>ou</strong>t à fait ce monopole puisque le<br />

charbon y devient alors générateur d'énergie. Comme on l'a vu, l'exploitation<br />

de la h<strong>ou</strong>ille dans ce qui devait être appelé plus tard le "Bassin du<br />

Centre", était fort ancienne, si bien qu'en 1830, les grandes concessions<br />

charbonnières qui se maintiendront jusque vers le milieu de notre siècle,<br />

sont, à quelques (fréquentes) modifications territoriales près, déjà<br />

établies. Parmi t<strong>ou</strong>tes les sociétés existant dans la région, la plus<br />

puissante et la plus performante était sans conteste, la Société de<br />

Mariemont dirigée par un autre génie local, Nicolas Warocqué.<br />

Les n<strong>ou</strong>veaux chercheurs furent donc contraints de reporter leur<br />

dévolu sur la périphérie de l'axe h<strong>ou</strong>iller. C'est ainsi que des sociétés<br />

virent le j<strong>ou</strong>r à Péronnes, Bray, Maurage, B<strong>ou</strong>ssoit (1827) et plus tard,à<br />

Piéton et Mont Sainte Aldegonde (1843) notamment, soit au sud de cet axe.<br />

Au nord et plus prés de notre village, une demande de concession fondée sur<br />

des sondages effectués à Manage par Joseph De champs (20) associé à Mme<br />

Vanderhecht et à Isidore Leclercq, avait été classée sans suite, en 1833.<br />

Le 14 avril 1837, une autre demande, concernant directement Fayt cette fois,<br />

fut envoyée à l'Administration des Mines. Les promoteurs en étaient un<br />

propriétaire de charbonnages de Dampremy, Gustave R<strong>ou</strong>iller et un négociant<br />

carolorégien, Fidèle Rucl<strong>ou</strong>x. Ils avaient sollicité la concession de 1047<br />

hectares s<strong>ou</strong>s Fayt et Bois d'Haine mais ne rencontrèrent pas plus d'écho que<br />

les précédents. Un mois plus tard, François-Isidore Dupont se mit lui aussi<br />

sur les rangs...<br />

b) La Société du Charbonnage de Fayt.<br />

Le grand industriel faytois n'avait jusqu'alors connu que des<br />

succès. Ses entreprises avaient bénéficié de plusieurs modernisations et,<br />

en 1836 encore, il s'était livré à des extensions importantes à son usine de<br />

Fayt où des laminoirs de plus grande dimension avaient été mis en place. De<br />

plus en plus t<strong>ou</strong>tefois, il se rendait compte que les besoins croissants en<br />

charbon que ces agrandissements entraînaient, seraient c<strong>ou</strong>verts de façon<br />

plus rentable s'il extrayait lui-même le précieux combustible. De plus,<br />

avantage non négligeable, son indépendance vis à vis de ses f<strong>ou</strong>rnisseurs<br />

serait consacrée. Il t<strong>ou</strong>rna d'abord ses regards vers Saint Vaast où, aidé<br />

par un ingénieur nommé François Decamps, il sollicita une concession s<strong>ou</strong>s ce<br />

village (21), le 11 mai 1837. Entretemps il s'ingénia à recueillir les<br />

autorisations des propriétaires de surface p<strong>ou</strong>r l'exploitation du charbon<br />

s<strong>ou</strong>s son village, Fayt-lez-Seneffe (22). N<strong>ou</strong>s avons eu la bonne fortune de<br />

redéc<strong>ou</strong>vrir ces documents libellés selon une formule-type reproduite<br />

8


ci-dess<strong>ou</strong>s :<br />

" Les s<strong>ou</strong>ssignés propriétaires possédant au territoire de la commune de<br />

Fayt des biens fonds dont l'étendue et l'importance sont fixés tant par les<br />

côtes des contributions que par la matrice cadastrale, accordent aux termes<br />

des dispositions légales sur la matière, leur acquiescement à la demande que<br />

se propose de faire le sieur F.I. Dupont , sénateur (23) et maître de forges<br />

à Fayt, en obtention de la concession des mines de h<strong>ou</strong>ille gisantes s<strong>ou</strong>s<br />

leurs propriétés de manière que le dit sieur Dupont j<strong>ou</strong>isse des effets de<br />

l'article 11, paragraphe 1 et 2 de la n<strong>ou</strong>velle loi sur les mines (24). Il<br />

est bien entendu que les s<strong>ou</strong>ssignés réservent à leur profit l'indemnité due<br />

au propriétaire de la surface et telle qu'elle est réglée par l'article 9<br />

de la prédite loi.<br />

Ainsi fait le ... 1837" (25).<br />

(suivent les signatures des intéressés)<br />

Le 9 décembre suivant, ces formalités étant accomplies, eut lieu<br />

la naissance officielle de la Société du Charbonnage de Fayt. Elle était<br />

portée sur les fonts baptismaux par les quatres actionnaires qui se<br />

partageaient les 30 parts disponibles:<br />

- François-Isidore Dupont, majoritaire avec 20 actions, administrateur<br />

général.<br />

-Emile Dupont, le seul survivant des cinq enfants du précédent, né le 17<br />

février 1809, à Fayt (26). Il fut associé très tôt aux affaires de<br />

son père et, seul héritier de ce véritable empire industriel à la mort<br />

de son frère, alors qu'il n'était âgé que de 22 ans, il sut faire face<br />

à ses responsabilités, le moment venu. Il avait ép<strong>ou</strong>sé, en 1832,<br />

Pauline Borgnet, de Namur, dont l'un des frères, Adolphe, fut recteur<br />

de l'Université de Liège. Dans la n<strong>ou</strong>velle société charbonnière, il<br />

détenait 7 parts et demies et occupait les fonctions de Directeur-Gérant.<br />

- Le Vicomte Alexandre G<strong>ou</strong>py de Quabeck, propriétaire à Bruxelles, qui<br />

n'était pas t<strong>ou</strong>t à fait un inconnu à Fayt où il possédait au lieu-dit<br />

"Rigaut-Forrières", plusieurs hectares de prairies et de terres (27).<br />

Il était titulaire d'une seule part.<br />

- Alexandre-Eugène Bosquet, propriétaire à Muysen (28), et aussi d'un<br />

grand terrain à Fayt, joignant la rue de Fontaine au chemin du M<strong>ou</strong>lin<br />

(29), traversé par le sentier de La Hestre (30) et sur lequel seront<br />

édifiés plusieurs maisons quelques années plus tard. Il possédait une<br />

action et demie.<br />

Le 10 décembre 1837, cette Société, dont l'appellation précise<br />

était "Société Civile de Recherches H<strong>ou</strong>illères à Fayt", demanda d'emblée<br />

que lui soit octroyée une concession c<strong>ou</strong>vrant 257 hectares 10 ares 10<br />

centiares soit pratiquement l'étendue du village de Fayt. L'apport de<br />

capitaux émanait presqu'exclusivement du promoteur et de son fils, de sorte<br />

que le caractère familial de l'entreprise était t<strong>ou</strong>t à fait patent.<br />

c) Mise en veilleuse du projet.<br />

Le site principal de la prospection fut, dès 1837, le lieu- dit<br />

"Tiesse de l'Aye". Il s'agissait de l'extrémité orientale de l'immense<br />

étendue forestière qui c<strong>ou</strong>vrait t<strong>ou</strong>te la région comprise entre Le Roeulx et<br />

9


Mariemont et qui permettait, disait-on, aux Princes de Croy d'atteindre le<br />

domaine Royal de Mariemont sans quitter leurs terres. Elle était désignée de<br />

temps immémorial s<strong>ou</strong>s le nom de "Haies du Roeulx". Ce bois ceinturait le<br />

territoire de Fayt sur sa frontière sud, passant derriere le château de<br />

l'Escaille et traversant la chaussée, avant de s'arrêter exactement au<br />

sentier de Saint-Fiacre, qui en constituait l'orée. Il existait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />

vers 1770 mais fut défriché à l'aube du XIXème siècle.<br />

L'installation de forage construite par les Dupont consistait<br />

simplement en un bâtiment en "L", de 20 mètres de côté, servant sans d<strong>ou</strong>te<br />

de t<strong>ou</strong>r de forage, et en deux petites cabanes accolées, renfermant les<br />

bureaux et l'atelier de forgeron (31).<br />

Le 25 avril 1838, François-Isidore Dupont s'éteignit et son fils<br />

Emile se retr<strong>ou</strong>ve seul, à 29 ans, face à une tâche énorme: diriger cette<br />

entreprise gigantesque qui occupait 500 <strong>ou</strong>vriers p<strong>ou</strong>r le seul siège de Fayt<br />

et dont les activités ne cessaient de s'étendre. V<strong>ou</strong>lant se consacrer par<br />

priorité à la gestion de ses usines, il abandonna provisoirement le secteur<br />

minier et les rêves d'exploiter la h<strong>ou</strong>ille s<strong>ou</strong>s Fayt furent, p<strong>ou</strong>r un temps,<br />

mis en veilleuse.<br />

d) Vingt ans d'expansion sidérurgique.<br />

Les installations des trois sièges subirent, au c<strong>ou</strong>rs des années<br />

qui suivirent la disparition du fondateur, diverses modifications qui<br />

traduisent leur continuelle expansion. La division de Fayt reçut, le 4 août<br />

1839, la visite du Roi Léopold I venu inaugurer les embranchements du canal<br />

de Bruxelles à Charleroi. Après avoir résisté à la crise qui t<strong>ou</strong>cha<br />

l'industrie métallurgique en 1841, provoquant la fermeture de plusieurs<br />

hauts-f<strong>ou</strong>rneaux, Emile Dupont agrandit son usine de Fayt l'année suivante et<br />

construisit une n<strong>ou</strong>velle machine à vapeur plus puissante, démolissant<br />

ensuite l'usine édifiée en 1834 p<strong>ou</strong>r fabriquer les rails du premier chemin<br />

de fer et dont les machines équipèrent une n<strong>ou</strong>velle division établie à<br />

Crespin, dans le Département du Nord, un peu au delà de Quiévrain. Il<br />

installa même, en 1846, dans la maison paternelle, une fonderie avec deux<br />

cubiIlots, occupant 50 <strong>ou</strong>vriers.<br />

Entretemps, il était resté engagé dans l'aventure charbonnière<br />

puisqu'il se retr<strong>ou</strong>ve intéressé dans une société de prospection qui déc<strong>ou</strong>vre<br />

du charbon à la "Tr<strong>ou</strong>pette à z'arbres", à proximité du parc de l'Escaille,<br />

sur le territoire de Bois d'Haine. Ces travaux furent interrompus en 1844<br />

par un afflux d'eau qui inonda les puits. D'autre part, il acheta ici et<br />

là, des actions charbonnières, notamment du Charbonnage de H<strong>ou</strong>ssu.<br />

Ses usines restèrent cependant l'objet principal de sa sollicitude.<br />

En 1851, il obtint le raccordement au chemin de fer de Manage à La<br />

L<strong>ou</strong>vière qui lui imposa un travail coûteux, tant la remontée vers l'usine<br />

située sur la hauteur, s'avéra difficile. Néanmoins, il s'agissait là d'une<br />

acquisition primordiale car elle mettait la division de Fayt en contact<br />

direct et rapide avec l'embranchement du canal par lequel arrivait le<br />

minerai et s'éc<strong>ou</strong>lait une partie de la production.<br />

1856 fut une année importante puisqu'elle marqua l'<strong>ou</strong>verture<br />

d'une division supplémentaire sise cette fois, à Bois d'Haine. Elle<br />

comptait un haut-f<strong>ou</strong>rneau, le seul en activité dans le Centre à cette<br />

époque (32) et 30 f<strong>ou</strong>rs à coke.<br />

11


C'est, semble-t-il, l'adjonction de cette n<strong>ou</strong>velle corde à son<br />

arc qui ramena Emile Dupont vers le charbon. Les quantités de h<strong>ou</strong>ille<br />

absorbées par ses usines ne cessaient de croître. Dès 1842, les trois<br />

sièges de Feluy, Fayt et Châtelineau consommaient ensemble 16.000 tonnes de<br />

charbon et, depuis lors, ces montants étaient nettement gonflés par les<br />

<strong>ou</strong>vertures de Crespin et Bois d'Haine. Emile Dupont convint donc qu'il<br />

retirerait, un bénéfice substantiel de l'exploitation de ses propres<br />

gisements de charbon.<br />

Le complexe métallurgique de Fayt en 1854.<br />

12


CHAPITRE IV LA SOCIETE DES <strong>CHARBON</strong>NAGES REUNIS DE <strong>FAYT</strong> ET BOIS D'HAINE.<br />

a) La résurrection de la Société de Bois d'Haine (26 octobre<br />

1857.)<br />

A bois d'Haine, comme n<strong>ou</strong>s l'avons évoqué, le puits enfoncé en<br />

1844 avait été inondé et abandonné. La première société propriétaire des<br />

installations de la Tr<strong>ou</strong>pette avait vu le j<strong>ou</strong>r le 4 août 1838.<br />

elle se proposait d'exploiter les mines de h<strong>ou</strong>ille s<strong>ou</strong>s les territoires de<br />

FamiHeureux, Bois d'Haine, Haine Saint Paul et Saint Vaast (33). Dix ans<br />

plus tard, après les vicissitudes que l'on sait, trois liquidateurs furent<br />

nommés par l'assemblée générale p<strong>ou</strong>r en réaliser l'actif. La vente eut lieu<br />

le 12 décembre 1848, à l'Hôtel de la Poste, à Fayt (34). L'adjudicataire<br />

provisoire fut le célèbre industriel carolorégien Auguste-Emmanuel Drion,<br />

p<strong>ou</strong>r le prix de 20.000 francs. T<strong>ou</strong>tefois, ce fut Emile Dupont qui, ayant<br />

surenchéri, se porta définitivement acquéreur des puits, des installations,<br />

du matériel et des droits de la défunte société, en date du 31 janvier<br />

1849 (35). Nul d<strong>ou</strong>te que, dès ce moment, il savait qu'un j<strong>ou</strong>r, il<br />

redonnerait vie à ce charbonnage. En effet, après avoir lancé sa division<br />

métallurgique à la Tr<strong>ou</strong>pette et l'avoir reliée à celle de Fayt par voie<br />

ferrée, il fonde, par acte du 26 octobre 1857 (36), une n<strong>ou</strong>velle "Société du<br />

Charbonnage de Bois d'Haine" ayant son siège à Fayt, dans laquelle il se<br />

tr<strong>ou</strong>ve associé à des hommes d'affaires français dont certains avaient déjà<br />

participé à la première société.<br />

b) Reconstitution de la Société de Fayt.<br />

Le 30 décembre 1858, en l'étude notariale de Fayt, sept hommes<br />

se rassemblent aut<strong>ou</strong>r de Me Martha (37):<br />

1) Emile Dupont, qualifié de "Maître de forges et Chevalier de<br />

l'ordre de Léopold";<br />

2) Armand Caruel, gendre d'Emile Dupont, dont il avait ép<strong>ou</strong>sé la fille<br />

aînée, Emilie, qui était en <strong>ou</strong>tre, sa c<strong>ou</strong>sine s<strong>ou</strong>s-germaine. Né en 1827,<br />

originaire de Pocroi, il était ancien polytechnicien et officier du Génie<br />

français. Il s'était révélé excellent ingénieur et occupait, dans les<br />

usines de son beau-père, le poste de directeur des hauts-f<strong>ou</strong>rneaux. Avant<br />

son mariage célébré en 1853, il avait acquis le château bâti par Joseph<br />

Deschamps, propriété qu'il quitta plus tard p<strong>ou</strong>r s'établir dans un autre<br />

château, en face du précédent, à l'intersection des rues de la Paix et de la<br />

Place actuelles (38).<br />

3) Victor Har<strong>ou</strong>, "Chevalier de l'ordre de Léopold", administrateur de<br />

charbonnages. Il appartenait à une famille patricienne d'origine française<br />

venue dans nos régions au XVIIIème siècle. Son père, Emmanuel Har<strong>ou</strong>,<br />

fondateur de la branche belge de la famille, habita le château de l'Escaille<br />

où naquirent la plupart de ses enfants, dès 1802. Il est considéré comme le<br />

premier médecin de Fayt. Il fut également b<strong>ou</strong>rgmestre de notre village<br />

entre 1813 et 1818. Victor, son deuxième fils, est né le 10 juillet 1808.<br />

En 1836, il devint à son t<strong>ou</strong>r, b<strong>ou</strong>rgmestre de Fayt charge qu'il assuma<br />

jusqu'à sa mort survenue en 1870. C'était un homme d'affaires averti, ami<br />

de longue date de la famille Dupont, avec laquelle son père était déjà très<br />

lié. Il n'est donc point étonnant de le voir s'engager aux côtés d'Emile<br />

Dupont dans la Société Charbonnière de Fayt, secteur où il possédait une<br />

1 3


Mines de h<strong>ou</strong>ille.- Concessions.- l, er District.<br />

M . L b M M l D l i i ï<br />

PERMANENTE<br />

<strong>DU</strong> CONSEIL PROVINCIAL <strong>DU</strong>HAINAIIT,<br />

Vu la requête présentée le 22 janvier 18r,0. par les siciirs CARUEL. <strong>DU</strong>PONT<br />

cl consorts, 3 r. fT.-t d'obtenir la concession des c<strong>ou</strong>ches de h<strong>ou</strong>ille qui peuvent se<br />

ImuviT dans une étendue superficielle de 215 hectares 83 ares 62 centiares du<br />

territoire de la riiiniiiunc de !'"ayl;<br />

Vu les plans de surface ei I :s procès-verbaux de délimitation annexés à celte<br />

demande :<br />

Vu le rapport de l'Ingénieur en chef de la 1." Direction des mines du 17<br />

avril fSGO, n." 20,271;<br />

Vu les lois et règlements sur la matière,<br />

ir.F.ÊTB :<br />

ART. I." Les dites requêtes, dont le texte suit, seront publiées cl affichées<br />

pendant quatre mois consécutifs, de la manière prescrite par les articles 23<br />

cl 2i de la loi du 21 avril 1X10, dans les communes de Mons, Charlcroy cl<br />

de Fayl.<br />

ART. 2. Les oppositions sert ni admises, dans les formes v<strong>ou</strong>lues par l'art. 2G<br />

de la dite loi jusqu'au dernier j<strong>ou</strong>r du quatrième innis à partir de l'apposition<br />

di s affiches.<br />

ART. 3. I.a présente disposil-on sera insérée dans l'un des j<strong>ou</strong>rnaux de la pro-<br />

\inre cl à l'expiration du délai fixé à l'art. L", MM. les B<strong>ou</strong>rgmestres cl Échcvins<br />

des communes preindiquées v<strong>ou</strong>dront bien adresser à la Députation permanente<br />

du Conseil provincial, un certificat constatant que les formalités prescrites ont<br />

été remplies et mentionnant s il a élé fait <strong>ou</strong> non des oppositions.<br />

En séance à M<strong>ou</strong>s, le il Août 1800. t.* Division, n." 22,520.<br />

TROYE, DE JARDIN, J. DF.MORIAMÉ, DEQUANTER, MANFROY,<br />

F. DEFACQZ, WANDERPEPEN et <strong>DU</strong>FOUR.<br />

3 /Monsieur le ©onoertteur ï>c la prooince lie Éjainant,<br />

à /lions.<br />

Monsieur le G<strong>ou</strong>vcrntur,<br />

I.es s<strong>ou</strong>ssignés VICTOR HARCU, B<strong>ou</strong>rgmestre cl propriétaire, EMILE <strong>DU</strong>PONT,<br />

maître de forges, ARMAND CARUEL, inilustriel demeurant à Favl, cl CHARLES<br />

DESCOURClftRES, propriétaire demeurant à Paris, agissant en qualité d'admi-<br />

nistrateurs de la Société civil» el particulière de recherches et d'exploitation<br />

des mines de h<strong>ou</strong>ille de Fayt. instituée par acte passé devant M.' MARTIIA,<br />

Notaire à Fayt, le 30 déceuhrc 1X38, ont l'honneur de v<strong>ou</strong>s adresser la<br />

demande d'une concession de mine de h<strong>ou</strong>ille située s<strong>ou</strong>s la commune de<br />

14<br />

Fayt : Ils y joignent, en triple, le plan H le procès-verbal de délimitation cl<br />

d'étendue, superficielle, qui y sont (racées comme suit :<br />

Au Sud à partir du point A, situé la limite d


expérieuce déjà longue de gestionnaire. Il vécut jusqu'à son décès dans une<br />

propriété qu'il avait construite et qui est restée dans la mémoire<br />

collective faytoise s<strong>ou</strong>s le nom de "Château Duchâteau".<br />

4) Constantin B<strong>ou</strong>lvin, un propriétaire de Gilly;<br />

5) Henri Brasseur, c<strong>ou</strong>sin par alliance d'Emile Dupont qui demeurait<br />

dans la propriété familiale de Seneffe dont n<strong>ou</strong>s avons déjà parlé;<br />

6) Charles Desc<strong>ou</strong>rcières, un homme d'affaires parisien, agissant p<strong>ou</strong>r<br />

lui-même mais également mandaté par un banquier de Saint-Omer (département<br />

du Pas-de-Calais), nommé ... Alexandre Legrand;<br />

7) Florent Demerbe, exploitant de minerai et b<strong>ou</strong>rgmestre de Vil-<br />

1ers-Poterie.<br />

Ils s'étaient réunis dans le dessein de créer une société p<strong>ou</strong>r<br />

"la recherche des mines de h<strong>ou</strong>illes sur le territoire de la commune de Fayt<br />

et éventuellement sur le territoire des communes limitrophes", ayant son<br />

siège à Fayt en la demeure d'Emile Dupont. Cette société ne devait être que<br />

transitoire puisque l'article 34 de ses statuts prévoyait expressément que<br />

"dès que la déc<strong>ou</strong>verte du charbon aura été notifiée à chaque actionnaire par<br />

le Conseil d'Administration ..., la présente Société de Recherches sera<br />

convertie de droit et de fait en Société d'Exploitation ...".<br />

Les statut de cette dernière, qui prendrait le nom de "Société<br />

du Charbonnage de Fayt", étaient développés dans le même acte. Elle se<br />

donnait en effet, p<strong>ou</strong>r objet:<br />

"1° l'exploitation des mines de h<strong>ou</strong>ille déc<strong>ou</strong>vertes sur le territoire de la<br />

commune de Fayt et éventuellement sur le territoire des communes<br />

1imi trophes,<br />

2° la continuation des travaux et recherches,<br />

3° l'obtention d'une concession,<br />

4° l'exploitation des mines déc<strong>ou</strong>vertes et à déc<strong>ou</strong>vrir et t<strong>ou</strong>tes autres<br />

concessions qui p<strong>ou</strong>rraient être acquises par la dite société <strong>ou</strong> lui être<br />

octroyées,<br />

5° la vente des produits de l'exploitation,<br />

6° et enfin, t<strong>ou</strong>t ce qui peut se rattacher directement <strong>ou</strong> indirectement à<br />

ces exploitations et ventes". (39)<br />

Le capital social était fixé à deux millions cinq cent mille<br />

francs, représenté par 2500 actions de 1000 francs chacune. La direction de<br />

la Société fut confiée à un conseil d'administration de 5 membres dont 4<br />

étaient expressément nommés dans les statuts, soient MM Dupont, Caruel,<br />

Har<strong>ou</strong> et Desc<strong>ou</strong>rcières. Ils devaient désigner le cinquième entre eux.<br />

Ces administrateurs étaient nommés p<strong>ou</strong>r 5 ans mais le cinquième<br />

du conseil devait être ren<strong>ou</strong>velé annuellement par l'assemblée générale des<br />

actionnaires. T<strong>ou</strong>tefois, le premier conseil restait en place pendant les<br />

cinq premières années de l'existence de la société (article 18). Ce même<br />

conseil ne p<strong>ou</strong>vait décider "qu'à la majorité de 4 voix au moins" de<br />

l'<strong>ou</strong>verture des fosses d'extraction et n'était habilité en aucun cas à<br />

rec<strong>ou</strong>rir à l'emprunt sans autorisation formelle de l'assemblée générale<br />

(art. 22). P<strong>ou</strong>r la petite histoire, signalons que les administrateurs<br />

n'étaient pas rémunérés mais "récompensés par un jeton de présence de 25<br />

francs chaque fois qu'ils assistaient à une réunion du conseil, plus le<br />

remb<strong>ou</strong>rsement de leurs frais de voyage et déb<strong>ou</strong>rs" (article 25).<br />

1 5


Quant à l'assemblée générale, elle se composait de t<strong>ou</strong>t membre<br />

porteur de 15 actions au moins, lesquelles donnaient droit à une voix. Le<br />

nombre de vois délibératives susceptibles d'être cumulées, ne p<strong>ou</strong>vait<br />

excéder dix (art. 29). Le j<strong>ou</strong>r de la réunion de l'assemblée générale fut<br />

fixé au "lendemain du premier mardi de juillet (sic). La Société<br />

charbonnière d'Emile Dupont et consorts n'était pas la seule à rechercher<br />

du charbon s<strong>ou</strong>s Fayt. Les archives mentionnent également l'existence<br />

d'une "Société du Levant de Fayt" qui sonda le sol de la Basse-Hestre vers<br />

1859 et demanda même une concession de 207 ha 80 ares s<strong>ou</strong>s Fayt et<br />

Bellec<strong>ou</strong>rt, qui ne lui jamais accordée. Quant à notre "Société du<br />

Charbonnage de Fayt", elle sollicita à son t<strong>ou</strong>r une concession plus étendue,<br />

de 245 ha 83 a 62 ca s<strong>ou</strong>s Fayt (40). N<strong>ou</strong>s verrons plus loin, l'issue qui<br />

lui fut réservée.<br />

c) Les (maigres) résultats des recherches.<br />

A Fayt, la Société continua les recherches entreprises en 1837<br />

sur le site choisi par François-Isidore Dupont au lieu-dit "Tiesse de l'Aye"<br />

et délaissées par la suite. En 1860, elles donnèrent de premiers résultats:<br />

deux veines furent rec<strong>ou</strong>pées à 50 et 80 mètres, cette dernière, d'une<br />

puissance de 0,34 mètre, étant le prolongement naturel d'une de celles<br />

appartenant à la Société de La Hestre et Haine Saint Pierre (41). Bien que<br />

le charbon fût d'excellente qualité, elle ne p<strong>ou</strong>vait être "utilement<br />

exploitable" selon l'avis de l'ingénieur principal du deuxième arrondissement<br />

des mines (42).<br />

Une troisième c<strong>ou</strong>che fut atteinte deux ans plus tard, à la<br />

profondeur de 156 mètres. Elle avait 50 centimètres d'épaisseur.<br />

Pendant ce temps, à Bois d'Haine, après avoir mis en oeuvre des<br />

moyens d'exhaure imposants p<strong>ou</strong>r assécher les deux puits inondés en 1844,<br />

Emile Dupont creusa un troisième puits qui rencontra une veine d'une<br />

cinquantaine de centimètres d'épaisseur.<br />

En gros, comme on peut le constater, les investigations n'avaient<br />

permis que la déc<strong>ou</strong>verte de veines relativement pauvres tant à la<br />

"Tiesse de l'Aye" qu'à la "Tr<strong>ou</strong>pette à z'arbres". Or, la loi sur les mines<br />

du 21 avril 1810, imposait aux demandeurs de concessions d'apporter la<br />

preuve de l'existence d'un gisement "utilement exploitable", c'est- à-dire<br />

susceptible d'être rentable et de rémunérer convenablement les capitaux<br />

investis. Il n'était donc guère surprenant, en 1862, de voir les deux<br />

sociétés continuer à solliciter en vain, l'octroi d'une con cession. Dès<br />

lors, les actionnaires décidèrent de fusionner les deux sociétés qui<br />

devinrent, le 12 juin 1862, la n<strong>ou</strong>velle "Société des Charbonnages Réunis de<br />

Fayt et Bois d'Haine".<br />

16


CHAPITRE V L'EQUIPEMENT ET LES MOYENS DE LA NOUVELLE SOCIETE.<br />

a) La concession laborieusement obtenue.<br />

A cette séance inaugurale, Emile Dupont fut désigné président du<br />

conseil d'administration et ne ménagea pas ses efforts p<strong>ou</strong>r faire ab<strong>ou</strong>tir la<br />

demande de concession. Celle-ci c<strong>ou</strong>vrait à présent 1530 hectares. A ce<br />

stade, le n<strong>ou</strong>veau président ne p<strong>ou</strong>vait plus guère se permettre d'éch<strong>ou</strong>er.<br />

Les investissements consentis avaient atteint des niveaux considérables<br />

qu'il convenait de rentabiliser sans tarder. La situation se présentait, à<br />

l'aube de l'année 1863, de la manière sui vante:<br />

1. Les sites d'extraction.<br />

A Fayt (siège n°l), deux puits avaient été enfoncés, l'un servant à<br />

l'extraction, l'autre à l'exhaure. Chacun d'eux était p<strong>ou</strong>rvu d'une<br />

machine à vapeur. Trois veines d'une certaine importance avaient été<br />

repérées à des profondeurs de 82, 137 et 157 mètres. Trois autres moins<br />

riches, s'échelonnaient plus bas, à 161, 164 et 179 mètres. Le coût des<br />

travaux entrepris s'élevait, au 15 septembre 1862, à 335.922 francs 86<br />

centimes. A Bois d'Haine (siège n°2), où l'eau s'infiltrait sans arrêt, le<br />

charbon avait été rencontré à 103 mètres mais une sonde avait détecté une<br />

c<strong>ou</strong>che de un mètre de puissance, treize mètres seulement s<strong>ou</strong>s le plancher<br />

atteint. En 1861, une n<strong>ou</strong>velle irruption d'eau était venue perturber les<br />

travaux et les pompes travaillant à plein régime, éliminèrent près de 1500<br />

mètres cubes, retardant d'autant la reprise de l'exploitation. A la même<br />

échéance du 15 septembre 1862, le charbonnage de Bois d'Haine coûtait déjà<br />

plus d'un million à ses propriétaires.<br />

2. Les chemins de fer charbonniers.<br />

Les usines Dupont étaient reliées, comme n<strong>ou</strong>s l'avons vu, au chemin de fer<br />

de l'Etat Mons-Manage et aussi au canal de Charleroi, via le Bassin de La<br />

Croyère. Un autre embranchement très c<strong>ou</strong>rt, joignait les puits de Bois<br />

d'Haine à ce réseau.<br />

Le siège de Fayt était, quant à lui, beauc<strong>ou</strong>p plus éloigné de la division<br />

faytoise. Les obstacles rencontrés lors de la mise en place du raccordement,<br />

que n<strong>ou</strong>s détaillons par ailleurs, avaient porté la dépense à 100.000<br />

francs p<strong>ou</strong>r 1625 mètres de voie!<br />

Arguant de l'ampleur des travaux effectués, de l'importance des<br />

sommes investies ainsi que du bon équipement de ses installations (43) et<br />

des possibilités d'éc<strong>ou</strong>lement de sa production, Emile Dupont était près<br />

d'ab<strong>ou</strong>tir au moment où se dér<strong>ou</strong>la l'assemblée générale annuelle et<br />

statutaire des 7 et 8 juillet 1863.<br />

Parmi les porteurs d'actions présents ces j<strong>ou</strong>rs-là à Fayt,<br />

figuraient, <strong>ou</strong>tre Emile Dupont, son seul fils François, âgé de 21 ans, son<br />

gendre Armand Caruel (44), un autre beau-fils, Victor Gilmont (45), son<br />

beau-frère Jules Borgnet et Stanislas Canivet, un notable de Fayt, grand ami<br />

des Dupont (46). Le climat était à l'optimisme, voire même à l'euphorie.<br />

Les administrateurs y présentèrent des rapports très prometteurs où ils<br />

mirent en exergue le fait que "les veines rec<strong>ou</strong>pées d'abord au charbonnage<br />

de Bois d'Haine et ensuite celles reconnues au charbonnage de Fayt",<br />

démontrent "l'existence d'une richesse h<strong>ou</strong>illère incontestable, d'un vaste<br />

champ t<strong>ou</strong>t à fait vierge...." (47).<br />

Il est vrai que p<strong>ou</strong>r justifier l'ampleur des sommes engl<strong>ou</strong>ties,<br />

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aux yeux des actionnaires, il fallait quelque peu "en remettre"! Dans le<br />

rapport de cette assemblée, sont également évoqués quelques projets qu'il<br />

convient de mettre en parallèle avec les faits tels qu'ils se sont<br />

réellement produits ultérieurement (48):<br />

- un n<strong>ou</strong>vel appareil d'extraction qu'il est question d'installer à Fayt p<strong>ou</strong>r<br />

l'épuisement des deux veines les plus riches et qui "construit selon les<br />

procédés les plus perfectionnés", servirait "à remonter le charbon au j<strong>ou</strong>r,<br />

directement des tailles d'extraction, dans les wagonnets conduits à la<br />

surface sur notre chemin de fer et se versant, soit au magasin<br />

d'approvisionnement situé près de la chaussée, soit sur les grands wagons<br />

qui les transportent au canal <strong>ou</strong> bien au railway de l'Etat".<br />

- l'avenir du puits de Bois d'Haine, à ce moment à l'arrêt, p<strong>ou</strong>r la raison<br />

rapportée plus haut mais où t<strong>ou</strong>t permet "d'espérer, dans peu de temps la<br />

reprise du travail d'approfondissement des fosses ... p<strong>ou</strong>r y atteindre la<br />

forte c<strong>ou</strong>che de charbon d'environ un mètre de puissance ... perforée à 13<br />

mètres seulement du fond des dites fosses ...".<br />

Comme le personnel, "s<strong>ou</strong>s la sage direction d'Emile Dupont",<br />

rivalisait "d'ardeur et de dévoûment", les investisseurs p<strong>ou</strong>vaient être<br />

tranquilles: l'avenir commercial de l'entreprise était garanti, au moins à<br />

c<strong>ou</strong>rt terme et la perspective de plantureux bénéfices n'était pas illusoire<br />

car, selon le vérificateur aux comptes, les auspices étaient "extrêmement<br />

favorables". "Malgré les obstacles rencontrés de temps en temps...", les<br />

actionnaires se tr<strong>ou</strong>vaient maintenant "bien dédommagés par la réussite<br />

qu'ils avaient pu constater".. La Société avait eu "le bonheur de déc<strong>ou</strong>vrir<br />

des c<strong>ou</strong>ches de charbon d'une qualité et d'une régularité de gisement<br />

dépassant t<strong>ou</strong>tes les espérances ... N<strong>ou</strong>s avons le pressentiment",<br />

concluaient les responsables, "que les charbonnages de Fayt et de Bois<br />

d'Haine acquerront, dans peu d'années, une importance non moins grande que<br />

celle des charbonnages voisins, les meilleurs du pays".<br />

Dans cet élan d'enth<strong>ou</strong>siasme, Emile Dupont est désigné administrateur-délégué<br />

et président du conseil d'administration, étant donné<br />

"les intérêts considérables" qu'il détenait dans la Société et "son devoir<br />

de mener à bonne fin une entreprise qui doit faire le c<strong>ou</strong>ronnement de sa<br />

carrière industrielle". Charles Desc<strong>ou</strong>rcières, quant à lui, est nommé<br />

directeur des ventes, lesquelles se faisaient au départ des Usines Dupont<br />

mais aussi de comptoirs français où Desc<strong>ou</strong>rcières possédait de bonnes<br />

relations. François Dupont, encore célibataire à l'époque, assume, selon le<br />

désir de son père de "p<strong>ou</strong>voir initier son fils à l'étude de l'industrie<br />

charbonnière et aux détails de la gestion", la tâche de secrétaire<br />

administratif (49).<br />

Ayant pu enfin convaincre l'administration des mines d'appuyer<br />

sa requête, Emile Dupont obtint comme prévu, le 22 août 1863, la précieuse<br />

"concession des mines de h<strong>ou</strong>ille gisantes s<strong>ou</strong>s une étendue de 659 hectares<br />

dépendant des communes de Fayt, Bois d'Haine, Bellec<strong>ou</strong>rt, Seneffe et Saint<br />

Vaast" (50).<br />

L'octroi rejetait du même c<strong>ou</strong>p, une demande concurrente formulée<br />

par les sieurs "Demortaix, Jeanson et consorts, le 11 décembre 1862 ...<br />

dont les recherches consistent en quelques sondages qui sont abandonnés"<br />

(51) et précisait que "la demande en extension de concession formée par la<br />

Société de Haine Saint Pierre et La Hestre en date du 26 juin 1860" avait<br />

19


été délaissée par la dite société le 13 avril 1863. De même, elle fait état<br />

de "conventions en date du 31 mai et 30 novembre 1860, par lesquelles les<br />

deux sociétés de Fayt-Bois d'Haine et de Manage fixent quant au territoire<br />

de Bellec<strong>ou</strong>rt, les limites des concessions qu'elles sollicitent" (52). Ces<br />

dernières précisions permettent d'imaginer qu'en trois ans, entre 1860 et<br />

1863, Emile Dupont eut non seulement à vaincre les obstacles naturels de<br />

t<strong>ou</strong>tes sortes qui s'étaient amoncelés sur sa r<strong>ou</strong>te, mais aussi à faire face<br />

à des négociations serrées avec les sociétés voisines qui, de t<strong>ou</strong>te<br />

évidence,ne lui facilitèrent pas la tâche.<br />

b) Le siège de Fayt. Description.<br />

L'exploitation proprement dite débuta derechef et le curé<br />

Geudens procéda à la bénédiction solennelle du n<strong>ou</strong>veau charbonnage de Fayt,<br />

le dimanche 18 octobre 1863, après la grand'messe de 9 heures. Voyons de<br />

plus près ce que n<strong>ou</strong>s en disent les archives et tentons-en une description.<br />

1. Les veines.<br />

En cette même année 1863, le siège de Fayt comportait trois veines exploitables:<br />

la veine St Gilles, déc<strong>ou</strong>verte le 28 mars 1860 à 82 mètres, la<br />

veine St Emile, déc<strong>ou</strong>verte le 22 mars 1862 à 157 mètres et la veine St<br />

Alfred déc<strong>ou</strong>verte le 30 octobre 1862 à 200 mètres, cette dernière d'une<br />

puissance de 35 centimètres.<br />

La fosse d'extraction (n°l), avait été approfondie jusqu'à 228,30 mètres.<br />

Elle atteindra 300 mètres en 1871. La veine St Alfred, la seule digne de<br />

quelqu'intérêt, avait été mise en exploitation mais son rendement ayant<br />

diminué et le prix de revient du charbon extrait étant trop élevé, elle fut<br />

abandonnée quelques années plus tard (53). Son épuisement était en effet<br />

devenu très onéreux en raison notamment d'une réduction de sa puissance à<br />

25 centimètres. Entretemps, une quatrième c<strong>ou</strong>che avait été rec<strong>ou</strong>pée: la<br />

veine St Charles, à une profondeur de 275 mètres. Elle ne sera jamais<br />

exploitée.<br />

2. L'équipement des puits.<br />

A Fayt, jusqu'en 1863, les mineurs descendaient dans les puits au moyen<br />

d'échelles. Ensuite, la translation du charbon, la remontée et la descente<br />

des mineurs furent assurés par un procédé moins archaïque puisqu'un système<br />

hydraulique fut mis en place. L'ingénieur des mines J.Gilles le décrit tel<br />

qu'il a pu le voir lors de sa visite du 16 mars 1867 (54): "Le puits<br />

d'extraction est divisé en deux compartiments. Une charpente supporte l'axe<br />

d'une p<strong>ou</strong>lie sur laquelle passe le cable d'extraction; un frein est monté<br />

sur l'axe de la molette et est manoeuvré par un <strong>ou</strong>vrier placé près de<br />

l'orifice du puits. Deux caisses sont surmontées chacune d'une cage à deux<br />

étapes qui peuvent contenir en t<strong>ou</strong>t six <strong>ou</strong>vriers. Ces cages sont attachées<br />

au cable d'extraction et circulent dans les deux compartiments dont il a été<br />

question plus haut. L'eau sert de force motrice. Un réservoir en tôle est<br />

placé près de l'orifice du puits; il est garni de tuyaux qui conduisent<br />

l'eau dans l'une <strong>ou</strong> l'autre des caisses. Quand une cage arrive au j<strong>ou</strong>r, on<br />

enlève les chariots pleins, on les remplace par des chariots vides et on<br />

remplit la caisse à eau. Pendant ce temps, l'autre cage, qui est au fond,<br />

est chargée de deux wagons pleins et l'eau de la caisse s'est éc<strong>ou</strong>lée p<strong>ou</strong>r<br />

être reprise par la machine d'épuisement. Le m<strong>ou</strong>vement recommence alors en<br />

sens inverse. En un mot, c'est la balance hydraulique employée comme<br />

20


monte-charges des hauts-f<strong>ou</strong>rneaux.<br />

Je pense que ce système n'a jamais été appliqué à l'extraction que p<strong>ou</strong>r de<br />

faibles profondeurs, 25 <strong>ou</strong> 30 mètres au plus. Je ne le considère pas comme<br />

représentant les garanties de sécurité nécessaires à la translation des<br />

<strong>ou</strong>vriers et je v<strong>ou</strong>s prie, Monsieur l'Ingénieur Principal, de v<strong>ou</strong>loir bien me<br />

faire connaître si le charbonnage de Fayt peut continuer à se servir de ce<br />

système p<strong>ou</strong>r descendre et remonter les <strong>ou</strong>vriers."<br />

s. L'ingénieur des mines. J.Gilles.<br />

La réponse à cette interpellation ayant été négative, des cages<br />

furent installées mais ne furent p<strong>ou</strong>rvues du système de sécurité et de<br />

freinage que tardivement (55). Plus grave encore, les cordes utilisées,<br />

qu'un <strong>ou</strong>vrier devait vérifier t<strong>ou</strong>s les deux j<strong>ou</strong>rs, avaient "fini leur<br />

garantie dans d'autres charbonnages" (56)! La rupture d'une de ces cordes<br />

causa, le 2 août 1871 à 9 heures trois quarts du matin, la chute d'un<br />

cuffat, tuant le mineur Auguste Dewelle, 33 ans, de La Hestre (57). Outre<br />

Descente des mineurs<br />

au moyen d'un cuffat.<br />

21


les machines à vapeur installées au début de la période active, deux autres<br />

fonctionnèrent par la suite. Le 17 octobre 1868, le Conseil Communal de<br />

Fayt accorda son aval (58) à l'installation d'"une machine à vapeur<br />

horizontale de 60 CV et de deux chaudières à tubes b<strong>ou</strong>illeurs", destinés à<br />

l'approfondissement du puits n°2. Une autorisation analogue du 4 juin 1870,<br />

conduisit à la mise à feu d'une autre machine de 110 CV cette fois, munie<br />

également de deux chaudières (59).<br />

L'aération était assurée par un simple foyer qui faisait<br />

circuler l'air frais entre les deux puits. Ce système était beauc<strong>ou</strong>p<br />

moins efficace que des ventilateurs dont les installations ne bénéficièrent<br />

jamais. Pendant l'hiver, le foyer n'était allumé que du mercredi au samedi,<br />

par s<strong>ou</strong>ci d'économie, tandis qu'il brûlait sans arrêt durant la bonne<br />

saison.<br />

3. La main d'oeuvre.<br />

Les chiffres disponibles concernant le volume de la main d'oeuvre occupée<br />

n'abondent guère. Si l'on en croit le rapport de l'ingénieur provincial des<br />

mines, la h<strong>ou</strong>illère de Fayt employait 220 <strong>ou</strong>vriers en 1870 et 258 en 1871<br />

(60). Les 4 porions, t<strong>ou</strong>s de La Hestre, se répartis saient la direction<br />

des équipes de j<strong>ou</strong>r et de nuit. Ils étaient eux- mêmes s<strong>ou</strong>s la direction du<br />

chef-porion Victor Lecomte, également de La Hestre. Le directeur-gérant,<br />

qui assurait aussi la charge de directeur des travaux était Victor Dujardin<br />

(61). Ingénieur de formation, il dressait lui-même les plans de l'exploitation<br />

et de nivellement.<br />

En <strong>ou</strong>tre, cinq chevaux travaillaient aux côtés des hommes, les uns au fond,<br />

d'autres à la surface.<br />

De nombreux <strong>ou</strong>vrages ont décrit par le menu, les conditions de<br />

travail et de revenu des mineurs de l'époque. Les données relatives à la<br />

mine de Fayt sont totalement absentes et n<strong>ou</strong>s préférons renvoyer le lecteur<br />

à ces s<strong>ou</strong>rces spécialisées qui lui permettront de se faire une idée précise<br />

sur ce problème (62).<br />

4.Les bâtiments de surface.<br />

Un examen attentif des plans cadastraux (63) permet de faires quelques<br />

observations intéressantes. Les installations primitives de 1837 ont été<br />

modifiées plusieurs fois puisque les révisions des plans cadastraux p<strong>ou</strong>r<br />

cette parcelle, datent de 1864, 1870, 1871 et 1872, comme le montre le<br />

tableau repris en annexe. Un deuxième grand bâtiment apparut au nord de la<br />

construction originelle, elle-même fortement agrandie. Si cette dernière<br />

surmonte sans d<strong>ou</strong>te le puits enfoncé en 1837 et approfondi par la suite<br />

(puits n"l d'extraction), le premier coiffe sûrement le puits n°2 d'exhaure.<br />

De multiples changements intervinrent aussi dans la configuration des<br />

bâtiments annexes dont il n'est pas possible d'établir avec certitude la<br />

destination exacte. Ils devaient sans d<strong>ou</strong>te abriter des bureaux et divers<br />

ateliers nécessaires à 1'aménagements des puits.<br />

5. Le chemin de fer charbonnier.<br />

P<strong>ou</strong>r mettre le siège de la "Tiesse de l'Aye" en relation avec le chemin de<br />

fer préexistant reliant les usines de Fayt et de Bois d'Haine, lui assurant<br />

ainsi l'indispensable exutoire p<strong>ou</strong>r la' commercialisation rapide de sa<br />

production, la Société avait donc procédé à la construction d'une voie<br />

ferrée longue de 1625 mètres. P<strong>ou</strong>r qui connaît le relief de l'endroit, la<br />

22


EVOLUTION DES BIENS BATIS SUR LE SITE<br />

<strong>CHARBON</strong>NIER DE <strong>FAYT</strong>.<br />

MHi nan<br />

24


L'USINE, LE <strong>CHARBON</strong>NAGE ET<br />

LES CHEMINS DE FER <strong>DU</strong>PONT<br />

A <strong>FAYT</strong>, VERS 1872.<br />

25


H A i M<br />

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difficulté inhérente à la mise en place de cette ligne est patente.<br />

L'altitude minimale (130 mètres) est etteinte en un point situé en<br />

contrebas de l'usine de Fayt, établie 30 mètres plus haut, sur la colline<br />

(altitude 160). Le terrain y est en <strong>ou</strong>tre, en pente sérieuse. De là et<br />

jusqu'au siège charbonnier n°l, 40 mètres de dénivellation doivent être<br />

vaincus et p<strong>ou</strong>r domestiquer ce relief tumultueux, il fallut d'abord décrire<br />

une c<strong>ou</strong>rbe serrée au fond du vallon marécageux, élever des remblais en<br />

certains endroits et entamer la colline à d'autres. La traversée de la<br />

chaussée s'opérait à la limite du territoire de Bois d'Haine, non loin de<br />

l'actuelle chapelle Ste Bernadette (altitude 155), après quoi, la voie<br />

empruntait le raidillon correspondant approximativement à la rue Henri Hecq<br />

p<strong>ou</strong>r ab<strong>ou</strong>tir enfin au terrain d'exploitation dans lequel elle pénétrait par<br />

le Nord (voir le plan en annexe).<br />

Divers petits bâtiments <strong>ou</strong> cabanes jalonnaient l'itinéraire. Le long de la<br />

voie, juste après la traversée de la chaussée, un quai avait été aménagé<br />

dans le c<strong>ou</strong>rant de l'année 1864. Il bordait le terrain destiné au dépôt des<br />

charbons. En 1865, un mur chaulé fut elevé parallèlement à la r<strong>ou</strong>te p<strong>ou</strong>r en<br />

interdire l'accès.<br />

6. Le terril.<br />

Il s'élevait sur un terrain contigu, à l'est des installations, c<strong>ou</strong>vrant une<br />

superficie de 57a 60ca, appartenant en propre à Emile Dupont et non à la<br />

Société charbonnière comme les 70a 20ca constituant le reste de la surface<br />

du siège. Il devait avoir une hauteur d'environ 25 mètres selon les témoins<br />

qui s'en s<strong>ou</strong>viennent. Un autre gros tas de scories, appelé aussi "terril",<br />

se tr<strong>ou</strong>vait t<strong>ou</strong>t près de la chaussée où sa silh<strong>ou</strong>ette peut encore être<br />

devinée. Il n'a jamais dépassé 10 mètres de haut. On ignore la raison<br />

précise de sa présence en cet endroit.<br />

27


CHAPITRE VI LA FIN <strong>D'UN</strong>E (GRANDE) EPOQUE.<br />

a) D<strong>ou</strong>ze ans d'activité seulement.<br />

P<strong>ou</strong>r Emile Dupont et ses diverses entreprises, la roche tarpeienne<br />

était décidément bien près du Capitole. P<strong>ou</strong>rtant, la vie de la<br />

Société charbonnière n'avait pas réellement mal débuté puisque dès 1864, eut<br />

lieu la première distribution de dividende dont furent gratifiés les<br />

actionnaires: chaque c<strong>ou</strong>pon de 500 francs reçut en effet, une renumération<br />

de 11 francs 40. Ce fut aussi la seule car, dès 1866, les difficultés<br />

s'amoncelèrent au point de devoir suspendre l'exploitation de janvier à<br />

juillet inclusivement. La production fut tellement dérisoire cette année—<br />

là, que la Société dut acheter...du charbon p<strong>ou</strong>r le fonctionnement de ses<br />

machines à vapeur. A ce moment, p<strong>ou</strong>r survivre, elle dut contracter un<br />

emprunt auprès de la Banque Delhoye de Charleroi. Les documents comptables<br />

de même que les rapports des différentes assemblées générales statutaires<br />

ont disparu. Néanmoins, quelques informations fragmentaires traduisent<br />

l'ampleur du déficit p<strong>ou</strong>r les exercices 1870 et 1871, soit respectivement<br />

259.000 et 121.000 francs!<br />

b) La mort d'un charbonnage.<br />

Emile Dupont et ses associés avaient essayé de sauver la mise<br />

en 1873. Dans une tentative désespérée, ils avaient transformé la Société<br />

en une autre baptisée "Société Française des Charbonnages de Fayt et Bois<br />

d'Haine", au capital de 4 millions de francs, dont le siège était établi à<br />

Paris. Cette opération n'avait ab<strong>ou</strong>ti qu'à retarder l'échéance fatale car<br />

la faillite fut prononcée par le tribunal de commerce de la Seine, le 16<br />

novembre 1876. Quant à l'exploitation proprement dite, elle avait pris fin<br />

le 1 mars 1874. Dans l'intervalle, usé déçu et pressentant sans d<strong>ou</strong>te la<br />

ruine de ses entreprises, Emile Dupont s'était éteint le 3 avril 1875, à<br />

l'âge de 66 ans. Sa participation dans la Société charbonnière dont il<br />

était t<strong>ou</strong>t à la fois le promoteur, le protagoniste et l'actionnaire<br />

principal, s'élevait à 908.000 francs. Un arrêté du 6 octobre 1922, révoqua<br />

la concession...<br />

c) La débâcle.<br />

Les usines métallurgiques Dupont connurent une relative prospérité<br />

jusqu'en 1866 environ. Cette année-là et la suivante, Emile Dupont<br />

avait du consentir deux emprunts, respectivement de 300.000 et de 100.000<br />

francs (64), p<strong>ou</strong>r lesquels il avait placé ses installations industrielles de<br />

Fayt et Bois d'Haine en garantie. Simultanément, le malaise international<br />

qui devait conduire au conflit armé entre la France et la Prusse, à partir<br />

de 1869, freina l'expansion industrielle et. réduisit les déb<strong>ou</strong>chés<br />

commerciaux. Après une nette reprise conjoncturelle en 1871, "les forges ne<br />

sachant produire assez p<strong>ou</strong>r satisfaire aux demandes des constructeurs" (65),<br />

l'entreprise s'enfonça rapidement dans un marasme dont elle ne devait plus<br />

sortir. La mort d'Emile Dupont et l'incapacité de son fils François-Emile,<br />

de redresser la situation, amenèrent la prise d'intérêts et la<br />

nomination d'Edgar Vandenbroek (66), un industriel expérimenté, au rang de<br />

co-gérant d'une n<strong>ou</strong>velle Société, la "Société en Commandite F.I. Dupont et<br />

Cie", en 1878. Deux ans plus tard, elle fit l'objet d'une déclaration en<br />

cessation de paiement. Les biens faytois de la famille Dupont, notamment<br />

ses deux châteaux (67), furent vendus vers 1880. Les usines connurent le<br />

28


même sort le 18 août 1885, à 2 heures de l'après-midi, en la salle de<br />

l'hôtel d'Angleterre, tenu par des demoiselles Pihet, à Manage. Elles<br />

échurent à un maître de forges d'Haine Saint Pierre, nommé Paul Fontaine,<br />

p<strong>ou</strong>r 84.500 francs. Les entreprises Dupont avaient vécu...<br />

d) Le devenir du complexe charbonnier de Fayt.<br />

Le banquier Emile Delhoye devint propriétaire des installations<br />

le 23 juillet 1881, au terme d'un procès-verbal clôturé devant la chambre<br />

des criées du tribunal civil du Département de la Seine, siégeant à Paris.<br />

Il en fit apport, le 17 août 1898, à la Compagnie Industrielle de<br />

Belgique. Les puits furent inondés et comblés (68) et le terrain, loti. De<br />

nombreuses habitations s'y agglutinent auj<strong>ou</strong>rd'hui. Le terril voisin resta<br />

la propriété des héritiers Dupont jusqu'en 1920. Le 24 décembre de cette<br />

année-là, le seul enfant encore en vie d'Emile Dupont, sa fille Marie,<br />

domiciliée à Uccle et âgée de 74 ans, le vendit à Aimable Declève, un<br />

propriétaire du lieu. Les détenteurs successifs en furent ensuite: Jules<br />

Verheggen, entrepreneur de terrassements de S<strong>ou</strong>vret, Mr Hermisse, Mr Victor<br />

Peeters-Decamps (69), ces deux derniers de Fayt, et enfin, depuis 1971, Mr<br />

Albert Goffaux, marchand de bois bien connu, établi actuellement à Bois<br />

d'Haine.<br />

La voie ferrée fut vendue en deux fois. La partie entre la<br />

chaussée et 1 ' usine, le 16 janvier 1891, a un industriel de T<strong>ou</strong>rnai,<br />

Charles Bara, et le reste, acquis par Mr Delhoye en même temps que le<br />

charbonnage. L'ayant rapidement demantelée, il vendit la partie allant de<br />

la chaussée à l'ancienne h<strong>ou</strong>illère, en 1891, à Henri Hecq, b<strong>ou</strong>cher à Fayt,<br />

qui avait déjà acheté, un an plus tôt, les terrains avoisinants aux<br />

héritiers Dupont. Les héritiers d'Henri Hecq se partagèrent ces propriétés<br />

en 1931 et une rue fut crée en leur milieu à la même époque (70). Le petit<br />

terril adjacent, également inclus dans ce partage, existe t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs, comme<br />

n<strong>ou</strong>s l'avons déjà écrit.<br />

Quant aux puits de Bois d'Haine, le problème crucial de<br />

l'afflux d'eau ne fut jamais résolu et les moyens d'exhaure mis en oeuvre<br />

ne furent pas assez puissants p<strong>ou</strong>r juguler les infiltrations continuelles.<br />

Un j<strong>ou</strong>r, les pompes se brisèrent et le puits se remplit d'eau jusqu'à 27<br />

mètres de la surface provoquant ainsi l'abandon de l'exploitation. Le<br />

charbonnage de Bois d'Haine avait coûté 2 millions à ses promoteurs!<br />

e) Causes et conséquences.<br />

Au moment où Emile Dupont se lance p<strong>ou</strong>r de bon dans l'aventure<br />

charbonnière, son entreprise métallurgique a atteint l'apogée de sa<br />

puissance économique. Jusque là, c'est-à-dire 1857, ni lui, ni son père,<br />

n'ont connu la saveur amère de l'échec. T<strong>ou</strong>tes ses divisions sont rentables.<br />

Son prestige et sa réputation d'innovateur l'ont placé en quelque<br />

sorte au pinacle du monde industriel. Son expérience dans le domaine<br />

charbonnier n'est pas nulle: il a participé de près aux recherches entamées<br />

par son père et i1 détient de nombreuses participations financières dans des<br />

charbonnages régionaux. Et p<strong>ou</strong>rtant, cet homme brillant va mordre la<br />

p<strong>ou</strong>ssière. Ce faux pas funeste suscite de nombreux commentaires et diverses<br />

interprétations.<br />

Dans l'état actuel des recherches, trop d'éléments font défaut<br />

29


p<strong>ou</strong>r expliquer la décadence accélérée des charbonnages Dupont. Contentons-<br />

-n<strong>ou</strong>s donc d'émettre sans prétentions, quelques hypothèses p<strong>ou</strong>r alimenter<br />

le débat.<br />

1. L'obstination des promoteurs laisse perplexe. Malgré les rapports<br />

peu favorables de l'administration des mines qui, rappelons-le, ne s<strong>ou</strong>tint<br />

que très tard la demande de concession, jugeant l'entreprise hasardeuse, ils<br />

ne cessèrent de croire au succès. Les budgets énormes engl<strong>ou</strong>tis dans le<br />

projet étaient sans d<strong>ou</strong>te à la mesure de leurs espérances, impression que<br />

confirment les propos enth<strong>ou</strong>siastes de la fameuse assemblée générale de<br />

1863. On reste quelque peu confondu devant une attitude aussi téméraire et<br />

on est en droit de se demander ce qui se cache derrière tant d'illusions.<br />

Emile Dupont s'est-il laissé emporter par un vieux rêve? A-t-il été victime<br />

de son caractère de "gagneur" <strong>ou</strong> a-t-il été entraîné malgré lui par ses<br />

associés, à rentabiliser coûte que coûte les sommes investies? La question<br />

reste entière! Il n<strong>ou</strong>s revient en mémoire une réflexion d'un ancien<br />

comptable des usines Dupont, rapportée par une de ses descendantes (71), qui<br />

avait un j<strong>ou</strong>r, dit à son patron: "Monsieur Dupont, on v<strong>ou</strong>s conduit à la<br />

ruine". Cette sentence est une pièce supplémentaire à verser au dossier.<br />

2. L'argument quelquefois avancé de l'inexpérience des anciens dirigeants<br />

de la société, ne n<strong>ou</strong>s paraît plausible que sur le plan technique.<br />

Plusieurs d'entre eux étaient en effet, intéressés de longue date dans des<br />

sociétés charbonnières voisines et devaient être des gestionnaires avertis.<br />

3. La pauvreté du gisement est évidemment une cause qui vient de suite<br />

à l'esprit. La faible puissance des c<strong>ou</strong>ches et leur petit nombre ne<br />

paraissait pas garantir suffisamment la rentabilité de l'exploitation. A<br />

titre comparatif, signalons que parmi les 47 c<strong>ou</strong>ches exploitées par la<br />

Société de Mariemont-Basc<strong>ou</strong>p, en 1899, les plus pauvres avaient t<strong>ou</strong>t de même<br />

35 centimètres de puissance (72)! Dans ces conditions, s<strong>ou</strong>tenir la<br />

concurrence avec les prix du charbon pratiqués par les sociétés rivales<br />

était au dessus des possibilités des charbonnages de Fayt-Bois d'Haine.<br />

4. D'aucuns ont fait aussi état du zèle développé par certaines sociétés<br />

concurrentes p<strong>ou</strong>r mettre des bâtons dans les r<strong>ou</strong>es d'Emile Dupont. N<strong>ou</strong>s<br />

avons décrit les négociations menées au début des années 1860, avec les<br />

Sociétés de Manage et de Haine Saint Pierre- La Hestre. De même, il semble<br />

que le projet conçu par Dupont d'établir une ligne ferroviaire La<br />

L<strong>ou</strong>vière-Fayt-Piéton ait avorté à cause de l'opposition opiniâtre des<br />

industriels de la région et, il faut l'aj<strong>ou</strong>ter, des difficultés techniques<br />

émanant de la nature du relief (73).<br />

On ne sait dans quelle mesure la faillite des charbonnages a<br />

influencé la fin des usines sidérurgiques Dupont. T<strong>ou</strong>t porte à croire<br />

qu'elle y prit une bonne part. La Société charbonnière consomma beauc<strong>ou</strong>p de<br />

capitaux qui auraient pu être utilement investis dans le dévéloppement et la<br />

modernisation du complexe métallurgique (74). Celui-ci s'est retr<strong>ou</strong>vé<br />

exangue dans les baisses de conjoncture. Elle usa aussi l'énergie d'Emile<br />

Dupont dont elle monopolisa longtemps l'activité. Il ne devait d'ailleurs<br />

lui survivre que quelques mois.<br />

La disparition du grand laminoir consacre le début du déclin<br />

industriel faytois. Jamais, une entreprise aussi importante n'avait existé<br />

dans la localité et on n'en revit jamais de comparable. La population du<br />

village, qui avait connu une croissance rapide jusqu'en 1880, augmenta<br />

désormais beauc<strong>ou</strong>p moins vite. Le chômage qui suivit le licenciement d'un<br />

30


aussi grand nombre d'<strong>ou</strong>vriers accentua encore la misère causée par la crise<br />

industrielle. Les autorités locales furent contraintes, dès 1879, de<br />

déclarer la mendicité tolérée sur le territoire communal alors qu'elle y<br />

était officiellement prohibée auparavant. L'activité commerciale, elle<br />

aussi terriblement atteinte, dut attendre plusieurs années avant de s'en<br />

remettre. Cette situation permet de comprendre en partie, p<strong>ou</strong>rquoi Fayt<br />

fut, vers cette époque, un des pôles actifs de la contestation <strong>ou</strong>vrière dans<br />

le Centre.<br />

CHAPITRE VII EPILOGUE. TEMOINS D'AUJOURD'HUI.<br />

Que reste-t-il de t<strong>ou</strong>t cela? Dans un article bien connu publié<br />

en 1959 (75), Ernest Haucotte écrivait:" Un pan de mur, c'est t<strong>ou</strong>t ce qui<br />

subsiste encore des Laminoirs Dupont...". En fait, si l'on se place du<br />

point de vue des bâtiments industriels <strong>ou</strong> charbonniers proprement dits, on<br />

peut même affirmer qu'il ne subsiste absolument rien! La pan de mur qui se<br />

dresse t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à gauche du Home D<strong>ou</strong>x Repos, est un vestige de la devanture<br />

des maisons qui prolongeaient le Château dit "d'En Haut" (76) et ses<br />

dépendances vers le chemin du M<strong>ou</strong>lin. Ces demeures étaient probablement<br />

occupées par des <strong>ou</strong>vriers de l'usine.<br />

D'autres maisons d'époque sont d'ailleurs parvenues jusqu'à<br />

n<strong>ou</strong>s, telle cette construction basse dont la façade est percée à l'étage de<br />

deux fenêtres en "quartier d'orange" très caractéristiques. Elle était<br />

l'une des huit maisons contiguës à l'usine formant un pâté qui s'étendait<br />

jusqu'au sentier de la Jolie Cense. De même, la maison en ruines légèrement<br />

en retrait de la chaussée, à quelques pas de l'angle formé par celle-ci et<br />

la rue Abel Wart, qui s'efface lentement du paysage, appartenait jadis à la<br />

famille Dupont.<br />

Le site charbonnier de Fayt est auj<strong>ou</strong>rd'hui occupé par des<br />

habitations avec leurs jardins attenants (77). Le terril a, lui aussi, été<br />

entièrement rasé à la fin des années 1960. Il reste à peine quelques tas<br />

de scories rec<strong>ou</strong>verts d'herbes folles le long du mur septentrional de la<br />

propriété Goffaux. Comme n<strong>ou</strong>s l'avons évoqué, le petit terril s'élevant à<br />

proximité de la chaussée existe encore bien que sérieusement grignoté par<br />

une demeure de récente construction.<br />

Par contre, une bonne connaissance des lieux permet encore de<br />

suivre avec précision le tracé du chemin de fer charbonnier, surt<strong>ou</strong>t sur le<br />

versant occidental du village. Au milieu des pâturages verdoyants et des<br />

champs cultivés, on p<strong>ou</strong>rrait presque prétendre que seuls les rails ont<br />

disparu tant les remblais sont encore visibles sur presque t<strong>ou</strong>t le parc<strong>ou</strong>rs.<br />

La grande c<strong>ou</strong>rbe notamment, est parfaitement identifiable à la hauteur du<br />

sentier de la Jolie Cense. De même, le repérage de la ligne joignant les<br />

31


divisions de Fayt et de Bois d'Haine est facilement réalisable jusqu'à<br />

l'endroit où elle pénétrait dans l'usine d' "En Haut" (78). Un bâtiment en<br />

ruines avec son armature métallique trône même encore sur le territoire de<br />

Bois d'Haine à l'endroit précis où, pénétrant dans le complexe industriel de<br />

ce village, la voie se divisait en deux embranchements allant l'un vers le<br />

chemin de fer de l'Etat Mons-Manage, l'autre, vers le Bassin de La Croyère.<br />

Une autre ruine, moins typique, perdue dans la végétation, existe plus bas<br />

près du sentier qui traverse le bosquet de la Tr<strong>ou</strong>pette. Sur Bois d'Haine<br />

encore, n<strong>ou</strong>s avons aussi déc<strong>ou</strong>vert, dans les f<strong>ou</strong>rrés, un châssis métallique<br />

de plus de deux mètres de haut, muni de quelques planches qui a pu être<br />

utilisé au charbonnage. Sur le même site, des tas de scories épars peuvent<br />

être aperçus.<br />

Part<strong>ou</strong>t, le long de l'ancienne voie, d'innombrables déchets de<br />

fonte brute parsèment les champs. N<strong>ou</strong>s en avons tr<strong>ou</strong>vé des morceaux de près<br />

de 800 grammes. Un promeneur non averti s'en étonnerait sûrement tant il<br />

aurait de la peine à s'imaginer l'incroyable activité dont ce vallon<br />

auj<strong>ou</strong>rd'hui rendu à sa vocation agricole primitive, a été le siège. Les<br />

derniers vestiges de briques encore deb<strong>ou</strong>t s'écr<strong>ou</strong>leront un j<strong>ou</strong>r,<br />

inmanquablement. Qu'à cela ne tienne, aussi dérisoires qu'ils puissent<br />

paraître, ces milliers d'éclats métalliques resteront à jamais les témoins<br />

discrets du travail accompli par ces générations d'hommes, industriels et<br />

<strong>ou</strong>vriers, qui, en partenaires indissociables, ont partagé la grandeur et la<br />

décadence d'un grand siècle de notre histoire locale...<br />

15 juin 1986.<br />

J. STRALE.<br />

32


Chapitre I.<br />

NOTES COMPLEMENTAIRES.<br />

(1) Cette première société portait le nom de "Société du Grand Conduit du<br />

Charbonnage de H<strong>ou</strong>deng.<br />

(2) "La vie d'un charbonnage au XVIIIème et au XIXème siècle. La<br />

Société de Haine Saint Pierre et de La Hestre. 1755-1903". Michel<br />

REVELARD.<br />

(3) Ibidem.<br />

(4) Le Seigneur de Fayt fit partie à 8 reprises de ]a Chambre de Noblesse<br />

des Etats du Hainaut de 1725 à 1754. Il fut désigné Prévôt de Binche en<br />

1739, charge qui lui conférait une haute autorité sur un territoire<br />

comprenant 42 villages dont Fayt et qu'il exerça jusqu'à sa mort<br />

survenue à Fayt, le 6 février 1763. ("Les Seigneurs de Fayt et de<br />

l'Escaille de la maison Fauneau dit de Gongnies. Du XlVème siècle à<br />

1764".) J.F. BRIGODE.<br />

(5) Ils étaient aussi intéressés dans le Charbonnage de l'Olive à Mariemont.<br />

(6) de Feydeau vendit le fief de l'Escaille et t<strong>ou</strong>te la terre y afférant<br />

aux Chanoinesses de Looz-Corswarem, le 24 décembre 1788.<br />

(7) La rue de la Croyère actuelle.<br />

(8) L'auteur de la monographie sur Fayt-lez-Seneffe. (Voir bibliographie)<br />

(9) soit le n°148 de l'Avenue E. Herman.<br />

(10) "Extrait de la chronique manuscrite de l'abbé Geudens, curé de Fayt de<br />

1839 à 1883". J.F. BRIGODE.<br />

(10b)"Le Domaine de Mariemont à l'heure républicaine. La fondation de la<br />

Société Minière". R.DARQUENNE.<br />

Chapitre II.<br />

(11) Cette maison existe t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le long de la chaussée où elle est en<br />

partie occupée par la Mosquée Ennacer et en partie par des habitations<br />

particulières. Certains bâtiments sont en voie de taudisation et n'ont<br />

subi que peu de modifications par rapport à leur état originel.<br />

(12) La rue Arthur Trigaux actuelle. Ce chemin menait autrefois à Fontaine<br />

1'Eveque.<br />

(13) Augustin Leclercq avait ép<strong>ou</strong>sé, en 1793, Marie-Thérèse Hecq et était<br />

l'une des personnalités en vue du village s<strong>ou</strong>s le régime français. Il<br />

accompagna d'ailleurs F.I.Dupont aux cérémonies du sacre de l'Empereur,<br />

à Paris, le 2 décembre 1804.<br />

(14) La grand'r<strong>ou</strong>te de Nivelles à Mons, qui traverse Fayt, fut <strong>ou</strong>verte en<br />

1764 dans son tracé actuel.<br />

(15) La première machine à vapeur a été construite par le forgeron<br />

anglais Thomas Newcomen en 1712. Son arrivée en Belgique date de<br />

1720, au charbonnage de ] a Montagne St Gilles, à Liège. La première<br />

machine à vapeur du Centre fut installée au charbonnage de la Barette à<br />

H<strong>ou</strong>deng.<br />

(16) Rapport du 17 novembre 1823. "Exposé historique et statistique de<br />

l'industrie métallurgique dans le Hainaut". A. WARZEE.<br />

(17) A. WARZEE. op. cit.<br />

* 3


(18) Il repose dans le caveau de la famille, au cimetière de Fayt, à côté<br />

de ses parents.<br />

(19) A.WARZEE. op. cit. Les premiers chemins de fer furent mis en service<br />

en Angleterre, en 1825.<br />

Chapitre III.<br />

(20) Joseph Dechamps était le deuxième fils d'Adrien Dechamps, le propriétaire<br />

du Château de Scailmont. Son frère aîné, Adolphe, devint<br />

ministre; le plus jeune, Victor, fut cardinal-archevêque de Malines.<br />

Joseph, le moins connu des trois, était né le 22 novembre 1808. C'est<br />

lui qui fit bâtir, vers 1840, le Château dit "Vandenbroeck". Il fut<br />

échevin de Fayt.<br />

(21) Saint-Vaast englobait La L<strong>ou</strong>vière qui n'était alors qu'un hameau. La<br />

L<strong>ou</strong>vière fut érigée en commune en 1869.<br />

(22) Fayt-lez-Seneffe devint Fayt-lez-Manage par arrêté royal daté du 6<br />

septembre 1913.<br />

(23) François-Isidore Dupont fut Sénateur de Thuin du 29 juillet 1836 à sa<br />

mort. Il fut également b<strong>ou</strong>rgmestre de Fayt, de 1819 à 1830, charge que<br />

son fils Emile remplira aussi de 1870 à 1872.<br />

(24) Il s'agit de la loi du 2 mai 1837.<br />

(25) Archives de Me Martha, notaire à Fayt de 1844 à 1859, conservées chez<br />

le Notaire Hubert L'Olivier.<br />

(26) F.I. Dupont et Christine-Charlotte Silez eurent cinq enfants. Outre<br />

François et Emile dont il a été question, deux filles, Charlotte et<br />

Augustine et un fils, Adolphe, m<strong>ou</strong>rurent d'une épidémie à quelques<br />

j<strong>ou</strong>rs d'intervalle, en 1811. ("Les entreprises Dupont". J.F.BRIGODE).<br />

(27) La campagne des "Rigauts-Forrières" essentiellement composée de<br />

prairies s'étend entre les rues de la Croyère et de Familleureux<br />

actuelles.<br />

(28) Muysen: petite localité du Brabant Flamand, près de Malines, sur le<br />

territoire de laquelle s'étend auj<strong>ou</strong>rd'hui la réserve zoologique de<br />

Plankendael.<br />

(29) La rue Abel Wart actuelle. Le M<strong>ou</strong>lin de Basc<strong>ou</strong>p s'élevait un peu en<br />

retrait de son intersection avec la rue de Basc<strong>ou</strong>p.<br />

(30) Ce terrain peut être situé de part et d'autre de la ruelle R<strong>ou</strong>sseau qui<br />

suit assez fidèlement le tracé de cet ancien sentier.<br />

(31) Selon le plan cadastral Popp.<br />

(32) A cette époque, il y avait 30 hauts-f<strong>ou</strong>rneaux dans le Hainaut. Emile<br />

Dupont en possédait trois puisqu'en plus de celui de Bois d'Haine, il<br />

avait été autorisé à en construire deux autres à Châtelineau. Deux de<br />

ces trois hauts-f<strong>ou</strong>rneaux étaient actifs. (WARZEE, op. cit.).<br />

Chapitre IV.<br />

(33) Saint Vaast était donc voisin de Bois d'Haine, à La Croyère. (voir 21).<br />

(34) Cet Hôtel de la Poste portait, il y a peu, l'enseigne "Le Dauphin".<br />

Depuis la disparition de ce panneau, l'inscription "Hôtel de la Poste"<br />

34


est réapparue au fronton de ce bâtiment, en face de la place. En 1847,<br />

l'hôtelier s'appelait L<strong>ou</strong>is Deridder et siégeait au Conseil Communal.<br />

(35) Minute déposée chez le Notaire Martha. (Archives du Notaire H.<br />

L'Olivier).<br />

(36) Ibidem.<br />

(37) Me Ed<strong>ou</strong>ard -Gaspar Martha est le deuxième notaire de Fayt, mais le<br />

premier à avoir résidé au lieu de l'étude actuelle où se tr<strong>ou</strong>vent ses<br />

minutes.<br />

(38) Le premier de ces châteaux est mieux connu s<strong>ou</strong>s le nom de "Château<br />

Vandenbroeck" <strong>ou</strong> encore "Château Guinotte", du nom de deux successeurs<br />

d'Armand Caruel. Il s'élevait sur le tracé de la rue de la Paix<br />

prolongée. Le second fut appelé longtemps "Chateau de Burbure" en<br />

s<strong>ou</strong>venir d'un de ses occupants du début de ce siècle.<br />

(39) "Statuts du Charbonnage de Fayt. Titre Deuxième. Article 1". Déposés<br />

au rang des minutes du Notaire Martha.<br />

(40) Parmi ces 245 hectares, les promoteurs étaient propriétaires de 86<br />

hectares 18 ares et étaient cessionnaires de plus de 150 hectares grâce<br />

aux actes susmentionnés.<br />

(41) Cette concession débute en effet de l'autre côté du chemin j<strong>ou</strong>xtant le<br />

charbonnage, l'ancien Chemin des Ronces, devenu rue Théophile Massart.<br />

(42) Rapporté par M.REVELARD dans son étude sur "Les Charbonnages de Fayt<br />

et Bois d'Haine" dont cet opuscule s'est inspiré.<br />

Chapitre V.<br />

(43) Il avait favorisé de ses commandes les usines de la région: les<br />

Ateliers d'Haine Saint Pierre, p<strong>ou</strong>r le matériel d'extraction et<br />

d'exhaure, les Corderies Deltenre-Nicaise et Delcuve, de Fayt, p<strong>ou</strong>r<br />

les cables et les cordes et, bien entendu, ses propres usines p<strong>ou</strong>r les<br />

rails et le matériel r<strong>ou</strong>lant.<br />

(44) voir page 12.<br />

(45) Victor Gilmont ép<strong>ou</strong>sa Sophie Dupont, quatrième fille d'Emile, à Fayt,<br />

en 1862. Il devint Procureur du Roi à Mons. Il était originaire de<br />

Seneffe.<br />

(46) Stanislas Canivet, né en 1796 à Anderlues, installé à Fayt, en 1840<br />

avec son ép<strong>ou</strong>se et ses 6 enfants, habitait dans la demeure actuelle de Mr<br />

Hanappe, sur la Chaussée (246, Avenue E.Herman). i) occupait un poste<br />

important à la Province où il était Conducteur des Ponts et Chaussées<br />

de 1ère Classe. Il était actionnaire au même titre qu'Emile Dupont<br />

dans le Charbonnage de H<strong>ou</strong>ssu. Il siégea au Conseil Communal.<br />

(47) Selon "Société Civile et Particulière des Charbonnages Réunis de Fayt<br />

et Bois d'Haine - Octroi de concession, procès-verbal et rapport de<br />

l'assemblée générale. 1863". Cité par M. REVELARD op. cit.<br />

(48) On ignore si l'appareil d'extraction en question a jamais été mis en<br />

service. Quant aux installations de Bois d'Haine, l'avenir leur<br />

réserve une issue nettement moins glorieuse, comme on p<strong>ou</strong>rra le lire<br />

35


plus loin.<br />

(49) François Dupont tirera parti de cette expérience parla suite puisqu'il<br />

deviendra représentant de charbonnages après la faillite de ses<br />

usines.<br />

(50) C'est une des dernières accordées dans le Centre, la dernière ayant été<br />

celle de Manage, octroyée le lendemain, soit le 23 août 1863.<br />

(51) Extrait de l'A.R. de concession, rapporté par M. REVELARD op.cit.<br />

(52) Ibidem.<br />

(53) On y travaillait cependant t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs en 1867.<br />

(54) M. REVELARD op. cit.<br />

(55) ibidem.<br />

(56) ibidem.<br />

(57) Lettres adressées au Commissaire d'Arrondissement et au Procureur de la<br />

Gendarmerie en date du 6 août 1871. Archives du Cercle d'Histoire.<br />

Fayt.<br />

(58) Une enquête de commodo et incommodo devait être préalablement menée.<br />

Archives Communales. Registre des délibérations du Collège.<br />

(59) Ibidem.<br />

(60) Ingénieur Provincial des Mines à Mons - Etat d'exploitation des<br />

Charbonnages de Fayt - Lettre transmise par L. Duray - Archives du<br />

Cercle d'Histoire. Fayt.<br />

(61) Victor Dujardin, ingénieur, fut aussi échevin pendant quelque temps,<br />

faisant même fonction de b<strong>ou</strong>rgmestre en 1873. Ses absences de la<br />

commune, puis son départ p<strong>ou</strong>r Paris, l'écartèrent des affaires politiques.<br />

Après la fermeture du charbonnage, il fonda avec d'autres, la<br />

S.A. des F<strong>ou</strong>rs à Chaux de Viesville-Thiméon (1876). Il résidait alors<br />

à Spy.<br />

(62) Citons au hasard: "La Condition Ouvrière au XIXème siècle" de Jean<br />

NEUVILLE, "Les gueules noires" de Michel DELWICHE et Francis GROFF et<br />

"La Chronique des Pauvres Gens" de Georges PLACE.<br />

(63) Archives du Cadastre à Soignies. N<strong>ou</strong>s y avons bénéficié des précieuses<br />

indications de Mr DELADRIERE, que n<strong>ou</strong>s remercions vivement.<br />

Chapitre VI.<br />

(64) En date des 4 avril 1866 et 20 février 1867, auprès de la S.A. Banque<br />

Liégeoise de Caisse d'Epargne.<br />

(65) Archives Communales. Rapport sur l'administration des affaires de la<br />

commune. 1871.<br />

(66) Edgar Vandenbroeck avait ép<strong>ou</strong>sé la fille de Victor Dequanter, directeur-gérant<br />

des Charbonnages de Haine Saint Pierre-La Hestre.<br />

Il habitait le château construit par Joseph Deschamps (voir note 20) où<br />

il succéda à son beau-père. Il quitta la commune en 1895.<br />

(67) Soient le "Château d'En Haut", à l'angle de la Chaussée et du Chemin de<br />

Fontaine, en face de l'usine et le "Château d'En Bas" <strong>ou</strong> Château de<br />

l'Escaille acheté par François-Isidore Dupont en 1833.<br />

(68) Une loi de 1884 codifie sévèrement le remblaiement des anciens puits<br />

de mines.<br />

(69) Madame Decamps, devenue veuve, habite encore au 144 de la rue Abel<br />

Wart.<br />

36


(70) Il s'agit de la rue Henri Hecq.<br />

(71) Propos de Mr Désiré LISSE, rapportés par Mme Paula HAUTIER-LISSE.<br />

(72) Les plus riches, par contre, avaient plus de un mètre de puissance!<br />

(S.A. des Charbonnages de Mariemont. Exposition Universelle de Faris.<br />

1900).<br />

(73) Selon Ernest HAUCOTTE: La N<strong>ou</strong>velle Gazette du 6 avril 1959 - "Là où les<br />

vergers s<strong>ou</strong>rient, on lamina nos premiers rails".<br />

(74) L'apparition des Convertisseurs Bessemer date de 1860 environ. Ils<br />

permirent la production de grands tonnages d'acier.<br />

Chapitre VII.<br />

(75) Il s'agit de l'article dont il est fait référence à la note 73.<br />

(76) Le "Château d'En Haut" était flanqué de buanderies, d'écuries, de<br />

remises p<strong>ou</strong>r les charrettes, etc... Les maisons ont été démolies p<strong>ou</strong>r<br />

faire place au "Home D<strong>ou</strong>x Repos", il n'y a pas si longtemps.<br />

(77) Ces habitations bordent la rue Th. Massart et la petite rue Saint<br />

Fiacre qui ramène vers la Cité de la Corderie.<br />

(78) L'endroit n'est t<strong>ou</strong>tefois accessible qu'en hiver et au printemps.<br />

37


Archives officielles.<br />

BIBLIOGRAPHIE.<br />

1. Archives de l'Etat à Mons.<br />

2. Archives de la Commune de Fayt.<br />

Registre des délibérations du Collège (période 1866-1880).<br />

Registre des délibérations du Conseil (période 1866-1880).<br />

3. Archives du Cadastre. Soignies.<br />

Archives notariales.<br />

4. Minutes du Notaire Stacquez (Not. Colin de Manage, dépositaire).<br />

5. Minutes des Notaires Martha, Augustin Lechien, Léon Lechien, Auguste<br />

L'Olivier, Victor L'Olivier, Hubert L'Olivier (Not. H. L'Olivier de<br />

Fayt, dépositaire).<br />

Ouvrages généraux.<br />

6. Encyclopoedia Universalis (article "Métallurgie").<br />

Revues.<br />

7. Annales du Cercle Archéologique de Mons.<br />

Notice historique sur Fayt-lez-Seneffe.<br />

Jules de SOIGNIES. T IX, 1873.<br />

8. Annales du Cercle Archéologique de La L<strong>ou</strong>vière et du Centre.<br />

La vie d'un charbonnage du XVIII et XIXème siècle. La Société de<br />

Haine Saint Pierre et de La Hestre. 1755-1903. Michel REVELARD.<br />

T V 1967.<br />

Les charbonnages de Fayt et de Bois d'Haine. Michel REVELARD.<br />

T VII 1969.<br />

Le domaine de Mariemont à l'heure républicaine. La Formation de la<br />

Société minière. Roger DARQUENNE. T I Fasc. 1. 1962.<br />

9. Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des<br />

Lettres du Hainaut.<br />

Exposé historique et statistique de l'industrie métallurgique dans<br />

le Hainaut. André WARZEE. II s. T 8 1858-59.<br />

10. Intermédiaire des Généalogistes.<br />

Les Seigneurs de Fayt et de l'Escaille. Jules F. BRIGODE. 1971 N°<br />

152-153.<br />

11. La Vie Wallonne.<br />

Les fêtes du Sacre et l'Esprit Public dans le Département de Jemmapes.<br />

L. PAPELEUX. T 29 N°272. 1955.<br />

38


Ouvrages et articles divers.<br />

12. Le Centre (1830-1914). Mémoire d'une région. 1984. Musée Royal de<br />

Mariemont.<br />

13. Chronique des Pauvres Gens. Georges PLACE. Cercle d'histoire et de<br />

folklore de Haine Saint Pierre et Haine Saint Paul. Octobre 1973.<br />

14. Les Gueules Noires. M. DELWICHE et F.GOLFF. Ed. Les Eperonniers.1985.<br />

15. Terrils. Ed . Vie Ouvrière. 1978.<br />

16. Les Warocqué. Une dynastie de maîtres charbonniers. M. VANDENEYNDE. Ed.<br />

Labor. Bruxelles. 1984.<br />

17. Les Entreprises Dupont. Jules F. BRIGODE. 1969.<br />

18. Extrait de la chronique manuscrite de Monsieur Geudens, curé de Fayt<br />

de 1839 à 1883. Jules F. BRIGODE. 1976.<br />

19. Les Charbonniers de Bois-du-Luc. Robert POURBAIX. Fédération du<br />

T<strong>ou</strong>risme du Hainaut. Mons 1983.<br />

20. La Condition Ouvrière au XIXème siècle. Jean NEUVILLE. T I et II. Ed.<br />

Vie Ouvrière. 1976.<br />

21. Monographie de la commune de Fayt-lez-Seneffe. Alfred HAROU. Bruxelles<br />

1882.<br />

22. Atlas Cadastral de la Commune de Fayt-lez-Seneffe. P.C. POPP. 1862.<br />

23. S.A. des Charbonnages de Mariemont. Exposition Universelle de Paris.<br />

1900.<br />

Témoignages oraux.<br />

24. Mme Paul a HAUTIER-LISSE, Mme PEETERS-DECAMPS, Mr Karl DEBELLE, Mr<br />

Charles MASSE.<br />

Nos plus vifs remerciements vont aussi à Mme OMPAOR-PHILIPRON, Mr Lionel<br />

<strong>DU</strong>RAY et Mr Michel TEUCQ, membres du Cercle d'Histoire de Fayt, ainsi qu'à<br />

Mr Albert SCHEIRS , p<strong>ou</strong>r leur précieuse et amicale collaboration.<br />

39


ANNEXE.<br />

EL MINEUR.<br />

Assis au coin du feu, esse tête intrè ses mains<br />

El vi mineur est là, sond'geant<br />

Enne petite t<strong>ou</strong>x sec<strong>ou</strong>e pa m<strong>ou</strong>mint<br />

Esse corps c<strong>ou</strong>rbé s<strong>ou</strong>s 1'poids des ans.<br />

Après cinquante ans passés d'in l'mine<br />

Cinquante années dè dur labeur<br />

S'tant s<strong>ou</strong>vint d'c<strong>ou</strong>pe avu 1'famine<br />

I s'è r'p<strong>ou</strong>se met'nant, 1'vi mineur.<br />

Et i s'rappelle, i r'passe d'vin s'mémoire<br />

Esse vie si triste, si agitée<br />

T<strong>ou</strong>t c'qu'il a passé d'vin l'trau noir<br />

Pindant des si nombreuses années.<br />

I s'voit arriver l'premi d'j<strong>ou</strong> au travail<br />

Adon qui n'ast<strong>ou</strong> co qu'in effant<br />

I s'voit pu tard travaillant à 1'taille<br />

I s'rappelle là ses vingt ans.<br />

Les éb<strong>ou</strong>l'mints, les c<strong>ou</strong>ps d'iau et d'gris<strong>ou</strong>,<br />

Les camarades d'cheus, tuès à ses costés,<br />

V'ià c'qu'il a vu pu d'in c<strong>ou</strong>p,<br />

Oui, bi s<strong>ou</strong>vint il a vi 1'danger.<br />

Bien des peines p<strong>ou</strong> alver s'famille<br />

P<strong>ou</strong> cachi d'bi alver ses effants,<br />

Eyet l'seul s<strong>ou</strong>hait dè s'vie<br />

S'ast<strong>ou</strong>t d'ies vir dev'ni grands.<br />

Eyet l'seul bonheur t<strong>ou</strong>t met'nant,<br />

C'est d'ies vir arriver test<strong>ou</strong><br />

Eyet li même erdèvi effant,<br />

Quand il a ses p'tits effants su ses g'n<strong>ou</strong>s.<br />

Leu raconter mille belles histoires<br />

Li si s<strong>ou</strong>vint maltraiti du sort,<br />

T<strong>ou</strong>t c'qui vu, i leu fait accroire<br />

Et c'est ainsi qu'il attint la mort!<br />

Arthur TRIGAUX.<br />

29 août 1909.<br />

40

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