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Complications neurologiques liées à l'alcool - Psychologie - M ...

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Neurologie COMPLICATIONS NEUROLOGIQUES LIÉES À L’ALCOOL<br />

17-161-B-10<br />

d’encéphalopathie de Gayet-Wernicke. Elle peut avoir un aspect<br />

oppositionnel ou pseudoparkinsonien, surtout <strong>à</strong> prédominance axiale.<br />

L’hypotonie est aussi possible, mais très rare.<br />

Le réflexe cutané plantaire peut parfois être en extension, avec ou sans<br />

hyperréflexie. Des signes frontaux sont également rapportés : libération de<br />

réflexes archaïques, persévérations, stéréotypies, comportement d’utilisation.<br />

Les troubles végétatifs sont très fréquents et méritent d’être surveillés<br />

attentivement, surtout dans la phase aiguë. Ils se manifestent avant tout par<br />

une tachycardie, une hypotension et des troubles de la régulation de la<br />

température corporelle et de la sudation.<br />

En raison du caractère fluctuant de ces signes et symptômes, le diagnostic<br />

d’une encéphalopathie de Wernicke peut être difficile, surtout lorsque le<br />

tableau clinique est pauvre et monosymptomatique. Cependant, dans le doute,<br />

il ne faut <strong>à</strong> aucun prix retarder l’introduction d’un traitement vitaminé.<br />

Étiologie<br />

La cause de cette encéphalopathie est un déficit en vitamine B 1, la<br />

thiamine [19]. En effet, les cerveaux autopsiés de patients avec une<br />

encéphalopathie de Gayet-Wernicke révèlent un sévère déficit en enzymes<br />

dépendant de la thiamine [19]. De même chez l’animal, une déficience en<br />

thiamine provoque les symptômes de l’encéphalopathie de<br />

Gayet-Wernicke [81].<br />

Le déficit en thiamine est dû avant tout <strong>à</strong> son apport alimentaire insuffisant<br />

chez l’alcoolique chronique dénutri, bien que son métabolisme puisse être<br />

modifié en raison de prédispositions génétiques [14, 77]. L’éthanol interfère<br />

directement ou indirectement avec l’absorption, le stockage et l’utilisation de<br />

la thiamine. On pense que cette vitamine intervient dans le métabolisme de<br />

l’alcool au niveau de la carboxylation des corps cétoniques et de l’acide<br />

cétoglutarique, et que cette déficience causerait une augmentation de l’activité<br />

de l’alcool déshydrogénase, accélérant le métabolisme de l’alcool. Cette<br />

vitamine joue également un rôle essentiel dans le métabolisme du glucose<br />

comme cofacteur dans l’activité du shunt des pentoses. Il faut au moins un<br />

déficit de 70 % pour déclencher une encéphalopathie.<br />

Traitement<br />

Le traitement consiste en l’administration par voie veineuse de thiamine, le<br />

plus rapidement possible et avant toute injection de glucose, ce dernier<br />

pouvant précipiter l’utilisation des dernières réserves de vitamine B 1. Les<br />

besoins quotidiens recommandés sont de1<strong>à</strong>5mg/j pour un adulte avec des<br />

réserves de thiamine normales. Cela représente une protection pour une<br />

période de 18 <strong>à</strong> 35 jours environ. Chez l’alcoolique, différents régimes de<br />

supplémentation sont proposés dans la littérature, généralement entre 50 et<br />

500 mg/j, mais sans qu’il y ait de réel consensus sur la durée du traitement [24].<br />

Neuropathologie<br />

Les anomalies pathologiques sont de localisations précises et bilatérales au<br />

niveau du tronc cérébral et de l’hypothalamus [120]. La lésion caractéristique<br />

est une nécrose affectant les neurones, les axones et la myéline <strong>à</strong> des degrés<br />

divers, qui s’étend dans la substance grise autour du IIIe ventricule, l’aqueduc<br />

de Sylvius et le IVe ventricule. Les corps mamillaires sont toujours lésés et<br />

d’autres structures peuvent également être atteintes comme le thalamus,<br />

l’hypothalamus, la région périaqueducale mésencéphalique, le plancher du<br />

IVe ventricule et le vermis.<br />

Bien que les corps mamillaires, l’hypothalamus et la partie médiane du<br />

thalamus soient touchés dans l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke, la<br />

controverse subsiste concernant la lésion responsable de l’amnésie. Se basant<br />

sur les résultats d’autopsies de 43 cerveaux, Victor et al estiment que l’atteinte<br />

du noyau dorsomédian du thalamus est essentielle pour déclencher les<br />

troubles mnésiques [120]. Cependant, il n’a jamais était rapporté de syndrome<br />

de Korsakoff lié <strong>à</strong> une lésion isolée de ce noyau thalamique. C’est pourquoi il<br />

est généralement admis que les troubles mnésiques sont produits par l’atteinte<br />

combinée des corps mamillaires et du thalamus [75, 79]. Selon d’autres études<br />

neuropathologiques, les troubles mnésiques pourraient être provoqués par<br />

l’atteinte du diencéphale et de l’hippocampe [4, 79, 120]. Mais les lésions <strong>à</strong> ce<br />

niveau ne sont pas constantes ; elles pourraient aussi expliquer les troubles du<br />

comportement.<br />

Les études neuroradiologiques ont confirmé la présence de lésions du<br />

diencéphale dans le syndrome de Wernicke-Korsakoff et ont permis de révéler<br />

aussi une atteinte corticale au niveau des lobes frontaux et pariétaux, sous la<br />

forme d’une atrophie [23, 58, 105, 108].<br />

Syndrome de Korsakoff<br />

C’est la forme chronique de l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke. Elle se<br />

caractérise par un syndrome amnésique avec préservation relative des<br />

fonctions cognitives [57, 107]. Les patients sont totalement incapables<br />

d’enregistrer une information verbale ou non verbale, d’apprendre les noms<br />

des personnes, les nouveaux faits, même après répétition et oublient les<br />

informations fournies quelques minutes auparavant. Mais, en fait, il ne s’agit<br />

pas d’une perturbation de l’enregistrement immédiat des informations,<br />

puisque les patients sont capables de répéter les informations immédiatement.<br />

En revanche, si une tâche distrayante est effectuée pendant quelques<br />

secondes, les performances vont nettement diminuer. Ainsi, cette sensibilité<br />

accrue aux interférences est considérée comme la caractéristique de l’amnésie<br />

antérograde du syndrome de Korsakoff. Cela suggère que les interférences<br />

surviennent parce que le patient est incapable d’inhiber les informations<br />

distrayantes au moment de la récupération d’une information précise.<br />

Certains auteurs pensent que ce syndrome amnésique est dû <strong>à</strong> des difficultés<br />

<strong>à</strong> coder les attributs d’un stimulus. Les patients analyseraient les signes<br />

phonémiques et associatifs, mais négligeraient les signes sémantiques.<br />

Malgré les sévères déficits dans l’apprentissage, certaines zones de la<br />

mémoire sont préservées et notamment celle pour l’acquisition de nouvelles<br />

tâches motrices.<br />

Les patients souffrant d’un syndrome de Korsakoff ont également une atteinte<br />

de la mémoire rétrograde, avec une altération de la capacité <strong>à</strong> retrouver les<br />

faits autobiographiques ou publics, surtout du passé récent.<br />

Maladie de Marchiafava-Bignami<br />

Décrite pour la première fois en 1903 chez des buveurs de vin italiens, cette<br />

maladie est actuellement connue chez des gens de toutes nationalités<br />

consommant n’importe quelle boisson alcoolisée. Son mécanisme demeure<br />

encore inconnu, mais il entraîne une démyélinisation progressive avec<br />

nécrose de la partie médiane du corps calleux et de la commissure<br />

antérieure [3, 119]. Parfois les lésions peuvent s’étendre latéralement dans le<br />

centre semi-ovale, tout en respectant la capsule interne et le pied de la corona<br />

radiata, et également les fibres en U. L’aspect histologique est similaire <strong>à</strong> celui<br />

de la myélinolyse centropontine et comme ces deux maladies peuvent<br />

survenir chez le même patient, on suspecte un même mécanisme<br />

étiopathogénique [48].<br />

La plupart des patients souffrant de cette maladie sont alcooliques, dénutris<br />

ou souffrant d’une atteinte hépatique. Toutefois, elle peut survenir également<br />

lors d’intoxication aux cyanures et même en l’absence d’alcoolisme [63].<br />

Le début de la maladie peut être aigu, sous la forme d’un coma avec des crises<br />

d’épilepsie. Généralement, on remarque une sévère hypertonie avec un<br />

mutisme akinétique. Les formes lentement progressives arrivent au même<br />

tableau clinique entrecoupé d’épisodes évolutifs avec confusion, crise<br />

d’épilepsie et l’installation d’une hypertonie de plus en plus marquée<br />

conduisant <strong>à</strong> un état grabataire. Selon Boudin et al, le tableau clinique<br />

caractéristique comporterait une démence, une hypertonie, une astasie-abasie<br />

et une dysarthrie [16]. L’examen neuropsychologique permet de mettre en<br />

évidence des signes de dysconnexion calleuse : apraxie unilatérale, anosmie,<br />

dysconnexion auditive et visuelle. La résonance magnétique permet de<br />

confirmer le diagnostic par la mise en évidence de la démyélinisation du corps<br />

calleux. L’évolution se fait sur3<strong>à</strong>4ansenviron, mais des améliorations, tant<br />

cliniques que radiologiques, sont également rapportées [27, 82, 85, 131].<br />

Myélinolyse centropontine<br />

C’est une complication neurologique rare mais grave, principalement liée aux<br />

désordres électrolytiques (hyponatrémie) et <strong>à</strong> leur correction trop rapide [65].<br />

D’abord décrite chez l’alcoolique dénutri, elle peut se manifester en cas de<br />

cancer, d’hémopathie maligne, d’insuffisance rénale ou hépatique.<br />

Il s’agit d’une démyélinisation pure affectant principalement la protubérance,<br />

mais qui peut s’étendre <strong>à</strong> la substance blanche sous-corticale [17]. Beaucoup<br />

de formes sont asymptomatiques et sont découvertes lors d’une autopsie.<br />

Dans les formes symptomatiques, les patients présentent un syndrome<br />

pseudobulbaire caractérisé par des rires et des pleurs spasmodiques, une<br />

dysarthrie, une dysphagie, parfois un mutisme. Une atteinte tétrapyramidale<br />

s’y associe, pouvant aboutir <strong>à</strong> une tétraplégie. Il n’est pas rare que l’évolution<br />

se fasse vers un mutisme akinétique et se complique du décès du patient en<br />

2 <strong>à</strong> 4 semaines.<br />

Démence alcoolique<br />

Une démence alcoolique non liée aux causes décrites ci-dessus fait toujours<br />

l’objet d’une certaine controverse dans la littérature médicale. De nombreuses<br />

études neuropsychologiques ont montré que les patients alcooliques<br />

chroniques développaient des troubles cognitifs, surtout frontaux,<br />

principalement caractérisés par une apathie et un bradypsychisme et qui<br />

s’associeraient <strong>à</strong> une atrophie frontale [70, 87]. Ces troubles seraient<br />

proportionnels <strong>à</strong> la quantité d’alcool absorbée [89, 90].<br />

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