article en pdf - RTDH - Revue trimestrielle des droits de l'homme
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894 Rev. trim. dr. h. (60/2004)<br />
6. Le mariage suppose a priori la vie commune. Une telle exig<strong>en</strong>ce<br />
a soulevé <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés pour les personnes emprisonnées ( 26 ).<br />
Cep<strong>en</strong>dant, la jurisprud<strong>en</strong>ce europé<strong>en</strong>ne consacre la liberté matrimoniale<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes privées <strong>de</strong> liberté (affaires britanniques<br />
Hamer et Draper, rapp. préc.), y compris dans l’hypothèse <strong>de</strong> la<br />
condamnation à une peine perpétuelle (Draper, §§ 61-62). Le<br />
mariage pouvant « ai<strong>de</strong>r à stabiliser et à réadapter le dét<strong>en</strong>u »<br />
(Hamer et Draper, §§ 72 et 61), l’impossibilité <strong>de</strong> cohabiter avec le<br />
conjoint et <strong>de</strong> « consommer le mariage » durant l’accomplissem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> la peine ne peuv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter <strong><strong>de</strong>s</strong> préalables à l’exercice du<br />
droit <strong><strong>de</strong>s</strong> dét<strong>en</strong>us <strong>de</strong> se marier (Ibid., §§ 67 et 71). Pour autant, l’<strong>article</strong><br />
12 n’est pas violé par le refus d’autoriser les rapports conjugaux<br />
<strong>en</strong> prison, l’obstacle étant « imputable » au dét<strong>en</strong>u régulièrem<strong>en</strong>t<br />
condamné (déc. 21 mai 1975, X. c. Royaume-Uni, préc.). Ce<br />
refus n’<strong>en</strong>freint pas davantage l’<strong>article</strong> 8, même si l’on observe dans<br />
plusieurs pays <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> réforme t<strong>en</strong>dant à améliorer les<br />
conditions <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> favorisant les « visites conjugales » (déc.<br />
18 sept. 2001, Kalashnikov c. Russie ( 27 ); Aliev c. Ukraine, 29 avr.<br />
2003, § 188) ( 28 ).<br />
7. Les termes <strong>de</strong> l’<strong>article</strong> 12 n’impliqu<strong>en</strong>t pas le « droit au démariage<br />
» : dans la mesure où ils « vis<strong>en</strong>t la formation <strong>de</strong> relations<br />
conjugales et non leur dissolution », l’interdiction du divorce par la<br />
loi nationale, alors pourtant qu’elle <strong>en</strong>trave le remariage, « ne saurait,<br />
dans une société adhérant au principe <strong>de</strong> la monogamie, passer<br />
pour une atteinte à la substance même du droit garanti » par la<br />
Conv<strong>en</strong>tion (Johnston et a., § 52). Par contre, « l’<strong>article</strong> 12 ne distinguant<br />
pas <strong>en</strong>tre mariage et remariage » (F. c. Suisse, préc., § 33),<br />
une interdiction temporaire <strong>de</strong> remariage après divorce, frappant le<br />
conjoint jugé responsable <strong>de</strong> la désunion, est susceptible <strong>de</strong> toucher<br />
à la substance du droit au mariage. La question était au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong><br />
cette affaire suisse : <strong>de</strong>ux fois divorcé, un citoy<strong>en</strong> <strong>de</strong> ce pays avait<br />
été interdit <strong>de</strong> remariage p<strong>en</strong>dant un délai <strong>de</strong> trois ans <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong><br />
dispositions du co<strong>de</strong> civil permettant au juge <strong>de</strong> fixer un telle durée<br />
(26) F. Vasseur-Lambry, La famille et la C.E.D.H., L’Harmattan, 2000, pp. 122-<br />
127; M. Herzog-Evans, « Droit civil commun, droit europé<strong>en</strong> et incarcération », in<br />
F. Sudre (dir.), Le droit au respect <strong>de</strong> la vie familiale au s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la C.E.D.H., Bruylant,<br />
2002, pp. 242-257.<br />
(27) Req. n o 47095/99.<br />
(28) Quand le droit national autorise le recours à l’insémination artificielle, le<br />
rejet <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> visites conjugales <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> la procréation, prés<strong>en</strong>tée par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
requérants catholiques refusant ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction, ne constitue pas une<br />
infraction à l’<strong>article</strong> 9 <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion (déc. 22 oct. 1997, E.L.H. et P.B.H. c.<br />
Royaume-Uni, D.R. 91-A, 61).