Pollinisation en production de semences oléagineuses - ITSAP
Pollinisation en production de semences oléagineuses - ITSAP
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particulière n’est donnée au voisinage. Les<br />
agriculteurs avanc<strong>en</strong>t plusieurs raisons pour<br />
expliquer pourquoi les voisins ne sont pas<br />
informés. Les réponses concern<strong>en</strong>t à la fois le<br />
risque pour <strong>de</strong>s prom<strong>en</strong>eurs ou <strong>de</strong>s agriculteurs,<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s colonies d’abeilles<br />
autour <strong>de</strong>s parcelles, que celui <strong>de</strong>s traitem<strong>en</strong>ts<br />
phytosanitaires sur les abeilles : les voisins peuv<strong>en</strong>t<br />
être loin ; il n’y a pas d’intérêt <strong>de</strong> les informer <strong>de</strong> la<br />
prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s ruches ; ils ne trait<strong>en</strong>t pas leurs<br />
parcelles ou travaill<strong>en</strong>t aussi avec <strong>de</strong>s ruches ; les<br />
ruches sont visibles ; l’apiculteur doit être<br />
suffisamm<strong>en</strong>t compét<strong>en</strong>t pour positionner les<br />
ruches sans que cela nuis<strong>en</strong>t aux voisins… Ou par<br />
néglig<strong>en</strong>ce ou manque <strong>de</strong> communication <strong>en</strong>tre<br />
voisins.<br />
Les pratiques <strong>de</strong>s agriculteurs relatées par cette<br />
<strong>en</strong>quête montr<strong>en</strong>t qu’une majorité d’<strong>en</strong>tre eux est<br />
consci<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s préjudices que les traitem<strong>en</strong>ts<br />
phytosanitaires peuv<strong>en</strong>t causer aux abeilles et<br />
essaie d’adapter ses pratiques <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />
ruches sur les parcelles. À noter que cette prise <strong>de</strong><br />
consci<strong>en</strong>ce est uniquem<strong>en</strong>t due à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />
ruches et ne concerne donc que les abeilles<br />
domestiques sur une pério<strong>de</strong> et une culture bi<strong>en</strong><br />
ciblée, et non pas l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la faune<br />
pollinisatrice sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la saison.<br />
Le service r<strong>en</strong>du par l’abeille pour la pollinisation<br />
<strong>de</strong>s cultures sem<strong>en</strong>cières <strong>oléagineuses</strong> semble<br />
intéressant pour les agriculteurs comme pour les<br />
apiculteurs pour la viabilité technico-économique<br />
<strong>de</strong> leurs exploitations. Il apparaît malgré tout que<br />
cette démarche puisse impacter les colonies<br />
d’abeilles. D’après les apiculteurs <strong>en</strong>quêtés, ils sont<br />
un tiers à avoir constaté un affaiblissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />
population <strong>de</strong>s colonies p<strong>en</strong>dant ou après la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pollinisation, et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />
sur le tournesol (huit contre seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux pour<br />
le colza). En revanche, aucune mortalité massive<br />
d’abeilles <strong>en</strong> saison n’a été rapportée par les<br />
apiculteurs. Plusieurs hypothèses sont avancées<br />
sans réels constats clairs sur l’origine <strong>de</strong> la cause :<br />
les traitem<strong>en</strong>ts phytosanitaires souv<strong>en</strong>t décrits<br />
comme trop nombreux ou mal pratiqués par les<br />
loueurs <strong>de</strong> ruches ou év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t par les<br />
voisins sont évoqués ; la caractéristique « non<br />
mellifère » du tournesol est relevée, ce qui r<strong>en</strong>d la<br />
plante peu attractive et peu productrice <strong>de</strong> nectar<br />
et poll<strong>en</strong> pour les abeilles ; le manque général <strong>de</strong><br />
ressources alim<strong>en</strong>taires sur les territoires où sont<br />
apportées les colonies ; ou <strong>en</strong>core les phénomènes<br />
rest<strong>en</strong>t inexpliqués par les apiculteurs.<br />
La plupart <strong>de</strong> ces apiculteurs témoignant <strong>de</strong><br />
problèmes sur leurs colonies d’abeilles<br />
domestiques font un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les pertes<br />
observées sur le cheptel et la prestation <strong>de</strong> service<br />
<strong>en</strong> pollinisation, <strong>en</strong> avançant les raisons évoquées<br />
précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t. Malheureusem<strong>en</strong>t, lorsque <strong>de</strong>s<br />
problèmes sont r<strong>en</strong>contrés, les apiculteurs ne s’<strong>en</strong><br />
aperçoiv<strong>en</strong>t parfois que bi<strong>en</strong> plus tard, lors <strong>de</strong>s<br />
miellées suivantes ou lors <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong>s<br />
colonies pour l’hivernage. Bi<strong>en</strong> que certains<br />
abord<strong>en</strong>t le sujet sans complexe avec le<br />
multiplicateur, les recherches approfondies sur les<br />
causes exactes sont très rarem<strong>en</strong>t effectuées. Les<br />
apiculteurs se retrouv<strong>en</strong>t vite démunis face à une<br />
dépopulation ou effondrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la colonie dont<br />
les causes peuv<strong>en</strong>t être multiples ou difficiles à<br />
déterminer.<br />
Figure 8. R<strong>en</strong>contres « bout <strong>de</strong> champ » <strong>en</strong>tre apiculteurs et<br />
multiplicateurs <strong>de</strong> sem<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> Rhône-Alpes (F. Allier/<strong>ITSAP</strong>-<br />
Institut <strong>de</strong> l’abeille, 2012).<br />
De l’eau pour les cultures et pour les<br />
abeilles<br />
Il est important <strong>de</strong> rappeler qu’une colonie<br />
d’abeilles domestiques consomme plusieurs litres<br />
d’eau par jour lors <strong>de</strong>s fortes températures<br />
estivales, afin <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir une température<br />
constante dans la ruche et assurer la fabrication <strong>de</strong><br />
la nourriture larvaire et la gelée royale. Aussi,<br />
certains <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts où sont implantées <strong>de</strong>s<br />
cultures à polliniser peuv<strong>en</strong>t se révéler pauvres <strong>en</strong><br />
eau disponible. Il s’avère que dans la plupart <strong>de</strong>s<br />
cas (plus <strong>de</strong> 70 % <strong>de</strong>s agriculteurs interrogés),<br />
aucun point d’eau supplém<strong>en</strong>taire n’est mis à<br />
disposition par la personne hôte. Ils précis<strong>en</strong>t que<br />
<strong>de</strong> nombreux points d’eau naturels exist<strong>en</strong>t à<br />
proximité tels que <strong>de</strong>s rivières, <strong>de</strong> petits ruisseaux,<br />
<strong>de</strong>s mares ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s lacs. D’autres p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t<br />
que l’arrosage <strong>de</strong> leurs cultures suffit à abreuver les<br />
abeilles (10 % d’<strong>en</strong>tre eux). Quelques agriculteurs<br />
estim<strong>en</strong>t que cette installation relève du rôle <strong>de</strong><br />
l’apiculteur, ce que certains pratiqu<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Pollinisation</strong> <strong>en</strong> <strong>production</strong> <strong>de</strong> sem<strong>en</strong>ces <strong>oléagineuses</strong> : une coopération technique <strong>en</strong>tre agriculteurs et apiculteurs – 21