Consulter l'article - Institut Panos Paris
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Journal du Citoyen A l’affi che<br />
Marché de la Liberté, modèle de la propreté<br />
Construit sous le règne de<br />
Laurent-Désiré Kabila, le marché<br />
de la Liberté est, selon plusieurs<br />
Kinois, le plus propre de la capitale<br />
de la RDC. Situé à Masina,<br />
une commune populeuse de<br />
l’ancien district de la Tshangu,<br />
ce lieu public où se vendent divers<br />
articles, s’affermit dans la<br />
propreté et fait la fi erté de la ville<br />
de Kinshasa.<br />
Il est 8 h 30. Le soleil est déjà au<br />
rendez-vous depuis une heure et<br />
demie. L’espace vert qui longe le<br />
boulevard Lumumba est propre.<br />
Pas d’eau stagnante, malgré la<br />
grande pluie qui s’est abattue la<br />
veille sur la ville. Pas de sachets<br />
sur le lieu. Des robinets raccordés<br />
aux tuyaux arrosent la pelouse.<br />
Sous les quelques rares arbres<br />
visibles dans ce parc sont installées<br />
des banquettes. Elles offrent<br />
aux visiteurs un cadre idéal<br />
pour se reposer. Des fi ls barbelés<br />
empêchent toute incursion incontrôlée<br />
des piétons dans cette aire<br />
bien aménagée. Malgré d’intenses<br />
et bruyantes activités le long du<br />
boulevard et dans le grand parking,<br />
cet endroit est une véritable<br />
zone neutre.<br />
Les travaux d’entretien sont<br />
courants<br />
Ce mercredi, quelque chose<br />
cloche. Vendeurs et acheteurs sont<br />
présents, pourtant tous les étalages<br />
sont couverts. On aperçoit ça et là<br />
Focus<br />
«Toute personne a droit à un<br />
environnement sain et propice<br />
à son épanouissement intégral.<br />
Elle a le devoir de le défendre.<br />
L’Etat veille à la protection de<br />
l’environnement et à la santé<br />
de la population », stipule l’article<br />
53 de la Constitution de la<br />
RDC.<br />
Pour répondre à cette exigence<br />
constitutionnelle, l’Hôtel de<br />
ville de Kinshasa a mis sur pied,<br />
en 2008, un service appelé Régie<br />
d’Assainissement et des Travaux<br />
Publics de Kinshasa (RATPK).<br />
La RATPK est née des cendres<br />
de l’ancienne Coordination d’Assainissement<br />
et Travaux Publics<br />
de Kinshasa. Service public, il<br />
jouit d’une autonomie de gestion<br />
et fi nancière et est dotée d’une<br />
personnalité juridique.<br />
Il travaille sous une double<br />
tutelle : il dépend à la fois du ministère<br />
provincial de l’Environnement,<br />
Education, Communication<br />
et Genre et de celui du Plan, Budget,<br />
Travaux publics et Infrastructures.<br />
Environnementaliste, Christophe<br />
Lungimba, chef de bureau<br />
informatique et statistique, renseigne<br />
que cette structure a pour<br />
mission de s’occuper de tous les<br />
2<br />
Avec un personnel exclusivement congolais, le marché de la Liberté démontre<br />
qu’avec un peu de volonté, la culture de proprété est possible. (Photo JDC)<br />
des hommes et des femmes qui<br />
s’occupent à mettre de la propreté<br />
partout. Coup de balai ici, jet d’eau<br />
là-bas, et vidange des poubelles<br />
un peu plus loin. Des hommes en<br />
uniforme kaki circulent dans toutes<br />
les allées des vingt et un pavillons<br />
de ce grand marché. Ce sont les<br />
agents de sécurité. Ils veillent au<br />
strict respect du «salongo» (travail<br />
collectif d’entretien, NDLR).<br />
«C’est depuis plus d’un quart<br />
d’heure que je suis là, pourquoi<br />
vous ne me vendez rien ?» s’étonne<br />
un homme, la quarantaine<br />
révolue, visiblement intrigué de<br />
constater que personne ne vend.<br />
«Papa, lui rétorque la vendeuse,<br />
chaque mercredi et chaque vendredi,<br />
la vente commence seule-<br />
ment à 9h00, après l’entretien du<br />
marché». A peine a-t-elle fi ni d’informer<br />
son interlocuteur, retentit<br />
le siffl et. «C’est la fi n du salongo,<br />
dit-elle, nous pouvons maintenant<br />
dévoiler nos marchandises». «Je<br />
comprends maintenant pourquoi le<br />
marché de la Liberté est beaucoup<br />
plus propre que les autres marchés<br />
de la ville», lance l’acheteur<br />
d’un air satisfait.<br />
Un service d’assainissement<br />
et de salubrité effi cace<br />
Le bureau du chargé de mission<br />
est situé au fl anc gauche du marché.<br />
C’est un bâtiment modeste,<br />
mais dont l’ordre, la sérénité et la<br />
propreté frappent aux yeux. Ce<br />
n’est pas ici où nous aurons les ex-<br />
JDC Journal-école n°48 - du 25 au 31 octobre 2010<br />
plications dont nous avons besoin.<br />
C’est plutôt en plein marché, en<br />
face du pavillon 16 où se trouve le<br />
service de salubrité et d’assainissement.<br />
Ici aussi, l’environnement<br />
est propre.<br />
«Nous sommes parvenus à garder<br />
ce marché dans cet état grâce<br />
aux services de nettoyage et de<br />
curage. Ce sont des journaliers<br />
qui les tiennent», révèle Mawa<br />
Kalayo, coordonnateur chargé de<br />
l’assainissement et de la salubrité.<br />
«Ceux-ci, poursuit-il, sont regroupés<br />
en deux équipes. L’une travaille<br />
le matin, avant l’ouverture, et<br />
l’autre intervient le soir, après la fermeture<br />
du marché. Ils sont payés<br />
grâce à la taxe de salubrité».<br />
«Toutes les immondices recueillies,<br />
enchaîne notre interlocuteur,<br />
sont entreposées dans de<br />
grandes poubelles disséminées<br />
dans tout le marché, avant leur<br />
acheminement à Kinkole, dans le<br />
dépotoir de l’Union européenne».<br />
Des efforts à faire<br />
Hormis quelques couches de<br />
saleté qui persistent dans divers<br />
endroits du marché, l’espace pavé<br />
est généralement non pollué.<br />
De l’autre coté, les choses ne<br />
sont pas pareilles. Des morceaux<br />
de bois rattachés, soit avec un fi l<br />
de fer, soit avec des lianes sauvages<br />
ou carrément avec des linges<br />
servent de véritables étalages de<br />
fortune. Ici, on expose tout ce dont<br />
on peut avoir besoin pour une cuisine<br />
«à la congolaise».<br />
Richard MUKENDI<br />
Gros plan sur la Régie d’Assainissement<br />
et des Travaux Publics de Kinshasa<br />
travaux ayant trait à l’assainissement<br />
et aux travaux publics dans<br />
la ville de Kinshasa.<br />
Diffi cultés logistiques<br />
Le service d’hygiène et de l’assainissement<br />
de Kinshasa connaît<br />
d’énormes diffi cultés pour<br />
son fonctionnement. «Ce service<br />
n’a pas disparu, mais il connaît<br />
un séreux problème de moyens,<br />
témoigne Christophe Lungimba.<br />
La RATPK ne dispose pas des<br />
moyens motorisés, des engins<br />
pour réaliser les tâches relevant<br />
de sa compétence tels que le curage<br />
des caniveaux, le nettoyage<br />
et balayage des rues, ainsi que la<br />
désinsectisation de certains quartiers<br />
de la ville».<br />
Toutefois, il a reconnu que l’Hôtel<br />
de ville avait reçu des engins,<br />
mais qui ne sont pas encore mis à<br />
la disposition de la RATPK. Raison<br />
avancée : il se pose un problème<br />
d’emplacement et/ou de garage.<br />
Devoir de la population<br />
Pour rendre la ville salubre, il<br />
faut disposer des moyens fi nanciers<br />
et logistiques conséquents.<br />
A ce sujet, Athanase Kwete, Secrétaire<br />
à la direction générale de<br />
la RATPK, invite l’autorité urbaine<br />
à instituer, par un texte de loi, le<br />
paiement des taxes. «Malheureusement,<br />
regrette-t-il, un tel texte<br />
n’existe pas». Par ailleurs, il avoue<br />
que les investisseurs privés sont<br />
butés à ce problème de manque<br />
de taxe.<br />
Pour Athanase Kwete, il appartient<br />
à la population kinoise, qui<br />
produit les déchets, les immondices…<br />
de prendre en charge la Régie<br />
en payant des taxes selon les<br />
principes pollueurs.<br />
Payer les taxes<br />
«En tant que première productrice,<br />
la population doit être en<br />
mesure de payer les services qui<br />
collectent et évacuent les déchets<br />
et autres saletés qui jonchent les<br />
rues de Kinshasa», soutient-il.<br />
En fait, le paiement de ces<br />
taxes reste une obligation constitutionnelle.<br />
L’article 65 de la Constitution<br />
indique que «tout Congolais<br />
est tenu de remplir loyalement<br />
ses obligations vis-à-vis de l’Etat.<br />
Il a, en outre, le devoir de s’acquitter<br />
de ses impôts et taxes».<br />
Source de fi nancement<br />
La RATPK fonctionne grâce au<br />
fi nancement de l’Hôtel de ville de<br />
Kinshasa en terme de dotation.<br />
Dans l’avenir, elle pourra fonctionner<br />
avec les frais des taxes, mais<br />
aussi avec l’appui des partenaires<br />
tant bilatéraux que multilatéraux,<br />
notamment l’Union Européenne.<br />
Au niveau de la RATPK, on indique<br />
qu’on envisage de solliciter le<br />
concours du PNUD dans le cadre<br />
de la recherche de fi nancement.<br />
En attendant, une campagne de<br />
sensibilisation est menée depuis<br />
deux semaines à travers tous les<br />
marchés de la ville de Kinshasa.<br />
Pour atteindre les objectifs assignés,<br />
les bourgmestres de toutes<br />
les communes de la capitale<br />
sont associés. Ces derniers vont<br />
travailler à leur tour avec les administrateurs<br />
des marchés.<br />
Valoriser les déchets<br />
Selon des sources, la Régie va<br />
s’atteler à valoriser les déchets qui<br />
sont récoltés dans les différents<br />
marchés. Une partie de cellesci<br />
devra servir aux maraîchères<br />
pour la fabrication des composts.<br />
En plus, les sachets recyclés seront<br />
utilisés par les entreprises qui<br />
fabriquent des pavés, des tuyaux<br />
enPVC, ainsi que bien d’autres<br />
produits en plastique.<br />
Les morceaux de bouteille seront<br />
traités par des bouteilleries et<br />
les métaux par les sociétés métallurgiques.<br />
Blaise ZAMA<br />
l