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Le Programme d’Assainissement<br />

Urbain de Kinshasa (PAUK),<br />

financé par l’Union Européenne,<br />

accomplit un grand travail de salubrité<br />

à travers la ville de Kinshasa.<br />

Dans sa phase actuelle, le<br />

PAUK a aménagé, spécialement<br />

dans les communes de la Gombe,<br />

de Kinshasa et de Barumbu,<br />

des stations de transfert des déchets.<br />

Ces stations sont des dépotoirs<br />

publics où convergent chaque<br />

jour des tireurs des chariots (pousse-<br />

JDC Journal-école n°48 - du 25 au 31 octobre 2010<br />

Sommaire<br />

Marché de la Liberté : le modèle de la propreté dans<br />

la ville de Kinshasa : ......................................................P. 2<br />

Focus : gros plan sur la Régie d’Assainissement<br />

et des Travaux Publics de Kinshasa .........................P. 2<br />

Maurizio Filippi : «Notre priorité pour le moment est<br />

de dépouiller Kinshasa des immondices».............. P. 3<br />

Kinshasa : le marché central et ses environs sous<br />

le poids des immondices..................................... P. 4<br />

Assainissement de Kinshasa : le PAUK réduit<br />

la menace des maladies endémiques<br />

Grâce au projet PAUK, les Kinois ont désormais des stations de transfert<br />

où ils peuvent gratuitement déposer leurs ordures. (Photo JDC)<br />

pousseurs) avec leurs engins pleins<br />

de déchets de toute nature, ramassés<br />

à travers les différents quartiers<br />

de ces communes. Ces déversoirs<br />

sont construits à des endroits dégagés<br />

et au bord de grandes artères<br />

afin de permettre aux camions bennes<br />

du PAUK d’enlever facilement<br />

de grosses poubelles métalliques<br />

installées.<br />

Dans la commune de Kinshasa,<br />

on peut facilement voir une station<br />

de transfert sur l’avenue de la Démocratie<br />

(ex-Huileries) aux environs du<br />

marché bordant la voie ferrée. Dans<br />

la commune voisine de Kinshasa,<br />

une importante station est construite<br />

au croisement des avenues Funa et<br />

Bokassa, près de l’ancien déversoir<br />

public, à côté du marché «Somba<br />

zikida».<br />

Les stations de l’Académie des<br />

Beaux-Arts, du Palais de justice, de<br />

Kalume et celle du ministère de la<br />

Fonction Publique constituent les<br />

principales pour la commune de la<br />

Gombe.<br />

Gestion et traitement<br />

des déchets<br />

Chaque jour, à l’aide des outils<br />

appropriés, des ouvriers en salopettes<br />

vertes travaillent dans ces stations<br />

pour gérer les déchets de ménage<br />

et autres résidus y déversés.<br />

Leur tâche, à ce stade, consiste à<br />

contenir tous ces déchets dans des<br />

grosses poubelles métalliques qui<br />

devront être évacuées par des camions<br />

bennes du PAUK.<br />

Aussitôt récupérées, ces poubelles<br />

sont acheminées au-delà de<br />

l’aéroport de N’Djili, à la cité périphérique<br />

de Mpasa 4 où le PAUK a<br />

installé un centre d’enfouissement<br />

technique pour le traitement final<br />

des déchets. Ce centre est un vaste<br />

espace de 250 ha dont 30 sont actuellement<br />

mis en valeur.<br />

Pour leur traitement, les immondices<br />

récupérées dans les milieux<br />

urbains sont versées dans de grands<br />

puits appelés «casiers». Ils sont garnis<br />

des bâches étanches pour éviter<br />

d’affecter le sol. Le «casier» rempli<br />

des déchets est couvert et muni<br />

d’un filtre qui permet de recueillir un<br />

Marché de Selembao : le règne de l’insalubrité<br />

Le marché de Selembao laisse à<br />

désirer. Son entretien pose problème.<br />

Ceux qui le fréquentent au<br />

quotidien se retrouvent sur un site<br />

envahi par un tas d’ordures, de<br />

boues, d’eaux de pluie et d’odeurs<br />

nauséabondes. Curieusement, les<br />

vendeurs qui opèrent dans ce marché,<br />

situé autour de l’ex-avenue du<br />

24 novembre, ne semblent fournir<br />

aucun effort pour le rendre propre.<br />

Comme tous les jours ouvrables,<br />

le marché de Selembao est animé<br />

en ce début d’après-midi du vendredi<br />

15 octobre. A 13h00, heure de<br />

pointe, le lieu est très fréquenté par<br />

des clients en quête des vivres. Les<br />

gens se bousculent entre les étalages<br />

à cause de l’étroitesse du passage.<br />

Se muer en acrobates<br />

De nombreuses flaques d’eaux<br />

sales et de tas d’immondices qui<br />

pullulent dans ce site contraignent<br />

les passants à des acrobaties pour<br />

mieux se mouvoir. Aux aguets, sur<br />

le qui-vive, ils sont prêts à sauter le<br />

moindre obstacle pour éviter de se<br />

salir. D’autres n’hésitent pas à cou-<br />

rir pour ne pas aspirer les odeurs<br />

nauséabondes. Les plus courageux<br />

se pincent carrément le nez, même<br />

quand ils achètent ou se livrent au<br />

marchandage des prix.<br />

Les vendeurs de ce marché étalent<br />

à même le sol des légumes, des<br />

épices, des vivres frais, sans se soucier<br />

de la saleté ambiante.<br />

Plus préoccupés par le lucre que<br />

par les conditions hygiéniques, ils ne<br />

se gênent pas d’exercer leur commerce,<br />

voire de manger, de dormir,<br />

d’écouter la musique… dans cet<br />

environnement insalubre qui les expose<br />

aux maladies des mains sales,<br />

par manque d’hygiène.<br />

Sur les étalages comme aux<br />

alentours, le milieu draine des mouches,<br />

des moustiques, des cafards<br />

et d’autres insectes nuisibles. On se<br />

rend vite compte que le service d’hygiène<br />

ne fonctionne plus ici depuis<br />

belle lurette.<br />

Les vendeurs pointés du doigt<br />

«Ce marché a un problème très<br />

sérieux que je n’arrive pas, personnellement,<br />

à expliquer, se plaint<br />

Jean-Claude M., 57 ans, pousse-<br />

pousseur (tireur du chariot chargé<br />

de ramasser des ordures, NDLR).<br />

Je suis ramasseur des déchets dans<br />

différents marchés de ce secteur depuis<br />

longtemps. Mais, j’ai remarqué<br />

que les vendeurs d’ici ne se mobilisent<br />

pas pour assurer la propreté de<br />

leur milieu. S’ils avaient l’habitude<br />

de payer un groupe de jeunes pour<br />

balayer le marché, ce serait déjà un<br />

grand pas».<br />

Enoch Mandi, 23 ans, abonde<br />

dans le même sens. «Ici à Selembao,<br />

tempête-t-il, les administrateurs<br />

des marchés ne se soucient pas de<br />

nous et de notre environnement.<br />

Quand, à bord d’un véhicule, nous<br />

traversons l’endroit où se situe le<br />

marché, nous avons du mal à respirer<br />

lors des embouteillages suite<br />

aux odeurs nauséabondes. Les vendeurs<br />

doivent eux-mêmes rendre ce<br />

marché propre, avant que les autorités<br />

ne viennent à leur rescousse».<br />

Pas de culture de «salongo»<br />

«Contrairement aux autres vendeurs<br />

de différents marchés de Kinshasa,<br />

ceux de Selembao n’ont pas la<br />

culture de «salongo» (travail collectif<br />

jus résultant de la fermentation des<br />

déchets canalisés vers des bassins<br />

construits pour cet usage. A ce jour,<br />

au total 690.000 m 3 d’ordures ont été<br />

collectées et mises en décharge.<br />

Des caniveaux pour<br />

le drainage des eaux<br />

Le travail de salubrité dans la ville<br />

de Kinshasa, financé par l’Union<br />

Européenne, consiste également à<br />

construire des caniveaux pour drainer<br />

les eaux de pluie et assainir les<br />

sites inondables. Ainsi, le PAUK a<br />

actuellement construit 27.940 m de<br />

caniveaux en partenariat avec 160<br />

entreprises locales.<br />

En plus, 15 sites inondables sur<br />

les 17 retenus ont été assainis. La<br />

hauteur moyenne d’eau a été sensiblement<br />

réduite dans ces zones,<br />

passant de 46 à 1cm, et la durée<br />

d’écoulement des eaux de la pluie<br />

est passée de quatre jours à deux<br />

heures. Grâce au travail de canalisation<br />

effectué le long de la rivière<br />

Bitshakutshaku, l’évacuation des<br />

eaux de pluie et des eaux usées<br />

se fait aujourd’hui facilement. Cette<br />

situation a globalement fait chuter<br />

à plus ou moins 65% le nombre de<br />

cas des maladies endémiques telles<br />

que la malaria, la fièvre typhoïde, la<br />

dysenterie, la verminose…<br />

L’objectif visé par le PAUK est de<br />

lutter contre la pauvreté des populations<br />

les plus vulnérables en améliorant<br />

le cadre de vie, particulièrement<br />

celui des habitants des quartiers défavorisés.<br />

Hubert MWIPATAYI<br />

et Achille EKELE<br />

d’entretien, NDLR), commente un<br />

observateur. Ils attendent bien souvent<br />

l’intervention de l’Hôtel de ville<br />

de Kinshasa ou de leurs autorités locales<br />

pour assainir leur milieu».<br />

Vendeuse, Clarisse Tumba, 33<br />

ans, n’est pas tout à fait d’accord<br />

avec cette opinion. «Moi, je balaye<br />

mon espace avant d’étaler mes produits,<br />

même si je ne dispose pas<br />

d’une table, avoue-t-elle. Toutefois,<br />

je condamne tout d’abord les administrateurs<br />

du marché qui ne se<br />

donnent pas la peine de rendre notre<br />

environnement propre. Ils se contentent<br />

juste de collecter les 100 FC de<br />

taxe que chaque vendeur débourse<br />

au quotidien pour financer un service<br />

d’entretien qui n’existe que de<br />

nom».<br />

«L’insalubrité, poursuit-elle, nous<br />

dérange surtout quand il pleut. On<br />

voit, dès lors, des eaux de pluie traîner<br />

pendant plusieurs semaines,<br />

laissant échapper des odeurs insupportables.<br />

Nous demandons au<br />

gouvernement de penser à nous,<br />

de nous construire aussi un marché<br />

beau et viable comme le marché de<br />

la Liberté, à Masina».<br />

Christelle MPOP<br />

1


Journal du Citoyen A l’affi che<br />

Marché de la Liberté, modèle de la propreté<br />

Construit sous le règne de<br />

Laurent-Désiré Kabila, le marché<br />

de la Liberté est, selon plusieurs<br />

Kinois, le plus propre de la capitale<br />

de la RDC. Situé à Masina,<br />

une commune populeuse de<br />

l’ancien district de la Tshangu,<br />

ce lieu public où se vendent divers<br />

articles, s’affermit dans la<br />

propreté et fait la fi erté de la ville<br />

de Kinshasa.<br />

Il est 8 h 30. Le soleil est déjà au<br />

rendez-vous depuis une heure et<br />

demie. L’espace vert qui longe le<br />

boulevard Lumumba est propre.<br />

Pas d’eau stagnante, malgré la<br />

grande pluie qui s’est abattue la<br />

veille sur la ville. Pas de sachets<br />

sur le lieu. Des robinets raccordés<br />

aux tuyaux arrosent la pelouse.<br />

Sous les quelques rares arbres<br />

visibles dans ce parc sont installées<br />

des banquettes. Elles offrent<br />

aux visiteurs un cadre idéal<br />

pour se reposer. Des fi ls barbelés<br />

empêchent toute incursion incontrôlée<br />

des piétons dans cette aire<br />

bien aménagée. Malgré d’intenses<br />

et bruyantes activités le long du<br />

boulevard et dans le grand parking,<br />

cet endroit est une véritable<br />

zone neutre.<br />

Les travaux d’entretien sont<br />

courants<br />

Ce mercredi, quelque chose<br />

cloche. Vendeurs et acheteurs sont<br />

présents, pourtant tous les étalages<br />

sont couverts. On aperçoit ça et là<br />

Focus<br />

«Toute personne a droit à un<br />

environnement sain et propice<br />

à son épanouissement intégral.<br />

Elle a le devoir de le défendre.<br />

L’Etat veille à la protection de<br />

l’environnement et à la santé<br />

de la population », stipule l’article<br />

53 de la Constitution de la<br />

RDC.<br />

Pour répondre à cette exigence<br />

constitutionnelle, l’Hôtel de<br />

ville de Kinshasa a mis sur pied,<br />

en 2008, un service appelé Régie<br />

d’Assainissement et des Travaux<br />

Publics de Kinshasa (RATPK).<br />

La RATPK est née des cendres<br />

de l’ancienne Coordination d’Assainissement<br />

et Travaux Publics<br />

de Kinshasa. Service public, il<br />

jouit d’une autonomie de gestion<br />

et fi nancière et est dotée d’une<br />

personnalité juridique.<br />

Il travaille sous une double<br />

tutelle : il dépend à la fois du ministère<br />

provincial de l’Environnement,<br />

Education, Communication<br />

et Genre et de celui du Plan, Budget,<br />

Travaux publics et Infrastructures.<br />

Environnementaliste, Christophe<br />

Lungimba, chef de bureau<br />

informatique et statistique, renseigne<br />

que cette structure a pour<br />

mission de s’occuper de tous les<br />

2<br />

Avec un personnel exclusivement congolais, le marché de la Liberté démontre<br />

qu’avec un peu de volonté, la culture de proprété est possible. (Photo JDC)<br />

des hommes et des femmes qui<br />

s’occupent à mettre de la propreté<br />

partout. Coup de balai ici, jet d’eau<br />

là-bas, et vidange des poubelles<br />

un peu plus loin. Des hommes en<br />

uniforme kaki circulent dans toutes<br />

les allées des vingt et un pavillons<br />

de ce grand marché. Ce sont les<br />

agents de sécurité. Ils veillent au<br />

strict respect du «salongo» (travail<br />

collectif d’entretien, NDLR).<br />

«C’est depuis plus d’un quart<br />

d’heure que je suis là, pourquoi<br />

vous ne me vendez rien ?» s’étonne<br />

un homme, la quarantaine<br />

révolue, visiblement intrigué de<br />

constater que personne ne vend.<br />

«Papa, lui rétorque la vendeuse,<br />

chaque mercredi et chaque vendredi,<br />

la vente commence seule-<br />

ment à 9h00, après l’entretien du<br />

marché». A peine a-t-elle fi ni d’informer<br />

son interlocuteur, retentit<br />

le siffl et. «C’est la fi n du salongo,<br />

dit-elle, nous pouvons maintenant<br />

dévoiler nos marchandises». «Je<br />

comprends maintenant pourquoi le<br />

marché de la Liberté est beaucoup<br />

plus propre que les autres marchés<br />

de la ville», lance l’acheteur<br />

d’un air satisfait.<br />

Un service d’assainissement<br />

et de salubrité effi cace<br />

Le bureau du chargé de mission<br />

est situé au fl anc gauche du marché.<br />

C’est un bâtiment modeste,<br />

mais dont l’ordre, la sérénité et la<br />

propreté frappent aux yeux. Ce<br />

n’est pas ici où nous aurons les ex-<br />

JDC Journal-école n°48 - du 25 au 31 octobre 2010<br />

plications dont nous avons besoin.<br />

C’est plutôt en plein marché, en<br />

face du pavillon 16 où se trouve le<br />

service de salubrité et d’assainissement.<br />

Ici aussi, l’environnement<br />

est propre.<br />

«Nous sommes parvenus à garder<br />

ce marché dans cet état grâce<br />

aux services de nettoyage et de<br />

curage. Ce sont des journaliers<br />

qui les tiennent», révèle Mawa<br />

Kalayo, coordonnateur chargé de<br />

l’assainissement et de la salubrité.<br />

«Ceux-ci, poursuit-il, sont regroupés<br />

en deux équipes. L’une travaille<br />

le matin, avant l’ouverture, et<br />

l’autre intervient le soir, après la fermeture<br />

du marché. Ils sont payés<br />

grâce à la taxe de salubrité».<br />

«Toutes les immondices recueillies,<br />

enchaîne notre interlocuteur,<br />

sont entreposées dans de<br />

grandes poubelles disséminées<br />

dans tout le marché, avant leur<br />

acheminement à Kinkole, dans le<br />

dépotoir de l’Union européenne».<br />

Des efforts à faire<br />

Hormis quelques couches de<br />

saleté qui persistent dans divers<br />

endroits du marché, l’espace pavé<br />

est généralement non pollué.<br />

De l’autre coté, les choses ne<br />

sont pas pareilles. Des morceaux<br />

de bois rattachés, soit avec un fi l<br />

de fer, soit avec des lianes sauvages<br />

ou carrément avec des linges<br />

servent de véritables étalages de<br />

fortune. Ici, on expose tout ce dont<br />

on peut avoir besoin pour une cuisine<br />

«à la congolaise».<br />

Richard MUKENDI<br />

Gros plan sur la Régie d’Assainissement<br />

et des Travaux Publics de Kinshasa<br />

travaux ayant trait à l’assainissement<br />

et aux travaux publics dans<br />

la ville de Kinshasa.<br />

Diffi cultés logistiques<br />

Le service d’hygiène et de l’assainissement<br />

de Kinshasa connaît<br />

d’énormes diffi cultés pour<br />

son fonctionnement. «Ce service<br />

n’a pas disparu, mais il connaît<br />

un séreux problème de moyens,<br />

témoigne Christophe Lungimba.<br />

La RATPK ne dispose pas des<br />

moyens motorisés, des engins<br />

pour réaliser les tâches relevant<br />

de sa compétence tels que le curage<br />

des caniveaux, le nettoyage<br />

et balayage des rues, ainsi que la<br />

désinsectisation de certains quartiers<br />

de la ville».<br />

Toutefois, il a reconnu que l’Hôtel<br />

de ville avait reçu des engins,<br />

mais qui ne sont pas encore mis à<br />

la disposition de la RATPK. Raison<br />

avancée : il se pose un problème<br />

d’emplacement et/ou de garage.<br />

Devoir de la population<br />

Pour rendre la ville salubre, il<br />

faut disposer des moyens fi nanciers<br />

et logistiques conséquents.<br />

A ce sujet, Athanase Kwete, Secrétaire<br />

à la direction générale de<br />

la RATPK, invite l’autorité urbaine<br />

à instituer, par un texte de loi, le<br />

paiement des taxes. «Malheureusement,<br />

regrette-t-il, un tel texte<br />

n’existe pas». Par ailleurs, il avoue<br />

que les investisseurs privés sont<br />

butés à ce problème de manque<br />

de taxe.<br />

Pour Athanase Kwete, il appartient<br />

à la population kinoise, qui<br />

produit les déchets, les immondices…<br />

de prendre en charge la Régie<br />

en payant des taxes selon les<br />

principes pollueurs.<br />

Payer les taxes<br />

«En tant que première productrice,<br />

la population doit être en<br />

mesure de payer les services qui<br />

collectent et évacuent les déchets<br />

et autres saletés qui jonchent les<br />

rues de Kinshasa», soutient-il.<br />

En fait, le paiement de ces<br />

taxes reste une obligation constitutionnelle.<br />

L’article 65 de la Constitution<br />

indique que «tout Congolais<br />

est tenu de remplir loyalement<br />

ses obligations vis-à-vis de l’Etat.<br />

Il a, en outre, le devoir de s’acquitter<br />

de ses impôts et taxes».<br />

Source de fi nancement<br />

La RATPK fonctionne grâce au<br />

fi nancement de l’Hôtel de ville de<br />

Kinshasa en terme de dotation.<br />

Dans l’avenir, elle pourra fonctionner<br />

avec les frais des taxes, mais<br />

aussi avec l’appui des partenaires<br />

tant bilatéraux que multilatéraux,<br />

notamment l’Union Européenne.<br />

Au niveau de la RATPK, on indique<br />

qu’on envisage de solliciter le<br />

concours du PNUD dans le cadre<br />

de la recherche de fi nancement.<br />

En attendant, une campagne de<br />

sensibilisation est menée depuis<br />

deux semaines à travers tous les<br />

marchés de la ville de Kinshasa.<br />

Pour atteindre les objectifs assignés,<br />

les bourgmestres de toutes<br />

les communes de la capitale<br />

sont associés. Ces derniers vont<br />

travailler à leur tour avec les administrateurs<br />

des marchés.<br />

Valoriser les déchets<br />

Selon des sources, la Régie va<br />

s’atteler à valoriser les déchets qui<br />

sont récoltés dans les différents<br />

marchés. Une partie de cellesci<br />

devra servir aux maraîchères<br />

pour la fabrication des composts.<br />

En plus, les sachets recyclés seront<br />

utilisés par les entreprises qui<br />

fabriquent des pavés, des tuyaux<br />

enPVC, ainsi que bien d’autres<br />

produits en plastique.<br />

Les morceaux de bouteille seront<br />

traités par des bouteilleries et<br />

les métaux par les sociétés métallurgiques.<br />

Blaise ZAMA<br />

l


Libre expression<br />

A coeur ouvert<br />

Micro baladeur<br />

JDC Journal-école n°48 - du 25 au 31 octobre 2010<br />

Journal du Citoyen<br />

Maurizio Filippi : «Notre priorité pour le moment<br />

est de dépouiller Kinshasa des immondices»<br />

Coordonnateur du Programme<br />

d’Assainissement Urbain de Kinshasa<br />

(PAUK), Maurizio Filippi s’est<br />

engagé depuis plusieurs mois dans<br />

la lutte contre l’insalubrité. Financé<br />

par la l’Union européenne, le projet<br />

qu’il supervise s’occupe du débouchage<br />

des caniveaux dans trois<br />

communes de la capitale (Barumbu,<br />

Kinshasa et Gombe) qui longent la<br />

rivière Bitshakutshaku. Dans cette<br />

interview, il éclaire l’opinion sur ce<br />

projet d’utilité publique.<br />

En quoi consiste le Programme d’assainissement<br />

urbain de Kinshasa ?<br />

Ce projet, fi nancé par l’Union européenne<br />

à hauteur de 22 millions d’euros,<br />

a comme ambition d’aider le gouvernement<br />

local à rendre la ville de Kinshasa<br />

plus propre. Concrètement, le budget<br />

du projet est mobilisé pour l’ensemble<br />

d’interventions qui concernent l’évacuation<br />

des déchets solides et l’assainissement<br />

pluvial. Mais, compte tenu de la<br />

grandeur de la capitale, les ressources<br />

mises à notre disposition sont limitées.<br />

Voilà pourquoi nous nous sommes cantonnés,<br />

dans un premier temps, juste<br />

à trois communes (Barumbu, Kinshasa<br />

et une partie de la Gombe) ainsi qu’à<br />

deux bassins versants notamment la<br />

rivière Bitshakutshaku et le fl euve Congo.<br />

Pour atteindre ces objectifs, nous<br />

avons mobilisé plusieurs millions de<br />

personnes par jour dont nombreux ont<br />

oeuvré comme journaliers.<br />

Que fait concrètement le PAUK sur<br />

terrain ?<br />

Le projet a pour objectif d’améliorer<br />

l’assainissement dans la capitale,<br />

Que faire pour rendre votre marché propre ?<br />

Les marchés de la ville de Kinshasa,<br />

malgré le «salongo» (travail communautaire,<br />

NDLR) hebdomadaire<br />

instauré par le gouvernement provincial,<br />

sont tous ou presque dans<br />

un état crasseux. Que faut-il faire<br />

pour rendre ces lieux propres? Les<br />

Kinois proposent quelques pistes.<br />

«L’autorité municipale doit s’activer<br />

à remplacer tous les étals»<br />

Je trouve que le marché de Delvaux<br />

ne répond pas aux normes d’hygiène.<br />

Les tables sur lesquelles nous<br />

étalons nos marchandises ne sont<br />

pas en bon état. En plus, elles ne<br />

sont pas propres. L’autorité municipale<br />

doit penser au remplacement de<br />

Junior Kikuni, 22 ans,<br />

étudiant à l’UPN, Mont-Ngafula<br />

Maurizio Filippi invite la population à<br />

évacuer ses ordures dans les stations de<br />

transfert et non plus dans les cours d’eau.<br />

(Photo JDC)<br />

particulièrement l’évacuation des eaux.<br />

Et comme ici, ce sont les immondices<br />

qui obstruent les rigoles et empêchent<br />

l’écoulement des eaux, nous nous concentrons<br />

à nettoyer les caniveaux et<br />

à empêcher le plus rapidement qu’ils<br />

se remplissent de nouveau. Notre tâche<br />

consiste donc à vider les ordures<br />

bloquées dans des caniveaux. Elle<br />

démarre à partir des stations de transfert<br />

intermédiaires où les pousse-pousseurs<br />

vont déverser gratuitement les<br />

immondices. Le projet en a construit<br />

au total 24, dont 22 sont opérationnels,<br />

les 2 autres ne l’étant pas encore pour<br />

des raisons indépendantes de notre volonté.<br />

De ces stations de transfert, nous<br />

récoltons régulièrement les ordures des<br />

particuliers et les acheminons, par nos<br />

camions, dans le centre d’enfouisse-<br />

tous les étals. Pour rendre ce marché<br />

vivable, les agents commis au service<br />

de la salubrité doivent exécuter<br />

leurs tâches quotidiennement <br />

«Le service d’hygiène d’antan<br />

doit être réhabilité»<br />

Jeanine Mvyumba, 45 ans,<br />

vendeuse de maïs, Ngaliema<br />

Le marché de Delvaux est dans<br />

un état déplorable. J’exhorte les<br />

autorités politico-administratives de<br />

ma juridiction de faire exécuter convenablement<br />

les travaux communautaires,<br />

communément appelés<br />

«salongo». Car, au lieu de laisser les<br />

vendeurs du marché balayer, ce sont<br />

des éléments de la police qui perçoivent<br />

de l’argent au nom de l’autorité<br />

ment technique, vulgairement appelé<br />

«décharge». Situé à Mpasa, après<br />

l’aéroport de N’djili, ce centre d’enfouissement<br />

est aménagé de sorte qu’on y<br />

déverse des ordures selon des normes<br />

techniques appropriées, pour qu’elles<br />

ne causent pas des problèmes à l’environnement.<br />

Le projet s’occupe-t-il aussi du traitement<br />

des ordures ?<br />

Traitement dans le sens de récupération<br />

des ordures ? Non, nous ne nous<br />

en occupons pas. La valorisation des<br />

ordures, non plus. Ce sont des opérations<br />

intéressantes, importantes, mais<br />

elles ne sont pas d’actualité chez nous.<br />

Notre priorité pour le moment, c’est de<br />

nettoyer la ville, la dépouiller de toutes<br />

les immondices. Mais, nous ne sommes<br />

pas là pour nous substituer aux structures<br />

nationales. Bien au contraire, nous<br />

venons les appuyer.<br />

Menez-vous des actions pour sensibiliser<br />

la population à déverser désormais<br />

leurs ordures aux stations<br />

de transfert ?<br />

La sensibilisation la plus évidente<br />

est celle de la pratique. Les gens ici,<br />

nous en avons des preuves, ont la<br />

sensibilité à la propreté. Bien souvent,<br />

faute d’un endroit approprié pour déverser<br />

leurs déchets, ils ne savent pas<br />

quoi faire. Les ordures sont pourtant<br />

une réalité ; elles doivent être évacuées<br />

quelque part ! Or, s’il n’y a pas un système<br />

fonctionnel, un endroit approprié<br />

pour jeter les immondices, la population<br />

va commencer à jeter ses déchets<br />

dans les caniveaux ou les trous qu’elle<br />

trouve béants. Et au fi l du temps, les ordures<br />

vont s’entasser et drainer l’attraction<br />

de tout le monde jusqu’au point de<br />

rendre le milieu insalubre. Le fait que<br />

communale. Par dessus tout, mon<br />

souhait est que le service d’hygiène<br />

d’antan soit réhabilité <br />

«Que le marché soit balayé chaque<br />

soir après le départ des vendeurs»<br />

La plupart de marchés de la capitale,<br />

notamment celui de ma commune<br />

de Lingwala, sont envahis par<br />

des immondices par le fait que les<br />

autorités communales n’assurent<br />

pas le suivi des agents du service de<br />

salubrité publique. Je me demande,<br />

du reste, pourquoi nous payons des<br />

taxes journalières. Car, chaque matin,<br />

nous trouvons toujours le marché<br />

sale. Je propose que le marché soit<br />

balayé chaque soir après que le dernier<br />

vendeur soit parti <br />

Eurêka Nzomba, 24 ans,<br />

boucher, Lingwala<br />

nous disposons désormais des zones<br />

où les immondices sont quotidiennement<br />

traitées, nettoyées et évacuées,<br />

sensibilise de plus en plus les gens<br />

à y apporter leurs ordures. Toutefois,<br />

il n’est pas facile de changer, en un<br />

laps de temps, la mentalité qui s’est<br />

instaurée dans la tête des Kinois pendant<br />

plusieurs années. C’est pour cela<br />

que nous travaillons d’abord dur avec<br />

les enfants, parce que ce sont eux qui<br />

doivent changer des mentalités. Nous<br />

avons ainsi commencé à mener des<br />

campagnes dans les médias, et surtout<br />

dans des écoles où nous sensibilisons<br />

les enfants, par des saynètes, pour les<br />

éveiller à la culture de la propreté, de la<br />

salubrité et de l’assainissement de leur<br />

milieu dès le bas âge.<br />

Jusqu’à quand votre projet va continuer<br />

à opérer à Kinshasa ?<br />

Lancé en 2008, le projet PAUK va<br />

prendre fi n au terme de l’année en<br />

cours. L ‘Union européenne a toutefois<br />

consenti de lancer un nouveau projet<br />

qui prendra sa relève. Il s’agit du Projet<br />

d’entretien et de réhabilitation des<br />

infrastructures routières en RDC et<br />

d’amélioration de l’assainissement urbain<br />

à Kinshasa (PARAU) qui va poursuivre<br />

les mêmes interventions que le<br />

PAUK en élargissant son champ d’action<br />

à d’autres communes et d’autres<br />

bassins versants de Kinshasa. Neuf<br />

communes bénéfi ciaires ont déjà été<br />

identifi ées. Outre Gombe, Kinshasa<br />

et Barumbu, le projet vise s’étendre à<br />

Bandal, Lingwala, Kasa-vubu, Kalamu,<br />

Ngiri-Ngiri et Kintambo. Par ailleurs,<br />

outre la rivière Bitshakutshaku et le<br />

fl euve Congo, les efforts vont se focaliser<br />

aussi sur les bassins versants des<br />

rivières Makelele, Basoko et Lubudi.<br />

Propos recueillis par Grâce NGYKE<br />

et Yves KALIKAT<br />

«Le «salongo» doit se faire<br />

chaque jour et non seulement<br />

le week-end<br />

»<br />

Colette Sombo, 36 ans,<br />

vendeuse des haricots, Selembao<br />

Le marché de Selembao se trouve<br />

dans un environnement crasseux.<br />

Nous n’avons pas des tables pour<br />

étaler et vendre nos marchandises.<br />

Nous vendons la nourriture à même le<br />

sol. Lorsqu’il pleut, le marché devient<br />

boueux et, malgré cet état de chose,<br />

nous vendons quand même parce<br />

que nous sommes bien obligés de le<br />

faire. Pour remédier à cette situation,<br />

le «salongo» doit se faire chaque jour<br />

et non le week-end seulement <br />

Propos recueillis<br />

par Lynda ALIMA<br />

3<br />

l


4<br />

Journal du Citoyen<br />

JDC Journal-école n°48 - du 25 au 31 octobre 2010<br />

Congo profond<br />

Congo profond<br />

Kinshasa : le marché central et ses environs<br />

sous le poids des immondices<br />

L’insalubrité a beaucoup terni<br />

l’image du marché central de<br />

Kinshasa et de ses environs.<br />

Tout autour de ce marché, des<br />

collines d’immondices rivalisent<br />

avec les nappes d’eaux sales et<br />

stagnantes. Le décor que présente<br />

ce lieu public est caractérisé<br />

par la crasse et une odeur<br />

nauséabonde au point de constituer<br />

un sérieux problème de<br />

santé publique. L’accumulation<br />

des immondices a complètement<br />

dénaturé l’environnement<br />

général de ce site.<br />

l est 9 heures, le grand marché<br />

Ide la capitale est déjà en effervescence.<br />

A partir du bus, on<br />

remarque que la devanture de<br />

grands magasins, qui encerclent le<br />

grand marché, est envahie par des<br />

déchets. Mais, les vendeurs, eux,<br />

vaquent paisiblement à leurs occupations<br />

comme si de rien n’était.<br />

Certains font semblant de nettoyer<br />

l’espace qu’ils occupent. D’autres,<br />

par contre, ne se préoccupent que<br />

de leur ventre.<br />

Chez les «mamans malewa»<br />

(tenancières des restaurants de<br />

fortune, NDLR) tout est prêt. Les<br />

mets qu’elles servent à leurs clients<br />

ont été cuits dans des conditions<br />

qui ne respectent pas les règles<br />

d’hygiène. A l’instar de l’environnement<br />

général du marché central,<br />

les restaurants de fortune baignent<br />

dans les eaux stagnantes.<br />

Des magasins environnants se<br />

dégage une senteur qui, mêlée<br />

à l’odeur des immondices, pique<br />

au nez. Aux portes des magasins<br />

comme dans des allées du marché<br />

et aux arrêts de bus, il y a un<br />

Portrait<br />

S’il était un oiseau, il serait un<br />

corbeau. Et s’il habitait Lubumbashi,<br />

il serait sûrement supporter<br />

du TP Mazembe. De teint sombre,<br />

il porte sur ses épaules une<br />

tête couverte de cheveux blancs.<br />

La couleur de sa peau contraste<br />

pourtant avec les activités quotidiennes<br />

qu’il mène.<br />

riginaire de la province de l’Equa-<br />

Oteur, Etienne Bolanda Longonda<br />

(chez les Mongo, son postnom signifi<br />

e une grande forêt riche en tout,<br />

NDLR), est connu dans la capitale<br />

par le sobriquet de «Monsieur Propre».<br />

Père de neuf enfants, il mesure<br />

1,30 m pour 60 kg. Malgré le poids<br />

de l’âge, Etienne Bolanda a une obsession:<br />

«Voir la ville de Kinshasa<br />

rester en perlmanence propre et inviter<br />

mes concitoyens à vivre dans<br />

un environnement sain».<br />

C’est le long de la rivière Kalamu,<br />

sur l’avenue Mpozo n°45, que<br />

«Monsieur Propre» a installé son<br />

«entreprise» baptisée «Kin-Propre».<br />

L’homme avoue qu’il participe à sa<br />

manière au volet Emploi des Cinq<br />

chantiers de la République en employant<br />

18 personnes au sein de sa<br />

structure.<br />

Devenir un grand entrepreneur<br />

Avec son équipe, il se livre à l’embellissement<br />

de certains carrefours<br />

Au marché central de Kinshasa, les immondices cohabitent avec les denrées<br />

alimentaires exposées à même le sol. (Photo JDC)<br />

grand mouvement des personnes,<br />

cherchant qui à éviter la bousculade,<br />

qui à contourner des articles<br />

étalés à même le sol. Le bruit est<br />

continu et infernal, et la crasse insupportable.<br />

Vendeurs et clients habitués<br />

à la crasse<br />

«Mon coin de ‘‘coopération’’ est<br />

plus propre que celui des autres»,<br />

estime Fils Landu, un vendeur des<br />

carnets, avant d’avouer «qu’avec<br />

l’argent qu’il verse aux agents commis<br />

à la salubrité, le travail d’assainissement<br />

se fait chaque jour sans<br />

problème». Et pourtant, à voir le<br />

lieu, on a l’impression qu’il n’est<br />

pas balayé quotidiennement.<br />

La très célèbre avenue Kato,<br />

dans son tronçon compris entre les<br />

avenues Kasaï et Luambo Makiadi,<br />

présente un état piteux. Pendant la<br />

saison pluvieuse, elle offre un spec-<br />

de la ville de Kinshasa. Ayant acquis<br />

une renommée, «Kin-Propre» est de<br />

plus en plus sollicitée, surtout pour le<br />

nettoyage des tapis, des mobiliers...<br />

Etienne Bolanda rêve même de<br />

devenir un grand entrepreneur en<br />

RDC, dans son domaine de prédilection.<br />

Son dévouement et son sérieux<br />

lui ont déjà fait gagner un marché<br />

important. En 1978, il avait été contacté<br />

par le gouvernement de l’époque<br />

pour embellir la Cité de l’Union<br />

Africaine (ex-Cité de l’OUA).<br />

tacle désolant. Elle devient impraticable<br />

à cause des immondices qui<br />

refont surface. C’est un véritable<br />

dépotoir autour duquel se déroule<br />

curieusement une intense activité<br />

commerciale. «Les commerçants<br />

et les vendeurs qui étalent leurs<br />

marchandises sur ce tronçon sontils<br />

vaccinés?», s’interroge un passant.<br />

Sur l’avenue Lowa, la situation<br />

est la même. Les commerçants et<br />

leurs clients, ainsi que la population<br />

qui fréquente ce milieu donnent<br />

l’impression de se sentir à l’aise<br />

dans cet environnement pollué.<br />

Papy Mvemba Panda tient les<br />

habitants de ce quartier pour responsables<br />

de cette situation. «Certains<br />

inciviques profi tent de notre<br />

absence pour déverser leurs déchets,<br />

fait-il remarquer. Malgré la<br />

pratique de ‘‘salongo’’ instauré chaque<br />

jour à partir de 17 heures, nous<br />

Etienne Bolanda, le «Monsieur propre» de Kinshasa<br />

Etienne Bolanda a préféré troquer son<br />

costume de musicien contre la salopette<br />

d’agent de salubrité publique. (Photo JDC)<br />

Etienne Bolanda n’exercerait<br />

peut-être pas le métier qui est le<br />

sien aujourd’hui s’il avait continué sa<br />

carrière musicale. En effet, chargé<br />

des relations publiques au sein de<br />

l’orchestre Afrisa International de<br />

Pascal Tabu Ley, Etienne Bolanda<br />

sera abandonné à Abidjan, en Côte<br />

d’Ivoire, alors que le groupe voyageait<br />

pour la France. Nous sommes<br />

en octobre 1977. C’est grâce à un<br />

job qu’il avait trouvé à l’Hôtel Ivoire<br />

– avec le concours d’un Congolais<br />

de Brazzaville qui vivait au pays<br />

d’Houphouët-Boigny – qu’il a payé<br />

son billet de retour à Kinshasa.<br />

Adieu la musique, vive la propreté<br />

Rentré au pays, il a tout simplement<br />

rompu avec les milieux de la<br />

musique. D’où lui est venu l’idée de<br />

se lancer dans le métier qu’il exerce<br />

actuellement ? A tous ceux qui lui<br />

posent cette question, il a cette réponse<br />

: «Le voyage instruit».<br />

Habité par le souci de partager<br />

son expérience avec ses concitoyens,<br />

«Monsieur Propre» collabore<br />

avec l’émission Barza, diffusée<br />

par la Radio Télévision Nationale<br />

Congolaise (RTNC), où il parle non<br />

seulement de ses activités, mais<br />

aussi, affi rme-t-il, «il invite les Kinois<br />

au devoir civique de garder leur ville<br />

toujours propre». Crispin MWADI MABI<br />

nous réveillons chaque matin avec<br />

la saleté devant nos parcelles».<br />

Claudine Mvutukila, vendeuse<br />

de pagne sur l’avenue Plateau,<br />

affi rme pour sa part que «les cantonniers<br />

font leur travail en rendant<br />

l’environnement sain». Pour<br />

elle, «le problème réside dans le<br />

manque de suivi et du dépotoir<br />

approprié pour évacuer les immondices».<br />

«Les responsables du marché<br />

doivent fournir un effort pour<br />

installer un dépotoir public», a-telle<br />

suggéré, avant de révéler que,<br />

«chaque jour, tout vendeur verse<br />

au moins 50 Francs congolais (environ<br />

0,1 $) pour l’assainissement<br />

du marché».<br />

«Wenze ya bitula»<br />

ou le règne de la crasse<br />

Faute d’espace à l’intérieur du<br />

marché central, il s’est développé<br />

dans ses alentours immédiats, et<br />

dans des conditions d’hygiène précaires,<br />

un marché annexe, baptisé<br />

«wenze ya bitula» où se vendent<br />

au su et au vu des autorités urbaines<br />

des produits ou denrées avariés<br />

et autres camelotes. Ce genre<br />

de marchés se développent non<br />

seulement dans les environs du<br />

marché central, mais dans presque<br />

tous les autres marchés de<br />

Kinshasa. Ils prennent de l’ampleur<br />

souvent à la tombée du jour quand<br />

les activités sont censées offi ciellement<br />

terminées au marché.<br />

Là aussi, comme le signale une<br />

vendeuse de chinchards avariés,<br />

une taxe de 100 Fc est perçue<br />

chaque jour par l’administration du<br />

marché pour 45 cm d’espace accordé<br />

à un vendeur. En plus, les<br />

vendeurs paient 50 Fc pour la salubrité.<br />

Aissatou MBOMBO<br />

et Alphonse BOBUYA<br />

Hebdomadaire indépendant<br />

d’éducation civique<br />

Avenue Colonel Ebeya n°101<br />

Kinshasa/Gombe<br />

e-mail : journalducitoyen@yahoo.fr<br />

Tél. (00243) 815991860<br />

(00243) 991671541<br />

http://www.jdconline.net<br />

Réalisé avec l’appui fi nancier du Projet<br />

franco-britannique d’appui aux médias,<br />

en partenariat avec l’<strong>Institut</strong> <strong>Panos</strong> <strong>Paris</strong><br />

et l’<strong>Institut</strong> Facultaire des Sciences<br />

de l’Information et de la Communication<br />

(IFASIC)<br />

Le «JDC» est envoyé en provinces<br />

avec l’appui logistique de la MONUSCO<br />

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Blaise ZAMA (IFASIC)<br />

Grâce NGYKE (IFASIC)<br />

Pigistes (provinces)<br />

Correspondants d’InterCongo média<br />

Dessin<br />

Patou BOMENGA<br />

Lay-out et mise en page<br />

ASIMBA BATHY<br />

Diffusion<br />

Jean KIALA

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