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Autres exposants : Autenheimer, Babin, Bardone - René Aberlenc

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créateurs de ce temps l’un de ces ouvrages essentiels auxquels on confronte sa conduite et l’expérience qu’apporte la vie.<br />

L’œuvre rigoureuse de Gimond, et les pages qui l’éclairent, continueront à jamais de transmettre sa pensée, et de<br />

combattre pour cette vérité, cette chaleur humanistes qui lui tenaient tant à cœur. »<br />

George Besson dans « L’Humanité » du lundi 16 octobre 1961, « Une des plus nobles figures de la sculpture française –<br />

Marcel Gimond » :<br />

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse le décès du grand sculpteur Marcel Gimond, professeur à l’Ecole nationale<br />

des Beaux-Arts, membre du Conseil National du Mouvement de la Paix, commandeur de la Légion d’honneur et de<br />

l’Ordre National des Arts et Lettres. L’Humanité lui est particulièrement reconnaissante d’avoir bien voulu accepter de prêter<br />

son talent à la réalisation de deux bronzes perpétuant le souvenir de Jean Jaurès et de Marcel Cachin, que l’on peut voir<br />

exposés dans le hall de notre journal.<br />

Nous présentons à Mme Marcel Gimond nos condoléances émues. La levée du corps aura lieu demain mardi 17<br />

octobre, à 15 h. 30, à la Maison des Artistes, 14, rue Charles-VII à Nogent –sur-Marne.<br />

C’est vendredi 13 octobre qu’est mort Marcel Gimond, une des nobles figures de la sculpture française, ce prolétariat<br />

de l’art puisqu’il ne connaît ni la faveur des spéculateurs ni le mécénat de l’Etat, à moins qu’il s’agisse de la protection des<br />

médiocres.<br />

C’est à Tournon qu’est né en 1894 Marcel Gimond, voué très jeune à la sculpture. Elève de l’Ecole des Beaux-Arts de<br />

Lyon, il s’astreint à un apprentissage d’autant plus rebutant que se manifeste déjà en tous les domaines la frénésie<br />

d’indépendance du bouillant Ardéchois. C’est au cours de ses quatre années d’études qu’il connaît une jeune fille, elle aussi<br />

apprentie sculpteur très douée mais qui, devenue Mme Marcel Gimond, renoncera à son art pour n’être plus, au cours d’un<br />

demi-siècle, qu’une vigilante protectrice et, souvent, une très utile conseillère.<br />

Où iront en voyage de noces les jeunes mariés lyonnais ? En Egypte, à Athènes, à Venise pour rôder autour de la<br />

statue du Coleone ? Plus simplement à Marly pour y devenir l’ami de Maillol et pour poursuivre quelque temps, dans l’ombre<br />

du Catalan, ses humanités de plasticien dont les dons et l’enthousiasme ne pouvaient, qu’être encouragés par Renoir durant<br />

l’hiver de 1917-1918.<br />

Si quelques belles figures nues comptent dans la carrière de Gimond, son œuvre capitale est constituée par une<br />

centaine de bustes – portraits sculptés – d’une originalité qui permet de les rattacher à quelques œuvres éminentes de<br />

l’Egypte, de la Grèce ancienne et de la France romane. Il suffit de se rappeler le chef-d’œuvre qu’est le buste de Joliot-Curie<br />

pour comprendre grâce à quel dosage de la plastique et de la psychologie, de la vérité extérieure et de la vérité intime l’œuvre<br />

entière de Gimond restera comme un vaste répertoire de documents humains.<br />

L homme Gimond m’a souvent fait penser au peintre Paul Signac qui disait “Pour rester jeune, il suffit de se mettre<br />

en colère chaque matin”. Même goût de la bagarre, même hostilité aux canailles du fascisme et aux chacals de l’art. L’un et<br />

l’autre trouvaient, dénoncés dans ce journal, dans leur journal, les motifs d’irritation qui leur faisait volontiers oublier leur<br />

art pour sa consacrer à la défense de quelque juste cause.<br />

Homme de vaste culture, écrivain abondant et de qualité, le véhément Gimond se dépensa, jusqu’à user son cœur<br />

fragile, pour dénoncer les bousilleurs de son métier et l’imposture de l’artisanat non figuratif, comme en témoignent telles<br />

pages de “La Nouvelle Critique” (numéro 96).<br />

Sculpteur de grande classe, un des plus Importants depuis la mort de Rodin, de Bourdelle, de Maillol, le modeste, le<br />

très humain Marcel Gimond fut aussi, selon le mot de Vallès, “un bon ouvrier dans l’atelier des luttes sociales”.<br />

Ils sont rares les artistes d’aujourd’hui qui s’avouent solidaires du destin de l’homme et pour lesquels la condition<br />

principale du grand art est son intégration dans la vie. »<br />

George Besson dans « Les Lettres Françaises » d’octobre 1961, « En mémoire de Marcel Gimond » :<br />

Marcel Gimond est mort le 13 octobre, alors que les années précédentes il rentrait de son Ardèche natale. (Il était né<br />

à Tournon en 1894). Dans son atelier de la rue Ordener, il s’apprêtait à reprendre un de ses bustes qu’il avait abandonnés en<br />

juin pour “faire enfin, disait-il, de la sculpture” d’après un premier état construit avec l’objectivité la plus totale.<br />

En novembre prochain, les visiteurs du Salon d’Automne verront réunis une trentaine de bustes de Gimond, ces portraits<br />

sculptés qui sont autant de documents psychologiques et de correspondances du physique et du mental recherchées pour<br />

arriver, selon l’artiste, à “la fusion parfaite du sujet et de l’objet dans sa totalité et dans sa profondeur”.<br />

Atteindre à la vérité physique d’un visage, c’est résoudre en partie seulement le problème de la ressemblance. Déterminer<br />

l’individu, intégrer ses particularités dans la pureté de la forme est le propre du style de Marcel Gimond, confesseur qui<br />

n’observe pas le secret de la confession en révélant au public la vie intime de son modèle.<br />

À peine sorti de l’École des Beaux-Arts de Lyon et marié avec une camarade d’atelier des mieux douées, Marcel<br />

Gimond devait, pendant quelques années, poursuivre ses humanités de plasticien en travaillant auprès d’Aristide Maillol et en<br />

faisant profit des conseils de Renoir lors d’un séjour à Cagnes pendant l’hiver 1917-1918.<br />

J’ai le souvenir de ce jeune Ardéchois timide, un carton à dessins entre les jambes, attendant, assis dans la salle à<br />

manger, le départ d’un modèle pour être accueilli par le vieillard des Collettes. Tous les familiers de Gimond l’ont entendu<br />

rappeler avec émotion ses entrevues avec Renoir qui, mieux que Maillol peut-être, avait discerné les possibilités que cachait<br />

l’humilité de l’apprenti.<br />

Marcel Gimond n’a cessé d’être un cas. Croiriez-vous que voué à son art avec la chaleur que l’on sait, il ne fut pas<br />

moins ardent à se passionner pour la vie et les destinées de son pays ? Toujours prêt à combattre pour les justes causes, celles<br />

qu’avaient soutenu avant lui Daumier et Courbet, Signac et Luce, Francis Jourdain… Bonnard, Roussel, Vallotton, Marquet,<br />

Picasso… ou encore le cher André Masson, il y a un quart de siècle, au moment de la guerre d’Espagne. La dévotion à l’art et<br />

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