expo-noirs-de-france-web.pdf - Groupe de recherche Achac
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© Coll. Valérie Senghor/DR<br />
Premier Congrès international <strong>de</strong>s écrivains et artistes <strong>noirs</strong>. Richard Wright, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire [Paris], photographie, 1956.<br />
LES PRÉSENCES NOIRES<br />
L’immédiat après-guerre voit Paris se transformer en capitale culturelle, connue pour le jazz<br />
et pour l’accueil réservé aux Afro-Américains qui veulent fuir la ségrégation raciale <strong>de</strong> leur<br />
pays. Dans les années 50, les caves <strong>de</strong> Saint-Germain-<strong>de</strong>s-Prés sont <strong>de</strong>s lieux en vogue, fréquentés<br />
par <strong>de</strong>s jeunes gens qui viennent s’y divertir voire discuter politique ou littérature. Le temps<br />
<strong>de</strong>s colonies laisse peu à peu la place à celui <strong>de</strong>s luttes pour les indépendances. Dans cette<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> basculement politique, quatre élus s’imposent : Léopold Sédar Senghor, Gaston<br />
Monnerville, Aimé Césaire et Félix Houphouët-Boigny*. Ils symbolisent la nouvelle génération politique.<br />
Les réformes se succè<strong>de</strong>nt avec la création <strong>de</strong> l’Union française et la loi du 19 mars 1946 concernant la<br />
départementalisation <strong>de</strong>s anciennes colonies — Gua<strong>de</strong>loupe, Guyane, Martinique et Réunion —, qui met<br />
fin au régime discriminant <strong>de</strong> l’indigénat. Mais l’heure est aussi à la répression brutale, aux guerres<br />
coloniales, aux atteintes aux droits et aux inégalités <strong>de</strong> traitement pour les anciens combattants. La plupart<br />
<strong>de</strong>s partis politiques revendiquent le maintien <strong>de</strong> l’empire et se positionnent contre les indépendances<br />
en Afrique. La critique envers le colonialisme se radicalise, comme l’illustrent la production littéraire et<br />
les débats en milieu universitaire. Depuis la fin <strong>de</strong> la guerre, les étudiants afro-antillais présents en France,<br />
toujours plus nombreux, constituent un vivier pour les mouvements indépendantistes. En 1950, <strong>de</strong> nombreuses<br />
associations étudiantes se regroupent sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong>s étudiants d’Afrique noire en<br />
France (FÉANF), dirigée par Solange Faladé, qui parvient à rassembler plus <strong>de</strong> mille trois cents étudiants.<br />
Son objectif <strong>de</strong>vient rapi<strong>de</strong>ment l’indépendance <strong>de</strong>s pays africains et elle ne tar<strong>de</strong> pas à se heurter à la<br />
répression policière. Une maison d’édition irrigue la pensée politique et littéraire <strong>de</strong> ces années d’aprèsguerre,<br />
c’est Présence Africaine*, qui souhaite régénérer la « pensée nègre ». Elle organise ainsi, le 19 septembre<br />
1956, un Congrès <strong>de</strong>s écrivains et artistes <strong>noirs</strong> à la Sorbonne afin <strong>de</strong> valoriser les cultures noires, mais<br />
aussi dénoncer le racisme et le colonialisme.<br />
Allocution d’Alioune Diop au premier Congrès <strong>de</strong>s écrivains<br />
et artistes <strong>noirs</strong>, photographie <strong>de</strong> Boris Lipnitzki, 1956.<br />
PRÉSENCE AFRICAINE<br />
(1947-1956)<br />
Le Sénégalais Alioune Diop (1910-1980) crée<br />
en 1947 la revue Présence Africaine, véritable<br />
forum pour l’émergence d’une culture africaine<br />
indépendante. Elle <strong>de</strong>vient un moteur intellectuel<br />
et offre une tribune aux figures noires du<br />
mon<strong>de</strong> littéraire et politique tout en attirant<br />
l’adhésion <strong>de</strong> l’intelligentsia française. Il organise<br />
le premier Congrès <strong>de</strong>s écrivains et artistes<br />
<strong>noirs</strong> à la Sorbonne, où <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> Roger<br />
Basti<strong>de</strong> et Clau<strong>de</strong> Lévi-Strauss sont lus en<br />
ouverture. Aimé Césaire en fixe la perspective<br />
politique : « Laissez entrer les peuples <strong>noirs</strong><br />
sur la gran<strong>de</strong> scène <strong>de</strong> l’Histoire. » Par son action,<br />
Alioune Diop assure une liaison fécon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
créations entre toutes les diasporas noires.<br />
© Boris Lipnitzki / Roger-Viollet<br />
Famille africaine habitant dans un taudis à Paris, photographie, 1947.<br />
© Coll. <strong>Groupe</strong> <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> <strong>Achac</strong>/DR<br />
« Chez nous “colonialistes”,<br />
la vie d’un Noir vaut celle d’un Blanc ! »,<br />
couverture in Tout savoir,<br />
1955 [décembre].<br />
© Roger-Viollet<br />
Félix Houphouët-Boigny et François Mitterrand,<br />
photographie, 1956.<br />
© Keystone / Gamma Rapho<br />
L’HISTOIRE DES AFRO-ANTILLAIS EN FRANCE<br />
… AU CŒUR DE NOS DIVERSITÉS<br />
FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY<br />
(1905-1993)<br />
Félix Houphouët-Boigny fon<strong>de</strong> en 1946, dans<br />
la future Côte d’Ivoire, le Rassemblement<br />
démocratique africain (RDA), puis il sera<br />
nommé membre <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s<br />
territoires d’outre-mer et propose plusieurs<br />
projets <strong>de</strong> loi, dont un sur la suppression du<br />
travail forcé adopté en 1947. Il veut réviser<br />
en profon<strong>de</strong>ur le système <strong>de</strong>s colonies, et<br />
s’engage pour que les peuples africains<br />
comme antillais soient mieux représentés<br />
et puissent faire l’apprentissage <strong>de</strong> leur<br />
autonomie. Il sera plusieurs fois ministre<br />
sous la IV e République. Premier prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny<br />
tient un rôle majeur dans le processus <strong>de</strong><br />
décolonisation <strong>de</strong> l’Afrique.<br />
Étudiants africains <strong>de</strong>vant la Sorbonne, photographie, c. 1955.<br />
© AFP<br />
1946-1956<br />
« La Martinique c’est ça qu’est chic »,<br />
couverture in V, 1947.<br />
Orchestre <strong>de</strong> musiciens <strong>noirs</strong> au bal <strong>de</strong> la rue Blomet,<br />
photographie <strong>de</strong> Daniel Frasnay, 1955.<br />
LE QUARTIER DU PANIER<br />
La crise du logement <strong>de</strong> l’immédiat après-guerre modifie<br />
le paysage urbain <strong>de</strong> Marseille. Se multiplient nombre<br />
<strong>de</strong> taudis, <strong>de</strong> bidonvilles et d’enclos, occupés majoritairement<br />
par les immigrés qui arrivent en masse à<br />
cette pério<strong>de</strong>. Situé dans le II e arrondissement <strong>de</strong><br />
Marseille, le bidonville du Panier voit ainsi s’établir<br />
<strong>de</strong>s marins et dockers sénégalais et comoriens. Depuis<br />
les années 70, le Panier tout comme Belsunce ont<br />
régulièrement fait l’objet <strong>de</strong> politiques <strong>de</strong> rénovation.<br />
Dockers au travail sur le port <strong>de</strong> Marseille, photographie, 1955.<br />
« Contribuer à faire entrer sur la scène <strong>de</strong> l’Histoire<br />
les intellectuels nègres, africains et antillais »<br />
© Coll. Jonas/Kharbine-Tapabor<br />
Alioune Diop<br />
10<br />
© Keystone / Gamma Rapho<br />
© Daniel Frasnay / AKG-Images