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JORDI SAVALL OK - Cité de la musique

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AVANT-PROPOS 6<br />

Cette série <strong>de</strong> concerts permet d’entendre vos<br />

différentes formations. Comment ont-elles vu le jour ?<br />

Hespèrion XX a été créé il y a trente ans autour <strong>de</strong><br />

Montserrat Figueras, Hopkinson Smith, Lorenzo Alpert<br />

et <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> Bâle (Christophe Coin, Gabriel Garrido,<br />

Paolo Pandolfo…). Nous jouions <strong>de</strong>s <strong>musique</strong>s espagnoles,<br />

italiennes, du répertoire pour ensemble <strong>de</strong> violes… Nous<br />

étions dans une approche totalement européenne. Le nom<br />

<strong>de</strong> l’ensemble renvoie aux anciennes péninsules <strong>de</strong> l’Espagne<br />

et <strong>de</strong> l’Italie, également à l’Occi<strong>de</strong>nt et à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète Vénus,<br />

enfin au mon<strong>de</strong> magique <strong>de</strong>s Hespéri<strong>de</strong>s. Mais nous étions<br />

déjà conscients que ce que nous voulions faire n’était pas<br />

seulement d’interpréter <strong>la</strong> <strong>musique</strong> ancienne à partir <strong>de</strong>s<br />

connaissances stylistiques <strong>de</strong> chaque époque et pays, mais<br />

<strong>de</strong> le faire aussi en tant que musiciens d’aujourd’hui, d’où<br />

le chiffre XX et, maintenant, Hespèrion XXI.<br />

À Barcelone, nous avons créé en 1987 <strong>la</strong> Capel<strong>la</strong> Reial<br />

avec l’objectif <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s chanteurs <strong>la</strong>tins capables <strong>de</strong><br />

retrouver <strong>la</strong> chaleur et l’esprit méridionaux. Nous avons<br />

beaucoup travaillé sur le répertoire <strong>de</strong>s polyphonistes du<br />

Siècle d’or et aussi sur Monteverdi. Enfin, le Concert <strong>de</strong>s<br />

Nations a une histoire particulière ; en 1989, je travail<strong>la</strong>is<br />

avec passion sur l’œuvre <strong>de</strong> Charpentier. En tant que<br />

violiste connaisseur <strong>de</strong>s techniques d’archet <strong>de</strong> l’époque,<br />

je vou<strong>la</strong>is aussi expérimenter mon travail dans le répertoire<br />

orchestral. L’idée était <strong>de</strong> développer le travail <strong>de</strong> recherche<br />

sur <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> l’orchestre, à l’époque <strong>de</strong> Louis XIII<br />

et Louis XIV, et <strong>de</strong> suivre son développement avec Bach,<br />

Haen<strong>de</strong>l, Haydn, Mozart et même jusqu’à l’aube du<br />

Romantisme (l’Héroïque <strong>de</strong> Beethoven et J. C. Arriaga).<br />

Basé en France, le Concert <strong>de</strong>s Nations se compose <strong>de</strong><br />

musiciens <strong>de</strong> toutes origines, mais avec une majorité<br />

d’origine <strong>la</strong>tine, France, Italie, Espagne, Portugal, Belgique,<br />

Argentine, sans oublier les musiciens du Nord, Autriche,<br />

Angleterre, Norvège, Suisse, Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>…, tous jouant sur<br />

<strong>de</strong>s instruments d’époque. Les champs d’action du Concert<br />

<strong>de</strong>s Nations s’éten<strong>de</strong>nt tout naturellement à <strong>la</strong> <strong>musique</strong><br />

française, mais aussi à toutes les œuvres essentielles qui<br />

constituent l’apogée <strong>de</strong> ce que l’Europe a produit <strong>de</strong> plus<br />

remarquable aux époques baroque et c<strong>la</strong>ssique. C’est à<br />

Couperin que le nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation fait référence :<br />

Les Nations. C’est <strong>la</strong> prémonition d’une Europe <strong>de</strong> l’art<br />

qui n’a pas été inventée hier et qui est <strong>la</strong> marque <strong>de</strong>s esprits<br />

éc<strong>la</strong>irés du siècle <strong>de</strong>s Lumières. C’est aussi <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong>s<br />

goûts <strong>de</strong> ces différentes nations ; sublimées par le charme<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce – cette « grâce » dont La Fontaine<br />

disait qu’elle était plus belle que <strong>la</strong> beauté – et par<br />

l’intensité <strong>de</strong> l’émotion qui nous touche profondément, et<br />

que Couperin définit si bien en avouant que « <strong>de</strong> bonne foi<br />

j’aime beaucoup mieux ce qui me touche à ce qui me surprend ».<br />

Entretien paru dans <strong>Cité</strong> <strong>musique</strong>s n° 51.<br />

Propos recueillis par Pascal Huynh.<br />

7<br />

AVANT-PROPOS

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