mots médiévaux offerts à ruedi imbach
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AVANT-PROPOS<br />
Ces Mots <strong>médiévaux</strong> <strong>offerts</strong> <strong>à</strong> Ruedi Imbach rendent un hommage dans les formes du<br />
lexique historique et historiographique. Plutôt que de brosser le portait d’un professeur<br />
et d’un chercheur, ils présentent une image de son monde intellectuel et des intérêts<br />
des spécialistes qui travaillent le même champ disciplinaire que lui – la philosophie<br />
et l’histoire de la philosophie, médiévales en particulier. L’hommage prescrivait<br />
cependant une flexibilité que le lexique au sens strict n’autorise pas : le périmètre<br />
des notions et leur choix n’étaient pas définis a priori. Liberté était donnée <strong>à</strong> chaque<br />
contributeur d’élire le terme qui serait l’objet de son enquête. Le lecteur ne s’attendra<br />
donc pas <strong>à</strong> la cohérence et <strong>à</strong> l’exhaustivité relative qui caractérisent les lexiques.<br />
Par sa conception d’ensemble et ses orientations méthodologiques, ce volume<br />
est le reflet d’une certaine pratique de l’histoire de la philosophie. Dès ses années<br />
d’études puis durant ses trente-cinq ans de carrière professorale <strong>à</strong> Fribourg (Suisse)<br />
et <strong>à</strong> Paris (Paris IV-Sorbonne), Ruedi Imbach n’a cessé de cultiver le goût du détail,<br />
l’attention aux usages des concepts philosophiques en contexte discursif, historique<br />
et culturel. Son intérêt pour les objets marginaux ou négligés par l’historiographie<br />
procède d’une exigeante conscience méthodologique, qui questionne les catégories<br />
historiographiques en vigueur. Soixante-dix collègues et amis lui rendent aujourd’hui<br />
hommage en enquêtant chacun sur une notion singulière ou trop peu étudiée, sur les<br />
contextes d’émergence de cette notion, ses usages, ses principaux lieux de résurgence<br />
ou, dans une autre optique, sur son destin historiographique et son rôle dans l’écriture<br />
de la philosophie médiévale. Pour répondre au souci de décloisonnement spatiotemporel<br />
souvent exprimé par Ruedi Imbach, certains articles proposent des excursions<br />
dans l’Antiquité ou la modernité ; pour faire honneur <strong>à</strong> sa défense du pluralisme<br />
méthodologique, le volume admet la pluralité des perspectives ouvertes par les histoires<br />
intellectuelle, culturelle et sociale.<br />
Au fil des articles courts, le lecteur découvre un certain miroir de la recherche<br />
actuelle en philosophie médiévale. Les circulations dans le volume ne sont pas<br />
balisées ; chaque pièce peut être reliée <strong>à</strong> une autre, contrastée ou complétée par elle.<br />
La nature variée des objets abordés signale en outre différents niveaux d’approche<br />
en histoire de la philosophie. Pour prendre l’exemple des <strong>mots</strong> commençant par la<br />
lettre A, les catégories historiographiques modernes – comme « Antithomisme » ou<br />
« Atheism » – voisinent avec les catégories historiographiques médiévales – comme<br />
« Academicus », qui désignait au Moyen Âge une figure du sceptique différente de<br />
celle des antiquisants d’aujourd’hui. Des traversées au long cours – avec « Alietas »<br />
par exemple – succèdent <strong>à</strong> l’étude de notions philosophiques dont l’histoire et les<br />
contextes <strong>médiévaux</strong> sont plus strictement définis – par exemple « Adnichilatio ». À<br />
l’instar d’« Anonyme », certains <strong>mots</strong> apparaissent dans le cours de l’histoire de la<br />
transmission matérielle des textes <strong>médiévaux</strong>, en l’occurrence dans la pratique des<br />
bibliothécaires modernes. Enfin, certains termes – comme « Artificialis » – témoignent<br />
du souci et de la conscience méthodologiques des <strong>médiévaux</strong> eux-mêmes.