Bulletin de l'APAD - Llacan - CNRS
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<strong>Bulletin</strong> <strong>de</strong> l’APAD 1<br />
Association euro-africaine pour l’anthropologie du changement social et du développement<br />
Appel à contribution<br />
Le rôle <strong>de</strong>s langues dans le développement <strong>de</strong> l’Afrique francophone<br />
numéro coordonné par Henry TOURNEUX (IRD Cameroun)<br />
Quarante-cinq ans après les indépendances, l’élan nationaliste qui avait poussé Cheikh Anta<br />
Diop a « traduire » en wolof la théorie d’Einstein sur la relativité semble être totalement<br />
retombé. Dans la perspective du panafricanisme, on voit cependant resurgir périodiquement<br />
l’idée que l’Afrique <strong>de</strong>vrait se doter d’une langue supranationale, et d’une seule, le swahili.<br />
Pendant ce temps, que se passe-t-il sur le terrain ? La « francophonie » a réussi à trouver dans<br />
son dispositif une place pour les langues qu’elle nomme « partenaires » : elles alimentent les<br />
« industries <strong>de</strong> la culture » par le biais notamment <strong>de</strong> la chanson et du cinéma.<br />
Dans les pays africains eux-mêmes, on ne compte plus les expérimentations à plus ou moins<br />
vaste échelle d’emploi <strong>de</strong> langues africaines dans l’enseignement scolaire ou dans la<br />
formation <strong>de</strong>s adultes. « La » langue française est en passe, dans ces pays, <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un<br />
mythe analogue à celui <strong>de</strong> « la » langue arabe, et sa dialectalisation, paradoxalement<br />
encouragée par les instances <strong>de</strong> la « francophonie » lui ôtera bientôt tout intérêt pour la<br />
communication internationale.<br />
De nombreuses langues africaines (très minoritaires) disparaissent en permanence, et d’autres<br />
émergent (arabe véhiculaire au Tchad, pidgins au Cameroun, en Côte-d’Ivoire, etc.) Les<br />
médias, quand ils s’intéressent à la question, se focalisent sur les « espèces en voie <strong>de</strong><br />
disparition », pour l’étu<strong>de</strong> et la « sauvegar<strong>de</strong> » <strong>de</strong>squelles <strong>de</strong>s fonds internationaux sont<br />
disponibles. Les linguistes officiels, <strong>de</strong>s pays du Nord ou du Sud, mènent leurs étu<strong>de</strong>s en<br />
fonction <strong>de</strong> programmes académiques ou scientifiques liés directement aux mo<strong>de</strong>s théoriques<br />
venues d’outre-Atlantique.<br />
Nous estimons qu’il est temps <strong>de</strong> faire le point pour voir la place réelle qu’occupent le<br />
français et les langues africaines <strong>de</strong> la zone francophone dans le processus du développement<br />
et pour proposer éventuellement <strong>de</strong> renforcer le rôle <strong>de</strong>s langues africaines.<br />
(1) Que sont <strong>de</strong>venues les expériences d’enseignement en langues africaines ? Pourquoi ontelles<br />
si souvent échoué ? Pourquoi n’ont-elles jamais été vraiment généralisées ? Pourquoi les<br />
informations officielles sur ces questions sont-elles toujours si intéressantes sur le papier et si<br />
décevantes quand on va les voir fonctionner sur place ?<br />
(2) Quelles sont les pratiques <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s adultes en langues nationales ? Comment<br />
fonctionnent-elles ? Qui les finance ? Dans quel cadre ? Quelle espérance ont-elles <strong>de</strong><br />
perdurer ?<br />
(3) Quelles méthodologies sont employées dans le domaine <strong>de</strong> l’établissement <strong>de</strong><br />
terminologies en langues africaines ?<br />
(4) Quelle place réelle l’Internet a-t-il dans la diffusion d’informations ou <strong>de</strong> formations en<br />
langues africaines ?<br />
1. Publié par Lit Verlag, Münster, Hambourg, Berlin, Londres.
(5) Existe-t-il véritablement <strong>de</strong>s outils suffisants en nombre et en qualité pour permettre<br />
d’utiliser réellement les principales langues africaines au bénéfice du développement ?<br />
(6) Y a-t-il <strong>de</strong>s universités ou <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s écoles africaines qui dispensent une formation<br />
linguistique à l’intention d’agents du développement ?<br />
(7) Comment se passe la communication sur les grands sujets que sont la lutte contre le Sida,<br />
le paludisme, la tuberculose, les droits <strong>de</strong> l’Homme etc. ?<br />
(8) Quel est l’impact <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> la Francophonie sur l’instrumentalisation <strong>de</strong>s<br />
langues africaines au service du développement ? Quels est le coût réel <strong>de</strong> ces programmes ?<br />
Qui en bénéficie ?<br />
Nous vous soumettons ce thèmes <strong>de</strong> réflexion, et tous ceux qui vous paraîtront pertinents dans<br />
la perspective qui est la nôtre, afin que vous puissiez nous proposer un sujet <strong>de</strong> contribution<br />
pour le 30 juin 2005 (Titre et résumé <strong>de</strong> quelques lignes). Les textes définitifs sont attendus<br />
pour le 30 septembre 2005 (40.000 signes au maximum, texte sans aucune mise en forme à<br />
part <strong>de</strong>s sauts <strong>de</strong> lignes ; en cas d’utilisation <strong>de</strong> polices particulières, les joindre au fichier). Ils<br />
pourront être rédigés en français ou en anglais.<br />
Titres et résumés à envoyer à Henry Tourneux pour le 30 juin 2005<br />
Articles à envoyer à la même adresse pour le 30 septembre 2005.