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– Contre-Attaque, je n’en ai jamais fait partie non plus. Je ne sais pas pourquoi, d’ail<strong>le</strong>urs. Si, je crois que ça me<br />

paraissait… Batail<strong>le</strong> parlait, par exemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong> fêter la décapitation <strong>de</strong> Louis XVI <strong>sur</strong> la place <strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong>.<br />

Dans son esprit, c’était un moyen <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> <strong>du</strong> côté gauche. Mais ça me paraissait puéril. De sorte que je<br />

n’ai pas fait partie <strong>de</strong> Contre-Attaque. J’étais d’accord <strong>sur</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong> buts. Mais ça me paraissait prendre <strong>de</strong>s formes,<br />

comment dire ? pas très sérieuses…<br />

– Et pourtant Contre-Attaque c’était la réconciliation <strong>de</strong> Breton et <strong>de</strong> Batail<strong>le</strong>.<br />

- Évi<strong>de</strong>mment.<br />

– Donc ça aurait dû vous passionner…<br />

– Si l’on veut.<br />

– Parlons <strong>de</strong> cette réconciliation, vou<strong>le</strong>z-vous. Qui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux venait <strong>sur</strong> <strong>le</strong> terrain <strong>de</strong> l’autre ?<br />

– Ils se sont rapprochés. Je ne crois pas que l’on puisse dire que l’un a fait <strong>de</strong>s concessions à l’autre. Ils se sont<br />

rapprochés. C’est la menace fasciste, <strong>le</strong> danger commun, qui ont fait que <strong><strong>le</strong>s</strong> vieil<strong><strong>le</strong>s</strong> querel<strong><strong>le</strong>s</strong> ont été oubliées<br />

pour un temps.<br />

– Breton avait pardonné à Batail<strong>le</strong> ? Il avait oublié <strong>le</strong> second Cadavre ?<br />

– C’était <strong>du</strong> passé.<br />

– Un passé récent, tout <strong>de</strong> même ?<br />

– Sans doute.<br />

- Soupault m’a dit un jour que pour lui, au contraire, Breton n’avait jamais pardonné et qu’au moment <strong>de</strong> cette<br />

attaque contre lui <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> Batail<strong>le</strong>, il a eu peur, très peur comme s’il risquait <strong>de</strong> se retrouver très isolé…<br />

– J’ai l’impression, en effet, qu’il avait très mal vécu cette histoire <strong>du</strong> Cadavre. Comme chacun sait, Breton avait<br />

mauvais caractère. Il ne se laissait pas faci<strong>le</strong>ment marcher <strong>sur</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong> pieds. Mais enfin, je ne crois pas que ça lui ait<br />

fait grand peur.<br />

– Qui a pris l’initiative <strong>du</strong> Cadavre ?<br />

– Je crois bien que c’est Batail<strong>le</strong> lui-même.<br />

– Parce qu’il y a <strong>de</strong>ux versions : une version Batail<strong>le</strong> et une version Desnos.<br />

– Desnos ? tiens, je ne savais pas. Je ne connaissais pas cette version. Enfin, remarquez que moi je suis mauvais<br />

juge puisque c’est <strong>de</strong> Batail<strong>le</strong> que j’étais <strong>le</strong> plus proche et que c’est lui, Batail<strong>le</strong>, qui m’en a parlé. Donc, j’ai eu<br />

<strong>le</strong> sentiment que c’était une idée <strong>de</strong> Batail<strong>le</strong>.<br />

- Quel<strong>le</strong> était l’idée, au juste ?<br />

- Je vous l’ai dit : c’était <strong>de</strong> faire pièce à la propagan<strong>de</strong>…<br />

– Non, je vous parlais <strong>du</strong> Cadavre.<br />

– Ah ! <strong>le</strong> Cadavre… C’est autre chose ! L’idée était <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre Breton en flammes et <strong>de</strong> l’attaquer <strong>sur</strong> son<br />

propre terrain. Il y avait eu « Un cadavre » à propos d’Anato<strong>le</strong> France. On voulait reprendre <strong>le</strong> même titre, et la<br />

même métho<strong>de</strong>, contre lui… Cela dit, soyons sérieux. Je ne sais plus très bien ce que j’en ai pensé <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

moment. Mais ce que je puis vous dire, aujourd’hui, c’est que tout ça me paraissait quand même assez<br />

canularesque.<br />

– Il y a <strong>de</strong>ux ou trois hommes qui ont dominé cette époque. Batail<strong>le</strong> et Breton en tout cas. J’ai un peu <strong>de</strong> mal à<br />

<strong><strong>le</strong>s</strong> imaginer ensemb<strong>le</strong>. Je crois que c’est vous qui <strong><strong>le</strong>s</strong> avez présentés l’un à l’autre…<br />

- Non, non, je ne <strong><strong>le</strong>s</strong> ai pas présentés. Si ? En tout cas, ça ne s’est pas fait <strong>de</strong> façon particulièrement<br />

cérémonieuse. Par contre, j’avais fait se rencontrer Batail<strong>le</strong> et Aragon. Ça, je me <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong>. Aragon s’était<br />

montré assez dédaigneux vis-à-vis <strong>de</strong> Batail<strong>le</strong>. Il <strong>le</strong> considérait comme un dadaïste attardé. Il me l’avait dit. Je ne<br />

sais pas s’il avait employé exactement <strong>le</strong> terme <strong>de</strong> « dadaïste attardé ». Mais enfin, c’est ça que ça voulait dire.<br />

– Et Batail<strong>le</strong> ? Il était impressionné par Aragon ?<br />

– Hum… Pas vraiment. Batail<strong>le</strong> était certainement impressionné par Breton. Hosti<strong>le</strong>, mais impressionné. Par<br />

Aragon, je ne crois pas.<br />

- C’est tout <strong>de</strong> même vous, si l’on en croit, notamment, <strong>le</strong> livre <strong>de</strong> Michel Surya, qui aviez organisé la première<br />

rencontre entre Breton et Batail<strong>le</strong>. Il était question, je crois, que celui-ci tra<strong>du</strong>ise <strong><strong>le</strong>s</strong> Fatrasies pour la Révolution<br />

<strong>sur</strong>réaliste.<br />

- C’est cela, oui. J’ai été l’intermédiaire. C’est-à-dire que j’ai remis <strong>le</strong> texte <strong>de</strong>s Fatrasies à Breton pour la<br />

Révolution <strong>sur</strong>réaliste. Est-ce que je <strong><strong>le</strong>s</strong> ai présentés l’un à l’autre, à ce moment-là ? Peut-être… Peut-être, oui,<br />

que j’ai amené une fois Batail<strong>le</strong> au Cyrano. Mais, je vous <strong>le</strong> répète, ça n’avait rien <strong>de</strong> so<strong>le</strong>nnel. Ce n’était pas une<br />

entrevue, la chose sûre, en tout cas, c’est que Batail<strong>le</strong>, malgré mes efforts, s’est absolument refusé à signer <strong>le</strong><br />

texte <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> ces Fatrasies ! Même par ses initia<strong><strong>le</strong>s</strong> ! Il a consenti à nous donner <strong>le</strong> texte, certes. Mais<br />

sans que son nom apparaisse en quoi que ce soit.<br />

- Pourquoi?<br />

– Parce qu’il se méfiait <strong>du</strong> <strong>sur</strong>réalisme. Par amitié pour moi, il a accepté <strong>de</strong> donner <strong>le</strong> texte. Mais il voulait que<br />

ça reste incognito.<br />

- Donc Batail<strong>le</strong> n’a jamais été fasciné par <strong>le</strong> <strong>sur</strong>réalisme qui était, pourtant, l’aventure <strong>de</strong> toute votre génération.<br />

Il a échappé à cette fascination ?<br />

- Il n’y a aucun doute.<br />

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