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mERCREdi 8 féVRiER 2012
ans après
“Réanimer Maastricht résoudrait
la crise de la zone euro”
Valéry Giscard d’Estaing,
ancien président de la
République (1974-1981),
rédacteur du traité établissant
une Constitution pour l’Europe.
Il y a vingt ans , vous avezdéfendu
le traité de Maastricht.
Quels étaient ses enjeux ?
L’opinion était partagée
mais c’était un très bon
traité. Bien que je fusse
dans l’opposition, sous la
présidence socialiste de
François Mitterrand, j’ai fait
campagne pour ce traité.
Négocié avec soin pendant
trois ans, il proposait deux
choses : une union économique
et monétaire pour
accompagner l’euro, et une
politique étrangère et de défense
commune (Pesc).
Qu’est-ce que ce traité
a changé ?
Le grand malheur a
voulu que ce traité ne soit
pas appliqué. Peu de choses
ont été faites dans le domaine
de la politique étrangère.
On entend toujours les
positions individuelles de la
France, de l’Allemagne, de
la Grande-Bretagne mais
très peu celles de l’Europe.
On n’a pas non plus res-
Valéry Giscard d’Estaing.
pecté les obligations pour
accompagner la mise en
place de l’euro : limiter le
déficit budgétaire et l’endettement.
La crise actuelle de la zone
euro est-elle l’échec de
Maastricht ?
Pas du tout. C’est l’échec
des gouvernements qui
n’ont pas du tout appliqué
le traité. Il ne faut pas déplacer
les responsabilités. Si le
traité avait été appliqué, il
n’y aurait pas aujourd’hui
de crise de la zone euro.
Comment expliquez-vous
cet échec ?
Il y a eu une période d’in-
En 1992, ils ont voté :
Pour Contre
• François
Hollande
Le candidat
socialiste a
voté pour le
traité de
Maastricht,
suivant en cela le président
François Mitterrand. Il a
aussi défendu la Constitution
européenne en 2005.
CHAMuSSY/SIPA
SIPA MICHEL EuLER/AP/SIPA CHESNOT/SIPA
• Jean-luc
MélencHon
Le candidat du
Front de
gauche a voté
pour le traité
de Maastricht,
qu’il a qualifié de “compromis
de gauche”… alors que
le Parti communiste était
contre. Mais en 2005, revirement
: Jean-Luc Mélenchon
a voté non au référendum
sur le traité établissant une
Constitution pour l’Europe.
SIPA
• nicolas
sarkozy
En 1992, le
RPR n’avait
pas donné de
consigne de
vote. Nicolas
Sarkozy, alors député des
Hauts-de-Seine, a voté oui,
comme Jacques Chirac. En
2005, l’actuel président a
pris une part active à la défense
de la Constitution européenne.
Aujourd’hui, il
se pose en sauveur de la
zone euro.
LANCELOT FREDERIC/SIPA LANCELOT FREDERIC/SIPA
• François
Bayrou
Alors secrétaire
général
de l’UDF, il a
fait une campagneenthousiaste
pour le traité de
Maastricht et pour la
Constitution européenne.
0
souciance qui a suivi l’introduction
de l’euro. Comme
ils avaient une monnaie solide,
les gouvernements ont
cru qu’ils pouvaient dépenser
sans compter et ils se
sont livrés à une sorte de démagogie
financière.
Le traité de Maastricht a
été le dernier bon traité européen.
Les gouvernements
n’ont pas su l’adapter à
l’élargissement et ont abandonné
sans le dire leurs engagements.
Si on réanimait
Maastricht, on résoudrait
l’ensemble des problèmes
de la zone euro.
Quel est l’avenir de l’Europe ?
Le monde dans lequel
nous vivons est constitué
de grands ensembles :
Chine, Etats-Unis, Inde, Brésil.
Les Etats européens sont
individuellement trop petits
pour leur faire concurrence.
Une organisation
commune est nécessaire.
Cette organisation, c’est
l’intégration européenne.
Cela dépend beaucoup des
personnalités qui dirigeront
les Etats européens
dans les cinq prochaines
années. ProPos recueillis PAr
Anne-Aël DurAnD
• François
Fillon
Dans la lignée
de son mentor,
Philippe
Séguin, l’actuel
Premier
ministre a voté non au
traité de Maastricht, pour
préserver la souveraineté de
la France, notamment
contre la monnaie unique.
En 2005, il appelle à approuver
la Constitution, et
défend aujourd’hui l’intégration
européenne
• Marine
le pen
Comme son
père, la candidate
du Front
national a
toujours refusé
l’intégration européenne
et a donc voté non
en 1992 et en 2005. A-A.D.