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Les origines « marines » du renouveau maçonnique au ...

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<strong>Les</strong> <strong>origines</strong> <strong>«</strong> <strong>marines</strong> <strong>»</strong> <strong>du</strong> <strong>renouve<strong>au</strong></strong> <strong>maçonnique</strong> <strong>au</strong><br />

Département des Forêts<br />

P<strong>au</strong>l Rousse<strong>au</strong> *<br />

En 1789, les Francs-Maçons français, menés par leur idéal, se battent et <strong>du</strong> côté des<br />

révolutionnaires et <strong>du</strong> côté des tenants de l’Ancien Régime. <strong>Les</strong> Temples sont abandonnés, les<br />

outils éparpillés. Après les tourmentes, le Vénérable Maître Roëttier de Montale<strong>au</strong> essaye de<br />

réunir ce qui a été épars. Qu’en est-il <strong>du</strong> réveil de la Franc-Maçonnerie <strong>au</strong> ci-devant Duché de<br />

Luxembourg ? Relisons une partie de la planche présentée par le Frère Charles Munchen lors<br />

de la Fête anniversaire <strong>du</strong> Prince Frédéric des Pays-Bas, Protecteur de le la franc-maçonnerie<br />

luxembourgeoise, le 8 février 1864. L’Orateur en titre se base entre <strong>au</strong>tre sur les faits<br />

rapportés oralement et par écrit par le Frère Pierre Leistenschneider, <strong>«</strong> que quelques-uns<br />

d’entre-nous ont encore connu jusqu’en 1835 et 1836 <strong>»</strong>. Pierre Leistenschneider naît le 07<br />

décembre1745 à Sarrelouis (Allemagne) et mourra le 24 avril1837 à Luxembourg. Greffier en<br />

chef de la mairie de Luxembourg, il s’unit en premières noces le 17 janvier1774 à Pétronille<br />

Kleber, fille de notaire et parente <strong>du</strong> futur général Jean-Baptiste Kleber (Strasbourg, 1753 - Le<br />

Caire, 1800), sous-lieutenant <strong>au</strong> régiment <strong>au</strong>trichien Wurtemberg en garnison à Luxembourg<br />

vers 1780.<br />

<strong>«</strong> A peine la Terreur eut-elle cessé de sévir, renversée par le 18 brumaire, que la France vit<br />

apparaître de nouve<strong>au</strong> les Loges qui se constituèrent ou plutôt qui réapparurent, car elles<br />

n’avaient pas cessé d’exister, surtout dans l’armée, où elles étaient nombreuses. Presque<br />

chaque régiment, qu’en 1801 on appelait demi-brigade, avait une Loge militaire ; la 41 e<br />

demi-brigade de l’armée française avait une Loge qui était attachée à ses drape<strong>au</strong>x, appelée<br />

la Concorde. Presque tous les officiers étaient initiés. La France était en guerre avec<br />

l’Angleterre. Trop faible pour entrer en lice sur la terre ferme, impuissante à résister à l’élan<br />

des soldats de la République, dont l’horreur que leur inspirait la Terreur n’avait pas affaibli<br />

le patriotisme, l’ennemi de la France regagnait sur les mers une supériorité contre laquelle le<br />

courage luttait en vain.<br />

La 41 e demi-brigade fut embarquée sur un vaisse<strong>au</strong> lourd et mal armé, qui devait la<br />

transporter de Boulogne à je ne sais quel <strong>au</strong>tre point de la côte. Des vents contraires, une<br />

m<strong>au</strong>vaise manœuvre, l’inexpérience des marins chargés de diriger le navire ; bref, un motif<br />

quelconque jeta le navire français presque dépourvu d’artillerie, loin de la côte, en face d’un<br />

vaisse<strong>au</strong> anglais, fin voilier, bien armé et bien monté, mais de force bien inférieure. Le navire<br />

ennemi, avec une artillerie bien supérieure, n’hésita pas à attaquer et chaque bordée faisait<br />

de terribles ravages dans les rangs des Français, impuissants à se défendre. Le navire<br />

anglais, sûr de la victoire à distance, évitait l’abordage. La perte de la 41 e demi-brigade était<br />

certaine, sans combat possible c’était un massacre et la noyade. L’état-major français<br />

apprécia la position, et sans mettre dans la résistance un courage inutile qui c<strong>au</strong>sait la ruine<br />

d’un régiment entier, fit baisser pavillon. L’honneur anglais trouva qu’il pouvait être<br />

conforme <strong>au</strong> droit des gens de continuer la boucherie, et les canons n’interrompirent pas leur<br />

horrible action. On voyait <strong>du</strong> navire français les officiers anglais suivant avec un flegme<br />

imperturbable, la lorgnette à la main, l’œuvre de destruction.<br />

Une idée subite illumina les Maçons de la Concorde : tous se présentèrent sur l’avant<br />

<strong>du</strong> navire, se plaçant sous le feu et à découvert, faisant le signe de secours et jetant le cri de<br />

détresse. L’effet que l’honneur militaire, l’esprit humain n’avaient pu pro<strong>du</strong>ire, la Maçonn∴<br />

réussit à l’obtenir. Parmi les officiers anglais se trouvaient des Maçons. Le feu fut suspen<strong>du</strong>,


des canots échangèrent les conditions de la reddition, mais comme le vaisse<strong>au</strong> français ne<br />

pouvait plus, à c<strong>au</strong>se de ses avaries, faire le trajet jusqu’en Angleterre, comme prise de<br />

guerre, et que la sécurité <strong>du</strong> vaisse<strong>au</strong> anglais ne permettait pas de transporter à son bord<br />

quinze cent ennemis bien armés , - les troupes françaises reçurent la permission de se diriger<br />

vers les côtes rapprochées de la France, après avoir prêté serment que jamais, officiers et<br />

soldats, ne porteraient plus les armes contre l’Angleterre. Après un voyage de plusieurs<br />

heures, le navire arrivait en vue des côtes de France, où il vint s’échouer presque sans voiles,<br />

sans gouvernail, et les flancs entr’ouverts. <strong>Les</strong> hommes furent s<strong>au</strong>vés. Le Premier Consul<br />

n’accepta pas la démission offerte par les officiers. La 41 e demi-brigade fut envoyée à la<br />

frontière ; elle vint à Luxembourg en 1802.<br />

Elle avait fait le vœu de gagner, partout où elle porterait ses drape<strong>au</strong>x, des prosélytes<br />

à un Ordre <strong>au</strong>quel tant d’hommes devaient la vie et la France la conservation de tant de<br />

braves soldats ; la 41 e demi-brigade ne s’arrêta que six mois environs à Luxembourg, mais<br />

elle initia be<strong>au</strong>coup de Luxembourgeois, affilia le Fr∴ Leistenschneider, vénérable reste de<br />

la Parfaite Union, et, avant de quitter les murs de notre ville pour se diriger vers le Rhin, y<br />

fonda un nouvel atelier. La [Loge]-mère s’appelait la Concorde, le nouvel Atelier prit le nom<br />

d’Enfant-de-la-Concorde-Fortifiée. Cet atelier reçut ses lettres <strong>du</strong> Gr ∴-Orient de France en<br />

1803. Depuis cette époque, il a continué ses trav<strong>au</strong>x sans interruption jusqu’à ce jour. <strong>»</strong> 1<br />

La présente planche est présentée en présence des Frères prussiens de la respectable Loge<br />

Blücher von Wahlstadt 2 qui tiennent garnison dans la forteresse fédérale de la Confédération<br />

germanique. 3 Elle est un message politique, à peine voilé, <strong>du</strong> Grand-Duché de Luxembourg,<br />

<strong>au</strong>x Hollandais, afin de clamer h<strong>au</strong>t et fort son indépendance, acquise virtuellement en 1839,<br />

mais de fait toujours enchaînée <strong>au</strong>x Pays-Bas par le biais de Guill<strong>au</strong>me I er ; <strong>au</strong>x Belges, dont<br />

le jeune pays forme une barrière militaire en cas de descente armée hollandaise, mais qui<br />

détiennent les clés économiques <strong>du</strong> territoire qu’ils ont faillit gober ; face à la Prusse, qui a<br />

néanmoins ouvert la porte <strong>au</strong> vaste marché d’Allemagne, mais qui occupe avec rigueur<br />

militaire la capitale. En 1864, quoi de mieux donc que de clamer être sous le giron de la<br />

France et chanter h<strong>au</strong>t et fort cocorico en luxembourgeois, comme pour aboyer contre tout<br />

intrus : <strong>«</strong> Mir wölle bleiwen wat mer sin ! <strong>»</strong>. (Nous voulons rester ce que nous sommes !). Sur<br />

le plan <strong>maçonnique</strong>, cette planche déclame l’amour fraternel pour le Grand Orient de France<br />

qui, <strong>au</strong> début <strong>du</strong> 19 e siècle, a insufflé une nouvelle vie à la Franc-maçonnerie <strong>au</strong> Luxembourg.<br />

La réalité sous le mythe :<br />

Si les historiographes de la franc-maçonnerie luxembourgeoise ont jusqu`à maintenant pris le<br />

récit <strong>du</strong> Frère Leistenschneider pour monnaie sonnante, il s’agit en fait d’un mythe. Selon<br />

P<strong>au</strong>l Marie Coute<strong>au</strong>x 4 , <strong>«</strong> (…) un mythe n’est pas une légende, encore moins une fable, mais la<br />

rencontre d’une réalité et d’un sens. <strong>»</strong> Plus h<strong>au</strong>t, nous avons présenté le sens politique que ce<br />

1 e<br />

. Bulletin de l’Ordre Maçonnique dans le Grand-Duché de Luxembourg ; 3 année, décembre 1864, n° 3,<br />

Imprimerie <strong>du</strong> Frère Jullien ; pages 35-53.<br />

2<br />

En 1815, le démantèlement <strong>du</strong> premier Empire voit l’ancien Département des Forêts tomber dans l’escarcelle<br />

<strong>du</strong> roi des Pays-Bas, tandis que la forteresse de Luxembourg sert dorénavant de bouclier à l’Allemagne. A cette<br />

époque, des officiers d’infanterie prussiens rejoignent comme membres effectifs ou comme Frères visiteurs la<br />

loge <strong>au</strong>tochtone des Enfans de la Concorde fortifiée. En 1820, ces officiers créent, sous les <strong>au</strong>spices de la<br />

Grosse-National-Mutterloge zu den Drei Weltkugeln (Aux Trois Globes) de Berlin, la Loge Blücher von<br />

Wahlstadt, de Rite Ecossais Rectifié. En 1867, le Luxembourg est déclaré pays neutre et la forteresse est<br />

condamnée à être démantelée. La loge prussienne quitte Luxembourg avec les troupes prussiennes en septembre<br />

1867.<br />

3<br />

Art. 67 <strong>du</strong> Traité de Vienne (09.06.1815)<br />

4<br />

<strong>«</strong> La République et les symboles <strong>»</strong> ; journal Le Monde, vendredi 26 juillet 1996, page 12


mythe représente pour les Luxembourgeois après 1815. Examinons à présent cette page<br />

d’hagiographie <strong>maçonnique</strong> à son substrat réel.<br />

Une première approche tendait à retrouver des Frères, de passage à Luxembourg <strong>au</strong> tout début<br />

<strong>du</strong> 19 e siècle, ayant mis les pieds sur un bate<strong>au</strong>. Il s’avère que plusieurs francs-maçons avaient<br />

un passé marin … <strong>au</strong> 18 e siècle.<br />

Frère bate<strong>au</strong> Loge (1803) Orient<br />

Dreptin Antoine 5 Victoire 6<br />

Pichard Jean Joseph 7 la Capricieuse 8<br />

41<br />

Concorde<br />

e demi-brigade d’infanterie<br />

de ligne<br />

Texier Arn<strong>au</strong>d 9 la Pomone 10 Parfaite 59<br />

Union<br />

e demi-brigade d’infanterie<br />

de ligne<br />

Lebarbenchon 11 le Tourville 12<br />

Duportail Louis 13 60 e 59<br />

Régiment royal<br />

de marine (1785)<br />

Fraternité<br />

e régiment d’infanterie de<br />

ligne<br />

La demi-brigade d’infanterie de ligne en question<br />

Essayons donc de dérouler le fil de l’histoire à partir de la forteresse de Luxembourg et de<br />

l’année 1803. L’ouvrage d’art, qualifié de <strong>«</strong> Gibraltar <strong>du</strong> Nord <strong>»</strong>, est devenu depuis 1795 un<br />

point anodin, décrépi 14 en pleine France. Déclassé ouvrage de second ordre, il dépend de la<br />

forteresse de Longwy. <strong>Les</strong> demi-brigades passent et ne s’arrêtent guère. Il en résulte une crise<br />

économique pour les 8.000 habitants qui tiraient en grande partie leurs revenus de la garnison<br />

forte de 4.000 hommes. Il f<strong>au</strong>t un billet de Napoléon pour que la 41 e et la 59 e demi-brigade<br />

laissent 500 hommes dans la dite place !<br />

5<br />

Dreptin Antoine Joseph: *13.07.1758 à Hirson (Aisne), +20.03.1806 à Weinsberg (Bavière) ; 1777 <strong>au</strong>x<br />

Chev<strong>au</strong>x Légers d’Orléans, 1799 à la 41 e demi-brigade ; élevé à la Maîtrise le 22.07.1802 à l’Or∴ de Gênes<br />

(Ligurie), présent à Luxembourg en 1802.<br />

6<br />

[Service Historique de l’Armée de Terre, Fort de Vincennes, Paris] SHAT 2YB 263, page 14 Le 4 janvier<br />

1780, le bate<strong>au</strong> participe <strong>au</strong> siège de Pensacola (Florida) lors de la Guerre hispano-américaine.<br />

7 e<br />

Pichard Jean Joseph : *01.03.1770 à Aubervilliers (Seine); 1786 <strong>au</strong> 51 régiment d’infanterie ; élevé à la<br />

Maîtrise en 199 à Perpignan, 1 er Surveillant en 1803 à Luxembourg<br />

8<br />

SHAT 2YB 263, page 13 Pichard séjourne sur la frégate <strong>du</strong> 12.09.1790 <strong>au</strong> 28.05.1791.<br />

9<br />

Texier de la Pommeraye, Arn<strong>au</strong>d : *03.09.1768 à Poitiers (Vienne) ; <strong>«</strong> embarqué en qualité de matelot<br />

volontaire a participé à trois campagnes en mer de 1787 à 1789 <strong>»</strong> (SHAT 2YB 325, page 84), an IX chef de<br />

bataillon de la 104 e demi-brigade d’infanterie de ligne, passe <strong>au</strong> 59 e comme major ; membre de la Vraie<br />

Fraternité à l’Orient de la 104 e , 1805 Vénérable Maître de la Parfaite Union à l’Orient <strong>du</strong> 59 e régiment<br />

d’infanterie de ligne ; <strong>au</strong>teur <strong>du</strong> livre. Relation et bombardement <strong>du</strong> siège de Valenciennes, en mai, juin et juillet<br />

1793 ; Douai, 1839, Imp. De V. Adam<br />

10<br />

L’ancien capitaine de cette frégate, prise par les Anglais <strong>au</strong> Sud de l’Irlande en 1796, est le bordelais Pévrieu.<br />

Il se retrouve chef de la 5 e division de la Flottille lors de l’attaque <strong>du</strong> 16 août 1801 lancée par Nelson contre la<br />

ligne d’embossage à l’entrée <strong>du</strong> port de Boulogne.<br />

Amiral M<strong>au</strong>rice Dupont : <strong>Les</strong> flottilles côtières de Pierre le Grand à Napoléon (de la Baltique à la Manche) ;<br />

Economica, 2000, Paris ; page 145<br />

11<br />

Lebarbenchon : *13.10.1766 à Saint-Lô (Manche) ; embarqué lors de l’expédition en Irlande ; page 8<br />

12<br />

SHAT 2YB 325<br />

13 e<br />

Duportail Louis Léonard: *1768 à Borde<strong>au</strong>x (Gironde); an VII capitaine à la 59 demi-brigade d’infanterie de<br />

ligne, membre de la Légion d’Honneur ; SPR+ (Table<strong>au</strong> de 1804)<br />

14<br />

<strong>«</strong> … dégradations, qui se font tous les jours à la forteresse par l’enlèvement des fers, des palissades etc. ; étant<br />

impossible qu’avec 150 ou 200 vétérans, qui sont ici l’on puisse garnir tous les postes pour prévenir ces vols et<br />

d’<strong>au</strong>tres plus conséquent encore qui ont eu lieu. <strong>»</strong><br />

Archives de la Ville de Luxembourg LU II a-2-AI ; pages 76-77, n° 144


Pierre Leistenschneider dit donc vrai, lorsqu’il cite comme loge-mère des Enfans de la<br />

Concorde fortifiés la Concorde 15 à l’Orient de la 41 e demi-brigade d’infanterie de ligne. 16<br />

Formée le 21 février 1796, la 41 e demi-brigade de bataille se trouve en 1800 <strong>au</strong>x antipodes de<br />

Boulogne, <strong>au</strong> siège de Gênes. Enfermés <strong>au</strong> fort de Diamant, 350 de ses hommes ne rendent<br />

pas suite <strong>au</strong>x sommations de reddition <strong>du</strong> comte de Hohenzollern. Le siège levé, la 41 e se met<br />

en route vers le Nord. Elle arrive bien en juin 1802 en garnison à Luxembourg. 17 16 officiers<br />

trouvent le temps de demander <strong>au</strong> Grand Orient de France la reconnaissance officielle de leur<br />

loge, créée le 29 avril 1799 à l’Orient de Perpignan et souchée sur celle des Amis de la<br />

Parfaite Union, elle-même souchée sur celle de même nom à l’Orient <strong>du</strong> Régiment de<br />

Vermandois Infanterie.<br />

Pierre Leistenschneider dit vrai, lorsqu’il raconte que la Concorde l’ <strong>«</strong> affilia …, le seul<br />

vénérable reste de la Parfaite Union. <strong>»</strong> 18<br />

Mais Leistenschneider passe sous silence l’affiliation d’un deuxième Frère luxembourgeois :<br />

le peintre Jean-Pierre Hoffmann. Né le 4 janvier 1758 à Luxembourg, il fut membre fondateur<br />

de la loge La Cordialité à l’Orient de Saint-Dizier (H<strong>au</strong>te-Marne) en 1787. 19<br />

Le 16 avril 1803, Leistenschneider et Hoffmann sont présent à l’installation officielle de la<br />

Concorde et signent l’Obligation en tant qu’officiers dignitaires.<br />

La 41 e demi-brigade quitte Luxembourg pour le Rhin en octobre 1803. Peu de temps après,<br />

elle est dissoute et versée <strong>au</strong> 17 e Régiment d’Infanterie de Ligne.<br />

Le 41 e Régiment n’a jamais mis les pieds sur un bate<strong>au</strong> !<br />

Pierre Leistenschneider passe sous silence les <strong>au</strong>tres acteurs de la naissance de la francmaçonnerie<br />

<strong>au</strong> Luxembourg, afin de laisser les <strong>au</strong>réoles à la 41 e .<br />

La deuxième demi-brigade présente en l’an XI à Luxembourg est la 65 e , constituée en 1794.<br />

La demi-brigade n’ayant de loge propre, les Frères se joignent à la Concorde, puis <strong>au</strong>x Enfans<br />

…. De cette unité, nulle soldat n’a posé les pieds sur un bate<strong>au</strong> avant 1802. En février 1803, la<br />

demi-brigade est <strong>au</strong> camp de Brest. Deux bataillons feront partie de l’expédition d’Irlande.<br />

La troisième demi-brigade qui est présente lors de l’installation de la loge civile à l’Orient de<br />

Luxembourg est la 59 e . Formée le 17 mai 1794, elle est issue <strong>du</strong> ci-devant Régiment de<br />

Bourgogne. Se distinguant sur un bon nombre de champs de bataille <strong>du</strong> Premier Empire, elle<br />

garde depuis le 2 mai 1803 un pied dans la forteresse de Luxembourg par le biais de son 3 e<br />

bataillon. C’est à l’Orient de Luxembourg que se passent les trav<strong>au</strong>x de la loge <strong>du</strong> régiment.<br />

Considéré comme un ramassis de têtes fortes, mais les plus décorées, le 59 e sera encore à<br />

Luxembourg après la reddition de la forteresse en 1814. <strong>Les</strong> Frères de la Fraternité assisteront<br />

<strong>au</strong>x tenues de la Loge Friedrich zur Vaterlandsliebe. 20<br />

<strong>Les</strong> baroudeurs <strong>du</strong> 59 e Régiment n’ont jamais mis les pieds sur un bate<strong>au</strong> !<br />

15 2<br />

[Bibliothèque Nationale de France, Paris] BNF FM 23<br />

16 e<br />

Commandant Bernard : Historique <strong>du</strong> 41 ; SHAT, Fort de Vincennes, Paris<br />

17 er<br />

Emplacement des troupes de la République française à l’époque <strong>du</strong> 1 messidor an XI. A Paris, de<br />

l’imprimerie de la République<br />

18<br />

La Loge La Parfaite Union fut créée en 1770 à l’Orient de Luxembourg, capitale <strong>du</strong> <strong>du</strong>ché <strong>du</strong> même nom.<br />

Reconnue par la grande Loge provinciale des Pays-Bas <strong>au</strong>trichiens en 1776. Forte de 148 membres appartenant à<br />

la petite noblesse, à la noblesse de robe, à la bourgeoisie et à l’armée, la Parfaite Union ne compta <strong>au</strong>cun marin<br />

sur son Table<strong>au</strong>. Elle se saborde après la déclaration <strong>du</strong> 15 mai 1786, explicitant l’Edit <strong>du</strong> 5 janvier1786 qu’il ne<br />

peut y avoir qu’une seule loge par capitale de province dans ses Etats.<br />

19 2<br />

BNF FM 395<br />

20<br />

La loge militaire Friedrich zur Vaterlandsliebe fut créée le 4 août 1812 à l’Orient de Mit<strong>au</strong> [< Jelgava,<br />

Lettonie], en pleine campagne de Russie par des officiers prussiens.


La quatrième <strong>«</strong> fée <strong>»</strong> à se pencher sur le berce<strong>au</strong> des Enfans …est la 98 e demi-brigade<br />

d’infanterie de ligne. 21 Cette dernière unité est créée en janvier 1799. 22 A peine arrivée <strong>au</strong><br />

début de 1803 en garnison à Luxembourg, les Frères demandent le 27 avril l’affiliation à la<br />

loge la Concorde.<br />

Leur loge, La Parfaite Union, naît <strong>au</strong> moment où la 98 e demi-brigade de ligne se<br />

trouve à Schweinfurth (Bavière, Allemagne), <strong>«</strong> ville Impériale dans la franconie sur la rive<br />

droite <strong>du</strong> mein [Main] a 18 lieues de Nuremberg <strong>»</strong> 23 . Le 1 er mars 1801, ses membres se<br />

réunissent pour une première tenue officielle sous les maillets des T∴ C∴ F∴ Jean François<br />

Clere, Jean Louis André Viroux et Auguste François Charles Fouc<strong>au</strong>lt. A l’ordre <strong>du</strong> jour<br />

figure la demande en Constitution <strong>au</strong>près <strong>du</strong> GODF. Sont élus à l’unanimité Vénérable Maître<br />

le chef de Brigade Clere (à l’instar des colonels-propriétaires de régiment de l’Ancien<br />

Régime), le chef de bataillon Viroux 1 er Surveillant surveillant, le capitaine Fouc<strong>au</strong>lt 2nd<br />

Surveillant, le capitaine Jean Baptiste Guerrier Maître des Cérémonies et Tuileur. 24 .La Loge<br />

prend rang le 23 mai suivant sous le numéro d’enregistrement 3873. Le 14 juin de la même<br />

année, la Loge fête le premier anniversaire de la bataille de Marengo (26 prairial an VIII). 25 A<br />

cette occasion, elle fait frapper médaille. 26 Le Table<strong>au</strong> <strong>du</strong> 11 novembre 1801 compte déjà 19<br />

Frères, dont le quartier-maître trésorier, 11 des 17 capitaines, dont Alexis Mataigne et 3 des<br />

17 lieutenants.<br />

A Paris, le général Bonaparte rêve depuis un certain temps de renouveler l’exploit de Jules<br />

César : envahir l’Angleterre. A cet effet, il met sur pied l’Armée gallo-batave 27 . Comme<br />

point de départ, le choix tombe, comme à l’époque romaine, sur Boulogne. En ce qui<br />

concerne les moyens de transport, Bonaparte suit les conseils prodigués par l’ingénieur<br />

Forfait : <strong>«</strong> Plus de vaisse<strong>au</strong>x que pour la forme, ils ne servent à rien qu’à nos ennemis.<br />

Couvrons la Manche de canonnières et vous la traverserez que vous voudrez pendant les mois<br />

de juillet et d’août où règnent les calmes. <strong>»</strong> 28 En tacticien prévoyant, l’amiral anglais<br />

Horatio Nelson 29 (∴) porte le 4 août 1801, une première attaque sur le port de Boulogne, afin<br />

de prévenir toute descente des troupes française en Angleterre. 30 Sous le commandement de<br />

l’amiral Latouche-Tréville 31 (∴), ayant sous ses ordres la Flottille de la Manche, les<br />

chaloupes-canonnières et de bate<strong>au</strong>x-canonniers de la ligne d’embossage tiennent bon. Sous<br />

le feu nourri des batteries côtières, la tentative d’enveloppement de la ligne française par la<br />

21 Au sujet de la 98 e , un grand merci à feu notre Frère Jean Bossu <strong>«</strong> des loges de Recherches de Neuilly, Londres,<br />

New-York <strong>»</strong>, habitant en son temps Epinal.<br />

22 La 98 e demi-brigade est composée d’hommes <strong>du</strong> ci-devant régiment Bouillon.<br />

23 BNF FM 2 27 f° 197r, indication ajoutée de main étrangère<br />

24 BNF FM 2 27 f°199r, v<br />

25 Jean Palou : La Franc-Maçonnerie, Paris, 1964, coll. petite bibliothèque payot, n° 304, page 223<br />

26 Cette pièce en cuivre rouge d’un diamètre de cinq centimètres est <strong>du</strong>e <strong>au</strong> graveur B. Auguste. Elle porte côté<br />

face, une couronne de l<strong>au</strong>riers courant <strong>au</strong>tour de l’effigie de Bonaparte ayant <strong>au</strong>-dessus d’elle la<br />

mention : <strong>«</strong> Bonaparte Premier Consul de la Rép. Franç e <strong>»</strong> et en-dessous d’elle: <strong>«</strong> Bataille de Marengo 25 et 26<br />

Prairial An 8 <strong>»</strong>. [14-15 juin 1801] Au revers se lit la phrase : <strong>«</strong> Le premier Consul commandant l’Armée en<br />

personne : Enfans rappelez-vous que mon habitude est de coucher sur les champs de bataille. <strong>»</strong> Ces indications<br />

ont été aimablement communiquées par Madame Marijo Anci<strong>au</strong>x de Luxembourg. La médaille figure <strong>au</strong><br />

Catalogue de la Collection de Monnaies et Médailles <strong>du</strong> Prince d’Essling, Paris, 1927.<br />

27 SHAT 2YB 346 :98 e de ligne, volume unique, an X – an XI.<br />

28 Michèle Battesti : Napoléon et la <strong>«</strong> descente <strong>»</strong> en Angleterre. 1 re partie : <strong>Les</strong> multiples projets de 1778 à 1803.<br />

Napoléon.org http://www.napoleon.org/fr/TemplatePrint/article.asp?idPage=458031 - ancre3<br />

29 Voir la rubrique : Nelson Horatio ; in : Dictionnaire des Marins Francs-Maçons (dir. Jean-Marc Van Hill) ;<br />

Nantes, [2008], Aspoma ; page 215<br />

30 Philippe Masson : Napoléon et l’Angleterre (1 ère partie) : Napoléon contre la Marine anglaise (1797-1805) ;<br />

http://www.napoleon.org/fr/cd/bib/articles/textes/sn400/sn400_napoleon_angleterre.html<br />

31 Voir la rubrique : Louis-René Levassor ; in : Dictionnaire des Marins Francs-Maçons ; op. cit. page 164


flotte anglaise et ses bate<strong>au</strong>x-mortiers échoue. 32 Du h<strong>au</strong>t des falaises, l’un des aides de camp<br />

<strong>du</strong> Premier Consul, Savary, futur <strong>du</strong>c de Rovigo, assiste <strong>au</strong> combat. Il cite le <strong>«</strong> courage<br />

imperturbable de nos braves marins et de leurs frères d’armes <strong>»</strong>. 33 <strong>Les</strong> soldats de la 98 e demibrigade<br />

d’infanterie de ligne ont assisté à cette scène en tant que spectateurs. Le lendemain<br />

vient leur tour à être embarqués sur des bate<strong>au</strong>x de la 8 e division. Le 6 septembre 1801 34 a<br />

lieu devant Etaples la scène, décrite ci-dessus, par le Frère Leistenschneider. Mention est<br />

portée sur le rôle de la 98 e que les soldats suivants : le sergent-major Jean Herrmann, 35 le<br />

sergent canonnier Jacques Be<strong>au</strong>dry, 36 le capitaine canonnier Jean-Baptiste Richarde<strong>au</strong>, 37<br />

François Boin, 38 Jean-Baptiste Guerrier (∴) et Alexis Mataigne (∴), se trouvent engagés<br />

<strong>au</strong> combat naval. Voilà les deux <strong>au</strong>teurs qui lancent en plein carnage le signe de détresse<br />

<strong>maçonnique</strong>.<br />

Pour Nelson comme pour Bonaparte, les dieux de la guerre n’ex<strong>au</strong>cent point leurs vœux :<br />

détruire la flottille française pour le premier, envahir l’Angleterre et dégager l’Armée<br />

d’Egypte pour le second. Alors, la politique reprend le pas sur l’art de la guerre. En<br />

conséquence des préliminaires à Londres <strong>du</strong> Traité de Paix d’Amiens, la flottille est désarmée.<br />

Le 7 brumaire an X (le 29 octobre 1801) les soldats <strong>du</strong> 98 e régiment d’infanterie de ligne sont<br />

<strong>«</strong> débarqués <strong>»</strong> à Boulogne. 39 Surviennent les harcèlements de la flotte anglaise qui retardent<br />

l’installation de la jeune Loge.<br />

Leistenschneider dit vrai lorsqu’il mentionne un transport de troupes <strong>«</strong> de Boulogne à je<br />

ne sais quel <strong>au</strong>tre point de la côte<strong>»</strong>. Leistenschneider dit donc f<strong>au</strong>x en plaçant les faits<br />

guerriers lors de cette translation de la demi-brigade. La demi-brigade entame effectivement<br />

un tel voyage en bate<strong>au</strong>, peu de temps après son <strong>«</strong> débarquement <strong>»</strong>, mais de Rouen <strong>au</strong><br />

Havre. 40 Le bate<strong>au</strong> correspond sans doute à ce que Leistenschneider décrit comme <strong>«</strong> un<br />

vaisse<strong>au</strong> lourd et mal armé <strong>»</strong>.<strong>Les</strong> 2 e et 3 e bataillons étant à terre, les Frères de la Parfaite<br />

Union s’installent eux-mêmes à l’Orient <strong>du</strong> Havre le 11 novembre 1801. La tenue a lieu<br />

<strong>«</strong> dans le local commun <strong>au</strong>x RR∴ LL∴ des Vrais amis et des Trois H <strong>»</strong>, dont des<br />

représentants se trouvent sur les colonnes. 41<br />

Leistenschneider enjolive son histoire en prêtant <strong>au</strong> Premier Consul le refus de la démission<br />

des officiers de la 98e. De fait, ce dernier ordonne en décembre <strong>au</strong> 3 e bataillon à embarquer à<br />

32<br />

Pour plus de détails, voir l’article présenté récemment par : Rémi Monaque (contre-amiral [2S] : Latouche-<br />

Tréville, l’amiral de Napoléon ; Lettre périodique d’Histoire Maritime Cercle Thomas Dunckerley ; n° 13,<br />

mars 2008<br />

33<br />

Amiral M<strong>au</strong>rice Dupont : op. cit. pages 142-143. Le <strong>«</strong> Dictionnaire des Colonels <strong>»</strong> fait lui mention de Charles<br />

Joseph Louis Marie Savary, né le 30.06.1772 à Marcq (Ardennes), frère <strong>du</strong> Duc de Rovigo. Adjudant à l’Etatmajor<br />

de St ; Domingue, il devient chef de bataillon <strong>au</strong> 59 e le 29 août 1803 à Luxembourg.<br />

34<br />

L’option pour la présente date, choisie entre plusieurs possibilités pour l’incident en question, fut prise en<br />

1995 lors de la rédaction de notre mémoire de DEA : La présence <strong>maçonnique</strong> <strong>au</strong> Département des Forêts (1802-<br />

1814) ; Université de Franche-Comté, 1995-1996. La date (nuit <strong>du</strong> 15 <strong>au</strong> 16 août 1801), présentée par le contreamiral<br />

Rémi Monaque dans son article (voir la note 14), devrait être la plus probable, vu les fonds d’archives à la<br />

disposition de ce dernier.<br />

35 e<br />

Jean Herrmann, * 30.7.1774 à Paris (Seine), entre en décembre 1793 comme chasseur à cheval <strong>au</strong> 13<br />

régiment ; 11 pluviôse an VII : sergent major <strong>au</strong> 98 e .<br />

36 e<br />

Jacques Be<strong>au</strong>dry, *4.3.1752 à Marennes (Charente inférieure) ; 13.5.1792 : soldat <strong>au</strong> 2 bataillon de la<br />

Charente inférieure <strong>au</strong> 109 e régiment ; 21 pluviôse an VII : remis en activité <strong>au</strong> 98 e en sa qualité de sergent<br />

canonnier.<br />

37 e<br />

Jean-Baptiste Richarde<strong>au</strong>, * 24.8.1760 à La Ferté (Loiret) ; 1.5.1973 : canonnier <strong>au</strong> 4 bataillon <strong>du</strong> Loiret ; 8<br />

frimaire an VII : capitaine <strong>au</strong> 98 e régiment, passe en cette qualité <strong>au</strong> 92 e .<br />

38<br />

François Boin, *8.9.1761 à Lignières Souconcourt (Saône) [ ? canton de Neufchâtel, Suisse] ; entre le 8 avril<br />

1781 <strong>au</strong> 45 e régiment ; se trouve <strong>au</strong> 9 thermidor an VII <strong>au</strong> 98 e .<br />

39 e<br />

SHAT 2YB 346 : 98 de ligne (an X – an XI)<br />

40 er<br />

Emplacement des troupes de la République française à l’époque de la République française <strong>au</strong> 1 nivôse an<br />

X ; op. cit.<br />

41 2<br />

BNF FM 27 f° 209


Brest Saint-Domingue 42 Le corps expéditionnaire, sous la con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> général Leclerc, a pour<br />

mission de reconquérir l’ancienne colonie. <strong>Les</strong> 1 er et 2 e bataillons de la 98 e prennent<br />

brièvement garnison à Luxembourg en mars 1803. Dans la <strong>«</strong> Gibraltar <strong>du</strong> Nord <strong>»</strong>, déchue à<br />

une morne place de garnison, il n’y a guère de réjouissances si ce ne sont les fêtes de la<br />

République. En juillet 1803, le maire, voulant donner à la nouvelle de l’ <strong>«</strong> heureuse conquête<br />

de Hanovre 43 toute la pompe qu’elle exigera <strong>»</strong>, demande <strong>au</strong> général d’armes de la place<br />

Vimeux <strong>«</strong> une force armée et la musique de la 98 e demi-brigade pour précéder le cortège <strong>»</strong>. 44<br />

Le jour le plus festif pour les Frères présents est la création le 28 mai 1803 de la loge civile<br />

sous le titre distinctif des Enfans de la Concorde fortifiée. Selon une interprétation logique,<br />

les mots <strong>«</strong> Enfans <strong>»</strong> et <strong>«</strong>Concorde <strong>»</strong> sont employés, parce que la nouvelle loge est issue de la<br />

loge militaire <strong>au</strong> titre distinctif la Concorde. Le mot <strong>«</strong> Enfans <strong>»</strong> peut <strong>au</strong>ssi renvoyer <strong>au</strong> texte<br />

qui se trouve <strong>au</strong> revers de la médaille commémorative, frappée la 98 e demi-brigade : <strong>«</strong> LE<br />

PREMIER CONSUL COMMANDANT L’ARMEE DE RESERVE EN PERSONNE: ENFANS RAPPELEZ-<br />

VOUS QUE MON HABITUDE EST DE COUCHER SUR LE CHAMP DE BATAILLE. Frères militaires et<br />

civils fêtent en commun la St. Jean d’été le 24 juin suivant. La tenue est présidée par le Frère<br />

Clere (98 e ) et le Frère André (98 e ) occupe la stalle de l’Orateur. Cette occasion se prête à<br />

merveille pour l’initiation <strong>du</strong> sous-lieutenant Charles Boban (98 e ). 45<br />

Après des jours paisibles coulés en garnison, les deux bataillons de la 98 e demi-brigade<br />

passent en juin à l’île de Walcheren, puis se rend à Evreux. Par lettre <strong>du</strong> 19 février 1804, elle<br />

fait part <strong>au</strong> GODF que son effectif sera versé en entier <strong>au</strong> 92 e régiment à l’exception <strong>du</strong><br />

Vénérable Maître Clere <strong>«</strong> qui est passé colonel <strong>du</strong> 28 e régiment <strong>»</strong> 46 et <strong>du</strong> Frère Viroux qui<br />

passe <strong>au</strong> 18 e . 47 Elle demande une copie des Statuts de l’Ordre, le Frère Clere ayant oublié de<br />

les remettre à la loge. Cette copie, les Frères la réclament encore <strong>du</strong> camp d’Utrecht où ils<br />

séjournent en juillet 1804. La question de leur représentant, parisien, <strong>au</strong>près <strong>du</strong> GODF n’est<br />

pas résolue non plus. Après le refus <strong>du</strong> GODF de reconnaître comme tel le Frère Viroux, non<br />

domicilié à Paris, le choix de la Loge se porte sur le Frère Billioux, chef de Bure<strong>au</strong> de<br />

l’Artillerie de la Marine. Ce Frère, sans raison apparente, <strong>«</strong> garde le Silence <strong>»</strong> 48 . La Loge<br />

propose alors le T∴C∴ F∴ Mercadier, <strong>«</strong> maçon distingué <strong>»</strong>. 49 La suite n’est pas connue,<br />

puisque le voile de l’Histoire retombe sur les activités des 60 Frères composant le dernier<br />

Table<strong>au</strong> daté <strong>du</strong> 24 Juin 1805 de la Respectable Loge de Saint Jean de Jérusalem sous le titre<br />

distinctif de la <strong>«</strong> Parfaite Union <strong>»</strong>.<br />

Quant à la Loge issue de la Concorde à l’Orient de la 41 e demi-brigade, elle est encore<br />

<strong>au</strong>jourd’hui la souche et l’un des cinq ateliers de la Grande Loge de Luxembourg. 50<br />

* L’<strong>au</strong>teur est membre de la Loge de Recherche La Pérouse (Nantes).<br />

http://rllaperouse.org<br />

42 Parmi les partants se trouvent les Frères : Pierre Guerain (adjudant-major), Charles Jean-Baptiste Bazin<br />

(capitaine), Antoine Eyma (lieutenant) et Jean Auger<strong>au</strong>d (lieutenant). BNF FM 2 27 f° 217v<br />

43 Le Roi d’Angleterre George III, rompant la paix d’Amiens, déclare le 16 mai 1803 la guerre à la France. La<br />

ville de Hanovre, possession <strong>du</strong> roi , tombe le 5 juin 1803 <strong>au</strong>x mains des troupes françaises.<br />

AVL LU II 10 a 2/AI page 313, note 818<br />

44 idem<br />

45 Charles Boban entre <strong>au</strong> 15 août 1792 <strong>au</strong> 13 e bataillon des Vosges. Il passe le 11 pluviôse an VII comme<br />

sergent de la 70 e <strong>au</strong> 98 e . SHAT 2YB 346<br />

46 Geheimes Staatsarchiv Preussischer Kulturbesitz, Berlin : FM 5.1.15/111 f° 4r<br />

47 BNF FM 2 27 f° 224v<br />

48 BNF FM 2 27 f° 227r<br />

49 BNF FM 2 27 f° 233v<br />

50 A l’heure actuelle, la Grande Loge de Luxembourg ne compte qu’un seul membre officier de la marine<br />

marchande : un capitaine <strong>au</strong> long cours (en sommeil).

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