introduction - Ecologia Mediterranea
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u A. PAPADOPOULOS, M.BARBERO, P.QUÉZEL<br />
tations mensuelles, l’aire du pin d’Alep peut se diviser en<br />
quatre zones géographiques caractérisées par des régimes<br />
différents. Parmi celles-ci, la région C, qui comprend les<br />
forêts de pin d’Alep d’Eubée et des îles Sporades, présente<br />
le régime le plus favorable à leur développement.<br />
En effet, ces pinèdes très arrosées au début de la période<br />
d’activité cambiale, profitent pour leur croissance, des<br />
conditions pluviométriques les plus favorables de toute<br />
l’aire grecque du pin d’Alep.<br />
Parmi les paramètres thermiques analysés, la moyenne<br />
des minima du mois le plus froid (m) et l’amplitude thermique<br />
(M-m) peuvent également être utilisées pour définir<br />
l’extension du pin d’Alep en Grèce. Pour des valeurs<br />
de (m) proches ou inférieures à 3 °C, cette espèce commence<br />
à être remplacée par des essences plus résistantes<br />
au froid : en altitude par le pin de Pallas (Pinus nigra subsp.<br />
pallasiana) et le sapin de Céphalonie (Abies cephalonica),<br />
et vers le nord et nord-est par le pin brutia (Pinus brutia)<br />
et les chênes sclérophylles et caducifoliés. Il s’avère donc<br />
possible d’interpréter la limite vers le nord et le nord-est<br />
de l’aire du pin d’Alep, puisque dans la région de<br />
Thessaloniki (m = 1,3 °C) et de l’île de Thassos (m =<br />
2,1 °C), cette espèce est remplacée par des forêts de pin<br />
brutia. Même dans le nord-est de la Chalcidique, où ces<br />
deux pins son localement en contact, le pin d’Alep est<br />
confiné dans la partie méridionale.<br />
Par contre, la limite est et sud-est du pin d’Alep ne peut<br />
pas être expliquée par les seules valeurs de (m) ; effectivement,<br />
l’absence de cette espèce et son remplacement par<br />
le pin brutia, dans les îles est et sud-est de la mer Egée ne<br />
répond pas à ces conditions (Limnos, m = 4,2 °C,<br />
Rethimno m = 9,4 °C). D’autres explications, moins évidentes,<br />
doivent être proposées et essentiellement le rôle<br />
des facteurs historiques. Rappelons que pour Quézel<br />
(1986), le pin d’Alep se rencontre à l’échelle circum-méditerranéenne<br />
pour des valeurs de (m) comprises entre –3<br />
et 10 °C, et qu’une telle tolérance, d’ailleurs variable suivant<br />
les régions géographiques, doit probablement être<br />
interprétée par le polymorphisme génétique que présente<br />
cette espèce à l’échelle biogéographique (ex. Calamassi,<br />
1986 ; Boulli et al., 2001). L’examen des températures<br />
minimales absolues montrent que pin d’Alep peut supporter,<br />
dans certaines conditions, des gelées exceptionnelles<br />
(jusqu’à -16 °C) et de courte durée. Mais s’il s’agit<br />
de gelées plus longues, des dégâts importants peuvent être<br />
causés à cette espèce. En ce qui concerne les températures<br />
maximales absolues, ces pinèdes supportent, sans problèmes,<br />
des températures supérieures à 40 °C.<br />
Un autre paramètre climatique permettrant d’interpréter<br />
la limite sud-orientale du pin d’Alep est la conti-<br />
nentalité thermique, liée à l’amplitude thermique (M-m).<br />
D’après Quézel (1980), cette espèce est favorisée par la<br />
continentalité, et la partie occidentale de la mer Egée présente<br />
un caractère thermique plus continental que celui<br />
de la partie sud-orientale. Enfin, Quézel et Barbero (1992)<br />
indiquent que l’absence quasi-totale du pin d’Alep en<br />
Méditerranée orientale peut être interprétée comme étant<br />
liée à une adaptation moins efficace de cette espèce aux<br />
climats locaux (continentalité plus faible, précipitations<br />
surtout printanières).<br />
Pour la sécheresse estivale, un prolongement de la<br />
période sèche au-delà de cinq à six mois par an n’est pas<br />
un facteur limitant l’extension des forêts du pin d’Alep<br />
en Grèce. En revanche, une durée inférieure à trois mois<br />
et demi, limite son extension surtout en raison de la<br />
concurrence des espèces sclérophylles et caducifoliées.<br />
Dans ce cas, le pin d’Alep ne subsiste que dans des conditions<br />
édaphiques extrêmes : substrats rocheux, calcaires<br />
marneux sur fortes pentes, substrats métamorphiques ou<br />
calcaires compacts non fissurés. Ceci peut expliquer la<br />
diminution de la présence de ces pinèdes dans la région<br />
littorale et insulaire du nord-ouest de la Grèce et dans la<br />
portion centro-orientale de l’Eubée. Dans ces régions, le<br />
pin d’Alep est rare et pratiquement remplacé par les<br />
chênes sclérophylles et le maquis haut ; il n’existe qu’en<br />
tâches isolées dans les zones les moins favorables au développement<br />
des autres espèces. En tenant compte des<br />
caractères du bioclimat méditerranéen en fonction de l’indice<br />
xérothermique (X), les forêts de pin d’Alep en Grèce<br />
entrent dans le thermo- et méso-méditerranéen. D’après<br />
Barbero et Quézel (1976), Quézel (1980, 1986), et Quézel<br />
et Barbero (1985), les peuplements thermo-méditerranéens<br />
du pin d’Alep, au moins sur substrats meubles<br />
(marnes et calcaires marneux), doivent être considérés<br />
comme climaciques. Par contre, les peuplements mésoméditerranéens<br />
de ces pinèdes, sur substrats plus ou moins<br />
compacts en particulier au niveau supérieur du Quercion<br />
ilicis, constituent des groupements paraclimaciques préludant<br />
à l’installation des chênes sclérophylles.<br />
La majorité de l’aire bioclimatique de ces pinèdes se<br />
partage entre les ensembles semi-aride et sub-humide à<br />
variante thermique tempérée. Une partie très limitée de<br />
cette aire concerne le bioclimat humide tempéré (fig. 7).<br />
Dans le semi-aride, le pin d’Alep constitue la principale<br />
essence forestière, et Nahal (1986) le considère d’ailleurs<br />
comme une espèce privilégiée de ce bioclimat à l’échelle<br />
circum-méditerranéenne. Cependant, du point de vue la<br />
production ligneuse, son optimum de développement se<br />
trouve dans le bioclimat sub-humide tempéré (Quézel,<br />
1980, 1986 ; Nahal, 1986). Dans les régions à bioclimat<br />
ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 1, 2003