Résumé des cours 2008-2009 - Chaire d'Assyriologie - Collège de ...
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648 jEAN-MAriE DUrAND<br />
paléobabylonienne ; ses textes ne sont pas homogènes ; certains, du fait <strong>de</strong> leurs<br />
techniques ou <strong>de</strong> leurs propos, viennent même sûrement d’ailleurs que <strong>de</strong> Babylonie,<br />
même si c’est en Babylonie que <strong><strong>de</strong>s</strong> fouilles illicites les ont retrouvés.<br />
il faut <strong>de</strong> la même façon expliquer pourquoi on retrouve dans <strong><strong>de</strong>s</strong> textes du<br />
i er millénaire <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’hépatoscopie mariotes. il ne s’agit que <strong>de</strong> l’adoption<br />
récente <strong>de</strong> traditions occi<strong>de</strong>ntales survivantes <strong>de</strong> l’époque amorrite.<br />
Les hémérologies attestées à Babylone à l’époque <strong>de</strong> Mari, où elles représentent<br />
une exigence encore inconnue, ont profondément changé l’esprit <strong>de</strong> l’interrogation<br />
oraculaire. À Babylone, le jour où l’on prend l’oracle a une valeur positive ou<br />
négative en lui-même qui peut annuler la prise oraculaire ou la renforcer.<br />
jusqu’à présent, on tenait les hémérologies pour un phénomène très important<br />
mais tardif, élaboré à l’époque néoassyrienne. À partir du moment où compte<br />
surtout la valeur même du jour <strong>de</strong> l’événement, tout peut <strong>de</strong>venir moyen <strong>de</strong><br />
divination. C’est ce qui explique le succès <strong><strong>de</strong>s</strong> séries parallèles à la série<br />
hépatoscopique dans la région <strong>de</strong> l’Est.<br />
Assurément, dans la documentation <strong>de</strong> Mari, multiples sont les moyens dont<br />
dispose la divinité pour faire appel à l’attention <strong>de</strong> l’homme : prodiges ou même<br />
simples événements fortuits. Cependant, ce n’est que par le biais <strong>de</strong> la divination<br />
que les Mariotes savent interpréter le signe envoyé par les dieux, car il n’a pas<br />
encore valeur ominale par lui même.<br />
Alors que l’on imagine que la divination bri<strong>de</strong> l’initiative humaine, puisque<br />
toute action est pour elle, <strong>de</strong> façon patente, soumise à la volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, elle est<br />
en réalité ce qui permet au groupe <strong>de</strong> s’unir et d’affirmer son unité face à la notion<br />
<strong>de</strong> «l’autre »:celui qui n’appartient pas au groupe, décrit comme un étranger qui<br />
ne parle pas la même langue, donc comme celui avec qui il n’y a pas<br />
intercompréhension, est compris et ressenti spontanément comme un envahisseur<br />
qui ne rêve que pillages, déportation et meurtres.<br />
Cela est montré par la lecture <strong>de</strong> la Tamîtu (« questions oraculaires ») ipubliée<br />
<strong>de</strong>rnièrement (2007) par W-G Lambert et dont on a fait la lecture. Ce texte qui<br />
date d’environ les débuts <strong>de</strong> l’époque cassite (xvi e siècle av.) pourrait refléter aussi<br />
bien la réalité ethnique mêlée <strong>de</strong> Mari. Dans cette tamîtu, l’étranger est défini<br />
comme celui qui a un «accent étranger », mais dans une lettre célèbre <strong>de</strong> Mari, on<br />
oppose les iraniens élamites et les Amorrites <strong>de</strong> la plaine «<strong>de</strong> façon naturelle » par<br />
l’antagonisme <strong><strong>de</strong>s</strong> insectes «noirs » et «blancs » qui vivent ensemble sur les bords<br />
du fleuve, sans se confondre.<br />
Pour mieux comprendre pourquoi la divination est un <strong><strong>de</strong>s</strong> fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> l’État<br />
mésopotamien, le mieux est d’examiner sa forme la plus aboutie, au i er millénaire :<br />
comment nous représentons-nous la constitution <strong>de</strong> ce que nous considérons<br />
comme un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers exemples d’État à prétention universaliste, c’est-à-dire<br />
l’empire néoassyrien ?