Le Prince Blanc et le Prince Noir l était une fois deux fils du roi qui ...

Le Prince Blanc et le Prince Noir
l était une fois deux fils du roi qui étaient
différents comme le jour et la nuit : le frère cadet,
que tout le monde appelait le Prince Blanc, s’ennuyait vite en
restant dans le château, car il aimait la nature, le soleil et les
jeux, mais sa paresse et sa désobéissance le rendait bien
difficile. Au contraire, le frère aîné était plus calme et
modeste que son petit frère ; il préférait lire des livres
ambitieux dans sa chambre et n’aimait pas sortir, c’est
pourquoi on l’appelait le Prince Noir.
Un jour, le Prince Blanc a prié le roi de le laisser quitter le château et partir a l’aventure,
parce qu’il se sentait assez adulte pour explorer le monde et pour faire des expériences
nouveaux. Ensuite, en considérant que le roi maladif avait l’air de ne plus vivre longtemps,
le fils lui a promis qu’il allait bientôt retourner.
Le roi a proposé : « Je te laisse partir à condition que ton grand frère aille t’accompagner.
Aller seulement est trop dangereux, ainsi, ton frère va faire attention que tu ne fasses pas de
bêtises. En outre, vous n’aurez que l’argent que je vous donne une seule fois. Donc si vous
avez besoin de plus d’argent, vous devrez le gagner vous-mêmes.»
Après, le Prince Blanc a réussi à convaincre le Prince Noir de l’accompagner en voyage, bien
que celui-ci préférât encore rester à la maison.
Enfin, les deux frères sont partis avec deux
chevaux et avec un petit sac d’argent grâce auquel
ils pouvaient vivre à peu près un mois. Pendant les
semaines prochaines, ils ont traversé beaucoup de
petits et des grands villages, des forêts épaisses et
sombres, des vallées basses et des collines hautes.
De plus, ils ont rencontrés beaucoup de gens

différents, par exemples des soldats, des narrateurs, des paysans, des tailleurs, des acteurs et
des artisans. Après avoir connu ces aventures tumultueuses, le Prince Blanc trouvait sa
nouvelle vie si excitante qu’il ne voulait jamais rentrer au château. Le Prince Noir, lui aussi,
a commencé à prendre plaisir au voyage, néanmoins il a essayé de raisonner l’autre prince
plusieurs fois en le rappelant à la promesse du retour dont leur père se réjouirait beaucoup.
Un mois plus tard, l’argent venait à manquer et pour en gagner, les deux princes ont cherché
du travail partout. En traversant un petit village de pêcheurs, ils ont été engagés par un
poissonnier pour qui ils devaient pêcher des poissons. Le premier jour, les deux ont pêché
un nombre impressionnant de poissons, parmi lesquels un était même doré.
Tout à coup, le poisson doré, pris dans le filet de pêche, a
chuchoté : « S’il vous plaît, aidez-moi ! Je vous prie ! Si vous me
laissez libre avant que le poissonnier me voie, je vous offrirai
trois vœux. »
Comme les princes l’ont cru, ils ont ouvert le filet de pêche de sorte que le poisson doré s’est
jeté à l’eau et qu’il a disparu.
Curieusement, le Prince Blanc a demandé à son frère : « Dis, qu’est-ce que tu désires ? Je
propose que nous puissions partager les vœux. »
« Il faut qu’on soit raisonnable et prudent. Je te laisse garder les trois vœux, mon petit frère,
mais ne sois pas gaspilleur avec eux ! », a répliqué le Prince Noir qui était très généreux.
Le petit frère lui a promis d’y penser et après, les deux ont continué à travailler pour gagner
leur dîner. Cependant, le Prince Blanc s’est assis en soupirant et il s’est plaint : « Comme j’ai
faim ! Je ne suis jamais imaginé qu’un repas seul coûte tellement de travail. Je souhaiterais
que nous ayons un grand banquet avec du repas de tout le monde ! »
Après avoir exprimé le vœu une longue table sur laquelle se
trouvait assez de mets pour le village entier a apparu dans la rue.
Stupéfait et quand même heureusement, le Prince Blanc a invité
son frère et tout le village à manger. Les hommes, les femmes,

les vieux et les enfants ont célébré la surprise formidable ensemble, tandis que le Prince Noir,
un garçon plutôt effacé, a murmuré à l’autre prince : « L’idée n’est pas mauvaise, mais tout
cela n’est pas non plus vraiment nécessaire. Si on travaillait, on pourrait se payer le repas. »
« Pas de soucis, mon grand frère, j’ai encore deux vœux ! Alors, trinquons », a replié le
Prince Blanc en rigolant.
Peu après, celui-ci trouvait que la petite fête dans le village n’était pas comparable aux fêtes
qu’ils faisaient dans le château et en conséquence, il a commencé à s’ennuyer. En bâillant il
s’est plaint : « Comme cette fête est ennuyeuse ! Elle manque des couleurs, de musique et de
lumières. Je souhaiterais que la fête soit plus excitante ! »
Soudain, tous les gens dont les vêtements étaient simples ou
sales avant ont porté des jolies robes et des costumes nobles.
Les maisons et les huttes étaient décorées de lumières de toutes
couleurs et il y avait de la musique joyeuse qui retentait du
néant. En dansant et en chantant des chansons joviales les gens
ont célébré ce jour formidable, tandis que le Prince Noir s’est
adressé à son frère encore une fois : « L’idée n’est pas mauvaise,
mais tout cela n’est pas non plus vraiment nécessaire. Tu a vu
que les autres ont aussi eu de plaisir sans ces futilités. »
« Pas de soucis, mon grand frère, j’ai encore un vœu, a répondu le Prince Blanc légèrement
ivre ; alors, dansons ! »
Le lendemain, la fête était finie et tous sont retournés à la grisaille quotidienne et à leurs
travaux : les pêcheurs sont allés en bateau, les poissonniers ont ouvert leurs poissonneries,
les deux princes qui n’avaient pas encore gagné de l’argent s’occupaient des filets de pêches.
Quand le Prince Blanc a été sommé de faire plus d’efforts, il a laissé le filet tomber et il s’est
plaint : « Comme je suis fatigué ! Je sue de tout mon corps. De plus, tu ne penses qu’au
travail. Travailler, travailler, toujours travailler! Quelquefois, je souhaiterais que tu sois aussi
paresseux et lent comme une tortue. »

Ayant énoncé le dernier vœu, le Prince Noir est devenu de plus en plus petit – il s’est
transmué en petite tortue se cachant dans sa carapace noire.
« Quelle horreur ! », a crié le Prince Noir qui est allé chercher un seau d’eau dans lequel il a
subitement jeté son frère, la tortue noire, pour empêcher que celle-ci s’enfuie. Comme il n’y
avait personne qui puisse l’aider, le Prince Blanc s’est assis au bord du fleuve sans savoir ce
qu’il devait faire maintenant.
« Je suis terriblement désolé, grand frère! Tu me l’as toujours
dit. Si je t’avais écouté, tu ne te serais pas changé en une tortue.
Quand tu es un animal, nous ne pourrons plus jamais rentrer.
Qu’est-ce qu’on doit faire ? », s’est demandé le prince
désespéré.
« J’aurais une proposition » , a susurré quelqu’un dont la voix le Prince Noir connaissait,
« mais elle est liée à une condition. »
Quand il s’est penché sur le fleuve, il a découvert le poisson doré que son frère et lui avaient
libéré hier.
« S’il te plaît, aide-nous! Je veux que mon petit frère devienne encore un homme », a imploré
le frère cadet, « j’accepte toutes les conditions. »
« Bon, écoute-moi bien. Ton frère redeviendra un homme, si tu passes sept années sans dire
un mot. Si tu ne réussis pas, il restera un animal pour toujours. Le temps commence à partir
de maintenant. »
Depuis ce jour, le Prince Blanc et la tortue noire vivaient dans le village des pêcheurs en
silence. La tortue se taisait, parce qu’elle ne pouvait plus parler. Le prince se taisait, parce
qu’il ne devait plus parler. Pendant ce temps dur, il regrettait souvent ses fautes, mais il ne
disait jamais un seul mot. Quand enfin, les sept années ont passées sans que le Prince Blanc
eut rompu le silence, la tortue s’est changée en homme et les deux frères sont retournés
dans leur royaume, où ils sont couronnés : c’était des rois sages – surtout le Prince Blanc est
devenu un roi prudent qui réfléchissait mieux deux fois avant de parler.