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Fascicule entier - Tropicultura

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TROPICULTURA<br />

meilleures récoltes pendant une à deux campagnes agricoles<br />

avant d’être renouvelées par des semences importées. Le<br />

recours aux semences prélevées s’explique aussi par le<br />

faible taux de germination des semences importées (moins<br />

de 80%).<br />

Par ailleurs, on distingue plusieurs modes de fertilisation<br />

des cultures selon la ville. A Garoua, les fertilisants minéraux<br />

utilisés sont l’urée (46%) et le NPKSB (15 20 15 6 1). Ces<br />

fertilisants destinés au cotonnier sont complétés par de la<br />

matière organique dans certains périmètres: la drèche à<br />

Bocklé et la bouse de bétail à Souari situés respectivement à<br />

proximité du dépôt de drèche des Brasseries et de l’abattoir<br />

municipal. A Ngaoundéré par contre où la SODECOTON<br />

n’assure pas la distribution des intrants agricoles, l’accès aux<br />

produits de synthèse est difficile. D’où le développement des<br />

circuits informels de distribution d’engrais et de pesticides<br />

destinés à la culture du cotonnier dans les provinces du<br />

Nord et de l’Extrême-Nord et du Tchad à bas prix, bien que<br />

ces pesticides soient peu recommandés pour la culture<br />

des légumes. L’usage du Cypercal C 720 EC importé par la<br />

société Cotontchad et détourné à la gare marchandise de<br />

Ngaoundéré, point de rupture de charge entre la voie ferrée<br />

et la voie routière, est très répandu.<br />

L’insuffisance des produits de synthèse est compensée<br />

par l’utilisation des matières organiques: bouses de bœufs,<br />

fiente de poules (Bini-Dang et Marza), déchets ménagers<br />

(Marza), enfouissement des feuilles vertes dans le sol lors<br />

du labour. Le dépotoir des ordures ménagères de la ville<br />

de Ngaoundéré se trouve à proximité de Marza, ce qui a vu<br />

naître en ce lieu l’activité de compostage.<br />

Ainsi les rendements moyens sont de 9.500 kg/ha pour<br />

l’oignon, 14.000 kg/ha pour la tomate et 34.100 kg/ha pour<br />

les légumes feuilles africains et les feuilles de laitue.<br />

4. Stratégie des producteurs<br />

La ville de Garoua appartient à une zone agro écologique<br />

marquée par une pluviosité faible (600 à 1200 mm), mais<br />

surtout irrégulière. Les principaux bassins maraîchers se<br />

localisent dans les vallées marécageuses. L’activité occupe<br />

les producteurs du début de la saison sèche (novembre)<br />

au retour des pluies (juin). Ceux situés sur des terrains non<br />

inondables commencent plus tôt (août), surtout pour l’oignon<br />

précoce. La production des légumes de type africain (cycle<br />

moyen de 45 jours) est continue et couvre toute la période.<br />

Plusieurs cultures peuvent ainsi se succéder sur une même<br />

parcelle pendant une campagne agricole. La production des<br />

légumes de type européen (cycle moyen de 35 jours) et de la<br />

tomate (cycle moyen de 3 mois) est échelonnée de telle sorte<br />

que les dernières récoltes aient lieu en avril, période pendant<br />

laquelle la contrainte thermique devient un facteur limitant.<br />

L’oignon quant à lui se cultive deux fois pendant la période:<br />

les semis précoces (août pour les récoltes de décembre) et<br />

les semis tardifs (octobre pour les récoltes de février-mars).<br />

Son cycle moyen est de 3 mois.<br />

A Ngaoundéré, la pluviosité ne constitue pas une contrainte<br />

majeure, il pleut sensiblement six mois sur douze et de<br />

façon régulière. La principale contrainte reste l’accès aux<br />

zones marécageuses très souvent réservées au pâturage de<br />

contre saison, surtout pour les producteurs non musulmans<br />

originaires d’autres régions géographiques du Cameroun<br />

notamment de l’ouest.<br />

Par ailleurs, en raison des difficultés financières auxquelles<br />

font face les producteurs, on assiste à une parfaite intégration<br />

entre agriculture et élevage dans certains périmètres (Marza<br />

et Bini-Dang). A Marza, les éleveurs parquent leurs bœufs sur<br />

des parcelles préparées pour recevoir des cultures un mois<br />

102<br />

durant. Ce qui permet d’enrichir les sols de bouses de vache<br />

et d’urine. A Bini-Dang, cette association tient à l’usage des<br />

fientes de poules versées dans les poquets qui serviront<br />

au repiquage des plants de tomate. L’usage des matières<br />

organiques permet ainsi de réduire les coûts d’acquisition<br />

des produits de synthèse. Autant les stratégies développées<br />

par les producteurs sont variées, autant ils appartiennent à<br />

plusieurs types.<br />

5. Typologie des producteurs<br />

On distingue trois types de producteurs: suivant la période<br />

et le lieu de culture, la nature de la main-d’œuvre utilisée.<br />

Des spécificités demeurent cependant selon la localité<br />

étudiée.<br />

- Les pluriactifs<br />

Ils se recrutent parmi les producteurs qui exploitent les<br />

bords des cours d’eau et autres zones marécageuses<br />

pendant la saison sèche. Avec l’arrivée des pluies entraînant<br />

les crues, ceux-ci se reconvertissent à d’autres activités<br />

et ne retournent à la terre et aux mêmes endroits qu’à la<br />

saison sèche suivante. Ils sont des employés de bureaux<br />

et des commerçants, vivent en ville, louent les terres<br />

et emploient une main-d’œuvre temporaire dans leurs<br />

parcelles maraîchères. Ils représentent plus de 70% des<br />

producteurs du périmètre de Pitoa-kismatari (à Garoua),<br />

l’une des grandes zones de production de tomate dans le<br />

nord Cameroun. Les pluriactifs de la ville de Ngaoundéré<br />

assurent la production tout au long de l’année. Ils se livrent<br />

au petit commerce ou à la conduite de moto taxi après le<br />

semis. En période de crue, ils cultivent sur des versants<br />

(Centrale-Sonel).<br />

- Les itinérants<br />

Il s’agit des producteurs qui exploitent les bords des cours<br />

d’eau et les bas-fonds en période d’étiage et poursuivent<br />

leurs cultures maraîchères ailleurs lorsque les cours d’eau<br />

sont en crue. Ils sont surtout présents dans le périmètre de<br />

Pitoa-kismatari (à Garoua) où la tomate de saison des pluies<br />

se cultive dans la localité de Mbilga. Ce sont des locataires<br />

qui utilisent une main-d’œuvre familiale. Ils représentent<br />

plus de 20% des producteurs de cette zone. A Ngaoundéré,<br />

on les retrouve dans tous les périmètres, mais en grand<br />

nombre à Bini-Dang et Marza.<br />

- Les saisonniers sédentaires<br />

Ce sont des producteurs qui exploitent les bords des cours<br />

d’eau pendant la saison sèche. Avec l’arrivée des pluies (crue<br />

des rivières) ceux-ci se reconvertissent à d’autres activités et<br />

ne retournent à la terre et aux mêmes endroits qu’à la saison<br />

sèche suivante. On les rencontre uniquement à Garoua<br />

dans les périmètres de Tchontchi (100%), Pitoa-kismatari<br />

(10%), Souari (100%), et Boklé (90%). La main-d’œuvre est<br />

essentiellement familiale, et intervient généralement de la<br />

production à la commercialisation.<br />

6. Commercialisation des produits récoltés<br />

On distingue trois modes de commercialisation des produits<br />

cultivés: la vente «bord champ» ou achat sur pied, la vente<br />

en bordure des grands axes routiers et la vente sur les<br />

marchés de la ville.<br />

Dans le cas de la vente «bord champ» l’acheteur participe<br />

directement à la récolte, ce mode concerne les détaillants<br />

des différents marchés des deux villes et les grossistes<br />

(nationaux et étrangers) acheminant les produits au-delà des<br />

villes de production. Cette pratique est fréquente dans les<br />

périmètres de Bocklé, Souari et Pitoa-Kismatari à Garoua, et<br />

Bini-Dang, Marza, Centrale-Sonel à Ngaoundéré. L’acheteur

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