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SPIRITUALITE(S) - Ecole Rudolf Steiner de Geneve

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e n t r ’ é c o l e s<br />

Journal <strong>de</strong>s écoles rudolf steiner <strong>de</strong> la suisse roman<strong>de</strong><br />

spiritualite(s)<br />

POINT DE MIRE<br />

Frédéric Faes:<br />

Voir et entendre avec l’esprit 4<br />

Sibylle Naïto:<br />

C’est tous les jours Noël 6<br />

Geneviève Baumann:<br />

Mythes et recits bibliques – Se relier<br />

pour mieux penser 7<br />

Alain Maillard:<br />

Notes <strong>de</strong> lectures: parents et<br />

transmission réligieuse 9<br />

Noémie Boss:<br />

A quoi ça sert <strong>de</strong> croire 10<br />

Hiver<br />

2010<br />

A LA DECOUVERTE D’ECOLES<br />

DANS LE MONDE<br />

Geneviève Baumann:<br />

La pédagogie <strong>Steiner</strong> au Sénégal 2<br />

ACTUALITE<br />

Alain Maillard:<br />

Entre normes et compétition 11<br />

CALENDRIER<br />

Manifestations et vacances 12<br />

1


a la DeCOuVerte D’uNe eCOle DaNs le MONDe<br />

Trois rencontres dans la région <strong>de</strong> Dakar<br />

la pÉDaGOGie steiNer<br />

au sÉNÉGal<br />

L’<strong>Ecole</strong> David Diop Mendès<br />

A Dakar, Mbaye Sene a décidé <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r<br />

une école«sociale» pour lutter contre la<br />

délinquance <strong>de</strong>s jeunes qui n’étaient pas<br />

scolarisés, institution qui accueillerait une<br />

large proportion d’enfants <strong>de</strong> familles défavorisées.<br />

L’<strong>Ecole</strong> David Diop Mendès est<br />

née en 1997 et compte aujourd’hui plus<br />

<strong>de</strong> 700 élèves! Une Suissesse, épouse<br />

d’un ami sénégalais <strong>de</strong> Mbaye, a décidé<br />

<strong>de</strong> retour en Suisse <strong>de</strong> créer une association<br />

pour soutenir cette école. Le couple<br />

a <strong>de</strong>s liens étroits avec l’<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong><br />

Wetzikon. Mr Sene est venu à plusieurs<br />

reprises dans différentes écoles <strong>Steiner</strong><br />

(Wetzikon et Lausanne) et, très intéressé<br />

par plusieurs aspects pédagogiques,<br />

les met en pratique à l’<strong>Ecole</strong> David Diop.<br />

Ainsi, après son passage à Lausanne, en<br />

2007, il introduit avec succès les cours<br />

<strong>de</strong> musique, <strong>de</strong> peinture et <strong>de</strong> théâtre.<br />

L’association a réussi à récolter les fonds<br />

nécessaires à la construction <strong>de</strong> nouveaux<br />

bâtiments dès le printemps 2011. Les élèves<br />

<strong>de</strong> la 12ème classe <strong>de</strong> Lausanne iront y<br />

passer trois semaines en juin/juillet 2011.<br />

Ce qui nous frappe, lors <strong>de</strong> notre visite<br />

début novembre, ce sont tous les panneaux<br />

sur les murs qui donnent la parole<br />

aux grands hommes et qui parlent <strong>de</strong> respect<br />

et <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong> la femme<br />

et <strong>de</strong> l’enfant. Et puis, l’engagement<br />

Il y a parfois dans la vie, comme dans le ciel, <strong>de</strong>s conjonctions<br />

étonnantes. Que ce soit à Genève, à Lausanne ou en France, la pédagogie<br />

<strong>Steiner</strong> se lie, <strong>de</strong>puis quelques temps, au Sénégal.<br />

total <strong>de</strong> Mbaye, directeur, et <strong>de</strong> ses collaborateurs…<br />

Sekar Wangi<br />

Autre quartier <strong>de</strong> Dakar. Quartier populeux.<br />

Dans un coin, un immeuble bas où,<br />

si on lève les yeux, on aperçoit un balcon<br />

aux belles couleurs orangées comme celles<br />

<strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong>s premières classes dans<br />

une école <strong>Steiner</strong>. Ici, un conseiller péda-<br />

gogique <strong>de</strong>s écoles publiques a décidé <strong>de</strong><br />

financer <strong>de</strong> ses propres <strong>de</strong>niers un petit<br />

jardin d’enfants <strong>Steiner</strong>, Sekar Wangi, que<br />

fréquentent une cinquantaine d’enfants.<br />

On y insiste d’abord sur le rôle et la pratique<br />

<strong>de</strong> l’art. Abdoulaye Seck est non seulement<br />

pédagogue, mais aussi formateur<br />

en pédagogie, artiste peintre, informaticien,<br />

spécialiste <strong>de</strong>s religions, batikier <strong>de</strong> renom,<br />

grand connaisseur <strong>de</strong>s teintures végétales…<br />

Lors <strong>de</strong> notre visite, dans l’aprèsmidi,<br />

les enfants ne sont plus là, sauf une<br />

petite fille qui s’est endormie en raison<br />

du retard <strong>de</strong> sa maman. Abdoulaye est intarissable<br />

sur la pédagogie <strong>Steiner</strong>. Il ne<br />

comprend pas pourquoi l’école publique<br />

en France se pose tellement <strong>de</strong> questions<br />

alors qu’elle dispose <strong>de</strong> ce formidable outil!<br />

C’est ce qu’il dit aux étudiants quand il les<br />

rencontre dans les IEFM… Dans son travail,<br />

au ministère <strong>de</strong> l’éducation sénégalaise, il<br />

tente aussi <strong>de</strong> faire rayonner la pensée pédagogique<br />

<strong>de</strong> <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong>.<br />

L’<strong>Ecole</strong> Yvette Parès<br />

Enfin, à environ un heure <strong>de</strong> route <strong>de</strong> Dakar,<br />

à Keur Massar, un peu plus d’une centaine<br />

d’élèves fréquentent l’<strong>Ecole</strong> Yvette<br />

Parès, du nom <strong>de</strong> cette scientifique française<br />

qui a passé une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> sa<br />

vie au Sénégal en se passionnant pour<br />

la mé<strong>de</strong>cine traditionnelle africaine. Les<br />

jeunes <strong>de</strong> la 11ème classe <strong>de</strong> l’<strong>Ecole</strong> Stei-<br />

ner <strong>de</strong> Genève ont effectué en mars <strong>de</strong>rnier<br />

leur stage UNESCO en offrant aux enfants,<br />

d’une part <strong>de</strong>s activités centrées sur l’art<br />

et le sport, et d’autre part une réflexion<br />

théâtrale sur les droits <strong>de</strong> l’enfant vécus<br />

au quotidien, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Babacar Fall,<br />

un jeune Sénégalais venu à Genève pour<br />

une session <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’enfant à l’ONU.<br />

Là aussi, au sein <strong>de</strong> l’école Yvette Parès, le<br />

passage <strong>de</strong> la pédagogie <strong>Steiner</strong> laisse <strong>de</strong>s<br />

traces. Lors <strong>de</strong> notre visite, six mois après,<br />

beaucoup d’échanges continuent d’avoir<br />

lieu sur les métho<strong>de</strong>s pédagogiques dans<br />

telle ou telle matière. Là aussi, les cours <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssin et <strong>de</strong> chants font partie <strong>de</strong> l’emploi<br />

du temps <strong>de</strong> la semaine <strong>de</strong> la nouvelle année<br />

scolaire qui vient <strong>de</strong> commencer.<br />

Ces trois écoles rayonnent, chacune dans<br />

leur démarche, avec les personnalités qui<br />

les portent. Nous nous promettons bien<br />

<strong>de</strong> revenir les voir.<br />

Geneviève Baumann<br />

aCCueil CONtiNu À GeNÈVe<br />

A Genève, le projet <strong>de</strong> loi constitutionnelle pour l’accueil continu<br />

<strong>de</strong>s élèves à l’école a été plébiscité par 81,1% <strong>de</strong>s électeurs. Des<br />

activités parascolaires seront proposées aux élèves du primaire<br />

et du cycle d’orientation le matin, à midi et en fin d’après-midi.<br />

Le Conseil d’Etat a précisé que l’accueil continu sera introduit<br />

<strong>de</strong> manière progressive dès la rentrée 2013.<br />

DÉCOuVrir le DialeCte<br />

La sensibilisation au suisse allemand et l’enseignement du<br />

fait religieux feront désormais partie du programme du cycle<br />

d’orientation genevois. Présentée le 25 novembre par le conseiller<br />

d’Etat Charles Beer, la nouvelle grille horaire concilie le plan<br />

d’étu<strong>de</strong> romand (85% du programme) et la nouvelle organisation<br />

du cycle acceptée par le peuple en mai 2009, prévoyant le retour<br />

<strong>de</strong>s sections dès la 8e année.<br />

Oui au CruCiFiX À l’ÉCOle<br />

La Conférence <strong>de</strong>s évêques suisses estime que les crucifix ont<br />

leur place à l’école, et que les interdire reviendrait à une forme<br />

d’intolérance incompatible avec la liberté <strong>de</strong> croyance et <strong>de</strong> conscience.<br />

Norbert Brunner, évêque <strong>de</strong> Sion et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la CES,<br />

a affirmé le 2 décembre que la tendance à confiner la croyance<br />

<strong>de</strong>s gens à la sphère privée n’est pas partagée par la population.<br />

NON au VOile À l’ÉCOle<br />

Le Grand conseil vaudois refuse d’interdire le port du voile et<br />

<strong>de</strong> signes religieux durant la scolarité obligatoire. Par 81 voix<br />

contre 41, les députés ont classé le 30 novembre une motion en<br />

ce sens <strong>de</strong> l’UDC. Divers députés ont souligné l’incompatibilité<br />

<strong>de</strong> la motion avec la constitution cantonale, qui garantit la liberté<br />

<strong>de</strong> conscience et religieuse. Anne-Catherine Lyon cheffe du Département<br />

<strong>de</strong> la formation, a rappelé qu’en revanche, le foulard<br />

n’est pas autorisé pour les enseignantes, car «le port d’un tel<br />

signe distinctif va à l’encontre <strong>de</strong> leur mission».<br />

IMPRESSUM<br />

entr’écoles Journal <strong>de</strong>s écoles <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> la Suisse roman<strong>de</strong><br />

Publié solidairement par les écoles <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Genève et<br />

Lausanne, avec le soutien <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s <strong>Ecole</strong>s<br />

<strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> en Suisse<br />

Rédaction:<br />

Gabriel Hauser pour Lausanne<br />

Geneviève Baumann pour Genève<br />

Contact: entreecoles@ecolesteiner.ch<br />

Une<br />

spiritUalité<br />

bien ancrée<br />

Chers Lecteurs,<br />

«Le 21ème siècle sera spirituel, ou ne sera<br />

pas.» Nous disait André Malraux.<br />

Qu’en est-il aujourd’hui?<br />

Autour <strong>de</strong> Noël, nous trouvons une<br />

saison propice pour se tourner vers<br />

l’intériorité et le recueillement, à l’image<br />

d’une nature qui se retire en soi, vers<br />

la spiritualité. C’est aussi la saison <strong>de</strong>s<br />

achats et <strong>de</strong>s repas qui éprouvent notre<br />

capacité digestive.<br />

Aujourd’hui, nous <strong>de</strong>vons lutter pour faire<br />

vivre en conscience la dimension spiri-<br />

tuelle, nous ne <strong>de</strong>vons pas le faire en<br />

négligeant le mon<strong>de</strong> physique, car l’enjeu<br />

est bien d’harmoniser ces <strong>de</strong>ux aspects<br />

d’une même essence. Il s’agit alors <strong>de</strong><br />

spiritualiser la matière et <strong>de</strong> matérialiser<br />

le spirituel, nous pouvons voir ces <strong>de</strong>ux<br />

chemins dans la rencontre <strong>de</strong> <strong>Rudolf</strong><br />

<strong>Steiner</strong> avec Goethe. Essayons donc <strong>de</strong><br />

vivre cette nécessité dans nos actes et<br />

nos pensées.<br />

Gabriel Hauser<br />

<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Lausanne<br />

2 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10<br />

3<br />

?


POINT DE MIRE<br />

J’avais huit ans, nous étions en villégiature<br />

aux Diablerets pour les vacances<br />

et j’accompagnais mon père aux champignons.<br />

Cela je l’avais déjà fait souvent,<br />

mais c’était la première fois qu’il<br />

m’emmenait en Suisse alleman<strong>de</strong>. Nous<br />

avons pris le car postal jusqu’à La Reusch<br />

et, après une montée assez rai<strong>de</strong> sur<br />

un sentier forestier, nous débouchions<br />

dans <strong>de</strong>s pâturages. La recherche ainsi<br />

que la cueillette commençaient en lisière<br />

<strong>de</strong> forêt. Il y avait déjà bien <strong>de</strong>ux heures<br />

que nous étions en route et je «bringuais»,<br />

car <strong>de</strong>puis un moment, je n’avais<br />

rien trouvé et j’étais fatigué. Mon père me<br />

dit: «Nous piqueniquerons sur le replat.<br />

Tu prends la lisière <strong>de</strong> gauche et je prends<br />

celle <strong>de</strong> droite, on se rejoindra en haut!»<br />

A mi-pente, alors que j’étais vraiment fatigué,<br />

je m’arrêtais pour me reposer… C’est<br />

alors que je vis <strong>de</strong>vant moi se dérouler un<br />

paysage qui défilait et qui était la suite<br />

<strong>de</strong> ce que je venais <strong>de</strong> parcourir. A <strong>de</strong>ux<br />

endroits, le défilement s’arrêta et je vis<br />

<strong>de</strong>s chanterelles et <strong>de</strong>s bolets, puis le terrain<br />

s’élargissait, la pente s’adoucissait.<br />

Il y avait un bel alpage avec un groupe <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux chalets et une grange entourant une<br />

fontaine avec la montagne en arrière fond.<br />

C’est avec un regain d’énergie que je poursuivais<br />

la montée. Les champignons étaient<br />

là où je les avais vus et l’alpage était<br />

exactement comme il m’avait été montré!<br />

C’est très étonnant comme ce souvenir,<br />

56 ans plus tard, est précis à mon esprit.<br />

Mes notes reproduites<br />

Lors <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> expérience, j’avais<br />

un peu plus <strong>de</strong> 30 ans. Depuis quelque<br />

temps, un ami m’avait prêté un cor <strong>de</strong>s<br />

Alpes et je m’étais quelque peu exercé.<br />

C’étaient les vacances <strong>de</strong> Noël et après<br />

sOuVeNirs persONNels et reFleXiONs<br />

VOir et<br />

eNteNDre aVeC<br />

les diverses fêtes <strong>de</strong> famille, nous étions<br />

montés aux Diablerets pour passer quelques<br />

jours dans le calme. Il faut dire<br />

qu’avec la neige, le chalet est atteignable<br />

seulement à ski ou avec <strong>de</strong>s raquettes et<br />

il n’y a pas <strong>de</strong> voisin direct. Nous y étions<br />

arrivés dans le courant <strong>de</strong> l’après-midi,<br />

il a fallu: déneiger un peu, allumer du<br />

feu pour chauffer, faire encore <strong>de</strong>ux trajets<br />

pour tout amener, puis commencer<br />

à préparer le souper. En attendant que<br />

le repas cuise, je sortis pour jouer au cor<br />

<strong>de</strong>s Alpes les morceaux que j’avais travaillés.<br />

Puis nous nous mimes à table,<br />

puis la vaisselle et ce moment <strong>de</strong> détente,<br />

<strong>de</strong> calme tellement agréable où le temps<br />

se suspend, où on est juste disponible<br />

au présent.<br />

Que se passa-t-ilalors? J’entendis jouer du<br />

cor <strong>de</strong>s Alpes? J’enfilai ma veste et sortis<br />

pour mieux entendre, savoir d’où cette<br />

musique venait, je voulais trouver qui jouait.<br />

C’était particulier, je n’entendais pas<br />

mieux <strong>de</strong>hors que <strong>de</strong>dans et je n’arrivais<br />

pas à savoir d’où venait le son. Je réalisai<br />

d’ailleurs que c’étaient exactement les<br />

airs que j’avais joués auparavant, dans<br />

le même ordre et d’ailleurs il y avait les<br />

mêmes fautes, juste celles que j’avais<br />

faites! Est-ce que je réentendais la musique<br />

que j’avais jouée? Si j’avais été seul<br />

j’aurais pensé à une hallucination, mais<br />

la personne qui était au chalet avec moi<br />

avait entendu la même chose que moi et<br />

en même temps…!<br />

Que s’est-il passé dans ces <strong>de</strong>ux cas, je<br />

n’en sais rien. Tous <strong>de</strong>ux sont complètement<br />

hors <strong>de</strong> la réalité mais je les ai réellement<br />

vécus!<br />

D’où m’est venu ce paysage que j’allais<br />

découvrir et dans lequel je ne m’étais encore<br />

jamais promené? Quoi, ou qui nous<br />

l’esprit<br />

Si nous y sommes attentifs, nous pouvons remarquer que nos sens font<br />

l’expérience <strong>de</strong> l’interaction entre les mon<strong>de</strong> spirituel et physique. <strong>Rudolf</strong><br />

<strong>Steiner</strong> y a consacré <strong>de</strong>s conférences, mais j’abor<strong>de</strong>rai cette réflexion<br />

par <strong>de</strong>ux souvenirs personnels.<br />

a permis <strong>de</strong> réentendre <strong>de</strong> la musique<br />

déjà tue <strong>de</strong>puis plus d’une heure? Je n’en<br />

ai aucune idée.<br />

Le premier <strong>de</strong> ces évènements pourrait<br />

être nommé une vision et je n’aurais rien<br />

à redire à la personne qui lui donnerait<br />

cette dénomination, mais tant sur le moment<br />

que maintenant dans mon souvenir,<br />

c’était <strong>de</strong>vant mes yeux que se déroulait<br />

ce paysage, c’était ma vue qui était en jeu.<br />

Pour le second, je ne pouvais pas localiser<br />

l’origine <strong>de</strong> la musique que j’entendais,<br />

mais elle n’était pas dans me tête, les<br />

bruits extérieurs la couvraient et en enfilant<br />

mon passe-montagne elle avait été<br />

un peu atténuée. C’était mon ouïe qui la<br />

percevait.<br />

Comment on comprend<br />

Durant la lecture <strong>de</strong> cet article, comme<br />

vous ne voulez pas en discuter avec votre<br />

vis-à-vis, vous le lisez silencieusement.<br />

Qu’êtes-vous entrain <strong>de</strong> faire avec votre<br />

corps physique pour comprendre ce que<br />

vous lisez? Faisons une petite expérience:<br />

Essayez d’être conscient <strong>de</strong> ce qu’est en<br />

train <strong>de</strong> faire votre corps lorsque vous déchiffrez<br />

le mot «subvocaliser». Justement<br />

vous subvocalisez, pendant que vous prononcez<br />

avec votre «larynx»… Cette foisci,<br />

vous <strong>de</strong>venez conscient <strong>de</strong> ce que fait<br />

votre larynx. Il articule en silence le mot<br />

difficile que vous êtes entrain <strong>de</strong> lire. «Articuler<br />

en silence avec le larynx», c’est le<br />

sens du mot subvocaliser. Lorsque vous<br />

avez appris à lire, l’exercice était explicite,<br />

la parole était sonore. PA pa; PA pa;<br />

PAPA pa pa; PAPA papa. Oh! C’est papa. De<br />

ceci vous vous en souvenez. Puis, il y eut<br />

l’étape où il fallait lire à haute voix pour<br />

comprendre, et petit-à-petit cette lecture<br />

est <strong>de</strong>venue silencieuse, et la conscience<br />

du travail du larynx a disparu. Mais lire<br />

n’est pas encore en relation avec l’ouïe.<br />

Nous allons porter notre attention sur la<br />

parole. Lorsque j’entends <strong>de</strong> la parole, je<br />

suis en train d’articuler, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>ler cette<br />

parole avec mon corps, avec mon larynx<br />

pour comprendre ce que j’entends. Si<br />

vous n’en êtes pas convaincus faites un<br />

<strong>de</strong>s exercices suivants: dans le brouhaha<br />

<strong>de</strong> la foule, tout en vous observant intérieurement<br />

pour percevoir ce que fait<br />

votre corps, dans le but <strong>de</strong> comprendre,<br />

vous essayez <strong>de</strong> suivre la conversation <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux personnes qui ne sont pas toutes<br />

proches <strong>de</strong> vous. Ou bien vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z<br />

à quelqu’un <strong>de</strong> vous lire un texte avec <strong>de</strong>s<br />

mots complexes, à voix très basse et en<br />

vous tournant le dos. Il y a encore la possibilité<br />

d’utiliser une langue étrangère qui<br />

ne vous est pas très bien connue, mais<br />

dont vous avez <strong>de</strong>s bases. A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce<br />

genre d’exercices, nous pouvons réaliser<br />

que pour comprendre la parole, nous passons<br />

aussi par la subvocalisation. Lors <strong>de</strong><br />

l’audition, la subvocalisation est moins<br />

consciente qu’à la lecture. Nous sommes<br />

nettement moins conscients <strong>de</strong>s efforts<br />

faits pour comprendre et apprendre la<br />

parole que pour acquérir l’écriture et la<br />

lecture; nous avions alors environ <strong>de</strong>ux<br />

ans. C’est plus profondément enfoui dans<br />

notre subconscient, donc plus difficile à<br />

percevoir.<br />

Comment on intériorise<br />

Comprendre, c’est prendre en soi, c’est<br />

donc prendre en soi le sens du mot, <strong>de</strong><br />

la phrase, <strong>de</strong> la pensée qui est contenue<br />

dans la phrase. Tant que les mots, les<br />

phrases sont dans le texte ou dans le son<br />

<strong>de</strong> la parole, ils sont dans la matière, dans<br />

le physique, mais le sens n’en est pas ex-<br />

trait. C’est au moment où je cherche à en<br />

comprendre le sens que je les intériorise<br />

par la subvocalisation, et alors ils prennent<br />

sens. Avec le sens <strong>de</strong> la parole et la<br />

pensée qui la sous-tend, je ne suis plus<br />

dans le mon<strong>de</strong> physique.<br />

On dit: «Saisir une idée». Où est-elle? Il<br />

suffit <strong>de</strong> se trouver dans la situation suivantepour<br />

le découvrir: je suis dans un<br />

groupe d’échange, je viens <strong>de</strong> trouver<br />

une idée qui fera avancer le débat. Juste<br />

avant que je ne l’exprime, mon voisin<br />

dit ce que je désirais apporter et en sus<br />

une troisième personne intervient: «C’est<br />

justement ce que je voulais dire!» Cette<br />

pensée n’était pas en moi, elle «flottait<br />

dans l’espace autour <strong>de</strong> nous» et chacun<br />

à sa manière l’a attrapée. Elle est dans un<br />

mon<strong>de</strong> plus subtil que le mon<strong>de</strong> physique.<br />

Lumière et matière<br />

Revenons à la parole. Pour l’entendre,<br />

il me faut <strong>de</strong>s oreilles, et pour la comprendre<br />

il me faut un larynx. Dans le cycle<br />

«Lumière et matière» (décembre 1919-janvier<br />

1920), <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> abor<strong>de</strong> les sens<br />

<strong>de</strong> la vue et <strong>de</strong> l’ouïe. Pour l’ouïe, il parle<br />

d’un seul organe formé <strong>de</strong>s oreilles et<br />

du larynx. Il explique que la partie oreille<br />

est la partie physique <strong>de</strong> l’ouïe et le larynx<br />

en est la partie spirituelle. Il précise<br />

même: «Vous écoutez mais vous n’avez<br />

pas encore compris. Quelqu’un dit: «Il<br />

écrit», ce n’est pas encore clair pour vous,<br />

vous répétez: «Il écrit». Alors seulement<br />

le processus est achevé.» Lorsque nous<br />

prononçons les mots, il y a activité, nous<br />

sommes dans la volonté, volonté qui est<br />

portée par le sang.<br />

Dans la troisième conférence <strong>de</strong> ce même<br />

cycle, il décrit l’organe <strong>de</strong> la vue qui est<br />

totalement contenu dans l’œil, mais en<br />

distinguant une partie physique, la partie<br />

antérieure <strong>de</strong> l’œil avec l’humeur aqueuse<br />

et le cristallin, d’une partie spirituelle, la<br />

partie postérieure avec l’humeur vitrée<br />

et la rétine, là où il y a interaction nerf et<br />

sang. C’est l’activité dans la partie «spirituelle»<br />

<strong>de</strong> l’œil qui rend l’expérience <strong>de</strong><br />

la vision complète.<br />

De Noël à Pentecôte, tout est lié<br />

En travaillant et retravaillant ces conférences,<br />

j’ai pris conscience <strong>de</strong> cette juxtaposition<br />

permanente du physique et du<br />

spirituel dans ce que nous sommes, dans<br />

ce que nous vivons, dans ce qui nous entoure.<br />

De la permanence aussi <strong>de</strong>s gestes<br />

percevoir et comprendre, autrement dit:<br />

une alternance <strong>de</strong> «passivité» et <strong>de</strong> volonté,<br />

nerfs et sang, recevoir et agir. Par ces<br />

lectures, par ces réminiscences, par du<br />

travail personnel <strong>de</strong> réflexion et <strong>de</strong> méditation,<br />

il est <strong>de</strong>venu clair à mon esprit que<br />

Noël n’a <strong>de</strong> sens que si le Baptême dans<br />

le Jourdain, Pâques et Pentecôte y sont<br />

liés. Dans chacune <strong>de</strong> ces étapes, il y a<br />

recevoir et donner, passivité et activité.<br />

Les suivantes ne peuvent exister que si les<br />

précé<strong>de</strong>ntes ont eu lieu et les premières<br />

ne prennent <strong>de</strong> sens que si le processus<br />

se poursuit. La Pentecôte n’en est même<br />

pas la fin, car la qualité que nous mettons<br />

dans nos relations humaines, dans le respect<br />

que nous avons <strong>de</strong>s personnes que<br />

nous côtoyons en est la poursuite.<br />

Chaque étape est une étape à différents<br />

niveaux du lien du spirituel avec le physique:<br />

l’homme avec la terre, le Christ avec<br />

l’homme, le Christ avec la Terre, le Christ<br />

avec l’Homme, l’Homme avec l’Homme.<br />

Frédéric Faes<br />

<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong><br />

Lausanne<br />

4 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10 5<br />

POINT DE MIRE


POINT DE MIRE<br />

Le spirituel? Dire ce qu’est le spirituel...<br />

C’est avant tout ce que l’on ne peut pas<br />

dire – on peut le traiter d’épiphénomène<br />

ou le vénérer, dans les <strong>de</strong>ux cas, il échappe<br />

à celui qui veut en parler. D’autres ont<br />

essayé les métaphores: un souffle puissant,<br />

une lumière éblouissante – dans<br />

la vaillante tentative <strong>de</strong> chercher dans<br />

le mon<strong>de</strong> matériel ce qui s’approche le<br />

plus <strong>de</strong> quelque chose qui se refuse à la<br />

perception sensorielle (l’air et la lumière<br />

se remarquent surtout par leur absence).<br />

Pourtant, les qualificatifs «puissant» et<br />

«éblouissant» cherchent à transmettre la<br />

notion <strong>de</strong> force active – est-ce cela le spirituel?<br />

Une puissance active qui échappe à<br />

nos capacités <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription construites à<br />

partir <strong>de</strong> notre expérience du mon<strong>de</strong> sensoriel?<br />

Et que signifie Noël pour nous? Une<br />

fête, donc un moment <strong>de</strong> joie partagé –<br />

et pourquoi <strong>de</strong> la joie? Le prétexte en est<br />

une naissance, la naissance d’un enfant<br />

porteur d’un espoir, d’une promesse immenses.<br />

L’enfant <strong>de</strong> Noël pourra remplir<br />

sa promesse grâce au don <strong>de</strong> l’esprit qui<br />

<strong>de</strong>scendra sur lui, nous dit la bible – et<br />

l’adoration du nouveau-né et son union<br />

avec l’esprit divin coïnci<strong>de</strong>nt<br />

curieusement dans notre calendrier<br />

<strong>de</strong>s fêtes, le 6 janvier étant<br />

à la fois le jour <strong>de</strong> la visite <strong>de</strong>s<br />

rois mages et du baptême dans<br />

le Jourdain.<br />

Dans le récit biblique, l’irruption<br />

du spirituel dans le mon<strong>de</strong> terrestre<br />

est décrite par <strong>de</strong>s images:<br />

le ciel s’ouvre, <strong>de</strong>s anges apparaissent;<br />

lors du baptême, le ciel<br />

s’ouvre à nouveau, une colombe<br />

en <strong>de</strong>scend. La promesse <strong>de</strong><br />

l’enfant <strong>de</strong> Noël est justement<br />

celle <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> l’esprit<br />

en chaque être humain. Ce qui<br />

nous émeut tant lors <strong>de</strong> la naissance<br />

d’un enfant, n’est-ce pas<br />

cette évi<strong>de</strong>nce immédiate d’être<br />

en présence d’un être unique,<br />

d’un potentiel encore inimaginable<br />

concentrés dans ce tout<br />

petit corps? Est-ce cela, l’esprit:<br />

espoir, promesse, potentiel – la<br />

puissance du germe?<br />

Au-<strong>de</strong>là du visible<br />

L’enfant <strong>de</strong> Noël a <strong>de</strong>ux origines,<br />

La part spirituelle <strong>de</strong> la pédagogie <strong>Steiner</strong><br />

C’est tOus les JOurs NOËl<br />

Tout enfant, comme Jésus, appartient à la terre et au ciel.<br />

La pédagogie <strong>Steiner</strong> est basée sur cette double vision <strong>de</strong> l’être humain.<br />

il appartient à la terre et au ciel. Dans<br />

son corps, terrestre, auquel Marie a donné<br />

naissance, vit le spirituel, don du ciel.<br />

On pourrait dire la même chose <strong>de</strong> chaque<br />

enfant qui naît: il est unique, doué<br />

d’un potentiel immense, son vrai être est<br />

bien plus grand que les mots que nous<br />

trouvons pour parler <strong>de</strong> lui – doncspirituel<br />

dans le sens que nous avons donné<br />

à ce terme.<br />

<strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> a clos la première conférence<br />

donnée aux futurs enseignants<br />

<strong>de</strong> l’école Waldorf en insistant sur le fait<br />

que toute éducation consiste à créer<br />

l’équilibre juste entre le corps physique<br />

et l’élément psycho-spirituel qui l’anime.<br />

Mais comment faire cela? Comme Marie et<br />

Joseph, nous avons donné les soins nécessaires<br />

au petit enfant, nous l’avons fêté –<br />

nous l’adorons toujours! – et maintenant?<br />

Comment l’éduquer, le gui<strong>de</strong>r vers la souveraineté<br />

<strong>de</strong> l’âge adulte?<br />

Elever l’enfant <strong>de</strong> Noël<br />

Une première chose paraît facile: le simple<br />

fait <strong>de</strong> voir dans l’enfant cet être bien plus<br />

grand qu’il n’y paraît, cet être qui pour-<br />

ra toujours nous surprendre voire nous<br />

apprendre <strong>de</strong>s choses, ce fait changera<br />

tout; grâce à cette attitu<strong>de</strong>, la relation entre<br />

l’adulte et l’enfant (ou adolescent) se<br />

transforme et permet parfois <strong>de</strong>s miracles<br />

(par exemple l’adolescent anxieux et isolé,<br />

sans réelle motivation, qui retrouve le<br />

goût <strong>de</strong> l’amitié, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s...). Je n’ai pas<br />

<strong>de</strong> preuves à l’appui <strong>de</strong> cette affirmation<br />

– mais, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la confirmation par<br />

l’expérience personnelle, <strong>de</strong>s faits semblables<br />

sont aujourd’hui étayés par <strong>de</strong>s<br />

statistiques: un mala<strong>de</strong> qui est convaincu<br />

du fait que sa vie a un sens a plus <strong>de</strong> chances<br />

<strong>de</strong> guérison. C’est comme si la partie<br />

spirituelle <strong>de</strong> l’être humain ne pouvait déployer<br />

toute sa force que si elle est reconnue<br />

– par les autres pendant l’enfance, par<br />

soi-même plus tard.<br />

Premièrement donc: une question<br />

d’attitu<strong>de</strong> intérieure. Un autre aspect<br />

est celui du rôle <strong>de</strong>s différentes activités<br />

scolaires, dont par exemple l’exercice intellectuel.<br />

Rappelons-nous la question:<br />

comment ai<strong>de</strong>r l’enfant à développer une<br />

interaction harmonieuse entre les <strong>de</strong>ux<br />

aspects <strong>de</strong> son être? Pour pouvoir tirer<br />

<strong>de</strong>s conclusions pratiques pour<br />

l’enseignement, essayons <strong>de</strong><br />

saisir encore mieux ce qui caractérise<br />

ces <strong>de</strong>ux aspectsque <strong>Rudolf</strong><br />

<strong>Steiner</strong> appelle Körperleib<br />

et Geistseele – corps vivant et<br />

élément psycho-spirituel.<br />

Le corps vivant est accessible<br />

à la perception sensorielle et<br />

sa <strong>de</strong>scription est l’objet <strong>de</strong><br />

l’anatomie, <strong>de</strong> la physiologie,<br />

etc. (Pourtant le phénomène<br />

<strong>de</strong> la vie ne se livre pas entièrement).<br />

Esprit et âme par contre<br />

ne sont pas perceptibles directement<br />

même si la science perçoit<br />

<strong>de</strong> mieux en mieux leurs reflets<br />

au niveau métabolique, neurologique,<br />

etc. Mais une expérience<br />

quotidienne peut nous permettre<br />

d’avancer: l’alternance entre<br />

veille et sommeil. Une polarité<br />

bien tranchée! Au point où le<br />

sommeil peut s’assimiler à une<br />

perte <strong>de</strong> soi... Et pourtant, celui<br />

qui a mal dormi le sent bien – il<br />

«perd ses moyens», il est vite<br />

dépassé par les événements –<br />

c’est comme si l’instance directrice s’était<br />

absentée.<br />

Le rôle essentiel du sommeil<br />

Faisons un inventaire rapi<strong>de</strong>: l’éveil<br />

s’assimile à l’activité <strong>de</strong>s sens, <strong>de</strong> la conscience<br />

<strong>de</strong> soi, à l’activité intellectuelle<br />

et physique; le sommeil par contre est<br />

un trou dans notre mémoire, seuls quelques<br />

rêves remontent à sa surface, les activités<br />

réparatrices s’y déroulent à notre<br />

insu - mais confusément, nous sentons<br />

que nous lui <strong>de</strong>vons notre capacité d’agir<br />

à partir <strong>de</strong> notre être profond. (Nous lui<br />

reconnaissons un lien avec nos prises <strong>de</strong><br />

décision et la création artistique !)<br />

Ainsi, la pédagogie <strong>Steiner</strong> cherche à concilier<br />

les activités scolaires avec le passage<br />

mystérieux dans le sommeil. Elle<br />

s’interroge sur les qualités <strong>de</strong> chaque<br />

activité proposée: fait-elle uniquement<br />

appel aux forces du jour ou à celles <strong>de</strong><br />

la nuit? Peut-elle intégrer les <strong>de</strong>ux? Comment<br />

combiner les qualités différentes<br />

et passer <strong>de</strong> l’une à l’autre? Idéalement,<br />

un rythme bienfaisant s’installe. On voit<br />

par exemple aisément que l’exercice <strong>de</strong><br />

l’intellect est une activité d’éveil qui a<br />

donc besoin d’être complétée par les qualités<br />

<strong>de</strong> la nuit – après une activité cognitive,<br />

il faudrait «s’endormir» - ou rêver! –<br />

un peu dans une activité toute autre, telle<br />

la pratique d’un art.<br />

Eduquer, c’est équilibrer les polarités<br />

Notons au passage que l’état dit «flow»<br />

(immersion, concentration totale) semble<br />

relier les <strong>de</strong>ux polarités et qu’il est<br />

possible <strong>de</strong> faire la part du sommeil dans<br />

le travail cognitif et <strong>de</strong> s’éveiller dans la<br />

pratique artistique. L’art pédagogique<br />

consiste justement à installer cet équilibre!<br />

Equilibre qui doit être différent selon<br />

l’âge <strong>de</strong>s enfants: à partir <strong>de</strong> quinze, seize<br />

ans, l’instance directrice (appelez-la Moi,<br />

élément psycho-spirituel, âme et esprit ou<br />

comme vous voulez) se manifeste <strong>de</strong> plus<br />

en plus dans la pensée et les actes, enrichis<br />

<strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong>s émotions.<br />

Ainsi, pour les pédagogues (parents et<br />

enseignants) il est tous les jours Noël:<br />

tous les jours, la fête <strong>de</strong> l’avènement <strong>de</strong> la<br />

part spirituelle <strong>de</strong> l’enfant, tous les jours,<br />

la joie <strong>de</strong> percevoir <strong>de</strong>s forces encore insoupçonnées<br />

en germe! Sibylle Naïto<br />

Dans les écoles <strong>Steiner</strong>-Waldorf, le plan<br />

scolaire accor<strong>de</strong> une importance primordiale<br />

à ce «temps <strong>de</strong> l’histoire» au jardin<br />

d’enfants et dans le cours principal du<br />

maître <strong>de</strong> classe.<br />

Si, au jardin d’enfants, la jardinière raconte<br />

essentiellement <strong>de</strong>s contes et <strong>de</strong>s<br />

légen<strong>de</strong>s, à partir <strong>de</strong> la première classe<br />

et jusqu’à la fin <strong>de</strong> la 6ème classe,<br />

le maître ou la maîtresse <strong>de</strong> classe suit<br />

<strong>de</strong>s indications assez précises données<br />

par <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong>:<br />

– en 1ère classe: contes et légen<strong>de</strong>s<br />

d’Europe ou d’ailleurs;<br />

– en 2ème classe: récits sur la vie <strong>de</strong><br />

saints et contes et récits sur les animaux;<br />

– en 3ème classe: récits <strong>de</strong> la Création<br />

et <strong>de</strong> l’Ancien Testament, histoires<br />

sur les métiers;<br />

– en 4ème classe: récits <strong>de</strong>s mythologies<br />

nordique et celtique;<br />

– en 5ème classe: récits <strong>de</strong>s mythologies<br />

indienne, mésopotamienne,<br />

égyptienne et grecque, récits <strong>de</strong>s<br />

épopées du Mahabaratha, du Ramayana,<br />

<strong>de</strong> Gilgamesh, <strong>de</strong>s héros et <strong>de</strong>s<br />

dieux grecs;<br />

– en 6ème classe: continuation <strong>de</strong>s récits<br />

<strong>de</strong> la Grèce antique, légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

la création <strong>de</strong> Rome.<br />

Se relier à la conscience <strong>de</strong> l’époque<br />

L’enfant entre, durant ces moments<br />

Mythes et recits bibliques<br />

se relier pOur<br />

MieuX peNser<br />

Ecouter, entendre, ou lire, ou résumer, chaque jour <strong>de</strong> sa scolarité,<br />

du Jardin d’enfants à la fin <strong>de</strong> l’école primaire, un conte,<br />

une légen<strong>de</strong>, une histoire tirée <strong>de</strong>s mythologies, une histoire<br />

<strong>de</strong>s origines dans les différentes traditions ou religions, permettrait-il<br />

<strong>de</strong> mieux penser? La question peut paraître étrange<br />

tant «écouter» semble, a priori, passif. Comment cet «acte»-là<br />

peut-il être associé à la faculté <strong>de</strong> penser, ou, pour reprendre les<br />

termes hégéliens, du penser?<br />

d’écoute, dans un «parler par image»,<br />

très différent du langage <strong>de</strong> l’abstraction<br />

qui caractérise notre conscience mo<strong>de</strong>rne.<br />

Le parler par image fait appel à<br />

l’intuition, à l’imagination, et l’enfant<br />

associe les mots entendus à <strong>de</strong>s représentations<br />

imagées qui lui sont propres.<br />

L’enfant parcourt ainsi toute la mémoire<br />

<strong>de</strong> l’humanité et peut, en écoutant le récit<br />

<strong>de</strong>s grands mythes, se relier au langage<br />

<strong>de</strong> la conscience <strong>de</strong> l’époque, nous<br />

dit <strong>Steiner</strong>, mais aussi progresser vers<br />

une conscience plus individuelle. Les<br />

récits du passé nourrissent cette âme<br />

qui se construit, qui s’i<strong>de</strong>ntifie à cette<br />

histoire parcourue par l’humanité et<br />

qui va pouvoir <strong>de</strong>venir pleinement «citoyenne<br />

<strong>de</strong> la terre».<br />

Des élèves «empêchés <strong>de</strong> penser»<br />

En 2010, le Département <strong>de</strong> l’Instruction<br />

Publique <strong>de</strong> Genève invitait Serge<br />

Boimare*, directeur pédagogique du<br />

Centre Clau<strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> Paris, pour<br />

un après-midi <strong>de</strong> formation autour du<br />

thème <strong>de</strong>s enfants et adolescents en<br />

échec scolaire. En analysant la situation<br />

<strong>de</strong> ces jeunes, Serge Boimare constate<br />

que ni l’intensification <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong><br />

soutien, ni les menaces <strong>de</strong> punition ou<br />

d’exclusion, n’ai<strong>de</strong>nt en quoi que ce soit<br />

le jeune en rupture avec l’acte <strong>de</strong> penser.<br />

C’est en effet bien <strong>de</strong> cela dont il s’agit.<br />

Derrière les difficultés <strong>de</strong> comportement<br />

6 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10 7<br />

POINT DE MIRE


POINT DE MIRE<br />

(bouger ou être insolent et se faire remarquer<br />

pour autre chose que l’essentiel), ou<br />

<strong>de</strong>rrière l’isolement et l’endormissement<br />

(«Personne ne peut rien faire pour moi»),<br />

<strong>de</strong>rrière le sentiment <strong>de</strong> persécution («Le<br />

professeur ne m’aime pas, il est injuste<br />

avec moi»), <strong>de</strong>rrière les réponses associatives<br />

qui fusent à tort et à travers («Moi,<br />

je sais…»), il y a ce constat: l’enfant ou le<br />

jeune en gran<strong>de</strong> difficulté scolaire a peur<br />

<strong>de</strong> l’acte <strong>de</strong> penser.<br />

Il craint par-<strong>de</strong>ssus tout ce moment <strong>de</strong> suspension<br />

qui est la clef <strong>de</strong> l’apprentissage,<br />

le temps <strong>de</strong> la recherche, du doute, le passage<br />

<strong>de</strong> la construction à la transformation,<br />

la fabrique d’hypothèses, «ce temps<br />

<strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>ux où les enfants ne savent<br />

pas encore, mais où ils vont peut-être savoir»<br />

(Boimare, p 12)<br />

Comment remettre en route les rouages<br />

<strong>de</strong> la pensée? Comment réconciler le jeune<br />

avec lui-même et avec l’apprentissage?<br />

Comment conforter le mon<strong>de</strong> intérieur du<br />

jeune pour qu’il puisse s’y appuyer et retrouver<br />

un équilibre qui lui permette <strong>de</strong><br />

réactiver sa curiosité, <strong>de</strong> privilégier le langage<br />

et la pensée au lieu <strong>de</strong> la réaction,<br />

<strong>de</strong> s’engager dans une véritable réflexion?<br />

Ecouter et se nourrir d’un texte fondamental<br />

Pour Serge Boimare, seule la culture - et<br />

seulement la culture – offre les moyens <strong>de</strong><br />

traiter les questions les plus archaïques<br />

tout en donnant la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

ponts pour en revenir aux apprentissages<br />

les plus rigoureux. Pas la culture <strong>de</strong> la<br />

Star Aca<strong>de</strong>my ou <strong>de</strong> la prochaine coupe<br />

du mon<strong>de</strong> du football, mais «la culture<br />

<strong>de</strong>s textes fondamentaux pour nos civilisations,<br />

fondamentaux aussi pour les élèves<br />

en difficulté, car ces textes portent en<br />

eux <strong>de</strong>s réponses à ces questions primordiales<br />

que les plus démunis d’entre eux<br />

sur le plan culturel n’ont jamais su élaborer<br />

ni sublimer».<br />

Les textes fondamentaux, les récits <strong>de</strong>s<br />

origines, les légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s héros permettent<br />

d’aller vers une interrogation plus<br />

générale menant à <strong>de</strong>s préoccupations<br />

universelles. En effet, pour qu’un texte ou<br />

un récit mérite d’être dit «fondamental»,<br />

pour qu’il ait eu une chance <strong>de</strong> traverser<br />

les mo<strong>de</strong>s et les époques, il doit contenir<br />

en lui les questions premières et, au<br />

fil du temps, ce sont elles qui ont contribué<br />

à forger l’esprit humain. A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

métaphores, le texte reprend souvent ces<br />

gran<strong>de</strong>s questions et le récit nous parle<br />

<strong>de</strong>s origines, <strong>de</strong> la sexualité, <strong>de</strong> la loi, du<br />

désir, <strong>de</strong> la mort, <strong>de</strong>s sentiments…<br />

Derrière les tromperies, les violences, les<br />

incestes, les parrici<strong>de</strong>s, les histoires mythologiques<br />

nous ramènent toujours à<br />

ces <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s questions: «Comment<br />

vais-je trouver ma place parmi les autres,<br />

si je cè<strong>de</strong> à l’immédiateté <strong>de</strong> mon désir?»;<br />

«Comment concilier ces forces contradictoires<br />

qui sont en moi?»<br />

Mettre <strong>de</strong>s mots sur le récit, échanger<br />

avec les autres<br />

Après l’écoute du récit: l’échange. Tous<br />

les jours, trouver les mots pour restituer<br />

l’histoire, ce qui a été compris, saisi <strong>de</strong><br />

l’essentiel, dans l’ordre du récit, ou bien<br />

un autre ordre que l’on va défendre. Toute<br />

la classe participe. Chaque jeune doit ainsi<br />

se trouver relier à l’ensemble du groupe.<br />

Puis le groupe échange sur les sentiments<br />

ressentis, sur les valeurs qui apparaissent<br />

dans le récit. Ces valeurs ne sont pas données<br />

par le professeur, mais se profilent<br />

sous forme <strong>de</strong> questions: pourquoi la chèvre<br />

<strong>de</strong> Monsieur Seguin préfère-t-elle la liberté<br />

au risque <strong>de</strong> sa vie? Pourquoi Ulysse<br />

refuse-t-il l’immortalité que lui offre Circé?<br />

Pourquoi les dieux (ou le Dieu <strong>de</strong> la Genèse)<br />

ne veulent-ils pas donner trop <strong>de</strong><br />

pouvoir aux hommes?<br />

L’échange avec l’autre, avec le groupe, est<br />

un ressort essentiel <strong>de</strong> la pensée. Pour restructurer<br />

ses représentations, l’enfant ou<br />

le jeune doit les reformuler avec <strong>de</strong>s mots<br />

dans le respect mutuel.<br />

Depuis quelques années, suite aux expériences<br />

faites au Québec, les ateliers<br />

<strong>de</strong> philosophie pour enfants, en France<br />

et en Suisse, prennent <strong>de</strong> l’importance.<br />

Pratiqués régulièrement, dès le plus jeune<br />

âge, ils ai<strong>de</strong>nt les enfants, les jeunes ,<br />

mais aussi les adultes, à structurer la<br />

pensée, à maîtriser le langage, à entraîner<br />

à la réflexion en se confrontant<br />

au doute, à la remise en question, à la<br />

différence <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue au sein<br />

d’une communauté <strong>de</strong> recherche philosophique.<br />

Un appui pour aller vers d’autres apprentissages<br />

L’intérêt <strong>de</strong>s enfants ou <strong>de</strong>s jeunes<br />

dans ce «temps <strong>de</strong> l’histoire» est<br />

toujours soutenu. La curiosité est<br />

éveillée. Dans l’<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong>-Waldorf,<br />

le professeur prend souvent appui sur<br />

l’histoire pour aller dans <strong>de</strong>s apprentissages<br />

plus techniques comme la<br />

grammaire ou le calcul. C’est que les<br />

fondations sont soli<strong>de</strong>s. En 4ème classe,<br />

l’enfant peut se relier aux images<br />

du texte fondamental et suivre le héros<br />

viking dans son partage du butin<br />

quand il revient sur son knorr au pays.<br />

La division ou le partage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière<br />

unité (qui conduit à la notion <strong>de</strong><br />

fraction) est immédiatement compréhensible…<br />

Les grands textes: HarmoS-compatibles<br />

Dès la rentrée 2011, les écoles du Canton<br />

<strong>de</strong> Genève suivront le nouveau<br />

Plan d’Etu<strong>de</strong>s Romand. A la fin <strong>de</strong> ce<br />

mois <strong>de</strong> novembre, les détails du PER<br />

et son application ont été présentés<br />

à la presse. Dès la 9ème classe (ex-<br />

7ème du CO), le manuel <strong>de</strong> français fait<br />

la part belle aux grands textes fondateurs:<br />

la Bible, Virgile, Homère,... «Ils<br />

s’inscrivent dans un mouvement <strong>de</strong><br />

clarification sur ce qui fon<strong>de</strong> une culture<br />

et doit être connu. Cette approche<br />

<strong>de</strong>s textes fondateurs est commune<br />

à l’ensemble <strong>de</strong>s cantons romands»<br />

explique Madame Isabelle Nicolazzi.<br />

Se relier à soi-même, aux autres, dans<br />

le temps et dans l’espace, l’époque<br />

est à la découverte ou à la redécouverte<br />

<strong>de</strong>s grands textes. Ecoutons Paul<br />

Valéry dans sa Petite lettre sur les mythes:<br />

«Que serions-nous sans le secours<br />

<strong>de</strong> ce qui n’existe pas?»<br />

Geneviève Baumann<br />

<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Genève<br />

* Serge Boimare:<br />

– Ces enfants empêchés <strong>de</strong> penser<br />

(Dunod 2008)<br />

– L’enfant et la peur d’apprendre<br />

(Dunod 2ème édition, 2004)<br />

Notes <strong>de</strong> lecture:<br />

pareNts et<br />

traNsMissiON<br />

reliGieuse<br />

Le magazine <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Lausanne,<br />

Allez savoir!, consacre un dossier<br />

dans son numéro <strong>de</strong> novembre à<br />

l’évolution <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong> leur<br />

transmission en Suisse. Extraits.<br />

«La religion en Europe a profondément<br />

changé», lit-on dans le résumé du nouveau<br />

livre (*) <strong>de</strong> Roland Campiche, sociologue <strong>de</strong>s<br />

religions. «Mort <strong>de</strong> Dieu? Nullement, selon<br />

les enquêtes qui, <strong>de</strong> 1962 à nos jours, révèlent<br />

l’évolution <strong>de</strong>s pratiques et croyances.<br />

Seul un quart <strong>de</strong> la population affirme une<br />

certitu<strong>de</strong> religieuse absolue, mais rares sont<br />

ceux qui disent: je ne crois pas en Dieu. Le<br />

doute, la recherche ou la gestion <strong>de</strong>s différences<br />

sont entrés dans le «logiciel religieux»<br />

<strong>de</strong>s familles.»<br />

Mais comment transmettre <strong>de</strong>s croyances<br />

moins définies? «Les parents aimeraient laisser<br />

dans le flou la question du religieux.<br />

Cela crée <strong>de</strong>s complications. On préférerait<br />

souvent ne pas avoir à se déterminer», relève<br />

Claire Clivaz, professeure à la Faculté<br />

<strong>de</strong> théologie et <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong>s religions<br />

<strong>de</strong> l’UNIL, dans Allez savoir! La même tendance<br />

se manifesterait aussi dans les écoles<br />

et dans le mon<strong>de</strong> politique: «Actuellement,<br />

la croyance est laissée dans un «no man’s<br />

land» non verbalisé. L’école évite le plus<br />

possible d’en parler. Cela reste dans la zone<br />

grise. Car il est <strong>de</strong>venu difficile <strong>de</strong> se positionner<br />

sur ces questions. Alors souvent, on<br />

préfère la fuite.»<br />

Vive la prière<br />

«La seule pratique religieuse qui ait progressé»,<br />

souligne Roland Campiche sur la<br />

base <strong>de</strong> ses enquêtes, «c’est la prière. Elle<br />

est <strong>de</strong>venue le canal principal par lequel<br />

se construit éventuellement une socialisation<br />

religieuse». Or la transmission <strong>de</strong><br />

cette pratique se fait principalement en famille,<br />

et plus spécifiquement par les mères:<br />

«Toutes les enquêtes convergent pour dire<br />

que les femmes sont plus religieuses que<br />

les hommes. Elles prient plus, elles vont davantage<br />

à la messe ou au culte. La femme<br />

<strong>de</strong>meure celle qui, au sein du binôme parental,<br />

se sent la première responsable <strong>de</strong><br />

l’éducation religieuse <strong>de</strong>s enfants.»<br />

Pourquoi ce rôle prépondérant <strong>de</strong> la mère?<br />

«Il s’agit d’un rôle appris dans le cadre <strong>de</strong><br />

la construction <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité féminine et<br />

non d’une affaire <strong>de</strong> nature, comme on le<br />

prétend parfois.» Mais ces <strong>de</strong>rnières, selon<br />

les enquêtes <strong>de</strong> Roland Campiche, le nombre<br />

<strong>de</strong> pères qui prient avec leurs enfants a<br />

plutôt augmenté.<br />

Alain Maillard<br />

(*) Roland Campiche: «La religion visible, pratiques et croyances en<br />

Suisse», collection Le Savoir suisse, 2010.<br />

8 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10 9<br />

POINT DE MIRE


ACTUALITE<br />

Travail <strong>de</strong> 12ème<br />

À QuOi<br />

Ça sert De CrOire?<br />

Un jour, en onzième classe, j’ai eu à choisir un sujet pour<br />

mon travail <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> scolarité. Ayant toujours été intéressée<br />

et surtout intriguée par la spiritualité, j’ai choisi <strong>de</strong> mener<br />

une réflexion sur la croyance. Je me <strong>de</strong>mandais ce qui pousse<br />

l’homme à croire dans un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>venu rationnel.<br />

J’ai vécu une enfance heureuse à l’école<br />

classique. Pour moi, les chrétiens étai-<br />

«La bureaucratie scolaire actuelle part<br />

et je pense que cela tient justement, ou<br />

ent <strong>de</strong>s hypocrites qui font l’éloge <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’idée que <strong>de</strong>s procédés relevant <strong>de</strong><br />

en tout cas en partie, à la façon dont<br />

dix comman<strong>de</strong>ments mais qui peuvent<br />

l’économie planifiée peuvent conduire<br />

on nous faisait voir le mon<strong>de</strong>. Celui-ci<br />

se permettre <strong>de</strong> ne pas les respecter vu<br />

au succès. C’est une profon<strong>de</strong> erreur. Il<br />

était alors un riche univers <strong>de</strong> lutins,<br />

qu’il existe le repentir et la ré<strong>de</strong>mption.<br />

faut au contraire laisser libre cours aux<br />

d’anges, <strong>de</strong> contes, <strong>de</strong> mythes et <strong>de</strong> ré-<br />

De plus, il me semblait paradoxal que<br />

forces vivifiantes <strong>de</strong> la concurrence.» Ulcits<br />

bibliques. Tout ceci me passionnait<br />

les gens croient en un Dieu soit disant<br />

rich Schlür est l’auteur du contre-projet<br />

et faisait travailler mon imagination, ma<br />

tout puissant et infiniment bon, qui la-<br />

<strong>de</strong> l’UDC au Lehrplan 21 adopté en no-<br />

créativité. Je me rappelle avoir particuisse<br />

pourtant souffrir les innocents.<br />

vembre par les cantons alémaniques (les<br />

lièrement apprécié lorsque, en 3ème<br />

classe, il me semble, nous avons abordé<br />

A quoi ça sert <strong>de</strong> croire<br />

cantons romands ont leur propre plan<br />

d’étu<strong>de</strong>s). Il vaut la peine <strong>de</strong> lire ce texte<br />

la Création du mon<strong>de</strong> selon la Bible et<br />

Cela m’a amenée à me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en<br />

<strong>de</strong> 101 pages publié par le parti qui dicte<br />

confectionné un dossier <strong>de</strong> textes illus-<br />

quoi, moi, je croyais et donc à consacrer<br />

l’agenda politique national <strong>de</strong>puis une<br />

trés <strong>de</strong> peintures.<br />

un travail d’une année sur ce thème. Au<br />

vingtaine d’années. Ses propositions vont<br />

A cette perception <strong>de</strong> l’espace et <strong>de</strong><br />

cours <strong>de</strong> celui-ci, j’ai pu voir qu’au fond<br />

bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui a retenu l’attention<br />

l’histoire s’ajoutait celle du temps qui<br />

c’était un certain christianisme que je<br />

dans un premier temps: l’idée <strong>de</strong> renoncer<br />

passe. L’année était rythmée non pas<br />

critiquais et que je ne pouvais pas rédu-<br />

à intégrer les enfants handicapés dans les<br />

par <strong>de</strong>s évaluations mais par une mulire<br />

le croire au religieux. J’ai compris que<br />

classes ordinaires.<br />

titu<strong>de</strong> <strong>de</strong> fêtes, religieuses ou non, qui<br />

l’homme avait d’abord eu <strong>de</strong>s croyances<br />

C’est d’autant plus intéressant qu’on y<br />

étaient prenantes et divertissantes<br />

pour tenter <strong>de</strong> comprendre le mon<strong>de</strong>;<br />

trouve <strong>de</strong>s arguments familiers à la pé-<br />

tout en étant <strong>de</strong>s repères. La Spira-<br />

que pour chacun, croire est plus génédagogie<br />

<strong>Steiner</strong>, elle aussi attachée à la<br />

le <strong>de</strong> l’Avent, par exemple, était un bienvenus car, j’avais enfin l’impression ralement un moment <strong>de</strong> réceptivité né-<br />

liberté d’enseignement. Par exemple, qu’il<br />

évènement que je vivais avec beauco- d’apprendre plus, et surtout plus vite. cessaire en un premier temps, moment<br />

faut «permettre aux enseignants d’utiliser<br />

up d’émotion. Les jours, avec les pa- Cependant, cette nouvelle vision du qui <strong>de</strong>vrait être remplacé progressive-<br />

leur imagination et leur créativité pour<br />

roles du matin, avaient eux aussi une mon<strong>de</strong>, cette nouvelle approche <strong>de</strong>s ment par la connaissance qui découle-<br />

transmettre <strong>de</strong>s connaissances», en met-<br />

structure.<br />

phénomènes était à quelque part en rait d’une expérience propre.<br />

tant «fin au contrôle excessif exercé par<br />

Peu à peu, les mythes et les récits bibli- désaccord avec les aspects religieux Je pense à présent, avec un peu <strong>de</strong> re-<br />

les directions scolaires, les administraques<br />

ont été remplacés par les biogra- qui subsistaient. Nous avons assisté au cul, que l’école <strong>Steiner</strong> s’appuie sur<br />

tions cantonales et la CDIP.» L’UDC vouphies<br />

et l’histoire. Les vies <strong>de</strong> Nelson jeu <strong>de</strong> Noël jusqu’en neuvième classe, la religion chrétienne non pas pour<br />

Man<strong>de</strong>la et <strong>de</strong> Gandhi, sur qui j’avais ce qui m’avait exacerbée, et récité les l’inculquer mais pour développer cer-<br />

fait un exposé, m’avaient particulière- paroles du matin, qui font clairement taines valeurs telles que le respect,<br />

ment marquées en raison <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> référence à Dieu, jusqu’à la fin <strong>de</strong> notre l’amour et le partage. La spiritualité à<br />

que ces hommes avaient envers les scolarité. Je disais celles-ci machinale- l’école m’a d’abord apporté un cadre<br />

événements. J’étais alors quelqu’un ment, sans attention car cela ne servait rassurant et poussé ma créativité à<br />

d’assez colérique et leur non-violence à rien <strong>de</strong> se rebeller; l’indifférence était se déployer. Puis, le fait qu’elle soit<br />

face aux injustices qu’ils ont subies m’a alors la meilleure <strong>de</strong>s options.<br />

présente alors que cela me semblait<br />

impressionnée.<br />

J’avais un regard très critique sur tout ce inadéquat, m’a amenée à me poser<br />

Le refuge <strong>de</strong> l’indifférence<br />

qui avait attrait à la religion chrétienne:<br />

plus d’une fois, les paroles <strong>de</strong>s mor-<br />

<strong>de</strong>s questions. Plutôt que <strong>de</strong> croire en<br />

Dieu, l’école m’a amenée à croire en<br />

Il y a aussi eu l’arrivée <strong>de</strong>s matières ceaux que nous chantions à la chorale l’Homme.<br />

scientifiques et donc d’une vision plus m’ont fait hérisser le poil – mais ceci<br />

Noémie Boss<br />

intellectuelle <strong>de</strong>s phénomènes du n’a, heureusement, rien changé au fait<br />

mon<strong>de</strong>. Ces changements étaient les que j’apprécie beaucoup la musique<br />

ancienne élève,<br />

<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Lausanne entr’écoles<br />

2011, un tournant pour l’école publique<br />

eNtre NOrMes et<br />

COMpetitiON<br />

L’année qui vient sera riche en actualité scolaire. Contre l’harmonisation en cours<br />

<strong>de</strong>s plans d’étu<strong>de</strong>s, l’UDC annonce qu’elle fera <strong>de</strong> l’école l’un <strong>de</strong> ses principaux<br />

thèmes <strong>de</strong> campagne en vue <strong>de</strong>s élections fédérales 2011. Les Vaudois voteront en<br />

mai ou en juin sur l’initiative «<strong>Ecole</strong> 2010» et le contre-projet du gouvernement cantonal,<br />

choix décisif entre le retour à une école plus traditionnelle et la continuation<br />

<strong>de</strong>s réformes visant à l’égalité <strong>de</strong>s chances. Bref aperçu <strong>de</strong>s argumentaires.<br />

drait qu’on «impose à nouveau le principe<br />

du maître <strong>de</strong> classe à tous les <strong>de</strong>grés scolaires»,<br />

ce qui exige «un engagement professionnel<br />

complet et même une vocation<br />

qui ne se prêtent pas un travail à temps<br />

partiel» - proposition probablement inapplicable<br />

dans la mesure où la majorité<br />

<strong>de</strong>s enseignants du public (souvent <strong>de</strong>s<br />

mamans) sont à temps partiel, et les courbes<br />

d’effectifs font craindre une pénurie<br />

d’enseignants d’ici quelques années.<br />

Là où l’UDC s’écarte radicalement <strong>de</strong>s idéaux<br />

<strong>Steiner</strong>, c’est dans l’insistance sur la<br />

sélection <strong>de</strong>s meilleurs et l’exclusion <strong>de</strong>s<br />

moins bons élèves. Il est précisé dans<br />

son programme que «le but est évi<strong>de</strong>nt:<br />

encourager les élèves travailleurs et performants,<br />

soutenir les faibles, mais confronter<br />

les paresseux et les impertinents<br />

aux conséquences <strong>de</strong> leur attitu<strong>de</strong> en les<br />

séparant si nécessaire <strong>de</strong> leur classe.»<br />

Pour le reste, c’est un programme qui privilégie<br />

l’acquisition <strong>de</strong> savoir ou <strong>de</strong> savoirfaire<br />

et évacue toute considération sur<br />

l’épanouissement personnel <strong>de</strong> l’enfant.<br />

La standardisation intercantonale<br />

Le programme <strong>de</strong> l’UDC a été rédigé<br />

COMMaNDe D’aBONNeMeNt<br />

Journal <strong>de</strong>s écoles <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong><br />

<strong>de</strong> la Suisse roman<strong>de</strong><br />

Publié solidairement par les écoles <strong>Rudolf</strong><br />

<strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Genève et Lausanne<br />

Paraît 4 fois par année<br />

Un abonnement annuel coûte Frs. 35.–<br />

Envoyer aux secrétariats <strong>de</strong>s écoles:<br />

école <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> Lausanne<br />

Route <strong>de</strong> Bois-Genoud 36, 1023 Crissier<br />

école <strong>Rudolf</strong> <strong>Steiner</strong> Genève<br />

Chemin <strong>de</strong> Narly 2, 1232 Confignon<br />

en réaction directe à l’harmonisation<br />

(ou standardisation) en cours <strong>de</strong>s programmes<br />

scolaires dans le public, découlant<br />

<strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong> l’article constitutionnel<br />

par 86% <strong>de</strong>s Suisses en 2006. Ce<br />

processus franchira aussi une étape importante<br />

en 2011: l’adoption <strong>de</strong> standards<br />

nationaux <strong>de</strong> formation par l’Assemblée<br />

plénière <strong>de</strong> la CDIP (Conférence <strong>de</strong>s directeurs<br />

cantonaux <strong>de</strong> l’instruction publique).<br />

Ces standards définiront les compétences<br />

à acquérir dans les branches<br />

principales <strong>de</strong> l’école obligatoire. Ils poussent<br />

la standardisation nettement au-<strong>de</strong>là<br />

du concordat Harmos, qui concerne surtout<br />

la durée <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et les niveaux<br />

atteints en 2ème, 6ème et 9ème classes.<br />

Les Vaudois entre <strong>de</strong>ux modèles<br />

Une votation importante <strong>de</strong>vrait avoir lieu<br />

en mai ou juin dans le canton <strong>de</strong> Vaud. Le<br />

peuple sera appelé à choisir entre <strong>de</strong>ux réformes<br />

scolaires. L’initiative «<strong>Ecole</strong> 2010»<br />

vise largement à revenir en arrière sur les<br />

évolutions <strong>de</strong>s vingt ou trente <strong>de</strong>rnières<br />

années. Elle dénonce une «dégringola<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s connaissances», liée à «un cercle vicieux<br />

<strong>de</strong> baisses d’exigences», ajoutant<br />

que «les pédagogies centrées sur l’élève<br />

ont montré leurs limites». Elle réclame «la<br />

valorisation <strong>de</strong> l’effort, <strong>de</strong> l’excellence et<br />

du dépassement <strong>de</strong> soi», avec le retour<br />

<strong>de</strong>s notes dès le début <strong>de</strong> la scolarité. A<br />

l’inverse, le contre-projet du Conseil d’Etat<br />

réduirait la sélection <strong>de</strong>s élèves en supprimant<br />

l’une <strong>de</strong>s trois voies actuelles dans<br />

le secondaire; pour le reste, il ne prévoit<br />

pas <strong>de</strong> changements importants, sinon<br />

peut-être l’anglais obligatoire dès la cinquième<br />

classe.<br />

Standardiser ou sélectionner? Quelle que<br />

soit la tendance qui l’emportera dans<br />

l’enseignement public, la pédagogie <strong>Steiner</strong><br />

continuera à offrir une alternative. Un<br />

enseignement ni standardisé, ni compétitif:<br />

une troisième voie.<br />

Alain Maillard<br />

10 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10 11<br />

Nom<br />

Prénom<br />

Rue<br />

Lieu<br />

Date<br />

Signature<br />

ACTUALITé


CaleNDrier Des MaNiFestatiONs et Des VaCaNCes<br />

eCOle ruDOlF steiNer De lausaNNe<br />

JaNVier<br />

JeuX <strong>de</strong>s rois<br />

lundi 10.01<br />

soirée informations PédaGo-<br />

GiQues<br />

vendredi 14.01<br />

soiree musicale<br />

vendredi 28.01<br />

FeVrier<br />

carnaVal<br />

vendredi 25.01 (pour toutes les<br />

classes) ; le soir pour gran<strong>de</strong>s<br />

classes + parents<br />

relÂcHes<br />

vendredi 25 au lundi 7 mars<br />

Mars<br />

tHéÂtre lanGue étranGère 11<br />

eme<br />

vendredi 11.03 et samedi 12.03<br />

réPétitions cHorale <strong>de</strong>s<br />

Gran<strong>de</strong>s classes<br />

samedi 19.03, samedi 26.03, jeudi<br />

31.03 (répétition générale)<br />

concerts <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s classes<br />

samedi 26.03 à 20h30<br />

à l’Eglise St-François, Lausanne<br />

dimanche 2.03 à 17h00<br />

au Temple <strong>de</strong> Morges<br />

aVril<br />

tHéÂtre 8 eme<br />

vendredi 08, samedi 09, dimanche<br />

10.04<br />

Vacances <strong>de</strong> PÂQues<br />

vendredi 15.04 à lundi 02.05<br />

Mai<br />

Présentation <strong>de</strong>s traVauX <strong>de</strong> 12<br />

eme classe<br />

vendredi 20 et samedi 21.05<br />

fête trimestrielle (classes)<br />

jeudi 26.05<br />

fête trimestrielle et fête <strong>de</strong><br />

PrintemPs<br />

samedi 28.05<br />

Journées GoetHéennes 9-12<br />

emes<br />

mardi 31.05 et mercredi 01.06<br />

JuiN<br />

conGé <strong>de</strong> l’ascension<br />

jeudi 02.06 et vendredi 03.06<br />

conGé <strong>de</strong> Pentecôte<br />

lundi 13.06<br />

tHéÂtre 12 eme<br />

vendredi 17, samedi 18, dimanche<br />

19.06<br />

saint-Jean<br />

vendredi 24.06<br />

Juillet<br />

Vacances d‘ete<br />

vendredi 01.07 au dimanche 21.08<br />

eCOle ruDOlF steiNer De GeNÊVe<br />

JaNVier<br />

PassaGe <strong>de</strong>s rois<br />

mardi 12.01<br />

1 ere soiree d‘informations<br />

PedaGoGiQues<br />

lundi 25.01<br />

FeVrier<br />

carnaVal<br />

vendredi 19.02<br />

Vacances <strong>de</strong> feVrier<br />

samedi 20.02 au mercredi 03.03<br />

Mars<br />

tHeatre 8 eme<br />

vendredi 11 à dimanche 13.03<br />

Portes ouVertes<br />

samedi 12.03<br />

cHefs d‘oeuVres <strong>de</strong> 12 eme<br />

samedi 27.03<br />

concert <strong>de</strong> PÂQues<br />

mercredi 31.03<br />

aVril<br />

Vacances <strong>de</strong> PÂQues<br />

vendredi 02 au dimanche 18 avril<br />

soiree folKloriQue<br />

vendredi 23.04<br />

Mai<br />

assemBlee Generale<br />

mardi 11.05<br />

Pont <strong>de</strong> l‘ascension<br />

jeudi 13 à dimanche 16.05<br />

2 eme soiree d‘informations<br />

PedaGoGiQues<br />

mardi 18.05<br />

Pentecôte<br />

lundi 24.05<br />

fete trimestrielle<br />

jeudi 27.05<br />

fete du PrintemPs<br />

samedi 29.05<br />

JuiN<br />

tHeatre 12 eme<br />

vendredi 04 et samedi 05.06<br />

fete <strong>de</strong>s 30 ans <strong>de</strong> l‘ersGe<br />

samedi 05.06<br />

saint-Jean<br />

jeudi 24.06<br />

adieu a la 12 eme<br />

mercredi 30.06<br />

Juillet<br />

remise <strong>de</strong>s Bulletins<br />

samedi 03.07<br />

Vacances d‘ete<br />

dimanche 04.07 au dimanche 29.08<br />

VOTRE bIEN-ÊTRE EsT pRéCIEUx.<br />

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EN ACCORD AVEC L’ÊTRE HUMAIN ET LA NATURE<br />

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