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SPIRITUALITE(S) - Ecole Rudolf Steiner de Geneve

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POINT DE MIRE<br />

(bouger ou être insolent et se faire remarquer<br />

pour autre chose que l’essentiel), ou<br />

<strong>de</strong>rrière l’isolement et l’endormissement<br />

(«Personne ne peut rien faire pour moi»),<br />

<strong>de</strong>rrière le sentiment <strong>de</strong> persécution («Le<br />

professeur ne m’aime pas, il est injuste<br />

avec moi»), <strong>de</strong>rrière les réponses associatives<br />

qui fusent à tort et à travers («Moi,<br />

je sais…»), il y a ce constat: l’enfant ou le<br />

jeune en gran<strong>de</strong> difficulté scolaire a peur<br />

<strong>de</strong> l’acte <strong>de</strong> penser.<br />

Il craint par-<strong>de</strong>ssus tout ce moment <strong>de</strong> suspension<br />

qui est la clef <strong>de</strong> l’apprentissage,<br />

le temps <strong>de</strong> la recherche, du doute, le passage<br />

<strong>de</strong> la construction à la transformation,<br />

la fabrique d’hypothèses, «ce temps<br />

<strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>ux où les enfants ne savent<br />

pas encore, mais où ils vont peut-être savoir»<br />

(Boimare, p 12)<br />

Comment remettre en route les rouages<br />

<strong>de</strong> la pensée? Comment réconciler le jeune<br />

avec lui-même et avec l’apprentissage?<br />

Comment conforter le mon<strong>de</strong> intérieur du<br />

jeune pour qu’il puisse s’y appuyer et retrouver<br />

un équilibre qui lui permette <strong>de</strong><br />

réactiver sa curiosité, <strong>de</strong> privilégier le langage<br />

et la pensée au lieu <strong>de</strong> la réaction,<br />

<strong>de</strong> s’engager dans une véritable réflexion?<br />

Ecouter et se nourrir d’un texte fondamental<br />

Pour Serge Boimare, seule la culture - et<br />

seulement la culture – offre les moyens <strong>de</strong><br />

traiter les questions les plus archaïques<br />

tout en donnant la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

ponts pour en revenir aux apprentissages<br />

les plus rigoureux. Pas la culture <strong>de</strong> la<br />

Star Aca<strong>de</strong>my ou <strong>de</strong> la prochaine coupe<br />

du mon<strong>de</strong> du football, mais «la culture<br />

<strong>de</strong>s textes fondamentaux pour nos civilisations,<br />

fondamentaux aussi pour les élèves<br />

en difficulté, car ces textes portent en<br />

eux <strong>de</strong>s réponses à ces questions primordiales<br />

que les plus démunis d’entre eux<br />

sur le plan culturel n’ont jamais su élaborer<br />

ni sublimer».<br />

Les textes fondamentaux, les récits <strong>de</strong>s<br />

origines, les légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s héros permettent<br />

d’aller vers une interrogation plus<br />

générale menant à <strong>de</strong>s préoccupations<br />

universelles. En effet, pour qu’un texte ou<br />

un récit mérite d’être dit «fondamental»,<br />

pour qu’il ait eu une chance <strong>de</strong> traverser<br />

les mo<strong>de</strong>s et les époques, il doit contenir<br />

en lui les questions premières et, au<br />

fil du temps, ce sont elles qui ont contribué<br />

à forger l’esprit humain. A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

métaphores, le texte reprend souvent ces<br />

gran<strong>de</strong>s questions et le récit nous parle<br />

<strong>de</strong>s origines, <strong>de</strong> la sexualité, <strong>de</strong> la loi, du<br />

désir, <strong>de</strong> la mort, <strong>de</strong>s sentiments…<br />

Derrière les tromperies, les violences, les<br />

incestes, les parrici<strong>de</strong>s, les histoires mythologiques<br />

nous ramènent toujours à<br />

ces <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s questions: «Comment<br />

vais-je trouver ma place parmi les autres,<br />

si je cè<strong>de</strong> à l’immédiateté <strong>de</strong> mon désir?»;<br />

«Comment concilier ces forces contradictoires<br />

qui sont en moi?»<br />

Mettre <strong>de</strong>s mots sur le récit, échanger<br />

avec les autres<br />

Après l’écoute du récit: l’échange. Tous<br />

les jours, trouver les mots pour restituer<br />

l’histoire, ce qui a été compris, saisi <strong>de</strong><br />

l’essentiel, dans l’ordre du récit, ou bien<br />

un autre ordre que l’on va défendre. Toute<br />

la classe participe. Chaque jeune doit ainsi<br />

se trouver relier à l’ensemble du groupe.<br />

Puis le groupe échange sur les sentiments<br />

ressentis, sur les valeurs qui apparaissent<br />

dans le récit. Ces valeurs ne sont pas données<br />

par le professeur, mais se profilent<br />

sous forme <strong>de</strong> questions: pourquoi la chèvre<br />

<strong>de</strong> Monsieur Seguin préfère-t-elle la liberté<br />

au risque <strong>de</strong> sa vie? Pourquoi Ulysse<br />

refuse-t-il l’immortalité que lui offre Circé?<br />

Pourquoi les dieux (ou le Dieu <strong>de</strong> la Genèse)<br />

ne veulent-ils pas donner trop <strong>de</strong><br />

pouvoir aux hommes?<br />

L’échange avec l’autre, avec le groupe, est<br />

un ressort essentiel <strong>de</strong> la pensée. Pour restructurer<br />

ses représentations, l’enfant ou<br />

le jeune doit les reformuler avec <strong>de</strong>s mots<br />

dans le respect mutuel.<br />

Depuis quelques années, suite aux expériences<br />

faites au Québec, les ateliers<br />

<strong>de</strong> philosophie pour enfants, en France<br />

et en Suisse, prennent <strong>de</strong> l’importance.<br />

Pratiqués régulièrement, dès le plus jeune<br />

âge, ils ai<strong>de</strong>nt les enfants, les jeunes ,<br />

mais aussi les adultes, à structurer la<br />

pensée, à maîtriser le langage, à entraîner<br />

à la réflexion en se confrontant<br />

au doute, à la remise en question, à la<br />

différence <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue au sein<br />

d’une communauté <strong>de</strong> recherche philosophique.<br />

Un appui pour aller vers d’autres apprentissages<br />

L’intérêt <strong>de</strong>s enfants ou <strong>de</strong>s jeunes<br />

dans ce «temps <strong>de</strong> l’histoire» est<br />

toujours soutenu. La curiosité est<br />

éveillée. Dans l’<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong>-Waldorf,<br />

le professeur prend souvent appui sur<br />

l’histoire pour aller dans <strong>de</strong>s apprentissages<br />

plus techniques comme la<br />

grammaire ou le calcul. C’est que les<br />

fondations sont soli<strong>de</strong>s. En 4ème classe,<br />

l’enfant peut se relier aux images<br />

du texte fondamental et suivre le héros<br />

viking dans son partage du butin<br />

quand il revient sur son knorr au pays.<br />

La division ou le partage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière<br />

unité (qui conduit à la notion <strong>de</strong><br />

fraction) est immédiatement compréhensible…<br />

Les grands textes: HarmoS-compatibles<br />

Dès la rentrée 2011, les écoles du Canton<br />

<strong>de</strong> Genève suivront le nouveau<br />

Plan d’Etu<strong>de</strong>s Romand. A la fin <strong>de</strong> ce<br />

mois <strong>de</strong> novembre, les détails du PER<br />

et son application ont été présentés<br />

à la presse. Dès la 9ème classe (ex-<br />

7ème du CO), le manuel <strong>de</strong> français fait<br />

la part belle aux grands textes fondateurs:<br />

la Bible, Virgile, Homère,... «Ils<br />

s’inscrivent dans un mouvement <strong>de</strong><br />

clarification sur ce qui fon<strong>de</strong> une culture<br />

et doit être connu. Cette approche<br />

<strong>de</strong>s textes fondateurs est commune<br />

à l’ensemble <strong>de</strong>s cantons romands»<br />

explique Madame Isabelle Nicolazzi.<br />

Se relier à soi-même, aux autres, dans<br />

le temps et dans l’espace, l’époque<br />

est à la découverte ou à la redécouverte<br />

<strong>de</strong>s grands textes. Ecoutons Paul<br />

Valéry dans sa Petite lettre sur les mythes:<br />

«Que serions-nous sans le secours<br />

<strong>de</strong> ce qui n’existe pas?»<br />

Geneviève Baumann<br />

<strong>Ecole</strong> <strong>Steiner</strong> <strong>de</strong> Genève<br />

* Serge Boimare:<br />

– Ces enfants empêchés <strong>de</strong> penser<br />

(Dunod 2008)<br />

– L’enfant et la peur d’apprendre<br />

(Dunod 2ème édition, 2004)<br />

Notes <strong>de</strong> lecture:<br />

pareNts et<br />

traNsMissiON<br />

reliGieuse<br />

Le magazine <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Lausanne,<br />

Allez savoir!, consacre un dossier<br />

dans son numéro <strong>de</strong> novembre à<br />

l’évolution <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong> leur<br />

transmission en Suisse. Extraits.<br />

«La religion en Europe a profondément<br />

changé», lit-on dans le résumé du nouveau<br />

livre (*) <strong>de</strong> Roland Campiche, sociologue <strong>de</strong>s<br />

religions. «Mort <strong>de</strong> Dieu? Nullement, selon<br />

les enquêtes qui, <strong>de</strong> 1962 à nos jours, révèlent<br />

l’évolution <strong>de</strong>s pratiques et croyances.<br />

Seul un quart <strong>de</strong> la population affirme une<br />

certitu<strong>de</strong> religieuse absolue, mais rares sont<br />

ceux qui disent: je ne crois pas en Dieu. Le<br />

doute, la recherche ou la gestion <strong>de</strong>s différences<br />

sont entrés dans le «logiciel religieux»<br />

<strong>de</strong>s familles.»<br />

Mais comment transmettre <strong>de</strong>s croyances<br />

moins définies? «Les parents aimeraient laisser<br />

dans le flou la question du religieux.<br />

Cela crée <strong>de</strong>s complications. On préférerait<br />

souvent ne pas avoir à se déterminer», relève<br />

Claire Clivaz, professeure à la Faculté<br />

<strong>de</strong> théologie et <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong>s religions<br />

<strong>de</strong> l’UNIL, dans Allez savoir! La même tendance<br />

se manifesterait aussi dans les écoles<br />

et dans le mon<strong>de</strong> politique: «Actuellement,<br />

la croyance est laissée dans un «no man’s<br />

land» non verbalisé. L’école évite le plus<br />

possible d’en parler. Cela reste dans la zone<br />

grise. Car il est <strong>de</strong>venu difficile <strong>de</strong> se positionner<br />

sur ces questions. Alors souvent, on<br />

préfère la fuite.»<br />

Vive la prière<br />

«La seule pratique religieuse qui ait progressé»,<br />

souligne Roland Campiche sur la<br />

base <strong>de</strong> ses enquêtes, «c’est la prière. Elle<br />

est <strong>de</strong>venue le canal principal par lequel<br />

se construit éventuellement une socialisation<br />

religieuse». Or la transmission <strong>de</strong><br />

cette pratique se fait principalement en famille,<br />

et plus spécifiquement par les mères:<br />

«Toutes les enquêtes convergent pour dire<br />

que les femmes sont plus religieuses que<br />

les hommes. Elles prient plus, elles vont davantage<br />

à la messe ou au culte. La femme<br />

<strong>de</strong>meure celle qui, au sein du binôme parental,<br />

se sent la première responsable <strong>de</strong><br />

l’éducation religieuse <strong>de</strong>s enfants.»<br />

Pourquoi ce rôle prépondérant <strong>de</strong> la mère?<br />

«Il s’agit d’un rôle appris dans le cadre <strong>de</strong><br />

la construction <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité féminine et<br />

non d’une affaire <strong>de</strong> nature, comme on le<br />

prétend parfois.» Mais ces <strong>de</strong>rnières, selon<br />

les enquêtes <strong>de</strong> Roland Campiche, le nombre<br />

<strong>de</strong> pères qui prient avec leurs enfants a<br />

plutôt augmenté.<br />

Alain Maillard<br />

(*) Roland Campiche: «La religion visible, pratiques et croyances en<br />

Suisse», collection Le Savoir suisse, 2010.<br />

8 entrécoles 4/10<br />

entrécoles 4/10 9<br />

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