12.10.2013 Views

Les droits fonciers au Gabon - Fern

Les droits fonciers au Gabon - Fern

Les droits fonciers au Gabon - Fern

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

14. Une caractéristique essentielle du droit de propriété <strong>au</strong> <strong>Gabon</strong>, est qu’il est peu différent du<br />

droit établi en 1899. en plus des aspects mentionnés ci-dessus, la loi :<br />

a) interdit la prescription (occupation longue et ininterrompue) en tant que base de la<br />

propriété foncière reconnue, en privant ainsi les habitants des zones rurales et urbaines<br />

des <strong>droits</strong> qui leur reviennent ;<br />

b) favorise l’utilisation industrielle/commerciale des terres, <strong>au</strong> détriment des <strong>droits</strong> de<br />

subsistance et de logement des membres ordinaires de la population, notamment en<br />

mettant les terres à la disposition du plus offrant et l’attribution en pleine propriété à ceux<br />

qui investissent des fonds importants dans les terres ;<br />

c) l’utilité publique, faiblement prescrite, permet la poursuite de l’acquisition obligatoire avec<br />

un préavis d’expulsion ou un délai pour le dépôt des réclamations limités, un droit d’appel<br />

limité <strong>au</strong>près des tribun<strong>au</strong>x pour les questions <strong>au</strong>tres que les questions administratives<br />

et avec un paiement d’une indemnité <strong>au</strong>x personnes <strong>au</strong>tres que celles détenant un titre<br />

officiel laissé à la discrétion erratique du gouvernement.<br />

15. l’histoire est importante. L’examen des relations foncières <strong>au</strong> <strong>Gabon</strong> <strong>au</strong> cours de ces 150<br />

dernières années montre :<br />

a) qu’avant 1899, les occupants du <strong>Gabon</strong> enregistrèrent des nive<strong>au</strong>x extrêmement élevés de<br />

territorialité et de propriété des biens immobiliers, et même d’opérations commerciales<br />

dans les zones côtières. cela s’est intensément accru à compter du 17 ème siècle, du fait de<br />

la traite des esclaves et du commerce des matières premières (ivoire, séquoia, caoutchouc<br />

s<strong>au</strong>vage, raphia, etc., puis plus tard des marchandises coloniales importées, telles que le<br />

calicot, les armes à feu et les bassines en fer et en cuivre). Le contrôle des ressources<br />

(et partant du territoire) est en fait le marqueur remarquable de la manière dont la<br />

participation du <strong>Gabon</strong> dans le commerce a été délimitée. une grande partie des litiges<br />

entre les clans et leurs « hommes forts » portaient sur le contrôle du territoire, ou sur «<br />

nos terres » ;<br />

b) que les premiers colonisateurs français, qui fondèrent la colonie enclave de l’estuaire<br />

en 1846, par le biais de la conclusion d’un accord avec les chefferies locales, acceptaient<br />

pleinement que le <strong>Gabon</strong> soit détenu par l’intermédiaire du clan coutumier et sur la<br />

base d’accords famili<strong>au</strong>x. Dans leurs premières lois (1846-1849), les <strong>au</strong>torités françaises<br />

cherchèrent simplement à réglementer la façon dont les populations locales vendaient des<br />

terres <strong>au</strong>x immigrants, afin que ces achats soient licites pour les acheteurs, conformément<br />

à la loi française ;<br />

c) que la dépossession formelle des populations locales à travers la négation de leur propriété<br />

est venue be<strong>au</strong>coup plus tard, comme une stratégie délibérée de la colonie élargie visant<br />

à protéger et à étendre les intérêts commerci<strong>au</strong>x français non concurrentiels. cela a été<br />

anticipé dans plusieurs lois en 1899, à la fois pour permettre <strong>au</strong>x français d’éviter de payer<br />

pour l’acquisition de terrains et de pouvoir légalement attribuer la plupart du pays, en<br />

1900, <strong>au</strong>x sociétés forestières et commerciales du conglomérat français, dont certaines<br />

d’ailleurs avaient été constituées à cette seule fin ;<br />

d) que le rôle et le soutien des élites locales ou de ce que l’on appelait à l’origine les « hommes<br />

forts » <strong>au</strong>x 18 ème et 19 ème siècles, ont joué un rôle essentiel dans ce développement, et<br />

8

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!