Ernest Breleur Les Portraits sans visage - Galerie Les Filles du ...
Ernest Breleur Les Portraits sans visage - Galerie Les Filles du ...
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<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong><br />
<strong>Les</strong> <strong>Portraits</strong> <strong>sans</strong> <strong>visage</strong><br />
Exposition <strong>du</strong> 7 mai au 19 juin 2010<br />
Vernissage le jeudi 6 mai de 18h à 21h<br />
Voilà plusieurs décennies qu’<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong> interroge les formes et les évidences. D’abord peintre,<br />
membre créateur <strong>du</strong> groupe Fwomajé, il se laisse peu à peu entraîné par une recherche qui débouche<br />
sur une série de toiles presque désincarnées qu’il appelle « blanches ». Puis, inlassable, il remet en<br />
question ce nouveau langage, toujours en quête d’une esthétique qui puisse mettre en adéquation sa<br />
pensée humaniste et les exigences de l’art. Cette quête débouche sur le travail qu’il entreprend avec<br />
les radiographies qui constituent autant de plongées au cœur <strong>du</strong> corps humain. Métaphore de l’être<br />
qui, une fois ôtés l’épaisseur de peau qui nous fait croire être différents, pose la question<br />
fondamentale de l’essence humaine. Avec ses « <strong>Portraits</strong> <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>s », il va plus loin encore, alliant<br />
l’évidence trompeuse de la photographie au texte. Artiste majeur de son île, célébré par ses amis<br />
Milan Kundera ou Patrick Chamoiseau, <strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>, dans cette île de la Caraïbe à la fois si proche<br />
et si lointaine, se pose en artisan de l’humain. La galerie les <strong>Filles</strong> <strong>du</strong> Calvaire ne s’y est pas trompée,<br />
qui a immédiatement saisi ce qu’elle avait à partager avec cet artiste rare. Simon Njami<br />
Dans le cadre de l’événement 3X3 1 , initié par la Fondation Clément 2 et sous la direction <strong>du</strong><br />
commissaire indépendant Simon Njami, la galerie est heureuse de proposer une exposition<br />
personnelle d’<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>. A travers les différentes œuvres présentées (<strong>Portraits</strong> <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>,<br />
Cambodge sous Pol Pot, l’artiste questionne le corps dans sa nature éphémère. Comment donner à<br />
voir l’absence dans la présence d’une matière plastique ? Comment donner à voir le souvenir ?<br />
Né en 1945 en Martinique, <strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong> participe en 1984 à la création <strong>du</strong> groupe Fwomajé 3 . En<br />
1985, il commence à peindre et mène un travail artistique en solitaire, ce qui l’amène, quatre ans<br />
plus tard, à démissionner <strong>du</strong> groupe pour construire sa « propre contemporanéité ». Habité par des<br />
questions métaphoriques liées à la vie et la mort, il peint des corps étêtés, tronqués, en souffrance.<br />
En 1993, convaincu d’être parvenu au terme de son questionnement, E.<strong>Breleur</strong> en arrive à une<br />
rupture totale avec la peinture pour s’engager dans l’exploitation d’un matériau étranger au monde<br />
de l’art : la radiographie. Avec ce matériau, l’artiste accède à une certaine intimité <strong>du</strong> corps en<br />
donnant à voir ce qui n’est pas visible et génère <strong>du</strong> sensible et de l’esthétisme là où normalement il<br />
n’y a que matière à diagnostic.<br />
Depuis la découverte de ce matériau dans un hôpital désaffecté, à proximité de son école d’art,<br />
<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong> se positionne comme « artiste-chirurgien » qui accomplit un acte de suture sur une<br />
chair imaginaire. Il reconstruit l’espace médical dans son atelier à partir d’un vieux scialytique, des<br />
gants, un masque et des instruments indispensables à sa « chirurgie » comme des cutters, des<br />
scalpels, et des aiguilles. En plus de s’approprier la gestuelle d’un chirurgien, il classe soigneusement<br />
ses radiographies dans des boîtes étiquetées telle une banque d’organes. Il pratique son intervention<br />
1 Du 8 avril au 15 juillet 2010, 3 galeries parisiennes accueilleront 3 artistes contemporains originaires de la Guadeloupe et<br />
de la Martinique : Bruno Pé<strong>du</strong>rand, <strong>Galerie</strong> Olivier Robert, 8 avril-8 mai / <strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>, <strong>Galerie</strong> <strong>Les</strong> <strong>Filles</strong> <strong>du</strong> Calvaire, 6<br />
mai-18 juin / David Damoison, <strong>Galerie</strong> Anne de Villepoix, 15 juin-15 juillet.<br />
2 La Fondation Clément est une fondation d’entreprise <strong>du</strong> Groupe Bernard Hayot. Elle mène des actions de mécénat en<br />
faveur des arts et <strong>du</strong> patrimoine culturel à la Martinique. Hébergée à l’Habitation Clément, un site patrimonial classé<br />
monument historique et berceau des rhums Clément, elle soutient la création contemporaine grâce à des programmes<br />
d’expositions et d’édition et une collection d’œuvres d’artistes caribéens.<br />
3 Le groupe Fwomajé composé de six artistes réalise des recherches en vue de propositions pour une « esthétique<br />
caribéenne ». Dans un premier temps ce groupe rassemble Victor Anicet, <strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>, François Charles-Edouard, Yves<br />
Jean-François et Bertin Nivor.