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Ernest Breleur Les Portraits sans visage - Galerie Les Filles du ...

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horizontalement et ne met le corps à la verticale qu’une fois « suturé », c’est à ce moment que « la<br />

résurrection <strong>du</strong> corps opère 4 ».<br />

Il s’agit en effet de faire triompher la vie sur la mort à partir de fragments de corps anonymes qui<br />

renvoient à l’espèce. L’œuvre d’E. <strong>Breleur</strong> reconstitue de manière métaphorique une nouvelle entité<br />

pour créer, avec une nouvelle géographie <strong>du</strong> corps, un « corps-monde » et célébrer la puissance de la<br />

vie.<br />

Avec l’installation et la série de <strong>Portraits</strong> <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>, le corps a laissé place aux portraits dont la<br />

particularité est d’être une absence de <strong>visage</strong>. L’artiste suscite ainsi l’imaginaire de celui qui regarde.<br />

Selon E. <strong>Breleur</strong> cette série évoque la question de l’ « image rési<strong>du</strong>elle, comme ce qui reste de nous<br />

après la mort ». Ce sont les textes 5 qui accompagnent les portraits, qui donnent un <strong>visage</strong> à ces<br />

images. L’installation est une œuvre collective, partagée dans sa réalisation avec 7 écrivains de divers<br />

continents, chacun ayant pro<strong>du</strong>it des fictions ou biographies concernant 15 êtres <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>.<br />

« Choc entre deux langages différents, choc prévu, souhaité ; les écrivains, travaillant en aveugle,<br />

ignorent les portraits <strong>sans</strong> <strong>visage</strong> que je réalise, de même que j'ignore les textes qu'ils écrivent, ils ont<br />

entre autres comme matière le texte fondateur <strong>du</strong> projet. Ce travail commun provoque la rencontre<br />

de langages, de langues, d'esthétiques littéraires, de cultures différents, réalisant ainsi l'édification<br />

d'une poétique des poétiques où l'esthétique est certainement au delà de ce que nous voyons et<br />

lisons » (<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>).<br />

Dans la série de <strong>Portraits</strong> <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>, plusieurs se réfèrent à l’Histoire et ses tragédies humaines,<br />

portraits de ceux dont l’identité a été happée par leur destin, collectif ou unique (les victimes de la<br />

guerre <strong>du</strong> Vietnam, les « chefs caraïbes » héros de la révolte contre le colon blanc de Martinique,<br />

Marilyn Monroe...). Seront notamment exposés ceux de <strong>sans</strong>-domicile fixe, triptyques composés<br />

d’une photographie, d’un portrait radiographié et de la reconstitution d’un échange entre l’artiste et<br />

l’une de ces rencontres.<br />

« <strong>Les</strong> portraits <strong>sans</strong> <strong>visage</strong> sont ceux des femmes et des hommes étranges, étranges parce qu’ils ne<br />

méritent jamais un regard humain. <strong>Les</strong> portraits <strong>sans</strong> <strong>visage</strong> sont aussi les portraits des oubliés avant<br />

une quelconque rencontre, comme si le cœur de l’homme était une machine à exclure, à broyer,<br />

évitant ainsi la moindre inscription de l’autre en soi. <strong>Les</strong> portraits <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>, sont les « <strong>visage</strong>s » des<br />

disparus <strong>du</strong> monde, ceux des exclus socialement. Ne sommes nous pas dans un monde <strong>sans</strong> <strong>visage</strong>? 6 »<br />

(<strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>)<br />

La grande installation en suspension, Cambodge sous Pol Pot, évoque les exécutions qui ont eu lieu<br />

sous le pouvoir <strong>du</strong> dictateur Pol Pot, leader des Khmers rouges et Premier ministre <strong>du</strong> Kampuchéa<br />

Démocratique (Cambodge actuel) entre 1975 et 1979. Elle se compose de têtes en trois dimensions<br />

formées de leds lumineuses qui renforcent l’impact visuel de l’œuvre et donnent de l’épaisseur aux<br />

corps par transparence colorée. Au centre de l’installation, des sons évoquent les commandements<br />

des chefs, la voix de Pol Pot, le bruit des fusils-mitrailleurs.<br />

4 Dominique Brebion, <strong>Ernest</strong> Beleur, 24 ème Biennale de San –Paulo, <strong>du</strong> 2 octobre au 13 décembre 1998<br />

5 Textes de sept écrivains venus de pays différents : Tawfilq Alzoubi, Palestine ; René de Ceccatty, France ; Patrick<br />

Chamoiseau, Martinique ; Franck Etienne, Haïti ; Monchoachi, Martinique ; Tafsir Ndické Dieye, Sénégal ; Abdourahman<br />

Wabaeri, Djibouti.<br />

6 Cat. 3X3, Bruno Pé<strong>du</strong>rand, <strong>Galerie</strong> Olivier Robert, <strong>Ernest</strong> <strong>Breleur</strong>, <strong>Galerie</strong> les <strong>Filles</strong> <strong>du</strong> calvaire, David Damoison, <strong>Galerie</strong><br />

Anne de Villepoix, Paris, p.10

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