la Mode Historia

Cartographie Loïc Derrien
en un clin d’œil l’artisanat français, de l’excellence à l’innovation
Soyeux et passementier, badestamier
et plumassier, orfèvre et gantier…
autant de métiers qui évoquent la
distinction et l’histoire du luxe à la
française. Apparus dès l’Antiquité,
nombre de ces artisanats ont pris
leur essor en France à partir de la fin
du Moyen Âge, en réponse au désir,
commun à la monarchie, la noblesse
et la bourgeoisie, de disposer de si-
Valenciennes
1650 – La dentelle, réputée pour le goût
français de ses dessins et sa finesse,
devient l’objet d’un artisanat prospère
grâce à Françoise Badar, une dentellière
entre prenante. Mise à mal, à partir du
XIX e siècle, par les valenciennes mécaniques,
sa pérennité n’est désormais
assurée que par son enseignement.
Cambrai
XIII e siècle – Le tissage de la batiste y
voit le jour. Au-delà des frontières,
cette toile de lin est réputée si fine et
luxueuse que les Lapons en drapent
leurs statues fétiches… Son succès ne cessera
de croître jusqu’au XIX e siècle. En 2012,
si la Normandie produit toujours les plus
belles qualités de lin, c’est l’Italie qui
en fait les plus belles étoffes.
Rouen
1656 – Après un lancement peu probant engagé
par Colbert au château de Madrid, l’artisanat
des bas de soie se développe aux alentours de Rouen où,
en 1610, William Lee a inventé le premier métier à
tricoter. Ces articles de luxe connaissent un destin
florissant jusqu’à l’invention des bas
synthétiques avant la Seconde Guerre
mondiale. Seuls quelques ateliers disséminés
en France continuent de les fabriquer.
Alençon
1665 – Baptisée « point de France », la dentelle à l’aiguille
produite dans la manufacture d’Alençon devait,
jusqu’à son nom, incarner tout le savoir-faire français
voulu par Colbert. Un pari réussi pour celle qui
sera sacrée « reine des dentelles » au XIX e siècle,
aujourd’hui inscrite au patrimoine culturel de l’Unesco.
Seule une dizaine de dentellières maîtrise cet art.
34 historia février 2013
gnes de puissance et de richesse. La
culture du changement émerge dans
le même temps et favorise l’épanouissement
d’un nouveau phénomène : la
mode. Il faudra toute la perspicacité
de Jean-Baptiste Colbert pour cerner
le potentiel financier qu’elle représente
: « La mode est pour la France
ce que les mines [d’or] du Pérou
sont pour l’Espagne. » À compter
Millau
de 1664, il ouvre des manufactures
pour produire draperies, dentelles,
passements et autres rubans.
Protectionniste d’avant-garde et promoteur
despotique du luxe, il impose
ces articles à la cour. Ce dispositif,
associé au rayonnement de la France
dans le monde, contribue à asseoir
la renommée de son artisanat qui
devient l’une des premières excep-
Tour de France des plus anciennes traditions artisanales
Alençon
Rouen
Millau
1268 - Étienne Boileau recense, dans son Livre des métiers,
ceux dédiés au travail des peaux. Y figure notamment celui,
très noble, de gantier. Les plateaux calcaires aveyronnais,
propices à l’élevage des moutons, deviennent à cette même
époque, le berceau de la ganterie française dont l’activité
perdure à Millau et Saint-Junien.