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La Révolution Française : Format PDF (lecture ... - Ebook en poche

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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE<br />

Le récit mouvem<strong>en</strong>té et captivant de dix années tourm<strong>en</strong>tées qui changèr<strong>en</strong>t à<br />

jamais l’histoire de la France et du monde<br />

El<strong>en</strong>a SMIRNOVA-LEGRAND, Auréli<strong>en</strong> LEGRAND<br />

AVERTISSEMENT<br />

L’histoire est vaste et sujette à interprétations. Nous ne souhaitons pas nous av<strong>en</strong>turer à l’excès<br />

dans ce maquis. Notre but est de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les faits principaux, connus et généralem<strong>en</strong>t<br />

admis. Notre volonté est de mettre à la disposition des lecteurs, les élém<strong>en</strong>ts clefs d’un sujet, ainsi<br />

qu’une interprétation, de nature à permettre la compréh<strong>en</strong>sion. Cela r<strong>en</strong>d le sujet intéressant et<br />

permet d’alim<strong>en</strong>ter la réflexion du lecteur. A noter que le prés<strong>en</strong>t livre numérique, comme tous<br />

les autres, a bénéficié d’une rédaction nouvelle, par un histori<strong>en</strong> ayant une bonne connaissance<br />

du sujet traité.<br />

<strong>La</strong>thuile – Haute-Savoie<br />

éditions du Gui - 2010<br />

En couverture : <strong>La</strong> prise de la Bastille le 14 juillet 1789 – métal gravé, Allemagne, c. 1840 -<br />

Colorisation ultérieure – Photo akg-images<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


SOMMAIRE<br />

PRÉSENTATION p.3<br />

DATES ET FAITS MARQUANTS p.3<br />

PRINCIPAUX PERSONNAGES p.4<br />

<strong>La</strong>fayette, Marie-Joseph (1757-1834) p.4<br />

Mirabeau, Honoré-Gabriel (1749-1791) p.4<br />

Brissot, Jacques-Pierre (1754-1793) p.4<br />

Danton, Georges-Jacques (1759-1794) p.4<br />

Robespierre, Maximili<strong>en</strong> (1758-1794) p.5<br />

Saint-Just, Louis-Antoine (1767-1794) p.5<br />

Hébert, Jacques-R<strong>en</strong>é (1757-1794) p.5<br />

Vadier, Marc-Guillaume (1936-1828) p.5<br />

Barras, Paul (1755-1829) p.5<br />

INTRODUCTION p.5<br />

DÉVELOPPEMENT p.6<br />

Grandes espérances p.6<br />

Le temps des désastres p.9<br />

Vive la République p.11<br />

Gouvernem<strong>en</strong>t de terreur, gouvernem<strong>en</strong>t de salut p.14<br />

<strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> trahie p.17<br />

CONCLUSION p.20<br />

BIBLIOGRAPHIE p.22<br />

PRÉSENTATION<br />

<strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française est incontestablem<strong>en</strong>t un mom<strong>en</strong>t exceptionnel. Par sa<br />

durée bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du : 10 ans de troubles, d’émeutes, d’exécutions, de réformes et de guerres<br />

ininterrompus. Par son ampleur <strong>en</strong>suite : à la prise de pouvoir par Bonaparte, la France<br />

révolutionnaire contrôle déjà la moitié de l’Europe et y impose sa vision de la politique et<br />

de la justice pour les siècles à v<strong>en</strong>ir. Par sa lég<strong>en</strong>de <strong>en</strong>fin : qui ne connaît pas Robespierre, la<br />

guillotine ou la Bastille, autant de nom et d’images profondém<strong>en</strong>t gravés dans l’imaginaire<br />

collectif.<br />

DATES ET FAITS MARQUANTS<br />

1789 :<br />

- 5 mai : ouverture des Etats Généraux. Début de la <strong>Révolution</strong> française.<br />

- 14 juillet : prise de la Bastille.<br />

- 26 août : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoy<strong>en</strong>.<br />

1791 :<br />

- 20-21 juin : fuite du roi et arrestation à Var<strong>en</strong>nes.<br />

- 3 septembre : adoption de la Constitution.<br />

1792 :<br />

- 20 avril : déclaration de guerre à l’Empire d’Autriche.<br />

- 10 août : prise des Tuileries et emprisonnem<strong>en</strong>t de la famille royale au Temple.<br />

- 22 septembre : proclamation de la République.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


1793 :<br />

- 21 janvier : exécution de Louis XVI.<br />

- 10 mars : création du Tribunal révolutionnaire.<br />

- 10-14 mars : début de la rébellion contre-révolutionnaire <strong>en</strong> V<strong>en</strong>dée et <strong>en</strong> Bretagne.<br />

- 31 mai – 2 juin : expulsion des Girondins de la Conv<strong>en</strong>tion.<br />

- 5 octobre : adoption du cal<strong>en</strong>drier républicain.<br />

- 10 octobre : mise <strong>en</strong> place du gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire.<br />

1794 :<br />

- 24 mars : exécution des Hébertistes.<br />

- 5 avril : exécution des Dantonistes.<br />

- 8 juin : fête de l’Etre suprême.<br />

- 10 juin : réorganisation du Tribunal révolutionnaire, c<strong>en</strong>tralisation de la Terreur.<br />

- 27 juillet : arrestation des Robespierristes, exécutés le l<strong>en</strong>demain. Fin du gouvernem<strong>en</strong>t<br />

révolutionnaire et début de la période thermidori<strong>en</strong>ne.<br />

1795 :<br />

- 31 octobre : installation du Directoire exécutif.<br />

1799 :<br />

- 9 novembre : coup d’état du général Bonaparte. Fin de la <strong>Révolution</strong> française.<br />

<strong>La</strong>fayette, Marie-Joseph (1757-1834)<br />

PRINCIPAUX PERSONNAGES<br />

Acteur de la Guerre d’indép<strong>en</strong>dance des États-Unis, héro des premiers mois de la<br />

<strong>Révolution</strong>, chef de la Garde nationale et l’un des auteurs de la Déclaration des Droits de<br />

l’Homme. Il fuit la France après la chute de la monarchie. Capturé par les autrichi<strong>en</strong>s, il n’y<br />

revi<strong>en</strong>t qu’après le coup d’état de Bonaparte.<br />

Mirabeau, Honoré-Gabriel (1749-1791)<br />

Le plus brillant orateur de la Constituante. Déçu par la <strong>Révolution</strong>, il propose à Louis<br />

XVI ses conseils, s’attachant une réputation de traître. Enterré au Panthéon après sa mort, il<br />

<strong>en</strong> est retiré <strong>en</strong> 1793.<br />

Brissot, Jacques-Pierre (1754-1793)<br />

Chef de la faction girondine à la Législative et à la Conv<strong>en</strong>tion. Principal opposant de<br />

Robespierre, il perd la lutte politique contre les Montagnards. Arrêté puis jugé par le Tribunal<br />

révolutionnaire, il est guillotiné avec d’autres députés girondins.<br />

Danton, Georges-Jacques (1759-1794)<br />

Héro de l’insurrection du 10 août 1792, orateur influ<strong>en</strong>t à la Conv<strong>en</strong>tion et chef du<br />

premier Comité de salut public. Il s’oppose à la politique de la Terreur lors de la lutte contre la<br />

faction hébertiste. Il sera jugé et guillotiné juste après eux.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


Robespierre, Maximili<strong>en</strong> (1758-1794)<br />

Orateur populaire de la Conv<strong>en</strong>tion, membre influ<strong>en</strong>t du Comité de salut public et du<br />

Club des jacobins, partisan de la politique de la Terreur. Après avoir contribué à la chute des<br />

diverses factions, il est à son tour r<strong>en</strong>versé par les membres des Comités de gouvernem<strong>en</strong>t et<br />

les députés de la Conv<strong>en</strong>tion puis guillotiné.<br />

Saint-Just, Louis-Antoine (1767-1794)<br />

Membre du Comité de salut public, auteur de grands rapports d’accusation contre<br />

les factions girondine, hébertiste et dantoniste. Envoyé aux armées comme représ<strong>en</strong>tant du<br />

peuple, il contribue aux victoires <strong>en</strong> Alsace et <strong>en</strong> Belgique. Lié avec Robespierre, il est arrêté<br />

et guillotiné avec lui.<br />

Hébert, Jacques-R<strong>en</strong>é (1757-1794)<br />

Journaliste, auteur du journal populaire « Le Père Duchesne », membre de la<br />

Commune de Paris. Il accuse le gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire d’être trop indulg<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vers<br />

des <strong>en</strong>nemis du peuple. Dev<strong>en</strong>u trop dangereux pour le Comité de salut public, il est arrêté et<br />

guillotiné avec d’autres membres de la Commune.<br />

Vadier, Marc-Guillaume (1936-1828)<br />

Présid<strong>en</strong>t du Comité de sûreté générale, il dirige le travail du Tribunal révolutionnaire<br />

et toute la police politique durant la Terreur. Porté par ses ambitions politiques, il s’oppose à<br />

l’influ<strong>en</strong>ce du Comité de salut public et de Robespierre et devi<strong>en</strong>t un des organisateurs de la<br />

chute de ce dernier.<br />

Barras, Paul (1755-1829)<br />

Député de la Conv<strong>en</strong>tion, représ<strong>en</strong>tant <strong>en</strong> mission p<strong>en</strong>dant la Terreur, homme clef du 9<br />

thermidor et leader des Thermidori<strong>en</strong>s. Le plus influant des membres du Directoire, il se retire<br />

complètem<strong>en</strong>t de la vie politique après le coup d’état du 18 brumaire.<br />

INTRODUCTION<br />

Il y a déjà deux c<strong>en</strong>t ans que la <strong>Révolution</strong> française est considérée comme l’un des<br />

événem<strong>en</strong>ts clés de l’histoire mondiale. Cette déc<strong>en</strong>nie fougueuse, p<strong>en</strong>dant laquelle la France<br />

fut déchirée par une lutte intérieure aggravée d’une guerre contre les plus grandes puissances<br />

europé<strong>en</strong>ne, a changé à jamais le visage de l’Europe. <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> n’a pas uniquem<strong>en</strong>t<br />

changé la forme de gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France, ni seulem<strong>en</strong>t supprimé les privilèges féodaux,<br />

elle a créé un nouvel état d’esprit, de nouvelles réalités et de nouveaux hommes.<br />

Les révolutions n’arrivant jamais par hasard, celle de 1789 n’est pas une exception.<br />

Pour qu’un éclat de colère, même d’un très grand nombre des g<strong>en</strong>s, cause la destruction<br />

définitive et irrémédiable d’une société multiséculaire, il faut que des dizaines de facteurs,<br />

majeurs comme secondaires, se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t à un mom<strong>en</strong>t déterminé. <strong>La</strong> crise économique,<br />

financière et sociale, la faiblesse du pouvoir et l’abs<strong>en</strong>ce d’une volonté unie parmi les<br />

membres privilégiés de la société française, ainsi que l’ext<strong>en</strong>tion, depuis les déc<strong>en</strong>nies<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


précéd<strong>en</strong>tes, des idées des Lumières, font partie de la longue liste de ces facteurs. L’idée<br />

de la société-nation, où le roi n’est que le premier des fonctionnaires, le premier parmi les<br />

égaux, subordonné comme d’autres membres de la société à la loi, a conquis les esprits des<br />

Français du XVIIIe siècle. <strong>La</strong> division médiévale de la société française <strong>en</strong> trois Ordres ne<br />

correspondait plus à la réalité sociale et économique de la France de l’époque. Le Tiers-état<br />

avait franchi, depuis longtemps déjà, les limites de sa fonction historique et ne consistait plus<br />

uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> « ceux qui travaill<strong>en</strong>t », mais <strong>en</strong> la foule des g<strong>en</strong>s les plus dynamiques, les<br />

plus actifs et les plus p<strong>en</strong>sants de l’époque. Il se considère légitimem<strong>en</strong>t comme le véritable<br />

représ<strong>en</strong>tant de la nation, il <strong>en</strong> constitue 98%, et att<strong>en</strong>d des changem<strong>en</strong>ts dans sa situation. <strong>La</strong><br />

moindre étincelle suffirait alors à allumer la flamme <strong>en</strong>dormie.<br />

<strong>La</strong> Serm<strong>en</strong>t du Jeu de Paume à Versailles le, 20 Juin 1789 – Dessin, 1791, de Jacques-Louis<br />

David (1748-1825). <strong>La</strong>vis à la plume et au bistre. Paris Musée du Louvre - Crédit akg-images.<br />

Grandes espérances<br />

DÉVELOPPEMENT<br />

Cette étincelle, c’est la convocation par le roi Louis XVI des Etats Généraux : une<br />

assemblée réunissant des représ<strong>en</strong>tants de la noblesse, du clergé et du Tiers-état, les trois<br />

Ordres de la société française. Ils n’avai<strong>en</strong>t pas été convoqués depuis 1614. L’ouverture des<br />

Etats Généraux à Versailles, le 5 mai 1789, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du roi et de toute la famille royale,<br />

marque le début de la <strong>Révolution</strong>. Les députés du Tiers-état n’att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas longtemps avant<br />

de rev<strong>en</strong>diquer leur statut de représ<strong>en</strong>tants du pays tout <strong>en</strong>tier et, le 17 juin, suivant l’appel de<br />

Mirabeau, se proclam<strong>en</strong>t Assemblée nationale. Quelques jours plus tard, ils sont rejoints par<br />

la majorité de la noblesse et du clergé. Le roi n’a alors pas d’autre solution que de reconnaitre<br />

l’Assemblée nationale comme l’institution dét<strong>en</strong>trice du pouvoir législatif <strong>en</strong> France.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


Le 9 juin l’Assemblée pr<strong>en</strong>d le nom de Constituante, soulignant ainsi son but principal :<br />

l’élaboration d’une constitution pour le royaume.<br />

Le désir de donner à la France une constitution ne signifie pas l’int<strong>en</strong>tion de supprimer<br />

la monarchie. Les philosophes des Lumières, tels que Rousseau, Voltaire ou Montesquieu,<br />

de même que les députés de l’Assemblée constituante, ont toujours été convaincus que<br />

la monarchie est la seule forme de gouvernem<strong>en</strong>t possible pour la France. Ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

uniquem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>cadrer par la loi et faire participer la nation <strong>en</strong>tière au gouvernem<strong>en</strong>t du pays.<br />

Mais se s<strong>en</strong>tant m<strong>en</strong>acé, Louis XVI fait rassembler des troupes autour de Paris<br />

et congédie, le 11 juillet, le très populaire ministre Necker. De tels actes ne peuv<strong>en</strong>t que<br />

m<strong>en</strong>er à l’émeute des parisi<strong>en</strong>s désireux de se déf<strong>en</strong>dre et ont finalem<strong>en</strong>t pour effet la chute<br />

du symbole du despotisme royal : la Bastille. <strong>La</strong> prise de la Bastille est un évènem<strong>en</strong>t assez<br />

secondaire <strong>en</strong> soi, mais est rapidem<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ue un symbole fort et a donné naissance à de<br />

nombreuses lég<strong>en</strong>des. L’une d’elles veut qu’à la question du roi qui v<strong>en</strong>ait d’appr<strong>en</strong>dre la<br />

chute de la forteresse : « C’est donc une révolte ? », le duc de <strong>La</strong> Rochefoucauld réponde :<br />

« Non, Sire, c’est une révolution ! ».<br />

<strong>La</strong> prise de la Bastille révèle une force nouvelle : la foule, la masse populaire, qui<br />

sera un acteur décisif des années de la <strong>Révolution</strong>. <strong>La</strong> viol<strong>en</strong>ce spontanée et incontrôlable<br />

de la rue, profondém<strong>en</strong>t attachée à la liberté, va régulièrem<strong>en</strong>t dicter sa volonté et sa loi aux<br />

pouvoirs révolutionnaires. Pris de peur, les premiers émigrés, issus du milieu aristocratique, se<br />

précipit<strong>en</strong>t déjà à l’étranger. Londres, Cobl<strong>en</strong>z <strong>en</strong> Allemagne, et jusqu’à la Russie impériale,<br />

sont dev<strong>en</strong>us les destinations privilégiées des émigrés français. Parmi eux se trouve le comte<br />

d’Artois, frère cadet de Louis XVI et futur Charles X.<br />

Pris par le v<strong>en</strong>t du changem<strong>en</strong>t, les évènem<strong>en</strong>ts se succèd<strong>en</strong>t à une vitesse incroyable,<br />

comme si leurs protagonistes se précipitai<strong>en</strong>t pour goûter à une liberté tant att<strong>en</strong>due. Du 4<br />

au 11 août 1789, l’Assemblée constituante vote plusieurs décrets supprimant les privilèges<br />

de la noblesse et du clergé. Le 26 août, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoy<strong>en</strong>,<br />

le docum<strong>en</strong>t clé de la <strong>Révolution</strong>, est née. Elle institue l’égalité devant la loi, la liberté<br />

d’expression, le respect de la propriété et reconnaît la nation comme fondem<strong>en</strong>t du pouvoir<br />

politique.<br />

Le roi perd son autonomie politique et physique. Forcé, le 5 octobre 1789, de<br />

s’installer à Paris, il se pare d’une cocarde tricolore et signe les décrets d’août. Perdant ses<br />

privilèges, l’Eglise ne tarde pas à perdre ses bi<strong>en</strong>s. Ceux-ci sont <strong>en</strong> effet mis à la disposition<br />

de la Nation et v<strong>en</strong>dus sous le nom de « bi<strong>en</strong>s nationaux ».<br />

L’automne 1789 est une véritable période de jaillissem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>thousiasme et d’ivresse<br />

pour une liberté nouvellem<strong>en</strong>t découverte. Les parisi<strong>en</strong>s form<strong>en</strong>t leur propre garde armée,<br />

plaçant le général <strong>La</strong> Fayette à sa tête, et l’appell<strong>en</strong>t Garde nationale. Plus besoin des<br />

soldats du roi pour protéger la capitale : la capitale se protège elle-même. <strong>La</strong> France reçoit<br />

une nouvelle division administrative : 83 départem<strong>en</strong>ts remplac<strong>en</strong>t les anci<strong>en</strong>nes provinces.<br />

De nombreux clubs politiques apparaiss<strong>en</strong>t, à Paris comme <strong>en</strong> province, notamm<strong>en</strong>t le Club<br />

breton qui pr<strong>en</strong>d le nom de la Société des amis de la Constitution mais que l’on appelle tout<br />

simplem<strong>en</strong>t le club des Jacobins. Des dizaines de journaux font leur apparition et marqu<strong>en</strong>t la<br />

naissance d’une presse politique qui sera désormais un outil indisp<strong>en</strong>sable de la vie politique<br />

française. L’apothéose de cette ère de changem<strong>en</strong>ts est la fête de la Fédération, organisée à<br />

Paris le 14 juillet 1790, et qui rassemble des délégués des quatre coins du pays.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


Mais cette année d’<strong>en</strong>thousiasme et d’illusions passe vite et laisse finalem<strong>en</strong>t la place<br />

aux déceptions et à une réalité dure à affronter. Ne r<strong>en</strong>onçant jamais à l’idée de recouvrer son<br />

pouvoir perdu et de mettre fin à la <strong>Révolution</strong>, Louis XVI cherche des collaborateurs au sein<br />

de l’Assemblée même. Le comte Mirabeau, le plus brillant et le plus inspiré des orateurs de<br />

la Constituante, offre ses services au roi et lui promet de déf<strong>en</strong>dre ses intérêts <strong>en</strong> l’aidant à<br />

utiliser les antagonismes politiques de l’Assemblée. Mais Mirabeau meurt le 2 avril 1791 et<br />

Louis XVI, dépassé par les événem<strong>en</strong>ts, commet une erreur après l’autre et finit par t<strong>en</strong>ter de<br />

pr<strong>en</strong>dre la fuite vers l’étranger accompagné de toute sa famille.<br />

Les 21 et 22 juin 1791 marqu<strong>en</strong>t un tournant décisif dans les relations <strong>en</strong>tre le roi et<br />

la Nation. P<strong>en</strong>dant ces deux jours d’été, la France a définitivem<strong>en</strong>t perdu foi <strong>en</strong> la possibilité<br />

d’une union du roi et de la <strong>Révolution</strong>. Recherché et assez vite retrouvé puis arrêté à<br />

Var<strong>en</strong>nes, Louis XVI revi<strong>en</strong>t à Paris au milieu du morne sil<strong>en</strong>ce des parisi<strong>en</strong>s attroupés le<br />

long du chemin de son équipage. Sa fuite est vue par les Français comme un acte de trahison.<br />

Instantaném<strong>en</strong>t le roi est dev<strong>en</strong>u étranger dans son propre pays. <strong>La</strong> rupture irréversible du<br />

roi d’avec son peuple s’acc<strong>en</strong>tue <strong>en</strong>core le 17 juillet 1791 quand le commandant de la<br />

Garde nationale, <strong>La</strong> Fayette, et le maire de Paris, Bailly, ordonn<strong>en</strong>t d’ouvrir le feu sur la<br />

manifestation réunie sur le Champ-de-Mars pour demander la destitution du roi.<br />

Les voix exigeant la destitution de Louis XVI se font de plus <strong>en</strong> plus fortes et<br />

résonn<strong>en</strong>t dans la rue aussi bi<strong>en</strong> qu’à la Constituante. Mais il faudra att<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>core un an<br />

avant que les Français, monarchistes dans leur grande majorité <strong>en</strong> 1789-1790, proclam<strong>en</strong>t<br />

la République. Cep<strong>en</strong>dant la nouvelle et première Constitution du royaume de France, <strong>en</strong>fin<br />

adoptée le 3 septembre 1791, montre clairem<strong>en</strong>t à quel point le roi a perdu la confiance de la<br />

Nation. Il perd, <strong>en</strong>te autres, le pouvoir de déclarer la guerre et ne peut nommer ses ministres<br />

sans demander la permission de l’Assemblée. Tous les mécanismes du pouvoir sont désormais<br />

attribués à l’Assemblée, qui pr<strong>en</strong>d par ailleurs le nom de Législative. Le roi garde seulem<strong>en</strong>t<br />

son titre et le caractère sacré de sa personne. Il n’aura qu’un an pour <strong>en</strong> profiter.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


<strong>La</strong> prise de la Bastille le 14 juillet 1789 – Lithographie colorisée, France, c. 1900. Collection<br />

privée – Photo akg-images<br />

Le temps des désastres<br />

Le dernier décret de l’Assemblée constituante est une preuve de démocratie sans<br />

précéd<strong>en</strong>t. Il interdit <strong>en</strong> effet à ses membres d’être réélus à la Législative. Tous les grands<br />

orateurs des deux premières années de la <strong>Révolution</strong> quitt<strong>en</strong>t alors la tribune et s’exprim<strong>en</strong>t<br />

dorénavant uniquem<strong>en</strong>t dans les nombreux clubs politiques.<br />

C’est justem<strong>en</strong>t à partir de cet été 1791 que ces clubs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre une<br />

importance telle que les désisions prises <strong>en</strong> leur sein s’impos<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t à la<br />

Législative. Deux clubs occup<strong>en</strong>t une place prépondérante dans la vie politique : celui des<br />

Cordeliers, emm<strong>en</strong>é par Marat, et celui des Jacobins, où règne Robespierre.<br />

A l’ouverture de l’Assemblée Législative, une nouvelle faction politique apparaît où<br />

de nouveaux noms se font connaître et occuperont très vite une place de premier ordre dans<br />

la <strong>Révolution</strong> : Vergniaud, Brissot, Barbaroux. Ces députés du départem<strong>en</strong>t de la Gironde<br />

group<strong>en</strong>t autour d’eux les plus brillants orateurs et p<strong>en</strong>seurs de la Législative et cré<strong>en</strong>t une<br />

faction qui se fait appeler les Girondins. Ils jouiss<strong>en</strong>t d’une telle autorité qu’ils sont appelés,<br />

le 10 mars 1792, à former un nouveau cabinet des ministres, avec Roland à sa tête.<br />

Les débats les plus importants de la période concern<strong>en</strong>t la question de la déclaration<br />

de guerre à l’Autriche impéliale. <strong>La</strong> guerre semble inévitable, la question est juste de gagner<br />

un peu de temps pour s’y préparer efficacem<strong>en</strong>t. C’est dans ces termes que s’exprime<br />

Robespierre de la tribune du club des Jacobins, mais il est seul. <strong>La</strong> France veut la guerre<br />

immédiatem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> guerre victorieuse qui apportera la liberté à l’Europe pour les Girondins;<br />

la guerre perdue qui permettra aux armées étrangères de restaurer la monarchie dans toute sa<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


spl<strong>en</strong>deur pour le roi et ses partisans. Les opinions s’affront<strong>en</strong>t. « Il faut instaurer d’abord la<br />

paix intérieure », crie Robespierre. « Les victoires des armées françaises vont ram<strong>en</strong>er la paix<br />

dans le pays », promett<strong>en</strong>t les Girondins. Ces derniers ont le dernier mot : le 20 avril 1792, la<br />

France déclare la guerre à l’Autriche.<br />

L’échec est total : les armées françaises, mal équipées, mal commandées, avec des<br />

soldats affamés et des officiers qui trahiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> masse, perd<strong>en</strong>t sur tous les fronts. L’<strong>en</strong>nemi<br />

franchit les frontières de la France et avance vers Paris. <strong>La</strong> peur gouverne alors. <strong>La</strong> famine<br />

et les rumeurs de haute trahison gagn<strong>en</strong>t la France, où les émeutes éclat<strong>en</strong>t les unes après<br />

les autres. <strong>La</strong> situation devi<strong>en</strong>t critique et exige des actions décisives et fermes. Vergniaud<br />

propose à la Législative de déclarer la Patrie <strong>en</strong> danger. Le 11 juillet sa proposition est votée.<br />

Cette déclaration amène la multiplication de nombreuses accusations contre la Cour, contre<br />

les députés incapables, contre la <strong>Révolution</strong> même qui n’arrive pas à marcher jusqu’au bout.<br />

Les demandes de destitution de Louis XVI se font de plus <strong>en</strong> plus vives. Des bataillons de<br />

volontaires s’organis<strong>en</strong>t dans tout le pays. Les parisi<strong>en</strong>s se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> soldats.<br />

Le 10 août 1792, l’insurrection conjointe des parisi<strong>en</strong>s et des bataillons de volontaires<br />

marseillais se termine par la prise du palais des Tuileries, la déchéance de Louis XVI et son<br />

emprisonnem<strong>en</strong>t, ainsi que toute sa famille, au Temple. Il n’y a plus de monarque <strong>en</strong> France,<br />

mais il n’y a pas <strong>en</strong>core de République non plus. P<strong>en</strong>dant plus d’un mois, le pays reste <strong>en</strong>tre<br />

deux régimes : personne ne fait d’allusions au retour de la monarchie, mais le mot même de<br />

République fait <strong>en</strong>core peur. Tout le monde att<strong>en</strong>d les nouvelles élections. <strong>La</strong> constitution ne<br />

correspondant plus à la réalité politique, le pays a besoin d’<strong>en</strong> forger une nouvelle et pour ce<br />

faire d’une nouvelle assemblée : la Conv<strong>en</strong>tion nationale.<br />

L’élection des nouveaux députés est lancée, mais cela ne parvi<strong>en</strong>t pas à calmer l’ardeur<br />

des parisi<strong>en</strong>s révoltés. Le 17 août, la Commune de Paris, dictant sa loi aux législateurs,<br />

impose l’instauration d’un Tribunal extraordinaire provisoire, préfiguration du terrible<br />

Tribunal révolutionnaire de 1793-1794. Le 2 septembre, Verdun est prise par les troupes<br />

autrichi<strong>en</strong>nes. <strong>La</strong> panique <strong>en</strong>vahit Paris. <strong>La</strong> rumeur court d’un complot aristocratique contre la<br />

<strong>Révolution</strong>. Les sans-culottes, <strong>en</strong>ragés, se précipit<strong>en</strong>t dans des prisons parisi<strong>en</strong>nes regorgeant<br />

d’aristocrates et massacr<strong>en</strong>t les prisonniers sans grande distinction d’origine. Plus d’un<br />

millier de personnes sont tuées <strong>en</strong> cinq jours. Le cabinet girondin, terrorisé et dépassé par les<br />

événem<strong>en</strong>ts, n’intervi<strong>en</strong>t pas. Danton, Tribun du peuple, ministre de la Justice, et principal<br />

organisateur de la prise des Tuileries, montre son impuissance devant la colère de la rue et<br />

laisse la foule exercer sa v<strong>en</strong>geance.<br />

Voici l’ambiance qui règne à Paris au mom<strong>en</strong>t des élections des nouveaux<br />

représ<strong>en</strong>tants du peule. Dans cette atmosphère de terreur et de haine, la Conv<strong>en</strong>tion nationale<br />

ouvre sa première séance le 21 septembre 1792.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


<strong>La</strong> Garde nationale plantant l’arbre de la Liberté – Gouache, c. 1790, par Lesueur. Collection<br />

Bidault de l’Isle, Paris, Musée Carnavalet. – Photo akg-images<br />

Vive la République<br />

Le destin a fait aux députés de la Conv<strong>en</strong>tion un cadeau généreux : la veille de<br />

l’ouverture des séances, les troupes françaises remport<strong>en</strong>t leur première victoire près de<br />

Valmy. L’<strong>en</strong>thousiasme général se reporte alors sur la nouvelle assemblée.<br />

Le premier décret de la Conv<strong>en</strong>tion nationale proclame l’abolition de la monarchie<br />

<strong>en</strong> France. Cet acte officiel vi<strong>en</strong>t ainsi légitimer la viol<strong>en</strong>ce de la rue. Le l<strong>en</strong>demain, le 22<br />

septembre, la République française est proclamée. L’étape suivante doit logiquem<strong>en</strong>t être<br />

l’élaboration d’une constitution républicaine. Mais des problèmes particulièrem<strong>en</strong>t urg<strong>en</strong>ts<br />

contraign<strong>en</strong>t les députés à repousser ce travail p<strong>en</strong>dant un an.<br />

<strong>La</strong> Conv<strong>en</strong>tion réunit sur ses bancs les députés les plus brillants de la Constituante<br />

(Robespierre, Danton, Barère) et de la Législative (Vergniaud, Brissot, Barbaroux). S’y<br />

ajout<strong>en</strong>t quelques « nouveaux », qui pr<strong>en</strong>dront bi<strong>en</strong>tôt un rôle prépondérant dans la vie<br />

politique française (Saint-Just, Marat, Vadier). Politiquem<strong>en</strong>t, les trois pouvoirs se conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t<br />

dans les mains de la nouvelle Assemblée. Elle est, <strong>en</strong> effet, naturellem<strong>en</strong>t à la base une<br />

institution législative. Mais la Conv<strong>en</strong>tion forme rapidem<strong>en</strong>t des comités, composés de ses<br />

propres membres, qui remplac<strong>en</strong>t au fur et à mesure les ministères et empièt<strong>en</strong>t ainsi sur le<br />

pouvoir exécutif. Et finalem<strong>en</strong>t, l’institution judiciaire supérieure, le Tribunal révolutionnaire,<br />

tombe sous le contrôle d’un de ces comités, celui de Sûreté générale et de surveillance,<br />

instauré le 2 octobre 1792.<br />

Les passions qui déchirai<strong>en</strong>t l’élite politique <strong>en</strong> 1792 ne font que s’aggraver au sein<br />

d’une Conv<strong>en</strong>tion spontaném<strong>en</strong>t divisée <strong>en</strong> trois parties : la Gironde (les députés modérés),<br />

la Montagne (les députés radicaux) et la Plaine (la majorité, qui souti<strong>en</strong>t tour à tour l’une<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


ou l’autre faction). Les Girondins et les Montagnards ne rat<strong>en</strong>t aucune occasion de se lancer<br />

réciproquem<strong>en</strong>t des accusations et ne se souci<strong>en</strong>t point du préjudice que leur antagonisme<br />

cause à la gestion efficace et au rétablissem<strong>en</strong>t de l’ordre dans un pays <strong>en</strong> crise.<br />

Le destin du roi est la principale préoccupation de la Conv<strong>en</strong>tion. Le jugem<strong>en</strong>t<br />

du monarque déchu s’ouvre <strong>en</strong> novembre 1792. P<strong>en</strong>dant deux mois, l’att<strong>en</strong>tion du pays se<br />

focalise sur ce procès sans précéd<strong>en</strong>t. Reconnaissant la culpabilité du roi pour haute trahison<br />

mais ne voulant pas se salir les mains de sang royal, les Girondins propos<strong>en</strong>t de l’emprisonner<br />

ou de l’exiler. Mais les Montagnards s’y oppos<strong>en</strong>t violemm<strong>en</strong>t. Saint-Just, et plus tard<br />

Robespierre, déclare que l’exist<strong>en</strong>ce physique même du roi n’est pas compatible avec la<br />

liberté du peuple. Si le roi n’est pas abattu, la République sera <strong>en</strong> danger perman<strong>en</strong>t. Cette<br />

cruelle logique devi<strong>en</strong>dra dans quelques mois la logique de la Terreur : si la République ne<br />

supprime pas ses <strong>en</strong>nemis, ce sont eux qui détruiront la République.<br />

Les Montagnards triomph<strong>en</strong>t : le 19 janvier 1793, Louis XVI est condamné à mort et<br />

sera guillotiné deux jours plus tard. Le l<strong>en</strong>demain de l’exécution du roi, le ministre girondin<br />

Roland démissionne.<br />

L’exécution du roi ne permet pourtant pas la pacification att<strong>en</strong>due. Les passions<br />

s’allum<strong>en</strong>t au contraire avec une force r<strong>en</strong>ouvelée. Ceux qui p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t la <strong>Révolution</strong> proche<br />

de l’achèvem<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que la route est <strong>en</strong>core longue et qu’il n’est plus possible de<br />

reculer. Il faut faire un grand saut dans l’obscurité. Les Français devront être des pionniers, les<br />

pionniers d’un monde nouveau et d’un nouvel ordre des choses.<br />

Le 1er février 1793, la République française déclare la guerre à l’Angleterre et<br />

à la Hollande. Il lui faut de nouveaux soldats. Décrétant la levée des 300 000 hommes, la<br />

Conv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>voie ses députés <strong>en</strong> mission dans les départem<strong>en</strong>ts pour l’accélérer.<br />

Le 9 mars, Paris est de nouveau <strong>en</strong> flammes : les sans-culottes révoltés reclam<strong>en</strong>t de<br />

réorganiser un gouvernem<strong>en</strong>t girondin incapable et impuissant devant la crise économique.<br />

Robespierre, de la tribune de la Conv<strong>en</strong>tion, souti<strong>en</strong>t leurs rev<strong>en</strong>dications. Danton va <strong>en</strong>core<br />

plus loin et propose d’instituer un Tribunal révolutionnaire pour juger les <strong>en</strong>nemis du peuple<br />

responsables des misères et des malheurs des sans-culottes. Deux jours d’hésitations et de<br />

doutes, deux jours d’une séance interrompue à la Conv<strong>en</strong>tion, mèn<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t au fameux<br />

décret du 10 mars 1793 qui instaure ce nouveau Tribunal, destiné à juger ceux qui complot<strong>en</strong>t<br />

contre la République. Terrifié par cette nouvelle création de la <strong>Révolution</strong>, Vergniaud qualifie<br />

ce Tribunal d’« inquisition mille fois plus redoutable que celle de V<strong>en</strong>ise ».<br />

Quelques jours plus tard, des révoltes contre-révolutionnaires éclat<strong>en</strong>t <strong>en</strong> V<strong>en</strong>dée et <strong>en</strong><br />

Bretagne. <strong>La</strong> France est <strong>en</strong>vahie par une guerre civile sans pitié. Consci<strong>en</strong>ts d’être au bord<br />

de la catastrophe, les Montagnards propos<strong>en</strong>t des mesures extraordinaires, parmi lesquelles<br />

l’institution d’un comité qui, chargé de pouvoirs exceptionnels, dominera les ministères et les<br />

surveillera. Il est prés<strong>en</strong>té comme seul capable de mettre l’ordre dans le pays, de mobiliser<br />

toutes les forces et de réprimer les <strong>en</strong>nemis de la liberté. Les Girondins utilis<strong>en</strong>t tous les<br />

moy<strong>en</strong>s à leur disposition pour empêcher la création de cet organe qui, d’après eux, étranglera<br />

la liberté. Ils perd<strong>en</strong>t de nouveau : le 6 avril, le Comité de salut public est né. Avec Danton à<br />

sa tête, il jouit de pouvoirs prodigieux qui n’iront que grandissants.<br />

Le mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t général contre le gouvernem<strong>en</strong>t girondin grandit de jour <strong>en</strong> jour.<br />

Principal orateur des Cordeliers, Marat les attaque constamm<strong>en</strong>t du haut de la tribune de<br />

son Club et dans les pages de son journal populaire : « L’ami du peuple ». A la Conv<strong>en</strong>tion,<br />

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Robespierre les accuse d’avoir trahi les intérêts de la patrie. Le 31 mai, la foule armée, guidée<br />

par la Commune de Paris, <strong>en</strong>toure l’Assemblée et exige l’expulsion des 32 Girondins de la<br />

Conv<strong>en</strong>tion et leur arrestation. <strong>La</strong> Conv<strong>en</strong>tion cède, contrev<strong>en</strong>ant au principe de l’inviolabilité<br />

parlem<strong>en</strong>taire et, <strong>en</strong>core une fois, démontre son impuissance face à la viol<strong>en</strong>ce populaire.<br />

Cal<strong>en</strong>drier révolutionnaire, 5 octobre 1793. Gravure sur cuivre colorisée par Salvatore Tresca<br />

(1750-1815) – Paris, Musée Carnavalet. – Photo akg-images<br />

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Gouvernem<strong>en</strong>t de terreur, gouvernem<strong>en</strong>t de salut<br />

Après s’être débarrassés de leurs opposants politiques, la première préoccupation<br />

des Montagnards est de légaliser cet acte de viol<strong>en</strong>ce contre la représ<strong>en</strong>tation nationale. Le<br />

meilleur moy<strong>en</strong> de prouver que l’élimination politique des Girondins est un bi<strong>en</strong> incontestable<br />

pour la République et son peuple est de lui donner <strong>en</strong>fin la constitution promise par la<br />

Conv<strong>en</strong>tion il y a maint<strong>en</strong>ant un an. Et cette constitution arrive <strong>en</strong> effet très rapidem<strong>en</strong>t : le<br />

4 août 1793, elle est ratifiée par le peuple français lors d’un référ<strong>en</strong>dum au suffrage universel<br />

(masculin). Pourtant, dans la suite immédiate, elle est déclarée incompatible avec la situation<br />

de crise que la République est <strong>en</strong> train de traverser et ajournée jusqu’à la paix. Elle ne sera<br />

finalem<strong>en</strong>t jamais appliquée. Il faut reconnaître à postériori que cette constitution, bi<strong>en</strong> que<br />

très progressiste, était difficilem<strong>en</strong>t applicable <strong>en</strong> l’état. Les Montagnards, pressés par les<br />

circonstances, se souciai<strong>en</strong>t plus, de fait, du principe même de donner une constitution aux<br />

Français que de son cont<strong>en</strong>u.<br />

<strong>La</strong> situation étant <strong>en</strong> effet catastrophique. Les armées républicaines, affamées,<br />

manquant de munitions et d’uniformes, perd<strong>en</strong>t une bataille après l’autre. A cette situation<br />

militaire périlleuse s’ajout<strong>en</strong>t les départem<strong>en</strong>ts révoltés contre la domination politique<br />

parisi<strong>en</strong>ne et la levée <strong>en</strong> masse, la guerre civile à l’Ouest, les problèmes de subsistance dans<br />

les villes et les réclamations extrémistes d’une Commune de Paris toute puissante depuis la<br />

chute de la Gironde. Face au chaos général, tous ces problèmes demandai<strong>en</strong>t une résolution<br />

rapide et décisive.<br />

L’été 1793 ouvre ainsi une nouvelle ère dans l’histoire de la <strong>Révolution</strong>, celle du<br />

règne d’un pouvoir fort, sévère même. Une ère plus tard nommée l’époque de la Terreur.<br />

Effectivem<strong>en</strong>t, les premiers actes du gouvernem<strong>en</strong>t montagnard se distingu<strong>en</strong>t par une<br />

fermeté exceptionnelle et sans précéd<strong>en</strong>t depuis le début de la <strong>Révolution</strong>. A comm<strong>en</strong>cer<br />

par l’institution du maximum général des d<strong>en</strong>rées de première nécessité et des salaires,<br />

l’adoption de mesures contre les accapareurs, la levée <strong>en</strong> masse, les répressions sanglantes<br />

contre les départem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> rébellion, le vote de la loi contre les « suspects », nouvelle notion<br />

révolutionnaire, et l’ouverture des procès des députés de la Gironde et de la reine.<br />

Ce même été 1793, le Comité de salut public est r<strong>en</strong>ouvelé. Il perd Danton, mais<br />

gagne Robespierre, dont la popularité augm<strong>en</strong>te depuis la chute de la Gironde et l’assassinat,<br />

le 13 juillet 1793, de Marat, idole des sans-culottes parisi<strong>en</strong>s. Pour calmer Paris <strong>en</strong>flammé,<br />

le Comité invite Collot d’Herbois et Billaud-Var<strong>en</strong>ne, deux députés extrémistes, à le<br />

rejoindre. C’est, composé de ces douze membres, que le Grand Comité va imposer sa volonté<br />

à la Conv<strong>en</strong>tion nationale et dev<strong>en</strong>ir l’équival<strong>en</strong>t d’une sorte de pouvoir dictatorial p<strong>en</strong>dant<br />

presque un an.<br />

Désirant souligner sa rupture avec le passé et son ori<strong>en</strong>tation vers l’av<strong>en</strong>ir, vers la<br />

construction d’un monde nouveau, d’une nouvelle société et d’une nouvelle génération<br />

d’individus, les députés ont adopté, le 5 octobre 1793, un nouveau cal<strong>en</strong>drier : le cal<strong>en</strong>drier<br />

républicain. Celui-ci comm<strong>en</strong>ce le 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la<br />

République, qui devi<strong>en</strong>t alors le premier jour de l’an I de la République. Les nouveaux<br />

mois, cont<strong>en</strong>ant désormais 30 jours, ont pris de jolis noms à l’antique inspirés par les saisons<br />

comme pluviôse, prairial, fructidor, frimaire, etc.<br />

L’installation définitive du pouvoir de la faction montagnarde est liée à la mise <strong>en</strong><br />

place, le 10 octobre, après le discours fait par Saint-Just au nom du Comité de salut public,<br />

du « gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire provisoire jusqu’à la paix ». A partir de cette date, c’est<br />

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le Comité de salut public qui gouverne le pays, compose les autres comités de la Conv<strong>en</strong>tion,<br />

surveille les généraux et les représ<strong>en</strong>tants du peuple dans les départem<strong>en</strong>ts et contrôle les<br />

administrations locales. Il a égalem<strong>en</strong>t le pouvoir de remplacer et d’arrêter les fonctionnaires<br />

de tous rangs. Il dirige les campagnes militaires et la politique économique, se charge<br />

de la subsistance des grandes villes et des fournitures des armées. Ses pouvoirs ne font<br />

qu’augm<strong>en</strong>ter et, vers le printemps 1794, tous les domaines administratifs du pays tomb<strong>en</strong>t<br />

sous son contrôle. <strong>La</strong> seule exception reste la police politique, dirigée par le Comité de<br />

sûreté générale, qui, avec Vadier à sa tête, devi<strong>en</strong>t la seule institution osant <strong>en</strong>core s’opposer<br />

au Comité de salut public. L’autorité et la légitimité des deux Comités de gouvernem<strong>en</strong>t se<br />

bas<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sur la situation extraordinaire, mais aussi sur le fait que leurs membres<br />

sont issus la Conv<strong>en</strong>tion et donc démocratiquem<strong>en</strong>t élus par le peuple. Mais, dérogeant au<br />

principe élém<strong>en</strong>taire de séparation des pouvoirs, les conv<strong>en</strong>tionnels contrôl<strong>en</strong>t tous les aspects<br />

de la vie politique révolutionnaire, à l’image du monarque absolu <strong>en</strong> son temps.<br />

<strong>La</strong> question la plus polémique de la <strong>Révolution</strong> française, autour de laquelle les<br />

discussions les plus vives ne cess<strong>en</strong>t depuis plus de deux siècles, est sans doute la mise de la<br />

Terreur à l’ordre du jour et l’instauration du système d’élimination des opposants politiques<br />

par le gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire, qu’il s’agisse des fonctionnaires corrompus ou de tous<br />

ceux dont l’exist<strong>en</strong>ce, pour une raison ou une autre, était considérée comme incompatible<br />

avec la survie de la République. <strong>La</strong> guillotine de la place de la <strong>Révolution</strong> (actuellem<strong>en</strong>t place<br />

de la Concorde à Paris), demeure toujours une blessure ouverte sur la période de la Terreur<br />

qui efface parfois ses nombreux acquis et son caractère bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t très progressiste.<br />

Mais le but de l’histori<strong>en</strong> n’est pas d’accuser ou de juger les différ<strong>en</strong>ts acteurs,<br />

mais bi<strong>en</strong> d’<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre et expliquer les motivations. Essayons donc d’expliquer<br />

l’empressem<strong>en</strong>t avec lequel les membres du gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire ont accepté<br />

et appliqué la politique de la Terreur. Au mom<strong>en</strong>t d’une crise particulièrem<strong>en</strong>t int<strong>en</strong>se, qui<br />

exigeait incontestablem<strong>en</strong>t des actions rapides et énergiques, la Terreur semblait être pour<br />

les contemporains le seul moy<strong>en</strong> capable de sauver la <strong>Révolution</strong>. L’application même de<br />

la Terreur correspond parfaitem<strong>en</strong>t à la logique de l’esprit des différ<strong>en</strong>ts acteurs, formés par<br />

les idées des Lumières. Si la <strong>Révolution</strong>, qui est un bi<strong>en</strong> absolu pour le peuple et est désiré<br />

plus qu’aucune autre chose par ce dernier, r<strong>en</strong>contre des obstacles, cela ne peut être que par<br />

la faute d’<strong>en</strong>nemis du peuple et d’aristocrates jaloux de leurs privilèges. Le succès de la<br />

<strong>Révolution</strong> et, conséquemm<strong>en</strong>t, le bonheur du peuple, dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t alors de l’élimination de<br />

tous les obstacles qui se dress<strong>en</strong>t sur son chemin, c’est-à-dire de l’élimination physique de<br />

ses <strong>en</strong>nemis. Plus les changem<strong>en</strong>ts que la société subit sont radicaux, plus l’opposition à ces<br />

changem<strong>en</strong>ts est forte et plus la Terreur doit donc être impitoyable. Mais le but de la Terreur<br />

n’est pas uniquem<strong>en</strong>t l’élimination physique et directe des <strong>en</strong>nemis de la <strong>Révolution</strong>, il est<br />

aussi et surtout, l’intimidation de ceux qui peuv<strong>en</strong>t, par leur origine ou leurs opinions, vouloir<br />

s’y opposer. D’où la conduite de certains représ<strong>en</strong>tants <strong>en</strong> mission, tel par exemple Saint-<br />

Just, qui se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’exposer la guillotine sur la place principale de la ville au lieu d’<strong>en</strong><br />

guillotiner les habitants.<br />

<strong>La</strong> victoire des Montagnards sur les Girondins est à peine consommée depuis six<br />

mois, quand, p<strong>en</strong>dant l’hiver 1793-1794, le camp des vainqueurs se scinde <strong>en</strong> trois parties. A<br />

gauche se trouve la Commune de Paris, partisane des mesures les plus radicales, demandant<br />

de redoubler la Terreur, reprochant au Comité de salut public un manque d’énergie et le<br />

m<strong>en</strong>açant de nouvelles émeutes des sans-culottes et d’épuration de la Conv<strong>en</strong>tion. Le porteparole<br />

de cette faction, et membre de la Commune, Jacques-R<strong>en</strong>é Hébert, est l’auteur du<br />

journal populaire « Le Père Duchesne ». Ses idées sont battues <strong>en</strong> brèche par l’orateur le plus<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


emarquable de la Conv<strong>en</strong>tion, Georges-Jacques Danton, qui, aidé par son ami journaliste<br />

Camille Desmoulins, auteur du journal « Le Vieux Cordelier », ouvre au contraire une<br />

campagne d’opinion pour calmer la Terreur. Ces modérés exig<strong>en</strong>t l’institution d’un Comité<br />

de clém<strong>en</strong>ce, la révision de la notion de « suspect » et refus<strong>en</strong>t au Comité de salut public ses<br />

pouvoirs extraordinaires. Au milieu de ce duel politique se trouv<strong>en</strong>t les douze membres du<br />

Comité de salut public et les quatorze membres de celui de sûreté générale. Les Hébertistes<br />

comme les Dantonistes ont tous deux leurs partisans au sein du gouvernem<strong>en</strong>t, mais les<br />

membres des Comités ont davantage intérêt à détruire les deux factions afin qu’aucune d’<strong>en</strong>tre<br />

elles ne m<strong>en</strong>ace le pouvoir du gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire.<br />

Dans la fièvre de la lutte des factions, Saint-Just, au nom des deux Comités de<br />

gouvernem<strong>en</strong>t, prés<strong>en</strong>te les fameux décrets de v<strong>en</strong>tôse sur la confiscation des bi<strong>en</strong>s des<br />

suspects et leur distribution parmi les patriotes les plus déshérités. Mais ce radicalisme hors<br />

norme de la politique économique n’existe, comme la constitution de 1793, que sur le papier :<br />

les décrets de v<strong>en</strong>tôse ne sont pas faits pour être appliqués, mais uniquem<strong>en</strong>t pour détourner la<br />

sympathie des sans-culottes des Hébertistes vers le gouvernem<strong>en</strong>t.<br />

Affaiblis par leur lutte réciproque, les Hébertistes et les Dantonistes sont éliminés les<br />

uns après les autres : jugés et condamnés à mort par le Tribunal révolutionnaire, Hébert et<br />

les si<strong>en</strong>s mont<strong>en</strong>t à l’échafaud le 24 mars 1794, les Dantoniste les y suiv<strong>en</strong>t le 5 avril. <strong>La</strong><br />

Commune de Paris est r<strong>en</strong>ouvelée et recomposée avec les hommes de Robespierre. <strong>La</strong> liberté<br />

de la presse est étranglée. Désormais, il n’y a qu’une seule et unique volonté <strong>en</strong> France, celle<br />

du Comité de salut public.<br />

Le principe de c<strong>en</strong>tralisation imposée par ce dernier à toutes les administrations donne<br />

malgré tout des résultats incontestables : le pays sort du chaos de 1793. Les armées françaises<br />

repouss<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>nemis au-delà des frontières et mett<strong>en</strong>t les régions contre-révolutionnaires<br />

sous contrôle. Les problèmes de subsistance et d’inflation exist<strong>en</strong>t toujours, mais la Terreur<br />

calme les passions.<br />

Désormais débarrassé des opposants politiques, Robespierre peut procéder à la<br />

réalisation de la réforme spirituelle de la société, qu’il invoque alors à la tribune de la<br />

Conv<strong>en</strong>tion et du club des Jacobins. Maint<strong>en</strong>ant que les organisateurs et instigateurs de<br />

la déchristianisation, les Hébertistes, sont montés sur l’échafaud, il offre à la France une<br />

nouvelle religion, symbiose d’une sorte de religion civile et du culte catholique. L’apothéose<br />

de cette nouvelle religion, et le triomphe personnel de Robespierre, est la somptueuse fête<br />

de l’Etre Suprême organisée à Paris le 8 juin 1794, et <strong>en</strong>suite reprise dans certaines villes de<br />

province. Le retour du catholicisme, que certains députés dénonc<strong>en</strong>t dans ce culte, suivi par<br />

la réorganisation du Tribunal révolutionnaire et la c<strong>en</strong>tralisation parisi<strong>en</strong>ne de la Terreur, font<br />

monter le mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à la Conv<strong>en</strong>tion et au sein des Comités de gouvernem<strong>en</strong>t. Cela<br />

mènera à la chute de Robespierre un mois et demi plus tard.<br />

Pourtant, la chute du gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire n’est pas dûe aux seuls conflits<br />

d’intérêts et d’ambition personnels. Mis <strong>en</strong> place pour faire face à une situation extraordinaire,<br />

il a toujours été considéré comme un gouvernem<strong>en</strong>t provisoire devant concéder sa place à un<br />

gouvernem<strong>en</strong>t constitutionnel dès que les circonstances le permettrai<strong>en</strong>t. Vers l’été 1794, plus<br />

ri<strong>en</strong> ne semble empêcher le passage à un régime constitutionnel et à la suppression de toutes<br />

les institutions extraordinaires, y compris les deux Comités et le Tribunal révolutionnaire.<br />

Mais cette perspective ne sied pas aux membres du gouvernem<strong>en</strong>t, attachés au goût du<br />

pouvoir et craignant, une fois dev<strong>en</strong>us impuissants, de devoir r<strong>en</strong>dre compte des excès de<br />

la Terreur. Le temps démontrera d’ailleurs qu’ils avai<strong>en</strong>t vu juste. Ainsi, le gouvernem<strong>en</strong>t<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


évolutionnaire se trouve dans une impasse : il n’<strong>en</strong>visage pas la possibilité de sortir de la<br />

Terreur mais n’a plus de raisons objectives de la poursuivre.<br />

Le complot contre Robespierre réunit alors des députés dont la vie semble m<strong>en</strong>acée<br />

et les membres du Comité de sûreté générale désireux d’affaiblir le Comité de salut public<br />

et de se r<strong>en</strong>forcer à son détrim<strong>en</strong>t. Le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II), Robespierre et les<br />

députés proches de lui sont arrêtés. Une insurrection de la Commune de Paris pour les libérer<br />

échoue et aboutit à leur mise hors la loi. Ils sont guillotinés sans jugem<strong>en</strong>t le l<strong>en</strong>demain. <strong>La</strong><br />

<strong>Révolution</strong> <strong>en</strong>tre dans sa nouvelle phase : la « période thermidori<strong>en</strong>ne ».<br />

Louis XVI, roi de France (1754-1793) – Exécution de Louis XVI, le, 21 janvier 1793.<br />

Vignette d’époque – Photo akg-images<br />

<strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> trahie<br />

<strong>La</strong> principale préoccupation des membres des Comités est de donner l’impression<br />

d’une continuité du pouvoir et des ori<strong>en</strong>tations politiques : le 9 thermidor n’est qu’un nouveau<br />

triomphe de la <strong>Révolution</strong> sur ses <strong>en</strong>nemis, comme elle a déjà triomphé des Girondins,<br />

des Hébertistes ou des Dantonistes. Pourtant, les députés de la Conv<strong>en</strong>tion voi<strong>en</strong>t dans cet<br />

événem<strong>en</strong>t la possibilité unique d’<strong>en</strong> finir avec le règne de la Terreur et de passer à l’ordre<br />

constitutionnel. Mais il faut avant cela régler les comptes. Une vague de Terreur blanche<br />

parcourt le pays : la mode est aux grands procès des « terroristes », parmi lesquels se trouv<strong>en</strong>t<br />

six membres des Comités de gouvernem<strong>en</strong>t, ou <strong>en</strong>core le procès symbolique de l’accusateur<br />

public près du Tribunal révolutionnaire qui sera suivi de son exécution. On laisse ainsi<br />

impunis les chasses aux Jacobins organisées par la jeunesse dorée dans tous le pays.<br />

L’ouverture des prisons, la fermeture du club des Jacobins, la suppression du Tribunal<br />

révolutionnaire et de la Commune de Paris, la réorganisation du système des comités à<br />

la Conv<strong>en</strong>tion et l’abolition des pouvoirs extraordinaires des Comités de salut public et de<br />

sûreté générale, ainsi que l’abandon de la politique du maximum des prix, marqu<strong>en</strong>t la fin du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


<strong>La</strong> société française se fait inégale, où la rupture est de plus <strong>en</strong> plus prononcée<br />

<strong>en</strong>tre la pauvreté et la richesse. Les sans-culottes t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> de montrer leur force, mais la<br />

Conv<strong>en</strong>tion ti<strong>en</strong>t bon et deux insurrections échou<strong>en</strong>t.<br />

<strong>La</strong> nouvelle Constitution, celle de l’an III, élabore un système de gouvernem<strong>en</strong>t<br />

basé sur l’équilibre et sur la division des pouvoirs. Le corps législatif est composé de deux<br />

parties : le Conseil des Cinq-C<strong>en</strong>ts et le Conseil des Anci<strong>en</strong>s. Le pouvoir exécutif est donné<br />

au Directoire, composé de cinq directeurs. Le suffrage universel cède la place au suffrage<br />

c<strong>en</strong>sitaire, seuls les plus riches vot<strong>en</strong>t dorénavant. Tout dans cette nouvelle constitution<br />

illustre la volonté clairem<strong>en</strong>t exprimée de ses auteurs d’<strong>en</strong>terrer les principes du 1793 et de<br />

créer une République des privilégiés.<br />

Les défaites des sans-culottes laiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trevoir aux royalistes la possibilité d’une<br />

conquête du pouvoir. Le 5 octobre 1795, ils organis<strong>en</strong>t une émeute dans les quartiers<br />

prospères de la capitale. Cette dernière effraie tant les députés de la Conv<strong>en</strong>tion qu’ils font<br />

appel, pour la première fois dans l’histoire de la <strong>Révolution</strong>, à l’armée pour la réprimer. Le<br />

commandem<strong>en</strong>t de la répression est confié au jeune général Bonaparte, qui résout le problème<br />

<strong>en</strong> tirant au canon sur la foule. Cet épisode est révélateur : c’est l’armée désormais qui déti<strong>en</strong>t<br />

le pouvoir que la rue et les législateurs ont eu tour à tour <strong>en</strong>tre leurs mains.<br />

P<strong>en</strong>dant toute la période directoriale, c’est à dire presque la moitié de la <strong>Révolution</strong>,<br />

du 26 octobre 1795 au 9 novembre 1799, ce nouveau rapport de forces s’impose<br />

progressivem<strong>en</strong>t : la société civile semble apathique et fatiguée alors que l’armée apparaît<br />

de plus <strong>en</strong> plus dynamique, forte et surtout, dorénavant, victorieuse. L’histoire de la France<br />

p<strong>en</strong>dant ces quatre ans est davantage constituée de victoires militaires que d’événem<strong>en</strong>ts<br />

internes au pays. Les directeurs cherch<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t l’équilibre <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes<br />

t<strong>en</strong>dances politiques, tâchant de conserver une stabilité fragile, et surtout leur place, mais<br />

condamnant le pays à l’immobilisme.<br />

<strong>La</strong> peur et la méfiance qu’ils éprouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vers les généraux les plus populaires les<br />

pouss<strong>en</strong>t à accepter l’av<strong>en</strong>ture égypti<strong>en</strong>ne de Bonaparte, avec pour principal objectif de<br />

l’éloigner de France.<br />

Mais à son retour d’Egypte un an et demi plus tard, Bonaparte, trouvant un pouvoir<br />

affaibli et un Etat au bord de la faillite, considère le mom<strong>en</strong>t comme particulièrem<strong>en</strong>t<br />

favorable à ses ambitions personnelles. A l’aide de ses troupes, il organise le 8 et 9 novembre<br />

1799 un viol<strong>en</strong>t coup d’Etat, mettant ainsi fin à la période du Directoire et à dix années<br />

particulièrem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>tes de l’histoire de France.<br />

Tous ceux qui essayèr<strong>en</strong>t avant lui, à quelle que période que ce fût, de terminer<br />

la <strong>Révolution</strong> fur<strong>en</strong>t écrasés par elle. Le général Bonaparte est le seul qui réussit à arrêter<br />

la marche révolutionnaire. Sans doute, la personnalité du futur empereur des Français<br />

et son autorité dans l’armée y contribuèr<strong>en</strong>t pour beaucoup. Mais il convi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />

d’avoir <strong>en</strong> tête un autre facteur particulièrem<strong>en</strong>t déterminant : au mom<strong>en</strong>t de la prise de<br />

pouvoir par Bonaparte, la <strong>Révolution</strong> s’est épuisée d’elle-même, elle ne se trouve plus de<br />

chemin où avancer. Elle est <strong>en</strong> fait déjà terminée et att<strong>en</strong>d seulem<strong>en</strong>t la secousse qui mettra<br />

définitivem<strong>en</strong>t fin à ses jours.<br />

<strong>Ebook</strong> <strong>en</strong> <strong>poche</strong> • 2010 • <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française


Caricature de l’exécution de Louis XVI, la gloire française au zénith. Eau-forte colorisée par<br />

J. Gillray, 1793 – Photo akg-images.<br />

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CONCLUSION<br />

<strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française était-elle bonne ou mauvaise ? Les discussions autour de cette<br />

question ont agité et agiteront <strong>en</strong>core les esprits p<strong>en</strong>dant des années. Pourtant, la question<br />

est mal posée. Le changem<strong>en</strong>t radical apporté au mode de vie d’une société <strong>en</strong>tière ne peut<br />

qu’apporter son lot de souffrances, de destins brisés et de traditions perdues. Mais sur ces<br />

ruines nait égalem<strong>en</strong>t un nouveau monde, où la vie repr<strong>en</strong>d doucem<strong>en</strong>t son cours et où de<br />

nouvelles traditions et de nouveaux destins sont forgés par les Hommes.<br />

Les hommes de 1789-1794 étai<strong>en</strong>t les pionniers de transformations radicales. Ils<br />

n’avai<strong>en</strong>t ni maîtres, ni référ<strong>en</strong>ces qui aurai<strong>en</strong>t pu leur servir de repères et de souti<strong>en</strong> face<br />

à l’imm<strong>en</strong>sité du travail à accomplir. A l’exception, peut-être, des lointaines républiques<br />

antiques et des philosophes des Lumières, dont ils t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t, souv<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t et<br />

gauchem<strong>en</strong>t, d’adapter les idées abstraites aux réalités contemporaines. Errant dans<br />

l’obscurité, sans repères et sans aide, ils <strong>en</strong> oublièr<strong>en</strong>t leurs buts originels, n’<strong>en</strong> laissant<br />

survivre que de brillants slogans désormais très éloignés de la réalité.<br />

Leurs leçons et leur exemple <strong>en</strong> revanche servir<strong>en</strong>t abondamm<strong>en</strong>t aux générations<br />

suivantes, qu’ils s’agiss<strong>en</strong>t des révolutionnaires europé<strong>en</strong>s, Itali<strong>en</strong>s, Belges, Allemands,<br />

Français bi<strong>en</strong> sûr, ou même des Bolchevicks de 1917. <strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> française est dev<strong>en</strong>ue<br />

l’ét<strong>en</strong>dard et l’inspiratrice des révolutions europé<strong>en</strong>nes du XIXe et du début XXe siècles,<br />

certaines allant même jusqu’à copier ses créations. L’exemple le plus frappant est celui du<br />

tristem<strong>en</strong>t célèbre KGB, littéralem<strong>en</strong>t Comité de Sûreté d’Etat, dont le nom et les fonctions<br />

imitai<strong>en</strong>t ceux du Comité de sûreté générale de 1793-1794, ce dans l’état soviétique.<br />

<strong>La</strong> <strong>Révolution</strong> va égalem<strong>en</strong>t permettre la prise de pouvoir politique et social d’un<br />

nouveau groupe, qui va dominer la vie politique et économique française durant tout le<br />

XIXe siècle : la bourgeoisie. Cette bourgeoisie, <strong>en</strong> plus de conc<strong>en</strong>trer le capital, se trouve<br />

maint<strong>en</strong>ant égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> possession des terres depuis la redistribution que constituait la<br />

v<strong>en</strong>te des bi<strong>en</strong>s nationaux. Mais elle est surtout dorénavant à la tête du système politique, se<br />

partageant postes à responsabilité et Assemblées.<br />

Même après la Restauration, la monarchie française ne sera plus jamais celle de<br />

l’Anci<strong>en</strong> Régime. Malgré leur volonté, les trois futurs souverains seront obligés de compter<br />

avec les changem<strong>en</strong>ts que la <strong>Révolution</strong> a apportés à la société. Un des plus importants est<br />

sans doute l’instauration du système parlem<strong>en</strong>taire. Son implantation est si solide que même<br />

les régimes autoritaires de Napoléon Ier et de Napoléon III n’osèr<strong>en</strong>t supprimer, du moins<br />

<strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce, le système représ<strong>en</strong>tatif. Corolaire du parlem<strong>en</strong>tarisme, la <strong>Révolution</strong> a donné<br />

un rôle de premier plan à la presse et à l’art oratoire, sans lesquels toute vie politique est<br />

désormais impossible.<br />

<strong>La</strong> m<strong>en</strong>talité française et l’inconsci<strong>en</strong>t collectif de toute une société se sont égalem<strong>en</strong>t<br />

formés p<strong>en</strong>dant ces dix années qui achevèr<strong>en</strong>t le XVIIIe siècle. Une de leurs caractéristiques<br />

les plus marquantes reste toujours la profonde passion pour les questions politiques à tous les<br />

échelons de la société, associée à une consci<strong>en</strong>ce aigue des droits individuels et collectifs et à<br />

une t<strong>en</strong>dance affirmée à les déf<strong>en</strong>dre jusqu’au bout par la grève ou l’action collective.<br />

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Le coup d’État du 18 Brumaire, le 9 novembre 1799 – Tableau vers 1840 de François Bouchot<br />

(1800-1842). Versailles, château de Trianon - Photo akg-images<br />

Et si l’on regrette souv<strong>en</strong>t la destruction de nombreuses églises et couv<strong>en</strong>ts lors du<br />

mouvem<strong>en</strong>t de déchristianisation ou à la faveur de la v<strong>en</strong>te des bi<strong>en</strong>s nationaux, il ne faut pas<br />

oublier que le pouvoir révolutionnaire n’était pas étranger à la conservation du patrimoine,<br />

créant notamm<strong>en</strong>t le musée des Monum<strong>en</strong>ts français et le premier grand musée public : le<br />

Louvre.<br />

Notons égalem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> 1794, <strong>en</strong> pleine Terreur et lutte des factions, <strong>La</strong> Conv<strong>en</strong>tion<br />

vote l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Malgré son rétablissem<strong>en</strong>t par<br />

Napoléon <strong>en</strong> 1802, la France était alors le premier pays à abolir l’esclavage sur l’<strong>en</strong>semble de<br />

son territoire, devançant les Etats-Unis de plus d’un demi-siècle.<br />

Et comm<strong>en</strong>t ne pas finir <strong>en</strong> se souv<strong>en</strong>ant que la <strong>Révolution</strong> française a légué nombre<br />

de ses symboles à la France contemporaine, de la Marseillaise à la fête du 14 juillet <strong>en</strong> passant<br />

par le drapeau tricolore… et la République.<br />

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dev<strong>en</strong>us révolutionnaires, Paris, Albain Michel, 1997, 360 p.<br />

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Mise <strong>en</strong> pages et réalisation : Altitude communication (Haute-Savoie - France)<br />

Dépôt Légal : Septembre 2010 - EAN : 9782797200078<br />

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74210 <strong>La</strong>thuile – Haute-Savoie (France)<br />

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