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Analyse d'une photo de presse. Photo numéro 2 : Cette ...

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<strong>Analyse</strong> d’une <strong>photo</strong> <strong>de</strong> <strong>presse</strong>.<br />

<strong>Photo</strong> <strong>numéro</strong> 2 :<br />

<strong>Cette</strong> <strong>photo</strong>graphie illustre un article du journal « Le Mon<strong>de</strong> », paru le 7 Octobre 2008. Elle met en scène<br />

trois personnages seuls, dans une banlieue française à Vaux en Velin.<br />

Au premier plan 1 , nous pouvons voir trois enfants qui jouent au ballon. Ils semblent avoir entre 11 et 14<br />

ans. Ils sont vêtus <strong>de</strong> couleurs sombres et nous ne distinguons pas l’expression <strong>de</strong> leurs visages. Ils sont<br />

situés dans la moitié haute <strong>de</strong> la <strong>photo</strong>graphie. L’un, celui <strong>de</strong> gauche, est tourné au ¾ vers le <strong>photo</strong>graphe ;<br />

celui du milieu est <strong>de</strong> face, mais il semble plus éloigné et a les mains <strong>de</strong>vant son visage ; enfin le troisième,<br />

qui parait être le plus proche <strong>de</strong> l’objectif, est <strong>de</strong> profil et s’est le seul en action : il est en train <strong>de</strong> taper sur<br />

le ballon avec son pied droit 2 . Ce geste est le seul mouvement perceptible dans cette <strong>photo</strong>graphie. /bon<br />

paragraphe/<br />

Derrière les enfants, il y a un grand grillage qui les sépare d’une rangée d’arbres sans feuilles <strong>de</strong> couleur<br />

noire. On peut apercevoir au loin, <strong>de</strong>rrière ces arbres, un autre grand grillage 3 . Et enfin, en arrière plan,<br />

une barre d’immeuble gris occupe quasiment toute la longueur <strong>de</strong> l’image. Ils sont surmontés <strong>de</strong> gros<br />

nuages gris également.<br />

Juste au pied <strong>de</strong>s enfants, une gran<strong>de</strong> flaque d’eau couvre toute la moitié basse /inférieure/ <strong>de</strong> la<br />

<strong>photo</strong>graphie. Elle reflète la partie supérieure <strong>de</strong> l’image : les enfants, le grillage, les arbres, les immeubles<br />

et les nuages.<br />

De nombreuses lignes <strong>de</strong> force constituent cette <strong>photo</strong>graphie. <strong>Cette</strong> <strong>de</strong>rnière pourrait se découper en<br />

huit carrés <strong>de</strong> tailles i<strong>de</strong>ntiques. Il y a beaucoup <strong>de</strong> lignes verticales dans cette image, notamment les<br />

arbres, avec leurs troncs prolongés symétriquement dans le reflet <strong>de</strong> la flaque 4 . Une gran<strong>de</strong> coupure<br />

horizontale sépare l’image en <strong>de</strong>ux. Elle est représentée par la petite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre ou les enfants ont<br />

1 Ou au <strong>de</strong>uxième plan, car le premier est occupé par la flaque.<br />

2 Manifestement pour jongler, pas pour envoyer le ballon à l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres, qui d’ailleurs ne sont pas en position <strong>de</strong><br />

réception, d’attente active, mais plutôt dans <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> spectateurs.<br />

3 C’est dans le même plan, à mon avis : a) le grillage en fil <strong>de</strong> fer, qui délimite le terrain ; b) au‐<strong>de</strong>ssus, un filet en cordage, ajouté<br />

après coup, pour arrêter les ballons lancés au‐<strong>de</strong>ssus du grillage et les empêcher <strong>de</strong> rouler à l’extérieur (dans la rue ?). En tout<br />

cas, grillage + filet ferment totalement la scène, séparent 1 er et second plan <strong>de</strong> l’arrière‐plan urbain.<br />

4 Bien vu ! Et verticalité = immobilité (ici).


leurs pieds et se situe entre le bas du grillage et le début <strong>de</strong> la flaque d’eau. De plus, les axes <strong>de</strong> cette<br />

<strong>photo</strong>graphie sont marqués par les diagonales. Elles se croisent sous le tronc d’arbre central et passent par<br />

les têtes <strong>de</strong>s personnages <strong>de</strong> droites et <strong>de</strong> gauches. La diagonale partant du coin supérieur gauche passe<br />

par la tête <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> gauche et par le torse du reflet <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> droite. La diagonale opposée passe<br />

par le torse <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> droite et par le reflet <strong>de</strong> la tête <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> gauche. La symétrie parfaite<br />

montre que cette <strong>photo</strong>graphie est très travaillée.<br />

Dès le premier regard, nous comprenons qu’elle a été prise dans une cité <strong>de</strong> banlieue 5 , un quartier difficile.<br />

La composition <strong>de</strong> l’image n’offre aucune échappatoire, ni à l’œil, ni aux enfants. En effet, il est difficile<br />

d’apercevoir le ciel qui est masqué par les nuages et les immeubles. Le sol est quant à lui, caché par la<br />

flaque qui reflète symétriquement l’environnement <strong>de</strong>s enfants. Cela donne l’impression que la cité est<br />

partout autour d’eux, qu’ils en sont prisonniers… Le fait qu’il n’y ait pas d’horizon donne un sentiment <strong>de</strong><br />

tristesse, <strong>de</strong> désespoir. Le choix du noir et blanc et le manque <strong>de</strong> mouvement renforcent ces sensations. Le<br />

ballon est le seul objet en mouvement tandis que le reste semble entièrement statique. Chaque enfant<br />

regar<strong>de</strong> dans une direction différente mais ils sont tournés les un vers les autres. Ils se livrent ici à une<br />

activité « d’enfant », mais leurs comportements semblent influencés par l’environnement qui les entoure.<br />

En effet, ils sont statiques comme les arbres qui paraissent dénaturés, immobiles, sans vie. L’image nous<br />

pousse à nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si cet endroit constitue un lieu favorisant leur développement. 6<br />

<strong>Cette</strong> <strong>photo</strong>graphie renvoie un message plutôt négatif. Il en est <strong>de</strong> même pour le titre <strong>de</strong> l’article qu’elle<br />

illustre. Ce <strong>de</strong>rnier nous informe que « les élus <strong>de</strong> banlieue dénoncent le désintérêt <strong>de</strong> l’état ». Le<br />

<strong>photo</strong>graphe a choisit un plan large en contre-plongée 7 . Ainsi, il installe une mise à distance vis‐à‐vis <strong>de</strong>s<br />

acteurs <strong>de</strong> l’image. Cependant, le paradoxe <strong>de</strong> cette <strong>photo</strong>graphie repose sur la relation que nous<br />

entretenons avec les trois personnages. Nous sommes là en « observateurs », comme si nous faisions<br />

partis 8 du public. Il ressort un fort sentiment d’abandon. Nous nous sentons interpellés par la misère 9 qui<br />

transparait <strong>de</strong> cette image, nous ressentons <strong>de</strong> l’empathie pour ces enfants. Ainsi, le <strong>photo</strong>graphe<br />

soutiendrait le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s « élus <strong>de</strong> banlieue ». Il dénoncerait lui aussi le manque d’implication <strong>de</strong><br />

l’état qui abandonne ces gens sans se préoccuper <strong>de</strong> leur lieu <strong>de</strong> vie insalubre et malsain. /en ce sens, la<br />

<strong>photo</strong> est illustrative et argumentative/<br />

Pour finir, nous pouvons constater que cette image remplit différentes fonctions, elle est à la fois<br />

thématique /oui/, elle illustre l’article et son caractère esthétique en fait une image attractive pour l’œil,<br />

on la repère dès l’ouverture du journal. En la regardant nous sommes happés par la situation <strong>de</strong>s enfants<br />

qui sont clôturés dans un univers sinistré / ?/. Elle illustre un fait <strong>de</strong> société très présent dans l’actualité. Sa<br />

structure particulière et très travaillée nous rappelle les travaux <strong>de</strong> grands reporters tels que Henry Cartier‐<br />

Bresson, <strong>photo</strong>graphe qui fut « l’œil du 20 ème siècle ».<br />

5 Nous le comprenons par ce qui est montré, mais aussi par l’intermédiaire <strong>de</strong> stéréotypes qui nous font imaginer « tout le<br />

reste ». Vous pourriez parler <strong>de</strong> cette adéquation au stéréotype <strong>de</strong> la banlieue. Quant à l’expression « quartiers difficiles », elle<br />

nous est fournie par le péritexte (le chapeau <strong>de</strong> l’article). La situation <strong>photo</strong>graphiée est en elle‐même « paisible », quoique<br />

rongée par l’ennui ; elle ne montre pas les « difficultés » <strong>de</strong> ces quartiers (chômage, délinquance…).<br />

6 Très bon paragraphe : vous savez écrire et amener les idées progressivement, dans le « bon » rythme.<br />

7 Il s’est mis à hauteur <strong>de</strong> la flaque, probablement pour en faire ressortir l’étendue, ce qui met les adolescents en légère contreplongée.<br />

8 6 ème erreur d’orthographe : ‐ 1.<br />

9 Pas vraiment la misère matérielle <strong>de</strong> ceux qui n’ont pas où loger, qui ne peuvent pas s’habiller ni se nourrir. Mais il s’agit<br />

d’ennui, <strong>de</strong> désœuvrement, d’une « misère symbolique », due à l’absence d’activités, <strong>de</strong> perspectives et d’espoirs. Cf. Bourdieu,<br />

La misère du mon<strong>de</strong>.


5070 caractères (un peu court). C’est décrit et analysé avec métho<strong>de</strong> et une gran<strong>de</strong> qualité d’expression.<br />

Vous savez aller progressivement d’une idée à l’autre, du visuel au sens. Toutefois, il était souhaitable<br />

d’analyser davantage les rapports entre <strong>photo</strong> et texte.<br />

Note : 17 – 1 = 16/20

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