La parenthèse du baby-boom - Insee

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➀ La fécondité en France Lecture : en 1950, l’indicateur conjoncturel de fécondité était de 2,9 enfants par femme. La descendance finale des femmes nées en 1922 est de 2,5 enfants. ➀ L’indicateur conjoncturel de fécondité est supérieur à la descendance finale lorsque les naissances arrivent de plus en plus tôt dans la vie des femmes (graphique 4). ➁ L’indicateur conjoncturel de fécondité est inférieur à la descendance finale lorsque l’âge moyen à la maternité recule. Sources : Statistiques de l’état civil, Insee, Ined au-dessus de 2,6 de 1946 à 1967 (graphique 1). En Europe, le baby-boom a présenté deux pointes, l’une à la fin des années quarante et l’autre dans la première moitié des années soixante. La première a eu pour origine la récupération des naissances empêchées par la guerre. La seconde est provenue de la précocité croissante des mariages et donc de la remontée de la fécondité des jeunes femmes. La fécondité a commencé à décroître en 1965 dans l’ensemble de l’Europe. En France, elle a chuté à tous les âges au-delà de 20 ans jusqu’en 1975 (tableau 1). Depuis 1976, l’indicateur conjoncturel semble stabilisé autour de 1,8 enfant par femme, avec toutefois une légère tendance décroissante. Il est remonté de 1980 à 1982 grâce à la hausse momentanée des naissances de deuxièmes et troisièmes enfants et a diminué au début des années quatre-vingt-dix (jusqu’à 1,65 en 1993 et 1994). On ne sait encore si l’indicateur va poursuivre sa décroissance ou s’il va se stabiliser à un nouveau palier autour de 1,7. La quasistabilité de la fécondité depuis 1976 résulte de plusieurs mouvements que 2), des fluctuations de 26 à 28 ans, et une remontée au-delà de cet âge (graphique 3). La fécondité des étrangères est supérieure à celle des Françaises mais plus leur installation est ancienne, plus elle s’en rapproche. Leur influence sur la fécondité générale est restée modeste : en 1990, l’indicateur de fécondité s’élevait à 1,8 pour l’ensemble des femmes alors qu’il était de 1,7 pour les seules Françaises. Au cours de ce demi-siècle, les maternités ont d’abord été de plus en plus précoces. L’âge moyen à la maternité est passé de 28,8 ans en 1946 à 26,5 ans en 1977 (graphique 4). Ensuite, il est remonté régulièrement et a retrouvé en 1994 le niveau de 1946. L’allongement des études, l’expansion de l’activité féminine et les difficultés de l’insertion professionnelle ont contribué à ce recul. Cependant, si la fécondité des femmes quadragénaires a augmenté depuis 1980, elle reste nettement inférieure à ce qu’elle était à la Libération et même avant 1975 : sur 1000 femmes de 40 à 44 ans, 26 étaient devenues mères en 1948, 14 en 1970, 8 en 1993. Quant à la fécondité des femmes de 45 ans ou plus, elle n’a cessé de baisser et stagne depuis le début des années quatrevingt. Depuis 1946, les modifications les plus importantes ont touché les opposés qui se compensent : une baisse au-dessous de 25 ans (graphi- femmes les plus jeunes -moins de 23 ans- et les plus âgées -42 ans ou plus, ➁ Depuis 1965, net recul de la fécondité avant 26 ans Taux de fécondité par âge des femmes de 17 à 24 ans (âge atteint dans l’année) Lecture : en 1946, 100 femmes atteignant 24 ans, donc nées en 1922, ont donné naissance à 18 enfants. En 1994, 100 femmes du même âge, nées en 1970, ont donné naissance à 9 enfants (ces taux ne prennent en compte que les enfants nés vivants). Sources : Statistiques de l’état civil, Insee
dont les grossesses avaient souvent un caractère accidentel par le passé. En conséquence, la durée de la vie féconde s’est réduite. Malgré la baisse de la fécondité à partir de 1965, l’effectif des naissances n’a diminué qu’à partir de 1975, et proportionnellement moins que la fécondité. En effet, les premières générations du baby-boom sont alors arrivées à l’âge de la maternité, ce qui a accru le nombre de femmes en âge de procréer. Aussi le solde naturel estil resté largement positif. ➂ Depuis 1975, la fécondité remonte au delà de 27 ans La chute de la fécondité a précédé la crise économique La chute de la fécondité de 1965 à 1975 doit sans doute se comprendre comme le retour à une tendance séculaire interrompue par le baby-boom. Aucun des changements sociaux intervenus depuis les années soixante ne l’explique de façon satisfaisante. Le recul de la fécondité depuis 1965 est dû à la fois à la diminution du nombre des naissances non désirées, permise par la contraception moderne, et à celle du nombre d’enfants souhaités. Cependant, il avait commencé avant la légalisation de la pilule contraceptive (loi Neuwirth, décembre 1967). La baisse de la fécondité a également précédé la baisse de la nuptialité qui n’a débuté qu’en 1973. Elle touchait à sa fin quand l’interruption volontaire de grossesse a été autorisée (loi Veil, janvier 1975). Pendant les trente années d’expansion de l’aprèsguerre sont survenus à la fois le babyboom et la baisse de la fécondité qui s’est achevée peu avant le début de la crise économique. On ne trouve pas de corrélation entre les aléas de la conjoncture économique et du chômage et les oscillations de la fécondité. Taux de fécondité par âge des femmes de 26 à 42 ans (âge atteint dans l’année) Lecture : en 1946, 100 femmes atteignant 26 ans, donc nées en 1920, ont donné naissance à 19 enfants. En 1994, 100 femmes du même âge, nées en 1968, ont donné naissance à 13 enfants (ces taux ne prennent en compte que les enfants nés vivants). Sources : Statistiques de l’état civil, Insee Le remplacement des générations presque toujours assuré L’indicateur conjoncturel de fécondité, utilisé pour sa commodité, a le défaut d’être un indice composite : il synthétise la situation d’une année en additionnant les comportements de fécondité d’une trentaine de générations. Pour décrire le comportement réel d’une génération de femmes, il faut dénombrer les enfants qu’elles ont au terme de leur vie féconde : leur descendance finale. Celle-ci ne dépassait pas deux enfants pour les femmes des générations nées à la fin du XIX e siècle. Elle est remontée à 2,6 pour les mères du babyboom, nées entre 1924 et 1935 (tableau 2). Puis une nouvelle phase de baisse l’a ramenée à 2,1 pour les femmes nées à partir de 1947, niveau qui devrait être maintenu jusqu’aux générations du début des années soixante. Le sera-t-il dans les générations suivantes ? Uniquement si le rattrapage aux âges élevés se poursuit, rattrapage qui permet à la descendance des générations nées dans les années cinquante de rester quasi-stable. Ainsi, les femmes nées en 1950 avaient un enfant à 25 ans, 2 à 36 ans, et 2,1 à 41 ans. La génération 1958 aura une descendance finale identique : à 25 ans, elle n’avait que 0,8 enfant, mais ensuite, elle a comblé ce retard et à 36 ans, elle a, elle aussi, 2 enfants. Cependant, les femmes de la génération 1969 n’ont que 0,5 enfant à 25 ans. ➋ Nombre moyen d’enfants pour 100 femmes à divers âges par génération 20 ans 24 ans 26 ans 28 ans 30 ans 32 ans 35 ans 38 ans 42 ans 1931 22 90 127 161 189 213 238 252 260 1934 21 90 129 164 194 216 239 252 258 1938 20 91 132 167 194 215 235 244 247 1942 23 99 135 166 189 206 219 226 230 1946 26 96 131 158 177 191 205 212 216 1950 24 89 117 143 164 181 196 205 210 1954 25 78 109 138 159 177 195 206 1958 20 72 102 131 155 175 194 1962 15 60 90 118 143 163 1966 11 46 73 100 1970 9 37 1974 7 Lecture : 100 femmes nées en 1958 ont déjà mis au monde 102 enfants à 26 ans ; elles en ont eu 194 à 35 ans. Sources : Statistiques de l’état civil, Insee
Page 1: N° 479 - AOÛT 1996 PRIX : 14F LA

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