Les salaires sont-ils rigides ? Le cas de la France à la fin des ... - Insee
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un observateur <strong>de</strong>s évolutions empiriques du<br />
prix constatera une fixité maximale du prix<br />
(pas <strong>de</strong> modification), et pourtant il ne pourra<br />
en inférer que ce prix est soit « faux » soit<br />
« d’équilibre ».<br />
En sens inverse, <strong>la</strong> non-fixité d’un prix nominal<br />
ne nous permet pas d’en déduire que le système<br />
<strong>de</strong>s prix est flexible. On peut très bien constater<br />
<strong>la</strong> flexibilité d’un prix effectif sans que nous en<br />
déduisions que l’ajustement du prix aux conditions<br />
du marché est satisfaisant. Pour faire ce<br />
pas, il faut connaître l’évolution <strong>de</strong> ces conditions<br />
car le prix d’équilibre ne peut manquer <strong>de</strong><br />
les refléter. Admettons que ce prix, du fait <strong>de</strong><br />
cette évolution, fluctue bien plus encore que le<br />
prix effectif : alors, <strong>la</strong> flexibilité empiriquement<br />
constatée recouvrirait une rigidité théorique.<br />
Ainsi, tant qu’une étu<strong>de</strong> sur le comportement<br />
dynamique du prix d’un bien ou service c<strong>la</strong>irement<br />
i<strong>de</strong>ntifié n’est pas liée aux déterminants<br />
fondamentaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong>s prix, elle ne<br />
peut nous donner aucun renseignement sur sa<br />
rigidité analytique.<br />
Or, il est extrêmement peu probable que les<br />
caractéristiques d’un marché soient i<strong>de</strong>ntifiées<br />
avec suffisamment <strong>de</strong> précision, pour ne rien<br />
dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s circonstances extérieures<br />
qui en perturbent le fonctionnement,<br />
pour qu’il soit possible <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> rigidité<br />
lorsqu’est constaté un <strong>de</strong>gré élevé <strong>de</strong> fixité (au<br />
sens d’une fréquence <strong>de</strong>s ajustements du prix <strong>de</strong><br />
marché faible).<br />
La difficulté redouble quand on prend conscience<br />
que <strong>la</strong> flexibilité analytique elle-même peut être<br />
insuffisante. L’ajustement d’un marché reste<br />
contingent <strong>à</strong> l’information dont disposent les<br />
agents. Quand bien même il serait montré que<br />
sur un ensemble <strong>de</strong> marchés, les prix s’ajustent<br />
<strong>de</strong> façon optimale étant donné l’information <strong>de</strong>s<br />
agents, il ne s’ensuit pas que l’économie est <strong>à</strong><br />
son niveau optimal. C’est bien l’une <strong>de</strong>s intuitions<br />
fécon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong> Phelps sur<br />
le chômage naturel (voir sur ce point Phelps,<br />
1970). Il est possible d’expliquer le chômage et<br />
l’inf<strong>la</strong>tion en adoptant une logique d’équilibre,<br />
c’est-<strong>à</strong>-dire sans introduire <strong>de</strong> rigidité analytique.<br />
Ce<strong>la</strong> peut être compatible avec une fixité<br />
<strong>de</strong>s prix élevée, elle-même due aux insuffisances<br />
dans <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s informations dont<br />
disposent les agents, et analysées comme un<br />
échec <strong>de</strong> marché.<br />
En<strong>fin</strong>, quand bien même les ajustements <strong>de</strong>s prix<br />
fonctionneraient idéalement, il resterait <strong>à</strong> montrer<br />
que <strong>la</strong> structure <strong>de</strong>s marchés est complète<br />
ou suffisamment riche pour que l’on puisse parler<br />
d’une économie <strong>de</strong> marché flexible.<br />
Ces différentes remarques nous permettent <strong>de</strong><br />
mieux mesurer <strong>la</strong> distance qui sépare les observations<br />
statistiques <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> leur interprétation<br />
théorique, et c’est dans cette perspective<br />
que les <strong>de</strong>ux articles publiés dans ce numéro<br />
doivent, <strong>à</strong> mon sens, être lus.<br />
<strong><strong>Le</strong>s</strong> ajustements <strong>de</strong>s prix. À propos <strong>de</strong><br />
l’article <strong>de</strong> Baudry, <strong>Le</strong> Bihan, Sevestre<br />
et Tarrieu<br />
L’article <strong>de</strong> Baudry, <strong>Le</strong> Bihan, Sevestre et<br />
Tarrieu complète un ensemble d’étu<strong>de</strong>s disponibles<br />
pour différents pays exploitant <strong>de</strong>s bases<br />
<strong>de</strong> données sur <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> prix désagrégées.<br />
Outre l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dhyne et al. (2005) qui offre<br />
une synthèse <strong>de</strong>s travaux empiriques menés au<br />
sein d’un groupe <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’Eurosystème,<br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> leur est celle <strong>de</strong> B<strong>ils</strong><br />
et Klenow (2004) portant sur <strong>de</strong>s données américaines.<br />
<strong>Le</strong>ur convergence avec ce travail est<br />
particulièrement frappante.<br />
L’étu<strong>de</strong> porte sur <strong>la</strong> fixité <strong>de</strong>s prix. <strong><strong>Le</strong>s</strong> auteurs<br />
<strong>sont</strong> extrêmement attentifs <strong>à</strong> ne pas déduire ni<br />
<strong>la</strong>isser déduire <strong>de</strong> leurs travaux une appréciation<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> rigidité analytique du système <strong>de</strong> marché<br />
en <strong>France</strong>. La dé<strong>fin</strong>ition qu’<strong>ils</strong> donnent <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
rigidité dans leur introduction est c<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> cet<br />
égard. Dans leur conclusion, une discussion sur<br />
les modèles <strong>de</strong> rigidité contractuelle <strong>de</strong>s prix<br />
existants est amorcée avec beaucoup <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce.<br />
Trois résultats principaux émergent <strong>de</strong><br />
leur article.<br />
D’une part, <strong>la</strong> fixité <strong>de</strong>s prix en <strong>France</strong>, quand<br />
elle est comparée aux résultats obtenus pour<br />
d’autres économies développées, est du même<br />
ordre. Quand B<strong>ils</strong> et Klenow obtiennent une<br />
durée médiane d’un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> prix <strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong> 4 <strong>à</strong> 5 mois, Baudry, <strong>Le</strong> Bihan, Sevestre<br />
et Tarrieu obtiennent <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> 6,2 mois.<br />
La moyenne pondérée <strong>de</strong>s durées <strong>de</strong> prix est,<br />
elle, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 8,4 mois en <strong>France</strong>, alors<br />
qu’elle est <strong>de</strong> 7 mois aux Etats-Unis selon B<strong>ils</strong><br />
et Klenow. B<strong>ils</strong> et Klenow obtiennent une fréquence<br />
moyenne <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> prix <strong>de</strong><br />
26,1 % alors que Baudry et al. proposent une<br />
ÉCONOMIE ET STATISTIQUES N° 386, 2006 83