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Lire le texte intégral - Slavica Occitania

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382<br />

VLADIMIR ALPATOV<br />

de savoir <strong>le</strong>s distinguer, ce que Bakhtine faisait à l’exemp<strong>le</strong> de la<br />

distinction entre la proposition (predloženie) et l’énoncé (vyskazyvanie).<br />

Il existe un point de vue selon <strong>le</strong>quel Bakhtine n’acceptait la<br />

conception de Saussure que « sous condition », en entrant dans<br />

« l’espace sémantique (qui lui était étranger) de son <strong>le</strong>cteur supposé,<br />

<strong>le</strong> linguiste 50 », pour « inculquer » à ce dernier l’intérêt pour la<br />

philosophie de la langue. Or il est à peine possib<strong>le</strong> de prouver une<br />

explication si compliquée ; la situation nous semb<strong>le</strong> plus simp<strong>le</strong>. En<br />

étudiant <strong>le</strong>s énoncés, l’« idéologie » reflétée dans la langue, il est<br />

diffici<strong>le</strong> d’oublier, de faire abstraction des propositions et des mots<br />

qui avaient déjà été décrits par ceux qui étudient <strong>le</strong>s langues. Il ne<br />

serait pas nécessaire de <strong>le</strong>s étudier exprès, mais comment se passer<br />

de ce qui a déjà été fait dans <strong>le</strong> cadre de l’« objectivisme abstrait » ?<br />

L’évolution de la linguistique japonaise <strong>le</strong> prouve. Les adeptes de<br />

Tokieda ont commencé à étudier <strong>le</strong> fonctionnement social de tel<strong>le</strong>s<br />

ou tel<strong>le</strong>s unités linguistiques qui étaient déjà connues avant.<br />

Bakhtine y est arrivé éga<strong>le</strong>ment, à la différence de Volochinov : ce<br />

dernier était maximaliste, ce qui était typique pour l’époque des<br />

années 1920.<br />

Enfin, la dernière fois que Bakhtine s’est consacré aux problèmes<br />

de la linguistique – dans un extrait sur la « translinguistique »<br />

(metalingvistika) de son livre Prob<strong>le</strong>my poètiki Dostoevskogo<br />

[La poétique de Dostoïevski] (1963) (la première version du livre, cel<strong>le</strong><br />

de 1929, ne <strong>le</strong> contenait pas) –, il a introduit une distinction importante.<br />

Il indique qu’il étudie « la langue dans sa totalité concrète,<br />

vivante et non pas […] la langue comme objet spécifique de la<br />

linguistique, obtenu en faisant abstraction de certains côtés de la<br />

vie concrète du mot 51 ». Ce qu’il dit plus loin pourrait être rattaché<br />

à la translinguistique, si on entend par cel<strong>le</strong>-ci une science qui ne<br />

serait pas encore strictement déterminée par des disciplines précises,<br />

bien délimitées, et consacrée à ces aspects du mot qui sortent<br />

du cadre de la linguistique, Il est évident que dans ses recherches,<br />

50. L.A. Gogotišvili, « Kommentarii » [Commentaires], in M.M. Baxtin,<br />

Sobranie sočinenij, vol. 5, op. cit., p. 379-658, citation p. 656.<br />

51. M. Bakhtine, La poétique de Dostoïevski [1963] (trad. I. Kolitcheff),<br />

Paris, Seuil, 1970, p. 238. [G. Verret maintient <strong>le</strong> terme métalinguistique dans sa<br />

traduction du même <strong>texte</strong>. Voir M. Bakhtine, Problèmes de la poétique de<br />

Dostoïevski (trad. G. Verret), Lausanne, L’Âge d’Homme, 1970, p. 211-213 –<br />

N.d.T.]

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