MOBILISATION POUR LES 5 CUBAINS! - Haiti Liberte
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HAÏTI LIBERTÉ<br />
<br />
<br />
MANIFESTATION DES<br />
<br />
Voir page 19<br />
Pike pikèt<br />
sinistre 12<br />
janvye yo<br />
devan Primati a<br />
Page 6<br />
SINISTRÉS!<br />
Election<br />
présidentielle<br />
: des<br />
rencontres<br />
inopportunes<br />
Page 7<br />
Les manifestants dénonçant les conditions infrahumaines de saleté et de misère régnant dans les centres<br />
d’hébergement, ils ont profité pour lancer des messages virulents au président Préval et au Premier<br />
ministre Jean Max Bellerive, leur réclamant de leur pourvoir des logements décents<br />
Discours<br />
d'Obama sur<br />
l'Irak : un<br />
exemple de<br />
lâcheté et de<br />
malhonnêteté<br />
Page 10<br />
<strong>MOBILISATION</strong> <strong>POUR</strong><br />
<strong>LES</strong> 5 <strong>CUBAINS</strong>!<br />
Voir page 4<br />
Le vendredi 10 septembre 2010, a été célébré en <strong>Haiti</strong>, la journée de solidarité avec les cinq (5) patriotes<br />
t<br />
cubains, arbitrairement arrêtés, jugés et condamnés illégalement par les autorités étasuniennes<br />
Enjeux des<br />
élections<br />
législatives du<br />
26 septembre<br />
2010 au<br />
Venezuela<br />
Page 16
Editorial<br />
HAITI<br />
LIBERTÉ<br />
Vers quels horizons ?<br />
Par Berthony Dupont<br />
Un monde meilleur est il possible en <strong>Haiti</strong>, quand ce sont<br />
des dirigeants, des hommes de l’acabit de Préval que<br />
nous avons à la tête du pays ? Des citoyens qui ont déjà<br />
oublié les propos de ce dernier au sujet du chef de la Police,<br />
Mario Andrésol : «c’est l’internationale qui me l’avait suggéré».<br />
La stratégie du président était dès le départ cousue de<br />
fil blanc, ainsi, au cours d’un entretien avec certains médias<br />
français, il vient de récidiver cette semaine en affirmant<br />
que «Les experts internationaux m’ont garanti que tout sera<br />
en place pour le 28 novembre». Dans un sens, il exprime<br />
la domination directe des puissances internationales sur le<br />
pays et également son incapacité à faire quoique se soit sans<br />
l’inspiration téléguidée de l’impérialisme.<br />
A ce stade, on est en droit de se demander jusqu’à quand<br />
le peuple haïtien continuera a être dupé par ce manfouben ?<br />
Pour combien de temps encore tolérerons-nous ce système<br />
désastreux de corruption sans justice ?<br />
Il est extrêmement difficile de le croire, mais c’est de la<br />
vérité pure et simple, il n’y a rien qui marche dans le pays<br />
pouvant aider à déboucher sur quelque chose de sérieux.<br />
Même la méthode cubaine de lecture-écriture « Yo, sí puedo »<br />
« Oui, nous pouvons » « Wi nou kapab », qui a permis à près<br />
de 4 millions de personnes dans le monde d’apprendre à lire<br />
et á écrire et d’être à même de comprendre et de réaffirmer<br />
leur propre identité, a fait échec en <strong>Haiti</strong>.<br />
L’ironie, c’est à partir de l’expérience haïtienne que la<br />
méthode cubaine a été mise en application dans de nombreux<br />
coins du monde où elle s’est soldée par un succès<br />
éclatant. Et pourtant, en <strong>Haiti</strong>, c’est le contraire. En effet,<br />
c’est au cours de la célébration de la journée internationale<br />
de l’alphabétisation, le mercredi 8 septembre dernier, que le<br />
Secrétaire d’Etat à l’alphabétisation, Carol Joseph, sans rougir<br />
a fait cette fracassante et humiliante déclaration « La<br />
campagne a échoué. Je dois l’admettre en toute humilité.<br />
Mais cet échec doit être aussi considéré comme mon échec,<br />
celui du peuple haïtien et celui du gouvernement. » Comme<br />
l’a justement souligné, le secrétaire d’Etat, ce n’est pas la<br />
méthode qui a échoué en <strong>Haiti</strong>, mais bien nos dirigeants inconséquents<br />
à l’instar de lui-même qui sont incapables de<br />
mettre la moindre des choses sur de bons rails pour le bonheur<br />
du peuple et du pays. Car un projet qui est en train<br />
d’avoir du succès à travers le monde, comment se fait –il<br />
qu’en <strong>Haiti</strong>, il n’ait pas atteint l’objectif visé à savoir réduire<br />
le taux élevé d’analphabétisme qui existe dans le pays ?<br />
Dans ce contexte, l’autre question à se poser, pourquoi,<br />
Joseph attendait-il la fin du mandat de son gouvernement<br />
pour nous flanquer une telle gifle car <strong>Haiti</strong> est le seul pays<br />
jusqu’à présent où ce programme n’a pas abouti de manière<br />
satisfaisante. Et ce n’est pas pour la première fois, qu’on fait<br />
face à pareille situation, rappelons pour l’histoire la défunte<br />
mission Alpha qui a dépensé une fortune sans n’avoir rien<br />
résolu au sujet de l’alphabétisation.<br />
Dans ce climat de chaos, certains évidemment en profitent<br />
pour se renforcer dans le pays, il s’agit des tenants<br />
colonialistes et impérialistes. Cette nouvelle ère s’annonce<br />
déjà avec un présage tout à fait burlesque avec la présence<br />
d’un Bill Clinton travaillant dans le pays pour le compte de<br />
l’impérialisme américain. Maintenant, c’est au tour de la<br />
France, d’avancer ses pions en envoyant, leur propre homme<br />
sur le terrain, l’ex-Premier ministre social-démocrate<br />
français, Lionel Jospin. Il est à la tête d’une délégation composée<br />
de Juan Gabriel Valdez ancien ministre des Affaires<br />
étrangères du Chili et premier chef civil des forces occupantes<br />
du pays, la Minustah. Cette délégation est flanquée<br />
de deux fonctionnaires du Club de Madrid. Et pour couronner<br />
le tout, l’Agence France Presse a indiqué que « M. Jospin<br />
entame une mission d’une semaine en Haïti spécifiquement<br />
focalisée sur les élections. Il rencontrera les acteurs politiques<br />
du pays avec qui il partagera son expérience afin<br />
d’aider au renforcement de la démocratie et des institutions<br />
politiques ».<br />
La signification de cette visite sous la couverture du<br />
Club de<br />
Madrid reste cependant importante, dans le cadre de la<br />
compétition inter-impérialiste, surtout que la délégation se<br />
prépare à rencontrer des partis politiques, des candidats à la<br />
présidence, le Conseil électoral provisoire. Comme elle s’est<br />
déjà entretenue avec Colin Granderson le chef de délégation<br />
de la mission électorale OAS-CARICOM, une rencontre avec<br />
le représentant de l’Organisation des États américains (OEA)<br />
Ricardo Seitenfus est également prévue.<br />
Dans cette perspective, le peuple lui-même n’a qu’un<br />
seul choix c’est de se mobiliser afin que la têtue vérité révolutionnaire<br />
finisse par s’imposer comme nous n’avons jamais<br />
cessé de le dire dans les colonnes de ce journal. C’est bel<br />
et bien dans ce sens, que nous apportons notre ferme support<br />
aux organisations populaires du Nord, qui manifestaient<br />
contre la Minustah, réclamant justice pour le jeune Gérald<br />
Jean Gilles (trouvé pendu dans un camp de la Minustah au<br />
Cap-Haïtien) et le départ des forces onusiennes du pays.<br />
Alors, vers quels horizons ? Justice pour les masses haïtiennes,<br />
départ des forces d’occupation, reconstruction dans<br />
la dignité des zones détruites du pays, pas seulement le centre<br />
commercial de la capitale. Ce sont là les horizons auxquels<br />
nous devons résolument tendre.<br />
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Brooklyn, NY 11210<br />
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Bulletin d'Abonnment B Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010<br />
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2<br />
Haïti Liberté
A travers <strong>Haiti</strong><br />
Le peuple doit se dresser contre<br />
l’imposture<br />
Adieu Lola Jeanty !<br />
Par J. Fatal Piard<br />
Par Morisseau Lazarre<br />
Des leaders qui auraient un<br />
minimum de déférence pour<br />
leur pays et leurs concitoyens<br />
n’auraient pas osé rêver d’élection<br />
en ce moment, parce que l’ampleur<br />
de la catastrophe du 12 janvier<br />
dans les villes frappées, reste encore<br />
ce qu’elle a été durant les<br />
tous premiers jours et est toujours<br />
palpable sur tous les visages, non<br />
seulement des victimes mais aussi<br />
de tous les citoyens concernés. Et<br />
même la ville de Port-au-Prince,<br />
centre névralgique du pays, qui est<br />
à soixante-dix pourcent détruit, gît<br />
encore sous les décombres.<br />
Haïti grouille de déplacés<br />
et les camps de fortune avec des<br />
tentes qui ne devraient pas servir<br />
même pour des bêtes, pullulent<br />
dans la capitale et ses contrées<br />
dans un désordre des plus ahurissants<br />
et des plus révoltants. Et pour<br />
comble, nos soi-disant leaders, au<br />
lieu d’avoir une pensée spéciale<br />
pour les victimes en canalisant les<br />
ressources du pays pour permettre<br />
à celles-ci de récupérer un peu de<br />
leur dignité, préfèrent regarder<br />
leurs compatriotes en contrebas et<br />
cautionner les actions inhumaines<br />
et antipatriotiques auxquelles sont<br />
en butte les masses du pays de la<br />
part des sans foi ni loi de la bourgeoisie<br />
honnie haïtienne aussi bien<br />
que des criminels du lumpen.<br />
Pourtant, toutes ces victimes<br />
que les leaders et leurs complices<br />
sont entrain de contraindre à vivre<br />
dans la fange, sont des filles et fils<br />
du peuple qui, malgré l’ingratitude<br />
et les coups bas de l’élite, ont toujours<br />
sué sang et eau pour que le<br />
pays ne meure pas.<br />
Toutes les âmes sensées<br />
sont d’avis que Haïti qui peine à<br />
se remettre du cataclysme du janvier,<br />
ne soupire pas après des élections.<br />
Loin de là. Ce sont nos soidisant<br />
leaders sans vision et sans<br />
colonne vertébrale, les néocolons<br />
qui veulent, de gré ou de force,<br />
perpétuer leur domination sur le<br />
Avis<br />
Le sieur François Wilbert, identifié<br />
au No: 001-165-269-0,<br />
propriétaire, demeurant et<br />
domicilié à Delmas 65, avise le<br />
public en général, que depuis Avril<br />
2010, il reçoit constamment des<br />
menaces de mort de la part d’un<br />
groupe d’individus non identifiés.<br />
On arrive même à écrire sur les<br />
murs de sa résidence: « Wilbert<br />
restavèk, ou nan lis priyorite nou,<br />
pou nou manje w. r Rezon?<br />
Ou menm avèk tout akolit ou yo<br />
nan palè a, te arete nou, touye<br />
patizan nou, fè nou pase pliske 5<br />
lane nan prizon. N ap toujou vizite<br />
w, lè w pa kwè, fòk nou pran w<br />
kan menm ».<br />
En ce sens, une déclaration a été<br />
faite au bureau des investigations<br />
du Commissariat de Delmas pour<br />
toutes fins utiles.<br />
pays et qui, pour faire diversion<br />
demande au peuple de prendre le<br />
chemin des urnes pour que, comme<br />
par magie, le bonheur frappe<br />
enfin à ses portes. Or, si l’élite<br />
haïtienne en tant que telle était à<br />
la hauteur de ses tâches et comprenait<br />
bien son rôle historique<br />
dans le devenir de la Nation, ne<br />
devrait-elle pas s’opposer catégoriquement<br />
à ce non-sens ? Hélas !<br />
Jean Price-Mars, dans son ouvrage<br />
La Vocation de l’Élite, a raison<br />
de s’interroger ainsi : « Mais,<br />
objectera-t-on, toute notre élite<br />
est-elle frappée de malformation,<br />
n’est-elle composée que de spécimens<br />
de bavards impuissants et<br />
de faux esprits ? » Et, dans le cas<br />
de notre présente élite, il ne serait<br />
pas un péché de dire qu’elle est<br />
aussi composée de spécimens de<br />
vils vendus.<br />
Qui ne sait pas que ces joutes<br />
électorales ne seront rien moins<br />
qu’une mascarade d’où le premier<br />
des plus bas coquins de la politicaillerie<br />
haïtienne, choisira – s’il<br />
ne l’a pas déjà fait – son dauphin<br />
pour la continuité de la domination<br />
étrangère quasi totale du pays.<br />
Le sous-sol d’Haïti cache des<br />
ressources inestimables convoitées<br />
depuis toujours par les vautours<br />
étrangers. C’est la raison<br />
pour laquelle, avec la complicité de<br />
notre chienne d’élite, ils ont soigneusement<br />
miné le terrain haïtien<br />
en provoquant des troubles sociopolitiques<br />
à n’en plus finir, pour<br />
que le pays sombre enfin dans la<br />
déroute et l’abjection. Alors, la Nation,<br />
dans son composé, n’aurait<br />
pas d’autre issue que d’ingurgiter<br />
sans rechigner la pilule du néocolonialisme<br />
maquillé d’un humanisme<br />
pourtant sans vertu. Et ces<br />
éternels ennemis d’Haïti auront<br />
enfin le champ libre pour continuer<br />
à piller « légalement » les richesses<br />
du pays.<br />
D’ailleurs, l’on se rappelle<br />
qu’au lendemain du séisme destructeur,<br />
des informations circulaient<br />
déjà sur la nature suspecte<br />
et surnaturelle de la catastrophe,<br />
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à savoir que c’est la bête impériale<br />
même qui, avec son arme<br />
de destruction massive baptisée<br />
HARPP, l’avait provoquée. Comme<br />
nous disons dans notre vernaculaire<br />
« lafimen pa janm soti<br />
san dife », surtout si cette fumée<br />
concerne une bête qui s’appelle :<br />
Impérialisme américain. D’aucuns<br />
traitent ces informations comme<br />
étant banales, obsessionnelles,<br />
méchantes même. Mais un fait est<br />
certain : la bête impériale ne résistera<br />
jamais devant aucune tentation<br />
de perpétrer quel que soit le<br />
crime quand il s’agit de défendre<br />
ses intérêts. Elle vit du crime et<br />
pour le crime. !<br />
D’après la bête impériale, les<br />
Haïtiens sont un peuple trop fier,<br />
trop combatif et trop résistant.<br />
Alors, il faut utiliser n’importe<br />
quelle arme à fin de nous forcer à<br />
nous soumettre.<br />
Une fois de plus, ces<br />
prochaines mascarades électorales<br />
que nos ennemis nous présentent<br />
comme une sorte d’exercice démocratique,<br />
cachent pourtant leurs<br />
vraies intentions, à savoir, continuer<br />
d’utiliser les indigènes de<br />
service qui sont à leur accorder des<br />
moyens légaux pour faire ce que<br />
bon leur semble de la première république<br />
nègre libre dans le monde.<br />
(Et nous savons que ces minables,<br />
pour un misérable plat de lentilles,<br />
sont prêts à vendre non seulement<br />
leur droit d’ainesse, mais surtout<br />
celui de notre chère Nation.)<br />
Il n’en pas moins vrai que la<br />
bête impériale a tout mis en oeuvre<br />
pour épuiser, miner la force et la<br />
combativité du peuple haïtien afin<br />
qu’il accepte l’inacceptable comme<br />
l’occupation du pays et le pillage<br />
de ses ressources, l’acculturation<br />
de la jeunesse, la vassalisation<br />
de la classe dirigeante, la prise<br />
en charge des institutions étatiques,<br />
et le génocide en douceur<br />
déjà commencé dans le pays. Et,<br />
on peut bien constater que la bête<br />
a réussi en partie car l’on entend<br />
beaucoup de compatriotes, juste<br />
après la catastrophe du 12 janvier,<br />
répéter que nous devons laisser<br />
le pays aux étrangers pour qu’ils<br />
le rebâtissent pour nous puisque<br />
nous sommes impuissants et incapables<br />
de prendre en charge nos<br />
destinées. Naïveté ! Défaitisme !<br />
Insultes à la mémoire des pères<br />
fondateurs de la Patrie ! Nous<br />
savons qu’un jour ces compatriotes<br />
se rendront compte qu’ils se<br />
sont fait prendre dans un attrapenigaud<br />
et qu’ils finiront par se ressaisir.<br />
Car ils comprendront que<br />
la bête impériale ne fait jamais de<br />
cadeau, même à ceux qu’elle appelle<br />
ses amis. Quand elle donne<br />
deux sous, elle entend recevoir le<br />
centuple en retour, de gré ou de<br />
force et sous quelque forme que<br />
ce soit.<br />
Rebâtir Haïti est tout simplement<br />
un leurre, pour ne pas dire<br />
un mensonge. Voilà qu’on est déjà<br />
à 8 mois depuis le séisme du 12<br />
janvier. Quelles sont les mesures<br />
concrètes qu’on a déjà prises, sinon<br />
que des palabres à tribord<br />
et à bâbord dans des multiples<br />
conférences, pour faire renaitre<br />
l’espoir au sein de la multitude<br />
C<br />
’est ce jeudi 9 septembre dernier<br />
que les funérailles de la très regrettée<br />
Lola Jeanty ont été célébrées sur<br />
les ruines de l’église du Sacré Cœur à<br />
Turgeau, neuf jours après s’être vue<br />
fauchée par une insuffisance rénale.<br />
Dès 6:30 heures, en ce triste matin<br />
du jeudi 9 septembre, les membres<br />
de la famille plongée dans une profonde<br />
affliction par ce deuil fortuit, se<br />
sont réunis au salon funéraire l’Ange<br />
Bleu.<br />
Juste à proximité de cette<br />
bâtisse religieuse dont les ruines<br />
témoignent de la sauvagerie inénarrable<br />
de ce séisme hautement<br />
destructeur du 12 janvier, défilaient<br />
ses collègues de l’Office National de<br />
l’Artisanat (ONART), des employés<br />
du Ministère des Affaires Sociales du<br />
Travail et des amis venus faire part<br />
de leurs sincères sympathies aux<br />
parents et proches de la disparue et<br />
aussi lui faire un ultime adieu.<br />
Lola, en dépit de cette brûlante<br />
envie de vivre qui l’animait, s’est vue<br />
emportée, au moment où elle s’y attendait<br />
le moins, sur les ailes de la<br />
mort jusqu’aux confins inaccessibles<br />
de l’Orient éternel, après une Odyssée<br />
qui n’a duré que 46 ans seulement.<br />
Ont aussi assisté à ces obsèques Madame<br />
Mathilde Flambert Lamothe<br />
ex-Ministre des Affaires Sociales et<br />
du Travail, le Directeur du MAST Me.<br />
Louis Pierre Joseph.<br />
Après que le jeune officiant<br />
eut encensé la dépouille, celle-ci fut<br />
embarquée vers la Petite Rivière de<br />
Nippes, commune natale de Lola.<br />
Là, entourée des membres de sa<br />
famille pour un dernier hommage,<br />
notre inoubliable amie qui sera toujours<br />
dans notre cœur s’est vue dans<br />
l’obligation de retourner là d’où elle<br />
était venue : la Terre, car elle n’était<br />
que poussière.<br />
L’on se souvient, il y a deux<br />
ans, Lola a été atteinte de cette insuffisance<br />
qui lui a fait la vie dure.<br />
de victimes qui ne savent plus à<br />
quel saint se vouer ? Ces compatriotes<br />
doivent s’informer de ce<br />
qui est advenu au peuple iraquien.<br />
La méchanceté de la bête impériale<br />
n’a pas de limites. Après avoir<br />
envahi ce pays sous de fallacieux<br />
prétextes, ce pays qui fut le joyau<br />
du Proche-Orient et l’Alexandrie<br />
du monde moderne, se trouve<br />
relégué aujourd’hui presqu’à l’âge<br />
de la pierre taillée. Et, comme<br />
en Haïti, les pillageurs parlaient<br />
beaucoup de construction et patati<br />
et patata. Pourtant, ce pays où ils<br />
ont érigé leur plus vaste ambassade<br />
dans le monde, au lieu d’être<br />
reconstruit, se voit abandonné à<br />
son triste sort et laissé en ruines.<br />
Les Iraquiens, en sus de la<br />
destruction de leur pays, sont<br />
victimes d’un génocide sans pareil<br />
dans l’histoire du monde ; et<br />
les séquelles de cette guerre cruelle<br />
avec des armes chimiques et<br />
même biologiques qu’on leur a<br />
imposée continuera à causer des<br />
dégâts et d’innombrables victimes<br />
au sein de la population pendant<br />
des générations à venir. Le tissu<br />
social de cette nation est en lambeaux<br />
tant la division alimentée<br />
par les colonialistes américains,<br />
britanniques et israéliens –qui agissent<br />
dans l’ombre – fait rage.<br />
Les mêmes formules sont<br />
Lola Jeanty<br />
Alitée pendant plus d’un mois, Lola<br />
est parvenue à déjouer les plans macabres<br />
de cette rude épreuve qui ne<br />
lui avait pas pourtant accordé le gain.<br />
Le mardi 31 août, Lola s’est rendue<br />
normalement à son travail. C’est<br />
subitement qu’elle a senti un malaise<br />
le mercredi 1 er septembre. Emmenée<br />
d’urgence à l’Hôpital Saint Esprit à<br />
la Rue Capois, là elle y rendit l’âme,<br />
sans même avoir le temps de nous<br />
dire Adieu.<br />
Lola, notre sœur, notre<br />
amie, notre collègue à l'Onart,<br />
tu es partie certes. Mais, nous<br />
ne saurions oublier cette énergie<br />
mêlée d'un dynamisme particulier<br />
qui t'animait. En attendant<br />
de te rejoindre sous peu, nous te<br />
disons que Tu seras toujours dans<br />
nos cœurs. Ton unique fille Pénélope,<br />
ta mère chérie Marie Ange,<br />
ton père Célireste, tes sœurs,<br />
Phirine, Natacha et Kéthia, tes<br />
frères Adler et Charlemagne, tes<br />
collaborateurs à l'Onart et tous<br />
tes amis, d'un seul cœur te disent<br />
: Bonne Traversée et souhaitent<br />
: Que la terre te soit légère.<br />
appliquées en Haïti, seulement ces<br />
ennemis de l’humanité n’ont pas<br />
encore utilisé jusque là la guerre<br />
conventionnelle pour détruire le<br />
pays et forcer les Haïtiens à se<br />
soumettre. Alors, c’est à ces monstres-là<br />
que certains compatriotes<br />
ont prêté la bonne et saine pensée<br />
de vouloir reconstruire notre pays<br />
pour nos beaux yeux, un pays<br />
qu’ils ont commencé eux-mêmes<br />
à détruire depuis avant 1915.<br />
Donc ces mascarades électorales<br />
que ces méchants entendent<br />
coûte que coûte organiser au détriment<br />
de la nation haïtienne, ils en<br />
ont besoin à tout prix pour faire<br />
diversion et jeter de la poudre aux<br />
yeux, puisque tous les chemins de<br />
leurs intérêts mènent à Rome. Il<br />
ne reste maintenant aux 1.5 millions<br />
de victimes du cataclysme<br />
du 12 janvier et à tous ceux qui<br />
sont conscients de la situation inacceptable<br />
du pays, de bouder ces<br />
mascarades électorales conçues<br />
et cuisinées dans les officines des<br />
ambassades néocoloniales, offertes<br />
comme un analgésique au<br />
peuple haïtien mais en fait qui<br />
nous accableront de leurs conséquences<br />
négatives.<br />
Volons donc au secours<br />
d’Haïti et disons non à l’imposture,<br />
une fois pour toutes car nous méritons<br />
beaucoup mieux que ça.<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 3
Vendredi 10 septembre :<br />
Mobilisation pour la libération des cinq!<br />
Par Hervé Jean Michel<br />
La journée du vendredi 10 septembre<br />
2010 écoulée, a été célébrée,<br />
journée de solidarité avec les cinq (5)<br />
patriotes cubains, arbitrairement arrêtés,<br />
jugés et condamnés par les autorités<br />
étasuniennes.<br />
Depuis l'année 1998, les cubains:<br />
Fernando Gonzalez, Ramon<br />
Labañino, Antonio Guerrero, Gérardo<br />
Hernandez et René Gonzalez ont été<br />
emprisonnés aux Etats-Unis, sous le<br />
fallacieux prétexte d'être des espions<br />
pour le compte de l'Etat cubain, venus<br />
arracher des secrets étasuniens.<br />
En réalité, ces Cubains étaient venus<br />
aux Etats-Unis dans le but déterminé<br />
d'infiltrer des terroristes cubains, préparant<br />
toujours des attentats, à partir<br />
du territoire étasunien, leur espace<br />
privilégié. Ces groupes terroristes<br />
représentent de sérieuses menaces<br />
pour la nation cubaine.<br />
Ce sont plutôt des contre-espions,<br />
se livrant au contre-espionnage,<br />
étant donné que le territoire cubain<br />
a toujours été la cible de terroristes,<br />
au vu et au su des autorités étasuniennes,<br />
qui ont été arrêtés, jugés<br />
et condamnés. La condamnation<br />
des cinq (5) cubains sous le chef<br />
d'accusation d'espionnage, est un<br />
mensonge fabriqué de toutes pièces<br />
par l'Etat étasunien, ennemi mortel<br />
de la révolution cubaine. Les cinq (5)<br />
sont condamnés pour avoir informé<br />
les autorités cubaines sur de grands<br />
malheurs que se préparaient à causer<br />
des actes terroristes sur le territoire<br />
cubain.<br />
La journée du vendredi 10 septembre,<br />
a vu se réunir au Centre hospitalier<br />
de la Renaissance, à Port-au-<br />
Prince, de nombreux Cubains évalués<br />
à plus d'une centaine, venus revendiquer<br />
la libération de leurs compatriotes,<br />
injustement condamnés par les<br />
autorités étasuniennes. Arborant des<br />
T-shirts à l'effigie de, Che Guevara, le<br />
compagnon de lutte de, Fidel Castro,<br />
et des casquettes de la couleur du<br />
drapeau sur lesquelles est écrit Cuba.<br />
Les T-shirts portaient aussi au dos<br />
les inscriptions : « Brigada medical<br />
internacionalista Cubana en<br />
Haïti ».<br />
Le programme consacré à cette<br />
journée de solidarité, était très riche,<br />
en dépit du fait que les intervenants<br />
haïtiens, de la PAPDA et de l'UNNOH,<br />
respectivement, Franck Saint-Jean et<br />
Josué Mérilien, devaient faire une<br />
profonde auto-critique avant de se<br />
présenter comme militants de défense<br />
des droits de l'homme. Ils sont coupables<br />
pour avoir participé au coup<br />
d'Etat du 29 février 2004, contre le<br />
gouvernement du président Aristide,<br />
lequel coup d'Etat a entraîné<br />
l'occupation d'Haïti. Aujourd'hui<br />
Aristide est emprisonné en Afrique<br />
du Sud par la faute des impérialistes<br />
et de leurs laquais, dont Franck Saint-<br />
Jean de la PAPDA et Josué Mérilien de<br />
l'UNNOH.<br />
Malgré tout, dans ce texte consacré<br />
aux cinq (5) par <strong>Haiti</strong>-Liberté,<br />
l'objectivité sera de rigueur eu égard<br />
à l'intervention de ces deux intervenants.<br />
Le directeur général de<br />
programme la PAPDA a condamné<br />
le traitement inhumain infligé aux<br />
cinq (5) cubains. « Nous sommes<br />
indignés, face à ce flagrant déni de<br />
droit. En 1998 ces 5 héros ont été<br />
jetés en prison et les dirigeants des<br />
Etats-Unis semblent avoir concentré<br />
sur les épaules de ces jeunes la<br />
haine féroce nourrie contre le peuple<br />
cubain et contre tout un projet authentique<br />
de libération. »<br />
Il a aussi dégagé la qualité de<br />
révolutionnaires véritables qu'il reconnaît<br />
à ces Cubains condamnés et<br />
privés de tous droits. « Le traitement<br />
inhumain imposé (long séjour au cachot<br />
privé de toute communication,<br />
interdiction de visite des épouses,<br />
choix inacceptable des juridictions<br />
Depuis l’année 1998, les cubains: Fernando Gonzalez, Ramon Labañino,<br />
Antonio Guerrero, Gérardo Hernandez et René Gonzalez ont été<br />
emprisonnés aux Etats-Unis<br />
devant instruire l'affaire, etc.) à ces<br />
trois héros depuis 12 ans ne saurait<br />
vaincre la détermination inébranlable<br />
de ces camarades qui continuent<br />
à être des révolutionnaires disposés<br />
sans réserve pour le triomphe de<br />
la justice. » Josué Mérilien a abondé<br />
dans le même sens d'une condamnation<br />
des autorités étasuniennes pour<br />
avoir illégalement arrêté et mis en<br />
prison les cinq. « Un régime politique<br />
véritablement démocratique, peut-il<br />
se permettre ainsi de s'enliser dans<br />
une telle politique de violations des<br />
droits et des libertés ? » Evoquant<br />
la « démocratie étasunienne »,<br />
Mérilien s'étonne que les droits des<br />
Cubains soient violés d'une manière<br />
si brutale, si grave. « Pourtant, en<br />
pleine démocratie américaine, les<br />
droits de ces cinq (5) citoyens cubains<br />
ont été bafoués, retirés.» Et le<br />
coordonnateur général de l'UNNOH<br />
s'insurge : « Aujourd'hui, face à cette<br />
situation inacceptable nous avons<br />
pour devoir de renforcer partout, à<br />
travers tous les continents, la mobilisation<br />
en faveur de la libération des<br />
5 héros cubains, illégalement et injustement<br />
incarcérés aux Etats-Unis<br />
depuis 12 longues années. »<br />
Espérons que Franck Saint-<br />
Jean et Josué Mérilien se désillusionnent<br />
des idées préconçues qu'ils ont<br />
accumulées en leur créance afin de<br />
pouvoir devenir de véritables militants<br />
politiques, de véritables défenseurs<br />
des droits humains, privilégiant<br />
ceux des damnés du Tiers-Monde et<br />
d'Haïti<br />
Cette journée de solidarité a<br />
vu se déclamer des poèmes de Antonio<br />
Guerrero, écrits en juin et juillet<br />
1999, des poèmes d'espoir et de<br />
fidélité, d'amour et de courage qui,<br />
aujourd'hui, peuplent la solitude et<br />
les privations de ces Cubains qui y<br />
voient l'expression d'un grand amour<br />
patriotique plus fort que la mort et les<br />
condamnations étasuniennes.<br />
L'attachée diplomatique à<br />
l'ambassade de Cuba en Haïti, Carmen<br />
Maury Toledo, a apporté des<br />
précisions sur cette activité qui consiste<br />
à demander au gouvernement<br />
étasunien de libérer les cinq (5) Cubains,<br />
qui n'ont commis que le crime<br />
de défendre la population cubaine<br />
contre le terrorisme. L'attachée diplomatique<br />
a remercié le peuple haïtien<br />
et les organisations qui se sont solidarisées<br />
avec cette noble cause de la<br />
libération des cinq (5) Cubains. A son<br />
avis, il y a des protestations un peu<br />
partout dans le monde entier pour<br />
exiger des autorités étasuniennes la<br />
libération de ces Cubains.<br />
Elle a expliqué la nature des activités<br />
à travers le monde.<br />
« Il y a des activités comme<br />
des déclarations, l'envoie des lettres<br />
pour demander au gouvernement<br />
d'Obama de libérer les cinq (5). Il y<br />
a des réactions de différentes organisations,<br />
les épouses, les mères, les<br />
enfants des cinq s'activent énormément<br />
pour demander leur libération.<br />
C'est un objectif très important pour<br />
Cuba la libération des cinq héros cubains.<br />
»<br />
A la question à savoir que des<br />
éclaircies s'annoncent pour un dégel<br />
des relations cubano-étasuniennes,<br />
Carmen Maury, a déclaré : « Monsieur<br />
Obama doit écouter les revendications<br />
de toute la communauté<br />
internationale. Il doit obéir à ce que<br />
demande la communauté internationale<br />
et doit aussi faire ce que le<br />
prix Nobel de la paix qu'il a gagné,<br />
exige. »<br />
Par souci de détruire, l'Empire<br />
condamne les cinq (5) pour avoir<br />
aimé leur patrie. Les Etats-Unis<br />
veulent faire comprendre, par<br />
l'arrestation et la détention arbitraires<br />
des Cubains, que les patriotes doivent<br />
mourir ou abandonner leur patriotisme<br />
au profit du néocolonialisme,<br />
du néolibéralisme, le seul credo qui<br />
compte aujourd'hui, tuant du coup le<br />
patriotisme.<br />
Voilà, comment agissent les<br />
Etats-Unis d'Amérique, qui se vantent<br />
d'être la plus grande démocratie<br />
au monde, avec le droit pour cette<br />
démocratie de violer ses propres lois,<br />
de commettre les pires injustices,<br />
dans le seul but de se venger parce<br />
qu'un pays refuse de s'agenouiller, de<br />
ramper sous la férule d'une dictature<br />
brutale, inhumaine et monstrueuse,<br />
de conquérir, de piller, de tuer, etc.<br />
L'arrestation et la condamnation<br />
des 5 Cubains font l'objet d'une<br />
grande mobilisation à travers le<br />
monde. Chaque semaine de nombreuses<br />
lettres sont envoyées à<br />
l'administration étasunienne, particulièrement<br />
au président Obama,<br />
qui aujourd'hui, arrivé au timon des<br />
affaires étasuniennes n'a cure de la<br />
justice et de la paix qui étaient son<br />
cheval de bataille quand il a voulu acquérir<br />
le vote massif des Etasuniens.<br />
Il leur a promis qu'il n'allait pas les<br />
faire souffrir en les jetant dans des<br />
sales guerres de conquêtes et de rapines,<br />
qui leur enlèvent ce qu'ils ont de<br />
plus précieux : la vie, ce grand bien<br />
qu'on ne possède qu'une seule fois,<br />
ce bien irrécupérable, la plus grande<br />
de toutes les valeurs.<br />
Les Etats-Unis ont toujours<br />
tendance à mentir sur la détention<br />
dans leurs geôles des prisonniers<br />
politiques. Or que sont : Fernando<br />
Gonzalez, Ramon Labañino, Antonio<br />
Guerrero, Gérardo Hernandez et<br />
René Gonzalez ? Ne sont-ils pas des<br />
prisonniers politiques, jetés en prison<br />
par la justice injuste des Etats-Unis<br />
d'Amérique, cette justice qui veut<br />
s'ériger en modèle pour l'humanité.<br />
Le président des Etats-Unis,<br />
précisément le système étatique étasunien<br />
est comme un dieu, ce dieu<br />
qu'on doit passer toute sa vie à prier,<br />
sans pouvoir obtenir sa grâce, parce<br />
que justement celui qui se trouve dans<br />
la situation d'un prieur n'a jamais eu<br />
la foi et n'aura jamais la foi.<br />
Huit mois après le séisme :<br />
Préval parle aux<br />
étrangers, pour les<br />
étrangers !<br />
Par Hervé Jean Michel<br />
De sa résidence privée à Laboule, le<br />
12 Septembre dernier, huit mois<br />
après le séisme, René Préval, le président<br />
de la République d’Haïti a accordé<br />
une interview à la presse française<br />
représentée par RFI, TV5 et le journal<br />
Le Monde<br />
Cet entretien s’est déroulé autour<br />
des questions telles: la reconstruction<br />
d’Haïti, la corruption, les problèmes<br />
de sécurité et les élections en novembre<br />
prochain. Malheureusement, le<br />
président d’Haïti n’a pas eu, comme il<br />
l’aurait voulu une large publicité. Les<br />
médias français ont d’autres chats à<br />
fouetter et ne peuvent se contenter de<br />
diffuser, très largement, une interview<br />
accordée à un chef de l’Etat haïtien.<br />
Bien sûr, malgré la flatterie dont<br />
les medias haïtiens ont fait preuve,<br />
depuis l’arrivée de Préval au pouvoir<br />
où il piétine la dignité du peuple haïtien,<br />
il eut été plus convenable que le<br />
président parle dans une conférence de<br />
presse qui aurait eu une large diffusion.<br />
Tout ceci démontre clairement que ce<br />
sont les étrangers qui l’intéressent et<br />
non les Haïtiens.<br />
Dans cette interview, Préval a<br />
glorifié « la communauté internationale<br />
». « Dans la phase d’urgence,<br />
l’aide internationale a été extraordinairement<br />
efficace et bénéfique ».<br />
Cette attitude s’explique, par le fait que<br />
le chef de l’Etat ne se considère pas<br />
comme le président élu par la majorité<br />
de son peuple, mais un administrateur<br />
nommé par les puissances étrangères<br />
pour gérer une colonie. Montrant son<br />
incapacité de le faire, avouant son impuissance,<br />
Préval a dit avoir appelé<br />
l’ambassadeur de France pour lui faire<br />
part de l’impuissance d’Haïti, face à<br />
l’ampleur du tremblement de terre du<br />
12 janvier.<br />
Des paroles semblables à celles<br />
qu’aurait proféré un enfant qui a peur<br />
du noir, du tonnerre et qui se cache<br />
sous son oreiller.<br />
Cette attitude peut se comprendre,<br />
car Préval n’a jamais rien dit de<br />
sérieux au peuple, écrasé sous les<br />
décombres. Quand enfin il a ouvre la<br />
bouche, ce sont toujours des banalités<br />
qui en sortaient, de nature à exaspérer<br />
les esprits endoloris. Le président a<br />
brandi le drapeau de la dépendance,<br />
de la mise sous tutelle, de la colonisation<br />
d’Haïti avec tant d’ardeur, tant de<br />
bonheur, qu’il s’en réjoui chaque fois<br />
que l’occasion se présente.<br />
Quelle idée originale pourraitil<br />
dégager quant à la reconstruction<br />
du pays ? Un président toujours à la<br />
traîne ne peut dégager des idées nouvelles,<br />
des idées originales.<br />
Regardez, comment Préval<br />
s’enlise dans le déblayage et le ramassage<br />
des détritus accumulés après le<br />
passage du séisme. Tandis que l’Etat<br />
possède d’importants matériels, capables<br />
d’exécuter ces travaux, le<br />
gouvernement n’arrive même pas à<br />
mobiliser toutes ces ressources pour<br />
lancer le pays dans la reconstruction<br />
véritable. C’est écœurant d’entendre<br />
à longueur de journée des discours<br />
creux sur la quantité de mètres cubes<br />
de décombres amoncelés partout dans<br />
les départements gravement endommagés<br />
par la catastrophe.<br />
Le président a eu à dire au cours<br />
de cette interview : « Ce qu’on ne voit<br />
pas ce sont les trains qui arrivent à<br />
l’heure, il n’a pas eu d’épidémies, il<br />
n’y a pas eu de désordre et tout cela<br />
c’est grâce à l’aide internationale et<br />
aux ONG ». Se targuant des félicitations<br />
d’un George W. Bush et d’un<br />
Leonel Fernandez, qui le considèrent<br />
comme, démocrate, grand rassembleur<br />
et grand gestionnaire, Préval croit que<br />
ces mensonges sont des vérités. Il ne<br />
voit même pas que c’est sa catastrophique<br />
gestion du pays accélérant le processus<br />
de marginalisation, d’exclusion<br />
et de paupérisation des masses citadines<br />
et paysannes, tellement bien<br />
appréciée par l’impérialisme, qui le<br />
pousse à liquider la vie de son peuple<br />
pour faire le bonheur du néolibéralisme.<br />
Le président Préval attend<br />
impatiemment les 11 milliards de<br />
promesses faites par ses amis de la<br />
communauté internationale. C’est la<br />
raison pour laquelle il a mis tous ses<br />
œufs dans ce seul panier contenant<br />
les 11 milliards de dollars. A sa connaissance<br />
seulement 985 millions<br />
ont été décaissés, dans le cadre des<br />
projets de la CIRH. Il a annoncé que<br />
la Banque de la République d’Haïti<br />
(BRH) est disposée à investir 200 millions<br />
de dollars dans la reconstruction<br />
de l’administration publique. Nul ne<br />
sait s’il s’agit d’une injection de dollars<br />
pour reconstruire les infrastructures<br />
ou si ces dollars seront dépensés pour<br />
réformer l’administration. Le président<br />
de la République d’Haïti n’ayant pas<br />
parlé aux Haïtiens pour les Haïtiens,<br />
mais aux étrangers. Nul souci que<br />
le peuple soit informé sur les faits et<br />
gestes des institutions étatiques.<br />
Aucune véritable politique de<br />
reconstruction n’a été précisée par<br />
le président qui parle à tout bout de<br />
champ de « refondation » sans arriver<br />
à définir ce concept pour lui donner<br />
vie. Il n’a jamais dit ce qu’il comptait<br />
faire des sinistrés-déplacés éparpillés<br />
partout.<br />
Pour les élections qui devraient<br />
se dérouler dans trois mois, Préval<br />
s’est contenté de dire « que le 28<br />
novembre est une date constitutionnelle.<br />
C’est le dernier dimanche de la<br />
cinquième année de la présidence.<br />
L’essentiel est que plus de gens aillent<br />
voter. J’ai demandé aux Nations Unies,<br />
à M. Ban Ki-Moon d’envoyer une<br />
équipe d’experts pour évaluer la faisabilité<br />
des élections. Je ne suis pas un<br />
expert en élections. J’ai demandé des<br />
experts internationaux qui m’ont dit<br />
que tout sera prêt le 28 novembre ».<br />
Cette interview était aussi une<br />
opportunité pour le chef de l’Etat de<br />
présenter, Jude Célestin, le candidat de<br />
l’INITE aux élections présidentielles. La<br />
grande question qu’il faut lui poser est<br />
la suivante : La présentation de Jude<br />
Célestin par son père spirituel et aussi<br />
le fait par lui de profiter des ressources<br />
de l’Etat ainsi que de « l’aide » nécessaire<br />
du CEP de Dorsainvil inféodé au<br />
pouvoir, suffisent-ils à faire gagner le<br />
candidat officiel, Jude Célestin ? Préval<br />
a vécu les glorieux moments pendant<br />
lesquels le peuple a combattu le CEP<br />
de Max Mathurin, pour faire échec au<br />
complot électoral. Le chef d’Etat sait<br />
fort bien que sa gestion d’exclusion<br />
sociale, l’entraîne dans l’absolue impopularité,<br />
que rien du tout ne peut<br />
sauver son candidat qui ne récoltera<br />
que des miettes, si des élections viennent<br />
à avoir lieu.<br />
Le secrétaire général de l’OEA,<br />
Ricardo Seitenfus, qui était venu à la<br />
rescousse du CEP de Gaillot, se voit<br />
aujourd’hui acculé à parler la parole de<br />
la modération, une parole proverbiale.<br />
N’a-t-il pas dit : « C’est un processus<br />
pour moi inédit, d’abord il y a toujours<br />
des revendications, lorsqu’il y a<br />
des élections partout. » N’est-ce pas<br />
que son optimisme commence à se<br />
dénaturer en scepticisme ! Pourtant,<br />
le président du CEP, Gaillot Dorsainvil,<br />
au fur et mesure que le jour J approche,<br />
devient de plus en plus optimiste. Le<br />
lundi 13 septembre, il s’est expliqué<br />
ainsi dans une conférence de presse<br />
« Actuellement plusieurs missions<br />
sont dans les différents départements<br />
afin de procéder au tirage au sort permettant<br />
de nommer les 10.000 membres<br />
des bureaux de vote ».<br />
4<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Twa fèy Twa rasin O!<br />
Les couilles trop molles du président Obama<br />
Par Fanfan Latulipe<br />
« C’est un esprit eunuque, la couille<br />
lui manque, il n’a jamais pissé que<br />
de l’eau claire »<br />
(Gustave Flaubert, Correspondance)<br />
Le dimanche 1 er octobre de cette<br />
année, l'extravagante et peu save<br />
Sarah Palin lançait sur Fox News<br />
une couillante et couillonante petite<br />
phrase qui fera date dans l'histoire<br />
de la couillologie: le problème de Barack<br />
Obama sur l'immigration, c'est<br />
« qu'il n'a pas de couilles » a-t-elle<br />
lancé. De façon plus précise, elle a eu<br />
à dire: « Jan Brewer a les cojones que<br />
notre président n'a pas pour protéger<br />
tous les Américains, pas seulement<br />
les Arizoniens ». Jan Brewer<br />
est cette gouverneure républicaine<br />
d’Arizona bien couillue, et bien<br />
poilue qui défend une loi très controversée<br />
permettant aux policiers<br />
d’intensifier les contrôles des immigrés<br />
soupçonnés d’être clandestins.<br />
Fort à propos, puisque l’essentiel des<br />
clandestins en Arizona provenant du<br />
Mexique, Sarah Palin a utilisé là le<br />
mot espagnol, cojones, qui désigne<br />
les testicules. C’était d’autant plus<br />
smart, d'autant plus «habile» de sa<br />
part que nombre de Latinos pourront<br />
convenir, sans être d'accord pour<br />
autant avec Brewer, du fait que Barack<br />
Obama n’a pas (encore) tenu sa<br />
promesse d’une réforme fondamentale<br />
de l’immigration.<br />
Je ne sais si Sarah Palin court<br />
encore après ce qui lui manque pour<br />
la rendre heureuse - je le dis sans<br />
arrière pensée - mais il me semble<br />
qu'avec son président elle n'y est<br />
pas allée de main morte, ou plutôt de<br />
couille morte. Je serais plutôt porté à<br />
penser que M. Obama porte bien des<br />
boules sauf qu'il les a politiquement<br />
trop molles. Du moins qu'il s'est<br />
laissé ramollir les roustons par cette<br />
oligarchie aristo de la politique étatsunienne<br />
qui l'a poussé sur le devant<br />
de la scène pour donner le change<br />
après la catastrophique gestion du<br />
sinistre tandem Bush-Cheney, pour<br />
porter le fardeau de la déconfiture<br />
économique boulshito-bushiste,<br />
booster l'ego des Noirs et créer une<br />
illusion d'«espoir» et de «changement».<br />
Un vrai tour de prestidigitation<br />
!<br />
Une fois Obama assermenté,<br />
Paul J. Jourdan<br />
Attorney at Law<br />
1 Hillel Place, Suite 3C<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
Phone:<br />
(718) 859-5725<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Luis Posadas Carriles,<br />
ex-agent de CIA assassin granrak<br />
Les parents politiques proches et éloignés de<br />
Barack Obama<br />
et indépendamment de ses qualités<br />
intrinsèques, il lui a été rappelé<br />
par l'establishment pro-guerre, proisraélien,<br />
pro-banques, pro-culs<br />
riches, pro-zuzu-zizi-zaza-zèzè qu'il<br />
allait devoir jouer une partition au<br />
goût de Wall Street et du Pentagone.<br />
Dès lors, avait commencé le processus<br />
de ramollissement des roupettes<br />
d'Obama. Face à la fureur testiculoramollissante<br />
des mafieux cubanoaméricains<br />
de Miami et du lobby pro-<br />
Israël, Obama n'a eu d'autre choix que<br />
de se laisser masser, rouler, pétrir et<br />
ramollir les roubignolles. Après avoir<br />
rempli le bol des Noirs en général, la<br />
calebasse des électeurs démocrates<br />
et la soupière d'une Europe quasiment<br />
médusée - les Allemands surtout<br />
- par ce Noir éduqué, beau parleur,<br />
plus beau charmeur que rossignol,<br />
Obama a été soumis à un processus<br />
soutenu de «ball softening», de ramollissement<br />
des couilles. Au fur et<br />
à mesure les signes de mollification<br />
se manifestaient au grand dam des<br />
«liberals», surtout des libéraux plus<br />
Le visage repoussant d’Orlando<br />
Bosch. Affreux terroriste.<br />
Lawrence Summers (à gauche) et Timothy Geithner,<br />
les deux mimi miaw d’Obama<br />
Susan Rice (à droite): aussi perverse et « fauconne» que<br />
Condoleeza Rice.<br />
à gauche, des «gauchers», m'avait<br />
dit une fois une charmante dame à<br />
l'humour un peu gauche.<br />
D'abord, tournant le dos aux<br />
propriétaires de maisons happés par<br />
la machine infernale des subprimes,<br />
ces crédits à risque, à taux plus élevé<br />
pour l’emprunteur, Obama a ouvert<br />
grands les bras aux banquiers de<br />
Wall Street, qui en ont reçu à se péter<br />
le zizi. Il s'est même entouré des<br />
même mimi miaw responsables de<br />
la débâcle financière, les Lawrence<br />
Summers, Timothy Geithner et autres<br />
culs dollarés qui ont eu pour<br />
tâche de faire le sere-grese nécessaire<br />
aux fins de renflouer la barque<br />
des Freddie Mac, Fannie Mae et autres<br />
chenapans financiers en fauxcol.<br />
Surtout, il ne fallait pas déplaire<br />
au complexe militaro-industriel, au<br />
monde de la politique, des affaires,<br />
et du lucre.<br />
C’est bien l’administration<br />
d’Obama qui a décidé, en 2009,<br />
de mettre en application le plan de<br />
l’administration Bush de développer<br />
à grande jèd la présence militaire<br />
directe des Etats-Unis sur le terrain<br />
en Colombie avec la construction de<br />
sept bases militaires, et de réactiver<br />
la Quatrième Flotte au large des eaux<br />
territoriales de l’Amérique Latine.<br />
Cette Flotte avait été mise au rancart,<br />
dissoute, depuis une bonne soixantaine<br />
d’années. Ces deux mesures<br />
ont été justifiées par la «lutte contre<br />
la drogue». Les presse-couilles du<br />
Pentagone s'activent à ramollir le<br />
président par le bas, par son bout<br />
délicat, car au bout du compte il<br />
faut bien resserrer le nœud coulant<br />
autour du cou des empêcheurs de<br />
tourner en rond que sont les frères<br />
Castro, leur cousin du Venezuela,<br />
leur filleul de Bolivie et leur neveu<br />
de l'Equateur.<br />
Pour un Obama qui en tant que<br />
sénateur avait voté contre la guerre<br />
d'Irak, on est surpris de voir que son<br />
programme militaire a cherché à élargir<br />
la guerre [«contre le terrorisme»]<br />
à de nouvelles frontières. Avec une<br />
nouvelle équipe de conseillers militaires<br />
et de conseillers en politique<br />
étrangère, le programme de guerre<br />
d'Obama a été bien plus efficace<br />
dans la promotion de l'escalade militaire<br />
que ne l'a été celui des néoconservateurs.<br />
«Depuis les débuts de la<br />
présidence d'Obama ce projet militaire<br />
mondial est devenu de plus en<br />
plus omniprésent, avec le renforcement<br />
de la présence militaire étatsunienne<br />
dans toutes les grandes<br />
régions du monde ainsi que le développement<br />
de systèmes d'armement<br />
perfectionné dans des proportions<br />
sans précédent», écrivait Michel<br />
Chossudovsky (L’aut’Journal 15 octobre<br />
2009). Les ramollissements de<br />
couille ont justement forcé Obama<br />
à capituler devant l'ogre militaroindustriel.<br />
On se souvient assurément du<br />
coup d’état de juin 2009 au Honduras.<br />
Dès l'annonce de la salopritude<br />
entreprise par les militaires, Obama<br />
se déclarait «préoccupé » par la situation,<br />
mais le système presse-couille<br />
bien rodé allait indiquer au président<br />
la bonne voie à suivre. Les manœuvres<br />
et intrigues diplomatiques<br />
étaient déjà en train pour d'une part<br />
ramollir davantage les parties nobles<br />
du «Commander in Chief» et d'autre<br />
part pour fausser de la façon la plus<br />
conservatrice et démobilisatrice possible<br />
tout processus visant à restituer<br />
le président Manuel Zelaya dans ses<br />
fonctions. On sait ce qu'il advint :<br />
le 30 octobre 2010, un accord grotesque<br />
bouyivide fut présenté comme<br />
le moyen de «faciliter» le retour<br />
du président renversé. Washington<br />
et son régime «de facto’» écartèrent<br />
Zelaya sans ménagement, soutinrent<br />
les résultats des élections du 29<br />
novembre 2009 tenues sous l’égide<br />
du régime putschiste, et « facilitèrent»<br />
ainsi la voie à un dyòl bòkyèr<br />
des leurs, un certain aloufa de<br />
l’aristocratie terrienne hondurienne,<br />
du nom de Porfirio Lobo Sosa, papa<br />
Lobo, papa Loco, papa bobo, papa<br />
bocolobobo.<br />
Des pourparlers entre Washington<br />
et la Havane sur les lois<br />
et les procédures qui régissent<br />
l’immigration avaient été programmés<br />
pour décembre 2009 et par la<br />
suite interrompues unilatéralement<br />
par l’administration Bush. Ils ont<br />
été repoussés par l’administration<br />
d’Obama lors d’une première rencontre<br />
en juillet 2009. Jusqu’à<br />
aujourd’hui, Washington a ignoré<br />
l’offre de Cuba de développer des négociations<br />
bilatérales pour parvenir à<br />
des accords sur des questions comme<br />
la lutte contre le trafic de drogue et<br />
le terrorisme, ainsi que de collaborer<br />
et de coopérer à l’état d’alerte et aux<br />
secours d’urgence en cas de violences<br />
de Mère Nature. Les couilles un<br />
peu plus ramollies, Obama n'a pas<br />
pu crier haro sur le Baudet israélien<br />
quand la juiverie de Tel Aviv s'est offerte<br />
en un hideux spectacle lors de<br />
l'attaque nocturne d'une flottille humanitaire<br />
turque qui s'est soldée par<br />
quelque dix-neuf morts.<br />
A l'égard de Cuba, Obama a<br />
sans doute tenu sa promesse de<br />
campagne de supprimer les restrictions<br />
de voyages pour les Américains<br />
originaires de Cuba, il a facilité (au<br />
compte-gouttes) l’entrée aux Etats-<br />
Unis d’universitaires, d’artistes et<br />
de scientifiques cubains et a permis<br />
à leurs homologues américains et<br />
aux particuliers de se rendre à Cuba<br />
à l’invitation de Cuba, mais ce n'était<br />
que poudre aux yeux du grand public,<br />
poud Parami, poud lanmidon,<br />
poud santi bon. C'était une parade<br />
pour donner l'impression qu'un<br />
«changement» était en cours mais<br />
qu'en contrepartie Cuba allait devoir<br />
changer aussi, toutefois dans le sens<br />
de Madame Susan Rice, ambassadrice<br />
des US aux Nations Unies, dans<br />
le sens de Madame Hillary, dans le<br />
sens de terroristes cubains tels Orlando<br />
Bosch et Luis Posadas Carriles<br />
- tous deux d’anciens employés de<br />
la CIA. Soumis à des séances continues<br />
de presse-couilles, Obama n'est<br />
même plus une coucouille capable<br />
de s'éclairer de sa propre phosphorescence<br />
et il ne lui reste plus qu'une<br />
boubouille de graine, une chose en<br />
labouyi.<br />
On sait alors pourquoi les Cinq<br />
Cubains victimes d'un ignoble jugement<br />
à Miami pourrissent encore<br />
en taule puisque «l'opinion des jurés<br />
lors du procès de ces Cinq a été<br />
influencée par les reportages de<br />
journalistes corrompus, et le verdict<br />
en a été faussé, ce qui était le<br />
but recherché ! L'opinion publique<br />
sest forgée sur des renseignements<br />
intentionnellement erronés, et les<br />
juges de la cour d'appel d'Atlanta<br />
n'ont probablement pas échappé à<br />
cette désinformation» (Jacqueline<br />
Roussie, Libération des cinq cubains<br />
: Lettre de juillet [2010] au Président<br />
Obama). Obama le sait, d'autant que<br />
son Procureur général Eric Holder<br />
a été mis au courant du «travail<br />
d'investigation de dix huit mois du<br />
Comité National nord-américain<br />
pour la Libération des Cinq [relatif<br />
à] une grave histoire de corruption<br />
de journalistes de Floride […] lors<br />
du procès des membres du réseau<br />
Avispa* à Miami [ils avaient été]<br />
achetés par le gouvernement fédéral<br />
de Floride» (Roussie, ibid).<br />
Il suffirait d'un trait de plume<br />
d'Obama, d'une signature au bas<br />
d'une clémence présidentielle pour<br />
que les Cinq soient libérés. Mais<br />
Obama a la trouille d'autant qu'il ne<br />
lui reste plus que deux petites misérables<br />
citrouilles en lieu et place<br />
de ses deux couilles, deux douilles<br />
testiculaires que lui ont laissées ces<br />
andouilles, ratatouilles et grenouilles<br />
de Miami. O saint André papa !patron<br />
des ramollis, des ramollitudes,<br />
des labouyitudes, et de toutes les<br />
boulchitudes, ayez pitié de lui !<br />
Ndlr. *Réseau « Avispa» (Réseau<br />
«Guêpe»). Les Cinq étaient des<br />
agents cubains qui faisaient partie de<br />
ce réseau. Ils avaient été envoyés dans<br />
les années quatre-vingt-dix à Miami<br />
par leur gouvernement pour infiltrer les<br />
groupes terroristes de Floride et prévenir<br />
les attentats contre leur pays.<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 5
Kwonik Kreyòl<br />
Sitin Fanmi Lavalas devan KEP la Pike pikèt sinistre 12<br />
Mèkredi 8 Septanm 2010 la,<br />
Komisyon pèmanan mobilizasyon<br />
Fanmi Lavalas te òganize<br />
yon pikèt devan lokal Konsèy elektoral<br />
pwovizwa a (KEP) koupyon<br />
Gaillot Dorsainvil ap dirije a, ki chita<br />
Petyonvil, pou mande revokasyon<br />
tout manm konsèy sa a, k ap prepare<br />
yon konplo kont demokrasi,<br />
kont volonte popilè a nan peyi<br />
Dayiti. Pandan anviwon 2 zèd tan,<br />
plizyè santèn manm, patizan ak<br />
senpatizan pati politik Fanmi Lavalas<br />
t ap chante, voye anpil pawòl<br />
piman bouk kont Rene Preval, KEP<br />
Dorsainvil la, reprezantan fòs okipasyon<br />
an, Edmond Mulet, reprezantan<br />
OEA, Ricardo Seitenfus ak chèf<br />
delegasyon OEA/Karikom lan, Colin<br />
Granderson.<br />
Manm Fanmi Lavalas yo te<br />
revandike byen fò retou fizik lidè<br />
yo ansyen prezidan Jean Bertrand<br />
Aristide ak entegrasyon yo nan zafè<br />
politik peyi a, ak yon lòt KEP pèp la<br />
fè konfyans. Sou tout miray devan<br />
lokal KEP la, manifestan yo te ekri : «<br />
Aba KEP restavèk Gaillot Dorsainvil<br />
la, Aba Rene Preval, Viv retou Aristide,<br />
Aba tout eleksyon/seleksyon”.<br />
Manifestan yo t ap chante konsa :<br />
« Fò eleksyon tounen maklouklou<br />
nan dèyè Preval ».<br />
Pòtpawòl komisyon pèmanan<br />
mobilizasyon Fanmi Lavalas, Ansyto<br />
Felix te deklare: “ Komisyon<br />
mobilizasyon an kwè, jodi a li enpòtan<br />
pou tout gason ak fanm vanyan<br />
peyi Dayiti, militan politik ki pa<br />
Manm Fanmi Lavalas yo te revandike byen fò retou fizik lidè yo ansyen<br />
prezidan Jean Bertrand Aristide ak entegrasyon yo nan zafè politik peyi a,<br />
ak yon lòt KEP pèp la fè konfyans<br />
vann tèt yo ak plan lanmò Preval la<br />
; manman, papa pitit k ap sibi tout<br />
kalte imilyasyon ak tribilasyon anba<br />
tant ak moso twal sal, kote pitit yo<br />
pa ka al lekòl, yo pa jwenn swen lasante<br />
pa kite Rene Preval itilize yo<br />
kòm ouvriye politik yon fason pou l<br />
kontinye piye richès peyi a, sou do<br />
pèp ayisyen an. »<br />
N ap raple w, komisyon pèmanan<br />
mobilizasyon Fanmi Lavalas,<br />
ki genyen nan tèt li yon seri<br />
militan, ki pa abolotcho, ki rete sou<br />
lide, doktè Jean Bertrand Aristide<br />
atravè komite egzekitif, Maryse<br />
Narcisse ap dirije a, deja òganize<br />
plizyè sitin devan anbasad Etazini,<br />
biwo OEA an Ayiti, anbasad Lafrans<br />
ak devan lokal KEP la pou egzije revokasyon<br />
KEP desklizyon Gaillot<br />
Dorsainvil ap dirije a, mande kominote<br />
entènasyonal la pa finanse<br />
okenn maskarad elektoral nan peyi<br />
Dayiti, reklame bonjan eleksyon san<br />
esklizyon, ak patisipasyon tout Ayisyen,<br />
Mobilizasyon komisyon an ap<br />
rapouswiv pou fòse tout manm KEP<br />
la k ap naje nan kòripsyon, vyolasyon<br />
konstitisyon 1987 la, lwa<br />
elektoral la, k ap resevwa lòd nan<br />
men Rene Preval pou prepare yon<br />
eleksyon bouyivide, remèt demisyon<br />
yo pou pita pa pi tris.<br />
Yves Pierre-Louis<br />
11 Septanm 1988: Pèp la pap janm bliye l<br />
11 septanm 2010 la, sa fè<br />
22 lane depi brasawouj, kriminèl<br />
Franck Romain yo, te fè yon masak<br />
sou fidèl legliz Saint-Jean Bosco yo,<br />
kote pè Jean Bertrand Aristide t ap<br />
preche yon levanjil liberasyon ak<br />
Tewoloji liberasyon an. Nan moman<br />
sa a, pè Jean Bertrand Aristide<br />
te koupe fache ak mòd levanjil<br />
ki t ap preche reziyasyon, ki t ap<br />
sipòte yon sistèm gwo vale piti.<br />
Fòs fènwa, reyaksyonè yo ki pa t<br />
vle pèp la pran sewòm liberasyon<br />
sa a, yo te voye touye l, pou yo<br />
te ka toufe lit pèp ayisyen an t ap<br />
mennen kont diktati, kont dominasyon,<br />
kont enjistis e anfavè dwa<br />
alapawòl, libète pou tout moun<br />
Yon moniman pou Antoine ak George Izmery<br />
janvye yo devan Primati a<br />
Manifestan yo fè konnen y ap kontinye mobilizasyon an<br />
jiskaske gouvènman<br />
Vandredi 10 septanm 2010 la,<br />
plizyè santèn viktim tranblemanntè<br />
12 janvye pase a, te patisipe<br />
nan sitin komite inisyativ rezistans<br />
kont espilsyon fòse deplase<br />
entèn yo, te òganize devan lokal<br />
Biwo Premye minis lan, Jean Max<br />
Bellerive, ki chita Bisantnè, nan ansyen<br />
lokal anbasad Etazini an. Objektif<br />
pike pikèt sa a, se te pou fòse<br />
gouvènman manfouben Preval/Bellerive<br />
la fè kay pou moun deplase<br />
yo, denonse menas k ap fèt sou<br />
deplase entèn yo, fòse Leta pran responsabilite<br />
konstitisyon 1987 la ba<br />
li, selon atik 22 ak 32 manman lwa<br />
peyi a. Plizyè delegasyon te sòti nan<br />
divès kan, kote sinistre yo ap trennen<br />
lajounen kou lannwit, kouwè :<br />
kan Babankou 2, ki chita sou wout<br />
ayewopò, kan Mezyan, Sant ebèjeman<br />
Teran Nway, nan Site solèy,<br />
Imakile deplase, kwadèboukè, karade,<br />
kafou, Delma, Petyonvil, kafoufèy,<br />
Ayewopò elatriye, te pase<br />
anviwon 2 zèd tan ap plenyen sò yo<br />
bay dirijan yo nan peyi a.<br />
Sou pankat manifestan kan I<br />
Duval 33, ki chita zòn Kwadèboukè,<br />
tout moun t ap li : « Si nou pa leve<br />
kanpe pou n defann dwa nou pa<br />
gen pèsonn k ap fè l pou nou. » Sou<br />
plizyè lòt pankat, pwotestatè yo te<br />
ekri : « Nou pa pral nan seleksyon,<br />
nou pa pral nan eleksyon anba<br />
prela, anba moso dra sal, kay pou<br />
tout viktim 12 janvye yo, travay<br />
pou sinistre yo, lekòl pou timoun,<br />
ONG yo ak gouvènman Preval/Bellerive<br />
la sispann fè lajan sou do sinistre<br />
yo »<br />
Suite à la page (15)<br />
BOUKAN<br />
101.9 FM • SCA<br />
Radyo Pa Nou<br />
Emisyon KAKOLA<br />
Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti<br />
• Nouvèl •<br />
• Analiz •<br />
• Kòmantè •<br />
• Deba •<br />
Pou yon Ayiti Libere<br />
(917) 251-6057<br />
www.RadyoPaNou.com<br />
Mèkredi 9-10 pm<br />
pale libelibè.<br />
22 lane aprè enpinite a toujou<br />
ap reye, viktim 11 septanm<br />
1988 yo pa janm jwenn timoso lajistis,<br />
pandan asasen yo kontinye<br />
ap mache lib anba 2 grenn je otorite<br />
yo. Nan okazyon 11 septanm<br />
2010 la, yon gwoup fidèl Saint-<br />
Jean Bosco t al depose yon jèb flè<br />
nan pye moniman Antoine Izmery<br />
ki chita anfas legliz Sakrekè a, nan<br />
Tijo. Kèk nan fidèl sa yo te deklare:<br />
« 11 septanm sa a se yon jou<br />
madichon, nou pap janm bliye<br />
nan lavi nou, se yon jou nou pa<br />
ka bliye, se yonn nan rezon ki fè<br />
n toujou chwazi jou madichon sa<br />
a pou n komemore l, pou tout sa<br />
nou te viktim 11 septanm, 11 septanm<br />
se te yon jou dife, se te yon<br />
jou madichon, ki te mete tout pèp<br />
la nan soufrans. Lè pè Titid t ap<br />
preche tewoloji liberasyon n, nou<br />
te genyen yon revandikasyon, ki<br />
te manje pou tout moun, kay pou<br />
tout moun, travay pou tout moun,<br />
sante pou tout moun, lekòl pou<br />
tout timoun, genyen anpil zòrèy<br />
ki pa t vle tande mo sa yo.<br />
Ebyen, mo sa yo te fè anpil<br />
moun mal, alepòk, yo vini masakre<br />
nou, anndan legliz la, menm yon<br />
fi ki te ansent pa t epanye, li te<br />
oblije fè yon akouchman avan lè l,<br />
paske kout frenn lan te travèse fi<br />
an, travèse timoun lan anndan l.<br />
Anpil moun te mouri, anpil moun<br />
te viktim jou 11 septanm sa a »<br />
Selon fidèl Saint-Jean Bosco<br />
yo, sa k te vin fè yo pi mal, se dat<br />
11 septanm 1993, menm atoufè<br />
san manman sa yo te touye yon<br />
gwo sipòtè lit pèp ayisyen an, Antoine<br />
Izmery devan legliz Sakrekè<br />
a, aprè yo te fin rale l nan legliz<br />
la, trennen l nan lari a krible l ak<br />
bal. Fidèl yo di yo pap janm bliye<br />
dat madichon sa a, e yo kontinye<br />
ap mande jistis pou tout viktim yo.<br />
Men daprè anpil moun k ap reflechi,<br />
Leta sa a ki la a pap janm<br />
bay viktim yo jistis, se batay pou<br />
mete yon lòt Leta kanpe pou bay<br />
tout viktim Leta boujwa sa a jistis,<br />
jan sa fèt nan anpil lòt peyi sou<br />
late.<br />
Yves Pierre-Louis<br />
Konbit Ayisyen pou Kore Lakay (KAKOLA) ak International Support <strong>Haiti</strong> Network<br />
ap envite nou nan yon fowòm sou koudeta an Ayiti, dimanch 26 septanm 2010 a<br />
6 è nan lapremidi, nan lokal Ayiti Libète.<br />
<br />
1991 la. Poukisa meriken te poze zak sa a pa lentèmedyè militè yo; kijan pèp la<br />
<br />
an 2004 pou abouti sou twazyèm okipasyon peyi Dayiti.<br />
<br />
novanm yo?<br />
Vini an foul fè tande vwa nou!<br />
Dimanch 26 septanm 2010, 6 è p.m.<br />
Nan lokal Haïti Liberté<br />
1583 Albany Ave ( kwen Gleenwood Road)<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
Antre Gratis!<br />
Pou plis enfòmasyon rele<br />
<br />
Osnon E-mail konbitla@yahoo.com<br />
6<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Perspectives<br />
Election présidentielle :<br />
des rencontres inopportunes<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Certains, et pas des moindres,<br />
s'interrogent sur l'initiative du<br />
Président René Préval de rencontrer<br />
tous les 19 candidats à la présidence<br />
de la République avant le scrutin du<br />
28 novembre prochain. D'autres ne<br />
vont pas par quatre chemins et se<br />
demandent même quel plan machiavélique<br />
le chef de l'Etat a derrière<br />
la tête en tentant de recevoir un à<br />
un, et de manière très informelle,<br />
ces prétendants à la magistrature<br />
suprême. Comme d'habitude, son<br />
initiative ne laisse pas la société<br />
indifférente. Quant aux intéressés<br />
eux-mêmes, les candidats, c'est la<br />
grande déchirure.<br />
Puisque une partie d'entre<br />
eux avait répondu favorablement à<br />
l'invitation du Président de la République,<br />
dont Mme. Mirlande Manigat,<br />
et l'autre partie, ce qu'on appelle<br />
le « camp du refus» conduit par<br />
Jean Henri Céant, le premier à s'être<br />
opposé à ce qu'il considère comme<br />
une « mascarade et un piège » y voit<br />
une tentative de manipulation de la<br />
part du chef de l'Etat. Entre temps,<br />
dans les médias, le débat entre les<br />
pour et les contre s'intensifie au<br />
fur et à mesure que les candidats<br />
déclinent ou acceptent l'offre de<br />
venir dialoguer avec le Président.<br />
Certains candidats, ceux ayant accepté<br />
de s'asseoir, comme avait fait<br />
l'ex-candidat Wyclef Jean, autour<br />
d'une tasse de café avec le chef de<br />
l'Etat, estiment ne voir aucun inconvénient<br />
à prendre connaissance des<br />
grands dossiers de l'Etat bien avant<br />
qu'ils ne soient élus Président de la<br />
République.<br />
Aspirant à en devenir, ils trouvent<br />
normal, voire une obligation, et<br />
pour d'autres, un honneur de commencer<br />
à parler d'égal à égal avec<br />
celui qui détient jusqu'au 7 février<br />
prochain le pouvoir exécutif dans<br />
ce pays. Mais à écouter Mme. Mirlande<br />
Manigat, on a du mal à croire<br />
que de grandes choses ont été discutées.<br />
D'abord, jouant sur la confidentialité<br />
de la rencontre qui s'est<br />
déroulée dans sa résidence de Marin<br />
en Plaine, la candidate Manigat refuse<br />
de révéler la teneur de la conversation,<br />
prétextant qu'il s'agissait<br />
d'une rencontre privée et se contentant<br />
de dire qu'elle et le Président<br />
Préval n'ont abordé que les grands<br />
dossiers de l'Etat. Il faut dire tout de<br />
suite que ces fausses explications de<br />
Mme. Manigat n'ont convaincu personne,<br />
à commencer par l'homme<br />
de la rue.<br />
Justement, la rencontre avec<br />
un autre prétendant, en l'occurrence,<br />
Charles Henri Baker, semble s'être<br />
déroulée dans une autre ambiance,<br />
une toute autre atmosphère. Et pour<br />
cause, dès sa sortie de chez le Président,<br />
Baker s'est précipité pour tout<br />
raconter dans la presse. Et l'on peut<br />
croire que ce qu'a révélé ce candidat<br />
est plus proche de la motivation du<br />
Palais National. L'invité du chef de<br />
l'Etat a révélé que le premier souci<br />
du Président de la République demeure<br />
l'après 7 février 2011. Selon<br />
Charles Henri Baker, le Président<br />
René Préval a peur de la rumeur<br />
qui commence à circuler à travers le<br />
pays. Il a peur de l'une des quatre<br />
options qui l'attendent au cas où il<br />
tenterait de manipuler le résultat du<br />
scrutin de novembre en faveur du<br />
Jean Henri Céant<br />
candidat de son parti Inité.<br />
Quelles sont ces options ?<br />
Selon un secret de polichinelle, le<br />
Président a toutes les clés entre ses<br />
mains: retourner vivre tranquillement<br />
dans son village de Marmelade,<br />
la prison, l'exil et au pire, la<br />
mort dans la mesure où c'est lui qui<br />
en décidera la suite. Selon Baker, il<br />
n'y a pas eu vraiment évocation de<br />
grands dossiers de l'Etat. L'entrevue<br />
qui s'est déroulée de manière cordiale<br />
et courtoise n'a débouché sur<br />
rien de concret et l'appréhension<br />
qu'il avait avant la rencontre ne s'est<br />
pas dissipée. Au final, le doute et les<br />
craintes du candidat Charles Henri<br />
Baker sur l'attitude du Conseil Electoral<br />
Provisoire vis-à-vis du processus<br />
électoral demeurent inchangés.<br />
Bref, des déclarations qui renforcent<br />
la position des partisans de ceux qui<br />
refusent d'aller rencontrer le Président<br />
avant le scrutin du 28 novembre.<br />
En effet, le « camp du refus »<br />
trouve inopportuns ces genres de<br />
rencontres, estimant que cela aurait<br />
un sens après les élections, pas<br />
avant.<br />
Le candidat Jean Henri Céant<br />
ne voit pas du tout de bon - il des<br />
rencontres en catimini, en tête à<br />
tête avec un Président qui tente, par<br />
tous les moyens, de fausser le jeu<br />
avant même qu'il n'ait commencé.<br />
Néanmoins, se posant en chef de fil<br />
des contestataires, Céant pose ses<br />
conditions. Pour lui, si le chef de<br />
l'Etat souhaite vraiment engager un<br />
dialogue avec tous les candidats à<br />
la présidence de la République dans<br />
le cadre la présidentielle de novembre,<br />
il doit les inviter collectivement<br />
à une rencontre publique. Ces têteà-têtes<br />
purement démagogiques<br />
ne déboucheraient sur rien, sinon<br />
qu'à semer davantage de confusion<br />
dans l'esprit de la population et de<br />
permettre au Président de jouer au<br />
grand démocrate pendant qu'il bafoue<br />
et piétine le principe élémentaire<br />
de la pluralité, en excluant des<br />
partis politiques aux compétitions<br />
électorales.<br />
Si certains posent les questions<br />
de fond pour ces rencontres,<br />
d'autres reviennent sur la forme et<br />
sur la manière dont ces rencontres<br />
sont organisées. On a appris, en effet,<br />
qu'aucun candidat invité à venir<br />
parler avec le chef de l'Etat, n'a<br />
été sollicité de manière formelle et<br />
comme le veut le protocole. Sur la<br />
forme, les candidats ont été tous invités<br />
comme « amis » par une tierce<br />
personne proche du Président. Et de<br />
quelle manière ! C'est par un simple<br />
appel téléphonique que le candidat<br />
s'est vu invité par quelqu'un à venir<br />
voir le chef de l'Etat, soit dans<br />
sa résidence privée sur la route de<br />
Kenskoff ou bien celui-ci se propose<br />
de passer le rencontrer chez lui.<br />
L’ex-candidat Wyclef Jean et le chef de l’Etat, René Garcia Préval<br />
Pour d'autres, c'est encore plus<br />
rigolo. Et là nous avons carrément<br />
affaire avec des collégiens. La nouvelle<br />
technologie aidant, c'est par<br />
SMS, ou texto que des candidats à<br />
la présidence reçoivent un message<br />
d'un téléphone portable inconnu,<br />
leur disant que le Président de la<br />
République souhaiterait les rencontrer<br />
à telle date, à telle heure et à tel<br />
endroit. On comprend maintenant<br />
pourquoi l'ancien Président américain<br />
Bill Clinton, à la fois co-Président<br />
de la Commission Intérimaire pour<br />
la Reconstruction d'Haïti (CIRH),<br />
voulait couvrir le territoire haïtien de<br />
bornes Wifi dans le cadre des actions<br />
urgentes, entrant dans la reconstruction<br />
d'Haïti.<br />
Pas de bol, certains candidats<br />
obscurs qui voulaient faire de cette<br />
rencontre présidentielle un point<br />
fort de leur campagne électorale,<br />
n'ont jamais reçu ce message, faute<br />
de signal relais. Enfin, les critiques<br />
portent aussi sur les lieux où se sont<br />
déroulées les premières rencontres.<br />
L'on se rappelle que le Président René<br />
Préval s'était rendu dans la soirée à<br />
la résidence des Manigat pour les<br />
rencontrer. Ensuite, c'est chez lui ou<br />
au Palais National que la plupart des<br />
autres entretiens ont eu lieu. Or, une<br />
vaste polémique s'est engagée depuis<br />
entre les concurrents sur les différents<br />
endroits, accueillant ces conciliabules.<br />
Pour certains candidats, surtout ceux<br />
ayant participé à ces pourparlers, cela<br />
n'a aucune importance que ces rencontres<br />
aient lieu dans une résidence<br />
privée ou au Palais National.<br />
D'autres, au contraire, soutiennent<br />
qu'il ne s'agit nullement<br />
Le président Correa en<br />
Haïti pour officialiser un<br />
secrétariat de l’Unasur<br />
Le président équatorien Raphael Correa et René Préval<br />
titre de chef d’État équatorien et<br />
À président par intérim de l’Union<br />
des nations sud-américaines (Unasur),<br />
Raphael Correa s’est rendu<br />
le lundi soir 30 aout 2010 à Portau-Prince,<br />
Haïti pour officialiser un<br />
secrétariat technique et politique de<br />
l’Unasur.<br />
Cette structure, dont le siège<br />
sera à l’ambassade argentine, coordonnera<br />
avec le gouvernement haïtien<br />
le plan d’aide de l’Unasur à la<br />
reconstruction du pays, dévasté en<br />
janvier dernier par un fort séisme.<br />
Lors de son deuxième voyage<br />
dans la capitale haïtienne<br />
depuis la catastrophe, le président<br />
de l’Équateur a parlé de la nécessité<br />
de passer « de la parole aux actes<br />
», tout en soulignant l’exemple<br />
que l’Unasur a donné en matière<br />
d’accomplissement des engagements<br />
contractés.<br />
Après avoir tenu une réunion<br />
avec le secrétariat technique de<br />
l’Unasur, Rafael Correa s’est entretenu<br />
avec son homologue haïtien,<br />
René Préval, pour évaluer le<br />
programme d’appui post-séisme de<br />
l’organisme régional. Les deux mandataires<br />
ont parafé l’acte établissant<br />
le secrétariat technique et politique<br />
et le plan d’action qui soutiendra des<br />
projets portant sur l’agriculture, la<br />
sécurité alimentaire, les infrastructures<br />
et la réduction des risques en<br />
cas d’inondations. Avant de quitter<br />
d'affaires personnelles. Si le Président<br />
prenait au sérieux ces rencontres,<br />
il devrait les organiser au Palais<br />
National, lieu par excellence où l'on<br />
discute, décide et prend toutes les<br />
grandes décisions de l'Etat. Dans le<br />
cas d'un scrutin présidentiel, il n'y a<br />
rien de plus sérieux et important que<br />
cela pour le pays. Surtout dans cette<br />
conjoncture politico-économique et<br />
dans le climat de suspicion vis-à-vis<br />
de ce CEP qui va organiser ces joutes<br />
électorales. Ces rencontres ne sont<br />
pas des rencontres entre amis, elles<br />
n'ont rien de privé.<br />
Alors, tout doit se faire dans la<br />
plus grande transparence et de ce fait,<br />
s'organiser en public. Surtout que rien<br />
de concret, paraît-il, n'a été discuté lors<br />
de ces rencontres purement informelles,<br />
sans protocole ni décorum. Une<br />
fois encore, le Président René Préval<br />
trouve un autre moyen pour continuer<br />
à semer la discorde et la confusion<br />
entre les candidats de même qu'au<br />
sein de la population avec des entrevues<br />
dont lui seul pourra être le bénéficiaire.<br />
Sinon, personne, à part lui, ne<br />
voit l'intérêt d'une telle initiative.<br />
Haïti, le président équatorien a visité<br />
des projets soutenus par les efforts<br />
de coopération entre l’Unasur et le<br />
gouvernement haïtien.<br />
Le secrétariat technique et<br />
politique aura à sa tête l’Argentin<br />
Rodolfo Mattarollo, avec le Chilien<br />
Marcel Young comme secrétaire adjoint.<br />
Le nouvel organe accueillera<br />
des fonctionnaires du Brésil, de<br />
l’Argentine, du Venezuela, du Chili<br />
et de l’Équateur.<br />
Le président Correa a promis le<br />
versement de 100 millions $US d’ici<br />
la fin de l’année, qui seront destinés<br />
à la reconstruction. Il a aussi engagé<br />
l’Unasur à offrir une enveloppe<br />
de 200 millions $US à plus long<br />
terme.<br />
Sources:<br />
« Presidente de Ecuador evalúa<br />
ayuda de UNASUR a Haití », Pueblo en<br />
línea, 1 septembre 2010<br />
« Cinco países integrarán Secretaría<br />
Técnica de UNASUR en Haití »,<br />
Prensa latina, 31 août 2010.<br />
« Correa, a Haití por secretaría<br />
de la Unasur », El Universo, 30 août<br />
2010.<br />
« Correa instalará este martes<br />
Secretaría Técnica de la Unasur en Haití<br />
», Telesur, 31 août 2010.<br />
« Correa revisa avance de ayuda<br />
en Haití », La Hora, 31 août 2010.<br />
CEI Canada, 1er septembre 2010<br />
El Correo 8 septembre 2010<br />
NEW HOUSE<br />
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Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 7
Perspectives<br />
Salvador Allende,<br />
exemple de fidélité<br />
au peuple<br />
Salvador Allende, certain de sa mort prématurée, l’embrassa avec<br />
sérénité et tranquillité tout en exprimant son allégeance à son peuple<br />
Par Joël Léon<br />
Depuis neuf ans, l’humanité commémore<br />
deux dates fatidiques.<br />
La dernière en date est celle du 11<br />
septembre 2001, lorsque des terroristes<br />
avaient transformé quatre<br />
avions civils en missiles pour détruire<br />
les deux plus grands symboles<br />
économiques et militaires des Etats-<br />
Unis d’Amérique, le « World Trade<br />
Center » et le « Pentagone », pour<br />
ainsi dire le monde occidental. La<br />
première date de trente sept ans et<br />
ce fut au Chili le 11 septembre 1973,<br />
quand l’oligarchie locale chilienne,<br />
alliée aux forces impérialistes, téléguidées<br />
par Washington, mit fin à<br />
l’expérience progressiste et sociale<br />
unique de ce pays andin. Je me rappelle<br />
cette première fois quand j’ai<br />
assisté à la projection du film « Il<br />
pleut sur Santiago » et qu’on débattait<br />
du coup d’état chilien en Haïti en<br />
1986, après le départ forcé de Jean-<br />
Claude Duvalier du pouvoir. C’était<br />
fascinant, et déjà la perspective de la<br />
répétition de ce qui s’était passé au<br />
Chili me hantait l’esprit.<br />
Très jeune, je répondis à<br />
l’invitation, soit de la « Fédération<br />
nationale des étudiants haïtiens »<br />
(FENEH), soit de l’ « institut mobile<br />
d’éducation démocratique » IMED,<br />
que dirigeaient les militants d’alors,<br />
Victor Benoît, Michel Soukar etc.<br />
pour participer à la projection d’un<br />
film sur le coup d’état militaire chilien,<br />
suivi d’un débat. Des centaines<br />
de jeunes répondirent à l’appel, au<br />
sein du collège Jean Price Mars. Les<br />
voix des résistants pour la nouvelle<br />
Haïti résonnaient en nombres suffisants,<br />
forçant la réaction au bavardage.<br />
Il s’agissait du film « Il pleut sur<br />
Santiago », je n’oublierai jamais ce<br />
jour-là, ni le titre de ce film. Venceremos,<br />
venceremos, venceremos !<br />
Nous vaincrons, était sur toutes les<br />
lèvres, pendant que l’armée d’Haïti<br />
patrouillait les rues adjacentes.<br />
Après le départ des Duvalier,<br />
le département d’Etat avait remis le<br />
pouvoir aux forces armées d’Haïti,<br />
sous prétexte qu’elles étaient la seule<br />
force institutionnalisée du pays, en<br />
fait la seule capable de garantir la<br />
continuité du statu quo. Les masses,<br />
sous la direction des organisations<br />
populaires et de certains intellectuels<br />
de gauche, rejetaient le « duvaliérisme<br />
sans Duvalier » imposé par<br />
Washington. La situation d’Haïti<br />
était semblable à celle du Chili de<br />
Salvador Allende sur beaucoup de<br />
points. Les militaires parachutés au<br />
pouvoir s’étaient vite transformés<br />
en bourreaux du peuple haïtien. Ils<br />
véhiculaient un message réactionnaire<br />
axé, sur un anticommunisme<br />
primaire, défendant ouvertement les<br />
intérêts de l’oligarchie rétrograde.<br />
Ils installèrent un régime de terreur<br />
dans le pays où la persécution<br />
politique était permanente, la torture<br />
pratiquée sur grande échelle,<br />
des cas de disparitions enregistrés,<br />
des massacres, ajouter à cela, les<br />
attaques répétées contre la presse<br />
indépendante et qui se multipliaient<br />
quotidiennement. Donc, le film « Il<br />
pleut sur Santiago » projetait notre<br />
présent et futur en tant que fer de<br />
lance du mouvement revendicatif<br />
d’avant et d’après 1986.<br />
Au collège Jean Price Mars, les<br />
jeunes étudiants que nous étions,<br />
allaient prendre conscience de ce<br />
qui nous attendait à partir de notre<br />
choix politique. La répression qui<br />
s’abattait sur le Chili après le coup<br />
d’état était effrayante, arrestations<br />
et tortures dans le stade, exécutions<br />
sommaires, disparitions…tous<br />
ces actes fascistes raffermissaient<br />
d’avantage notre foi patriotique.<br />
Nous étions des romantiques, nous<br />
rêvions de révolution, de la fin de<br />
l’exploitation de par l’homme, et<br />
surtout de la naissance d’une société<br />
équitable. Nous entendions nous<br />
battre pour la matérialisation de ces<br />
idées. Jeunes que nous étions, ce<br />
furent nos tribulations du 11 septembre<br />
1973 à nous en Haïti.<br />
Ce jour-là, j’écoutais parler le<br />
grand poète chilien Pablo Neruda,<br />
expliquant à sa femme son mariage<br />
d’amour avec le peuple chilien et<br />
comment la lutte des classes avait<br />
atteint son paroxysme au Chili, un<br />
mariage sans divorce. Je me suis<br />
marié depuis lors avec la lutte des<br />
pauvres sur tous les coins de la<br />
terre. 24 ans après, je suis toujours<br />
resté fidèle à cet engagement de<br />
militant, je m’en sens fier et m’en<br />
enorgueillis.<br />
On dirait que c’était hier ! Quand<br />
le président Allende s’adressait pour<br />
la dernière fois avant que commença<br />
l’attaque du palais national par les<br />
putschistes, ce fut l’hystérie parmi<br />
nous. Avec une voix posée, aux accents<br />
prémonitoires, Allende jetait<br />
Peuple haïtien : soyez vigilants !<br />
Par Jacques Elie Leblanc<br />
Ces jours derniers, l'attention publique<br />
a été retenue par les élections<br />
générales qui s'approchent.<br />
Pendant ce temps, un spectre hante<br />
l'horizon: la crise économique nordaméricaine<br />
qui se développe et qui<br />
changera le visage politique du Continent<br />
en un tour de main. Alors, fini<br />
le temps des cerises. Les pommes<br />
blettes tomberont d'elles-mêmes. Et<br />
le peuple s'engagera pour de bon sur<br />
la route de la liberté.<br />
Une grande majorité d'haïtiens<br />
pensent que la démocratie vraie<br />
n'est pas possible en <strong>Haiti</strong>. Cette façon<br />
pessimiste de penser est basée<br />
sur certains faits qui se renouvellent<br />
et qui semblent vouloir demeurer à<br />
l'état chronique dans notre milieu.<br />
D'un côté nous ne leur donnons pas<br />
tort, mais à un autre point de vue,<br />
nous leur faisons le reproche de ne<br />
pas comprendre que ces faits sont<br />
toujours provoqués par les mêmes<br />
hommes dont la conception démocratique<br />
a toujours été liée à une<br />
formule purement autocratique. Les<br />
choses assurément méritent d'être<br />
changées. Mais quand nous le disons,<br />
certains esprits obtus et mal<br />
intentionnés croient que les socialistes<br />
sont des utopistes, des gens qui<br />
voudraient implanter en <strong>Haiti</strong> des<br />
idées dont les blancs ont les monopoles,<br />
parait-il comme ils auraient le<br />
monopole d'une table de multiplication.<br />
De plus, ces esprits rabougris<br />
développent une sorte de complexe<br />
d'infériorité à rebours. Ils estiment<br />
que les masses haïtiennes sont inférieures<br />
aux masses blanches, de<br />
sorte qu'il est impossible au socialisme<br />
de défendre nos masses.<br />
Qu'il suffise de dire que les idées<br />
que nous préconisons ne sauraient<br />
en aucune manière être le monopole<br />
d'un pays ou d'une race, de même<br />
que les idées de 1789 n'ont pas fait<br />
seulement la Révolution Française<br />
de 89 mais, dans une large mesure,<br />
l'Indépendance Nationale en 1804.<br />
Il existe une hypocrisie qui saute<br />
aux yeux. Le système capitaliste,<br />
responsable des maux qui nous accablent,<br />
a été aussi inventé par des<br />
blancs. Lancé à travers le globe, le<br />
socialisme en fera infailliblement le<br />
tour au profit de la grande humanité<br />
souffrante dans tous les coins de la<br />
terre et sans doute en <strong>Haiti</strong> aussi,<br />
où l'injustice sociale règne en souveraine<br />
maîtresse, où elle abêtit, humilie<br />
les gens de la "plèbe".<br />
Et à tous ceux qui disent que<br />
nous sommes des rêveurs, nous répondrons<br />
simplement ceci: comme<br />
rêver c'est chercher les contours du<br />
les bases de la lutte des peuples du<br />
continent par ces mots : « L’Histoire<br />
ne s’arrête pas, ni avec la répression,<br />
ni avec le crime. C’est une<br />
étape à franchir, un moment difficile.<br />
Il est possible qu’ils nous<br />
écrasent, mais l’avenir appartiendra<br />
au Peuple, aux travailleurs.<br />
L’humanité avance vers la conquête<br />
d’une vie meilleure ». Dix sept ans<br />
après, cette même génération qui<br />
l’écoutait parler du futur a réédité<br />
son exploit à travers les élections du<br />
16 décembre 1990. Pendant toute la<br />
campagne électorale de cette année,<br />
l’expérience chilienne ne cessait de<br />
me hanter l’esprit, je savais pertinemment<br />
que l’oligarchie, repliée<br />
pendant les élections, allait rebondir<br />
plus tard pour récupérer l’espace<br />
Gare à la trahison! Gare! Peuple unissez-vous ! »<br />
possible, nous savons que les possibilités<br />
pour la réalisation de notre<br />
rêve sont réelles. « Bien utopistes<br />
ceux-là qui croient que nous sommes<br />
des utopistes »!<br />
Un fait demeure, c'est le discrédit<br />
dont sont frappés tous les<br />
candidats. Et ils subissent ce discrédit<br />
parce qu'ils ont accepté de<br />
faire la politique de la majorité des<br />
gouvernements qui se sont succédés<br />
au pouvoir de Borno à Préval.<br />
C'est donc la réprobation de cette<br />
politique par toutes les consciences<br />
honnêtes de ce pays, et il n'est<br />
point besoin de la définir.<br />
Et cependant, ces candidats,<br />
tout discrédités qu'ils sont, n'ont<br />
pas honte d'affronter les prochaines<br />
«élections». C'est que les élections<br />
dépendent des masses paysannes.<br />
Et les masses paysannes sont encadrées<br />
par leurs notables, les grands<br />
propriétaires terriens. Les cyniques<br />
ont raison, les candidats n'ont que<br />
faire de la popularité. Il leur suffit<br />
d'être officiels, d'avoir l'appareil<br />
d'Etat avec eux et l'appui de l'impérialisme<br />
international.<br />
L'effort doit être porté pour un<br />
ralliement à notre journal et aux<br />
autres forces progressistes qui dans<br />
leur majorité, condamnent sans appel<br />
la politique du gouvernement,<br />
opprimant les masses paysannes<br />
pauvres, la classe ouvrière et la<br />
jeunesse, si faibles, si inorganisées<br />
actuellement. Cet effort n'est possible<br />
que par l'union contre les forces<br />
impérialistes.<br />
Où va notre patrie? Elle ira là<br />
où le voudront les masses. L'oeuvre<br />
de relèvement d'<strong>Haiti</strong> sera entreprise<br />
non par des fonctionnaires démagogues,<br />
incompétents et anti-patriotes,<br />
mais par la jeunesse consciente,<br />
politique perdu. Comme prévu, après<br />
tant de tergiversations et complots<br />
en permanence, ils fonçaient sur le<br />
jeune pouvoir. Nationalement nous<br />
avons résisté de notre mieux, particulièrement<br />
à Carrefour-Feuilles,<br />
la dernière poche de résistance aux<br />
fascistes de la capitale.<br />
Je pense à mon camarade<br />
militant Ely Laroque<br />
Comme le 11 septembre 1973<br />
chilien, le 30 septembre 1991 haïtien<br />
endeuillait la nation. Nous<br />
avons perdu plus de 5000 âmes<br />
pendant les trois ans de répression<br />
brutale. Je pense à mon ami de lutte<br />
Ely Laroque, disparu sans laisser de<br />
traces, sinon ses quatre enfants qui<br />
l’aimaient follement. Il était le plus<br />
par les citoyens conscients d'<strong>Haiti</strong>.<br />
La jeunesse doit être à l'avant garde<br />
de tout mouvement de reconstruction<br />
et de restauration du pays qui,<br />
depuis des décennies, est dirigé par<br />
une oligarchie anti-progressiste.<br />
Que ceux qui veulent le faire sortir<br />
des cendres d'un passé de honte<br />
et de désunion comprennent cette<br />
pressante nécessité et forment le<br />
front tout en se dressant comme<br />
une citadelle pour faire échec aux<br />
infâmes plans d'individus rétrogrades<br />
et réactionnaires.<br />
Un jour nouveau, nous en<br />
avons l'inébranlable conviction,<br />
resplendira à l'horizon de notre patrie<br />
que nous chérissons par dessus<br />
tout. Sur les débris du passé, que le<br />
séisme de janvier a mis à nu, nous<br />
bâtirons une société nouvelle au<br />
frontispice de laquelle s'inscriront<br />
en lettres de feu la fierté, la dignité<br />
de la cité nouvelle.<br />
Nous est venu à la mémoire<br />
ce cri lancé dans les années 46 par<br />
la gauche haïtienne et que nous<br />
jugeons extrêmement à propos:<br />
« Peuple haïtien, ne vous laissez<br />
pas tromper encore une fois. Peuple<br />
haïtien, réfléchissez, regardez<br />
bien autour de vous: la trahison<br />
vous enveloppe. Peuple haïtien,<br />
nous connaissons vos misères et<br />
votre calvaire. Nous sommes avec<br />
vous! Nous luttons pour vous, soyez<br />
calme, soyez froid, mais soyez vigilant.<br />
L'heure qui sonne n'est pas<br />
votre heure. Peuple haïtien, écoutez<br />
la voix [du journal Haïti Liberté]<br />
qui est votre sentinelle avancée, votre<br />
drapeau et qui doit vous donner<br />
la route correcte à suivre dans les<br />
moments les plus difficiles.<br />
Gare à la trahison! Gare! Peuple<br />
unissez-vous ! »<br />
âgé du groupe des résistants, il symbolisait<br />
la voix de la raison contre la<br />
folie qui nous tentait, il était l’élan<br />
sage qui équilibrait nos discussions<br />
passionnées et le ciment qui collait<br />
ensemble nos divergences stratégiques.<br />
Sa disparition allait créer une<br />
fissure que nul d’entre nous n’avait<br />
pu combler.<br />
En lisant le discours de Salvador<br />
Allende sur « grand soir info », je<br />
ne pouvais m’empêcher de penser à<br />
ce distingué combattant brutalement<br />
disparu. On n’a pas érigé de bustes<br />
accompagnées de pompeux discours<br />
prononcés par des officiels pour rendre<br />
hommage à son sacrifice ultime.<br />
Ses enfants et sa courageuse femme<br />
n’ont rien reçu des gouvernements<br />
Suite à la page (19)<br />
8<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
How to Make the Most of<br />
Your TPS Status<br />
A Police Dragnet in Northern <strong>Haiti</strong><br />
Nets Gang Leader Willy Etienne<br />
By Kadraj Audate<br />
When the Obama administration<br />
granted Temporarily<br />
Protected Status (TPS) to undocumented<br />
<strong>Haiti</strong>ans residing in the US<br />
prior to the January 12 earthquake,<br />
it brought relief and hope, but also<br />
confusion.<br />
TPS applicants are protected<br />
from deportation for 18 months<br />
and may apply for work authorization.<br />
Yet many <strong>Haiti</strong>ans have<br />
questions: “What happens after<br />
18 months? What if I can’t find a<br />
job? Will I be deported when my<br />
TPS expires?”<br />
The key to maximizing your<br />
TPS status is to put yourself in a<br />
position to become sponsored or<br />
at least “in higher demand” after<br />
<strong>Haiti</strong>ans’ TPS runs out. Being<br />
sponsored means that a US company<br />
will write a letter to US Citizenship<br />
and Immigration Services<br />
(USCIS) saying that they need or<br />
want to employ you specifically for<br />
your skills and services. This letter<br />
can facilitate your finding a visa to<br />
remain living and working in the<br />
US after TPS expires (Most immigration<br />
experts expect that TPS for<br />
<strong>Haiti</strong>ans will be renewed after 18<br />
months, as it has been for other<br />
nationalities benefitting from it.)<br />
Finding suitable employment<br />
is very important since some job<br />
opportunities don’t help your longterm<br />
prospects for post -TPS residency<br />
and employment. Temporary<br />
employment agencies (temp agencies)<br />
are a good example. These<br />
establishments may offer decentpaying<br />
positions in advanced office<br />
work, administration, word<br />
processing, accounting, design, or<br />
even manual labor. However, you<br />
lack benefits and are usually employed<br />
only part-time, for a limited<br />
time, or sporadically.<br />
It is better to look for something<br />
else. Below are a few researched<br />
tips and suggestions.<br />
Enroll in a University-<br />
Many universities have sponsorship<br />
programs for individuals<br />
taking up a highly needed field of<br />
study. The medical profession has<br />
several such programs in various<br />
fields of concentration. In some<br />
cases, a student may be sponsored,<br />
during or after a particular course of<br />
study in exchange for working at a<br />
specific medical establishment.<br />
Do IT ( Internet Technology)<br />
Consulting- IT consultants<br />
are hard to find and retain these<br />
days, and some companies may be<br />
willing to sponsor an individual on<br />
TPS in exchange for their expertise<br />
in this demanding field.<br />
Become a Translator- Competent<br />
translation and interpretation<br />
of Kreyòl and French is another<br />
marketable skill. Companies<br />
all over the US need translators as<br />
do police departments, USCIS, US<br />
Customs, and most hospitals,<br />
Contact Non-profit Outreach<br />
Organizations - Let them<br />
know who you are and what your<br />
skills are. Ask them for any help<br />
or information they can provide on<br />
getting sponsorship in the US. The<br />
Jan. 12 earthquake has brought<br />
global awareness of <strong>Haiti</strong>’s problems<br />
and sparked sympathy and<br />
goodwill. Many organizations are<br />
ready to reach out to and help<br />
<strong>Haiti</strong>ans with TPS status. Here<br />
are some suggestions of where to<br />
start.<br />
The Legal Aid Society has<br />
a TPS hotline for <strong>Haiti</strong>an nationals.<br />
Call 1-888-282-2772. You<br />
can find out about upcoming TPS<br />
workshops, and gain advice and<br />
referrals from the Legal Aid Society’s<br />
Immigration Law Unit.<br />
The New York Legal Assistance<br />
Group (NYLAG) has a<br />
TPS hotline for <strong>Haiti</strong>an nationals<br />
at 212-946-0351 or email <strong>Haiti</strong>antps@nylag.org.<br />
Camba Legal Services<br />
also offers TPS counseling. They<br />
are located in the heart of Brooklyn’s<br />
<strong>Haiti</strong>an community at 2211<br />
Church Avenue (corner of Flatbush<br />
Ave.). Tel: (718) 940-6311 or<br />
email Madeline1@camba.org<br />
African Services Committee<br />
is a Board of Immigration<br />
Appeals recognized agency. It is<br />
located at 429 West 127 th St.,<br />
New York, NY 10027. Contact:<br />
Getachew Fikremariam at (212)<br />
222-3882 or email at getachewf@<br />
africanservices.org.<br />
CUNY Citizen and Immigration<br />
Project, with attorneys<br />
on staff, has lawyer Midori Hills<br />
as Director of Legal Services. Her<br />
email is Midori.Hills@mail.cuny.<br />
edu.<br />
Prior to having TPS, many<br />
<strong>Haiti</strong>ans lived and worked with<br />
the anxiety and limitations of being<br />
undocumented. Now <strong>Haiti</strong>ans<br />
with TPS have a window of opportunity<br />
to advance their skill set and<br />
increase their chances of winning<br />
long-term residency in the U.S.<br />
By Ernest Saintilus<br />
<strong>Haiti</strong>an National Police (PNH)<br />
authorities in the Northern Department<br />
say they captured a dozen<br />
criminals during operations conducted<br />
in early September. Those<br />
arrested are accused of murder, kidnapping,<br />
criminal conspiracy, and<br />
other crimes.<br />
On Sep. 6, the police presented<br />
five of seven alleged kidnappers<br />
to the press. Some of the accused<br />
were arrested in Limbé, about six<br />
miles west of Cap Haïtien, while<br />
they were on their way to pick up<br />
a ransom package in the Artibonite<br />
Department. They were traveling in<br />
a Toyota Corolla when PNH officers<br />
arrested them en route, confiscating<br />
at least four firearms, dozens of<br />
Six Die in Northeast Traffic Accident<br />
By Ernest Saintilus<br />
On the afternoon of Sep. 6 in the<br />
northeastern town of Terrier<br />
Rouge, six people were killed and<br />
twenty others injured, some seriously,<br />
in a terrible traffic accident<br />
on the highway that connects Cap<br />
Haïtien and the Dominican border<br />
town of Dajabon. A bus called God’s<br />
Health (Santé de Dieu), transporting<br />
passengers from the border town of<br />
Ouanaminthe to Port-au-Prince,<br />
struck a motorcycle that was running<br />
at full speed and overturned,<br />
witnesses said.<br />
The dead included the two<br />
bullets, and some cell phones.<br />
These men were allegedly involved<br />
in most of the kidnappings<br />
around Pont-Blanc, a town near<br />
Quartier-Morin, considered a kidnappers’<br />
bastion, according to the<br />
PNH departmental director, Commissioner<br />
Joany Canéus.<br />
The next day, Sep. 7, the PNH<br />
brought Willy Etienne, a powerful<br />
gang leader in the North, to Cap<br />
Haïtien from Port-au-Prince aboard<br />
a UN helicopter. He had been arrested<br />
the previous day at the Finance<br />
Ministry in the capital.<br />
Willy Etienne was the subject<br />
of several arrest warrants for<br />
crimes including the June 2010<br />
kidnapping of Hugues Célestin, a<br />
former deputy from Limonade in<br />
<strong>Haiti</strong>’s 48th Legislature. Etienne<br />
had escaped from Cap Haïtien’s civilian<br />
prison in April 2008 following<br />
his arrest in February 2008 by<br />
police in the northeastern town of<br />
Ouanaminthe.<br />
Etienne was brought to Cap<br />
Haïtien under heavy PNH guard.<br />
Commissioner Canéus said that information<br />
gleaned from Etienne in<br />
questioning had helped police arrest<br />
four members of his network<br />
including Amogène Joseph, who<br />
the PNH also transported to Cap on<br />
Sep. 7.<br />
Canéus said that the operations<br />
to round-up these gangs was<br />
spurred by the Aug. 29 kidnapping<br />
of Télémarque Joseph on the road to<br />
the SOS Children's Village and that<br />
of the banker Wallas Jean-Louis in<br />
Pont-Blanc while he was returning<br />
from a religious celebration in the<br />
town of Grande Rivière du Nord.<br />
people who were on the motorcycle<br />
and four bus passengers.<br />
The injured were rushed to<br />
various regional hospitals with the<br />
aid of the <strong>Haiti</strong>an Red Cross, police,<br />
local municipal authorities, and the<br />
people of Terrier Rouge. There are<br />
reports that at least two of the injured<br />
died in hospitals.<br />
GIVE THE AID TO THE HAITIAN PEOPLE NOW!<br />
SATURDAY,<br />
SEPTEMBER 25, 2010<br />
Place:<br />
New York’s <strong>Haiti</strong>an Consulate<br />
271 Madison Avenue, Manhattan<br />
(between 39th and 40th Streets)<br />
Time:<br />
10 a.m. to 12:30 p.m.<br />
At about 11 a.m., we will march from the <strong>Haiti</strong>an Consulate to the United Nations<br />
IT HAS BEEN SEVEN MONTHS since the earthquake devastated <strong>Haiti</strong>, yet l.3 million people are still homeless<br />
living in tent cities with rats, no sanitation, no water, little or no food aid, no security and no refuge from the<br />
intense daily heat or the hurricane storms to come. Despite an estimated $11 billion that was pledged by<br />
nations and charities to aid these victims, only 3% has been disbursed and there is no comprehensive plan to<br />
create housing, sanitation or a safe drinking water supply.<br />
WE DEMAND Permanent housing for the homeless earthquake victims; Elimination of tent cities; Immediate<br />
moratorium on forced evictions of IDP’s; Safe water; Resumption of food aid; Security for people living in tents;<br />
Employment of jobless <strong>Haiti</strong>ans in the rebuilding and reconstruction; Elimination of customs charges and delays<br />
on donated materials and medicine; Prosecution for black market sales of donated aid materials, price gouging<br />
and diversion of Aid money; Accountability and transparency from government officials, NGO’s and UN agencies<br />
with regard to receipt and expenditures of Aid money; Competency and responsibility from government leaders<br />
to create the housing to shelter the homeless earthquake victims NOW!<br />
WE ARE The <strong>Haiti</strong> Solidarity Network of the North East (HSNNE), Center for Constitutional Rights (CCR), December<br />
12 Movement, Friday <strong>Haiti</strong> Relief Coalition, <strong>Haiti</strong> Corps, <strong>Haiti</strong>an Women for <strong>Haiti</strong>an Refugees, <strong>Haiti</strong> Liberté,<br />
<strong>Haiti</strong>ans Unified for Development and Education (HUDE), Institute for Justice and Democracy in <strong>Haiti</strong> (IJDH),<br />
International Association Against Torture, International Support <strong>Haiti</strong> Network (ISHN), Pax Christi Metro New<br />
York, Pax Christi New Jersey, Peoples’ Organization for Progress, Service Employees International Union Local<br />
1199 (SEIU 1199), Sisters of St. Joseph of Chestnut Hill, Philadelphia, Sustainable Orphanages for <strong>Haiti</strong>an Youth,<br />
The Catholic Worker, The Code Foundation<br />
For more information or to co-sponsor, contact: Judy Reilly 201-784-0008,<br />
Fr. Gene Squeo 201-207-0112, Clauvice St.Hilaire 732-646-1671 or hsnne99@yahoo.com<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 9
DISCOURS D'OBAMA SUR L'IRAK : UN EXEM<br />
Par Bill Van Auken<br />
Le discours à la nation du président<br />
Barack Obama, télédiffusé<br />
mardi soir du Bureau ovale de la<br />
Maison-Blanche, était un exemple<br />
de lâcheté et de malhonnêteté. Il<br />
était malhonnête pour le peuple des<br />
Etats-Unis et le monde entier dans<br />
sa caractérisation de la guerre criminelle<br />
contre l’Irak. Et il était lâche<br />
par sa prosternation devant l’armée<br />
américaine. Ce discours ne pouvait<br />
susciter que dégoût et mépris chez<br />
ceux qui l’ont visionné. Obama,<br />
qui doit sa présidence en grande<br />
partie aux sentiments anti-guerre<br />
de masse du peuple américain, s’en<br />
est servi pour glorifier la guerre à<br />
laquelle on croyait, par erreur, qu’il<br />
s’était opposé.<br />
C’est la fin du discours de<br />
19 minutes qui a donné le plus<br />
froid dans le dos, quand Obama a<br />
déclaré : « Nos soldats constituent<br />
l’acier du navire de l’Etat »,<br />
ajoutant ensuite « et bien que notre<br />
nation navigue en eaux tumultueuses,<br />
ils nous donnent confiance<br />
dans la justesse de notre trajectoire<br />
». C’est pour cette déclaration,<br />
et non pour tous ses propos ambigus<br />
sur le retrait des troupes, que<br />
l’abject discours d’Obama mérite de<br />
ne pas être oublié. Cette rhétorique<br />
convenait à une république bananière<br />
sous contrôle militaire ou à un<br />
Etat fasciste. L’armée, et non la<br />
Constitution, la volonté du peuple<br />
ni les institutions apparemment<br />
démocratiques du pays, constitue<br />
l’ « acier » du « navire de l’Etat ».<br />
Les droits démocratiques du peuple<br />
sont donc vraisemblablement autant<br />
de lest qui puisse être jeté par<br />
dessus bord au besoin.<br />
Le discours prenait place au<br />
terme de l’échéancier artificiel établi<br />
par l’administration Obama et décrit<br />
par le président comme la « fin de<br />
notre mission de combat en Irak<br />
». Ce n’est qu’un des innombrables<br />
mensonges dont étaient bourrées<br />
ses brèves remarques. Quelque<br />
50 000 soldats combattants demeurent<br />
déployés en Irak. Bien que<br />
leur titre ait été changé pour forces<br />
« de transition », qui vont supposément<br />
se consacrer à un rôle de «<br />
formation » et de « conseil » auprès<br />
des forces de sécurité irakiennes,<br />
leur mission demeure la même.<br />
En effet, une semaine à peine<br />
après que les médias ont fait du redéploiement<br />
à l’extérieur de l’Irak<br />
d’un seul bataillon Stryker un «<br />
événement décisif » indiquant le<br />
retrait des dernières troupes de<br />
combat, 5000 membres de la 3rd<br />
Armored Cavalry Regiment, une<br />
unité de combat, étaient renvoyés<br />
dans le pays occupé depuis Fort<br />
Hood au Texas. Washington n’a<br />
pas l’intention de mettre un terme<br />
à sa présence militaire en Irak. Les<br />
Etats-Unis continuent de construire<br />
des bases permanentes et sont déterminés<br />
à poursuivre le programme<br />
initial derrière le déclenchement<br />
de la guerre par l’administration<br />
Bush en mars 2003 : l’imposition<br />
de l’hégémonie américaine dans<br />
la région riche en pétrole du golfe<br />
Persique.<br />
Le discours d'Obama était incohérent<br />
et rampant. Le président a<br />
cherché, de manière malhonnête, a<br />
prendre le crédit pour avoir rempli<br />
ses promesses électorales sur l'Irak.<br />
Comme candidat, il avait promis de<br />
retirer toutes les troupes de combat<br />
américaines hors du pays dans les<br />
16 mois suivant son élection. Finalement,<br />
il a simplement adopté le<br />
calendrier et le plan conçu par le<br />
Pentagone et l'administration Bush<br />
pour un retrait partiel, laissant<br />
50 000 soldats dans des troupes<br />
de combat en place. Le président<br />
démocrate s'est senti obligé, prétextant<br />
rendre hommage à « nos<br />
troupes », de fondamentalement<br />
déformer et masquer la véritable<br />
nature de la guerre, décrivant un<br />
des chapitres les plus sombres de<br />
l'histoire américaine comme une<br />
sorte d'effort héroïque. « Beaucoup<br />
de choses ont changé » depuis que<br />
Bush a lancé la guerre il y a sept<br />
ans et demi, a déclaré Obama. «<br />
Une guerre pour désarmer un État<br />
est devenu une lutte contre une<br />
insurrection » dans laquelle les<br />
troupes américaines se sont battues<br />
« pâté par pâté pour aider l'Irak à<br />
saisir l'opportunité pour un meilleur<br />
avenir ».<br />
Le discours a été conçu comme<br />
si le président s'adressait à une<br />
nation d'amnésiques. Pense-t-on<br />
vraiment que personne ne se souvient<br />
que ce fût une guerre lancée<br />
sur une base mensongère ? La<br />
population américaine s'est fait dire<br />
que l'invasion de l'Irak était nécessaire<br />
parce que le gouvernement de<br />
Saddam Hussein avait développé<br />
des « armes de destruction massive<br />
» et qu'il se préparait à les remettre<br />
à al-Qaïda qui lancerait des « nuages<br />
en forme de champignon »<br />
sur des villes américaines.<br />
Il n'y avait ni « armes de destruction<br />
massive », ni liens entre<br />
le régime irakien et al-Qaïda. C'était<br />
des inventions d'un gouvernement<br />
qui était déterminé à mener une<br />
guerre d'agression afin de défendre<br />
les intérêts capitalistes américains.<br />
Ces mensonges ont été complètement<br />
exposés pour être des<br />
mensonges et ont contribué à la<br />
croissance d'une hostilité accablante<br />
dans la population américaine<br />
face à la guerre. Tout cela doit être<br />
oublié, rejeté comme des détails<br />
sans importance.<br />
Le peuple irakien est présenté<br />
par Obama comme l'heureux bénéficiaire<br />
de l'abnégation et de<br />
l'héroïsme des Américains, lesquels<br />
leur accordent l'opportunité d'avoir<br />
une nouvelle destinée ».<br />
A écouter Obama, on pourrait<br />
difficilement imaginer que plus d'un<br />
million d'Irakiens ont perdu leur vie<br />
suite à cette guerre non provoquée<br />
des Etats-Unis; que quelque 4 millions<br />
d'Irakiens ont été chassés de<br />
leur maison par la violence, que<br />
ce soit pour avoir été forcés de<br />
s'exiler ou pour avoir été déplacés<br />
à l'intérieur de leur pays ravagé par<br />
la guerre. Toutes les institutions<br />
et les composantes essentielles de<br />
l'infrastructure sociale ont été ravagées<br />
par l'invasion américaine, qui<br />
a déchaîné ce qu'on pourrait décrire<br />
plus précisément comme étant un<br />
sociocide, le meurtre d'une société<br />
entière. La dévastation engendrée<br />
par le militarisme américain a<br />
amené une nation anéantie de<br />
veuves, de sans-abris, de chômeurs<br />
et de blessés.<br />
Alors qu'on a pu arrivé à réduire<br />
temporairement la résistance armée<br />
à l'occupation américaine en<br />
saignant le peuple irakien à blanc,<br />
ce qui reste est une société et un<br />
système politique non viable, dominé<br />
par des divisions sectaires et<br />
supervisé par une présence américaine<br />
continue. Parmi les parties<br />
les plus dégueulasses du discours<br />
d'Obama se trouve son hommage<br />
sans fondement à son prédécesseur,<br />
George W. Bush. Alors qu'il<br />
reconnaît qu'ils n'ont pas été «<br />
d'accord sur la guerre » - un désaccord<br />
qu'il n'avait aucune intention<br />
d'expliquer - Obama a insisté<br />
que « personne ne pouvait douter<br />
du soutien du président Bush pour<br />
nos troupes, ou son amour pour le<br />
pays et son dévouement à notre<br />
sécurité. » Il a continué en disant<br />
que cela prouve qu'« il y a des patriotes<br />
qui soutiennent la guerre<br />
et des patriotes qui s'y opposent.<br />
Et nous sommes tous unis dans<br />
l'appréciation de nos hommes et<br />
de nos femmes militaires. »<br />
Bush a lancé une guerre qui<br />
était illégale sous la loi internationale.<br />
Lui et d'autres chefs de file de<br />
son gouvernement - Dick Cheney,<br />
Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice<br />
- ont entraîné le peuple américain<br />
vers la voie du crime de guerre, essentiellement<br />
le même acte pour<br />
lequel les nazis furent jugés et reconnus<br />
coupables à Nuremberg : la<br />
planification et le lancement d'une<br />
guerre d'agression. Obama a dit<br />
à son auditoire qu'il avait parlé à<br />
Bush pendant l'après-midi, exprimant<br />
apparemment sa solidarité avec<br />
un criminel de guerre qui à sa place<br />
au tribunal de La Haye. Inévitablement,<br />
de ce crime fondamental découle<br />
une série d'autres crimes. Les<br />
« hommes et les femmes militaires<br />
» américains, dont l'honneur est<br />
constamment invoqué pour justifier<br />
des tueries de masse, sont devenus<br />
des participants de ces crimes<br />
monstrueux.<br />
Le peuple américain et les<br />
peuples du monde entier ont été<br />
révoltés par les images d'Abou<br />
Graïb. Mais, l'administration<br />
Obama est intervenue en justice<br />
pour empêcher le dévoilement<br />
de preuves d'autres actes criminels<br />
encore plus inimaginables.<br />
Les soldats furent eux-mêmes des<br />
victimes de cette guerre. Près de<br />
4500 d'entre eux ont perdu leurs<br />
vies dans l'agression lancée par<br />
l'administration Bush, et 35 000<br />
de plus ont été blessés. Des centaines<br />
de milliers, étant jetés dans<br />
une guerre coloniale sale, ont subi<br />
des traumatismes psychologiques.<br />
« La grandeur de notre démocratie<br />
est notre habileté à aller au-delà<br />
de nos différences et d'apprendre<br />
de nos expériences en même temps<br />
que nous confrontons les défis qui<br />
sont devant nous, » a poursuivi<br />
Obama. Quelle falsification!<br />
La réputation de la démocratie<br />
américaine a été bâtie sur des<br />
principes et des droits constitutionnels<br />
qui ont été mis en lambeaux<br />
par l'administration Bush au nom<br />
de la « guerre globale contre le terrorisme.<br />
» L'administration Obama<br />
a adhéré pleinement à ces attaques<br />
sur les droits démocratiques, défendant<br />
la surveillance domestique,<br />
les déportations, l'emprisonnement<br />
sans accusation ou poursuite et a<br />
même donné à l'exécutif le droit de<br />
désigner des citoyens américains<br />
comme des suspects terroristes et<br />
a ordonné leur exécution extrajudiciaire.<br />
Le parcours sinueux du discours<br />
d'Obama l'a ensuite amené<br />
à passer de l'Irak à l'Afghanistan.<br />
Cette guerre, dit-il, pouvait être<br />
soutenue par « les Américains de<br />
toutes les tendances politiques »,<br />
parce qu'elle était prétendument<br />
menée contre al-Qaïda qui « continue<br />
à comploter contre nous ».<br />
Il a déclaré que la diminution de<br />
la présence militaire en Irak a permis<br />
d'attribuer plus de ressources<br />
à cette guerre, ce qui a donné<br />
comme résultat que « presque une<br />
douzaine de dirigeants d'al-Qaïda<br />
» avaient été « tués ou capturés<br />
sur toute la surface du globe ». Le<br />
lien entre cela et la multiplication<br />
par trois du nombre des soldats<br />
déployés en Afghanistan depuis<br />
l'arrivée d'Obama à la Maison-<br />
Le président Barack Obama au Bu<br />
Obama avait promis de retirer toutes les troupes de combat américaines hors du<br />
pays dans les 16 mois suivant son élection<br />
Les décisions en Irak et en Afghanistan ont été dictées par l’état-major de<br />
l’armée et docilement acceptées par l’administration d’Obama<br />
10<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
PLE DE LÂCHETÉ ET DE MALHONNÊTETÉ<br />
50 000 soldats combattants demeurent déployés en Irak<br />
enfants l'éducation qu'ils méritent<br />
et à tous nos travailleurs les<br />
compétences dont ils ont besoin<br />
pour être concurrentiels dans une<br />
économie mondiale. » Une autre<br />
phrase, un autre mensonge. Alors<br />
que l'administration avait des billions<br />
de dollars pour le sauvetage<br />
de Wall Street, elle a à maintes<br />
reprises affirmé clairement qu'elle<br />
ne créerait pas d'emplois pour les<br />
chômeurs. Quant à l'éducation, le<br />
gouvernement fédéral continue à<br />
couper dans son financement, ce<br />
qui se traduit par plus de congédiements<br />
d'enseignants et plus de fermetures<br />
d'écoles.<br />
Un fait ressort du discours<br />
d'Obama avec sa rhétorique à double<br />
sens : les décisions en Irak et<br />
en Afghanistan ont été dictées par<br />
l'état-major de l'armée et docilement<br />
acceptées par l'administration<br />
Obama. Ce gouvernement n'a pas<br />
de politique indépendante et encore<br />
moins de convictions. Il met en œuvre<br />
des politiques qui sont implantées<br />
ailleurs - à Wall Street et au<br />
Pentagone - et se consacre entièrement<br />
à la défense de l'aristocratie<br />
financière aux dépens du peuple<br />
américain.<br />
Wsws 10 septembre 2010<br />
reau ovale de la Maison-Blanche<br />
4 millions d’Irakiens ont été chassés de leur maison par la violence, que ce soit<br />
pour avoir été forcés de s’exiler ou pour avoir été déplacés à l’intérieur de leur<br />
pays ravagé par la guerre<br />
Blanche n'est pas expliqué. Selon de<br />
hauts responsables de l'armée américaine<br />
et des services d'espionnage, il y<br />
a moins de 100 membres d'al-Qaïda<br />
dans tout l'Afghanistan. Ce pays subit<br />
l'occupation de presque 100.000 soldats<br />
américains auxquels il faut ajouter<br />
40.000 soldats de l'OTAN et d'autres<br />
pays.<br />
Obama a continué en reconnaissant<br />
que les forces américaines « luttent<br />
pour briser l'élan des talibans »<br />
sans même tenter de lier cela et la «<br />
confrontation » avec des membres d'al-<br />
Qaïda sur tout le globe. La vérité est<br />
qu'en Afghanistan, les forces américaines<br />
se battent contre des Afghans<br />
résistants à une occupation étrangère.<br />
L'objectif n'est pas de défaire « les terroristes<br />
», mais d'établir la domination<br />
des Etats-Unis sur l'Asie centrale étant<br />
donné son importance géostratégique<br />
et ses grandes ressources énergétiques.<br />
Finalement, après avoir reconnu<br />
que la guerre en Irak avait contribué<br />
à amener le pays au bord de la faillite,<br />
Obama a suggéré que le changement<br />
qu'il a ordonné quant au déploiement<br />
en Irak est en quelque sorte<br />
lié à la détermination de son administration<br />
à se concentrer sur la crise<br />
que confrontent plus de 26 millions<br />
de travailleurs américains sans emplois<br />
ou dans l'incapacité d'obtenir un<br />
emploi à temps plein. « Aujourd'hui,<br />
notre tâche la plus urgente est restaurer<br />
notre économie et redonner<br />
du travail aux millions d'Américains<br />
qui ont perdu leur emploi », a-t-il dit.<br />
« Pour renforcer notre classe moyenne,<br />
nous devons offrir à tous nos<br />
Le peuple américain et les peuples du monde entier ont été révoltés par les images d’Abou Graïb<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 11
Remontons le cours de l'histoire!<br />
Salvador Allende, un exemple qui restera<br />
Par Fidel Castro<br />
Le 26 juin 2008, dans l’une de ses Réflexions,<br />
Fidel Castro rendait hommage<br />
à Salvador Allende à l’occasion du<br />
centième anniversaire de sa naissance.<br />
Dans une présentation à caractère biographique,<br />
Fidel traçait la trajectoire de<br />
ce patriote de grande rectitude morale et<br />
politique, de sa naissance à Valparaiso<br />
au sud du Chili jusqu’à son accession<br />
à la présidence du Chili le 3 novembre<br />
1970, «en toute légalité et dignité» et<br />
sa mort durant le coup d’Etat fasciste<br />
de Pinochet. Le propos de la rubrique<br />
de cette semaine est plutôt de présenter<br />
six lettres de Fidel écrites à Allende de<br />
1971 à 1973 : «six lettres manuscrites<br />
confidentielles, en tout petits caractères et<br />
avec un stylo à plume fine, où j’ai abordé<br />
dans la plus grande discrétion des questions<br />
que je jugeais intéressantes». Entre<br />
deux de ces lettres, Fidel relate un épisode<br />
fort intéressant au cours duquel il a<br />
«échappé à la mort par miracle».<br />
[F. Latour]<br />
21 mai 1971 :<br />
« Nous sommes émerveillés des<br />
efforts extraordinaires que tu consens et<br />
de l'énergie illimitée que tu déploies pour<br />
confirmer et consolider la victoire.<br />
« On peut constater d'ici que le<br />
pouvoir populaire gagne du terrain malgré<br />
votre mission difficile et complexe.<br />
« Les élections du 4 avril ont constitué<br />
une victoire splendide et encourageante.<br />
« Ton courage et ta fermeté, ton<br />
énergie mentale et physique ont été essentiels<br />
pour mener la Révolution de l'avant.<br />
« De grandes difficultés de toutes<br />
sortes vous attendent assurément et auxquelles<br />
vous devrez faire face dans des<br />
conditions qui ne sont pas précisément<br />
idéales, mais une politique juste, soutenue<br />
par les masses et appliquée avec décision,<br />
ne peut être battue. »<br />
11 septembre 1971<br />
« Le porteur vient traiter avec toi<br />
des détails de la visite.<br />
« Envisageant un vol direct éventuel<br />
de Cubana de Aviación, nous avons<br />
analysé au départ l'utilité d'atterrir à Arica<br />
et de commencer la visite par le Nord.<br />
Deux faits nouveaux sont alors apparus:<br />
l'intérêt dont Velazco Alvarado* t'a fait<br />
part d'un contact éventuel durant mon<br />
voyage chez toi ; la possibilité de disposer<br />
d'un avion soviétique IL-62 à plus grande<br />
autonomie de vol qui permet, si l'on veut,<br />
de gagner directement Santiago du Chili.<br />
« Je t'envoie un schéma de la<br />
tournée et des activités pour que tu<br />
Menez Jean-Jerome<br />
Attorney at Law<br />
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Church h Avenue<br />
Brooklyn, NY<br />
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Nou pale kreyòl!<br />
(718) 462-2600<br />
(914) 643-1226 cell<br />
Photo historique des dernières heures de Salvador Allende au moment de<br />
l’attaque du Palais La Moneda<br />
ajoutes, supprimes ou introduises les<br />
modifications que tu jugeras pertinentes.<br />
« Je me suis efforcé de penser<br />
uniquement à ce qui peut présenter un intérêt<br />
politique, sans beaucoup m'inquiéter<br />
du rythme ou de l'intensité du travail,<br />
mais tout dépend absolument de tes<br />
critères et appréciations.<br />
« Nous nous sommes beaucoup<br />
réjoui des succès extraordinaires de ton<br />
voyage en Equateur, en Colombie et au<br />
Pérou. Quand aurons-nous à Cuba la<br />
possibilité de rivaliser avec les Equatoriens,<br />
les Colombiens et les Péruviens et<br />
de te t'entourer d'autant d'affection et de<br />
chaleur ?<br />
Au cours de ce voyage, dont<br />
j’avais proposé le plan à Allende, j’ai<br />
échappé à la mort par miracle. J’y ai fait<br />
des dizaines de kilomètres devant des<br />
foules énormes situées de chaque côté<br />
de la route. La CIA étasunienne avait organisé<br />
trois attentats pour m’assassiner<br />
durant ce voyage. Lors d’une conférence<br />
de presse annoncée d’avance, l’une des<br />
caméras de télévision vénézuélienne<br />
était équipée d’armes automatiques et<br />
manœuvré par des mercenaires cubains<br />
entrés dans le pays avec des passeports<br />
vénézuéliens. Mais ils n’ont pas eu le<br />
courage d’appuyer sur la gâchette tout le<br />
temps qu’a duré la longue conférence de<br />
presse et que leur caméra me visait. Ils ne<br />
voulaient pas courir le risque de mourir.<br />
Ils m’avaient en plus poursuivi à travers<br />
tout le Chili, mais l’occasion de m’avoir<br />
si près et si vulnérable ne s’est jamais<br />
plus présentée. Je n’ai pu connaître les<br />
détails de cette action lâche que bien des<br />
années plus tard. Les services spéciaux<br />
des Etats-Unis étaient allés plus loin que<br />
ce que nous pouvions imaginer.<br />
4 février 1972 :<br />
« Tout le monde a accueilli ici la délégation<br />
militaire du mieux possible. Les<br />
Forces armées révolutionnaires leur ont<br />
Dr. Kesler Dalmacy<br />
1671 New York Ave.<br />
Brooklyn, New York 11226<br />
Tel: 718-434-5345<br />
Le docteur de la<br />
Communauté Haïtienne<br />
à New York<br />
consacré pratiquement tout leur temps.<br />
Les rencontres ont été amicales et humaines.<br />
Le programme, intense et varié.<br />
J'ai l'impression que ce voyage a été positif<br />
et utile, qu'il est possible de continuer ces<br />
échanges et que ça en vaut la peine.<br />
« J'ai parlé avec Ariel de ton idée de<br />
voyage. Je comprends parfaitement que le<br />
travail intense et le ton du combat politique<br />
de ces dernières semaines ne t'ont pas permis<br />
de l'envisager à la date approximative<br />
que nous avions évoquée là-bas. Il est incontestable<br />
que nous n'avions pas pris en<br />
considération ces éventualités. Ce jour-là,<br />
à la veille de mon retour, alors que nous<br />
dînions en pleine nuit chez toi et que j'ai<br />
constaté que le temps nous manquait et<br />
que les heures défilaient, je me suis rassuré<br />
en pensant que nous nous retrouverions<br />
à relativement brève échéance à Cuba où<br />
nous aurions la possibilité de converser<br />
longuement. J'espère toutefois que tu<br />
pourras envisager ta visite avant mai. Je<br />
signale ce mois-là, parce qu'au plus tard<br />
à la mi-mai, je dois me rendre, toutes affaires<br />
cessantes, en Algérie, en Guinée, en<br />
Bulgarie, dans d'autres pays et en URSS.<br />
Ce long voyage me prendra un temps considérable.<br />
« Je te remercie beaucoup des impressions<br />
dont tu me fais part sur la situation.<br />
Ici, nous sommes tous toujours plus<br />
familiarisés avec le processus chilien, intéressés<br />
et émus ; nous suivons avec beaucoup<br />
d'attention les nouvelles qui en proviennent.<br />
Nous pouvons mieux comprendre<br />
maintenant la chaleur et la passion que la<br />
Révolution cubaine a dû susciter dans les<br />
premiers temps. On pourrait dire que nous<br />
vivons notre propre expérience à l'inverse.<br />
« Je peux apprécier dans ta lettre le<br />
magnifique état d'esprit, la sérénité et le<br />
courage avec lesquels tu es disposé à faire<br />
face aux difficultés. Et c'est fondamental<br />
dans toute Révolution, surtout quand elle<br />
se déroule dans les conditions extrêmement<br />
complexes et difficiles du Chili. Je suis<br />
rentré extraordinairement impressionné<br />
par les qualités morales, culturelles et humaines<br />
du peuple chilien et par son notable<br />
vocation patriotique et révolutionnaire.<br />
Il t'est échu le privilège singulier d'être son<br />
guide à ce moment décisif de l'histoire du<br />
Chili et de l'Amérique, en tant que couronnement<br />
de toute une vie de lutte, comme<br />
tu l'as dit au stade, consacrée à la cause<br />
de la révolution et du socialisme. Aucun<br />
Fidel à Santiago de Chile avec Allende<br />
obstacle n'est invincible. Quelqu'un a dit<br />
que dans une révolution, il faut avoir de<br />
l'audace, encore de l'audace et toujours de<br />
l'audace. Je suis convaincu de la profonde<br />
vérité de cette maxime. »<br />
6 septembre 1972 :<br />
« Je t'ai adressé un message sur différentes<br />
questions à travers Beatriz. Après<br />
son départ, et à l'occasion des nouvelles<br />
de la semaine dernière, nous avons décidé<br />
d'envoyer le compañero Osmany pour te<br />
ratifier notre disposition à collaborer à<br />
tout, et tu peux donc nous faire connaître<br />
par son intermédiaire la façon dont tu<br />
juges la situation et tes idées au sujet du<br />
voyage prévu ici et dans d'autres pays. Le<br />
prétexte du voyage d'Osmany sera une<br />
inspection de l'ambassade cubaine, mais<br />
sans la moindre publicité. Nous voulons<br />
que son séjour soit le plus bref et le plus<br />
discret possible.<br />
« Les points que tu as soulevés à<br />
travers Beatriz sont déjà en marche<br />
« Bien que nous comprenions les<br />
difficultés actuelles du processus chilien,<br />
nous avons confiance que vous trouverez<br />
la manière de les surmonter.<br />
« Tu peux absolument compter sur<br />
notre coopération. Reçois un salut fraternel<br />
et révolutionnaire de nous tous. »<br />
30 juin 1973<br />
« Salvador<br />
« Il s'agit d'une invitation officielle,<br />
formelle, aux commémorations du<br />
vingtième anniversaire. Ce serait formidable<br />
que tu puisses faire un saut à Cuba<br />
à cette date. Tu peux imaginer la joie, la<br />
satisfaction et l'honneur que ce serait pour<br />
les Cubains. Je sais toutefois que ça dépend<br />
plus que tout de ton travail et de la situation<br />
là-bas. Nous le laissons donc à ton<br />
jugement.<br />
« Nous vibrons encore de la grande<br />
victoire révolutionnaire du 29 et du rôle<br />
brillant que tu y as personnellement joué.<br />
De nombreux obstacles et difficultés persisteront,<br />
c'est logique, mais je suis sûr que<br />
cette première épreuve réussie stimulera<br />
et consolidera la confiance du peuple. A<br />
l'échelle internationale, les événements ont<br />
eu beaucoup de répercussion et on les juge<br />
comme une grande victoire.<br />
« En agissant comme tu l'as fait le<br />
29, la révolution chilienne sortira victorieuse<br />
de n'importe quelle épreuve, si dure<br />
qu'elle soit.<br />
« Je te répète que les Cubains sont<br />
à tes côtés et que tu peux compter sur tes<br />
fidèles amis de toujours. »<br />
29 juillet 1973 (dernière lettre)<br />
« Cher Salvador<br />
« Carlos et Piñeiro se rendent làbas<br />
sous prétexte de discuter avec toi<br />
de questions relatives à la réunion des<br />
pays non alignés. Leur objectif réel est de<br />
s'informer auprès de toi de la situation, et<br />
de t'offrir comme toujours notre disposition<br />
à coopérer face aux difficultés et aux<br />
dangers qui entravent et menacent le processus.<br />
Leur séjour sera très bref, car ils<br />
ont ici beaucoup de choses à faire et nous<br />
avons décidé de ce voyage malgré les sacrifices<br />
qu'il implique à cet égard.<br />
« Je constate que vous en êtes à la<br />
question délicate du dialogue avec la démocratie-chrétienne<br />
au milieu de graves<br />
événements, comme le brutal assassinat<br />
de ton aide de camp naval et la nouvelle<br />
grève des camionneurs. J'imagine donc<br />
la grande tension qui existe et ton désir<br />
de gagner du temps, d'améliorer le rapport<br />
de force au cas où la lutte éclaterait<br />
et, si possible, de trouver une voie qui<br />
permette la poursuite du processus révolutionnaire<br />
sans guerre civile, tout en<br />
préservant ta responsabilité historique<br />
face à ce qui pourrait arriver. Ce sont là<br />
des objectifs louables. Mais au cas où<br />
l'autre partie, dont nous ne sommes pas<br />
en mesure d'ici d'évaluer les intentions<br />
réelles, s'obstinerait dans une politique<br />
perfide et irresponsable et exigerait un<br />
prix impossible à payer pour l'Unité populaire<br />
et la Révolution, ce qui est d'ailleurs<br />
assez probable, n'oublie pas une seconde<br />
la formidable force de la classe ouvrière<br />
chilienne et le soutien énergique qu'elle<br />
t'a apporté à tous les moments difficiles :<br />
elle peut, à ton appel face à la Révolution<br />
en danger, paralyser les putschistes, conserver<br />
l'adhésion des indécis, imposer ses<br />
conditions et décider une fois pour toutes,<br />
le cas échéant, de la destinée du Chili.<br />
L'ennemi doit savoir qu'elle est sur ses<br />
gardes et prête à entrer en action. Sa force<br />
et sa combativité peuvent faire pencher<br />
la balane dans la capitale en ta faveur,<br />
même si d'autres circonstances étaient<br />
défavorables.<br />
« Ta décision de défendre la révolution<br />
en faisant preuve de fermeté et<br />
d'honneur jusqu'au prix de ta vie, ce dont<br />
tout le monde sait que tu es capable, entraîneront<br />
à tes côtés toutes les forces capables<br />
de combattre et tous les hommes<br />
et toutes les femmes digne du Chili. Ton<br />
courage, ta sérénité et ton audace à cette<br />
heure historique de ta patrie et surtout,<br />
ta direction exercée d'une manière ferme,<br />
résolue et héroïque, sont la clef de la situation.<br />
« Fais savoir à Carlos et à Manuel<br />
ce à quoi nous, tes loyaux amis cubains,<br />
nous pouvons coopérer.<br />
« Je te réitère l'affection et la confiance<br />
illimitée de notre peuple. »<br />
Il meurt en héros le 11 septembre<br />
1973, en défendant le palais de la Monnaie,<br />
se battant comme un lion jusqu'à son<br />
dernier souffle.<br />
Les révolutionnaires qui résistèrent<br />
sur place à l'assaut des fascistes ont raconté<br />
des choses fabuleuses sur ces derniers<br />
moments. Les versions ne coïncident pas<br />
forcément, parce que chacun luttait d'un<br />
endroit différent du palais. Par ailleurs,<br />
certains de ses plus proches collaborateurs<br />
moururent ou furent assassinés à la fin<br />
d'un dur combat livré dans des conditions<br />
désavantageuses.<br />
La différence entre les témoignages<br />
consiste en ce que les uns affirment<br />
qu'Allende a réservé ses dernières balles<br />
pour lui-même pour ne pas tomber prisonnier,<br />
tandis que, pour d'autres, il a été abattu<br />
par les balles ennemies. Le palais était<br />
en flammes à cause des tirs des chars et<br />
des avions, alors que les auteurs du putsch<br />
avaient pensé que ce serait une besogne<br />
facile qui ne se heurterait à aucune résistance.<br />
Il n'y a pas de contradiction entre<br />
ces deux manières de faire son devoir.<br />
Nos guerres d'indépendance offrent plus<br />
d'un exemple de combattants illustres qui,<br />
se retrouvant sans la moindre possibilité<br />
de défense, s'ôtèrent la vie plutôt que de<br />
tomber prisonniers.<br />
Il reste encore bien des choses à dire<br />
sur ce que nous étions prêts à faire pour Allende.<br />
Certains ont écrit à ce sujet. Mais ce<br />
n'est pas là l'objectif que je poursuis dans<br />
ces lignes.<br />
Il était né voilà cent ans, jour pour<br />
jour. Son exemple restera.<br />
Ndlr. *Velazco Alvarado, militaire<br />
péruvien d'orientation nationaliste-progressiste,<br />
Président du Gouvernement révolutionnaire<br />
de 1968 à 1975 date à laquelle il<br />
a été renversé. En juin 1969, il entreprend<br />
une ambitieuse réforme agraire jamais réalisée<br />
jusque là en Amérique latine.<br />
12<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Perspectives<br />
Entretien avec Pedro Casaldáliga, théologien de la libération !<br />
Par Pedro Ramiro, María et Luis<br />
González Reyes<br />
À 81 ans, l’évêque émérite du diocèse<br />
de São Félix do Araguaia est<br />
l’un des plus éminents représentants<br />
de la théologie de la libération<br />
et il est devenu une référence<br />
pour la gauche latino-américaine.<br />
Depuis qu’il y a quarante ans il est<br />
arrivé au Brésil pour y rester, son<br />
travail pour la défense des droits<br />
des peuples indiens et des groupes<br />
sociaux les plus opprimés ainsi que<br />
son appui aux mouvements brésiliens<br />
de paysans sans terre et à la<br />
révolution sandiniste au Nicaragua<br />
dans les années 80, font de Pedro<br />
Casaldáliga un élément fondamental<br />
de la mémoire vivante de la lutte<br />
pour la dignité et pour la libération<br />
des peuples en Amérique latine.<br />
Cette année à la mi-août [2009],<br />
Pedro Casaldáliga recevait un<br />
groupe de militants de mouvements<br />
sociaux espagnols dans son humble<br />
maison de São Félix, dans l’État<br />
brésilien du Mato Grosso, pour réfléchir<br />
sur la « mondialisation qui<br />
a été pour nous la chance de reconnaître<br />
que nous sommes une<br />
seule humanité. Nous sommes tous<br />
égaux, nous devons l’être en dignité<br />
et en égalité des chances ». C’était<br />
le début d’une conversation où il fut<br />
question aussi bien de la situation<br />
politique du Brésil que des perspectives<br />
actuelles de la théologie de la<br />
libération en passant par le modèle<br />
de consommation et les défis de la<br />
gauche latino-américaine.<br />
Pedro Ramiro est chercheur à<br />
l’Observatoire des multinationales<br />
en Amérique latine (OMAL). María<br />
González Reyes et Luis González<br />
Reyes sont membres d’« Écologistes<br />
en action ». En août 2009,<br />
ils ont séjourné, avec d’autres militants<br />
de mouvements sociaux espagnols,<br />
dans la maison de Pedro<br />
Casaldáliga, à São Félix do Araguaia.<br />
Cet entretien a été réalisé<br />
à cette occasion, puis publié dans<br />
le numéro 39 de la revue Pueblos<br />
(septembre 2009).<br />
Dans la perspective que<br />
donnent les nombreuses années<br />
d’engagement avec les personnes<br />
les plus défavorisées de la<br />
planète, que signifie pour toi<br />
aujourd’hui la solidarité ?<br />
- Le premier monde se pose<br />
la question : et nous, que pouvonsnous<br />
faire ? Eh bien, renoncer enfin,<br />
et c’est déjà beaucoup demander, au<br />
privilège d’être le premier monde ;<br />
renoncer à cette condition exceptionnelle,<br />
alors que nous sommes une<br />
minorité de l’humanité si nous nous<br />
comparons à l’immense majorité que<br />
représente le tiers monde. Nous nous<br />
efforçons toujours de souligner que<br />
la solidarité n’est plus cette solidarité<br />
paternaliste qui envoie des vêtements,<br />
des médicaments ou d’autres<br />
biens… Elle doit être une solidarité<br />
qui va et qui vient, beaucoup plus<br />
concrète et beaucoup plus exigeante<br />
: nous donnons et nous recevons<br />
pour que la véritable solidarité, en<br />
plus de nourrir des personnes et<br />
de soigner des malades, facilite et<br />
stimule la vitalité de leur propre culture.<br />
Parce que nous, nous aidons<br />
des personnes qui ont une culture,<br />
qui ne sont pas seulement un estomac<br />
et des veines, mais qui sont<br />
des peuples. Pour cela, nous devons<br />
faire en sorte que la solidarité soit<br />
constante, consciente, autocritique,<br />
locale et globale : un aller-retour.<br />
Quand tu as rencontré Fidel<br />
Castro il y a vingt ans, il a affirmé<br />
que « la théologie de la libération<br />
aidait la transformation de<br />
L’évêque émérite du diocèse de São Félix do Araguaia, Pedro Casaldáliga,<br />
est l’un des plus éminents représentants de la théologie de la libération…<br />
l’Amérique latine beaucoup plus<br />
que des millions de livres sur le<br />
marxisme ». Sur quoi se base<br />
actuellement la théologie de la<br />
libération ?<br />
- Aujourd’hui, il y a différentes<br />
théologies de la libération. Ce<br />
qui a été fait, c’est d’incorporer plus<br />
explicitement des thèmes, des secteurs<br />
de la société, de la vie, auxquels<br />
auparavant on n’accordait<br />
pas autant d’importance. Sont apparues<br />
les questions concernant les<br />
Indiens, les femmes, l’écologie, les<br />
enfants de la rue …. Il s’agit maintenant<br />
d’une théologie enrichie par<br />
les revendications de ces groupes<br />
émergents et en conséquence, la<br />
théologie de la libération est davantage<br />
plurielle dans ses objectifs,<br />
toujours à l’intérieur d’une revendication<br />
de libération. Quand nous<br />
demandons la libération pour le<br />
peuple noir, nous demandons qu’il<br />
puisse ressentir l’orgueil d’être noir,<br />
qu’il ne se voit pas privé d’accès à<br />
l’université, à la fonction publique,<br />
au gouvernement, que disparaisse<br />
la ségrégation qui existe encore.<br />
Quand je suis arrivé en Amérique<br />
latine il y a 41 ans, il est vrai que les<br />
noirs dans leur immense majorité ne<br />
se reconnaissaient pas comme tels.<br />
Ils allaient même jusqu’à étirer leurs<br />
cheveux pour qu’ils n’aient pas l’air<br />
d’une chevelure de noirs. Maintenant<br />
ils sont en train de récupérer<br />
leur orgueil, leur identité. Quelque<br />
chose de semblable s’est produit<br />
avec la population indienne. Quand<br />
je suis arrivé au Brésil, on disait<br />
qu’il y avait 150 000 Indiens, alors<br />
qu’aujourd’hui il y en a 1 million.<br />
Dans cette région par exemple, les<br />
Indiens tapirapé ont reconquis leur<br />
territoire, de la même manière les<br />
Karaja en ont reconquis une partie,<br />
les Xavante aussi. Et tout ceci<br />
répond à l’esprit de la théologie de<br />
la libération.<br />
Une des critiques que les conservateurs<br />
adressent à la théologie<br />
de la libération porte sur le fait que<br />
c’est une théologie très matérialiste,<br />
qui se préoccupe beaucoup d’intérêts<br />
matériels, de besoins physiques et<br />
oublie l’esprit, la prière. Devant cela,<br />
je revendiquerais trois ou quatre orientations,<br />
indispensables à l’Église<br />
du Christ : la première, l’option pour<br />
les pauvres ; la deuxième, conjuguer<br />
foi et vie ; la troisième, mettre la<br />
bible entre les mains du peuple ; la<br />
quatrième, une solidarité authentiquement<br />
fraternelle.<br />
Qu’est-ce qui a permis à la théologie<br />
de la libération de si bien prendre en<br />
Amérique latine ?<br />
- En Amérique latine, la théologie<br />
de la libération s’est développée<br />
à un moment très favorable : le concile<br />
Vatican II venait d’avoir lieu ;<br />
quand je suis arrivé ici en 1968, des<br />
vents de changement soufflaient,<br />
c’était l’époque des dictatures militaires,<br />
le contexte était propice<br />
pour s’implanter et se lancer dans<br />
la libération. De plus, en Amérique<br />
latine, il existe une certaine unité de<br />
continent. C’est l’unique continent<br />
qui peut s’appeler la grande patrie<br />
: notre Amérique, comme disaient<br />
les libertadores [1] Cela a facilité<br />
l’émergence d’une théologie spécifiquement<br />
latino-américaine.<br />
Je n’oublie jamais comment<br />
les persécutions, les exils, les tortures,<br />
les martyrs, ont mieux encore<br />
rassemblé toute la réalité<br />
Suite à la page (15)<br />
Le Parti Communiste du Vénézuela (PCV) dénonce !<br />
Elections du 26 septembre: Le Parti<br />
Communiste du Vénézuela (PCV)<br />
dénonce la campagne anti-communiste<br />
de l’opposition qui prépare les<br />
conditions de l’établissement d’une<br />
dictature fasciste.<br />
Le Bureau politique du Parti<br />
communiste du Vénézuela (PCV)<br />
a accusé l’opposition d’extrêmedroite<br />
de lancer une campagne<br />
anti-communiste, dont l’objectif<br />
est de s’attaquer à la démocratie<br />
et d’acheminer le pays vers une<br />
dictature fasciste qui permette<br />
l’élimination de ceux qui luttent et<br />
des révolutionnaires.<br />
Voici les termes de Carolus<br />
Wimmer, membre de la direction<br />
nationale du Parti et candidat à<br />
sa réélection au Parlement latinoaméricain<br />
(Parlatino) dans le cadre<br />
de l’Alliance socialiste-communiste.<br />
Wimmer a rappelé qu’il y a<br />
80 ans, sous la dictature de Juan<br />
Vicente Gomez, régnait un féroce<br />
anti-communisme légal qui a permis<br />
l’emprisonnement, la torture,<br />
l’assassinat et l’exil de milliers de<br />
militants ouvriers et communistes<br />
impliqués dans les luttes, par le biais<br />
de l’article 32, paragraphe 6, qui<br />
interdisait toute activité communiste<br />
dans le pays.<br />
Le PCV a appelé le peuple à<br />
ne pas se laisser tromper et a mis<br />
Carolus Wimmer<br />
en garde sur le fait que ce que cherche<br />
la Table de l’Ultra-Droite (MUD<br />
– détournement du sigle officiel du<br />
parti de l’opposition droite, la Table<br />
de l’Unité Démocratique) et ses candidats<br />
à l’Assemblée nationale et le<br />
Parlatino, c’est de créer les conditions<br />
du coup d’Etat fasciste qui en<br />
termine avec toutes les avancées et<br />
les acquis gagnés par le gouvernement<br />
révolutionnaire, « Ces projets<br />
obscurantistes continuent à exister<br />
au 21ème siècle et nous rappellent<br />
que l’anti-communisme a précédé le<br />
nazisme allemand le siècle dernier »,<br />
a déclaré Wimmer.<br />
En tant que Parti communiste,<br />
nous rappelons que dans l’histoire<br />
contemporaine, l’impérialisme et les<br />
oligarchies ont utilisé l’anti-communisme<br />
pour commettre les plus<br />
grandes horreurs de l’humanité, lors<br />
desquelles on ne s’en est pas seulement<br />
pris aux communistes, mais<br />
aussi aux mouvements populaires<br />
et à tous ceux qui s’opposent à ses<br />
intérêts sinistres de domination.<br />
Wimmer a rappelé ainsi le<br />
poème du dramaturge et poète allemand,<br />
Bertolt Brecht [attribué désormais<br />
au pasteur allemand Martin<br />
Niemoller], qui dans une de ses<br />
œuvres a fait remarquer:« Quand<br />
ils sont venus chercher les communistes,<br />
Je n’ai rien dit, Je n’étais<br />
pas communiste. Quand ils sont<br />
venus chercher les syndicalistes,<br />
Je n’ai rien dit, Je n’ai rien dit, je<br />
n’étais pas syndicaliste. Quand<br />
ils sont venus chercher les juifs, Je<br />
n’ai pas protesté, Je n’étais pas juif.<br />
Quand ils sont venus chercher les<br />
catholiques, Je n’ai pas protesté, Je<br />
n’étais pas catholique. Puis ils sont<br />
venus me chercher Et il ne restait<br />
personne pour protester. »<br />
Détournement mal intentionné<br />
des symboles du parti<br />
Le PCV a annoncé qu’il va<br />
maintenant prendre des actions<br />
politiques et judiciaires contre le<br />
détournement mal intentionné que<br />
l’on est en train de faire des symboles<br />
du Parti communiste du Venezuela<br />
« La faucille et le marteau,<br />
symboles historiques du Parti communiste,<br />
expriment l’union de la<br />
classe ouvrière et des paysans, qui<br />
marquent l’unité du peuple dans la<br />
lutte pour le socialisme », a affirmé<br />
le dirigeant du parti. Et il a dénoncé<br />
le fait que ces symboles ont été<br />
utilisés par l’opposition « pour salir<br />
les murs et terroriser le peuple,<br />
certaines organisations et mouvements<br />
de droite ont même attaqué<br />
la mémoire du grand leader révolutionnaire<br />
que fut Gustavo Machado,<br />
et on a même cherché à utiliser<br />
la mémoire de Miguel Otero Silva,<br />
militant et fondateur du PCV, qui<br />
a dû s’exiler à cause de l’attitude<br />
anti-communiste de certains », a<br />
rappelé Wimmer.<br />
Hommage aux prisonniersdisparus<br />
Le Parti communiste du Vénézuela,<br />
s’est joint également à la<br />
commémoration du Jour international<br />
des prisonniers-disparus, rappelant<br />
la triste époque des gouvernements<br />
de l’AD (Action démocratique<br />
– sociaux démocrates) et du COPEI<br />
(chrétien-social) du Puntofijismo<br />
[de l’accord de Punto Fijo signé en<br />
1958 entre les sociaux-démocrates<br />
et les chrétiens-sociaux visant à<br />
construire un système bi-partisan<br />
Suite à la page (19)<br />
BG L’Auberge Créole<br />
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1366 Flatbush Avenue, Brooklyn,<br />
NY 112101211<br />
(between Farragut Road & E. 26th Street)<br />
718-484-3784<br />
718-484-3785<br />
Déjeuner<br />
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<br />
<br />
<br />
Dinner<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
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Salades<br />
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<br />
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Boissons<br />
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We cater for all occasions<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 13
Perspectives<br />
Douze ans d’ignominie Fin de l’injustice !<br />
Par Maury Toledo Carmen<br />
Liberté tout de suite !<br />
Le 11 Septembre 2001, le World<br />
Trade Center est devenu une légende<br />
tragique. Des milliers d'êtres<br />
humains, la grande majorité des<br />
immigrants latinos, ont embrassé<br />
leurs familles une dernière fois. Les<br />
imposantes tours jumelles en train<br />
de s'effondrer, le feu, la fumée, le<br />
symbole de la puissance commerciale<br />
démantelé, autant de souvenirs<br />
douloureux et indélébiles pour<br />
les survivants, les veuves et les<br />
orphelins, pour le peuple américain.<br />
Aussi indélébile est l'explosion<br />
du 6 Octobre 1972 de l’avion de<br />
la ligne Cubana de Aviación, qui a<br />
coûté la vie à 73 jeunes qui revenaient<br />
de représenter avec très<br />
grand talent la plus grande des<br />
Antilles lors d’un concours sportif*.<br />
Les auteurs de ce crime, des monstres,<br />
n'arrêtent pas de se vanter<br />
d’une atrocité d'une telle ampleur<br />
et déambulent dans les rues de Miami<br />
sans même s’en inquiéter.<br />
Le monde pullule d’êtres<br />
méprisables, de mercenaires assoiffés<br />
de haine face à un projet<br />
social humain et véritable Doués<br />
d’instincts meurtriers et d’idées<br />
macabres ils trouvent refuge au<br />
sein de ceux qui utilisent leurs services<br />
sanguinaires. Mais il existe<br />
aussi des gens à la fermeté inébranlable<br />
, à l'audace sans limite,<br />
amants de la paix, d’ engagement<br />
élevé à l’endroit de leur peuple et<br />
de leurs idéaux, disposés à arracher<br />
la mauvaise herbe du terrorisme<br />
à la racine et ses séquelles de souffrance<br />
et d’irréparable perte. Antonio<br />
Guerrero, Fernando Gonzalez,<br />
Gerardo Hernandez, Ramon Labañino<br />
et René González sont des<br />
hommes de cette catégorie. Ce ne<br />
Les Cinq souffrent des<br />
conséquences d'un jugement<br />
dans lequel le juge et le jury ont<br />
été intoxiqués à fond par les<br />
mensonges divulgués par une<br />
presse mafieuse.<br />
sont pas des êtres mythologiques,<br />
dotés de pouvoirs surnaturels,<br />
impeccables et parfaits. Leur nature<br />
mortelle se voit dans leur rire,<br />
leurs pleurs, leur amour pour leur<br />
famille, pour leurs dirigeants, pour<br />
cette auguste mère qu’est Cuba ;<br />
dans leur stoïque détermination,<br />
dans leur sens de la fraternité pour<br />
une cause qui les rend frères.<br />
Victimes d'une campagne de<br />
dénigrement orchestrée et financée<br />
par le gouvernement des États-<br />
Unis à la hauteur de 74.000 $,<br />
qui ont alimenté les comptes personnels<br />
de journalistes indignes et<br />
serviles, tels que Wilfredo Cancio<br />
Isla du Nuevo Herald ou Ariel Ramos<br />
et Helen Terré Ariel Ramos de<br />
El diario de Las Américas, les Cinq<br />
souffrent des conséquences d'un<br />
jugement dans lequel le juge et le<br />
jury ont été intoxiqués à fond par<br />
les mensonges divulgués par une<br />
presse mafieuse. Ainsi, ce 12 Septembre,<br />
ils auront purgé 12 ans<br />
d’une peine imméritée<br />
Courbé sous le poids d’une<br />
invraisemblable condamnation de<br />
deux peines à perpétuité et de15<br />
Ils n’ont commis aucun crime !<br />
Danny Glover, Edward Asner,<br />
Susan Sarandon, Oliver Stone,<br />
Martin Sheen, Pete Seeger, Ry Cooder,<br />
Bonnie Raitt, Chrissie Hynde,<br />
Haskell Wexler, Graham Nash et<br />
Jackson Browne, entre autres, enverront<br />
une lettre au président Barack<br />
Obama pour lui demander de<br />
libérer les cinq Cubains emprisonnés.<br />
Glover et Asner, chargés de<br />
l’organisation « Acteurs et Artistes<br />
Unis pour la Liberté des Cinq Cubanos<br />
», ont lancé un appel à leurs<br />
collègues aux Etats-Unis pour<br />
qu’ils ajoutent leurs noms à la missive<br />
pour demander à Obama qu’il<br />
émette un pardon exécutif pour les<br />
cinq citoyens de Cuba.<br />
Dans la lettre, les acteurs et<br />
les artistes affirment: « Nous sommes<br />
profondément consternés parce<br />
que les cinq Cubains, qui n’ont<br />
commis aucun crime contre les<br />
Etats-Unis ni ne représentent une<br />
menace contre la sécurité nationale<br />
de ce pays, sont emprisonnés<br />
depuis 12 ans. Ils s’informaient<br />
des activités violentes d’exilés cubains<br />
à Miami qui ont provoqué<br />
la mort de milliers de cubains. Ils<br />
protégeaient simplement leur pays<br />
d’actions terroristes futures ».<br />
D’autres acteurs et artistes<br />
ont ajouté leurs noms au document<br />
comme : James Cromwell,<br />
Mike Farrell, Bruria Finkel, Richard<br />
Foos, Elliott Gould, Greg Landau,<br />
Francisco Letelier, Esai Morales,<br />
Betty et Stanley K. Sheinbaum et<br />
Andy Spahn.<br />
La missive sera envoyée à<br />
ans additionnels de prison, relégué<br />
dans l'abominable "trou" une<br />
fois encore sans aucun fondement,<br />
empêché de voir sa femme Adriana<br />
Perez, jouissant de mauvaise santé,<br />
Gerardo Hernandez ne flanche pas.<br />
Reconnaissant, il tend la main au<br />
monde qui revendique à plusieurs<br />
reprises sa libération. René lui non<br />
plus n'a pas vu sa femme durant<br />
toutes ces années de détention. Ils<br />
[les Cinq] sont généralement dans<br />
l’impossibilité d’avoir des échanges<br />
normaux avec leurs avocats,<br />
ils sont punis pour des crimes qui<br />
n’existent pas, résultat d'un jugement<br />
partial en marge des lois du<br />
pays qui prône la démocratie.<br />
Mais les honnêtes gens ne<br />
se taisent pas devant l'injustice.<br />
Le monde continue et continuera<br />
de rester debout, dans un esprit<br />
de lutte, pour les voir de retour à<br />
Cuba, libres, comme ils auraient dû<br />
toujours le demeurer. La solidarité<br />
internationale est une avalanche<br />
irrépressible de loyaux alliés, qui<br />
de tous les coins du globe pressent<br />
Obama de mériter véritablement du<br />
Prix Nobel de la paix et de signer la<br />
décision de libérer nos Cinq Frères.<br />
Cuba et les gens avisés ont confiance<br />
dans la perfectibilité humaine,<br />
dans la vérité qui, même encore<br />
ligotée et bâillonnée, derrière de<br />
froids barreaux, finira par briser<br />
tout silence et jaillir à la lumière.<br />
Maury Carmen Toledo : Fonctionnaire<br />
de l'ambassade de Cuba<br />
en Haïti<br />
*Ndlr. Parmi les 73 victimes<br />
il y avait les 24 membres de<br />
l'équipe nationale junior d'escrime,<br />
qui venait de remporter toutes les<br />
médailles d'or aux Rencontres<br />
d'Athlétisme des Caraïbes et de<br />
l'Amérique centrale.<br />
Obama le 12 septembre.<br />
La Jornada12 septembre 2010<br />
Traduction: ASC-Ge<br />
Cuba si Lorraine 13 septembre<br />
2010<br />
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Gerardo Hernández, Ramón Labañino, René González, Antonio Guerrero<br />
et Fernando González, ont été injustement arrêtés pour avoir lutté contre<br />
le terrorisme.<br />
Par le Comité International pour la<br />
Liberté des 5 Cubains<br />
Le 12 septembre prochain, cela<br />
fera 12 ans que nos cinq frères<br />
cubains prisonniers politiques aux<br />
États-unis : Gerardo Hernández,<br />
Ramón Labañino, René González,<br />
Antonio Guerrero et Fernando<br />
González, ont été injustement arrêtés<br />
pour avoir lutté contre le terrorisme.<br />
Douze ans pendant lesquels<br />
Gerardo, Ramón et Antonio ont<br />
passé plus de 10 ans enfermés dans<br />
des prisons de très haute sécurité.<br />
Douze ans que Gerardo et René<br />
n’ont pas été autorisés à voir leur<br />
épouse. Douze ans pendant lesquels<br />
les Cinq ont été envoyés en cellule<br />
d’isolement total pendant plus de<br />
635 jours.<br />
Douze ans de souffrance pour<br />
cinq familles cubaines qui ont vu<br />
grandir leurs enfants sans la protection<br />
de leurs deux parents, qui<br />
ont perdu des êtres aimés sans la<br />
consolation de leurs fils. Douze<br />
ans d’octroi de visas au comptegouttes,<br />
sans savoir quand arriverait<br />
« l’autorisation tant attendue<br />
» pour aller les voir une nouvelle<br />
fois. Douze ans de honte pour la<br />
justice du pays qui prétend donner<br />
des leçons en matière de droits de<br />
l’Homme au monde entier.<br />
Le Comité international pour la<br />
liberté des cinq Cubains se joint à la<br />
Journée internationale qui débutera<br />
le 12 septembre et se poursuivra<br />
symboliquement jusqu’au 8 octobre,<br />
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date de la tombée au combat du Che,<br />
dans le cadre de la bataille permanente<br />
pour la vérité, la justice et la<br />
liberté des Cinq.<br />
Cette journée rappellera au<br />
monde que le 21 septembre 1976,<br />
à Washington DC, l’ancien ministre<br />
des Affaires étrangères Orlando<br />
Letelier et sa secrétaire, la jeune<br />
nord-américaine Ronnie Moffitt,<br />
étaient assassinés. Une fois de plus,<br />
nous dénoncerons l’explosion en<br />
plein vol, voilà 34 ans au-dessus<br />
des côtes de la Barbade, d’un avion<br />
civil de Cubana de aviación. Un attentat<br />
qui provoqua la mort de 73<br />
personnes et dont les auteurs avérés,<br />
Orlando Bosch et Posada Carriles<br />
jouissent des privilèges attribués par<br />
les différentes administrations des<br />
États-Unis, se promènent en toute<br />
liberté dans les rues de Miami et<br />
sont considérés comme des « citoyens<br />
honorables », au lieu de criminels<br />
internationaux. Aujourd’hui, 4<br />
septembre, date du 13e anniversaire<br />
de la mort, à 32 ans seulement, de<br />
Fabio di Celmo, le jeune italien, tué<br />
dans l’explosion d’une bombe posée<br />
pendant la vague d’attentats,<br />
commanditée par Luis Posada Carriles,<br />
dans les hôtels de La Havane<br />
en 1997, nous nous joignons aux<br />
actions des amis solidaires dans le<br />
monde entier.<br />
En mémoire de Fabio, des victimes<br />
de la Barbade, de tous ceux qui<br />
sont morts, des personnes mutilées<br />
à la suite d’attentats perpétrés par<br />
des groupes terroristes installés à<br />
Miami. Au nom du droit des peuples<br />
à vivre en paix, élevons nos voix<br />
avec tous les hommes et toutes les<br />
femmes honnêtes du monde, en réaffirmant<br />
notre engagement à multiplier<br />
nos efforts, jour après jour,<br />
pas à pas, pour qu’ensemble, nous<br />
obtenions le prompt retour des Cinq<br />
Cubains dans leur foyer, dans leur<br />
famille et dans leur Patrie.<br />
Exigeons du président Obama<br />
qu’il mette un terme à l’injustice et<br />
qu’il ordonne la libération immédiate<br />
des Cinq patriotes cubains.<br />
Cuba si Lorraine 8 septembre 2010<br />
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14<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Entretien avec Pedro Casaldáliga, théologien de la libération !<br />
Suite de la page (13)<br />
latino-américaine. Ici au Brésil,<br />
nous nous sentions parfois un peu<br />
distants de l’Amérique latine hispanophone<br />
: un pays trop grand<br />
avec une autre langue… Mais après<br />
toutes ces dictatures militaires où<br />
se mêlèrent les chants mais aussi le<br />
sang, l’Amérique latine est encore<br />
plus une, en incluant aussi les Caraïbes.<br />
Je préfère moi l’expression «<br />
notre Amérique » parce que les libertadores,<br />
Bolívar, Martí [2], Sandino<br />
[3], Fidel (Castro)…, utilisent<br />
davantage cette dénomination.<br />
Dans l’Agenda latinoaméricain<br />
que vous élaborez<br />
chaque année et qui sert de<br />
base de travail à beaucoup de<br />
militants du continent, vous<br />
avez mis comme titre en 2009<br />
« Vers un socialisme nouveau<br />
». Que veut dire ce « socialisme<br />
nouveau » ?<br />
- Qui le sait ? (Rires.) On<br />
pourrait dire aussi « gauche », ou<br />
« socialisme », mais en tous cas un<br />
certain nombre d’exigences sont indispensables<br />
: la première, le lucre<br />
ne peut être un objectif ; la seconde,<br />
il faut une certaine égalité, des<br />
niveaux suffisamment égalitaires,<br />
par exemple entre les salaires d’un<br />
ministre et d’un paysan ; on doit<br />
revendiquer un échange d’égal à<br />
égal entre les pays et enfin on ne<br />
peut pas accepter que le capital<br />
s’approprie le travail, l’économie et<br />
la démocratie elle-même.<br />
Comme nous le voyons en<br />
ce moment avec le Honduras, le<br />
temps des coups d’État peut-il<br />
revenir en Amérique latine ?<br />
- Qui sait ? Au moins au Nicaragua<br />
et en El Salvador, il ne pourra<br />
plus jamais y avoir ce qu’il y a eu :<br />
il y aura des injustices, il y aura des<br />
situations compliquées, mais une<br />
révolution vraiment populaire n’est<br />
jamais complètement perdue.<br />
Certes, le fait qu’un pays<br />
puisse être constamment massacré<br />
et que personne ne puisse<br />
intervenir, prouve que l’humanité<br />
va mal. Le socialisme ne peut pas<br />
accepter l’idée du colonialisme, de<br />
l’impérialisme. En ce sens, nous<br />
devons être reconnaissants à Cuba<br />
parce que, avec tous ses péchés<br />
et ses excès, le fait de contester<br />
l’empire avec obstination est un<br />
grand service pour l’Amérique<br />
latine et pour le monde. En ce sens,<br />
une politique mondialisée pourrait<br />
représenter une chance au niveau<br />
global.<br />
Tu as aussi mis beaucoup<br />
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l’accent sur le problème du consumérisme.<br />
Jusqu’à présent le consumérisme<br />
a été vu comme un<br />
excès de vanités : faut-il vraiment<br />
avoir quarante paires de<br />
chaussures, deux télévisions, etc. ?<br />
Mais c’est beaucoup plus sérieux :<br />
on consomme des droits, on consomme<br />
des besoins. Si 20% des<br />
personnes et des familles sont bien<br />
nantis et vivent dans la civilisation<br />
du bien-être, 80% n’ont pas le minimum.<br />
Le consumérisme est capitaliste<br />
et tout le mal que contient<br />
le capitalisme, le consumérisme le<br />
contient aussi. Si tu compares ce<br />
qui se passe au Japon et au Honduras<br />
quand il y a un tremblement<br />
de terre, tu vois que d’un côté trois<br />
personnes meurent et de l’autre<br />
2000. Les pays du premier monde<br />
se permettent de progresser toujours,<br />
et après nous, disent-ils, le<br />
déluge. Parce que la première chose<br />
que l’on regarde n’est pas le monde,<br />
mais sa propre maison.<br />
Pour l’agenda de l’année<br />
prochaine, vous proposez la devise<br />
: « Sauvons-nous en sauvant<br />
la planète ».<br />
Dans cette vision globalisée,<br />
j’ai découvert enfin que la planète<br />
est notre unique maison. Nous ne<br />
pouvons pas nous sauver nousmêmes<br />
si nous ne sauvons pas la<br />
planète. Mieux encore : il est bon<br />
de nous souvenir que nous pouvons<br />
supprimer complètement les<br />
hommes, mais la planète continuera.<br />
Ne serait-ce que par égoïsme,<br />
pourrait-on dire, nous ne nous sauvons<br />
nous-mêmes que si c’est avec<br />
la planète.<br />
Une conscience s’est créée qui<br />
n’existait pas avant : l’Amazonie a<br />
été pratiquement découverte pour<br />
ainsi dire ces derniers temps. Pour<br />
l’Église, l’Amazonie n’existait pas.<br />
Il y a bien eu quelques esprits «<br />
avancés » considérés comme des<br />
Don Quichottes sympathiques,<br />
avec des idées bucoliques plus que<br />
politiques, mais cela n’allait pas<br />
plus loin. Dernièrement, avec la<br />
globalisation, des techniciens et<br />
des scientifiques rappellent que<br />
les choses sont sérieuses. Et on<br />
en est arrivé à une posture plus<br />
politique.<br />
Devant tout cela, que<br />
peut-on faire ?<br />
Ce doit être tout un processus<br />
de conversion, un changement de<br />
mentalité. Tant que nous croirons<br />
que nous pouvons posséder tout<br />
ce que nous voulons, il n’y aura<br />
pas de solution. Précisément parce<br />
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que la situation est globale, il faut<br />
que toutes les bases acquièrent une<br />
conscience critique sur la situation<br />
réelle. Chaque famille a le droit et le<br />
devoir de s’imposer un certain plafond<br />
: si d’un côté, le père est dans<br />
une ONG de solidarité et si de l’autre<br />
le fils consomme en toute tranquillité,<br />
ces conduites contradictoires<br />
rendent immoral ce que nous sommes<br />
en train de construire.<br />
Il est bon que la presse alternative<br />
publie autant d’informations<br />
pour que nous nous rendions<br />
compte de ce qui se passe. Comme<br />
disent beaucoup de spécialistes, il<br />
ne va pas y avoir de problèmes, il<br />
y en a déjà et nous arrivons tard,<br />
il fallait les résoudre avant-hier.<br />
D’autres, plus encourageants, disent<br />
qu’il est encore temps, qu’on<br />
peut encore résoudre les problèmes.<br />
Sauf que pour cela on a besoin de<br />
politiques officielles. C’est déjà bien<br />
qu’une famille ait une voiture au<br />
lieu d’en avoir trois, mais cela ne<br />
résout pas le problème du pétrole.<br />
Quelle place reste-t-il alors<br />
à la politique ?<br />
Le problème ne peut se résoudre<br />
que s’il y a simultanément<br />
des politiques officielles et<br />
des politiques domestiques, des<br />
politiques de groupes, de partis,<br />
d’associations, d’ONG. Comme on<br />
le dit beaucoup en ce moment, le<br />
travail doit être local et global. Il<br />
faut valoriser davantage la politique.<br />
Il faut s’engager en politique,<br />
il faut assumer la vocation<br />
politique. Sinon nous en restons<br />
à des chants de protestations. La<br />
politique a perdu sa morale, elle est<br />
toujours entre les mains de gens irresponsables<br />
et sans conscience sociale.<br />
Les partis aussi bien que les<br />
syndicats ont causé beaucoup de<br />
déceptions, mais ils sont toujours<br />
valides, bien qu’ils soient moins<br />
hégémoniques, car il existe aussi<br />
beaucoup de mouvements sociaux<br />
Suite de la page (6)<br />
Kòlè te pran manifestan yo<br />
jouk yo te kouche atè, nan antre<br />
Primati a, ap rele « anmwey nou<br />
bouke ! Nou fout bouke pase mizè<br />
anba tant, prela ak moso twal sal.<br />
Prizon pou Preval, prizon pou Bellerive<br />
? Prizon pou Clinton ! » Manifestan<br />
yo fè konnen y ap kontinye<br />
ak mobilizasyon an jiskaske gouvènman<br />
Preval/Bellerive la fè kay<br />
bay tout sinistre 12 janvye yo, ki ta<br />
dwe pi gwo priyorite pou gouvènman<br />
an, men tout moun k ap reflechi,<br />
konstate se yo li pi meprize,<br />
pandan l ap fè magouy pou nonmen<br />
yon lòt ekip nan tèt peyi a, pou al<br />
satisfè enterè gwo peyi enperyalis<br />
yo ak tyoul li yo nan peyi Dayiti.<br />
Nan yon konferans pou laprès<br />
komite inisyativ la te bay madi 7<br />
septanm pase pou l te fikse pozisyon<br />
l kont espilsyon ak move sitiyasyon<br />
deplase entèn yo ap viv nan kan<br />
yo. Reyneld Samson te pale konsa.<br />
« Nou konstate viktim katastwòf 12<br />
janvye yo, 8 mwa aprè, yo kontinye<br />
viktim anba men otorite Leta<br />
yo, otorite Legliz ak grannèg ki ranmase<br />
tout richès ak tout byen peyi a.<br />
Alòske, deplase entèn yo kontinye<br />
ap viv nan move kondisyon pi mal<br />
pase bèt. Nou revòlte, lè n konstate<br />
jan gouvènman an meprize, maltrete<br />
sitwayen ki viktim katastwòf<br />
12 janvye yo. Alòske gouvènman<br />
an mete ansanm avèk kominote entènasyonal<br />
la pou gagote 2.6 milya<br />
dola vèt, daprè delegasyon palmantè<br />
ewopeyen ki te vizite peyi a semèn<br />
pase a.<br />
Tout moun konnen, 8 mwa<br />
aprè, nan ki kondisyon malouk,<br />
san parèy, san respè pou dwa<br />
moun, san respè pou prensip epi gid<br />
Nasyonzini an sou kesyon deplase<br />
et d’ONG très valables.<br />
Les meilleures ONG sont les<br />
plus politisées : elles se préoccupent<br />
d’aider en stimulant, d’aider<br />
en favorisant l’action et la formation.<br />
On devrait demander aux<br />
ONG de faire un examen de conscience<br />
politique parce qu’elles aident<br />
certes, mais… et les structures<br />
? L’Église catholique a toujours fait<br />
beaucoup la charité, mais si nous<br />
ne nous attaquons pas aux structures,<br />
nous en aurons toujours de<br />
néfastes.<br />
Au Brésil, un an avant les<br />
élections générales [4], quel<br />
jugement portes-tu sur le gouvernement<br />
de Lula ?<br />
- Lula, même s’il le voulait, ne<br />
pourrait faire un Brésil socialiste. Et<br />
pourtant, il pourrait prendre beaucoup<br />
de mesures qui iraient vers<br />
le socialisme : baisser les salaires<br />
des plus riches et augmenter ceux<br />
des plus défavorisés ; proposer des<br />
opportunités aux groupes humains<br />
qui n’en ont pas eues ; mettre le<br />
travail au dessus du capital ; ne pas<br />
se jeter corps et âme dans l’agronégoce<br />
mais dans l’agriculture familiale.<br />
Peut-on exporter ? Bien sûr<br />
que oui, mais sans donner priorité<br />
à ce qui n’est pas prioritaire. La devise<br />
de son mandat a été : que tous<br />
les brésiliens mangent une fois par<br />
jour. C’est un pas de proto-socialisme,<br />
c’est la moindre des choses,<br />
n’est-ce pas ? Mais malgré tout,<br />
des millions de personnes ne mangent<br />
pas tous les jours. Et quel chef<br />
d’État a eu les 80 % de popularité<br />
que Lula a maintenant ?<br />
Comment juges-tu le rôle<br />
des mouvements antimondialisation,<br />
les rencontres du Forum<br />
social mondial et les organisations<br />
qui prônent : « un autre<br />
monde est possible » ?<br />
- Cette conscience mondialisée<br />
nous aide à comprendre que nous<br />
entèn yo. Mete sou sa, deplase entèn<br />
yo kontinye ap resevwa anpil<br />
presyon, menas ak ekspilsyon fòse.<br />
Gen kote nou jwenn pastè ak mè ki<br />
pran tout mezi pou mete moun yo<br />
deyò. Konsa tou, nou jwenn nan<br />
yon seri kan, se otorite lameri yo ki<br />
mete bandi pou fè presyon ak menas<br />
sou viktim yo. Gen lòt kote, grannèg<br />
ki swadizan mèt tè ap itilize jijdepè<br />
magouyè, polisye restavèk pou fòse<br />
moun yo pran lari de bra balanse.<br />
Alòske, nou konnen se pa sa ni lwa<br />
nasyonal ak lwa entènasyonal yo di<br />
sou sitiyasyon deplase entèn yo, lè<br />
devons transformer le monde. Rien<br />
ne sert de s’occuper seulement de<br />
sa propre maison et de son propre<br />
pays. L’utopie devient ainsi plus réaliste<br />
parce que c’est une utopie qui<br />
a déjà une vision politique, solidaire,<br />
avec des attitudes concrètes. Il y a<br />
quelques années, qui aurait pu demander<br />
un gouvernement mondial<br />
? Aujourd’hui en parler n’est déjà<br />
plus aussi utopique. L’utopie est<br />
fille de l’espérance. Et l’espérance<br />
est l’ADN de la race humaine. On<br />
peut tout nous retirer, mais pas la<br />
fidèle espérance comme je le dis<br />
dans un poème. Cependant, ce doit<br />
être une espérance crédible, active,<br />
qui peut se justifier et qui agit. C’est<br />
pourquoi la théologie de la libération<br />
a tant insisté sur la praxis. Si<br />
nous disons que Dieu est amour, il<br />
faut mettre cela en pratique ; s’il est<br />
vie, il faut donner du prix à la vie.<br />
On nous dit : la religion n’est pas<br />
praxis, elle est foi. Mais la foi sans<br />
praxis est une chimère et aussi une<br />
imposture. En théorie c’est clair<br />
; maintenant, dans la pratique, il<br />
faut voir.<br />
Notes<br />
[1] Le vénézuélien Simón Bolívar<br />
et l’argentin José de San Martín, héros<br />
des luttes pour l’indépendance des pays<br />
du continent – note DIAL.<br />
[2] José Martí, héros national cubain<br />
(1853-1895) – note DIAL.<br />
[3] Augusto César Sandino<br />
(1895-1934), révolutionnaire nicaraguayen<br />
et leader de la lutte contre<br />
l’occupation militaire du pays par les<br />
États-Unis entre 1927 et 1933 – note<br />
DIAL.<br />
[4] Les élections auront lieu le 3<br />
octobre 2010 – note DIAL.<br />
Source (espagnol) : revue Pueblos<br />
n° 39, septembre 2009, p. 24-27<br />
Traduction de Bernard &<br />
Jacqueline Blanchy pour Dial.<br />
Dial – Diffusion d’information sur<br />
l’Amérique latine – D 3119.<br />
Dial 2 septembre 2010<br />
gen gwo katastwòf. Sa montre nou<br />
aklè, nan demokrasi boujwa sistèm<br />
kapitalis la, lalwa pa ka aplike, lè li<br />
anfavè malere ak malerèz. Lalwa<br />
fèt pou boujwa, pou moun ki kapab<br />
achte jistis. »<br />
Yon lòt kote, viktim 12 janvye<br />
yo, nan Fò-Mèkredi, yon zòn ki<br />
chita nan Avni Bòlòs, nan Sid kapital<br />
la, denonse otorite yo ak ONG<br />
yo ki pa fè anyen pou wete sinistre<br />
yo nan move sitiyasyon y ap viv<br />
nan kan yo. Sinistre yo mande kay,<br />
travay, lekòl pou pitit yo.<br />
Yves Pierre-Louis<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 15
A Travers le monde<br />
Enjeux des élections législatives du<br />
26 septembre 2010 au Venezuela<br />
Par Ignacio Ramonet<br />
Dans la dispute pour l'hégémonie<br />
idéologique en Amérique latine,<br />
deux épreuves décisives se déroulent<br />
les prochaines semaines : élections<br />
législatives au Venezuela, le 26<br />
septembre, et scrutin présidentiel au<br />
Brésil, le 3 octobre. Si la gauche démocratique<br />
ne venait pas à l'emporter<br />
dans ce pays-géant, le pendule politique<br />
s'inclinerait, à l'échelle continentale,<br />
vers la droite qui gouverne déjà<br />
dans sept pays : Chili, Colombie, Costa<br />
Rica, Honduras, Mexique, Panama et<br />
Pérou. Mais une telle éventualité semble<br />
peu probable ; José Serra, candidat<br />
du Parti du mouvement démocratique<br />
brésilien (PMDB, centre-droit), pourra<br />
difficilement s'imposer à Dilma Rousseff,<br />
du Parti des travailleurs (PT),<br />
candidate soutenue par le très populaire<br />
président sortant Luiz Inacio Lula<br />
da Silva, qui, si la Constitution l'avait<br />
permis, eût été facilement réélu pour<br />
un troisième mandat.<br />
L'affaire étant pour ainsi dire réglée<br />
au Brésil, les forces conservatrices<br />
internationales concentrent leurs<br />
attaques sur l'autre front, le Venezuela,<br />
dans l'espoir d'affaiblir le président<br />
Hugo Chavez et la révolution bolivarienne.<br />
Ce qui s'y joue c'est la désignation<br />
des 165 députés à l'Assemblée<br />
nationale (il n'y a pas de Sénat).<br />
Avec une particularité : les élus sortants<br />
sont presque tous chavistes,<br />
l'opposition ayant refusé de participer<br />
au précédent scrutin de 2005. Cette<br />
fois, elle n'a pas commis la même erreur<br />
; un assemblage hétéroclite de<br />
partis et d'organisation [1], agrégés<br />
par la haine anti-Chavez, se présente<br />
sous le sigle commun du MUD (Mesa<br />
de la Unidad Democrática, Table de<br />
l'unité démocratique) contre le Parti<br />
socialiste unifié du Venezuela (PSUV)<br />
[2] du président.<br />
Inévitablement, la majorité bolivarienne<br />
verra ses rangs diminuer<br />
dans la nouvelle Assemblée. De combien<br />
de députés ? Le gouvernement<br />
pourra-t-il poursuivre son programme<br />
de grandes réformes ? L'opposition<br />
aura-t-elle les moyens de freiner la<br />
révolution ?<br />
Tels sont les enjeux. En sachant<br />
que 60% des parlementaires (soit 99<br />
sièges) sont élus au scrutin nominal,<br />
et les autres 40% (soit 66 sièges) à<br />
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Des membres du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) en<br />
campagne pour les élections législatives<br />
la proportionnelle. La liste qui dépasse<br />
les 50% des suffrages obtient<br />
automatiquement 75% des sièges<br />
réservés au scrutin proportionnel. Ceci<br />
est fort important, car la Constitution<br />
prévoit que les lois organiques [3]<br />
doivent être votées par les deux tiers<br />
des députés et que les grandes lois<br />
qui habilitent le président à légiférer<br />
par décret, doivent l'être par les trois<br />
cinquièmes des députés.<br />
Cela signifie que si l'opposition<br />
obtenait 56 sièges (sur 165), elle<br />
pourrait empêcher l'adoption de toute<br />
loi organique ; avec 67 sièges, elle<br />
rendrait impossible le vote de lois habilitantes.<br />
Or jusqu'à présent, ce sont<br />
précisément les lois habilitantes qui<br />
ont permis la réalisation des principales<br />
réformes.<br />
Voilà pourquoi la bataille Venezuela<br />
mobilise tant d'énergies et de<br />
ressources au sein des droites internationales.<br />
Cela explique aussi la<br />
hargne et l'agressivité des nouvelles<br />
campagnes de diffamation lancées, à<br />
l'échelle mondiale, contre le président<br />
Hugo Chavez. Ces derniers mois, les<br />
accusations les plus malveillantes se<br />
sont succédées. Les médias de haine<br />
ont d'abord fait grand bruit autour des<br />
problèmes de restrictions d'eau et de<br />
coupures d'électricité (aujourd'hui résolus)<br />
dont ils rendaient coupable le<br />
gouvernement, sans mentionner la<br />
seule et vraie cause : le changement<br />
climatique responsable de la sécheresse<br />
du siècle qui a frappé l'hiver<br />
dernier le pays.<br />
Ils ont ensuite répété à satiété les<br />
accusations sans preuve avancées par<br />
l'ancien président de Colombie, Alvaro<br />
Uribe, à propos d'un supposé «Venezuela,<br />
sanctuaire des terroristes».<br />
Dénonciations aujourd'hui abandonnées<br />
par le nouveau président Juan<br />
Manuel Santos après sa rencontre du<br />
10 août avec Hugo Chavez. Celui-ci<br />
avait, une fois encore, redit que les<br />
guérillas doivent abandonner la lutte<br />
armée : «Le monde actuel n'est pas<br />
celui des années 1960. Les conditions<br />
ne se prêtent plus, en Colombie,<br />
à une prise du pouvoir. En revanche,<br />
la lutte armée est devenue le prétexte<br />
principal de l'empire pour pénétrer à<br />
fond en Colombie et, à partir de là,<br />
agresser le Venezuela, l'Equateur, le<br />
Nicaragua et Cuba [4].»<br />
Puis il y a eu les affolantes<br />
campagnes sur l'insécurité. Comme<br />
si le problème - auquel les autorités<br />
s'attaquent avec des moyens redoublés<br />
[5] - était nouveau. Voici, par<br />
exemple, ce qu'on pouvait lire - déjà<br />
en juillet 1995 ! - dans un reportage<br />
sur la saga de l'insécurité dans capitale<br />
vénézuélienne : «Une véritable<br />
psychose de peur hante Caracas.(...)<br />
La violence a atteint un tel degré de<br />
folie que les délinquants ne se contentent<br />
plus de voler.(...) On frappe<br />
pour le plaisir de frapper, on tue pour<br />
le plaisir de tuer. On s'acharne, on se<br />
saoule de cruauté. En une semaine,<br />
plusieurs personnalités - dont un célèbre<br />
joueur de base-ball (Gustavo<br />
Polidor), un chirurgien et un avocat<br />
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- ont été assassinées sous les yeux<br />
de leur famille. L'insécurité est partout.<br />
Une cinquantaine de chauffeurs<br />
d'autobus de la capitale ont été tués<br />
depuis le début de l'année... [6]»<br />
Contre toute évidence, les médias<br />
de haine répètent également que<br />
les libertés politiques seraient amputées<br />
et que la censure empêcherait<br />
toute liberté d'expression. Ils oublient<br />
de signaler que 80% des stations de<br />
radio et des chaînes de télévision appartiennent<br />
au secteur privé, alors<br />
qu'à peine 9% sont publiques [7]. Ou<br />
que, depuis 1999, quinze élections<br />
démocratiques se sont tenues qui<br />
n'ont jamais été contestées par aucun<br />
organisme international de supervision.<br />
Comme le souligne le journaliste<br />
José Vicente Rangel : «Chaque citoyen<br />
peut adhérer à n'importe lequel des<br />
milliers de partis politiques, syndicats,<br />
organisations sociales ou associations,<br />
et se déplacer sur l'ensemble<br />
du territoire national pour débattre<br />
de ses idées et opinions sans limitation<br />
d'aucune sorte [8].»<br />
Depuis la première élection<br />
d'Hugo Chavez, en 1999,<br />
l'investissement social a quintuplé par<br />
rapport à la moyenne de celui réalisé<br />
entre 1988 et 1998. Cela a permis<br />
d'atteindre, avec cinq ans d'avance,<br />
presque tous les Objectifs du millénaire<br />
fixés par l'ONU pour 2015 [9].<br />
Le taux de pauvreté a chuté de 49,4%<br />
en 1999 à 30,2% en 2006, et celui de<br />
misère de 21,7% à 7,2% [10].<br />
De résultats si prometteurs,<br />
méritent-ils vraiment tant de haine ?<br />
Notes<br />
[1] Acción Democrática (sociodémocrate),<br />
Alianza Bravo Pueblo<br />
(droite), Copei (démocrate chrétien),<br />
Fuerza Liberal (ultralibéral), La Causa R<br />
(ex-communistes), MAS (Mouvement<br />
au socialisme, gauche conservatrice),<br />
Movimiento Republicano (néolibéral),<br />
PPT (Patrie pour tous, droite), Podemos<br />
(Pour la démocratie sociale, gauche conservatrice),<br />
Primero Justicia (ultralibéral)<br />
et Un Nuevo Tiempo (social-libéral).<br />
[2] Fondé en 2007, le PSUV<br />
réunit presque toutes les forces politique<br />
qui soutiennent la révolution bolivarienne<br />
(Movimiento Quinta República,<br />
Movimiento Electoral del Pueblo,<br />
Movimiento Independiente Ganamos<br />
Todos, Liga Socialista, Unidad Popular<br />
Venezolana, etc.). Le Parti Communiste<br />
du Venezuela (PCV) n'a pas intégré le<br />
PSUV mais il soutient la plupart de ses<br />
options et a signé avec lui un accord<br />
d'alliance pour ces élections.<br />
[3] Une loi organique complète<br />
la Constitution et précise l'organisation<br />
des pouvoirs. Dans la hiérarchie des<br />
lois, elle vient en dessous de la Constitution<br />
mais au-dessus des lois ordinaires.<br />
[4] Clarín, Buenos Aires, 25 juillet<br />
2010.<br />
[5] Cf. Maurice Lemoine, «En<br />
proie à l'insécurité, Caracas brûle-t-elle<br />
?», Le Monde diplomatique, Paris, août<br />
2010.<br />
[6] Ignacio Ramonet, «Le Venezuela,<br />
vers la guerre sociale ?», Le<br />
Monde diplomatique, juillet 1995.<br />
[7] Ils «oublient» également<br />
de diffuser que, au Honduras, par exemple,<br />
pendant le premier semestre de<br />
cette année, neuf journalistes ont été<br />
assassinés...<br />
[8] www.abn.info.ve/<br />
node/12781<br />
[9] http://news.bbc.co.uk/hi/<br />
spanish/specials/2009/chavez_10/<br />
newsid_7837000/7837964.stm<br />
[10] www.radiomundial.com.<br />
ve/yvke/noticia.php ?45387<br />
Mémoire des luttes Septembre<br />
2010<br />
Le président<br />
Garcia invite<br />
les bases<br />
militaires<br />
étasuniennes<br />
Le président péruvien Alan García<br />
Le président péruvien Alan García<br />
a déclaré que les Etats-Unis pouvaient<br />
venir installer des bases militaires<br />
et des troupes dans son pays<br />
dans le cadre de la lutte contre les<br />
narco-trafiquants. Il a aussi critiqué<br />
le fait que la Colombie disposait de<br />
davantage d’aide que son pays, qui<br />
lui ne recevait que 37 millions de<br />
dollars par an pour la lutte contre les<br />
narco-trafiquants.<br />
Quelques jours avant son bras<br />
droit avait déclaré qu’il faudrait un<br />
équivalent de Plan Colombie pour le<br />
Pérou. Évidemment ces déclarations<br />
ont généré un torrent de réactions.<br />
Il y a quelques semaines, la sociologue,<br />
Alcira Argumedo, avait confirmé<br />
la présence de bases militaires<br />
étasuniennes au Pérou, notamment<br />
ce qui correspondait à l’ex-base de<br />
La Manta en Equateur qui avait été<br />
transférée.<br />
Pour l’ancien parlementaire<br />
socialiste Javier Díaz Canseco le<br />
président péruvien veut étendre au<br />
pays le Plan Colombia, en permettant<br />
l’installation de bases militaires<br />
étasuniennes en Amazonie dans la<br />
partie la du pays la plus proche du<br />
pays. Une façon d’abdiquer sa propre<br />
souveraineté.<br />
El Correo d’après Pulsar et Pagina<br />
12, 8 septembre 2010<br />
Le Flambeau<br />
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16<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Arts et Culture<br />
Fenêtre Culturelle<br />
Par Prince Guetjens<br />
Dans la démarche entreprise par<br />
l'hebdomadaire haïtien Haïti<br />
Liberté en vue de valoriser la culture<br />
haïtienne, fenêtre culturelle<br />
vient à point nommé pour renforcer<br />
la promotion en mettant le cap sur la<br />
production artistique et littéraire. En<br />
ce sens Clin d'œil sur l'actualité<br />
Artistique et Littéraire, De la<br />
Prose aux Vers, L’Art et son<br />
Histoire, et Regards Critiques,<br />
en sont les canaux de communication.<br />
Au cours de notre randonnée<br />
sur le territoire de l'esthétique, considérée<br />
depuis Baumgarten (1850) comme<br />
l'outil privilégié pour appréhender<br />
le réel représenté, suggéré, synthétisé<br />
ou rendu, nous avions montré<br />
le bien-fondé de trois des principaux<br />
aspects de l'expérience esthétique<br />
à savoir : la Poiésis, l’Aistesis et la<br />
Catharsis. Ces balises étant posées,<br />
nous pouvons à présent entamer le<br />
processus de questionnement du<br />
statut de la production artistique et<br />
littéraire et celui en particulier, de<br />
l'esthétique elle-même.<br />
Les attaques plus ou moins récentes<br />
contre l'esthétique présentent<br />
certaines analogies avec les attaques<br />
contre le Vodou en Haïti (campagne<br />
Rejete1941-42) conduite par l'Église<br />
catholique et les attaques les plus<br />
anciennes contre la théologie. Ce<br />
qui semble confirmer la thèse selon<br />
laquelle, lorsqu'on est sur la défensive,<br />
on répugne à reconnaître que<br />
l'on se trouve, de ce fait même, en<br />
posture d'accusé. C'est pourquoi il est<br />
recommandé de passer aussi vite que<br />
possible d'une défensive peu efficace<br />
à l'attaque contre les fausses vérités<br />
de toutes sortes 1.<br />
L'esthétique n'est pas seulement<br />
remise en question en raison<br />
de son dogmatisme, c'est son existence<br />
même, son utilité, a fortiori<br />
sa nécessité que l'on ne veut plus<br />
prendre au sérieux, au point d'aller<br />
parfois jusqu'à prophétiser qu'elle va<br />
mourir, voire - avec plus d'efficacité<br />
publicitaire encore - à constater<br />
qu'elle est déjà morte. On peut certes<br />
accueillir avec placidité les annonces<br />
nécrologiques de ce genre : depuis la<br />
phrase souvent citée de Hegel sur la<br />
fin de l’art jusqu'à la fin de la critique<br />
bourgeoise naguère proclamée,<br />
en passant par cette mort plus ou<br />
moins douce à laquelle la littérature<br />
a été périodiquement vouée 2. Heureusement,<br />
toutes ces disciplines<br />
coupables ont défié jusqu'ici le trépas<br />
qui leur était promis.<br />
Ci-dessous Monvelyno et son orchestre, ci-dessus dedicaçant son dernier CD<br />
New York.<br />
---------------------------------<br />
L'écrivaine Lydie Bruno vit à<br />
Montréal. Elle sort bientôt son premier<br />
recueil de poésie intitulé Saison<br />
du Cœur, elle nous fait l’honneur<br />
d’en publier un extrait dans notre<br />
rubrique.<br />
---------------------------------<br />
Fidèle à sa renommée, le célèbre<br />
plasticien anglais Damian Hirst<br />
continue à faire des vagues. Espérant<br />
attirer plus de 400.000 visiteurs à<br />
l'exposition Cornucopia de Damian<br />
Hirst, le Musée océanographique de<br />
Monaco a assuré pour 118 millions<br />
de livres (133 millions d'Euros) les<br />
œuvres retenues pour l'exposition.<br />
---------------------------------<br />
de la poursuite des publications obscènes,<br />
à la suite d'une visite dans<br />
la célèbre galerie, selon le quotidien<br />
anglais Guardian.<br />
---------------------------------<br />
Le célèbre cinéaste français<br />
Claude Chabrol nous a quittés ce dimanche<br />
12 Septembre à 9 heures du<br />
La poétesse Lydie Bruno<br />
Est le premier recueil de poésie écrit<br />
par<br />
Lydie Bruno<br />
Un extrait<br />
Je suis à l'automne de mon cœur<br />
Les feuilles éparpillées sur le sol<br />
humide<br />
Comme les pages de notre histoire<br />
S'envolent dans une brise à la tombée<br />
du soir<br />
Frissonnante de peur et de solitude<br />
Le vent glacé sur mon visage expose<br />
dans mes yeux sensibles<br />
Étend sur mes joues<br />
Tout le froid de mon âme<br />
Comme un torrent tiède d'amertume<br />
et de révolte<br />
Je ne te vois pas<br />
Je ne vois point<br />
Mes yeux sont clos de douleur<br />
Pourtant je voudrais voir ton ombre<br />
Qui se perd à l'horizon<br />
Je pleure mes plus beaux souvenirs<br />
Hantant mon cœur mon corps<br />
De désirs impossibles<br />
Je reste là immobile sans raison<br />
engloutie de passion<br />
Sans raison pendant que se déroule<br />
mon destin<br />
Et l’hiver m’envahit<br />
J’ai froid, j’ai faim, j’ai soif<br />
Je meurs du silence rien ne m’atteint<br />
Pas même le temps je n'ai pas<br />
d'espace<br />
Ma vie semble s'arrêter dans un lieu<br />
indéfini<br />
---<br />
Quand le chagrin se meurt à<br />
l'horizon<br />
Dans des jours sans couleur<br />
Sans parfum<br />
J'ai la nostalgie du délire<br />
Quand la tristesse se disperse<br />
M'empêchant de te voir<br />
Je veux ramasser<br />
Chaque bribe de souvenir<br />
Quand le destin tourne en dérision<br />
La meilleure saison de mon cœur<br />
J'oublie jusqu'à mon nom.<br />
---------------------------------<br />
Icône Urbaine<br />
Lauren Ekué<br />
Un extrait<br />
Je suis arrivée ici par piston.<br />
Mes beaux yeux et mon culot ont<br />
fait sensation auprès du patron. Je<br />
suis donc chargée de noircir ce feuillet<br />
de 1403 signes - pas un de plus -<br />
et de justifier ma présence illégitime<br />
et non avenue aux goûts de mes<br />
collègues de la rédaction. Grossière<br />
erreur !<br />
L'exemplaire que vous tenez<br />
entre vos mains est le huitième numéro.<br />
Je suis l'heureuse nouvelle<br />
chroniqueuse. Le salaire n'est pas<br />
mirifique, mais j'apprécie le titre de<br />
ma fonction. Rédactrice, le bonheur<br />
tient parfois en dix lettres.<br />
Vous êtes MES lectrices, MON<br />
public. JE VOUS ADORE. Femme<br />
d'expérience du haut de mes vingtcinq<br />
piges, J'ai pleinement confiance<br />
que vous me haïrez au fil des mots,<br />
au fil des pages. L'exaspération que<br />
suscite mon impertinence me convient<br />
à présent.<br />
Suite à la page (18)<br />
Notes<br />
Tübingen G. La Religion à<br />
travers l'histoire et de nos jours, 1957,<br />
art « Apologetik »,col 490.<br />
voir K.H. Bohrer., Sur le dernier<br />
acte de décès de la littérature et<br />
l'autodafé de la critique littéraire bourgeoise<br />
chez Karl Markus Michel, Hans<br />
Magnus Enzensberger et Walter Boehlich,<br />
Munich 1970.<br />
---------------------------------<br />
Clin d'œil sur l'actualité artistique<br />
et littéraire<br />
La Vente/signature/concert<br />
du premier Compact Disque solo de<br />
l'artiste Monvelyno Alexis a eu lieu,<br />
ce Samedi à la salle culturelle de Haïti<br />
Liberté, en présence d'une cinquantaine<br />
de personnes. L'animation<br />
musicale a été assurée par Monvelyno,<br />
accompagné de musiciens très<br />
respectés dans le milieu musical de<br />
Le Musée de Londres a refusé<br />
d'exposer une photo de l'actrice<br />
Brook Shields, ainsi ont décidé les<br />
policiers anglais de l'Unité chargée<br />
Shields Brook<br />
Claude Chabrol<br />
matin à Paris, dans sa résidence, à<br />
l'âge de 80 ans. Chabrol était un immense<br />
cinéaste, libre, pertinent, politique<br />
et prolixe. Il a participé en tant<br />
que critique de cinéma au lancement<br />
de la nouvelle vague, en publiant des<br />
textes dans Les Cahiers du Cinéma.<br />
C’est son film Le Beau Serge, sorti<br />
en 1958 qui lui a permis de percer<br />
le marché. Il a marqué son passage<br />
dans l'histoire du cinéma avec<br />
des films comme : Madame Bovary<br />
(1991), Violette Nozière et Merci<br />
pour le Chocolat (2000), Et en 2009<br />
il avait reçu La Caméra de la Berlinale<br />
pour l'ensemble de sa carrière.<br />
---------------------------------<br />
De la Prose aux Vers<br />
Saison du cœur<br />
Est le premier roman écrit par<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 17
Yon kozman ak John Steve Brunache!<br />
Suite de la page (20)<br />
M ap ensiste toujou pou m di,<br />
premye kesyon nou dwe reponn, kote<br />
n prale, ki kote n vle rive. Tout echèk<br />
nan tout tantativ revolisyon nou fè esplike<br />
paske nou pa gen destinasyon final.<br />
Kapab gen yon bezwen oubyen yon<br />
ijans ki deklannche yon mouvman espontane,<br />
men, pa janm gen yon vizyon<br />
klè, byen defini toutbonvre.<br />
Antouka, menmsi ta gen yon<br />
lidè ki konprann tout sa n eksplike la<br />
a, li pral kapote sou yon lòt dilèm ki<br />
se sistèm nan. Sistèm peyi Dayiti a se<br />
tankou yon moulen ki la pou l bwaye<br />
nenpòt moun si l pa dakò kraze l pou<br />
ranplase l pa yon lòt. Definitivman, tout<br />
sa k pou fèt nan kad chanjman pou peyi<br />
sa a dwe fèt sou baz yon revolisyon,<br />
sètadi repati a zewo.<br />
JR – Nan lane 1915, kolon enperyalis<br />
meriken foule sòl peyi Dayiti, se te<br />
yon epòk vrèman difisil, yon epòk kote<br />
peyi a te konnen yon gwo imilyasyon<br />
aprè endepandans li. Sòti 1994 rive<br />
2004, menm kolon sa yo sal moso tè a,<br />
yo foule anba pye dwa grandèt majè nasyon<br />
an, 2 fwa nan 10 lane. Ou menm<br />
k ap reflechi sou sitiyasyon peyi an, kòman<br />
ou konprann okipasyon sa yo?<br />
JSB – M kwè okipasyon sa yo se<br />
pa yon bagay ki fèt komkwa yo te deside<br />
pou y al poze grape yo sou peyi a.<br />
Se petèt opinyon pèsonèl mwen, men,<br />
lojikman, si se te sa vre, yo t ap bonbade<br />
peyi a depi sou lanmè. Mwen plis<br />
kwè se kèk moun ki pwofite okazyon<br />
pou yo vin konsolide enterè yo nan peyi<br />
a. Pandanstan sa a tou, nan yon lespri<br />
vanjans, yo fè chanbadman, e se lè sa<br />
a ou pral jwenn tout koulè imilyasyon.<br />
Konsa tou ou pral wè anpil moun ki te<br />
twò cho devan bann nan, okipan an<br />
depoze yo. Fòk nou onèt pou n di okipasyon<br />
sa yo pa fèt san kout plim ou kout<br />
dwèt pwòp moun anndan lakay nou,<br />
menmsi pafwa yo sou presyon zam, se<br />
petèt yon eskiz tou. Eske nou rann nou<br />
kont konkeran an pi entèlijan oubyen<br />
li pi fò pase nou? Repons lan se wi.<br />
Kounye a, nou menm, se ki reyaksyon<br />
pa nou devan fòs yo ak entèlijans yo?<br />
Anmajè pati, reyaksyon dirijan nou yo<br />
se kouche plat devan fòs okipan yo, san<br />
yo pa janm oze leve tèt yo pou yo pale<br />
ak yo tankou gason ki pote pantalon.<br />
Menm si souvan, okipan yo se zafè piye<br />
peyi a y ap regle, men fòk nou dakò<br />
nou menm ayisyen nou gen twòp trèt<br />
nan mitan nou. E, tout dirijan nou yo<br />
ki toujou trete ak okipan yo se trèt yo<br />
ye. Tretriz la, li ekziste anndan yon klas<br />
moun, yon gwoup moun ki idantifye tèt<br />
yo ak konkeran an. Jodi a, kolon an vini<br />
sou yon fòm dous. Li mikse tèt li ak tout<br />
kalite moun, tout koulè, tout klas, nwa,<br />
jòn, albinos, blan mannan. Se jis yon<br />
madigra, yon lamayòt, men se figi yo ki<br />
anndan mas la.<br />
Pandan 3 okipasyon sa yo, nou<br />
pèdi anpil, men si gen moun ki pèdi, se<br />
ayisyen, se pa trèt yo, se pa konze yo,<br />
paske yo menm, yo pa ayisyen, e yo<br />
konnen yo pa ayisyen.<br />
JR – 12 janvye, èske w te frape<br />
dirèkteman?<br />
JSB – Tout ayisyen, moun lòt nasyon,<br />
lemonn antye t ap suiv evènman<br />
an nan televizyon. Lè m te resevwa nouvèl<br />
a, m te nan telefòn ak yon zanmi m,<br />
yon jakmelyèn. Li t ap envite m pou m<br />
ale vizite Jakmèl. Yon sèl kou, konvèsasyon<br />
an te chanje. Li di m “Steve, pran<br />
CNN”. Mwen mande l sa k genyen. Li di<br />
m “Peyi a kraze”. Mwen met 2 men nan<br />
tèt. M santi m ta rele anmwe.<br />
Lè dezas la te rive, tout anndan<br />
zantray mwen tresayi. Men, kanmenm,<br />
sa rive, se tè a ki tranble. Kit lasyans<br />
rele l ‘Fay’, kit se teyori lòt moun k ap<br />
veye kòmando nan Sid la ki ta dige<br />
fay la, kit se teyori ansyen yo ki ta di<br />
peyi a twò lou avèk tout kalite peche,<br />
move panse, kit tou se lòt teyori ki di<br />
tan an te rive pou sa te refèt ankò, yon<br />
sèl bagay nou konnen, nan moman tè a<br />
te tranble a, se zantray tout ayisyen ki<br />
t ap rache. Kit dezas la te pase Jakmèl,<br />
Tigwav, Leyogàn, Pòtoprens, nou tout t<br />
ap soufri, paske tout peyi a se yon sèl<br />
peyi, se peyi nou. Ayiti se yon ti peyi<br />
tou piti. Lè nou gade fanmi nou anba<br />
mas beton, nou menm, nou depeyize<br />
byen lwen; gen moun ki pa menm gen<br />
papye, madanm yo, pitit yo, manman<br />
yo anba beton. Lè sa a nou vin rive yon<br />
John Steve Brunache Promo<br />
kote doulè a tounen yon glas nan Siberi<br />
oubyen nan Alaska, tout moun friz, tout<br />
moun tounen glas. Ou pa gen mo, ou<br />
pa gen rèl, ou pa gen dlo. Gen moun ki<br />
te gen tan di l, gen sa k te gen tan wè l,<br />
gen sa k te tande l. Etait il inscrit que<br />
cette ville allait devenir la proie des<br />
anophèles?<br />
Anthony Phelps ta di tankou<br />
vizyon ane 60 yo li te relate nan zèv<br />
li a “Mon pays que voici”. Il parle de<br />
“ce caillot de sang dans la gorge de<br />
mon pays (boul san sa a nan gòj peyi<br />
m)”. Men mwen menm, m ta prefere<br />
Phelps kite l kote l ye a, kòmkwa li ta<br />
fè yon “métaphore allégorique à la<br />
dictature”. Se pa t 12 janvye 2010<br />
li t ap pale anreyalite. Men, si se te sa<br />
tou, wi se te yon boul san nan gòj peyi<br />
a. Nou menm nou konnen Pòtoprens,<br />
avèk tout sa l genyen kòm mès, oubyen<br />
eleman poul nwa, bagay konsa,<br />
se te yon kote definitivman anofèl yo<br />
ta pral plonje. Nou konnen tou peyi sa<br />
a gen rekò nan istwa tranblemanntè.<br />
Se te yon neglijans otorite responsab<br />
yo depi lontan ki pa janm genyen yon<br />
plan ibanis, tankou, teknikman, oryante<br />
konstriksyon kay anndan peyi a,<br />
“en terme de prévision sysmique”<br />
parapò ak tranblemanntè lontan yo ki te<br />
konn kraze peyi a deja, yon fason nou<br />
ta ka sove anpil moun.<br />
Antouka, kòm nou tande tout<br />
gwo tèt ak kad teknik k ap panse sou<br />
kesyon an reyini, nou swete yo travay<br />
ankonsekans, pou yon fwa ankò nan<br />
lavi l, Ayiti pa peye gwo pri sa a ankò,<br />
yon pri l peye ak anpil san pitit li.<br />
JR –Gen anpil jèn atis ayisyen<br />
ki bandonnen tout bagay, pafwa se<br />
dekourajman ak fristasyon ki konn<br />
fòse yo kouri kite sèn lan. Eske se pa<br />
yon gwo kriz kiltirèl? Kòman nou konte<br />
remedye pwoblèm sa yo nan mizik<br />
oubyen nan nenpòt lòt domèn nan kilti<br />
ayisyen an?<br />
JSB – Pwoblèm nan pa touche<br />
mizik la limenm pou kont li tankou<br />
yon ramifikasyon anndan yon gwo<br />
estrikti yo rele lakilti. Men si n ta vle<br />
pale de mizik la sèlman, n ap konsidere<br />
tankou fòk mizik la jwe nan radyo, fòk<br />
yo pale de li nan jounal, alòske sektè<br />
medya a chaje pwoblèm. Gen jounal ki<br />
paka menm siviv. Fòk atis la monte sou<br />
“stage” ki yomenm chaje ak pwoblèm<br />
teknik tankou son, limyè, randevou k<br />
paka kenbe, elt. Dapre mwenmenm, fòk<br />
mesyedam pwomotè yo kòmanse konprann<br />
tankou atis k ap evolye nan peyi<br />
etranje yo, se la yo travay, se la yo fè<br />
lavi yo. Se ayisyen nou ye, lè Ayiti gen<br />
pwoblèm nou soufri avè l, men nou pa<br />
oblije paralize tout aktivite nou. Apwòch<br />
sa a pa konsène tranblemanntè a ki se<br />
yon gwo katastwòf. Men gen lòt twoub<br />
sosyal kòm koudeta, prezidan tonbe, lòt<br />
monte, pa di m mwen paka chante, se<br />
yon absidite. Ki fè tout tan, pwomotè yo<br />
pa separe travay atis ayisyen yo k ap<br />
viv aletranje ak sa yo k ap viv Ayiti, yo<br />
poko janm ap fè biznis. Mwen toujou<br />
rete yon atis ayisyen, men, mwen pa<br />
vle biznis mwen depann de Pòtoprens<br />
ki se yon vil ki toujou nan latwoublay.<br />
M panse tou, fòk pwomotè yo ta<br />
mete sou pye yon platfòm ki ta pèmèt<br />
yo òganize pibyen atis ayisyen yo k ap<br />
evolye nan peyi etranje. Fòk tou ta gen<br />
demach ki fèt pou zèv atis yo pwoteje<br />
nan konpayi etranje ki okipe travay<br />
kouvri atis, yon fason dwa atis yo respekte<br />
nan sektè medya ayisyen an,<br />
ki limenm dwe konprann responsablite<br />
l pou l enplike sektè kòmèsyal ayisyen<br />
an nan travay li ak atis yo. Paske<br />
si kòmès la peye radyo a, fòk radyo a<br />
dakò pou l peye m tou ak yon pati nan<br />
sa l pran nan men kòmès la, paske san<br />
mizik pa gen radyo. Si gen bon estrikti<br />
kon sa ki kanpe pou ankadre atis yo,<br />
yo kapab travay, viv san fristrasyon;<br />
konsa, menm jan ak tout lòt atis yo sou<br />
tè a, atis pa nou yo kapab genyen yon<br />
demen miyò.<br />
JR – Mwen te gen chans tande<br />
mizik ou, kit se lè w t ap jwe nan Tonmtonm<br />
oubyen lè w ap jwe ansolo. Fòk<br />
mwen di w mwen te admire videyo klip<br />
Tonmtonm lan. Mwen vin konprann<br />
tou, ou te vle denonse yon pakèt bagay<br />
ki revolte konsyans ou, pwoblèm ki<br />
gangrennen sosyete a. Eske w ka esplike<br />
nou nivo patriyotis ou, sètadi nivo<br />
angajman ou?<br />
JSB – Nivo patriyotis mwen, m<br />
pa oblije tounen dèyè pou m al defini l,<br />
paske tout sa m chante yo deja esplike<br />
l. Konpòtman m, entegrite m anndan<br />
sosyete ayisyen nan esplike l tou. Patriyotis<br />
mwen kilmine nan yon nivo ki<br />
ban m konfyans nan mwen menm ak<br />
sa m ap fè. Mwen se sa m rele yon neyo<br />
ayisyen, kidonk yon ayisyen nouvo.<br />
Mwen ta renmen entegre gwoup moun<br />
sa a anndan sosyete ayisyen an ki kreye<br />
sa n rele neyo ayisyen oubyen ayisyen<br />
nouvo. Nou poko ka pale de nouvèl<br />
Ayiti, paske pap janm ka gen yon nouvèl<br />
Ayiti si pa gen neyo Ayisyen, sa n<br />
ta defini kòm ayisyen konvèti, ayisyen<br />
chanje.<br />
Nou ka konprann jan pwovèb la<br />
di sa “bwa kwochi paka drese”, yon seri<br />
moun ki dòmi, leve nan vèdegri, moun<br />
sa yo pa pral pran yon beny pou yo<br />
chanje. Menmsi, kòm yon figi anblematik,<br />
ou ta ka mete labou a nan je yo,<br />
men yo pa pral lave l nan fontèn siloye<br />
a, y ap rete avèg.<br />
Nivo patriyotis mwen, li toujou<br />
nan kè m, m pote l sou mwen kote m<br />
pase.<br />
Sa n rele nouvo ayisyen an nap<br />
pale a, m vle fè yon figi avè l nan yon<br />
nouvo redaksyon ak endepandans nou<br />
an. Sa n ta rele « l’acte de la nouvelle<br />
indépendance d’<strong>Haiti</strong> :il nous faut la<br />
peau de l’amour pour parchemin, le<br />
crane de la liberté pour écritoire, le<br />
sang de l’union pour encre et la justice<br />
pour plume ». Sa ta dwe esplike kòmsi<br />
Ayiti se yon peyi ki ta dwe ekri sou yon<br />
lòt papye. « Moi John Steve Brunache,<br />
avec toute la force des dieux de ma race<br />
et ceux de mes ancetres, je marche le<br />
front altier, la tête droite, d’un pas décidé,<br />
je vais mon chemin avec devant<br />
moi : Toussaint Louverture sur les lieux<br />
de l’Est, Alexandre Pétion à l’Ouest,<br />
Jean Jacques Dessalines au Sud et Henri<br />
Christophe au Nord ».<br />
JR – Ou anplaye yon mo nouvo<br />
« neyo ayisyen ». Kijan ou defini yon<br />
neyo ayisyen?<br />
JSB – Neyo ayisyen se ayisyen<br />
nouvo. Se menm jan an tou, si m t ap<br />
pale sou relijyon, m t ap di neyo vodou<br />
oubyen nouvo vodou. Si nou pa janm<br />
rann nou kont tan n ap viv ladan l<br />
nan se yon tan nouvo, nou pap janm<br />
konprann sa k ap pase. Si jounen jodi a,<br />
blan yo oubyen lòt pèp yo ki se moun<br />
ki pa t janm dakò mache kòtakòt ak<br />
moun nwa, noumenm ayisyen anpatikilye,<br />
nou wè jounen jodi a moun<br />
sa yo ap kouri sòti toupatou sou latè<br />
pou vin ede nou, pote n konkou apre<br />
dezas tranblemanntè a. Sa vle di konkrètman,<br />
noumenm, an tèm vwazinaj,<br />
nou ta dwe wè, konprann anviwonman<br />
nou yon lòt jan. 12 janvye pèmèt nou<br />
konprann tout moun sou latè se frè ak<br />
sè, e gen yon sèl kòd ki mare nou tout<br />
ansanm, se lanmou. Jan m konsevwa<br />
nouvo ayisyen an, se pa yon moun ki<br />
toujou pè epòk Divalye a (papa ak pitit),<br />
yon epòk ki pase deja, l ale fè wout li.<br />
Sa vle di pou nou, nouvo ayisyen an se<br />
yon moun ki dwe soup, yon moun dyalòg,<br />
toleran, ouvè. Men tou, yon moun<br />
pratik, ki pa pral dòmi nan vèdegri. Se<br />
yon moun ki chase lakay li laperèz,<br />
lavyolans ak entranzijans pou l kapab<br />
vanse, enpi konprann peyi a, nasyon<br />
an tout antye. Se konsa nou konprann e<br />
defini neyo ayisyen an oubyen ayisyen<br />
nouvo, tankou yon moun ki gen yon vizyon<br />
global, mondyal; ki pre pou l chita<br />
ak lòt pèp ki genyen lòt teknoloji ak lòt<br />
mwayen ki ka ede nou konstwi peyi a.<br />
JR - Yon dènye mo pou Lektè<br />
Ayiti Libète yo.<br />
JSB – Ayiti Libète se yon enstiti-<br />
L’Art et son Histoire<br />
L’Art des Chasseurs<br />
Aujourd'hui nous abordons un moment<br />
important de l'histoire de<br />
l'humanité. Il s'agit d'une période où<br />
l'homme ne vivait que de la chasse<br />
et de la cueillette, parce qu'il n'avait<br />
pas encore découvert l'agriculture.<br />
Comme nous l'avions dit au début,<br />
chaque période de l'histoire de l'homme<br />
s'accompagne d'une forme d'art.<br />
L'époque des Chasseurs connue<br />
comme telle dans l'histoire, va de paire<br />
avec celle de la cueillette. La plus remarquable<br />
et la plus célèbre de la première<br />
manifestation de l'art au cours de<br />
cette période est une figurine féminine,<br />
découverte à Willendorf en Autriche,<br />
il y a 30.000 à 27.000 ans avant J.C.<br />
Cette pièce mesure 11cm de haut.<br />
L'œuvre est taillée en calcaire et<br />
semble à l'origine avoir été couverte de<br />
pigments, dont il reste des traces. La<br />
rondeur exagérée du corps donne une<br />
impression d'obésité molle aussi sensible<br />
que visible. Les mains reposent sur<br />
les seins, les bras et le bas des jambes<br />
ne sont que sommairement esquissés.<br />
Cette femme n'a pas de visage. Sa tête<br />
Suite de la page (17)<br />
J'ai du talent, plus qu'il n'en faut.<br />
Je me refuse à vous convaincre. Bon gré,<br />
mal gré, vous finirez par vous en apercevoir.<br />
Ma suffisance et mon aplomb<br />
vous agacent ? Quel dommage !<br />
Tout le monde se reconnaît,<br />
mais personne ne se connaît. Tous les<br />
mardis, tous les mercredis, sur la piste,<br />
je te vois comme tu me vois. Ma redoutable<br />
mémoire intervient et ne me<br />
trahit pas. Tenez, par exemple, lui, à<br />
ma droite. Hier matin, il bossait à la<br />
station-service de Villiers-le-Bel. Je le<br />
sais. J'y ai fait mon plein. Ce soir, il se<br />
cache derrière ses coûteuses lunettes<br />
Cartier. La semaine dernière, il me jurait<br />
ses grands dieux d'être rappeurs et producteur<br />
de la Mafia K1'Fry.<br />
Je viens de le crâner. Il le constate.<br />
Le pauvre s'étouffe alors en tirant<br />
nerveusement une bouffée de son Cohiba.<br />
Un peu plus loin, encerclée par un<br />
nuage de fumée, une jolie fille accoudée<br />
au bar sirote à la paille un onctueux<br />
milkshake à la fraise de ses lèvres<br />
humides. Elle met les hommes à ses<br />
pieds pour mieux les détrousser. Cette<br />
fille est l'employée du mois chez Quick.<br />
syon, yon jounal ki reflete Ayiti, k ap<br />
chante libète sou tout fòm. Men, anmenmtan<br />
tou, nan potansyalite l, se<br />
yon Ayiti libere. Kòm nou te di l, se noumenm<br />
ki anchennen pwòp tèt nou nan<br />
yon pakèt bagay, menm jan an tou, se<br />
noumenm ki pou libere tèt nou. Mo sa a<br />
nou gen pou n di pou lektè Ayiti Libète<br />
yo, li pa lòt bagay, yon mo lanmou, yon<br />
kout rèl pou chanjman ki ale nan sans<br />
batay la, yon kout rèl pou pwogrè ak<br />
moun ki vle vanse, yon kout rèl pou<br />
evolisyon moun k ap travay.<br />
Kèlkeswa moun nan ki konn li<br />
jounal la, kèlkeswa moun nan tou ki<br />
konn tande y ap pale sou Ayiti Libète, kit<br />
se nan jounal la li li l, kit se nan bouch<br />
moun li tande l, l ap toujou fè yo sonje<br />
yo pa dwe pè. Apre tout gwo fraka sa<br />
yo, tout terib trajedi sa yo sou peyi a, ki<br />
depacha l an miyèt moso, pèp la limenm<br />
toujou nan lari, l ap rele, l ap mande pou<br />
moun sispann foule dwa l anba pye. N<br />
ap di yo jounen jodi a, pandan y ap kiltive<br />
lanmou, se pou yo kiltive kouray ak<br />
bravou, pou yo pa pè pale. Pale, voye<br />
revandikasyon yo ale pou yo antre<br />
est entièrement recouverte de petites<br />
boucles courtes. Elle représente sans<br />
doute une image de la fertilité.<br />
Il s'agit probablement d'une espèce<br />
d'amulette destinée à être tenue<br />
dans la main. La Venus de Willendorf<br />
se retrouve actuellement au Musée<br />
d'histoire naturelle à Vienne.<br />
La deuxième manifestation tout<br />
aussi remarquable au cours de cette<br />
période, une autre statuette connue<br />
sous le nom de l'homme de Brno, est<br />
retracée vers 30.000 à 25.000 ans<br />
avant notre ère, en Tchécoslovaquie.<br />
C'est une statuette de 20 cm de haut,<br />
faite en ivoire.<br />
La statuette représente un homme,<br />
mais elle est sérieusement endommagée.<br />
Elle date de la même période<br />
que La Venus de Willendorf . Elle a été<br />
retrouvée dans la tombe d'un homme<br />
de haut rang. Le corps est schématiquement<br />
représenté. L'attention du créateur<br />
a été portée sur la tête, qui est réalisée<br />
dans un rendu naturaliste, avec des cheveux<br />
courts. Les yeux sont profondément<br />
enfoncés dans l'orbite. La pièce se<br />
retrouve aujourd'hui au Musée Morave,<br />
à Brno en Tchécoslovaquie.<br />
Ses lentilles bleues, son visage protéiforme<br />
et son épais maquillage la rendent<br />
méconnaissable. Fiez-vous à mon<br />
expérience. Regardez, elle détourne la<br />
tête en m'apercevant. Au royaume de<br />
l'esbroufe, les noctambules sont rois.<br />
La mythomanie légende leurs contes.<br />
Stuc, toc et strass annihilent toute vérité<br />
dans un abîme pailleté.<br />
Le DJ est tout excité. La salle<br />
vibre, ses platines s'échauffent. Les vinyles<br />
passent et repassent sans fin, une<br />
boucle de tubes rap, ragga, dancehall,<br />
débauche de morceaux choisis hip-hop.<br />
Throw your hands up. Au son de cette<br />
phrase, les habitués lèvent les bras,<br />
la salle toute entière saute dès qu'elle<br />
entend un jump. On danse comme des<br />
cinglés. La fête est là, réussie. Je suis<br />
dans le carré VIP, retranchée près de<br />
l'open bar. À quelques mètres de moi,<br />
des yeux verts me scrutent. Leurs assauts<br />
prolongés sont à deux doigts de<br />
gâcher ma soirée lorsque enfin, je retrouve<br />
quelques rappeurs, authentiques<br />
Stars du ghetto qui incarnent les nouveaux<br />
héros d'une intégration qui avait<br />
mal commencé.<br />
nan tout zòrèy yo dwe antre. Voye bon<br />
jan koze ki pou pèmèt yo libere tèt yo<br />
ak konsyans ayisyen an. Voye pawòl<br />
monte ki pou libere tout zonbi yo, zonbi<br />
k ap dòmi nan vèdegri ak kleren, zonbi<br />
nan palè, zonbi nan ministè, zonbi toupatou.<br />
Menmjan Ayiti Libète ap ekri,<br />
mwen menm m ap chante, yomenm fòk<br />
yo pale, paske se dwa yo pou yo pale,<br />
men pale nan sans lajistis ak libète. Pale<br />
pou yo fè tout moun konnen yo se yon<br />
pèp ki anndan yon sivilizasyon; valè<br />
yo, bèlte yo, syans yo, eritaj kiltirèl yo,<br />
se sa k fè nasyon an. E kèlkeswa syans<br />
ki nan men yo a, kit li se vodou, maji,<br />
tanbou, mizik, sèvi avè l pou fè peyi a<br />
vanse. Se toujou menm kesyon an: ki<br />
kote nou vle ale? Ki kote nou vle rive?<br />
Repons la, se yon Ayiti tou<br />
nèf kote tout moun va jwenn jistis,<br />
edikasyon, sante. Yon Ayiti kote pèp<br />
ayisyen va rive viv ak yon nouvo mantalite.<br />
JR – Nan non Ayiti Libète, mwen<br />
di w mèsi, bòn chans!<br />
JSB – Mèsi Jackson!<br />
18<br />
Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010
Un livreur de Pizza assassiné à Boston<br />
Par Jackson Rateau<br />
« Le mercredi 8 septembre<br />
dernier, dans la localité<br />
de Dorchester, Boston,<br />
Etat de Massachusetts,<br />
un ouvrier au nom de Richel<br />
Nova, travaillant à livrer<br />
des pizzas, a été poignardé<br />
par 3 jeunes bostoniens<br />
dont Alexander Emmanuel<br />
Gallet, 18 ans, Michel André<br />
Saint Jean, 20 ans (haïtiens)<br />
et Yamiley Mathurin,<br />
Suite de la page (8)<br />
qui se sont succédés au pouvoir,<br />
elles ont été oubliées parce<br />
qu’elles n’étaient filles de<br />
personne. Survivant de cette<br />
période macabre de la vie nationale,<br />
je suis la mémoire de<br />
cette génération, celle d’après<br />
1986 qui affrontait les fusils<br />
avec les mains nues, celle<br />
qui ne reculait devant rien<br />
pour empêcher ce que nous<br />
sommes en train de vivre<br />
aujourd’hui, l’occupation du<br />
territoire national. C’est une<br />
génération désintéressée qui<br />
marchait des kilomètres pour<br />
publier des notes de protestation<br />
à travers la presse,<br />
une génération qui rêvait au<br />
grand jour. Je suis fier d’avoir<br />
appartenu à ce groupe de<br />
femmes et d’hommes qui ont<br />
contribué à faire de moi ce<br />
que je suis. En ce moment de<br />
grand souvenir, j’ai une pensée<br />
spéciale pour les martyrs<br />
de ma génération, plus particulièrement<br />
Ely Laroque,<br />
victime des dérives dictatoriales<br />
des militaires en furie.<br />
Salvador Allende, un<br />
symbole vivant<br />
Je lisais que Socrate et<br />
Jésus-Christ représentent les<br />
deux plus grands sages que<br />
même la mort n’arriva pas à<br />
effrayer. Socrate a bu du poison<br />
de sa propre main, Jésus<br />
17 ans, haïtienne. Selon ce<br />
qu’a indiqué le commissaire<br />
de police de Dorchester Edwards<br />
Davis, les meurtriers<br />
avaient précédemment appelé<br />
une pizzeria pour placer<br />
une commande à livrer.<br />
Armés d’un long couteau,<br />
ils ont poignardé mortellement<br />
l’ouvrier Richel Nova,<br />
volé une petite valeur qu’il<br />
avait en sa possession,<br />
puis se sont enfuis avec<br />
sa voiture. « Richel Nova<br />
était un rude travailleur<br />
Christ, même sur la croix,<br />
implorait le pardon pour les<br />
soldats romains qui perçaient<br />
ses entrailles « car ils ne savent<br />
pas ce qu’ils font ». Salvador<br />
Allende, certain de sa<br />
mort prématurée, l’embrassa<br />
avec sérénité et tranquillité<br />
tout en exprimant son allégeance<br />
à son peuple que :<br />
« Dans cette étape historique,<br />
je paierai par ma vie ma<br />
loyauté au peuple ». Il affrontait<br />
la mort avec un courage<br />
exemplaire, ce qui fait de lui<br />
le héros latino-américain. Lui,<br />
le premier qui a ouvert la voie<br />
des élections au peuple, de la<br />
même façon que Fidel Castro<br />
l’avait révélé 13 ans avant,<br />
que la révolution est possible<br />
dans le continent américain.<br />
Allende a démontré que<br />
les peuples peuvent gagner<br />
à travers les urnes quoique<br />
suscitant l’empire à de scandaleuses<br />
barbaries humaines.<br />
Depuis lors, les expériences<br />
se poursuivent, Jean B. Aristide,<br />
avait repris le flambeau<br />
en 1991, puis ce fut le tour<br />
d’Hugo Chavez en 1994 au<br />
Venezuela, d’Evo Morales en<br />
Bolivie, de Raphaël Correa en<br />
Equateur, de Daniel Ortega au<br />
Nicaragua… Les peuples sont<br />
en ébullition, ils décident de<br />
prendre leur destin en main et<br />
sont conscients du risque que<br />
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qui menait une vie honnête<br />
pour s’occuper de sa<br />
famille. Il a été attaqué<br />
par 3 voyous. Pour une<br />
petite somme d’argent,<br />
ces suspects ont commis<br />
des actes ineffables de<br />
violence, n’ayant aucune<br />
pitié pour le travailleur.<br />
Le système de justice pénale<br />
de Massachusetts ne<br />
devrait également montrer<br />
aucune pitié dans sa détermination<br />
de les punir », a<br />
déclaré l’officier Davis.<br />
cela comporte.<br />
Désormais, du nord au<br />
sud, le système d’exploitation<br />
mangeur d’hommes est<br />
contesté dans le continent.<br />
Les luttes sociales sont de plus<br />
en plus régulières, sur fonds<br />
de crise économique où les<br />
gouvernements occidentaux<br />
affichent leurs misérables limites<br />
à redresser la situation.<br />
Ici aux Etats-Unis, les choses<br />
s’empirent. Dans une petite<br />
ville de l’état de Géorgie,<br />
Clayton County, les autorités<br />
sont obligées de stopper tout<br />
le système de transport public,<br />
utilisant l’autobus, abandonnant<br />
ainsi à leur sort plus<br />
de 8400 passagers qui l’utilisaient<br />
tous les jours.<br />
Dans Colorado Springs,<br />
les autorités municipales sont<br />
obligées d’éteindre un tiers de<br />
l’électrification des rues, soit<br />
24512 de pylônes d’éclairage<br />
électriques pour pouvoir<br />
balancer le budget de la ville,<br />
plongeant ainsi dans l’obscurité<br />
une bonne partie. En<br />
même temps, le gouvernement<br />
distribue de l’argent aux<br />
plus riches sous toutes les formes<br />
possibles et imaginables.<br />
Je lisais un petit journal<br />
édité dans la ville de Bucks<br />
County de l’état de Pennsylvanie.<br />
L’auteur a révélé<br />
que 9.1 milliards de dollars<br />
ont disparu en<br />
Irak et personne<br />
n’arrive encore<br />
à justifier cette<br />
forte somme.<br />
Le responsable<br />
du ministère de<br />
la défense, au<br />
Pentagone, estime<br />
que l’argent<br />
a été bel et bien<br />
dépensé, mais<br />
qu’il n’y a pas de<br />
factures disponibles.<br />
N’est ce pas<br />
risible ! En ces<br />
temps de grandes<br />
difficultés,<br />
je me réfère encore<br />
à Salvador<br />
Allende, pour<br />
dire : « Allez<br />
de l’avant, sachez<br />
que bientôt<br />
s’ouvriront de<br />
grandes avenues<br />
où passera<br />
l’homme libre<br />
pour construire<br />
une société<br />
meilleure ».<br />
Sit-in et<br />
manifestation des<br />
sinistrés<br />
Par Jackson Rateau<br />
Le vendredi 10 septembre<br />
dernier, dans le but<br />
de revendiquer de meilleures<br />
conditions de vie, des<br />
dizaines de sinistrés vivant<br />
dans différents camps de<br />
la périphérie métropolitaine<br />
ont observé un sit-in<br />
à l’entrée du siège du gouvernement<br />
au Bicentenaire.<br />
Bien que maintenus<br />
à distance par les policiers,<br />
assurant la sécurité des locaux<br />
logeant la primature,<br />
les manifestants, chapeautés<br />
par l’organisation Force<br />
de Réflexion et l’Action sur<br />
la Problématique du Logement<br />
(FRAKKA), ont lancé<br />
des messages virulents au<br />
président Préval et au Premier<br />
ministre Jean Max Bellerive,<br />
leur réclamant de leur<br />
pourvoir des logements décents.<br />
Ils en ont profité pour<br />
dénoncer les conditions infrahumaines<br />
de saleté et de<br />
misère régnant dans les centres<br />
d’hébergement. Ils ont<br />
aussi dénoncé les menaces<br />
d’expulsion dont ils sont<br />
victimes de la part des mairies<br />
et des propriétaires des<br />
domaines privés.<br />
Par ailleurs, le lundi 13<br />
septembre 2010, des centaines<br />
de sinistrés issus des centres<br />
d’hébergement dont Camp<br />
Corail, Jérusalem et Canaan II,<br />
ont manifesté devant les locaux<br />
du Palais national où ils ont<br />
exposé leur piteuse condition<br />
de vie dans les camps. Ils ont<br />
déclaré avoir été placés dans<br />
ces zones désertiques seulement<br />
pour 3 mois, alors qu’ils<br />
encourent 6 mois. Ils sont tous<br />
dans l’impossibilité d’envoyer<br />
leurs enfants à l’école.« Nous<br />
sommes de la commune de<br />
Delmas. Des ONG comme ARS,<br />
OIM et World Vision nous ont<br />
tout bonnement délogés des<br />
camps de Delmas et nous ont<br />
placés à Camp Corail, seulement<br />
pour 3 mois. Maintenant<br />
nous vivons plus que 6<br />
mois dans ce camp d’enfer où<br />
nous avons connu 4 cyclones.<br />
Jusqu’à présent, elles ne nous<br />
ont rien dit, ces ONG. Donc,<br />
aujourd’hui, nous sommes en<br />
protestation contre tous ces<br />
mensonges, ces tromperies du<br />
gouvernement et des ONG », a<br />
déclaré un des manifestants du<br />
Camp Corail. « Nous venons de<br />
3 camps : Corail, Jérusalem et<br />
Canaan II. Nous commençons<br />
à enregistrer des morts dans<br />
nos rangs. Les vieillards, les<br />
enfants, les femmes qui ne<br />
peuvent pas résister à la faim<br />
et aux maladies sont morts »,<br />
a indiqué un jeune homme.<br />
« Je vis au Canaan II.<br />
J’ai 8 enfants. Je n’ai aucune<br />
demeure où poser ma tête<br />
avec mes enfants. Les grandes<br />
bourrasques et les violentes<br />
averses nous ont fouettés »<br />
s’est plainte une femme.<br />
Suite de la page (13)<br />
écartant le Parti communiste<br />
et aboutissant de fait à la constitution<br />
d’une dictature oligarchique],<br />
qui ont le sombre<br />
record d’avoir fait découvrir<br />
en Amérique latine l’image du<br />
prisonnier-disparu, avec plus de<br />
5 000 vénézueliens qui ont été<br />
prisonniers, torturés et ensuite<br />
disparus. « Ils ont été assassinés<br />
– a souligné Wimmer –<br />
par les mêmes qui aujourd’hui<br />
raniment l’anti-communisme<br />
et se présentent, certains<br />
d’entre eux, comme candidats<br />
à l’Assemblée nationale et au<br />
Parlatino », a-t-il dit.<br />
Le PCV a rappelé que la<br />
totalité des disparus vénézueliens<br />
proviennent de la « fausse<br />
démocratie » de l’époque des<br />
40 ans du Pacte du Punto Fijo,<br />
où veut nous ramener cette<br />
opposition apatride. Le PCV a<br />
évoqué le souvenir de Donato<br />
Carmona et Alberto Lovera,<br />
comme exemple de ce qui s’est<br />
produit au Vénézuela sous les<br />
gouvernements de ceux qui se<br />
présentent aujourd’hui comme<br />
démocrates et qui ont été prisonniers<br />
et ensuite disparus.<br />
Pour ce qui est de Carmona,<br />
son corps n’est jamais réapparu<br />
et pour Lovera, c’est à la mer<br />
qu’ils jetèrent ses restes, après<br />
l’avoir torturé et assassiné.<br />
Les communistes se<br />
sont déclarés disposés à apporter<br />
tout leur soutien au<br />
Projet de Loi vérité, mémoire<br />
et réparation qu’a présenté<br />
l’organisation « Capitaine de<br />
navire Manuel Ponce Rodriguez<br />
» à l’Assemblée nationale.<br />
Traduction JC pour solidarite-internationale<br />
Cuba si Lorraine 7<br />
septembre 2010<br />
The President of Metropolitain College of New York, Dr. VINTON THOMPSON and<br />
Councilmember MATHIEU EUGENE invite you to attend the RECEPTION CEREMONY<br />
Welcoming the MCNY <strong>Haiti</strong>an citizen Scholarship recipients.<br />
September 16, 2010 4:00 – 6 pm<br />
Place : Brooklyn Borough Hall 2nd Floor Rotonda<br />
Light refreshment will be served.<br />
Please contact the office of Councilmember MATHIEU EUGENE at (718) 287-8762<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010 Haïti Liberté 19
Yon kozman ak John Steve Brunache!<br />
Jackson Rateau - Chak fwa<br />
yon moun di John Steve Brunache,<br />
non sa a sonnen fò, li frape zòrèy<br />
ak lespri avèk yon pakèt bèl souvni.<br />
Konsa tou gen anpil moun ki tande<br />
non an, men ki pa konnen ou, èske<br />
ou kapab di nou ki moun, ki John<br />
Steve Brunache?<br />
John Steve Brunache – Mwen<br />
se yon chantè, nonsèlman sa, mwen<br />
gen yon lòt talan petèt ou ka pa konnen,<br />
mwen se yon powèt. Anpil<br />
moun pa konnen si m se yon evanj<br />
limyè tou, sètadi yon moun k ap<br />
pale pou yon nouvèl konsyans. Gen<br />
moun ki rele l pastè, pè, predikatè,<br />
antouka, yon moun k ap pale pou<br />
yon nouvèl konsyans, pou yon nouvo<br />
mantalite, se yon moun k ap pale<br />
sou chanjman. Mwen se yon papa,<br />
yon sitwayen inivèsèl ki gen yon fòmasyon<br />
nan Ar dramatik. Mwen se<br />
yon animatè radyo, mwen te travay<br />
nan radyo Metwopòl an Ayiti, Ozetazini<br />
espesyalman nan Nouyòk mwen<br />
te travay nan radyo Twopikal, Radyo<br />
Verite ak nan Radyo Solèy kote m<br />
te direktè pwogramasyon. Pou tout<br />
moun ki pat konnen m yo, m se John<br />
Steve Brunache, yon ayisyen inivèsèl.<br />
JR – Lakilti se yon zam, se yon<br />
fòs nan tout batay pou liberasyon<br />
yon pèp. Se nan sans sa a, ou jwenn<br />
atis k ap goumen ak plim yo, gita<br />
yo, tanbou yo, mikwo yo, penso yo<br />
elatriye. Ou menm John Steve Brunache<br />
k ap goumen avèk yon bwa<br />
gita anba bra ou ak yon mikwo nan<br />
bouch ou. Eske ou panse konbatan<br />
tankou w yo kab sèvi ak lakilti kòm<br />
zam pou yo goumen, èske w kwè<br />
nou ka rive?<br />
JSB – M ap di l kareman, wi<br />
nou ka rive. Ak yon sèl diferans, gen<br />
moun ki pran plis tan, gen sa ki pran<br />
mwens tan, depann chemen yo pase,<br />
zam yo sèvi, oubyen kouraj yo nan<br />
lit la. Ou itilizeyon yon mo « rive »,<br />
se byen di. Men rive ki kote? Se vre<br />
depi lontan, n ap sèvi ak plim, gita,<br />
mikwo, lakilti anjeneral, pou n goumen<br />
kont tout sistèm fachis, reyaksyonè<br />
gwo peyi enperyalis, krazezo,<br />
diktatè tout fòm tout koulè yo met<br />
sou pye. Men, anmenmtan tou, èske<br />
n janm chita ansanm pou n defini<br />
klè kou dlo kòk objektif nou, sa vle<br />
di, kote n vle ale. M panse, se mank<br />
sa n ta rele règ ak prensip anndan<br />
dyalòg la ki ba nou reta sa a. Men,<br />
nou ka toujou rekipere tan nou pèdi<br />
si n sèvi ak zam lapanse, paske, se pi<br />
gwo zam ki ekziste nou te konn itilize<br />
depi lontan. Nan tout engredyan<br />
n ap reyini pou n fè lit la vanse, pou<br />
n reyisi, gen youn nou toujou neglije,<br />
se dyalòg. Nou pa janm vrèman chita<br />
ansanm pou n defini ki kote nou prale,<br />
ki kote n vle rive. Konsa, jan m te<br />
reponn kesyon an pi wo a: wi nou ka<br />
rive; men, ki kote?<br />
Depi kèk tan deja, n ap voye<br />
kout rèl, kònen lanbi rasanbleman<br />
pou yon konsòsyòm ak yon dyalòg.<br />
Yon dyalòg detèmine, dirije, disipline<br />
pou n di klè kote n vle rive. Vwa nou<br />
rete initil, tankou moun k ap rele<br />
nan dezè. Non sèlman sa, anplis nou<br />
pa janm gen repons, menm sa nou<br />
te kòmanse fè, tout pèdi. Se gade n<br />
gade nou wè opòtinis tout plimaj, tout<br />
koulè anvayi nou. Gen kèk moun se<br />
opòtinis pwofesyonèl yo ye, kote<br />
tanbou a bat, yo pral danse l, kote<br />
tab la drese, yo pral manje, san yo<br />
pa t janm fè anyen nan preparasyon<br />
ni fèt la ni manje a. Opòtinis yo se<br />
konsa yo ye, se konsome l konsome<br />
san travay. Kidonk, moun sa yo k<br />
ap travay ak plim, mikwo, tanbou<br />
elatriye, nan lit la, travay yo a gate,<br />
paske, yo nik rete toudenkou, yo wè<br />
lòt moun ki pat patisipe nan preparasyon<br />
travay la pote boure pou yo vin<br />
pran woulib, vin jwi. Kidonk, kòm<br />
yo pat konnen anyen nan sa k te fèt<br />
deja sou preparasyon travay la, tout<br />
bagay vin gate nan men yo.<br />
JR – Eske gen lespwa pou pèp<br />
Ayisyen an jwenn yon delivrans,<br />
oubyen sa n ta rele yon dezyèm<br />
endepandans?<br />
JSB – An n pran dabò dezyèm<br />
endepandans lan, se limenm m ap<br />
preche tout tan. Se chimen lavi, chimen<br />
lanmou, chimen limyè. Nou pa<br />
pale l menmjan ak zansèt nou yo ki<br />
te kase gwo chenn asye pou yo te<br />
pran epi ba nou yon endepandans<br />
fizik. Nou ka pran yon endepandans<br />
tout bon, lè n kase chenn ki nan<br />
mantalite nou. Si nou goumen kont<br />
yon sistèm, nou genyen, epi apre<br />
viktwa a, nou youn leve kont lòt,<br />
pa gen endepandans, pa gen viktwa,<br />
paske li enposib pou w ta konsome<br />
endepandans lan nan chen manje<br />
chen. Jan m wè endepandans lan, se<br />
kòm yon endepandans ideyal, yon<br />
endepandans ki nan tèt nou, nan kè<br />
nou ak nan nanm nou. Kòman m wè<br />
w, kòman w wè m. Eske w vle ralanti<br />
m nan travay mwen, èske m vle ralanti<br />
w nan travay ou. Sa pa t ap gen<br />
okenn sans dayè, piske travay pa m<br />
ta dwe pou avansman pa w e travay<br />
pa w pou avansman pa m. Paske<br />
n ap viv nan yon sosyete kote tout<br />
sa w fè anndan kolektif la ki bon,<br />
enben, li bon pou tout moun. Kòm<br />
ekzanp, nan koup dimonn foutbòl ki<br />
sòt pase a, nou wè jwè yo reflete sou<br />
nasyon yo. Ayisyen konprann lojik<br />
sa a byen, men yo jis pa vle pratike<br />
l. Kidonk, kòm pèp ayisyen an nan<br />
peyi Dayiti se yon pèp yo « chozifye<br />
», si w pèmèt mwen di tèm nan<br />
konsa. Li pa konprann sa k ap pase,<br />
kòm otè Alphonse Daudet te di: “Lè<br />
w se yon moun ki tounen yon choz,<br />
fòk ou travay 2 fwa pi plis pou w vin<br />
tounen menm moun ou te ye anvan<br />
an, oubyen moun menm jan ak<br />
tout moun”. Kidonk, politisyen tout<br />
koulè, tout plimaj chozifye pèp la, fè<br />
l fè jiwèt, mete l nan lari lè yo vle, lè<br />
yo bezwen regle zafè yo, jete prezidan,<br />
monte prezidan.<br />
Mwen menm, mwen panse<br />
moun ki chozifye nan nivo sa a pa<br />
ka rekonèt yo lib, yo endepandan,<br />
paske, an reyalite, moun nan pa depann<br />
de pwòp tèt li tout bon vre. Kèk<br />
kote, sou yon fòm ou yon lòt, li gen<br />
yon moun k ap deside pou li.<br />
Anndan endepandans lan tou,<br />
gen sa yo rele libète, kote ni mwen ni<br />
ou, fòk nou youn respekte libète lòt.<br />
Tout bagay sa yo, se yon travay nan<br />
pwosesis mantal, kolektif yon pèp,<br />
gwo mesye yo ki pran pòz mèt pèp la<br />
pa janm vle fè, e yo pap janm fè tou.<br />
Nou wè nèg tout kalite, tout<br />
koulè, lè yo bezwen pèp la pou l al<br />
vote, yo mache chèche l nan tout<br />
twou kote l kache kò l, nan tout tèt<br />
mòn, nan tout plenn, nan tout ti<br />
kayit kote l ap trennen madoulè mizè<br />
l ak lapenn li. Apre yo fin vote, tout<br />
bagay fini nan biwo vòt la. Yo pa<br />
janm, omwen, chèche fè limyè pou<br />
yo ta ba li yon ti klète nan kalbas tèt<br />
li. Sa k pi lèd ankò, ki menm santi<br />
nan nen nou, nou jwenn lòt moun<br />
ki sòti nan lòt peyi, moun ki pa fèt<br />
oubyen leve an Ayiti, yo aprann yo<br />
avèk bonjan teknik kòman pou yo<br />
John Steve Brunache<br />
pratike operasyon chozifikasyon an<br />
sou pèp la. Moun sa yo, pèp la pale,<br />
yo pale, men youn pa tande lòt, youn<br />
pa konprann lòt.<br />
Pou mwen menm, endepandans<br />
enplike yon pakèt bagay tankou<br />
sans libète, responsablite ak moral. M<br />
ap fini repons lan ak pawòl sa a pou<br />
m di: endepandans se edikasyon, enstriksyon<br />
ak lajistis.<br />
JR – Eske se pa yon revolisyon<br />
tout bon vre ki pou ta fèt?<br />
JSB – Si gen yon lidè ki kache<br />
yon kote, k ap prepare l, k ap travay<br />
pou l sezi tout mouvman anndan<br />
peyi a ak tout ajitasyon deyò peyi a,<br />
pote yo nan yon kanal, enpi sonnen<br />
lanbi rasanbleman, rele konbatan<br />
mache kontre pou demare revolisyion<br />
an, se pou l parèt tèt li. Si l kache<br />
nan yon bwat oubyen nan matris<br />
manman l, ke l sòti, paske li lè li tan<br />
pou gen yon zak konkrè ki akonpli<br />
nan enterè mas pèp sa a. Sepandan,<br />
tout sa n ap di la a, nou konnen gen<br />
anpil barikad sou wout ki pou mennen<br />
nou nan revolisyon an.<br />
Suite à la page (18)<br />
Regards Critiques<br />
Markus Schwartz : une autre approche du tambour<br />
Le tambourineur américain Markus Schwartz vient de signer son deuxième<br />
Compact Disque (Markus Schwartz & Lakou Brooklyn). C’est un CD de six<br />
titres, dont cinq chants traditionnels haïtiens (Yanvaloux, Seremoni Tiga, Cecia,<br />
Gade Drum n Bass) et une reprise d’(Equinox) de John Coltrane. Les arrangements<br />
et l’enregistrement sont réalisés par Markus lui-même et les musiciens<br />
qui l’accompagnent sur le disque. Il s’agit de Jean Caze (trompette, flugelhorn,<br />
voix, conch shell), Monvelyno Alexis (guitare électrique, voix, percussion) et<br />
Paul Beaudry (basse acoustique, percussion).<br />
Le CD est soumis dans un cachet peu discret. Présenté sur un fond<br />
noir, servant de socle au symbole fort de résistance du peuple haïtien, le Marron<br />
Inconnu, drapé du bicolore bleu et rouge, Markus Schwartz & Lakou Brooklyn<br />
revendique du haut de ces six pistes une place sur l’échiquier musical à<br />
tendance world beat, ancré dans la musique haïtienne. C’est l’une des deux<br />
meilleures livraisons artistiques depuis le début de l’année dans la communauté<br />
des haïtiens vivant à New York. En cela je ne fais pas de différence entre un CD,<br />
un tableau, une sculpture, un film ou un ballet, sans pour autant essayer d’en<br />
établir la moindre comparaison.<br />
Les musiques que comporte le CD de Markus font partie du<br />
patrimoine musical haïtien. Ce qui sous-entend qu’avant lui, d’autres musiciens<br />
les ont interprétées sur des arrangements différents. Pourtant on croirait les<br />
entendre pour la première fois en auditionnant le travail réalisé par la bande à<br />
Markus. C’est l’une des rares fois où, elles sont parées de manière aussi légère<br />
et aussi belle.Une bonne musique est avant tout légère.<br />
À côté de Markus, l’enregistrement de ce CD a bénéficié du<br />
savoir-faire de trois musiciens exceptionnels. Il s’agit de Jean Caze, le trompettiste<br />
haïtien dont la renommée n’est plus à faire, de Monvelyno Alexis, chanteur<br />
guitariste qui vient de sortir son premier disque et de Paul Beaudry à la basse<br />
acoustique, qui a fait preuve sur ce travail d’un doigté exceptionnel.<br />
À l’opposé de la plupart des percussionnistes de ce courant musical, Markus<br />
Schwartz joue sans faire de bruit ni de tapage. Sous ses doigts, le tambour<br />
change de tempérament en fonction de la personnalité des arrangements. Il ne<br />
se comporte pas comme un instrumentiste installé au milieu d’un désert qui<br />
tente de se faire entendre par les gens de la ville la plus proche. Il opère à la<br />
manière d’un musicien avisé, qui tient compte des autres instruments dans<br />
l’orchestre et du rôle assigné à chacun d’entre eux dans l’architecture musicale.<br />
Sous ses paumes, on ne voit pas de différence entre cet instrument considéré<br />
comme exotique et n’importe quel autre dans l’organisation rythmique de cette<br />
musique. Conscient du rôle fondamental d’un tambour dans la musique et<br />
particulièrement dans une musique dont il a pour mission de charrier tout un<br />
héritage ancestral, il n’hésite pas à briser le linéaire du rythme traditionnel pour<br />
en enrichir la trame au besoin.<br />
Placé au milieu d’une musique produite par quatre ou cinq<br />
instruments jouant simultanément, où la redondance n’a aucune prise, le<br />
tambour émerge comme un astre et laisse suffisamment de place à chaque<br />
autre instrument d’en faire autant. Il devient alors tout à fait évident de pouvoir<br />
identifier chaque instrument ainsi<br />
que la tâche qui lui a été assignée<br />
dans chaque morceau.<br />
Le jeu de Markus<br />
Schwartz est fluide et dépouillé des<br />
fatrasies qui alourdissent généralement<br />
la musique (Vodou) populaire<br />
haïtienne. Sa touche simple qui<br />
témoigne d’un bout à l’autre d’une<br />
dextérité accomplie en voie<br />
d’aboutissement, rappelle un peu<br />
celle de Jean Raymond Giglio, l’un<br />
des meilleurs tambourineurs<br />
haïtiens au cours de ces vingt<br />
dernières années. De son séjour en<br />
Haïti pour étudier le tambour et les<br />
chants traditionnels, Markus<br />
Schwartz a gardé l’essentiel de<br />
l’enseignement reçu des musiciens,<br />
qui ont été eux-mêmes à l’école des<br />
maîtres dans les Lakou Vodou<br />
(Souvnans, Sukri, Badjo) des<br />
Gonaïves.<br />
La musique dite «<br />
racine » produite par des musiciens<br />
haïtiens dans la communauté de<br />
New York, connaît depuis nombre<br />
d’années une traversée du désert,<br />
dont la fin ne s’annonce pas. Ce qui<br />
n’est pas différent dans la tendance<br />
Konpa Dirèk. Cette longue période<br />
de vache maigre due en grande<br />
partie à l’incapacité de la plupart de<br />
ces musiciens à intégrer un milieu<br />
où la compétition musicale est de<br />
plus en plus brutale s’impose<br />
comme une évidence. Au lieu de<br />
pratiquer leur instrument pour<br />
affronter un marché où les virtuoses<br />
sont au prix de « buy one get one<br />
free », ils préfèrent se terrer dans un<br />
passé révolu, qui n’était pas très<br />
brillant, pour tenter de mystifier les<br />
autres avec des discours châtiés<br />
sur un certain « mouvement racine<br />
» en s’enfonçant de plus en plus à<br />
chaque fois.<br />
Markus Schwartz &<br />
Lakou Brooklyn constitue à notre<br />
avis l’un des plus beaux<br />
hommages, qu’on pourrait adresser<br />
à la mémoire du compositeur,<br />
arrangeur haïtien Antalcidas Murat,<br />
considéré comme le père de cette<br />
musique indigéniste créée par le<br />
Jazz des Jeunes au milieu de la<br />
décennie ’40, dont la poussée<br />
libératrice a engendré la musique «<br />
racine » des années ’80-’90.<br />
Markus Schwartz &<br />
Lakou Brooklyn est un CD qu’il faut<br />
absolument avoir dans sa discographie.<br />
Prince Guetjens<br />
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Haïti Liberté<br />
Vol. 4 No. 9 • Du 15 au 21 Septembre 2010