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Muguet, Neuf mois plus tard. 1643<br />

Derrière le Voile<br />

Charousse, 15 Nonus 1643<br />

Manon hurle de douleur. L’enfant va arriver. A ses côtés, la sage<br />

femme l’encourage. La vieille contemple le visage de la jeune<br />

fille. Elle ne survivra pas. Elle la connaît car elle travaillait dans<br />

une taverne du port. Mais dès qu’elle n’a plus pu cacher sa<br />

grossesse, son patron l’a congédiée. Depuis deux mois, elle<br />

survit, seule dans ce taudis. Terriblement amaigrie, elle n’<strong>est</strong> pas<br />

assez forte pour supporter l’accouchement.<br />

Un dernier cri puis les pleurs. Manon s’effondre, pantelante, elle<br />

parle d’une voix fluette.<br />

- Comment va t’il ?”<br />

- C’<strong>est</strong> un beau garçon, bien vigoureux, il survivra.”<br />

- Je ne serai plus là. Je sens que je vais mourir. Quelle<br />

erreur… ! Une erreur ? Vous venez de donner la vie. Quelle plus<br />

belle mission ?”<br />

- Je ne pourrais pas l’élever. Je n’aurais pas dû céder aux<br />

avances de ce bohémien.”<br />

- Ne regrettez rien, il sera bien traité. Comment souhaitez-vous<br />

l’appeler ?”<br />

- <strong>Mo</strong>ntègue, il s’appellera <strong>Mo</strong>ntègue. Prenez soin de lui, Jurezle<br />

!”<br />

- Je le jure.”<br />

Après un dernier soupir, les yeux de Manon se ferment. Elle <strong>est</strong><br />

morte. Essuyant une larme, la vieille s’empare du bébé qui se<br />

calme instantanément. En sortant de la pièce, elle fait signe au<br />

fossoyeur, il peut accomplir sa sinistre besogne. Puis elle<br />

s’enfonce dans la nuit, le bébé dans les bras.<br />

- <strong>Mo</strong>ntègue, ne t’inquiète pas mon enfant, tu survivras et<br />

deviendras un héros.”<br />

Marchant, elle sort de Muguet et arrive devant un couvent. Elle<br />

frappe, un visage apparaît.<br />

- Ma sœur, Je l’ai.”<br />

- Ah ! Entrez. Tout s’<strong>est</strong> bien passé ?”<br />

- La mère <strong>est</strong> morte.”<br />

- Nous l’avions vu. Elle ne pouvait survivre.”<br />

- C’<strong>est</strong> vrai mais c’<strong>est</strong> toujours dur. Même au bout de cent ans,<br />

je ne m’y habitue pas.”<br />

- C’<strong>est</strong> notre épreuve à toutes. Vous le saviez.”<br />

- Il n’empêche. Prenez soin de lui, il réalisera de grandes<br />

choses.”<br />

- Comment pourrait-il en être autrement vu le sang qui coule<br />

dans ses veines ?”<br />

Prenant l’enfant, la religieuse salue une dernière fois<br />

l’accoucheuse puis emmène le nouveau-né. La vieille sourit Un<br />

instant, ses traits se tordent et deviennent ceux d’une magnifique<br />

jeune femme. Elle laisse tomber son manteau miteux, lisse sa<br />

robe vert pâle et redescend vers la ville. La première étape <strong>est</strong><br />

accomplie, l’Oracle sera heureux, le d<strong>est</strong>in <strong>est</strong> en marche…<br />

La fête bat son plein. Rosa de <strong>Mo</strong>ntaigne observe ses invités<br />

vodacci et sourit. Enfin une distraction ! Depuis qu’elle a épousé<br />

Léon, elle n’en a pas souvent eue. Elle n’<strong>est</strong> son épouse que pour<br />

sceller l’alliance entre leurs deux nations. Il lui a donné deux<br />

filles mais ne l’aime pas. Rosa enrage. Elle le soupçonne de<br />

sciemment la faire souffrir. D’ailleurs, ce soir, il <strong>est</strong> en<br />

compagnie de sa dernière maîtresse, c’<strong>est</strong> de notoriété publique<br />

et elle entend déjà les rumeurs acerbes qui vont agiter la cour<br />

d’<strong>ici</strong> quelques temps. Une larme coule sur sa joue fardée. Elle<br />

n’a que 20 ans et pourtant, sa vie <strong>est</strong> quasiment finie. Elle<br />

aimerait tant ne pas être ce qu’elle <strong>est</strong>, pouvoir vivre sa vie sans<br />

aucun état d’âme et revoir sa Castille.<br />

Tout à coup, au milieu des invités, elle remarque un homme<br />

étrange. <strong>Le</strong>s vodacci sont des hommes superbes mais celui-ci <strong>est</strong><br />

particulièrement beau avec ses longs cheveux noirs et son visage<br />

en lame de couteau. Ses lèvres carnassières et ses hautes<br />

pommettes lui donnent un charme animal. D’ailleurs, les jeunes<br />

grues peuplant la soirée sont loin d’y être insensibles. Il n’y a<br />

qu’à voir comment elles lui tournent autour !<br />

Mais il les dédaigne, préférant passer d’un groupe à l’autre.<br />

Bientôt, ne se contenant plus, Rosa observe le manège de<br />

l’inconnu et plus rien n’a d’importance. Elle se penche vers sa<br />

confidente :<br />

- Qui <strong>est</strong>-ce ?<br />

- Visconti Tigran Lorenzo ma Reine. L’émissaire du Prince<br />

<strong>Mo</strong>ndavi.”<br />

- Comment se fait t’il que je ne l’ai jamais vu à Charousse ?”<br />

- Il vient d’arriver de Vodacce. Il a paraît t’il des propositions<br />

importantes à faire au Roi.” La courtisane sourit d’un air<br />

gourmant. “Bel homme n’<strong>est</strong> ce pas ?”<br />

- Certes oui. Mais bien trop arrogant à mon goût.”<br />

- Vous rosissez maj<strong>est</strong>é.”<br />

- Il suffit…”<br />

Ses mots se perdent. Elle s’apprêtait à tancer l’impudente quand<br />

le vodacci posa les yeux sur elle. Esquissant un sourire narquois,<br />

il improvise une révérence provocatrice. La courtisane continue<br />

mais Rosa ne l’écoute plus. Elle reprend conscience quand la<br />

femme dit :<br />

- Il aurait des vues sur la jeune Duchesse d’Outreban.”<br />

- Voilà donc le rival de Léon. <strong>Mo</strong>n Roi devrait se méfier, ça<br />

semble être un homme dangereux.” La courtisane pouffe.<br />

- Maj<strong>est</strong>é…”<br />

Mais elle cesse, le vodacci se dirige vers elles. Ignorant les<br />

minauderies de la confidente, il se campe devant la reine et parle<br />

d’une voix claire et légèrement ironique.<br />

- Maj<strong>est</strong>é, c’<strong>est</strong> un plaisir. Votre présence illumine cette<br />

soirée.”<br />

359<br />

7 th Sea

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