Rapport d'activité 2005 - FIFA.com

FIFA 2005
RAPPORT D’ACTIVITÉ
35
La fausse bonhomie des incendiaires
Sans arbitre, le football n’est pas possible.
Dans le monde, 720 000 arbitres
dont 40 000 femmes dirigent année
après année des millions de matches, de
la grand-messe de la Coupe du Monde
aux plus petites rencontres amateurs et
juniors. Sur le terrain, ils sont chaque
seconde sur la sellette parce que, contrairement
aux joueurs, ils ne peuvent se
défausser sur leur collègue d’une simple
passe ni faire une pause de temps en
temps pour récupérer. Chaque (prétendue)
mauvaise décision leur vaut les plus
sévères accusations, après chaque match
supporters, joueurs, entraîneurs et médias
leur demandent des comptes. La rapidité
et la facilité avec laquelle ils sont transformés
en boucs émissaires est déconcertante.
Dans ce climat enfiévré, il est facile
de mettre le feu aux poudres sans avoir
l’air d’y toucher. Ainsi la presse à sensation
britannique n’a-t-elle pas hésité à livrer
l’arbitre suisse Urs Meier à la vindicte
publique suite à une décision lors de
l’EURO 2004. Pour le Suédois Anders
Frisk, l’un des arbitres sélectionnés pour
la Coupe du Monde 2006, les choses ont
encore plus dégénéré. Atteint à la tête par
un briquet lors d’un match de Ligue des
Champions à Rome à l’automne 2004,
il a nécessité des soins médicaux. Au printemps
2005, après un match de Ligue des
Champions, il fut accusé sans raison
d’avoir entretenu des contacts illicites avec
l’entraîneur adverse. La controverse qui
s’ensuivit eut des conséquences dramatiques
: Frisk et ses proches firent l’objet
d’intimidations et de menaces de mort si
bien que l’arbitre décida de jeter l’éponge.
Dans un échange de lettres personnelles
adressée au Président de la FIFA, le
Suédois se dit profondément choqué par
l’escalade des événements et aucun argument
n’a pu le convaincre de revenir sur
le terrain. La responsabilité de toute la
communauté du football est engagée.
Des provocations irréfléchies ou pire
encore, sciemment prononcées, ont vite
fait d’entraîner des émotions et des
actions incontrôlées. Les attaquants qui
manquent une occasion en or ou les gardiens
qui laissent passer un ballon facile
à stopper ne sont pas aussi vite livrés en
pâture à l’opinion publique. N’ayant pas
de lobby puissant pour les protéger, les
arbitres sont eux une proie facile. •
Brebis galeuses
Si les arbitres sont actuellement dans le
collimateur de l’opinion publique, ce sont
aussi les brebis galeuses qui se cachent
dans leurs rangs qu’il faut en blâmer. En
janvier 2005, l’annonce que des paris sur
Internet et des matches avaient été truqués
avec la complicité de certains arbitres
corrompus a éclaté comme une
bombe en Allemagne. Par contrecoup, la
suspicion s’est répandue à l’égard de tous
les officiels. La crédibilité de toute une
corporation a ainsi été mise à mal. Pour
99,99% des arbitres, qui officient par
amour du football, cette méfiance est très
difficile à vivre. Aussi serait-il injuste de
pratiquer l’amalgame en les condamnant
tous par avance. Le cas Hoyzer doit permettre
non seulement à la Fédération
Allemande de Football, mais aussi au
football dans son ensemble de faire son
examen de conscience.
Partout où de fortes sommes sont en jeu,
les manipulateurs sont aux aguets.
Concernant les paris dans le football,
l’Exécutif a décidé que le Code d’éthique
devra être adapté de manière à ce que les
personnes directement impliquées dans
un match ne puissent pas parier. La FIFA
s’est pour sa part prononcée contre le
principe des paris sur Internet dès 2001,
interdisant ce type de projets. En mars
2005, le Comité Exécutif a confirmé
cette décision compte tenu des problèmes
liés aux matches truqués. •