Postillon-3.pdf PDF - Les renseignements généreux
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Edito<br />
Brèves<br />
A<br />
quoi bon ? A quoi bon tenter de faire un journal local indépendant,<br />
d’analyser l’évolution regrettable de tel quartier, de critiquer<br />
les orientations politiques prises par tel baron local, de parler de<br />
telle lutte occultée, de décortiquer la communication municipale<br />
ou para-municipale (Le Dauphiné Libéré) ? A quoi bon ces heures<br />
de recherches d’infos, d’écriture, de diffusion et de vente ?<br />
Fakir, journal local amiénois passé depuis peu en diffusion nationale, « fâché<br />
avec presque tout le monde », vient de fêter ses dix ans. A cette occasion, des<br />
membres actifs du Monde Diplomatique, de Là-bas si j’y suis et de Fakir<br />
ont pris la parole pour s’interroger sur le rôle de la presse alternative. Ils<br />
regrettèrent le manque de perspectives derrière l’information alternative :<br />
« A quoi bon s’informer si ça ne conduit pas à la réflexion et à quoi bon la<br />
réflexion si elle ne conduit pas à l’action ? ». Et de souhaiter que les médias<br />
alternatifs ne soient pas « une consommation de plus » mais un support aux<br />
luttes, rejoignant ainsi l’éditorial du dernier numéro du Plan B, journal de<br />
critique des médias : « Ce journal est un marteau, ses colonnes identifient<br />
les clous. À vous la main ».<br />
On ne réalise pas Le <strong>Postillon</strong> juste pour le plaisir de faire de « l’anti-Daubé ».<br />
Si on s’échine à arpenter les rues et nos claviers d’ordinateurs, c’est avec<br />
l’espoir de contribuer à éveiller l’envie de s’intéresser à ce qui se passe à<br />
côté de chez nous et - encore mieux – l’envie d’agir et de peser sur l’évolution<br />
de ce qui nous entoure.<br />
Précision<br />
«Incroyable! Vallini s’expose au CNAC! », «Hallucinant, ce graff de Migaud,<br />
il est où ce mur? ». Plusieurs lecteurs nous ont fait part de leur étonnement<br />
en découvrant les photomontages du précédent numéro du <strong>Postillon</strong>. L’un<br />
représentait des autoportraits de Vallini accrochés au mur de ce qui semblait<br />
être une salle d’exposition. L’autre montrait un graffeur rémunéré par La<br />
Métro peaufinant une fresque à la gloire de Didier Migaud, président de La<br />
Métro.<br />
Oui il s’agissait bien de photomontages et pas d’informations ! Leurs buts ? Se<br />
moquer de la propension de certains graffeurs de l’agglomération à accepter<br />
n’importe quel contrat institutionnel (comme la décoration des palissades<br />
du chantier du Stade des Alpes en 2004) et pointer du doigt le narcissisme<br />
d’André Vallini, président du Conseil Général, qui ne manque pas une page<br />
de son journal, Isère Magazine, pour y coller son portrait.<br />
Apprenant la superchercie, ces lecteurs nous ont alors reproché ces blagues<br />
non annoncées. Toutes nos excuses. Mais pourquoi autant de crédulité face<br />
à de telles énormités ? Est-ce dû au sans-gêne des autorités se permettant<br />
régulièrement tout et (surtout) n’importe quoi ? Ou à la naïveté et au manque<br />
d’esprit critique de la plupart d’entre nous, entretenus par la télévision et la<br />
presse poubelle ?<br />
Pour ne pas créer de nouveaux malentendus, précisons que l’image en haut<br />
à droite est un montage. Non, Geneviève Fioraso n’a pas – encore - pris la<br />
place de Michel Destot à la Mairie de Grenoble , elle reste pour l'instant<br />
adjointe. Et non, la pollution dans la cuvette ne contraint pas - encore – les<br />
élus à porter des masques à oxygène au conseil municipal.<br />
Où le trouver ?<br />
Le <strong>Postillon</strong> est en vente à la criée mais aussi :<br />
A Grenoble :<br />
Bar «Aux Zélées» : 31, rue André Rivoire (quartier Eaux Claires)<br />
Tabac Presse « La Bruyère » : 36, avenue de la Bruyère<br />
Presse «Le Saint-Bruno» : 67, cours Berriat<br />
Tabac-presse «Le Malherbe» : 1, avenue Malherbe<br />
Bar-tabac «Yaz Café» : 101, Galerie de l’Arlequin<br />
«Press’Bastille» : 8, Cours Jean-Jaures<br />
Bar-tabac-presse «La Cymaise» : 6, quai Mounier<br />
Restaurant «La Bonne Heure» : 65, avenue Alsace-Lorraine<br />
Tabac-presse «Le Cigarillo» : 54, avenue Félix Viallet<br />
Tabac-presse «Le Reinitas» : 27, bd Clemenceau<br />
Tabac-presse «<strong>Les</strong> Eaux Claires» : 22, rue des eaux Claires<br />
Tabac-presse «Le Berriat» : 97, cours Berriat<br />
Tabac-presse «Sandraz» : 50, cours Jean Jaurès<br />
Presse «Le point Virgule» : 25, rue Nicolas Chorier<br />
Tabac-presse «Le Barillec et Cie» : 5, rue Thiers<br />
Librairie-cantine «<strong>Les</strong> Bas Côtés» : 59, rue Nicolas Chorier (anciens<br />
numéros dispos également ici)<br />
Café-librairie «Antigone» : 22, rue des Violettes<br />
Le «Local Autogéré» : 7, rue Pierre Dupont<br />
Sur le campus :<br />
Tabac du Campus : 442, avenue de la Bibliothèque<br />
A Fontaine :<br />
Tabac-Presse «E. Vincenot» : 28, rue d’Alpignano<br />
A Echirolles :<br />
Tabac Presse «Molina&co» : parking Casino, 36, cours Jean Jaurès<br />
Proses, gribouillages, photos de vacances : Vulgum Pecus, Sylvain, Benoît<br />
Récens, Larbin F, Martine Delapierre, Pedro Navaja, Nardo et leurs ami-e-s.<br />
<strong>Les</strong> textes ne sont pas signés mais n’engagent que la responsabilité de leurs<br />
auteurs. Directeur de la publication : Arnaud Aichinar.<br />
Contact : lepostillon@yahoo.fr Adresse : Le <strong>Postillon</strong>, c/o <strong>Les</strong> Bas Côtés,<br />
59 rue Nicolas Chorrier, 38000 Grenoble. Tirage : 1000 exemplaires.<br />
Prochain numéro : A l'improviste.<br />
La démocratisation de la vidéosurveillance<br />
A l’heure des délocalisations et fermetures d’entreprises, s’il y a un<br />
secteur qui ne connaît pas la crise c’est bien la sécurité privée, avec un<br />
chiffre d’affaire en croissance annuelle de 9% depuis 1998. Protection<br />
de bâtiments publics, de chantiers, de maisons individuelles : le<br />
marché est gigantesque et les entreprises à avoir flairé le bon filon<br />
nombreuses. Parmi elles, Renilg, une société grenobloise qui vient de<br />
commercialiser Visidom, « un système de détection d’intrusion par<br />
vidéosurveillance performant, élégant (sic), respectueux de votre vie<br />
privée (re-sic) à un prix compétitif ». « Équipées de radars infrarouges<br />
et alimentées par batterie, de discrètes caméras murales sans fil<br />
détectent tout mouvement suspect, activent une sirène d’alarme et<br />
filment l’intrus. En moins de deux minutes, une vidéo transitant par<br />
ondes radio vers une centrale est transmise par message multimédia<br />
au téléphone mobile du propriétaire » (Le Point, 23/07/2009). Le<br />
but c’est de permettre la démocratisation de la vidéosurveillance,<br />
c’est-à-dire le développement du flicage de tous par tous : « Pratique<br />
également pour surveiller à distance si les enfants sont bien rentrés<br />
de l’école, ou si le chat dort tranquille sur le sofa... » (L’Express,<br />
22/01/2009). Une « innovation » tout droit sortie du sérail grenoblois.<br />
Renilg fait en effet partie du pôle de compétitivité Minalogic<br />
et a reçu le soutien financier de la Région Rhône-Alpes pour lancer<br />
Visidom. Son président, Jean Michel Gliner, fait partie de ces entrepreneurs<br />
grenoblois dynamiques chouchoutés par la députée Geneviève<br />
Fioraso, et s’active notamment dans INP Entreprises SA, Grenoble<br />
Université ou l’incubateur d’entreprises Grain. Le titre de son dernier<br />
bouquin doit réjouir Michel Destot et ses rêves de grandeur : « Lyon,<br />
Grenoble, la nécessité d’une Mégapôle ».<br />
LA Caravane publicitaire des nanos passe à Grenoble<br />
En 1990, à l’occasion de la suppression des PTT et devant l’hostilité des<br />
Français, le gouvernement socialiste organise un grand débat public<br />
pour faire passer le projet malgré la contestation. Suite au succès de<br />
l’opération, la Commission Nationale du Débat Public naît en 1995<br />
afin d’endormir par la parole tous les opposants aux projets étatiques.<br />
Cette année, rebelote : la Commission organise un grand débat<br />
national autour des nanotechnologies dans 17 villes françaises. Afin<br />
d’organiser les réunions, elle a fait appel à une agence de com’ I&E<br />
Consultants , « experte en stratégie d’opinion », connue pour avoir<br />
été recrutée à l’automne 2008 par le ministère de l’Enseignement<br />
supérieur et de la Recherche pour analyser et contrer le mouvement<br />
contestataire des enseignants et des étudiants. Cette fois-ci une liste<br />
de 147 questions potentielles a été élaborée afin de préparer les intervenants.<br />
Une manière de parer la contestation qui montre que tout<br />
est déjà écrit.<br />
Pour dénoncer la supercherie, une campagne de boycott de ces<br />
« débats » s’est montée autour du site www.nanomonde.org. Lors du<br />
premier débat, à Strasbourg, des opposants ont déployé une banderole<br />
sur la tribune « Débat pipeau, nanos imposées ». Pour le second, à<br />
Toulouse, de l’ammoniac a été répandue dans la salle, entraînant l’interruption<br />
du débat pendant 30 minutes. A Orléans, les flics étaient<br />
présents en nombre. A Clermont-Ferrand, le débat a été perturbé<br />
pendant deux heures et demi. Celui de Lille a dû être annulé à cause<br />
des opposants. Que se passera-t-il le 1er décembre à Grenoble, capitale<br />
des nanos et de leur contestation ?<br />
Compétitivité à la noix<br />
En Isère, les responsables politiques raisonnent toujours en termes<br />
de compétitivité, qu’ils parlent des nanos ou de noix. André Vallini,<br />
au cours d’un discours lors des 80 ans de la coopérative nucicole<br />
Coopenoix, a incité les producteurs isérois à « planter davantage de<br />
noyers » car « l’Isère a un rôle à jouer dans la conquête de nouvelles<br />
parts de marché ». La noix de Grenoble a « de sérieux atouts face<br />
à la concurrence des grands pays européens » et est donc « une<br />
production stratégique pour l’agriculture départementale » (Isère<br />
Magazine, 10/2009).<br />
Une vision compétitive de l’agriculture qui rentre dans une fuite en<br />
avant absurde. Un nuciculteur du Royans témoigne : « Bien entendu,<br />
le terrain est favorable à la culture de noix. Mais on peut également<br />
faire pousser beaucoup d’autres choses ici. Vouloir développer encore<br />
la filière de la noix, qui occupe déjà énormément de place au sol, c’est<br />
condamner le territoire à une sorte de monoculture, qui appauvrit<br />
les paysages et également l’autonomie locale. Cela rentre dans une<br />
certaine vision de la mondialisation, où les territoires sont spécialisés<br />
dans des domaines de production, ce qui implique beaucoup de<br />
transports et de pollution et ce qui favorise l’agro-industrie ».<br />
| Le <strong>Postillon</strong> | numéro 3 - décembre 2009<br />
Le <strong>Postillon</strong> | numéro 3 - décembre 2009 |