dossier de presse - La Ferme du Buisson
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mangas dans ses cahiers <strong>de</strong> brouillon. Un autre tournant<br />
dans la vie <strong>du</strong> petit Osamu fut l’achat par son père d’un<br />
projecteur <strong>de</strong> films. Les bobines <strong>de</strong>s courts et <strong>de</strong>s longsmétrages<br />
<strong>de</strong> Walt Disney, <strong>de</strong> Charlie Chaplin, mais aussi<br />
les classiques hollywoodiens et Britanniques eurent une<br />
énorme influence sur le jeune artiste.<br />
GUERRE ET PAIX<br />
Deux ans après l’entrée en guerre <strong>du</strong> Japon (1943),<br />
Tezuka <strong>du</strong>t accomplir son service militaire. Il fut envoyé<br />
dans un camp d’entraînement spécial, et non sur un<br />
champ <strong>de</strong> bataille, en raison <strong>de</strong> sa forte déficience<br />
oculaire. Là-bas, il contracta une<br />
mycose maligne risquant <strong>de</strong> mener à<br />
l’amputation <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux bras. Tezuka<br />
fut sauvé grâce à la compétence d’un<br />
mé<strong>de</strong>cin militaire zélé. Impressionné<br />
par le sang-froid et l’abnégation<br />
<strong>du</strong> praticien, il décida d’épouser la<br />
même vocation.<br />
Entrant à l’université <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />
à l’âge <strong>de</strong> 16 ans, Tezuka fut enrôlé<br />
pour soutenir l’effort <strong>de</strong> guerre dans<br />
une usine fabriquant <strong>de</strong>s munitions.<br />
Lors <strong>de</strong> chaque pause, entre chaque<br />
cours et pendant une gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong> la nuit, Tezuka continuait à <strong>de</strong>ssiner <strong>de</strong>s mangas. A la<br />
fin <strong>de</strong> la guerre, les forces d’occupation alliées investirent<br />
Takarazuka. Un jour, un soldat américain saoul aborda<br />
Tezuka. Ce <strong>de</strong>rnier ne comprenant pas un mot d’anglais<br />
resta muet. Enervé, le militaire roua <strong>de</strong> coups le jeune<br />
homme. Cet inci<strong>de</strong>nt où la violence fut engendrée par<br />
une déficience <strong>du</strong> processus <strong>de</strong> communication resta<br />
gravé dans le coeur <strong>de</strong> Tezuka, et <strong>de</strong>vint l’un <strong>de</strong>s thèmes<br />
récurrents <strong>de</strong> son œuvre.<br />
PREMIERS PAS PROFESSIONNELS<br />
En 1946, Tezuka a déjà <strong>de</strong>ssiné plus <strong>de</strong> 3000 pages<br />
<strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées. Etudiant brillant, il continue<br />
pourtant d’esquisser <strong>de</strong>s mangas en classe, au point <strong>de</strong><br />
décrocher à 17 ans une place <strong>de</strong> rédacteur permanent<br />
pour le quotidien Shôkokumin Shimbun (le journal <strong>du</strong><br />
jeune citoyen), où il publia sa première ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée<br />
professionnelle, Le Journal <strong>de</strong> Ma.<br />
L’année suivante, toujours parallèlement à son travail<br />
d’ouvrier et à ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, Tezuka fut pris<br />
d’une véritable fièvre créatrice. Il tira alors parti <strong>de</strong>s<br />
procédés cinématographiques dont il s’était abondamment<br />
nourri : composition audacieuse, mise en images en<br />
vignettes donnant au lecteur <strong>de</strong>s perspectives inédites,<br />
découpage hérité <strong>du</strong> story-board, développement rapi<strong>de</strong><br />
<strong>du</strong> récit, théâtralité augmentant l’impact<br />
<strong>de</strong>s instants tragiques et traitement<br />
<strong>de</strong> sujets a<strong>du</strong>ltes non é<strong>du</strong>lcorés... Le<br />
résultat pro<strong>du</strong>it se nomme <strong>La</strong> Nouvelle<br />
Ile au Trésor. Le volume fut ven<strong>du</strong> en<br />
quelques mois et dans un pays détruit<br />
où la population peinait à trouver<br />
l’argent nécessaire pour se nourrir,<br />
à plus <strong>de</strong> 400.000 exemplaires, soit<br />
dix fois plus que tout autre succès <strong>de</strong><br />
librairie.<br />
Tezuka fut alors sollicité <strong>de</strong> toutes parts,<br />
il <strong>de</strong>vint une publicité vivante pour<br />
les magazines publiant <strong>de</strong>s mangas,<br />
mais n’abandonna pas ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine et réalisa un nouveau rêve en décrochant un<br />
poste <strong>de</strong> critique <strong>de</strong> cinéma (il écrira <strong>de</strong>s articles sur le<br />
sujet jusqu’à la fin <strong>de</strong> sa vie).<br />
Puisant à satiété dans sa très riche culture cinématographique,<br />
comme le prouvent trois <strong>de</strong> ses premières œuvres, Lost<br />
World, Metropolis et Le Mon<strong>de</strong> à venir, Tezuka intro<strong>du</strong>isit<br />
la notion <strong>de</strong> montage et <strong>de</strong> rythme dans la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée<br />
japonaise ainsi qu’un certain nombre <strong>de</strong> techniques<br />
qu’Hollywood essaya <strong>de</strong> fixer dans les années 10 : adoption<br />
<strong>du</strong> gros plan, <strong>de</strong> l’angle <strong>de</strong> vue et <strong>du</strong> panoramique,<br />
changement libre <strong>de</strong> la distance <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> vues entre <strong>de</strong>ux<br />
vignettes, gros yeux empruntés à Disney pour rendre ses<br />
héros plus expressifs, personnages “castés” comme <strong>de</strong>s<br />
acteurs et réapparaissant <strong>de</strong> volume en volume dans <strong>de</strong>s<br />
rôles différents...<br />
Ainsi, un seul homme, pas encore âgé <strong>de</strong> 20 ans, a défini<br />
les standards <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction et <strong>de</strong> qualité d’une in<strong>du</strong>strie<br />
qui est aujourd’hui, et <strong>de</strong> loin, la plus importante <strong>du</strong><br />
mon<strong>de</strong> en terme <strong>de</strong> création d’images <strong>de</strong>ssinées (8<br />
milliards d’euros <strong>de</strong> chiffre d’affaires annuel pour plus <strong>de</strong><br />
2,5 milliards d’ouvrages imprimés par an).<br />
LA LÉGENDE CONTINUE...<br />
A l’âge <strong>de</strong> 24 ans Tezuka obtint son diplôme <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin.<br />
Tezuka était alors au fait <strong>de</strong> sa gloire.<br />
Dès 1958, et parallèlement à toutes ses autres activités,<br />
Tezuka travailla avec la Toeï sur différents projets,<br />
notamment comme scénariste. Finalement, un <strong>de</strong><br />
ses mangas, Saiyuki fit l’objet d’une adaptation<br />
cinématographique. Mais cette collaboration avec la<br />
Toeï fut le lieu <strong>de</strong> nombreuses divergences d’opinion<br />
(artistiques notamment), qui confortèrent Tezuka<br />
dans son souhait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r son propre studio. Muchi<br />
Pro<strong>du</strong>ction naquit en 1961. Au départ, la société n’était<br />
composée que <strong>de</strong> six personnes. Mais elle draina et<br />
forma rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> jeunes talents, parmi lesquels un<br />
certain Rintarô (Metropolis)...<br />
DES EXPÉRIENCES EN SÉRIE<br />
Si le premier programme animé diffusé à la télé au Japon<br />
fut Manga Calendar (1962), c’est Astro Boy 1 qui<br />
mérite le titre <strong>de</strong> première série d’animation japonaise.<br />
Diffusé sur Fuji Télé à partir <strong>du</strong> 1 er janvier 1963, le serial<br />
“indépendant” obtint immédiatement un immense<br />
succès et brisa le tabou concernant l’impossibilité <strong>de</strong><br />
réaliser un épiso<strong>de</strong> animé <strong>de</strong> 30 minutes par semaine.<br />
Les grands studios ne <strong>de</strong>vaient pas tar<strong>de</strong>r à s’immiscer<br />
dans la brèche en adoptant exactement les mêmes<br />
procédés que ceux inventés par Tezuka. Le maître venait<br />
<strong>de</strong> poser les jalons <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong> l’animation japonaise.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers n’ont toujours pas changé, à peine évolué<br />
(narration par le montage et le plan plus que par le<br />
mouvement caricaturé -école Disney-, psychologie <strong>de</strong>s<br />
personnages dominant l’action, prépondérance <strong>de</strong>s<br />
dialogues et <strong>de</strong> la musique pour conférer <strong>du</strong> rythme au<br />
récit).<br />
Déjà impressionné par les mangas <strong>de</strong> Tezuka, Stanley<br />
Kubrick décida suite à la vision d’Astro Boy (diffusé sur<br />
la NBC dès 1964) <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r plusieurs centaines <strong>de</strong><br />
croquis à l’artiste pour 2001, l’Odyssée <strong>de</strong> l’Espace.<br />
Mais refusant <strong>de</strong> subir l’habituelle tyrannie <strong>du</strong> cinéaste,<br />
Tezuka mit rapi<strong>de</strong>ment un terme à leur collaboration.<br />
En 1965, Tezuka réalisa la première série d’animation<br />
japonaise en couleurs : Le Roi Léo. En 1969, après<br />
avoir été contraint d’encore augmenter sa pro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>de</strong> mangas pour éponger les <strong>de</strong>ttes contractées par ses<br />
<strong>de</strong>ssins animés (la concurrence étant féroce), Tezuka<br />
trouva la force d’innover en proposant aux spectateurs<br />
le premier long-métrage d’animation nippon érotique :<br />
Les 1001 Nuits. Le public fit un triomphe au film.<br />
Malheureusement, même une autre fiction historique<br />
et coquine, Cléopatra, ne suffit pas à sauver Muchi<br />
<strong>de</strong> la banqueroute. Tezuka était un artiste ubiquiste,<br />
malheureux lorsqu’il menait moins <strong>de</strong> trois projets <strong>de</strong><br />
front. Mais en contrepartie <strong>de</strong> son génie, Tezuka était<br />
aussi un piètre homme d’affaires. Sa vie, son oeuvre,<br />
étaient dédiées à la création, pas à la gestion.<br />
Accablé par <strong>de</strong>s problèmes d’ordre financier, Tezuka<br />
commença donc à imaginer <strong>de</strong>s fictions <strong>de</strong> plus en plus<br />
noires, reflets <strong>de</strong> son état d’esprit et <strong>de</strong> la mauvaise santé<br />
<strong>de</strong> sa société. Et, bien que cela aurait pu le sauver, Tezuka<br />
refusa <strong>de</strong> lénifier ses propos, <strong>de</strong> se laisser racheter ou <strong>de</strong><br />
ré<strong>du</strong>ire sa pro<strong>du</strong>ctivité.<br />
Pour prouver que ses ambitions <strong>de</strong>meureraient à jamais<br />
inchangées, Tezuka publia en 1972 son adaptation <strong>de</strong><br />
la vie <strong>de</strong> Bouddha 2 , une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée épique et<br />
picaresque à la portée philosophique inédite.<br />
RÊVES BRISÉS<br />
Mais 1973 fut pour Osamu Tezuka une année <strong>de</strong>s plus<br />
sombres. Cette année là, la faillite le contraint à fermer<br />
Muchi Pro<strong>du</strong>ction. Rien d’étonnant donc, si, quelques