Migros Magazi<strong>ne</strong> 41, 11 octobre 2005 Reportage Marco Lorenzetti, pilote chez <strong>Farnair</strong>, convoie cha<strong>que</strong> «<strong>nuit</strong> ouvrable» des pa<strong>que</strong>ts et des lettres urgents entre Bâle et Colog<strong>ne</strong>. 17
18 Reportage Migros Magazi<strong>ne</strong> 41, 11 octobre 2005 Dix-sept heures. Le crépuscule <strong>comme</strong>nce à envelopper l’Euro- Airport de Bâle. Les passagers se font rares, le temps des vacances est déjà révolu. La journée a été calme. U<strong>ne</strong> certai<strong>ne</strong> agitation règ<strong>ne</strong> tout de même sur le tarmac. C’est d’ici <strong>que</strong> s’envole le courrier urgent: à droite l’avion de l’entreprise DHL, à gauche son concurrent de <strong>la</strong> Fedex. Au milieu, l’engin de <strong>Farnair</strong>, un avion bimoteur à turbopropulseur de type ATR 72, immatriculé «HB-AFK». L’avion est conçu pour transporter 68 passagers. Mais ses hublots ont été bouchés, car, du lundi au vendredi, il vole au service des colis d’UPS, dont le centre de distribution est basé à l’aéroport de Colog<strong>ne</strong>. 70 minutes à l’aller, 60 au retour Sur <strong>la</strong> piste, un vieux coucou JU-52 passe en vrombissant. «Hey, ça c’est encore de l’aviation», s’enthousiasme le mécanicien de vol Beny Ginder qui vient d’achever de préparer <strong>les</strong> moteurs pour le départ. 18 h 45: avant de décoller pour ce vol de <strong>nuit</strong>, le pilote et instructeur de vol Marco Lorenzetti monte dans <strong>la</strong> voiture de l’entreprise et part en ville avec son copilote du jour Peter Sch<strong>ne</strong>tz. Dans un restaurant, ils se régalent d’u<strong>ne</strong> «Pizza FC Basel». 21 h 30: pendant <strong>que</strong> Marco Lorenzetti inspecte sa machi<strong>ne</strong> avec u<strong>ne</strong> <strong>la</strong>mpe torche, Peter Sch<strong>ne</strong>tz prend déjà p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> cabi<strong>ne</strong>. «Comme <strong>la</strong> procédure est identi<strong>que</strong> tous <strong>les</strong> jours, c’est pres<strong>que</strong> u<strong>ne</strong> affaire de routi<strong>ne</strong>. La seule chose dont nous avons à nous préoccuper est <strong>la</strong> météo», <strong>la</strong>ncent <strong>les</strong> deux pilotes. Selon toute probabilité, le vol va durer 70 minutes à l’aller et 60 au retour. 22 heures: <strong>la</strong> voiture emprunte <strong>la</strong> piste de rou<strong>la</strong>ge située sur territoire français; contrôle des passeports, sécurité. Deux gendarmes en uniforme attendent avec leur chien à côté de l’avion. Le berger allemand renifle un peu partout sans rien trouver, même pas un sa<strong>la</strong>mi. Avant de monter dans leur machi<strong>ne</strong>, <strong>les</strong> deux pilotes font un dernier passage au petit coin, car il n’y en a pas dans l’avion. C’est <strong>la</strong> <strong>nuit</strong> <strong>que</strong> le trafic des colis s’effectue sur l’aéroport. Chariot après chariot, deux auxiliaires p<strong>la</strong>cent <strong>les</strong> pa<strong>que</strong>ts sur le tapis rou<strong>la</strong>nt. Ils n’ont pas u<strong>ne</strong> minute à perdre, car <strong>les</strong> horaires sont extrêmement serrés. A 22 h 35, l’avion est chargé de 5,8 ton<strong>ne</strong>s de pa<strong>que</strong>ts et de documents de 22 h: <strong>les</strong> pa<strong>que</strong>ts sont chargés dans <strong>la</strong> soute. toutes <strong>les</strong> dimensions possib<strong>les</strong> et imaginab<strong>les</strong>. 23 heures: Beny Ginder a fini son travail. Celui de l’équipage <strong>comme</strong>nce à l’instant. «<strong>Nous</strong> <strong>ne</strong> <strong>volons</strong> <strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>nuit</strong>, <strong>comme</strong> <strong>les</strong> <strong>chauves</strong>-souris», <strong>la</strong>nce Marco Lorenzetti en riant, tout en vérifiant <strong>que</strong> <strong>la</strong> porte de <strong>la</strong> soute est herméti<strong>que</strong>ment fermée. Lancement des turbi<strong>ne</strong>s, pouce levé, communication radio avec <strong>la</strong> tour. Déjà l’avion décolle à destination de Colog<strong>ne</strong>. Moteurs hur<strong>la</strong>nts, l’avion est bien secoué pendant sa montée à 18 000 pieds, environ 6000 mètres. Mi<strong>nuit</strong>: l’éc<strong>la</strong>irage des pistes de l’aéroport de Colog<strong>ne</strong>-Bonn est en vue. Marco 22 h: l’avion se remplit progressivement. Lorenzetti et Peter Sch<strong>ne</strong>tz réussissent un atterrissage parfait malgré <strong>la</strong> très mauvaise visibilité. La pluie ruisselle sur <strong>les</strong> carlingues des nombreux avions de transport de courrier parqués sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de transbordement d’UPS. Le pilote et le copilote pourraient dormir trois heures. «Mais en général, nous <strong>ne</strong> faisons <strong>que</strong> somnoler <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s instants, nous passons le plus c<strong>la</strong>ir de notre temps à bavarder en buvant un café», expli<strong>que</strong> Marco Lorenzetti. Quel<strong>que</strong> 160 000 colis en transit Le déchargement <strong>comme</strong>nce. Sabi<strong>ne</strong> Bitter, logisticien<strong>ne</strong> diplômée, nous guide dans le centre de tri des colis: u<strong>ne</strong> immense