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L'utilisation de la morphine par l'urgentiste - SFMU

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URGENCES<br />

2007<br />

co-fondateurs<br />

8. Décrire les modalités <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is analgésique après titration morphinique lors<br />

d’une hospitalisation en aval <strong>de</strong>s urgences.<br />

9. Définir les modalités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce d’un patient analgésié en urgence et les<br />

procédures en cas d’inci<strong>de</strong>nt acci<strong>de</strong>nt.<br />

1. Morphine, médicament ancien dont les propriétés<br />

sont bien connues<br />

La <strong>morphine</strong> est un alcaloï<strong>de</strong> extrait <strong>de</strong> l’opium du pavot asiatique. Après<br />

incisions superficielles dans les capsules <strong>de</strong>s pavots, s’écoule un suc <strong>la</strong>iteux qui<br />

se <strong>de</strong>ssèche, s’oxy<strong>de</strong> à l’air et prend alors une couleur brunâtre. Après ma<strong>la</strong>xage,<br />

cette substance <strong>de</strong>vient l’opium qui contient environ 10 % <strong>de</strong> <strong>morphine</strong>. Le<br />

principe actif <strong>de</strong> l’opium fut découvert en 1804 <strong>par</strong> Friedrich Sertürner, un<br />

pharmacien allemand âgé <strong>de</strong> 22 ans. Il en teste ensuite les effets sur lui-même<br />

et 3 personnes qui se portent volontaires. Comme ils ont pris environ 10 fois plus<br />

que <strong>la</strong> dose prescrite <strong>de</strong> nos jours, Sertürner baptise <strong>la</strong> nouvelle substance<br />

« principe somnifère » en raison <strong>de</strong> ses capacités puissantes à provoquer le<br />

sommeil. Ce nom est remp<strong>la</strong>cé plus tard <strong>par</strong> le mot <strong>morphine</strong> en l’honneur <strong>de</strong><br />

Morphée, le dieu grec <strong>de</strong>s rêves. Malgré une utilisation <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux<br />

siècles, les mécanismes d’action <strong>de</strong> cette substance sur <strong>la</strong> modu<strong>la</strong>tion du<br />

message douloureux, au niveau cérébral, n’ont été découverts qu’au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>uxième moitié du XX e siècle. À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 1952, <strong>la</strong> synthèse chimique <strong>de</strong><br />

<strong>morphine</strong> et <strong>de</strong> dérivés morphiniques est possible.<br />

Les différents effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>morphine</strong> peuvent se résumer dans l’urgence à son<br />

effet analgésique et à <strong>de</strong>s effets annexes indésirables.<br />

L’analgésie est le principal effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>morphine</strong> qui calme <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s<br />

syndromes douloureux. La <strong>morphine</strong> est un antalgique à effet central. Ses<br />

propriétés antalgiques sont dues à son action d’activation (dite agoniste) <strong>de</strong>s<br />

récepteurs opioï<strong>de</strong>s, en <strong>par</strong>ticulier mu (µ), présents au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> moelle<br />

épinière et <strong>de</strong> différents centres nerveux supramédul<strong>la</strong>ires. Ces sites, qui<br />

expliquent que <strong>la</strong> <strong>morphine</strong> puisse être administrée <strong>par</strong> voie péridurale ou<br />

intrathécale, voire intra-cérébro-ventricu<strong>la</strong>ire, sont <strong>la</strong> cible <strong>de</strong> son effet inhibiteur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> l’influx douloureux. C’est avant tout cette action<br />

pharmacologique qui explique l’activité antalgique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>morphine</strong>, même s’il est<br />

évoqué quelquefois une influence plus ou moins validée sur le vécu douloureux.<br />

La <strong>morphine</strong> augmente le seuil <strong>de</strong> perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur : <strong>la</strong> sensibilité aux<br />

stimuli nociceptifs (électriques, chimiques, mécaniques) est diminuée d’une<br />

manière spécifique ; sans modification <strong>de</strong>s autres perceptions : vision, audition,<br />

toucher. La <strong>morphine</strong> modifie également <strong>la</strong> perception douloureuse : <strong>la</strong> douleur<br />

est toujours présente, mais <strong>la</strong> <strong>morphine</strong> entraîne un certain détachement vis-àvis<br />

d’elle. L’action analgésique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>morphine</strong> après administration <strong>par</strong>entérale<br />

systémique dure <strong>de</strong> 4 à 6 heures et résulte <strong>de</strong> son action à plusieurs niveaux :<br />

cérébral, médul<strong>la</strong>ire, périphérique. Cette action périphérique est facile à mettre<br />

164<br />

■ ANALGÉSIE-SÉDATION EN URGENCE

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