Bulletin - Société Genevoise de Photographie

CHRONIQUE DES SÉANCES (SUITE)
sortent de l’ordinaire. Au fil des photos qui sont projetées, le public se rend
compte du travail d’observation et de repérage que cela nécessite, et surtout redécouvre
la cité de Calvin. Car avoir en même temps et sur la même prise de vue
le bâtiment des Forces Motrices au crépuscule bien avancé, les montagnes dans
le lointain, les lumières de la ville, les sillons lumineux des feux des véhicules,
le velouté du Rhône grâce à un temps de pose prolongé et en plus le BFM éclairé
parce qu’il s’y déroule un spectacle, relève de l’exploit et d’un don d’observation
acéré. Arbre d’éclairs dans un ciel d’orage, arbre de lumière de l’Ile Rousseau,
tout est sujet de recherche. Le général Dufour qui fait signe au conservatoire,
ou la foule du Tout-Genève qui arpente les marches du Grand Théâtre.
La deuxième partie est un voyage au fil des quatre saisons, souvent construit
avec un puissant téléobjectif qui donne aux dimensions un aspect spectaculaire,
comme le phare des Pâquis qui se dresse quasiment appuyé contre la paroi du
Mont-Blanc, tant les différents plans sont écrasés. Bise, neige, glace, beaucoup
de vues sont rapprochées et focalisent sur des sujets précis, évitant à l’œil de devoir
naviguer d’un bord à l’autre de l’image pour y trouver un point d’accrochage.
Le jet d’eau pris depuis derrière avec son panache qui louvoie autour de la
« barre » lors d’une rafale de vent, St-Pierre qui émerge en gros plan d’un océan
de toits alentours, ou encore quelques façades aujourd’hui tombées.
Pris d’en haut, le « Vevey » de la CGN qui se glisse entre deux massifs d’arbres,
ou bien les bains des Pâquis pris au grand angle depuis le sommet du grand
plongeoir. La mouette figée en vol, et qui vient de s’élancer depuis l’horloge du
débarcadère ou le cycliste qui nargue gentiment tout un rang de policiers lors du
G8. La rue de l’Hôtel-de-Ville pavoisée de drapeaux et prise à ras le sol au téléobjectif,
avec un rayon de soleil qui éclaire quelques secondes durant le manteau
beige d’une promeneuse qui entre dans la zone d’ombre. Autant de sujets variés
et inhabituels qui offrent au spectateur une vision de Genève qui nous change
radicalement du quotidien, grâce à la magie des lentilles et aux instantanés attrapés
au vol.
Imperturbable et s’avançant à pas de loup, le tram qui s’approche de face en
un mouvement interminable, dans la Corraterie métamorphosée en une profonde
tranchée bien comprimée grâce au puissant téléobjectif. Le somptueux tunnel
dessiné par les arbres d’automne de l’allée centrale des Bastions, le concert déjanté
du Beau Lac de Bâle qui laisse nos quatre Réformateurs figés par la perplexité
(ou les décibels…).
Bulletin No 5 — Mai 2007
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