La tomographie par cohérence optique pour l'endoscopie - École ...
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<strong>La</strong> <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong><br />
<strong>pour</strong> l’endoscopie<br />
Annabelle Gascon<br />
<strong>École</strong> Polytechnique de Montréal, dé<strong>par</strong>tement de Génie Physique,<br />
C.P. 6079, succ. Centre-ville, Montréal (Québec) Canada H3C 3A7<br />
annabelle.gascon@polymtl.ca<br />
Abstract: <strong>La</strong> <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> (TCO) est une<br />
méthode d’imagerie médicale à haute résolution permettant de faire des<br />
images en profondeur de tissus biologiques. Les développement récents<br />
ont permis l’implémentation dans un endoscope afin de visualiser des<br />
organes internes. L’objectif est de détecter des cellules cancéreuses <strong>par</strong> un<br />
système d’imagerie faiblement invasif, ce qui remplacerait les biopsies. Cet<br />
article présente le principe et les considérations pratiques de la TCO dans<br />
le domaine du temps et dans le domaine de Fourier. Il se concentre sur<br />
les développements actuels concernant l’endoscopie et les résultats obtenus.<br />
© 2010 <strong>École</strong> Polytechnique de Montréal<br />
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1. Introduction<br />
Les technologies d’imagerie médicale sont en constante évolution. En effet, détecter et diagnostiquer<br />
des maladies comme le cancer est un défi majeur qu’elles tentent de relever. Plusieurs<br />
types de cancers ap<strong>par</strong>aissent dans le tissu épithélial (tissu recouvrant la surface interne des<br />
organes) [1]. Ces cancers se développent à faible profondeur, environ 600 µm sous la surface.<br />
Pour les détecter, les technologies existantes sont l’imagerie <strong>par</strong> ultrasons, la vidéoendoscopie<br />
et la biopsie combinée à l’histopathologie. L’imagerie <strong>par</strong> ultrasons permet d’imager en profondeur<br />
de façon non invasive, mais est limitée à une résolution de 100 µm. <strong>La</strong> vidéoendoscopie<br />
permet de voir la <strong>par</strong>oi interne des organes, mais pas de visualiser les tissus en profondeur.<br />
Pour avoir cette information, on réalise une biopsie à des endroits potentiellemet cancéreux ;<br />
une histopathologie permet alors de voir en détail les cellules. Cependant, la biopsie est invasive<br />
et est limitée à un faible nombre d’échantillons, d’où un risque de faux négatif. De plus,<br />
l’histopathologie prend quelques heures, et ainsi ne permet pas au chirurgien de visualiser le<br />
tissu en temps réel.<br />
Il y a donc un véritable besoin <strong>pour</strong> un nouveau système d’imagerie médicale. Celui-ci doit<br />
pouvoir imager en profondeur de façon non-invasive, à haute résolution (environ 10 µm), en<br />
temps réel et être assez petit <strong>pour</strong> être inséré dans un endoscope. Cet article montre que la<br />
<strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> (TCO) en endoscopie répond à ces multiples besoins.<br />
Le principe de base de la TCO n’est pas récent, il remonte à la fin du XIX e siècle avec l’interféromètre<br />
de Michelson [2]. L’interférométrie s’est ensuite développée avec l’introduction<br />
de sources large bande, <strong>pour</strong> faire de l’interférométrie à faible <strong>cohérence</strong>. Ces principes ont été<br />
appliqués à l’imagerie médicale à la fin des années 80. <strong>La</strong> première application clinique a été<br />
l’imagerie de la rétine, qui a l’avantage d’être peu dispersive <strong>pour</strong> les longueurs d’onde du visible<br />
[3]. Plus récemment, la TCO dans le domaine de Fourier a permis de réaliser de l’imagerie<br />
en trois dimensions ou en temps réel.<br />
Cet article présente le principe de la <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong>, les considération<br />
pratiques nécessaires à sa mise en œuvre, l’implémentation dans un endoscope et quelques<br />
avancées récentes.<br />
2. Principe de la <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong><br />
Le principe de la <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> est bien connu et peut être expliqué en<br />
décrivant les faisceaux incidents et réfléchis comme des combinaisons d’ondes monochromatiques.<br />
Le livre Biomedical Optics : Principle and Imaging [4] est une référence en biophotonique<br />
et possède un chapitre traitant de la TCO.<br />
2.1. Interféromètre de Michelson<br />
Le principe de base de la TCO est l’interféromètre de Michelson décrit sur la figure 1. Une<br />
source de lumière est dirigée vers un cube sé<strong>par</strong>ateur de faisceau, qui sé<strong>par</strong>e la lumière sur deux<br />
bras, appelés bras de référence et bras de l’échantillon. À l’extrémité du bras de référence se<br />
trouve un miroir mobile, qui sert de référence <strong>pour</strong> la position selon l’axe z de l’échantillon.<br />
L’échantillon est placé à l’extrémité de l’autre bras. Les deux faisceaux sont ensuite recombinés
FIGURE 1. Interféromètre de Michelson. Le faisceau incident est divisé <strong>par</strong> un cube<br />
sé<strong>par</strong>ateur vers un miroir de référence (bras R) et un échantillon (bras S). Les faisceaux<br />
réfléchis sont recombinés vers le détecteur.<br />
et détectés. Si on suppose que la source est monochromatique et que le miroir et l’échantillon<br />
sont des réflecteurs <strong>par</strong>faits, les champs électriques réfléchis <strong>par</strong> les bras de référence (R) et de<br />
l’échantillon (S) peuvent s’écrire, au niveau du détecteur :<br />
E in = exp[−i(ωt + kl in )] (1)<br />
E R = 1 2 exp{i[k(l in + 2l R + l out ) − ωt]} (2)<br />
E S = 1 2 exp{i[k(l in + 2l S + l out ) − ωt]} (3)<br />
où l in , l R , l S et l out sont les distances entre le sé<strong>par</strong>ateur de faisceau et respectivement la source,<br />
le miroir de référence, l’échantillon et le détecteur. L’intensité est :<br />
I(t) = 〈|E R + E S | 2 〉 (4)<br />
I(t) = 1 2 E2 in + Ein 2 cos(2k(l R − l S )) (5)<br />
} {{ }<br />
déphasage<br />
où on a négligé les déphasages éventuels dus au cube sé<strong>par</strong>ateur. Le déphasage est :<br />
∆φ = 2k∆l = 2 2πn ∆l = 2 nω 0<br />
∆l (6)<br />
λ 0 c<br />
où ∆l = l R −l S est la différence de longueur entre les bras de référence et d’échantillon, où λ 0 et<br />
ω 0 sont respectivement la longueur d’onde dans le vide et la fréquence angulaire de la source,
c est la vitesse de la lumière dans le vide et où on a supposé que l’indice de réfraction n est le<br />
même <strong>pour</strong> les deux bras. Ainsi, en mesurant l’intensité, on peut connaitre la valeur de ∆l.<br />
2.2. Interféromètre à faible <strong>cohérence</strong><br />
Afin d’obtenir une plus grande précision sur la valeur de ∆l, il est possible d’utiliser une<br />
source large bande. Cette idée a entre autres été utilisée <strong>pour</strong> mesurer l’épaisseur de couches<br />
minces [5]. Une source large bande peut être décrite comme étant la combinaison linéaire<br />
de plusieurs sources monochromatiques de longueurs d’onde différentes. Ainsi, il y aura interférence<br />
constructive <strong>pour</strong> ∆l = 0.<br />
Quantitativement, une source large bande peut être caractérisée <strong>par</strong> sa longueur de <strong>cohérence</strong>,<br />
l c . Le temps de <strong>cohérence</strong>, τ c , correspond à la largeur à mi-hauteur de la fonction d’autocorrélation<br />
de la source et τ c = l c<br />
c<br />
. Avec E(t) le champ électrique, la fonction d’autocorrélation<br />
est :<br />
∫ +∞<br />
G(t) = E(t)E(t + τ)dt (7)<br />
−∞<br />
Pour une source de forme gaussienne, la longueur de <strong>cohérence</strong> est donnée <strong>par</strong> :<br />
l c = 4ln(2)<br />
π<br />
Ainsi, lorsque ∆λ est grand, la source est large bande et est dite à faible <strong>cohérence</strong>. Ce type<br />
d’interférométrie est dit à faible <strong>cohérence</strong>. L’interférogramme obtenu a un pic d’interférence<br />
constructive de largeur l c <strong>pour</strong> ∆l = 0.<br />
2.3. Tomographie <strong>optique</strong> cohérente dans le domaine du temps<br />
On peut maintenant reprendre les équations de la section 2.1, mais en ajoutant un composante<br />
en ω <strong>pour</strong> la source et <strong>pour</strong> la réponse en réflexion de l’échantillon, comme utilisé dans une<br />
revue de littérature faite <strong>par</strong> P. H. Tomlins et R. K. Wang [6]. À un facteur de phase près, on<br />
obtient :<br />
λ 2 0<br />
∆λ<br />
E in = s(ω)exp(−iωt) (9)<br />
E R = 1 2 E in exp(−i∆φ) (10)<br />
(8)<br />
E S = 1 2 E inH(ω) (11)<br />
où s(ω) est le spectre en amplitude de la source et H(ω) est la réponse spectrale de<br />
l’échantillon. On peut à nouveau donner l’intensité au détecteur <strong>par</strong> la formule (4). Donc<br />
I(ω,φ) = 1 4 |s(ω)|2 |H(ω)| 2 + 1 4 |H(ω)|2 + 1 2 |s(ω)|2 R{H(ω)exp(−i∆φ)} (12)<br />
Puisqu’il y a interférence constructive seulement autour de ∆φ = 0, c’est-à-dire si ∆l = 0, il<br />
suffit de mesurer l’intensité en fonction du déplacement du miroir de référence. En faisant varier<br />
la distance l R du miroir de référence en fonction du temps, on effectue un balayage de<br />
l’échantillon selon l’axe z. Les pics observés sur l’interférogramme indiquent donc la localisation<br />
des éléments réfléchissants de l’échantillon (voir figure 2). Le signal obtenu est une<br />
convolution du coefficient de réflexion de l’échantillon avec la fonction d’autocorrelation de<br />
la source. Lors de l’affichage les amplitudes sont représentées <strong>par</strong> des niveaux de gris et typiquement<br />
en echelle logarithmique <strong>pour</strong> compenser l’attenuation exponentielle des photons<br />
balistiques <strong>par</strong> l’echantillon, explicitée à la section 3.2.
FIGURE 2. Exemple d’interférogramme <strong>pour</strong> une TCO dans le domaine du temps. Les pics<br />
d’interférence constructive ont une largeur à mi-hauteur l c , sont situés autour de ∆l = 0.<br />
À l’aide de l’amplitude des pics et en considérant le coefficient d’atténuation (voir section<br />
3.2), on peut déterminer le coefficient de réflexion de la couche correspondante de<br />
l’échantillon.<br />
2.4. Tomographie <strong>optique</strong> cohérente dans le domaine de Fourier<br />
L’équation (12) peut être utilisée directement dans le domaine des fréquences (ou de Fourier)<br />
<strong>pour</strong> connaître la position des éléments réfléchissants de l’échantillon. En effet, H(ω) contient<br />
cette information. On peut simplifier l’équation en posant ∆l = 0, ce qui équivaut à ne plus<br />
déplacer le miroir. L’équation simplifiée est [6] :<br />
I(ω) = 1 4 |s(ω)|2 (|H(ω)| + 1) 2 (13)<br />
On connait S(ω) et on mesure I(ω), on peut donc connaitre la valeur de H(ω) qui est la réponse<br />
spectrale de l’échantillon.<br />
Pour balayer toutes les fréquences, il existe deux possibilités : nous pouvons utiliser un<br />
laser accordable ou un spectromètre [7]. On mesure ainsi I(ω), l’intensité en fonction de la<br />
fréquence. L’avantage de cette méthode est qu’il n’est plus nécessaire de déplacer le miroir de<br />
référence <strong>pour</strong> faire une mesure en profondeur. Il est possible de faire une mesure beaucoup<br />
plus rapidement (60 fois plus rapidement que si on fait de la TCO dans le domaine du temps)<br />
et d’améliorer le rapport signal sur bruit [8].<br />
3. Considérations pratiques<br />
3.1. Sources et détecteurs<br />
Comme mentionné à la section 2.2, la source doit avoir une grande largeur de bande <strong>pour</strong><br />
assurer une faible longueur de <strong>cohérence</strong>. Les sources utilisées sont la diode superluminescente<br />
(SLD) [6], le laser Titane-Saphir [9] et une source à supercontinuum [10]. <strong>La</strong> diode superluminscente<br />
est la plus fréquemment utilisée en raison de son faible coût, de son spectre large<br />
(largeur à mi-hauteur de 10 à 70 nm) et de la forme quasi-gaussienne de son spectre.<br />
Les détecteurs utilisés fonctionnent tous selon le principe de la photodiode. L’intensité<br />
détectée est :<br />
i(t) = ηe I(t)<br />
(14)<br />
hν 2Z 0
où η est l’efficacité quantique du détecteur, e est la charge électrique, hν est l’énergie du photon,<br />
Z 0 est l’impédance du vide et I(t) est l’intensité moyenne des champs électriques telle<br />
que définie à l’équation (4) [4]. Ainsi, on cherche un détecteur ayant la meilleure efficacité<br />
quantique possible afin de récupérer le maximum de signal ce qui nous permettra d’obtenir une<br />
meilleure sensibilité.<br />
3.2. Caractéristiques des tissus biologiques<br />
Les tissus biologiques sont en autres caractérisés <strong>par</strong> leur coefficient d’absorption, <strong>par</strong> leur<br />
coefficient de diffusion et <strong>par</strong> leur indice de réfraction, respectivement µ a , µ s et n. <strong>La</strong> loi de<br />
Beer-<strong>La</strong>mbert nous donne l’intensité lumineuse en fonction de la profondeur z :<br />
I(z) = I 0 exp(−(µ a + µ s )z) (15)<br />
Nous chercherons donc la longueur d’onde incidente <strong>pour</strong> laquelle les coefficients sont les<br />
plus petits possibles afin d’augmenter la probabilité qu’un photon atteigne une <strong>par</strong>ticule et soit<br />
détecté après un aller-retour 2z.<br />
<strong>La</strong> diffusion, ou scattering en anglais, intervient lorsque la lumière rencontre une <strong>par</strong>ticule<br />
d’indice de réfraction différent ; sa direction est alors modifiée. Pour les <strong>par</strong>ticules dont le rayon<br />
est plus petit que la longueur d’onde, µ s est défini <strong>par</strong> l’approximation de Rayleigh [4]. Les<br />
multiples organelles présentes dans les cellules sont suffisament petites <strong>pour</strong> valider cette approximation.<br />
8<br />
µ s = N s<br />
3 πk4 α 2 (16)<br />
où N s est la densité des diffuseurs, α la polarisabilité de la <strong>par</strong>ticule et k le vecteur d’onde : k =<br />
2πn b<br />
λ<br />
, avec n b l’indice de réfraction du milieu. Ainsi le coefficent de diffusion est inversement<br />
proportionnel à λ 4 . On utlise donc une longueur d’onde la plus grande possible <strong>pour</strong> minimiser<br />
la diffusion.<br />
L’absorption dans un tissu biologique est dominée <strong>par</strong> l’absorption de l’hémoglobine, de<br />
la mélanine et de l’eau. Le coefficient d’absorption <strong>pour</strong> la mélanine et l’hémoglobine est<br />
faible <strong>pour</strong> λ >600 nm. Par contre, le coefficient d’absorption de l’eau augmente rapidement<br />
à <strong>par</strong>tir d’environ 1300 nm. <strong>La</strong> bande entre ces deux longueurs d’onde est appelée fenêtre<br />
thérapeutique.<br />
L’indice de réfraction est compris entre 1,3 et 1,55 selon le tissu considéré [11].<br />
3.3. Performances<br />
Un des <strong>par</strong>amètres importants lors du choix de la méthode d’imagerie est la résolution. En<br />
<strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong>, une mesure donne l’information sur l’échantillon sur une<br />
ligne en profondeur, selon l’axe du faisceau incident. <strong>La</strong> résolution en profondeur est appellée<br />
résolution axiale et elle est donnée <strong>par</strong> :<br />
∆z =<br />
l c<br />
2n tissu<br />
(17)<br />
où n tissu est l’indice de réfraction du tissu.<br />
<strong>La</strong> résolution perpendiculaire au faisceau incident est appelée résolution transversale. À la<br />
section 4.1, on décrit les différents mécanismes <strong>pour</strong> obtenir une image 2D. Cependant, la<br />
résolution transversale dépend peu de ces mécanismes ; elle dépend principalement de l’ouverture<br />
numérique, NA, de l’objectif de microscope servant à imager l’échantillon [4] :<br />
∆r = 2λ 0<br />
πNA<br />
(18)
as R<br />
source large<br />
bande<br />
miroir de référence<br />
coupleur<br />
collimateur<br />
miroir <strong>pour</strong> balayage<br />
transversal<br />
bras S<br />
spectromètre<br />
objectif de<br />
microscope<br />
z<br />
échantillon<br />
FIGURE 3. Schéma <strong>pour</strong> un montage de TCO fibrée. Une source large bande fibrée est<br />
divisée <strong>par</strong> un coupleur <strong>optique</strong> vers un miroir de référence fixe et un échantillon. Un collimateur<br />
et un objectif de microscope focalisent le faisceau sur l’échantillon à la profondeur z<br />
voulue. Les faisceaux réfléchis sont à nouveau couplés dans les fibres <strong>optique</strong>s, recombinés<br />
<strong>par</strong> le coupleur et détectés <strong>par</strong> un spectromètre.<br />
<strong>La</strong> profondeur <strong>pour</strong> laquelle cette résolution est conservée est limitée <strong>par</strong> la profondeur de focale<br />
de la lentille du microscope, z f = π∆r2<br />
2λ<br />
= 2λ . <strong>La</strong> profondeur maximale de caractérisation<br />
0 ON 2<br />
de l’échantillon est limitée <strong>par</strong> l’absorption et la diffusion ; il est possible d’atteindre 2 à 3<br />
mm [12].<br />
Pour une source typique, la SLD-37-HP vendue <strong>par</strong> Superlum Diodes qui a les caractéristiques<br />
suivantes : λ 0 = 840nm et ∆λ = 50nm et une NA typique de 0,49, on obtient :<br />
l c ≃ 80µm,∆z ≃ 30µm,∆r ≃ 1µm.<br />
3.4. Utilisation de fibres <strong>optique</strong>s<br />
L’utilisation de fibres <strong>optique</strong>s dans un montage de <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> permet<br />
d’avoir un montage miniaturisé et plus stable, caractéristiques essentielles à l’application<br />
clinique. Les fibres <strong>optique</strong>s doivent être unimodales afin de conserver la résolution axiale<br />
prédite <strong>par</strong> l’équation (17). Le sé<strong>par</strong>ateur de faisceau est remplacé <strong>par</strong> un coupleur. Les autres<br />
composants sont identiques. <strong>La</strong> figure 3 montre un exemple de schéma utilisé <strong>pour</strong> la TCO dans<br />
le domaine de Fourier.
4. Implémentation dans un endoscope<br />
En plus des modèles de table et des modèles portatifs, des modèles pouvant être insérés dans<br />
des endoscopes sont utilisés [13]. Ces derniers sont les plus difficiles à construire, puisqu’ils<br />
doivent respecter un diamètre maximal de quelques millimètres et doivent être flexibles. Ils permettent<br />
cependant de faire des images in vivo d’organes internes, c’est <strong>pour</strong>quoi les recherches<br />
récentes se sont concentrées sur ce type de modèle.<br />
4.1. Mécanismes <strong>pour</strong> l’imagerie 2D et 3D<br />
Selon l’échantillon à observer, on peut utiliser différentes géometries de balayage : sectoriel<br />
vers l’avant ou vers le côté, linéaire vers le côté ou circonférentiel [1]. Les balayages sectoriels<br />
sont réalisés avec un miroir situé devant l’échantillon, dont on fait varier l’angle. C’est le<br />
mécanisme utilisé sur le schéma de la figure 3. En tirant ou poussant la fibre <strong>optique</strong>, on fait un<br />
balayage linéaire vers le côté. Le balayage circonférentiel est plus complexe puisqu’il requiert<br />
un moteur externe dont la force sera transmise via l’endoscope. Il est idéal <strong>pour</strong> imager la <strong>par</strong>oi<br />
interne des artères.<br />
Afin d’effectuer ces différents types de balayage, il doit y avoir un actionneur externe ou<br />
interne fonctionnant à une vitesse suffisamment grande <strong>pour</strong> faire de l’imagerie en temps réel.<br />
Différents mécanismes ont été proposés et ils visent tous 30 images <strong>par</strong> seconde. Par exemple,<br />
un piézoélectrique peut être utilisé à sa fréquence de résonance <strong>pour</strong> déplacer le miroir situé<br />
juste devant l’échantillon [14]. D’autres utilisent des microsystèmes actionnés <strong>par</strong> des plaques<br />
électrostatiques <strong>par</strong>allèles <strong>pour</strong> incliner le miroir selon deux axes [15].<br />
4.2. Biopsie <strong>optique</strong><br />
Afin de détecter des cancers dans le tissu épithélial (peau et <strong>par</strong>oi interne des organes creux),<br />
on procède traditionnellement à une biopsie. Une biopsie consiste à prélever un échantillon, le<br />
congeler, le trancher finement, le colorer et effectuer un examem histopathologique qui permettra<br />
de déterminer si les cellules sont saines ou malignes. <strong>La</strong> première difficulté consiste à se<br />
rendre près du tissu épithélial : <strong>pour</strong> cela, on utilise un endoscope équipé d’une caméra et d’un<br />
outil de prélèvement. Cependant, c’est une intervention invasive où le risque d’hémorragie est<br />
élevé ce qui limite le nombre de biopsies. Face à ce problème, plusieurs équipes développent<br />
des biopsies <strong>optique</strong>s, où les tranches sont virtuelles : on remplace l’outil de prélèvement <strong>par</strong><br />
une sonde de TCO. D’autres techniques d’imagerie biophotonique comme la microscopie <strong>par</strong><br />
fluorescence, la microscopie confocale ou l’imagerie moléculaire sont aussi en développement<br />
<strong>pour</strong> être intégrées dans un endoscope.<br />
Ainsi, un organe complet peut être imagé en profondeur, ce qui diminue la fréquence de faux<br />
positifs <strong>par</strong> rapport à la biopsie. Les tumeurs reliées aux cancers précoces se trouvent à une<br />
profondeur de 600 à 1000 µm, ainsi la profondeur de quelques millimètres obtenue en TCO<br />
n’est pas limitative. <strong>La</strong> biopsie <strong>optique</strong> permet donc d’améliorer le dépistage des cancers et la<br />
probabilité de guérison.<br />
5. Développements récents en <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> <strong>pour</strong> l’endoscopie<br />
Les recherches actuelles portant sur la <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> sont très nombreuses<br />
et permettent une amélioration rapide de la technologie. Plusieurs se concentrent sur<br />
l’amélioration de la résolution, sur l’optimisation du traitement d’image et sur l’augmentation<br />
de la vitesse d’acquisition des données. D’autres tentent des premières études cliniques sur<br />
des patients humains <strong>pour</strong> vérifier la validité du système <strong>pour</strong> la détection des maladies. Cette<br />
section donne trois exemples de développements réalisés au cours des dernières années.
5.1. Application à l’étude in vivo des muqueuses<br />
Les muqueuses sont propices à l’imagerie <strong>par</strong> <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong>, car il est<br />
possible d’y approcher un endoscope <strong>par</strong> les voies naturelles. Sergeev et al. ont publié en 1997<br />
un article décrivant le système utilisé et leurs résultats <strong>pour</strong> l’imagerie du système digestif, des<br />
voies respiratoires et urinaires [16].<br />
L’endoscope utilisé a un diamètre total de 1 cm et la sonde de TCO est insérée dans le<br />
canal habituellement réservé à la biopsie. Un système microélectronique permet d’effectuer<br />
un balayage latéral sur 2 mm et un modulateur piezo-<strong>optique</strong>, qui introduit une différence de<br />
longueur sur le bras de référence, permet de faire un balayage en profondeur de 3 mm. Il faut<br />
une seconde <strong>pour</strong> réaliser une image de 200 <strong>par</strong> 200 pixels, ce qui est suffisamment rapide <strong>pour</strong><br />
que l’image ne soit pas trop déformée <strong>par</strong> le mouvement de l’organe, mais pas assez <strong>pour</strong> faire<br />
de l’imagerie en temps réel.<br />
L’étape la plus délicate est l’analyse des images. Pour ce faire, le groupe de Sergeev et al. a<br />
effectué une analyse <strong>par</strong> histologie des couches tissulaires et des différents éléments comme les<br />
glandes et les vaisseaux sanguins <strong>pour</strong> des muqueuses saines. En TCO, chaque couche réfléchit<br />
une intensité différente. Par exemple, l’épithélium (la couche supérieure) réfléchit moins que la<br />
lamina propria, elle est donc plus foncée. Les vaisseaux sanguins absorbent beaucoup et sont de<br />
formes circulaires allongées et sont en moyenne plus petits que les glandes (20 à 40 µm <strong>pour</strong><br />
les vaisseaux et 30 à 300 µm <strong>pour</strong> les glandes). Ils ont ensuite com<strong>par</strong>é les dimensions et les<br />
formes des couches et des éléments entre le tomogramme et l’histologie. Ils en ont conclu que<br />
les valeurs correspondent.<br />
L’étude de tumeurs cancéreuses leur a montré que la structure en couches est détruite et est<br />
remplacée <strong>par</strong> une grande homogénéité. De plus il y a une plus grande vascularisation que dans<br />
un tissus non cancéreux. Les résultats des cette étude ont motivé les recherches ultérieures en<br />
TCO en endoscopie, puisqu’ils démontraient la validité de la TCO comme méthode de discernement<br />
en cancérologie.<br />
5.2. Microlentilles à focale accordable<br />
À la section 3.3, on remarque que la résolution transversale est inversement proportionnelle à<br />
l’ouverture numérique et que la profondeur de champ est inversement proportionnelle au carré<br />
de l’ouverture numérique. Ainsi, si on choisit une ouverture numérique grande, la résolution<br />
sera bonne au détriment de la profondeur de champ. Afin de contourner ces problèmes, il est<br />
possible d’utiliser une lentille à focale accordable [17]. Le but est de déplacer le point focal de<br />
la lentille en même temps que s’effectue le balayage axial. Cette solution fonctionne seulement<br />
<strong>pour</strong> la TCO dans le domaine du temps, où on déplace le miroir de référence <strong>pour</strong> <strong>pour</strong> faire<br />
le balayage en profondeur. Ceci réduit la profondeur de champ nécessaire et permet l’utilsation<br />
d’une lentille à ouverture numérique plus grande. <strong>La</strong> résolution latérale est améliorée et elle est<br />
conservée sur toute la profondeur.<br />
Le système permettant l’accordabilité de la longueur focale doit respecter certaines<br />
contraintes : les tensions électriques doivent être faibles <strong>pour</strong> les applications in vivo, le système<br />
doit être petit (de l’ordre de quelques millimètres) et la plage d’accordabilité doit être grande.<br />
En <strong>par</strong>ticulier, le groupe de Aljasem et al. a réussi à concevoir un système répondant à ces<br />
critères. Le système comporte une cavité microfluidique possédant un trou <strong>pour</strong> le remplissage<br />
de liquide et un orifice circulaire recouvert <strong>par</strong> du polydiméthylsiloxane (PDMS), un polymère<br />
flexible et biocompatible. Lorsque la pression du liquide augmente, la membrane se déforme et<br />
le rayon de courbure diminue : la distance focale se réduit.
FIGURE 4. Image typique d’une <strong>tomographie</strong> <strong>optique</strong> cohérente. Coupe selon trois plans<br />
perpendiculaires du modèle 3D d’un colon humain. Reproduit avec l’autorisation de J.<br />
Fujimoto [18].<br />
5.3. Application à l’imagerie du colon<br />
Le groupe de Adler et al. a rapporté une étude clinique portant sur les pathologies colorectales<br />
en utilisant la <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> en endoscopie comme méthode de<br />
discernement [18]. Ils utilisent un laser accordable ayant une longueur d’onde centrale de 1310<br />
nm, une largeur à mi-hauteur de 122 nm et une plage d’accordabilité de 180 nm. Ils obtiennent<br />
une résolution axiale <strong>pour</strong> les tissus biologiques après le traitement d’image de 6 µm. Le balayage<br />
est de type circonférentiel et linéaire : la fréquence de rotation est située entre 30 et 60<br />
Hz et la sonde est retirée à une vitesse de 0,5 à 1 mm/s. À chaque rotation, près de 1000 balayages<br />
en profondeur sont effectués, d’où un espacement transversal d’une dizaine de microns.<br />
L’image peut être affichée en coordonnées polaires <strong>pour</strong> l’imagerie en temps réel et peut être<br />
transformée en image à trois dimensions. À <strong>par</strong>tir de ce modèle 3D, on peut obtenir des coupes<br />
selon n’importe quel plan.<br />
Cette sonde a permis de faire des images de colons, la figure 4 en donne un exemple. Par<br />
com<strong>par</strong>aison entre des organes affectés et sains, ils sont capables de détecter des pathologies et<br />
d’évaluer la progression d’une pathologie. Leurs premiers tests leur permettent de dire que la<br />
TCO en endoscopie peut remplacer les biopsies régulières.<br />
6. Conclusion<br />
<strong>La</strong> <strong>tomographie</strong> <strong>par</strong> <strong>cohérence</strong> <strong>optique</strong> répond à la plu<strong>par</strong>t des besoins exprimés <strong>pour</strong> la<br />
détection de cancers épithéliaux. L’imagerie en profondeur est possible jusqu’à une épaisseur<br />
de trois millimètres, de façon non-invasive. L’utilisation des fibres <strong>optique</strong>s et d’actionneurs<br />
micrométriques autorisent l’implémentation dans un endoscope : on peut ainsi imager des organes<br />
internes. <strong>La</strong> réduction de la longueur d’onde <strong>par</strong> rapport à l’imagerie <strong>par</strong> ultrasons a<br />
amélioré d’au moins un ordre de grandeur la résolution atteignable. Cette résolution a encore<br />
été améliorée <strong>par</strong> les microlentilles accordables. Enfin, la TCO dans le domaine de Fourier et<br />
les mécanismes de balayages ultra-rapides nous permettent d’obtenir un nombre d’images <strong>par</strong><br />
seconde suffisament élevé <strong>pour</strong> imager en temps réel. Dernièrement, des équipes ont réussi à<br />
faire des images 3D in vivo d’organes internes suffisament précises <strong>pour</strong> discerner la présence<br />
de tissus pathologiques.<br />
Plusieurs groupes de recherche continuent à améliorer la fonctionnalité de la TCO afin
d’étendre les applications cliniques. Ils utilisent d’autres types de TCO non décrits dans ce document,<br />
comme la TCO sensible à la polarisation ou la TCO Doppler. Ces techniques ajoutent<br />
de l’information, améliorant la spécificité des images. De premières applications cliniques<br />
existent déjà ; elles permettront certainement un meilleur dépistage de certains cancers et un<br />
taux de guérison plus élevé.